MÉDITATIONS SUR LA VIE INTÉRIEURE 

1 - VIVRE AVEC LA TRINITÉ

VIVRE AVEC LA TRINITÉ


O Père, ô Fils, ô Esprit Saint, recevez-moi dans votre embrasement,

 daignez m'admettre dans votre intimité


MÉDITATION


1.  «Si tu veux que le grand don de L'INHABITATION DE LA TRINITÉ porte en toi tout son fruit d'intime amitié avec les trois Personnes divines, il faut t'habituer à vivre avec la Trinité, puisqu'il est impossible de nouer une véritable amitié avec quelqu'un si, tout en lui offrant l'hospitalité dans ta demeure, tu l’oublies par la suite. Pour vivre avec la Trinité, il n'est pas nécessaire que tu éprouve sa présence en toi .... c'est là une grâce qu'il dépend uniquement de Dieu d'accorder ou non. Il te suffit de te baser sur la foi par laquelle tu sais avec certitude que les Personnes divines demeurent en toi. En t'appuyant sur cette réalité que tu ne vois, ni ne sens, ni ne comprends, mais que tu connais avec certitude parce que Dieu te l'a révélée, tu peux t'orienter vers une vraie vie d'union avec la Sainte Trinité..

Avant tout, tu peux la considérer présente en toi dans son indivisible unité; or, tu sais que tout ce que la TRINITÉ accomplit en dehors d'Elle-même, et donc dans ton âme, est indistinctement l'oeuvre de trois Personnes divines. Toutes Trois demeurent également en toi, elles y habitent simultanément et y produisent les mêmes effets. Toutes Trois répandent en toi la grâce et l'amour, t'illuminent, t'offrant leur amitié et t'aiment d'un unique amour. Ce qui n'empêche, toutefois, que chacune d'Elles soit présente dans ton âme avec les caractéristiques propres à Sa Personne, à savoir: le Père, comme source et origine de la divinité ainsi que de tout être; le Verbe, comme Splendeur du Père, comme lumière, L'Esprit Saint, comme fruit de l'amour du Père et du FIls. Chaque personne divine t'aime donc avec une nuance personnelle en t'offrant son don particulier. Le Père t'accorde sa très douce Paternité, le Verbe te revêt de sa lumière resplendissante, l'Esprit Saint te pénètre de son ardent amour. Et toi, petite créature, tâche de prendre conscience des si grands dons qui te sont faits, pour en profiter pleinement.

2.  Pour correspondre aux caractéristiques particulières des trois Personnes divines, tu peux avoir avec chacune d'Elles des rapports particuliers. En considérant en toi LE PÈRE, tu éprouveras le besoin de vivre près de Lui en bon fils d'être pour Lui un enfant aimant et dévoué, cherchant à Lui faire plaisir en toutes occasions et accomplissant totalement sa VOLONTÉ. En même temps, surtout dans les moments de difficultés et de découragement, tu seras porté à te réfugier en Lui pour trouver dans sa toute-puissance, dans sa grandeur et sa bonté infinie, un soutien et un remède à ton insuffisance, à ta petitesse, à ta misère.

En contemplant LE VERBE présent dans ton âme tu sentiras le désir de te laisser pénétrer de sa lumière, de te faire instruire par Celui qui est la parole du Père, afin qu'Il t'introduise dans la véritable connaissance des mystères divins et t'apprenne à juger de toutes choses selon DIeu. Tu désireras Le chercher dans son Incarnation où tu Le trouveras plus accessible à ton humanité, tu voudras lte réfugier dans sa Rédemption par laquelle Il te donne la vie, devient ton Frère, te présente au Père comme son enfant.

En considérant L'ESPRIT SAINT, fruit délicieux de L’AMOUR du Père et du Fils, un désir plus vif surgira en toi de seconder son oeuvre d'amour dans ton âme; c'est pourquoi, tu suivras plus docilement ses inspirations, tu te feras guider par Lui en toutes choses et, finalement, tu te laisseras emporter par son élan divin, afin qu'il t'entraîne avec Lui dans le sein du Père et du Fils.

De cette manière, comme dit Saint Jean, se réalisera en toi cette fin très élevée pour laquelle Dieu nous a créés et rachetés, à savoir, que «nous soyons en communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ» Et cela, non par tes mérites, mais uniquement par les mérites infinis du Christ qui t'a communiqué sa gloire de fils de Dieu, qui t'a fait participer à l'amour dont le Père L'aime, qui t'a donné son Esprit et s'est fait ta nourriture pour alimenter de la manière la plus directe, ta vie d'union avec la Trinité sacro-sainte.

COLLOQUE

O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en Vous, immobile et paisible, comme si déjà mon âme était dans l'éternité; que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère.

Pacifiez mon âme; faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos; que je ne Vous y laisse jamais seul; mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice.

O mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre Coeur; je voudrais Vous couvrir de gloire, je voudrais Vous aimer ... Mais je sens mon impuissance, et je Vous demande de me revêtir de Vous-même, d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m'envahir, de Vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur.

O Verbe éternel, parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à Vous écouter, je veux me faire tout enseignable, afin d'apprendre tout de Vous; puis à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux Vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière; ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.


O Feu consumant, Esprit d'amour, survenez en moi afin qu'il se fasse en mon âme comme une Incarnation du Verbe; que je Lui sois une humanité de surcroit, en laquelle Il renouvelle tout son mystère: et Vous, ô Père, penchez Vous vers votre pauvre petite créature, ne voyez en elle que le Bien-Aimé en lequel Vous avez mis toutes vos complaisances.


O «mes Trois» mon tout, ma béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en Vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs.»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année. - P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


2 - L’ESPÉRANCE

L'ESPÉRANCE


« O Seigneur, fortifiez mon espérance,

car celui qui espère en Vous ne sera jamais confondu.»


MÉDITATION

1. - La foi te fait connaître Dieu, tu crois en Lui de toutes tes forces; cependant tu ne Le vois pas. Ta foi a donc besoin d’être soutenue par la certitude qu’un jour tu verras ton Dieu, que tu Le posséderas et pourras t’unir éternellement à Lui. C’est la vertu d’espérance qui te donne cette certitude en te présentant Dieu comme ton bien infini, ta récompense éternelle. La foi te dit : Dieu est bonté, beauté, sagesse, providence, charité miséricorde infinie et L’ESPÉRANCE ajoute : ce Dieu si grand, si bon, est tien; Il veut être non seulement ta possession et ta béatitude éternelle mais dès ici-bas. Il veut être possédé par toi au moyen de la charité et de la grâce; dès à présent, Il t’invite à vivre dans une union intime avec Lui.


Tu regardes le Dieu infini, très parfait, immensément élevé au-dessus de toi-même, créature faible et misérable, et tu penses : comment pourrai-je jamais arriver à Lui, m’unir à Celui qui surpasse infiniment mes capacités? L’ESPÉRANCE te répond : tu le peux, puisque Dieu même le veut : c’est même à cette fin qu’Il t’a créée et élevée à l’état surnaturel, te fournissant tous les secours nécessaires pour une entreprise si ardue. Le Concile de Trente affirme que nous devons avoir « une espérance très ferme – dans le secours de Dieu », aide qu’Il a formellement promise à ceux qui L’aiment et recourent à Lui avec confiance : «Demandez et l’on vous donnera, a dit Jésus, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira …. Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien pus votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui L’en prient» (Mt. V11,7 et 11). Les «bonnes choses» promises par Jésus, sont avant tout celles qui sont comprises dans l’acte d’espérance : « la vie éternelle et les grâces nécessaires pour la mériter» tel est l’objet de l’espérance, c’est là ce que nous devons demander en premier.


2. - Lorsque tu te places devant Dieu, dans l’intention de t’unir à Lui, tu comprends immédiatement que le grand obstacle qui s’interpose entre Dieu et toi, ce sont tes péchés, ta fragilité et ta misère, par lesquels il t’es si difficile de vivre d’une manière digne de Lui. Mais L’ESPÉRANCE vient au-devant de toi en t’assurant, de la part de la miséricorde infinie, le pardon de tes péchés et la grâce nécessaire non seulement pour bien vivre, mais encore, pour vivre saintement.


Le pardon des péchés lève l’obstacle à ton union avec Dieu, la grâce te rapproche de Lui et finalement consomme l’union. Quel réconfort inonde ton âme, lorsque tu songes que malgré ta faiblesse qui ne réussit pas éviter le péché, Dieu veut que tu sois assurée de son pardon! Toutes les fois que, sincèrement repentante, tu reconnais tes fautes, Lui, de fait, par les mérites de Jésus, te pardonne, et tes fautes sont oubliées pour toujours. Il faut que tu en sois absolument certaine, tu ne peux en douter, parce qu’il ne t’est pas permis de douter de la miséricorde et des promesses de Dieu. «Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, dit le Seigneur, comme la neige ils blanchiront» (cfr. Is. I,18). Et ce n’est pas tout, car Dieu veut que tu sois également sûre qu’Il t’accordera les grâces nécessaires pour bien vivre, vaincre tes tentations et tes défauts, avancer dans les vertus. C’est ainsi que tu obtiendras L’UNION AVEC LUI, non seulement au ciel, mais même sur terre. Ton idéal, cet idéal de sainteté, est, par conséquent, réalisable! Et Dieu veut que tu attendes tout cela de Lui, non à cause de tes mérites, mais parce qu’Il est infiniment bon, parce qu’Il est l’omnipotentia auxilians, la toute-puissance secourable, toujours prête à venir à notre aide. Certes, il serait téméraire d’espérer que Dieu te sauvera et te sanctifiera sans ta coopération; mais si, de ton côté, tu fais tout ton possible pour éviter les fautes même légères et que tu t’exerces généreusement à la pratique des vertus, tu peux espérer avec certitude qu’Il fera pour toi ce que tu ne parviens pas à réaliser, malgré tes efforts. Dieu veut que tu en sois sûre. La certitude est une propriété de l’espérance parfaite, et Dieu veut que tu exerces cette vertu en perfection.


COLLOQUE

«Revêtez-moi, Seigneur, de la tenue verte de l’espérance. La vive espérance en Vous donne à l’âme une telle vigueur, tant de courage et d’élévation pour les choses de la vie éternelle que, comparées à ce qu’elle attend là-haut, toutes les choses du monde lui semblent ce qu’elles sont en réalité, flétries, arides, mortes et de nulle valeur. Donnez-moi donc une forte espérance, ô mon Dieu, afin qu’elle me dépouille de toutes les vanités du monde et que mon coeur ne se repose plus en aucune d’elles, n’attendant rien d’ici-bas, mais vivant revêtu de l’espérance de la vie éternelle. L’ESPÉRANCE sera le bouclier du salut qui protège ma tête des blessures de l’ennemi et oriente mon regard vers le ciel, me permettant de fixer les yeux uniquement sur Vous, mon Dieu. Comme les yeux de la servante sont tournés vers les mains de sa maîtresse, ainsi les miens se fixent sur Vous, jusqu’à ce que Vous ayez pitié de moi en raison de mon espérance. Faites que mes yeux ne voient rien d’autre, que je me contente de Vous seul. Alors, Vous Vous complairez en moi, et je pourrai dire en toute vérité « qu’on obtient de Vous autant qu’on en espère. »

Pour comprendre la grandeur de votre Divinité, ô Seigneur j’ai besoin de la foi, et pour produire des œuvres, il me faut l’espérance, car si je n’avais pas l’espoir de Vous posséder un jour, je n’aurais pas la force de peiner ici-bas. Je ne désire plus les choses terrestres, bien que je n’aie jamais espéré en elles. J’ai une vive espérance d’obtenir non les choses de la terre, dans lesquelles les mondains mettent ordinairement leur espérance, mais Vous, mon Dieu.


« O Seigneur, donnez-moi une espérance forte, car je ne puis me sauver sans que cette vertu soit bien enracinée dans mon âme. Elle m’est nécessaire pour implorer le pardon de mes péchés et atteindre ma fin. Quel plaisir ne procure-t-elle pas à mon âme, en lui faisant espérer ce dont elle devra jouir ensuite dans la patrie, et en lui faisant goûter partiellement, dès ici-bas, ce qu’elle devra éternellement savourer, comprendre, posséder, c’est-à-dire Vous-même, mon Dieu (Ste M. Mad. De Pazzi)

(Source : INTIMITÉ DIVINE par le Père Gabriel de Ste Marie Madeleine, O.C.D.

