a été décerné à
″Mon frère n’est jamais un fardeau″
(Jeu scénique, Bercy, Secours catholique, 1996).Âgée de 24 ans, étudiante en Lettres master II, à Paris III, Marie-Clémence est quatrième d’une famille de six enfants demeurant à Clamart (Hauts-de-Seine). Dans le cadre de ses études, Marie-Clémence a vécu une année à Berlin où elle a rencontré Habiba Wawra qui l’a beaucoup impressionnée et inspirée pour composer son poème.
″J’aime beaucoup lire et écrire, précise-t-elle. J’aime aussi rédiger des poèmes et des contes pour enfants. Pour mon mémoire, ajoute-t-elle, je lis un écrivain très connu au Cameroun :Ferdinand Oyono, un critique de la colonisation dans les années 1950. Pour moi, la poésie contemporaine est un peu obscure alors que la littérature de Jean Debruynne que je viens de découvrir est porteuse d’espérance ». Marie-Clémence GAUNAND
Fraternité
Toi qui m'as appelée «ta sœur»
(à écouter en bas de la page ou à télécharger le texte.)
Elle crie mon nom, se rue sur moi
Dans un grand rire jette ses cheveux
M'étouffe presque dans ses bras forts
Pleure, m'embrasse trois fois, cent fois
Elle est grosse et sa voix résonne
Son amour déborde à torrents
Elle enserre dans ses bras collants
Mes peurs de cire, mes frêles os
Toi marocaine dame de cantine
Sublime mère de trois enfants
Moi banale étudiante fauchée
Nécessité nous rapprochant
Nous avons desservi des tables
Jeté les restes de riches goinfreux
Les bières et coupes de champagne
Dans des poubelles au fond crasseux
Et sans raison, quand nous tournions
Plateaux en main autour des tables
Minuscules invisibles espions
De bouches et de doigts vénérables
Oh tu m'as prise en affection
Me couvrant de tes mains gonflées
Et tu m'as appelée ta sœur
Merveilleux titre du désert
Malgré l'âge et malgré la peau
Écartant fourchettes et couteaux
Pour donner ton énorme cœur
Qu'importent règles et statuts!
A ton école tous sont mendiants
Et dans les rues du monde entier
Craquant de vies à consoler
De mains à joindre,
de cœurs à prendre
Tu te promènes ombre discrète
Semant ta joie au tout-venant
Si adorable dépensière
Tes sourires s'enfuient par les trous
De ta bourse de laine grossière
Et se ramassent dans l'égout
Fraternité aux longs couteaux
Déchirant nos indifférences
Viens danser libre dans mes mots et fais éclater nos distances
Marie Clémence Gaunand
Inspiré par le texte de Jean Debruynne