P.01 et 03 - Sourire
Ouvrir un sourire, c'est ouvrir une fenêtre.
Trop de façades de maisons sont alignées
le long des rues, mornes et éteintes.
Combien de visages sont comme cela,
fermés, passant dans les rues
et traversant les places, sans jamais aller nulle part.
Combien de visages sont mornes,
enterrés dans des silences de têtes vides.
Combien de visages, ainsi, se croisent sans se voir,
sans curiosité ni bienvenue,
sans transparence ni couleur,
mais seulement avec cet air de prison.
Alors, quand un sourire s'ouvre comme une liberté,
c'est comme une fenêtre dans une façade de la nuit.
Un visage s'habille.
Il éclaire son regard.
Un sourire n'est jamais quelconque.
C'est Quelqu'un.
C'est alors que justement
elle a sorti son plus frais sourire.
Un sourire heureux, d'Annonciation,
le plus spontané, le plus ouvert et élancé,
le moins calculé de tous et sans aucun faux bond.
Elle a sorti son plus vrai sourire,
qui est aussi le plus juste,
comme elle sait sortir son plus beau vêtement de fête,
sa plus belle robe qui chante dans la lumière fragile,
dans le plus beau tissu étonné et rare,
qui vole en tours et détours,
ses plus belles soieries
et ses plus beaux drapés d'étoiles et de lune.
Elle a sorti son sourire chaleureux et confiant.
Elle a sorti son sourire,
comme on sort son plus beau parfum.
Son sourire, comme la plus belle nappe brodée.
Jean Debruynne
© En Blanc dans le texte
Reproduction et représentation interdites sauf accord de l'auteur enblancdansletexte@gmail.com
Quand le sourire s'allume la peur disparaît.
Sourire,
c'est avoir l'audace
d'aller chercher l'autre au plus loin de soi-même.
C'est une promesse qui a quitté
la menace et qui commence à prendre souci de l'autre.
Regardez bien ces sourires :
ils ne posent pas, ils ne font pas de l'effet,
ils n'ont rien à vendre, ils sont vrais.
Ces sourires arrivent tout droit
des quatre coins du monde
parce que tous les sourires sont toujours
grands comme le monde.
Ces sourires sont de toutes les races,
de toutes les langues, de toutes cultures
et de toutes nationalités.
Et pourtant,
chacun peut les entendre
parler dans sa propre langue.
Sourires du monde " En blanc dans le texte " 2004
Jean Debruynne
© En Blanc dans le texte
Reproduction et représentation interdites sauf accord de l'auteur enblancdansletexte@gmail.com