- 2e volume – juin à novembre)




MÉDITATIONS POUR TOUS LES JOURS DE L'ANNÉE

«EN SUSPENS»

LA MONTÉE PASCALE

  JEUDI SAINT

      LE DON DE L'AMOUR



PRÉSENCE DE DIEU

«Accorde-moi, ô Jésus, de sonder l’immensité de cet amour qui Vous a porté à nous donner l’Eucharistie.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Ne suffisait-il pas qu’Il ait été livré une fois? La flagellation, les mauvais traitement et les douloureuses souffrances endurées durant toute sa vie terrestre ne suffisaient-ils pas? Que faire encore pour Vous contenter ? N’a-t-il pas suffisamment payé la rançon du péché d’Adam ? …



INTIMITÉ DIVINE

«O Père Éternel, votre divin Fils n’a rien omis pour nous donner à nous, pauvres pécheurs, un bienfait aussi grand que l’Eucharistie. Ah ! Ne permettez pas dans votre miséricorde, qu’Il soit si indignement outragé.; Il est resté parmi nous d’une manière si admirable, afin que nous puissions Vous l’offrir en sacrifice, aussi souvent que nous le voulons. Puisse une offrande d’un tel prix arrêter enfin la marée des péchés et des irrévérences commises dans les lieux où réside ce Très Saint Sacrement !»

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


VENDREDI SAINT

LE MYSTÈRE DE LA CROIX

PRÉSENCE DE DIEU

«O Jésus, permettez-moi de pénétrer avec Vous dans l’épaisseur du mystère de la Croix.


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

O Maître, ce n’est pas pour rire que Vous m’avez aimée; moi, au contraire, pécheresse, je ne Vous ai jamais aimé, si ce n’est d’un amour imparfait. Jamais je n’ai rien voulu entendre des douleurs que Vous avez souffertes sur la Croix, et ainsi, je Vous ai servi avec négligence et infidélité.

Votre amour, mon Dieu, excite en moi un désir ardent d’éviter tout ce qui pourrait vous offenser, d’embrasser la douleur et le mépris que Vous avez supportés, de garder continuellement présentes à l’esprit votre Passion et votre mort, dans laquelle se trouve notre salut véritable et notre vie.


INTIMITÉ DIVINE

«O Seigneur, ô Maître et Médecin éternel, votre Sang est le remède que Vous nous offrez gratuitement pour la guérison de nos âmes et, tandis qu’elle Vous a coûté votre Passion très amère et votre mort sur la Croix, elle ne me coûte rien, à moi , sinon de me disposer à la recevoir; alors Vous me la donnez immédiatement et guérissez mes infirmités. Mon Dieu, puisque Vous avez décidé de me délivrer et de me guérir, à la seule condition que je vous montre, dans les larmes et la douleur, mes maux et mes misères; puisque, Seigneur, mon âme est infirme, voici que je mets devant vos yeux mes péchés et mon infortune. Il n’est pas de péché, aucune maladie de l’âme et de l’esprit, auxquels Vous n’avez apporté de remède suffisant, ni n’ayez satisfait par votre mort. Tous mon salut et mon allégresse sont donc en Vous, ô Christ Crucifié et, en quelque état que je puisse me trouver, je ne veux jamais détacher les yeux de votre Croix.»

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


SAMEDI SAINT

LA VICTOIRE DE LA CROIX


PRÉSENCE DE DIEU

«O Jésus, crucifié par amour pour moi, révélez-moi la victoire remportée par votre mort.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

En même temps que Marie, qui devait être certainement présente à la scène et recevoir dans ses bras le Corps lacéré de son divin Fils, approchons-nous aussi de cette dépouille sacrée; fixons encore une fois les yeux sur ces plaies, sur ces blessures, sur ce Sang qui nous parlent si éloquemment de l'amour de Jésus pour nous. Il est vrai, à présent, ces plaies ne sont plus douloureuses mais glorieuses, et demain, dès l'aube pascale, nous célébrerons précisément la grande victoire quelles ont remportée. Pourtant, bien qu'elles soient glorifiées, ces plaies restent et resteront éternellement le signe indélébile de l'excessive charité dont le Christ nous a aimés.

Puisse ce samedi, jour de transition entre les angoisses du Vendredi Saint et la gloire de la Résurrection, être un jour de recueillement et de prière aux pieds du Corps inanimé de Jésus: ouvrons largement notre coeur, purifions-le dans son Sang, afin que, tout renouvelé dans l'amour et la pureté, il puisse rivaliser avec le «sépulcre neuf» pour offrir au Maître très aimé un séjour de pais et de repos.


INTIMITÉ DIVINE

«O bon Jésus, avec quelle libéralité nous avez-Vous donné, sur la Croix, tout ce que Vous aviez ! À vos bourreaux, votre prière affectueuse; au larron, le paradis; à votre Mère, un fils et au fils, une Mère; aux morts, Vous avez rendu la vie et remis votre âme entre les mains de votre Père; Vous avez montré votre puissance au monde entier et avez versé, par vos blessures larges et nombreuses, non quelques gouttes, mais tout votre Sang, pour racheter l'esclave ! ... O très suave Seigneur et Sauveur de l'univers, comment Vous remercier dignement ?

«O bon Jésus, Vous inclinez votre tête couronnée, blessée par les dards nombreux en m’invitant au baiser de paix

«Vois, me dites-Vous, comme Je suis défiguré, déchiré, anéanti ! Sais-tu pourquoi? Pour te prendre ô brebis égarée, te rapporter sur mes épaules et te reconduire au céleste pacage du paradis. Paie-Moi de retour ... Regarde-Moi dans dans ma Passion., Aime-Moi. Je Me suis donné à toi, donne-toi à moi...»

«O Seigneur, attendri par vos plaies, je veux que Vous régniez sur moi, tel que je Vous vois, dans votre Passion; je veux Vous placer tel un sceau sur mon coeur, tel un signe sur mon bras, pour me conformer à Vous, et à votre martyre, dans toutes les pensées de mon coeur, toutes les entreprises de mon bras.

«O bon et très doux Jésus ! Vous qui Vous êtes donné à nous comme rançon du rachat, accordez-nous ... tout indignes que nous en soyons ... de répondre à votre grâce, entièrement, parfaitement et totalement.»

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)




LA PÂQUE DU SEIGNEUR 


DIMANCHE DE LA RÉSURRECTION 



PRÉSENCE DE DIEU

«O Jésus ressuscité, rendez-moi digne de participer à la joie de votre Résurrection.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

L’Évangile nous met sous les yeux les saintes femmes, les très fidèles, qui dès les premières lueurs de l’aube du dimanche courent au sépulcre et, chemin faisant, s’inquiètent de savoir «qui leur enlèvera la pierre de l’entrée du tombeau» Mais cette préoccupation, bien que fort justifiée par la masse et le poids de la pierre, ne les distrait pas de leur dessein : elles brûlent du désir de trouver Jésus ! Or, voici que dès leur arrivée, elles voient «la pierre roulée de côté». Elles entrent donc dans la tombe et trouvent un Ange qui leur annonce la grande nouvelle : «Il est ressuscité, Il n’est point ici». En ce moment, Jésus ne se laisse ni voir, ni trouver; mais peu après, lorsque, selon l’ordre reçu des Anges, les femmes iront porter la nouvelle aux disciples, Il se présentera devant elles, en disant : «Salut !», et leur joie sera à son comble.


Nous avons, nous aussi, le grand désir de trouver le Seigneur; peut-être y a-t-il déjà de longues années que nous nous sommes mis à sa recherche; peut-être, pour nous aussi, ce désir s’accompagne-t-il de graves préoccupations : comment enlèverai-je les obstacles et ferai-je disparaître de mon âme cette pierre qui m’empêche de trouver le Seigneur, de me donner entièrement à Lui, de Le faire triompher en moi? Mais, c’est précisément parce que nous voulons trouver le Seigneur que nous avons déjà surmonté bien des obstacles soutenus par sa grâce et que la Divine Providence nous a aidés à rouler beaucoup de pierres, a vaincre bon nombre de difficultés. Toutefois, la recherche de Dieu est progressive et doit être poursuivie pendant toute la vie; c’est pourquoi à l’instar des saintes femmes, nous devons toujours garder la fervente préoccupation de trouver le Seigneur. C’est elle qui doit nous rendre diligents dans la recherche et, en même temps, confiants dans le secours divin, puisqu’il est certain que le Seigneur veillera à nous faire parvenir là où nos forces ne peuvent atteindre, en faisant pour nous ce que nous ne pouvons faire nous-mêmes.


PÂQUES marque chaque année un renouveau dans notre vie spirituelle, dans notre recherche de Dieu; chaque année nous reprenons notre chemin vers Lui.


INTIMITÉ DIVINE

«Seigneur Jésus, doux et bon Jésus, qui avez daigné mourir pour nos péchés et ressusciter pour notre justification, je Vous supplie, par votre Résurrection glorieuse, de me faire sortir du sépulcre de mes vices et péchés, afin que je mérite de participer vraiment à votre Résurrection. Très doux Seigneur, qui montez au ciel dans le triomphe de votre gloire et êtes assis à la droite du Père, Vous qui êtes tout-puissant, élevez-moi jusqu’à Vous, afin que je coure à l’odeur de vos parfums, que je coure sans défaillance, alors que Vous m’attirez et me guidez. Mon âme est assoiffée : attirez-la près de la source divine de l’éternelle satiété; tirez-moi de l’abîme vers cette source vive, afin que j’y boive, autant que je le pourrai de ce dont je vivrai toujours, ô mon Dieu, ô ma vie.

«Donnez, je vous en prie, ô Seigneur, donnez à mon âme des ailes semblables à celles de l’aigle, afin que je vole et ne défaille point; que je vole et parvienne à la splendeur de votre gloire. Là, Vous me nourrirez de vos secrets à la table des hôtes célestes, à l’endroit où Vous célébrez votre Pâque, près de la source inépuisable. Puisse, ô Seigneur, mon coeur se reposer en Vous, ce coeur pareil a une grande mer agitée de flots tumultueux.

Ô Seigneur, tant que je porterai avec moi ces membres fragiles faites-moi la grâce, ô Seigneur, d’adhérer à Vous, car celui qui adhère au Seigneur est un seul esprit avec Lui.»

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


RESTEZ AVEC NOUS

Lundi de Pâques

RESTEZ AVEC NOUS

LUNDI DE PÂQUES


PRÉSENCE DE DIEU

«Ne me quittez pas, ô Jésus, doux Pèlerin, car j'ai besoin de Vous.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Dieu nous a faits pour Lui, aussi ne pouvons-nous vivre sans Lui nous en avons besoin, nous en avons faim et soif, car Il est le seul qui puisse satisfaire notre coeur.


Plus l'âme se renouvelle dans la Résurrection du Christ, plus elle sent aussi le besoin de Dieu et des vérités célestes et ainsi elle se détache toujours davantage de ce qui est terrestre pour se tourner vers le ciel.


De même que la faim physique est l'indice d'un organisme sain et plein de vie, ainsi la FAIM SPIRITUELLE est-elle la marque d'une vie spirituelle efficiente, au développement ininterrompu. L'âme qui ne ressent pas la faim de Dieu, le besoin de Le chercher et de le Trouver, et que cette recherche ne fait pas vibrer et souffrir anxieusement, ne porte pas en elle le signe de la Résurrection. Ce sera une âme morte ou, tout au moins, évanouie et rendue insensible par la tiédeur. L'alléluia pascal, cri de triomphe à cause de la Résurrection du Christ, est, en même temps une invitation pressante à ressusciter nous-mêmes.


RESTEZ AVEC NOUS, SEIGNEUR ! C'est le cri de l'âme qui, ayant trouvé son Dieu, ne veut plus se séparer de Lui. Allons, nous aussi, comme les disciples d'Emmaüs, à la recherche du Seigneur; toute notre vie est une pérégrination incessante vers Lui et souvent nous sommes tristes, nous aussi, parce que, ne comprenant pas ses voies mystérieuses, il nous semble presque qu'Il nous ait abandonnés. Mais juste au moment où ils allaient perdre toute espérance, Jésus se trouvait là, près d'eux, devenu leur compagnon de voyage. Il en va de même pour nous: bien que caché dans l'obscurité de la foi, Dieu s'approche de nos âmes, devient notre compagnon de route et, bien plus encore, vit en nous par la grâce. Ici-bas, il est vrai, Il ne se montre pas dans la clarté du «face à face» réservé à l'éternité, nous Le voyons seulement «comme dans un miroir et en énigme» mais toutefois, Dieu sait se faire reconnaître. Comme aux disciples d'Emmaüs, sa présence se révèle d'une manière obscure mais sur laquelle on ne peut se méprendre, à cause de cette ardeur toute particulière qu'Il sait, Lui seul allumer dans nos coeurs.


L'âme qui a trouvé ainsi le Seigneur, ne fût-ce qu'une seule fois, non extérieurement, mais au-dedans d'elle-même, vivant et opérant dans son coeur, ne peut s'empêcher de s'écrier: «RESTEZ AVEC MOI» !


Et pourtant, ce cri est déjà exaucé, il est déjà une réalité permanente, parce que, en fait, Dieu est toujours avec l'âme en état de grâce. Dieu est toujours avec nous même quand nous ne Le sentons pas ou ne remarquons pas sa présence. Dieu est là, Il reste avec nous; à nous de rester avec Lui. Et s'il y a des moments où Dieu se laisse reconnaître par l'âme, Il le fait précisément pour l'inviter à vivre avec Lui, dans son intimité. Demandons-Lui avec ardeur: enseignez-nous, Seigneur, à rester avec Vous, à vivre avec Vous.


INTIMITÉ DIVINE

«Ô mon Dieu, l'unique chose que je redoute - et non sans raison ! est que Vous ne m'abandonniez encore. Je sais bien jusqu'où peut me conduire mon peu de vertu et de mérite et ce que je puis si Vous ne me fortifiez continuellement et ne m'aidez à ne point Vous abandonner.... Il me semble, ô Seigneur, qu'il me serait impossible de Vous abandonner.... Mais, après Vous avoir été si souvent infidèle, je ne puis m'empêcher de trembler, sachant qu'il suffirait que Vous Vous éloigniez un peu de moi, pour qu'aussitôt je retombe à terre. Mais soyez béni, ô Seigneur ! Alors que je Vous délaissais, Vous ne m'abandonniez jamais complètement, Vous me tendiez plutôt la main, afin que je puisse me relever aussitôt... O Seigneur, Vous qui savez tout, n'oubliez pas ma faiblesse et ne me laissez pas seule» 



(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


QUI CHERCHEZ VOUS ?

Mardi de Pâques

QUI CHERCHEZ-VOUS ? 

Mardi de Pâques


PRÉSENCE DE DIEU:

«O Seigneur, puissé-je Vous chercher toujours. Vous seul, et, de ce fait, qu'il me soit donné de Vous trouver.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

L'Évangile raconte les diverses apparitions de Jésus ressuscité; la première, et l'une des plus émouvantes, est celle à Marie-Madeleine. En cet épisode. Marie Madeleine apparaît avec cette note caractéristique - qui lui est propre, - d'âme totalement prise par l'amour de Dieu. La préoccupation de retrouver Jésus la domine tellement qu'elle ne sent pas le besoin de Le nommer, il lui semble que tous doivent penser à Lui, que tous doivent saisir au vol sa pensée comme si tout le monde était dans un état d'âme pareil au sien.


Lorsque l'amour et le désir de Dieu ont pris pleinement possession d'une âme, il ne reste plus place en elle pour d'autres amours, d'autres désirs ou préoccupation. Tous ses mouvements sont orientés vers Dieu et, à travers toutes choses, l'âme ne fait que chercher Dieu seul. Si l'âme cherche Dieu, son Bien Aimé la cherche davantage.


C'est toujours le même amour ardent qui la rend oublieuse et insouciante de tout le reste. Marie Madeleine cherche uniquement le Seigneur, elle Le veut, Lui seul; le reste ne l'intéresse pas, ni ne la regarde. Elle voudrait encore étreindre ces pieds bénis et demeurer là, dans une contemplation amoureuse, mais Jésus lui dit doucement: «Ne Me touche pas !»


Qui cherchez-vous?» Comme jadis à Madeleine, c'est à toi, âme pieuse, que Jésus adresse aujourd'hui cette demande; - peux-tu Lui répondre que tu ne cherches que Lui ? Jésus s'est montré à Marie Madeleine avant de se montrer aux autres saintes femmes, car Marie Madeleine «L'aimait beaucoup» Si tu veux trouver rapidement le Seigneur, aime-Le beaucoup et cherche-Le avec un ardent amour.



INTIMITÉ DIVINE

«O Seigneur Jésus-Christ, qu'il est bon, heureux et désirable de sentir la force de votre amour ! Ah ! chaque jour Vous exposez mon coeur aux rayons de cet amour, Vous dissipez les ténèbres de l'esprit, illuminez les secrets du coeur, réconfortez et enflammez l'intelligence, réjouissez et fortifiez l'âme ! Oh ! que votre miséricorde est douce, qu'elle est grande la suavité de votre amour, ô Seigneur Jésus-Christ, Vous qui prodiguez l'amour, dont jouissent ceux qui n'aiment que Vous et ne veulent songer à rien en dehors de Vous ! Nous devançant, Vous nous invitez à Vous aimer, Vous nous ravissez et nous attirez, tant est grande la force de votre amour. Rien ne nous invite, ne nous ravit et attire davantage que cette prévenance dans l'amour; le coeur, auparavant engourdie, se sent ranimé, et, s'il est déjà fervent, il devient plus ardent encore, lorsqu'il se sait aimé.

«O très aimant Seigneur Jésus-Christ, bien que Vous m'ayez aimé indiciblement, moi, pécheur impie, portant en moi un coeur de pierre et de fer, je n'ai pas reconnu votre brûlant amour; et bien que j'aie désiré votre dilection, je n'ai cependant pas voulu Vous aimer. Daignez donc me venir en aide, ô très bon Seigneur Jésus-Christ, et par la force de votre très doux amour, obligez mon âme rebelle à Vous aimer, afin que je Vous serve paisiblement et obtienne l'éternelle vie d'amour. » 



(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


L'EAU VIVE

Mercredi de Pâques

L'EAU VIVE

Mercredi de Pâques 


PRÉSENCE DE DIEU

«O Jésus, mon âme a soif de Vous, source d'eau vive; puissé-je m'approcher de vous et boire !»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Cette manière nouvelle de connaître Dieu, cette expérience nouvelle de Dieu et des choses divines, est vraiment une eau vive qui désaltère l'âme. C'est l'eau vive de l'oraison qui, par suite de l'action divine, est devenue plus profonde, plus intime, plus contemplative; c'est l'eau vive de la contemplation. Et la contemplation est un DON de Dieu. « Il la donne ».



INTIMITÉ DIVINE

O source de vie, veine d'eau des vivants, quand parviendrai-je aux eaux de votre mansuétude, en cette terre déserte, escarpée et aride, afin que je voie votre puissance et votre gloire, et que ma soif s'apaise aux eaux de votre miséricorde ? J'ai soif, ô Seigneur, j'ai soif de Vous, source vive...


Grâce Vous soient rendues, à Vous qui m'illuminez et me libérez, car Vous m'avez éclairé et je Vous ai connu. Tard je Vous ai connue, ô Vérité ancienne, tard je Vous ai connue, ô Vérité éternelle; Vous étiez dans la lumière, et moi dans les ténèbres, et je ne Vous connaissais pas, car je ne pouvais être illuminé sans Vous; et sans Vous, il n'existe pas de lumière ! » (St-Augustin)


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


DIEU INVITE TOUTES LES ÂMES

Jeudi de Pâques

DIEU INVITE TOUTES LES ÂMES

JEUDI DE PÂQUES



PRÉSENCE DE DIEU

«Seigneur, je me rends à votre invitation, j'accours vers votre source; désaltérez-moi !»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Sainte Thérèse d'Avila déclare: «Songez que le Seigneur appelle tout le monde. Or, Il est la Vérité même ; on ne saurait douter de sa parole. Si son invitation ne s'adressait pas à tous, Il ne nous appellerait pas tous... Mais, comme Il n'y met aucune restriction ... je tiens pour certain que tous ceux qui ne resteront pas en chemin, boiront de cette eau vive» (Chem. XXI).


Cependant, la Sainte nous enseigne à la désirer sans prétention en toute humilité et plein ABANDON À LA VOLONTÉ DIVINE. En effet, Dieu seul est Maître de ses dons surnaturels et c'est à Lui qu'il revient de les distribuer à nos âmes sous la forme, dans la mesure et au temps voulus par Lui: « Dieu, dit la Sainte,  les donne comme Il veut, quand Il veut et à qui Il veut, sans porter préjudice à personne.»


Cela nous fait comprendre que les formes et les degrés de contemplation sont nombreux. Pour mieux nous le faire entendre, la Sainte compare la contemplation à «une fontaine abondante d'où dérivent divers ruisseaux, les uns petits, les autres grands, et parfois de simples filets d'eau».  Le Seigneur invite tout le monde et donnera à boire à tous; mais Il ne nous révèle pas à quelle espèce de ruisseau chacun de nous sera appelé à boire. Il ne nous dit pas à quel moment de notre vie nous boirons et Il s'oblige moins encore à nous faire boire au grand ruisseau plutôt qu'au petit.


Il y eut des saints, comme Thérèse de Jésus, qui burent en grande abondance; d'autres, ainsi que Thérèse de Lisieux, n'ont disposé que d'un petit filet d'eau; et cependant, les uns comme les autres ont atteint la sainteté. De même que de nombreux ruisseaux proviennent de la même source et contiennent tous la même eau, bien qu'ils soient d'importance inégale, ainsi les formes de contemplation sont très variées: quelques-unes sont suaves, d'autres arides ; certaines donnent une grande clarté et une ineffable douceur, tandis que d'autres sont obscures, voire même pénibles, quoi qu'elles n'en soient pas moins utiles à l'âme. Bien qu'il y ait divers degrés, il s'agit essentiellement de la même eau vivifiante qui plonge l'âme en Dieu, fait pénétrer le mystère divin, comprendre le tout de Dieu et le rien de la créature, ouvre la voie à l'intimité divine et conduit à la sainteté.


Sainte Thérèse nous assure toutefois que Dieu ne refuse jamais cette eau vivifiante à qui «la cherche comme il faut» ; cela dépend donc aussi de nous et notre contribution consiste à nous disposer de telle sorte que Dieu ne nous trouve pas indignes de ses dons.



INTIMITÉ DIVINE

«O miséricordieux et tendre Seigneur de mon âme, Vous avez dit encore: Venez à Moi, vous tous qui avez soif, et Je vous donnerai à boire !

L'âme qui boit de cette eau n'a plus soif des choses de cette vie, mais elle est altérée toujours davantage du désir de Vous posséder, du désir des choses célestes. Qu'elle a soif d'être altérée ainsi ! Cette soif apporte avec elle une suavité qui en tempère les ardeurs, car tandis qu'elle éteint le désir des choses de la terre, elle rassasie l'âme des biens célestes. Quand Vous daignez, mon Dieu, étancher la soif avec cette eau, une des plus grandes grâces que Vous puissiez accorder à l'âme, c'est de la laisser encore tout altérée. Chaque fois qu'elle boit de cette eau, elle désire toujours plus ardemment en boire encore ...


Et cette eau est si puissante qu'elle allume toujours davantage le feu de votre amour. O grand Dieu ! quelle merveille qu'un feu qui s'enflamme davantage par l'eau, une eau qui active, dans les âmes, le feu de l'amour.


O Seigneur, donnez-moi à boire de cette eau, et je n'aurai plus jamais soif ! Que ne m'est-il donné d'être engloutie dans cette eau vive, pour y perdre la vie ? O Vous qui nous la promettez, faites-nous la grâce de la chercher comme il faut»



(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année. 

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


NOTRE PRÉPARATION

Vendredi de Pâques

NOTRE PRÉPARATION

VENDREDI DE PÂQUES

PRÉSENCE DE DIEU

«Puissé-je, Seigneur, être généreux et fidèle à votre service, afin de ne mettre jamais d’obstacles à votre action en moi.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

1. La source d’eau vive d’où jaillit l’expérience amoureuse de Dieu et la lumière contemplative, n’est autre que l’opération de l’Esprit Saint qui agit dans les âmes par l’actuation de ses dons. Et puisque nous avons tous reçu, au saint baptême, les dons du Saint-Esprit, qui sont des dispositions surnaturelles nous rendant capables d’accueillir les motions divines, il est clair que si Dieu nous les a donnés, ce n’est pas pour les laisser inopérants, mais pour les mettre en pratique. C’est pourquoi leur actuation ne peut être considérée comme un fait extraordinaire, mais connaturel, au point que l’expérience amoureuse de Dieu et la lumière contemplative qui en dérive ne peuvent être tenues pour étrangères au plein développement de la grâce.


En d’autres termes, si une âme s’ouvre généreusement à l’action de la grâce, si elle la seconde de toute sa bonne volonté, il y a lieu d’espérer que le Seigneur ne lui refusera pas au moins quelques gouttes d’eau vive, c’est-à-dire quelque forme de connaissance contemplative. Sainte Thérèse l’affirme avec force et dit à ce propos :

«Il ne faut donc pas craindre de mourir de soif. Dans cette voie, l’eau des consolations ne manque jamais.»


S’il est juste que l’âme appelée à l’intimité divine apprécie et désire la contemplation, il n’est pas du tout hors de propos qu’elle cherche à s’y préparer. Beaucoup d’âmes se voient refuser cette grâce par Dieu précisément parce qu’Il ne les trouve pas convenablement disposées; il est donc nécessaire de travailler, afin que nous n’en soyons pas privés par notre faute. Et, d’autre part, quand nous aurons fait tout ce qui dépend de nous pour nous y disposer le mieux possible, nous n’aurons pas à craindre que notre peine soit perdue; d’une manière ou de l’autre, tôt ou tard, le Seigneur nous donnera à boire.

2. ... La contemplation étant un don généreux de Dieu, il exige donc de la générosité de notre part. Les âmes peu magnanimes sont précisément celles qui ne la connaîtront jamais. La Sainte en revient toujours au grand principe qu’elle inculque :

«Dieu ne force pas notre volonté; Il prend ce que nous Lui donnons. Mais Il ne se donne pas complètement, tant que nous ne nous sommes pas donnés à Lui d’une manière absolue.»


En plus de cette générosité, il faut encore une application diligente et constante au recueillement et à la prière. Plus l’âme saura se recueillir en Dieu et rendre sa prière et son contact vital avec Lui plus intimes et profonds, plus elle deviendra capable de recevoir les motions divines…


Certes, en nous préparant à la contemplation, nous n’entendons pas en faire la fin de notre vie spirituelle. Le but est toujours L’AMOUR, car la sainteté consiste essentiellement dans la perfection de la charité. Toutefois, la contemplation est un moyen très puissant pour nous faire arriver rapidement à la plénitude de L’AMOUR, et c’est justement pour cette raison que nous la désirons.


Pour nous, vivre, c’est cheminer vers Dieu, tendre et diriger sans cesse nos énergies vers Lui. Heureuse l’âme fortement attirée vers le Seigneur ! Son pas se fait beaucoup plus agile et rapide. Tel est, à proprement parler, le grand secours qui nous vient de la contemplation. Et nous saisissons ainsi que nous devons nous y préparer non pour en savourer les douceurs, mais pour entrer de plain-pied (non plein-pied) dans la voie de L’INTIMITÉ DIVINE, de L’AMOUR PARFAIT, puisque rien n’est aussi capable de nous orienter totalement vers Dieu et sa gloire que cette expérience amoureuse et cette lumière contemplative qui constituent l’essence de la contemplation.

INTIMITÉ DIVINE

«Mon Dieu, si Vous voulez entrer dans une âme pour y prendre vos délices et la combler de biens, Vous n’avez qu’un moyen : il faut que l’âme soit seule, pure et désireuse de Vous recevoir. Mais si, au lieu d’aplanir la route, nous y mettons une foule d’obstacles, comment pourrez-Vous venir? Comment voulons-nous alors que Vous nous donniez vos grâces ?


«Chose vraiment étonnante ! Nous qui sommes encore au milieu de mille embarras et remplis d’imperfections, dont les vertus naissent à peine – et plaise à Dieu qu’elles aient commencé ! – nous qui ne savons même pas marcher, nous n’avons pas honte de nous plaindre des aridité set de chercher des douceurs dans L’ORAISON ! ...


«Mais, ô Seigneur, Vous savez mieux que moi ce qui me convient; je n’ai nullement à vous conseiller ce que Vous devez me donner, car Vous pourriez me répondre, à juste titre, que je ne sais ce que je demande. Voulant m’adonner à l’oraison et me disposer à recevoir vos dons, mon unique ambition doit être de travailler, avec toute la diligence possible, à m’affermir dans cette résolution et à me préparer à CONFORMER MA VOLONTÉ À LA VÔTRE, ô mon Dieu. Vous me faites comprendre que c’est en cela que consiste la plus haute perfection à laquelle on puisse arriver dans le chemin spirituel. Plus cette CONFORMITÉ sera parfaite, plus aussi Vous me comblerez et plus je progresserai.»


«Je suis vôtre, mon Dieu! Faites de moi ce que Vous voudrez et dirigez-moi par la voie qui Vous plaira. Si, avec votre secours, je suis vraiment humble et détachée de tout, Vous ne manquerez pas de m’accorder la faveur de l’oraison et beaucoup d’autres encore, qui dépassent de loin mes désirs.»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


LA PRIÈRE

Samedi de Pâques

Samedi de Pâques

LA PRIÈRE


PRÉSENCE DE DIEU

Je viens à Vous, Seigneur, pour Vous demander le véritable esprit d’oraison.


MÉDITATION dans la Divine Volonté

1. La prière consiste essentiellement en un commerce intime avec Dieu, dans lequel l’âme cherche sa présence pour s’entretenir amicalement et affectueusement avec Lui. C’est l’enfant qui veut parler à son Père, l’ami qui veut converser avec son Ami. De par sa nature, donc, la prière est chose tout intime, tout intérieure : «Pour moi … disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus … la prière, c’est un élan du coeur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au milieu de l’épreuve comme au sein de la joie.» C’est en ce sens qu’il faut entendre la définition traditionnelle de la prière : «elevatio mentis ad Deum», élévation de l’esprit vers Dieu, et non seulement de l’esprit, mais encore et surtout du coeur. Cette élévation peut consister en un mouvement silencieux de l’esprit, ou s’exprimer dans un cri, une demande, un colloque; alors se vérifient les autres aspects de la prière : «pia locutio ad Deum», «petitio decentium a Deo», c’est-à-dire, conversation pieuse avec Dieu et demande confiante de ses grâces.


Quelle que soit la forme qu’elle assume, la véritable prière n’a rien de compliqué de contraint : c’est la respiration de l’âme qui aime son Dieu, c’est l’attitude habituelle du coeur qui tend vers Dieu qui Le cherche, veut vivre par Lui et sait que tout bien tout secours lui viennent de Lui. Et ainsi, spontanément, sans même y réfléchir, l’âme passe de la simple élévation vers Dieu à la prière de demande ou au colloque intime, pour revenir ensuite à l’élan du coeur, au regard vers le ciel. Entendue de cette manière, la prière est toujours possible, en n’importe quelle circonstance et au milieu de n’importe quelle occupation; de plus, pour une âme qui aime vraiment le Seigneur, il serait aussi impossible de l’interrompre, que de suspendre le souffle. On comprend ainsi comment chacun, même celui vivant dans le monde, peut accomplir la parole de l’Évangile : «Il faut toujours prier.» (Luc XVIII,I). L’unique condition nécessaire est d’avoir un coeur capable d’aimer; plus cet amour sera fort et vigoureux plus la prière sera profonde et continuelle.


… Toutefois, une âme qui aspire à l’intimité divine s’orientera spontanément vers une forme de prière tout intérieure, qui facilitera le contact intime avec Dieu, l’union silencieuse et profonde. Toutes ses formes de prière assumeront d’ailleurs cette caractéristique particulière d’intériorité. C’est ainsi qu’à travers la prière vocale et liturgique, comme à travers l’oraison mentale, l’âme s’acheminera vers Dieu et se disposera à un commerce toujours plus intime avec Lui, jusqu’à ce que Dieu Lui-même, par l’expérience amoureuse et la lumière contemplative, l’introduise dans une oraison plus profonde et capable de la plonger en Lui.


INTIMITÉ DIVINE

«Faites , ô bon Jésus, qu’à toute heure mon âme prenne son vol vers Vous, que ma vie entière soit un acte continuel d’amour. Faites-moi comprendre que l’oeuvre qui ne Vous honore pas est œuvre morte. Faites que ma piété ne soit pas une simple habitude, mais un continuel élan du coeur!


«Bonté suprême, ô mon Jésus, je Vous demande un coeur si épris de Vous que rien ne puisse le distraire. Qu’indifférent à tout ce qui arrive dans le monde, et désireux de Vous seul,  j’aime tout ce qui se rapporte à Vous, mais Vous par-dessus tout, ô mon Dieu. Et mon esprit, Seigneur, oh! Mon esprit! Faites que, zélé à Vous chercher il puisse Vous trouver Sagesse Souveraine! (St. Thomas)

O Seigneur, donnez-moi un coeur qui Vous aime, qui Vous cherche sans trêve, qui soupire toujours après Vous et n’a d’autre désir que de s’unir intimement à Vous.

Si ma langue doit se taire ou est employée à d’autres discours, si mon corps et mon esprit sont occupés par le travail, mon coeur est cependant toujours libre de Vous aimer et de tendre vers Vous à chaque instant, en chaque action. De vous donc, Seigneur, j’implore cette grande grâce : puissé-je Vous chercher toujours, dans l’intime de mon âme et m’unir à Vous dans l’affection de mon coeur.

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)

RÉCOLTES PASCALES

Dimanche de la Miséricorde

Dimanche de la Miséricorde

RÉCOLTES PASCALES


PRÉSENCE DE DIEU

O Jésus, je viens à Vous comme Thomas; faites que je ne sois pas incrédule mais fidèle.


MÉDITATION dans la Divine Volonté

«Comme des enfants nouvellement nés, désirez ardemment le lait spirituel très pur». Ces paroles nous révèlent la sollicitude maternelle de l’Église pour ses enfants qu’elle a régénérés dans le Christ et surtout pour les nouveau-nés. Mais nous sommes aussi l’objet de cette sollicitude; bien que baptisés dès notre venue au monde, on peut dire qu’a chaque fête de Pâques, en ressuscitant dans le Christ, nous renaissons en Lui à une vie nouvelle. Il nous faut donc être , nous aussi, semblables à des «enfants nouveau-nés», dans lesquels il n’y a ni a ni malice, ni fausseté, ni orgueil, ni présomption, mais qui sont pleins de candeur et de simplicité, de confiance et d’amour. C’est un magnifique rappel à cette enfance spirituelle que Jésus nous a proposée comme condition indispensable pour arriver au salut : «Si vous ne vous convertissez et ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux» (Matth. XVIII,3). Chaque flot de grâce, purifiant et guérissant notre âme du péché et de ses racines, nous fait renaître à une vie nouvelle dans le Christ, vie innocente et pure qui aspire uniquement «au lait spirituel très pur» de la doctrine du Christ, de son amour et de sa grâce. Mais aujourd’hui, l’Église veut orienter, d’une façon toute particulière, nos désirs vers la foi : une foi qui nous fasse adhérer à Jésus pour être instruits par Lui, nourris et guidés vers la vie éternelle. La parole du Maître, «Celui qui croit en Moi, de son sein couleront des fleuves d’eau vive … jaillissant en vie éternelle» (Jean VII,38; IV,14). Approchons de Jésus avec cette foi simple et sincère des enfants et Il nous donnera l’abondance de sa grâce, en gage de vie éternelle.


Dieu est Père, Il ne refuse à aucune âme qui Le cherche d’un coeur sincère ce qu’il lui faut pour soutenir sa foi; mais Il refuse souvent au plus forts ce qu’Il accorde aux plus faibles. Jésus ne nous dit-il pas : «Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru»? Bienheureux ceux qui, pour croire en Dieu, n’ont pas besoin de voir, de toucher, n’ont nul besoin de signes sensibles, mais sont capables d’affirmer, sans réticence : «Scio cui credidi» (11 Thim. 1,12), je ne sais en qui j’ai mis ma confiance et je suis sûr de Lui. Une foi semblable est plus méritoire pour nous puisque se basant uniquement sur la parole de Dieu, elle est entièrement surnaturelle. Elle est plus honorable pour Dieu puisqu’elle Lui fait plein crédit, sans exiger aucune preuve, et qu’elle persévère même au sein de l’obscurité et des événements les plus déconcertants, alors qu’il lui semble que le Ciel est fermé et le Seigneur sourd à ses gémissements.


Une foi aussi forte est certainement le fruit de la grâce divine, mais nous devons nous préparer à la recevoir soit en la demandant dans la prière soit en nous exerçant dans la foi elle-même.


INTIMITÉ DIVINE

Mon Dieu, donnez-moi un coeur pur et simple, sans malice, sans hypocrisie. «O Seigneur, accordez-moi la véritable pureté et la vraie simplicité, dans les regards, les paroles, le coeur, l’intention, les œuvres et dans toutes les manifestations tant intérieures qu’extérieures. Mais je voudrais savoir, Seigneur, ce qui empêche en moi le développement de ces vertus. Je te le dirai ô mon âme, puisque je ne puis le faire comprendre à autrui. Sais-tu ce qui fait obstacle? Le moindre regard qui ne soit pas dirigé vers Dieu, toutes les paroles qui ne sont pas prononcées pour Sa louange ou le réconfort du prochain. Et sais-tu comment tu expulses ces vertus de ton coeur? Tu les bannis chaque fois que tu manques de cette pure intention d’honorer Dieu et d’aider ton prochain; tu les chasses encore lorsque tu veux couvrir et excuser tes fautes, ne songeant pas que Dieu voit tout et qu’Il voit ton coeur. O Seigneur, donnez-moi cette véritable pureté et cette vraie simplicité, car Vous ne pouvez trouver votre repos dans l’âme qui en est privée. (Ste M. Madeleine de Pazzi).

O Seigneur purifiez mon coeur et mes lèvres par le feu de votre charité, afin que je Vous aime et Vous cherche avec la pureté et la simplicité d’un enfant. Mais donnez-moi aussi la foi simple des petits, cette foi sans ombre, sans incertitude, sans raisonnement inutile; une foi droite et pure qui trouve, dans votre parole et votre témoignage, sa satisfaction et son apaisement, sans rien vouloir d’autre.


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


LA PRIÈRE VOCALE



LA PRIÈRE VOCALE



PRÉSENCE DE DIEU

«Seigneur, enseignez-moi à prier»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Lorsque les Apôtres demandèrent à Jésus: «Seigneur, apprenez-nous à prier» (Luc XI.I) Il leur enseigna tout simplement, une prière vocale: le Pater noster. Il s'agit, certes de la formule la plus sublime qui puisse exister et qui renferme toute l'essence de l'oraison mentale la plus élevée. Toutefois, Jésus l'a proposée justement comme formule de prière vocale: «Lorsque vous priez, dites .... »  Cela suffit pour comprendre la valeur et l'importance de l'oraison vocale, prière accessible à tout le monde, même aux enfants, aux ignorants, aux malades, aux fatigués... Il faut pourtant bien comprendre que la prière vocale ne consiste pas seulement dans la répétition matérielle d'une formule. S'il en était ainsi, on aurait un récit, mais non une prière, car la prière exige toujours un mouvement, une élévation de l'âme vers Dieu.



Ainsi donc, pour que la prière vocale soit une vraie prière, il faut, avant tout, se recueillir en présence de Dieu, s'approcher de Lui, prendre contact avec Lui. C'est seulement dans des dispositions semblables que les paroles prononcées par les lèvres seront l'expression de la dévotion intérieure et pourront la soutenir et la nourrir. Malheureusement, portés, comme nous le sommes, à saisir plutôt le côté matériel des choses que le spirituel, nous nous contentons trop facilement, dans la prière vocale, d'une récitation mécanique, sans prendre soin d'orienter notre coeur vers Dieu. C'est pourquoi il faut veiller et toujours réagir. Une prière vocale faite uniquement du bout des lèvres, fatigue et dissipe au lieu de recueillir l'âme en Dieu, et l'on ne peut prétendre que ce soit vraiment un moyen pour nous unir davantage à Lui.



2. ... Voici comment Sainte Thérèse de Jésus explique sa pensée: 

«Si, quand je prie vocalement, je suis entièrement occupée de Dieu, à qui je m'adresse, et songe à Lui avec plus de soin qu'aux paroles mêmes que je prononce, j'unis l'oraison mentale à l'oraison vocale» 


La Sainte veut dire que le point le plus important est d'être attentif à Dieu. Surtout lorsqu'il s'agit de prières vocales d'une certaine longueur, il est presque impossible de prêter attention au sens de toutes les paroles qu'on prononce, mais il n'est pas impossible, par contre, de les réciter en se maintenant en la présence de Dieu. Selon les dispositions du moment, on pourra alimenter le désir de Le louer ou de s'unir à Lui, d'implorer son secours, en général, ou de lui demander une grâce particulière. Une pensée générale sur la signification des formules récitées pourra même suffire, ou encore d'un simple regard sur Dieu auquel nous adressons notre prière. En somme, il ne s'agit pas seulement de «réciter» mais de rester avec Dieu, c'est pourquoi la Sainte insiste: 


«s'il est Juste que (avant de réciter), vous considériez quel est Celui à qui vous vous adressez, et qui vous êtes, ne serait-ce que pour parler avec convenance» 


et cela conclut-elle, c'est déjà faire oraison mentale en ce sens que l'esprit et le coeur sont orientés vers Dieu et qu'on cherche le contact intime avec Lui, même a travers le récit.



INTIMITÉ DIVINE

«O puissance infinie, bonté suprême, sagesse éternelle, sans commencement et sans fin ! Vous dont les oeuvres n'ont point de terme, dont les perfections sont incompréhensibles et infinies, abîme sans fond de merveilles, Beauté qui renfermez toutes les beautés, Vous qui êtes la force même, que n'ai-je en ce moment, grand Dieu, toute la sagesse et l'éloquence des hommes ! Comment pourrais-je faire comprendre, pour autant que cela nous soit possible, une seule de ces nombreuses perfections qui peuvent nous révéler quelque peut ce que Vous êtes, mon Seigneur et mon unique Bien.


Pour le comprendre, il faut que nous nous approchions de Vous et, dès que nous serons en votre présence, nous comprendrons quel est Celui à qui nous voulons parler ou à qui nous parlons déjà.


Je ne puis comprendre comment l'oraison vocale puisse être bien faite, lorsqu'elle est privée de votre souvenir, ô Seigneur. Oh ! comme il est nécessaire, lorsqu'on prie, de le faire avec attention !»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


LA LECTURE MÉDITÉE

LA LECTURE MÉDITÉE



PRÉSENCE DE DIEU

«Apprenez-moi, Seigneur, à Vous chercher, même lorsque mon coeur est aride et mon esprit distrait.»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

L’oraison vocale bien faite est certes la manière la plus simple pour s’entretenir avec Dieu; mais, en progressant dans la vie spirituelle, il est logique que l’âme sente le besoin d’une prière plus intérieure, plus intime, et c’est ainsi que, spontanément, elle s’oriente vers L’ORAISON MENTALE. Si l’attrait divin la saisit en répandant en elle une certaine dévotion sensible, l’âme n’éprouve aucune difficulté à se recueillir en Dieu, au contraire, cet exercice lui devient extrêmement facile et agréable. Mais il en va tout autrement lorsqu’elle est laissée à elle-même, surtout si la mobilité excessive de son imagination la met quasi dans l’impossibilité de fixer sa pensée sur un sujet déterminé.


Sainte Thérèse de Jésus remarque qu’ils sont nombreux ceux qui souffrent de ces divagations continuelles par lesquelles «ils vont ici ou là, et sont toujours dans l’agitation, soit que cela provienne de leur nature, soit que Dieu le permette ainsi.»


Ceux qui se trouvent dans des états semblables sont facilement tentés d’abandonner l’oraison mentale, devenue pour eux si pénible qu’ils la trouvent presque impossible. La Sainte est d’un avis bien différent et enseigne avec insistance que même ces âmes-là peuvent s’y appliquer avec fruit, à condition qu’elles le fassent d’une manière un peu particulière, en s’aidant de la lecture qui, dit-elle


«leur sera d’un très grand secours pour se recueillir, et même indispensable. Qu’elles lisent donc, aussi peu que ce soit mais quelles lisent.»


Il ne s’agit certainement pas de passer le temps de l’oraison mentale dans une lecture ininterrompue, mais de se servir d’un livre pieux (Livre du Ciel) où ces âmes puiseront, de temps en temps, quelque bonne pensée qui leur servira à se recueillir en Dieu, afin de se mettre en contact avec Lui.


Avant d’être élevée aux états contemplatifs les plus sublimes, Sainte Thérèse de Jésus a connu longtemps, pendant l’oraison l’aridité et le tourment des pensées importunes.


«Pour moi, confesse-t-elle, je suis restée plus de quatorze ans sans pouvoir méditer, si ce n’est à l’aide d’un livre. Grâce à celui-ci, je ramenais les pensées dispersées, et me plongeais dans l’oraison avec plaisir. Souvent même, je n’avais qu’à l’esprit; quelquefois, je lisais un peu, d’autres fois beaucoup, selon la grâce que le Seigneur daignait m’accorder.»


... Or, l’oraison consiste beaucoup plus dans l’exercice de l’amour que dans le travail de l’esprit. On lira donc, de temps à autre, seulement ce qui est nécessaire pour mettre l’âme en mesure de s’entretenir avec Dieu. C’est pourquoi, dès que nous aurons lu – et il suffira parfois d’une seule phrase – suscitera en nous de bonnes pensées et de saintes affections, capables d’occuper pieusement notre esprit, il faudra suspendre la lecture et nous tourner directement vers le Seigneur pour méditer, en sa présence, les pensées lues, ou pour savourer en silence la dévotion qui s’est éveillée en notre coeur, ou encore pour Lui adresser ces paroles d’amour inspirées par la lecture.


C’est un peu comme les oiseaux lorsqu’ils boivent : ils inclinent la tête vers l’eau, en puisent quelques gouttes et élevant le bec vers le ciel, l’avalent peu à peu, puis recommencent. Inclinons, nous aussi, la tête vers le livre pieux (livre du ciel) pour recueillir quelques gouttes de dévotion, puis relevons-la vers Dieu, afin que notre esprit en soit tout imprégné. De cette manière, il ne sera pas difficile de finir une oraison commencée par la lecture, dans un colloque intime avec Dieu.



INTIMITÉ DIVINE

«O Seigneur, apprenez-moi à Vous chercher ! Ne Vous cachez pas à mes regards, car j’ai besoin de Vous trouver, de m’entretenir avec Vous, de m’approcher de Vous Amour infini, pour être enflammé et attiré par Vous»


«O Dieu bon, ayez pitié de l’oeuvre de vos mains. Et puisque je suis incapable, ô Seigneur, de formuler, seul, n’importe quelle bonne pensée, mais que tout ce que j’ai me vient de Vous; puisque je ne puis même pas invoquer dignement votre nom sans le secours de l’Esprit Saint, qu’il Vous plaise de m’envoyer votre Esprit, afin qu’Il fasse luire sur moi du haut des cieux, les rayons de sa lumière.…


«O Seigneur, illuminez mon coeur, car sans votre lumière, sans votre esprit, les livres les plus pieux eux-mêmes me laisseront froide et aride et seront incapables de me parler de Vous. Lorsque, au contraire, Vous venez à mon secours et m’accordez votre grâce intérieure, alors tout s’illumine d’une lumière nouvelle et les paroles, même les plus simples, nourrissent mon âme. Accordez-moi, ô Seigneur, cette grâce sans laquelle aucune lecture, aussi sublime soit-elle, ne pourra m’inspirer de dévotion, aucun raisonnement, quelque élevé qu’il soit, porter mon coeur à Vous aimer et ma volonté à accomplir le bien.»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


LA MÉDITATION


LA MÉDITATION



PRÉSENCE DE DIEU

«Répandez en mon âme, ô Seigneur, un grand esprit de piété, afin que j'apprenne à m'entretenir avec Vous dans un véritable amour filial.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

... Ste-Thérèse de Jésus affirme que l'oraison consiste

«non à penser beaucoup, mais à beaucoup aimer.»


La pensée est toujours subordonnée à l'amour; évidemment, on pense dans la méditation, non pour devenir plus savant, mais pour se mettre en mesure d'aimer davantage le Seigneur. Par conséquent, le travail de l'esprit devra servir surtout à nous rendre compte de L'AMOUR DE DIEU pour nous en réfléchissant aux diverses manifestations de cet amour infini; et l'on peut affirmer à juste titre qu'il n'existe pas de mystère divin ou de vérité de foi, qui d'une manière ou d'une autre, ne nous parle de l'excessive miséricorde du Seigneur. Plus nous serons convaincus de cet amour et plus profond sera notre «connaissance amoureuse» de Dieu et, en même temps, nous nous sentirons toujours portés davantage à aimer en retour Celui qui nous a aimés le premier d'un si grand amour. Ainsi la méditation, ou l'entretien mental nous introduira spontanément dans l'exercice de l'amour. C'est pourquoi, dans notre oraison, nous ne donnerons pas la place principale aux réflexions et aux raisonnements, aussi sublimes et élevés soient-ils, mais nous nous en servirons seulement autant qu'il est nécessaire pour éveiller en nous l'amour, pour nous mettre et nous maintenir dans un état actuel d'amour.

... Voici donc la conduite à tenir. Même avant de lire le point de méditation, l'âme aura grand soin de bien se mettre en présence de Dieu en cherchant, par un acte énergique de la volonté, à éloigner toute pensée étrangère, toute préoccupation ou agitation.

Puisque l'oraison mentale consiste en un commerce intime avec le Seigneur, il est clair qu'on ne pourra traiter intimement avec Lui s'il est loin de notre esprit et de notre coeur. Dieu, il est vrai, nous est toujours présent, amis c'est nous qui ne sommes pas toujours présents à Dieu; il est donc nécessaire de prendre contact avec le Seigneur, de se mettre près de Lui, ce qui se fait précisément en prenant conscience de sa présence....


Plus l'âme s'habitue à réfléchir ainsi, comme si elle traitait et développait avec Dieu le sujet de sa méditation, mieux celle-ci atteindra sa fin qui est précisément d'aider l'âme à s'entretenir avec le Seigneur, à converser affectueusement avec Lui, comme le fils parle à son père, comme l'ami s'entretient avec son ami...


INTIMITÉ DIVINE

«Apprenez-moi, Seigneur, à méditer; enseignez-moi à faire oraison, car je ne peux faire ni l'une ni l'autre comme il convient, et Vous seul pouvez me l'apprendre. Donnez-moi l'ouïe pour Vous entendre dans la lecture et la méditation, une langue pour Vous parler dans l'oraison. Répandez en moi votre divin Esprit, afin qu'Il me fasse connaître le sujet sur lequel j'ai à réfléchir, ce que j'ai à dire et demander et de quelle manière il convient que je demande pour être exaucé.


«Inspirez-moi, ô Seigneur, un grand amour pour la doctrine et les vérités divines, afin qu'en les lisant, je les comprenne et les goûte. Ouvrez mon esprit et mon coeur, faites que je sois fidèle à croire ce que Vous m'enseignez et à pratiquer ce que Vous commandez.»


«Enseignez-moi donc à méditer non seulement avec l'esprit, mais surtout avec le coeur; apprenez-moi à réflécir d'une âme dévouée et aimante. Alors, en effet, la méditation fera jaillir de nouvelles étincelles d'amour dans l'amour de mon coeur...


«O DIeu éternel, Vous êtes l'éternelle et infinie Bonté, et personne ne peut Vous comprendre, ni Vous connaître entièrement que pour autant que Vous lui en donnez la grâce. Vous proportionnez votre don à la capacité d'accueil de ce petit vase qu'est notre âme. O très doux amour, je ne Vous ai jamais aimé, de toute ma vie, comme Vous méritiez de l'être... Mais mon âme Vous désire toujours, et plus elle Vous possède, plus elle Vous cherche; et plus elle Vous désire, plus elle Vous trouve et Vous savoure, ô feu souverain et éternel, abîme de charité.» (Ste Catherine de Sienne)

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


LE COMMERCE INTIME AVEC DIEU 

 LE COMMERCE INTIME AVEC DIEU


PRÉSENCE DE DIEU

«O Seigneur, daignez m’admettre en votre intimité, bien que j’en suis si indigne !»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

La méditation, comme aussi la lecture méditée, est un moyen pour arriver au centre de l’oraison qui, d’après Sainte Thérèse de Jésus, consiste 


«en un commerce intime d’amitié dans lequel l’âme s’arrête souvent

pour s’entretenir seule à seul avec Celui dont elle se sait aimée»



Il n’importe guère d’y parvenir par la méditation, ou la lecture, ou encore la récitation lente et pieuse d’une prière vocale. Toutes les voies sont bonnes et la meilleure sera, pour chacun, celle qui conduit le plus rapidement au but, c.-a-d. à l’entretien intime avec Dieu. Arrivée ainsi au centre de l’oraison l’âme doit apprendre à y persévérer, autrement dit, à s’entretenir «dans un intime rapport d’amitié avec le Seigneur»...


Il s’agit, bien entendu, d’un colloque intime, tout personnel et spontané, sans aucune préoccupation de forme ni d’ordre, et qui jaillit uniquement de la dilatation du coeur. Voilà une des manière dont l’âme, après avoir suspendu la lecture ou la méditation ayant éveillé en elle tant de bons sentiments, «s’arrête pour s’entretenir seule à seul avec Dieu», quitte à revenir au livre ou à la réflexion lorsqu’elle sentira le besoin d’y chercher à nouveau des thèmes et sentiments qui alimenteront son entretien avec le Seigneur. Et l’on peut affirmer qu’il s’agit d’un véritable colloque, parce que l’âme n’est pas seule à parler, mais que souvent Dieu lui répond, non, certes, par des paroles, mais en lui donnant des grâces d’amour et de lumière par lesquelles elle comprend mieux les voies divines et se sent plus ardente à y avancer avec générosité. Il est bon, pour ce motif, que l’âme ne tombe pas dans le verbiage, mais qu’elle s’interrompe souvent et se mette à l’écoute intérieurement pour percevoir les mouvements de la grâce, qui sont réellement la réponse de Dieu.


Il ne faut pas croire que, pour traiter intimement avec Dieu et Lui manifester son amour, il soit toujours nécessaire de le faire au moyen de paroles. L’âme préfère souvent se taire - le goût lui en vient spontanément en progressant dans la vie spirituelle – pour fixer tranquillement son regard sur le Seigneur, pour L’écouter, Lui, le Maître intérieur, pour L’aimer en silence.


Une fois qu’elle a délaissé les raisonnements et les paroles, elle se concentre toute en un regard d’intuition amoureuse en Dieu, et ce regard – beaucoup mieux que les raisonnements et les colloques animés – la fait pénétrer dans la profondeur des mystères divins. Avant d’en arriver là, elle avait lu, médité, analysé ; maintenant, au contraire, savourant pour ainsi dire le fruit de ses investigations, elle s’arrête pour contempler Dieu en silence et avec amour. Son colloque devient ainsi un entretien silencieux, contemplatif, selon la notion traditionnelle de la «contemplation» comprise comme «simplex inituitus veritatis», c.-à-d. Comme un simple regard qui pénètre la vérité. Mais, répétons-le, il ne s’agit pas d’un regard spéculatif, mais bien d’un regard amoureux qui maintient l’âme en contact intime avec Dieu, dans un véritable commerce d’amitié. Avec Lui : plus l’âme Le contemple, et plus elle s’éprend de Lui, plus aussi elle sent le besoin de concentrer son amour en une générosité totale. À son tour, le Seigneur répond à la recherche et à l’amour de l’âme ; Il se découvre et se laisse sentir en l’illuminant de sa lumière et en l’attirant plus intensément vers Lui par sa grâce.


L’âme ne pourra pas toujours persévérer longuement dans ce regard contemplatif, dans ce colloque silencieux ; de temps à autre, elle aura besoin de revenir à la réflexion, à l’expression verbale de ses sentimens et même, - surtout si elle n’est pas encore habituée à cette manière d’oraison – il sera bon qu’elle le fasse assez fréquemment pour éviter de tomber dans le vague ou les distractions. Toutefois, elle ne doit pas perdre de vue qu’elle gagne plus, durant ces pauses silencieuses au pieds du Seigneur, qu’en mille raisonnements et discours.



INTIMITÉ DIVINE

«Puisse mon oraison avoir pour but, ô Seigneur, d’occuper mon coeur à Vous aimer ; ... O Seigneur, il n’y a aucun profit pour Vous à rester avec nous; et cependant Vous nous aimez jusqu’à dire que vos délices sont d’habiter en notre compagnie. Pourquoi nous aimez-Vous au point de Vous donner Vous-même plus volontiers que ce que nous Vous demandons ? Et certes, je ne veux plus rien posséder d’autre, dorénavant, puisque en Vous demandant comme il convient, je puis Vous obtenir, mon Dieu, et m’entretenir si intimement avec Vous. Je m’ornerai du joyau des vertus et Vous inviterai dans le lit nuptial de mon coeur où je reposerai avec Vous. Je sais bien que Vous ne demandez ni ne voulez rien d’autre que de visiter mon âme ; que Vous désirez y entrer et qu’il y a longtemps que Vous frappez à la porte, aussi je souffre d’avoir été privé si longtemps d’un si grand bien. Je m’approcherai donc de Vous dans le secret de mon coeur et Vous dirai:


«Je sais que Vous m’aimez plus que je ne m’aime, je ne m’occuperai donc plus de moi-même, mais n’aurai de pensée que pour Vous seul, et Vous prendrez soin de moi. Je ne puis faire à la fois attention à moi et à Vous ; c’est pourquoi Vous penserez à moi et à mon infirmité pour la soulager, et moi, de mon côté, je penserai à votre bonté pour m’y complaire. Et bien que j’aie beaucoup à gagner avec Vous, et Vous rien avec moi, je sais cependant que Vous êtes en ma présence et m’aidez plus volontiers que je ne reste avec Vous pour jouir de votre bonté. D’où cela vient-il ? Certainement de ce que je m’aime mal, tandis que Vous m’aimez bien … Mais si Vous vouliez, o Seigneur, me remette sous les yeux toutes les marques de votre amour, je défaillirais, car même si j’avais toutes les langues des hommes et des Anges je narriverais jamais à exprimer tous les dons de nature de grâce et de gloire que Vous m’avez faits… Comment donc, ô Seigneur, puis-je penser ou méditer quelque chose en dehors de votre amour ? Qu’y a-t-il de plus doux que lui ? Pourrais-je désirer autre chose ? Et comment se fait-il que je ne sois jamais étreint ou saisi par votre amour ? Il m’environne de toutes parts, et je ne comprends pas encore ce qu’il est ! (St-Bonaventure)

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


ORAISON DE RECUEILLEMENT    

ORAISON DE RECUEILLEMENT

PRÉSENCE DE DIEU

« Puissé-je Vous trouver en moi, ô mon Dieu, dans ce petit ciel de mon âme! »



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Sainte Thérèse de Jésus conseille vivement aux âmes intérieures une autre espèce d’oraison, beaucoup plus simple et fructueuse : L’ORAISON DE RECUEILLEMENT. La base de cette oraison est la PRÉSENCE DIVINE dans nos âmes; présence d’immensité, par laquelle Dieu est en nous comme Créateur et Conservateur, d’une manière tellement réelle et essentielle qu’en Lui «nous avons la vie, le mouvement et l’être» au point que s’Il cessait d’être présent en nous, nous finirions d’exister; présence d’amitié par laquelle, dans l’âme en état de grâce, Dieu est présent aussi en qualité de Père, d’Ami, de doux Hôte qui l’invite à vivre avec les Personnes divines : le Père, le Fils, L’Esprit Saint. Telle est la consolante promesse de Jésus à l’âme qui L’aime : «Si quelqu’un M’aime… mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui  et nous ferons chez lui note demeure»


L’oraison de recueillement consiste à prendre conscience de cette grande réalité : Dieu est en moi, mon âme est son temple, je me recueille dans l’intimité de ce temple pour L’adorer, L’aimer, m’unir à Lui.


«O âme, la plus belle de toutes les créatures, s’exclame Saint Jean de la Croix – toi qui désires si ardemment savoir où habite ton Bien-Aimé pour Le rencontrer et t’unir à Lui … réjouis-toi en sachant qu’Il t’est si proche qu’Il habite même en toi …. Réjouis-toi donc avec Lui dans ton recueillement intime, puisqu’Il est si près de toi! Aime-Le, désire-Le et adore-Le au-dedans de toi et ne va pas Le chercher au dehors»

L’âme qui a le sentiment de la présence de Dieu en elle, possède un des moyens les plus efficaces pour faire oraison.


«Croyez-vous, dit Sainte Thérèse de de Jésus, qu’Il soit de peu d’importance pour une âme qui se distrait facilement, de comprendre cette vérité (que Dieu est en elle) et de savoir que, pour parler avec son Père céleste et jouir de sa compagnie, elle n’a pas besoin de monter au ciel ni d‘élever la voix? Si bas qu’elle Lui parle, Il l’entend toujours parce qu’il est tellement près. Il ne lui faut pas d’ailes pour Le chercher, il suffit qu’elle se retire dans la solitude et Le contemple en elle-même.»

Il est donc important de savoir ce que l’âme doit faire pour arriver à cette oraison. Son action se réduit à deux choses :  «Recueillir toutes ses facultés -et- se retirer en elle-même avec son Dieu».


Les sens, l’imagination, l’intelligence, tendent spontanément vers les réalités extérieures, où souvent, ils se dispersent; l’âme devra, par un acte résolu et prolongé de la volonté, les soustraire au monde extérieur pour les concentrer intérieurement, dans ce coin du ciel où habite la Très Sainte Trinité….


De cette manière, l’âme pourra se concentrer tout entière en Dieu présent en elle; et là, à ses pieds, elle pourra s’entretenir au gré de son coeur. Il ne lui sera pas difficile de passer même tout le temps de l’oraison en actes de foi, d’amour, d’adoration, n’en finissant jamais d’admirer, de contempler le grand mystère de l’inhabitation de la Trinité dans son pauvre coeur et de présenter aux trois Personnes divines ses humbles hommages. Mais si cela ne lui suffit pas, elle pourra s’appliquer encore à d’autres exercices : «Recueillie au-dedans d’elle-même, dit la Sainte, elle peut méditer la Passion (Les 24  hrs. de la Passion de Luisa Piccarretta), se représenter Jésus-Christ et L’offrir au Père, sans se fatiguer l’esprit à aller Le chercher au Calvaire, à Gethsémani ou à la colonne»; ou bien, plus simplement, s’entretenir avec l’Hôte divin comme avec un Père, un Frère, un Maître, un Époux : tantôt sous un aspect tantôt sous un autre… Qu’elle Lui raconte les peines dont elle souffre, Le conjure d’y apporter remède, mais qu’elle comprenne bien qu’elle n’est pas digne d'être sa fille» Et la Sainte de conclure :


«Celui qui pourra se renfermer ainsi dans ce petit ciel de son âme, où habite Celui qui l’a créé, suivra une voie excellente, il peut m’en croire et il arrivera sûrement à boire à la source d’eau vivre.»



INTIMITÉ DIVINE

«O Seigneur, accordez-moi la grâce de pouvoir me recueillir dans le petit ciel de mon âme où Vous avez établi votre demeure. C’est là, ô divin Maitre, que Vous Vous laissez trouver, là que je Vous sentirai plus près de moi qu’ailleurs, et là enfin que Vous préparerez plus rapidement mon âme à entrer dans votre intimité ….


Mon Dieu, si je pouvais obtenir de me rappeler souvent que Vous habitez dans mon âme, je crois qu’il me serait impossible de m’abandonner avec passion aux choses du monde car, comparées à celles que je porte en moi, elles m’apparaîtraient totalement dépourvues de valeur.


Aidez-moi, ô Seigneur, à retirer mes sens des choses extérieures, rendez-les dociles au rappel de ma volonté, afin que lorsque je voudrai m’entretenir avec Vous, ils se recueillent spontanément, comme des abeilles qui se renferment dans la ruche pour composer le miel.»


Voici, ô Seigneur, que Vous dites à mon âme : «Mon royaume est au-dedans de toi».


Ce m’est une grande satisfaction de savoir que Vous ne me quittez jamais et que je ne puis exister sans Vous. Que veux-tu de plus, ô mon âme et que cherches-tu encore au dehors lorsque tu possèdes en toi tes richesses, tes amours ton apaisement, ta plénitude et ton royaume, c.-à-d. L’Aimé que tu désires et vers lequel tu soupires?


«O mon Dieu Vous êtes en moi et moi en Vous. J’ai trouvé mon ciel sur la terre, puisque le ciel c’est Vous, ô Seigneur, et que Vous êtes dans mon âme. Je Vous y trouve toujours, même quand je n’éprouve plus le sentiment de votre présence.  Mais Vous êtes toujours là quand même, et j’aime tant à Vous y chercher. Oh! Puissé-je ne Vous y laisser jamais seul!


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


L'ARIDITÉ

L’ARIDITÉ

PRÉSENCE DE DIEU

«O Seigneur, aidez-moi à Vous être fidèle, afin que l’esprit d’oraison ne s’éteigne pas en moi par ma faute.»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Au début d’une vie spirituelle plus intense, l’âme jouit habituellement d’une ferveur sensible qui lui rend les exercices spirituels faciles et savoureux. Les bonnes pensées, les sentiments d’amour, les élans du coeur jaillissent spontanément. Se recueillir, seule à seul avec Dieu dans l’oraison, est une joie pour elle; le temps qu’elle y emploie, passe rapidement et il n’est pas rare que la présence de Dieu lui devienne presque sensible… Mais, d’ordinaire, cet état ne dure pas longtemps et, à un certain moment, l’âme se voit privée de tout réconfort sensible. Cette suppression de la dévotion sensible constitue précisément l’état d’aridité qui peut dépendre de diverses causes.


Quelquefois, il est une conséquence de l’infidélité de l’âme qui, peu à peu, s’est relâchée, s’accordant beaucoup de petites satisfactions – passe-temps, ou curiosités, égoïsme ou amour-propre – auxquelles elle avait déjà renoncé. Si les âmes savaient de quels biens elle se privent par une conduite pareille, elles seraient prêtes à n’importe quel sacrifice plutôt que de se laisser aller à ces faiblesses!


... Une âme fidèle, retombée dans la médiocrité, ne peut protester au Seigneur, dans l’oraison, qu’elle L’aime et veut avancer dans son amour, moins encore peut-elle goûter la joie d’être consciente d’aimer vraiment son Dieu. Voici donc, inévitablement, qu’elle tombe dans l’aridité En cet état, l’unique remède est de revenir à la ferveur primitive. Il lui en coûtera beaucoup, certes, mais loin de se décourager, qu’elle s’y mette incessamment. D’ailleurs, le Seigneur n’aime-t-il pas à pardonner?


D’autres fois, au contraire, l’aridité provient de causes physiques ou morales absolument indépendantes de nous-mêmes. Indispositions, malaises, fatigue, oppression causée par des préoccupations douloureuses ou un travail excessif; autant de causes qui peuvent faire disparaître tout sentiment de réconfort spirituel et cela, souvent, sans qu’il soit possible d’y remédier. Il sagit alors d’une épreuve qui peut même se prolonger, mais dans laquelle nous pouvons voir à bon droit la main de Dieu qui dispose tout pour notre bien, et ne peut manquer de nous accorder la grâce nécessaire pour tirer profit de notre souffrance. Bien que n’éprouvant plus aucune consolation, ni aucun attrait pour l’oraison, l’âme s’y applique par devoir, tout en cherchant à remédier à son incapacité.


Si quelqu’un ne peut faire l’oraison mentale (Oraison de recueillement), enseigne Sainte Thérèse de Jésus, qu’il se livre à la prière vocale, (La prière vocale) à la lecture (La lecture méditée), aux colloques avec Dieu (La méditation), mais qu’il ne laisse jamais de consacrer à l’oraison le temps fixé…


Il faut se rappeler que la substance de l’amour ne consiste pas à sentir, mais à vouloir à tout prix faire plaisir à la personne aimée. Et celui qui, pour faire plaisir à Dieu, persévère dans l’oraison tout en n’y trouvant aucune consolation, mais plutôt de la répugnance, Lui donne une belle preuve de véritable amour. Le progrès dans la vie spirituelle ne se mesure pas d’après la consolation que l’âme éprouve, car celle-ci n’est nullement requise, vu que la vraie dévotion consiste uniquement dans la promptitude de la volonté au service de Dieu….



INTIMITÉ DIVINE

«O Seigneur Jésus, ne détournez pas de moi votre face … Je confesse que j’ai péché; mais il est certain que votre miséricorde surpasse toutes mes offenses!


«Pleure, mon âme, plains-toi, misérable, et gémis parce que tu as renvoyé ton époux, Jésus-Christ. Seigneur tout-puissant, ayez pitié de moi, afin que je ne tombe pas dans le désespoir. J’attends beaucoup de votre bonté, ô Seigneur, puisque c’est Vous-même qui nous enseignez à demander, à chercher, à frapper et que, instruit par vos paroles, je demande, cherche et frappe. O Seigneur, Vous qui ordonnez de demander, faites que je reçoive; Vous qui conseillez de chercher, donnez-moi de trouver; Vous qui apprenez à frapper à la porte, ouvez à celui qui frappe! Raffermissez l’infirme que je suis; rétablissez-moi parce que je suis égaré, et ressuscitez-moi puisque je suis mort. Daignez diriger et gouverner selon votre bon plaisir mes sens, mes pensées et mes actes, afin que je vive par Vous et me donne à Vous tout entier.» (St. Augustin)

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


LE BON PASTEUR

LE BON PASTEUR


PRÉSENCE DE DIEU

«Je viens à Vous, ô Jésus, mon bon Pasteur, conduisez-moi aux pâturage de la vie éternelle»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Jésus est le bon Pasteur par excellence : non seulement Il aime, nourrit, garde ses brebis, mais Il leur donne la vie au prix de la sienne. Par le mystère de l’Incarnation, le Fils de Dieu vient sur terre pour chercher les hommes qui, semblables à des brebis errantes, se sont éloignés de la bergerie et égarés dans les vallées ténébreuses du péché. Il vient en pasteur très aimant qui, pour mieux secourir son troupeau, ne craint pas de partager son sort.

«Il est ressuscité, le bon Pasteur, qui donna sa vie pour ses brebis et daigna mourir pour son troupeau»


Comment pourrait-on mieux synthétiser toute l’oeuvre de la Rédemption? Celle-ci apparaît encore plus grandiose lorsque nous entendons dire de la bouche même de Jésus :

«Je suis venu pour que les brebis aient la vie et qu’elles soient dans l’abondance» (Jean X,10)


En vérité, Il pourrait répéter à chacun de nous :

«Qu’aurais-je pu faire de plus pour toi que Je n’aie fait?»


Oh! Si nous pouvions nous donner à Lui avec une générosité égale à la Sienne, lorsqu’Il s’est donné à nous!


Une étroite relation de connaissance amoureuse s’établit donc entre le bon Pasteur et ses brebis; elle est si intime que le Pasteur connaît ses brebis une à une et les appelle par leur nom, et elles reconnaissent sa voix et Le suivent docilement. Chaque âme peut se dire :


«Jésus me connaît et m’aime, non d’une façon générale et abstraite, mais dans l’aspect concret de mes nécessités, de mes désirs, de ma vie; et pour Lui, me connaître et m’aimer, cela signifie me faire du bien, m’entourer toujours davantage de sa grâce, me sanctifier. C’est parce que Jésus m’aime qu’Il m’appelle par mon nom. Il le fait pendant l’oraison, en m’ouvrant de nouveaux horizons de vie spirituelle, ou en me montrant plus clairement mes défauts, ma misère; Il m’appelle quand Il me réprimande ou me purifie par l’aridité, et aussi quand Il me console et m’encourage en répandant en moi une ferveur nouvelle; Il m’appelle lorsqu’il me demande des sacrifices ou m’accorde des joies et, plus encore quand Il éveille en mon âme un plus profond amour. Je dois répondre à ces appels, comme la brebis aimante qui reconnaît la voix de son Pasteur et Le suit toujours.»



INTIMITÉ DIVINE

«O Seigneur, mon doux Pasteur, qu’auriez-Vous pu faire de plus pour moi que Vous n’ayez fait? Qu’auriez-Vous pu me donner que je n’aie reçu? Vous avez voulu devenir Vous-même ma nourriture et mon breuvage. Et quel pâturage plus délicieux et salutaire, plus nourrissant et fortifiant,  auriez-Vous jamais pu trouver que celui de votre Corps et de votre Sang?


«O très bon Seigneur Jésus-Christ, mon doux Pasteur que Vous rendrai-je pour tout ce que j’ai reçu de Vous? Que vous donnerai-je pour le don que Vous m’avez fait de Vous-même? Si je pouvais me donner à Vous mille fois, ce ne serait rien encore, puisque je suis néant par rapport à Vous. Je sais, ô Seigneur, que votre amour tend à l’immensité, à l’infini, puisque Vous êtes immense, infini. De grâce, ô Seigneur, dites-moi donc de quelle manière je puis Vous aimer.

`

«Mon amour, ô Seigneur, n’est pas gratuit, il Vous est dû… Bien que je ne puisse Vous aimer autant que je le devrais, Vous agréez ce faible amour. Je pourrai Vous aimer davantage, lorsque Vous daignerez accroître ma vertu; mais jamais je ne pourrai Vous donner autant que Vous méritez. Donnez-moi donc votre très ardent amour par lequel, avec votre grâce, je Vous aimerai, Vous plairai, Vous servirai, accomplirai vos préceptes et ne serai séparé de Vous ni dans le temps présent, ni pour l’éternité, Vous demeurant uni dans l’amour pendant les siècles éternels.» (Vén. R. Jourdain)

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


ARIDITÉ ET PROGRÈS

ARIDITÉ ET PROGRÈS


PRÉSENCE DE DIEU

«Seigneur, aidez-moi à Vous chercher et à m’unir à Vous, même à travers les aridités et les impuissances de l’esprit.»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Même sans l’intervention des causes physiques ou morales, il est possible de passer d’un état de ferveur sensible à l’aridité la plus absolue. C’est l’œuvre directe de Dieu qui met l’âme dans l’impossibilité de faire oraison en s’aidant de l’imagination, et de s’exercer, comme auparavant, en des actes d’amour sensible. Alors que jadis elle méditait ou s’entretenait avec Dieu affectueusement avec facilité et attrait, elle n’arrive plus à rien maintenant; il lui est impossible d’unir deux idées. Les pensées ou les lectures qui, autrefois, l’avaient tant émue, la laissent à présent indifférente, et le coeur demeure dur et froid comme une pierre. Elle a beau supplier avec ferveur le Seigneur de l’aider, elle ne parvient plus à tirer de son coeur une goutte de dévotion. Alors la pauvre s’afflige et s’effraie, croyant que le Seigneur l’a abandonnée à cause de l’une ou l’autre faute. Et elle ignore que cette sorte d’aridité voile une grande grâce de Dieu, une grâce de purification et de progrès dans les voies de l’oraison.


En effet, par l’aridité, le Seigneur veut la libérer des enfantillages de la sensibilit, pour la transporter sur le plan plus pur et plus solide de la volonté. Lorsqu’elle éprouvait tant de réconfort dans la prière, l’âme, à son insu, sattachait un peu à ces consolations sensibles. Elle aimait ainsi et cherchait l’oraison, non pas purement pour Dieu, mais aussi un peu pour elle-même. Au contraire, étant désormais privée de tout attrait, elle apprendra à s’y appliquer uniquement pour faire plaisir au Seigneur.

À travers l’aridité, l’âme progresse aussi dans l’humilité. Son incapacité à méditer, à fixer l’attention, à éveiller dans son coeur de bons sentiments, la convainc toujours davantage de son néant, le lui fait toucher du doigt, si bien qu’elle peut se passer d’efforts et de raisonnements pour comprendre que, sans le secours de Dieu, elle ne peut vraiment rien faire.


Certes, Dieu tient à ce que nous traitions avec Lui en grande confiance et Il nous invite de mille manières à son INTIMITÉ cependant, Il demeure toujours linaccessible, et nous, le néant, la misère. Ce sentiment de plus grande révérence, qui germe dans l’âme à travers l’expérience de son propre néant, est dès lors très précieux : il nous permettra – même aux moments de plus grande intimité amoureuse, - de nous approcher de Dieu dans une véritable humilité de coeur. …


En cet état d’aridité, surtout lorsqu’elle souffre de distractions l’âme a toujours l’impression de ne rien faire pendant l’oraison; mais qu’elle ne se déconcerte pas car, comme dit Saint Pierre d’Alcantara :

«Celui-là fait beaucoup devant Dieu qui fait tout le peu dont il est capable».


Il n’est pas difficile de persévérer dans l’oraison lorsqu’on y éprouve des consolations, mais il y a grand mérite à le faire quand la dévotion sensible est réduite au minimun. Ou plutôt, c’est justement alors que l’oraison devient plus méritoire et l’humilité plus grande, de même que la patience et la persévérance.


INTIMITÉ DIVINE

«Ô Seigneur, je suis profondément affligé, mon coeur ne trouve pas de repos et il souffre beaucoup à cause de cette dure épreuve. Que vous dirai-je donc, ô Père bien-aimé? Je suis dans l’angoisse : sauvez-moi Seigneur! Cela m’arrive pour que Vous soyez glorifié par monn humiliation même, mais ensuite Vous me délivrerez. Qu’il Vous plaise de me délivrer, ô Seigneur, car seul et misérable, que pourrais-je faire et ou irais-je sans Vous?


«Donnez-moi donc, cette fois encore, la grâce de la patience; aidez-moi, Seigneur, et je ne craindrai rien, même si l’épreuve est lourde. Et maintenant, que dirais-je au milieu de ces maux? Seigneur, que votre volonté soit faite.

«O Jésus, je veux Vous aimer uniquement pour Vous-même… Je ne désire pas l’amour sensible, il me suffit qu’il Vous console, ô Seigneur!


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)



RÉSOLUTION ÉNERGIQUE

RÉSOLUTION ÉNERGIQUE

PRÉSENCE DE DIEU

«Rendez-moi persévérant à Vous chercher et à Vous servir, Seigneur, malgré toutes les difficultés que je pourrai rencontrer.»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Sainte Thérèse de Jésus enseigne que celui qui veut s’adonner avec fruit à l’oraison, «doit prendre la résolution ferme et énergique de ne jamais s’arrêter» dans le chemin entrepris. Il s’agit donc de s’adresser à l’oraison, non seulement pendant un certain laps de temps, mais toujours, tous les jours, toute la vie, sans se laisser dissuader par n’importe quelle raison…. Qu’on tende toujours vers le but. Et ce but, rappelons-le, c’est L’EAU VIVE promise par Jésus à ceux qui ont sincèrement soif de Lui et de son Amouor.


Sans une résolution forte et énergique, l’âme trouvera trop souvent des motifs plus ou moins plausibles pour négliger l’oraison. D’un côté, l’aridité qu’elle éprouve pourra lui faire penser qu’il y a perte de temps à se livrer à un exercice dont il lui semble ne retirer aucun fruit, et qu’il vaut donc mieux consacrer son temps aux œuvres. Facilement aussi, les occupations nombreuses dont elle est souvent surchargée, sembleront légitimer davantage encore cette opinion. D’autres fois, le sentiment de sa misère – surtout en considération de son manque de fidélité à la grâce – lui fera penser qu’elle est indigne de l’intimité divine et qu’il est donc inutile, pour elle, de persister dans l’oraison. Mais il est évident que tous ces prétextes sont des suggestions de l’ennemi qui, tantôt sous l’aspect de zèle pour les œuvres extérieures, tantôt sous celui d’une fausse humilité ou de la perte de temps, fait tout ce qu’il peut pour arracher une âme à l’oraison. Aucune tentation, déclare la Sainte, «n’est pas funeste» que celle-là, parce que «le préjudice que le démon nous cause de cette manière, est très grand». C’est pourquoi elle insiste :


«Celui qui a commencé à faire l’oraison mentale, ne doit jamais l’abandonner, malgré les fautes dans lesquelles il tombe. L’oraison est le moyen qui lui servira à se relever. Sans elle, ce serait beaucoup plus difficile. Et qu’il ne se laisse pas séduire par le démon sous prétexte d’humilité».


Même si l’âme était tombée dans l’aridité par sa propre faute, qu’elle ne néglige pas l’oraison, mais persévère nonobstant la violence qu’elle devra se faire et les vives répugnances qu’il lui faudra vaincre.


 «Si elle tient bon, malgré les tentations, les fautes et les chutes de toutes sortes où le démon voudrait la faire tomber, je suis persuadée, dit Sainte Thérèse, que le Seigneur la conduira enfin au port du salut».


Accepte le tourment de devoir passer le temps de l’oraison dans une aridité complète et, de plus, avec la peine de le sentir si dissemblable et tellement indigne de Dieu en la présence de qui tu te trouves; accepte les reproches de ta conscience à cause de tes infidélités, et offre tout au Seigneur en expiation des manquements commis, ainsi que pour obtenir la grâce de t’amender. Ne te fatigue pas de répéter, d’un coeur sincère, la prière du publicain : «Seigneur ayez pitié de moi pécheur!» Et Dieu, qui aime tant celui qui reconnaît humblement sa misère, ne manquera pas de venir à ton secours. Mais il faut savoir attendre patiemment l’heure qu’Il a fixée.


Sainte Thérèse de Jésus a passé environ dix-huit ans dans une aridité pareille. 


«Bien des jours, dit la Sainte elle-même, j’aurais volontiers subi la plus dure pénitence plutôt que de me recueillir et de faire oraison. J’avais besoin de toute mon énergie pour me vaincre, tant était forte la tentation du démon de m’éloigner de l’oraison». Mais, conclut-elle, «le Seigneur intervint enfin et m’aida Lui-même»; c'était la récompense de sa fidélité.»

La Sainte a, dès lors, toute l’autorité issue de l’expérience, pour recommander avec insistance de n’abandonner jamais l’oraison, pour aucun motif…



INTIMITÉ DIVINE
«O Seigneur, je le sais, pour que l’amour soit vrai et l’amitié durable, il faut que règne, ente les deux amis, la parité des conditions. Je sais aussi que Vous ne pouvez avoir aucun défaut; notre nature au contraire, est sensuelle et ingrate … Et cependant, bien que Vous soyez si différent de moi j’ai tout de même l’audace de m’entretenir avec Vous dans l’oraison qui est, à mon avis, un commerce intime d’amitié.


«O Bonté infinie de mon Dieu! Comme je sens cette diversité si marquée : je vois qui Vous êtes et je vois en même temps, qui je suis. Lorsque je Vous  sens si différent de moi, ô délices des Anges, je voudrais me consumer tout entière à Vous aimer!  Oh! Qu’il est bien vrai que Vous supportez la présence de ceux qui se fatiguent à rester en votre compagnie! Vraiment, ô mon Seigneur, Vous Vous comportez avec eux en ami généreux; Vous leur prodiguez vos faveurs, les supportez et, fermant les yeux sur leur condition, Vous attendez avec patience qu’ils se conforment à Vous. Vous tenez compte des quelques instants qu’ils consacrent à Vous aimer et, à la première lueur de repentir, Vous oubliez toutes leurs offenses.


«Je le sais par expérience personnelle, et je ne comprends pas, ô mon Créateur, pourquoi tout le monde ne se jette pas à vos pieds pour nouer avec Vous cette particulière amitié. Même les méchants deviendraient bons, ô Seigneur, s’ils s’approchaient de Vous. …


«O Seigneur, je Vous en supplie, accordez-moi donc aussi cette sainte audace de persévérer dans l’oraison, malgré les difficultés intérieures et externes, les aridités, les impuissances, mon manque de correspondance à votre grâce …. Vous apporterez le remède à tous mes maux.»

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)



ARIDITÉ ET CONTEMPLATION

ARIDITÉ ET CONTEMPLATION    


PRÉSENCE DE DIEU

«O Seigneur, attirez-moi à Vous par la voie qui Vous plait et de la manière que Vous le voulez; je Vous demande uniquement la grâce de Vous suivre toujours.»



MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

L’aridité qui vient de Dieu a l’avantage de nous introduire dans une oraison plus élevée. C’est proprement au moyen de cette espèce d’aridité, enseigne Saint Jean de la Croix, que le Seigneur invite les âmes à une forme d’oraison plus simple et plus profonde qu’il appelle «contemplation initiale» et, afin que cette aridité puisse être distinguée de celle qui a d’autres causes, il en indique trois signes distinctifs,


LE PREMIER SIGNE

Voici le premier signe: Comme l’âme ne trouve goût ni consolation en les choses de Dieu, elle n’en trouve non plus en aucune des choses créées» L’âme perd également l’attrait des choses de Dieu lorsque l’aridité provient de ses fautes, mais alors elle recherche les satisfactions humaines tandis que dans le cas précédent, bien qu’elle n’éprouve plus la joie de rester avec le Seigneur, elle ne retourne plus aux créatures, mais demeure, au contraire, ferme dans sa décision d’en rester détachée de coeur.


LE DEUXIÈME SIGNE

Le deuxième signe est que, malgré son aridité, l’âme «se souvient ordinairement de Dieu avec sollicitude et souci affligeant, pensant qu’elle ne Le sert point»; en d’autres mots, l’âme souffre de son insensibilité spirituelle, elle craint de ne pas aimer le Seigneur, de ne pas Le servir et continue, entretemps, à Le chercher avec l’angoisse de celui qui ne parvient plus à trouver son trésor. Elle demeure donc toujours occupée de Dieu, bien que d’une façon négative et pénible, comme si elle souffrait de l’absence d’une personne aimée. Lorsque, par contre, l’aridité est coupable, particulièrement si elle provient d’un état de tiédeur habituelle, l’âme ne se préoccupe nullement de ne pas aimer Dieu; elle est devenue indifférente.

LE DERNIER SIGNE 

Le dernier signe est réalisé quand l’âme ne peut plus méditer ni discourir avec l’imagination, comme elle en avait coutume, quelque effort qu’elle fasse». L’âme voudrait méditer, elle s’y applique, s’efforce autant qu’elle le peut, et cependant n’y réussit pas. Lorsque cet état est continu - car s’il ne durait que peu de temps, il pourrait provenir de certaines circonstances déterminées, soit physiques, soit morales – et bien qu’il puisse y avoir des jours de plus grande ou de moindre intensité, il tend à envahir toute l’âme, de manière à lui rendre la méditation habituellement impossible. Cette aridité prouve alors l’appel du Seigneur à une oraison plus profonde.


En plongeant l’âme dans l’aridité, le Seigneur veut l’élever, en la faisant passer d’un mode imparfait et encore trop humain de traiter avec Lui, a une manière plus surnaturelle. Dans la méditation, l’âme allait à Dieu par le travail de son intelligence, moyen excellent, mais toujours fort limité et inadéquat pour nous faire connaître Dieu qui, étant infini, dépasse immensément la capacité de notre esprit. Or, en mettant l’âme dans l’aridité, Dieu lui rend la méditation impossible en l’obligeant pour ainsi dire, à aller à Lui par un autre chemin.


Selon Saint Jean de la Croix, ce chemin est la voie de la CONTEMPLATION INITIALE : c’est commencer à connaître Dieu, non plus seulement par lintelligence, mais moyennant l’expérience d’amour. Cette expérience ne communiquera pas à l’âme de nouvelles idées concernant Dieu, mais elle lui donnera le «sens» de ses grandeurs. Nous avons déjà vu, en effet, que c’est précisément au sein de l’aridité que naît dans l’âme ce pénible tourment de ne plus aimer le Seigneur, de ne plus Le sentir; or, cette peine n’existerait pas si l'âme n’avait acquis un sens profond des grandeurs de Dieu, si elle ne sentait combien Il est digne d’être aimé. Ce sens n’est pas le fruit de raisonnements – que l’âme n’est plus en mesure de faire, à présent – mais de son expérience d’amour. Et, de fait, bien qu’elle ne s’en rende pas compte, l’âme aime Dieu beaucoup plus qu’auparavant, et la pllus belle preuve en est justement cette grande peine qui la tourmente : la crainte de ne pas L’aimer. 


Voici donc que la connaissance contemplative ou le «sens» de Dieu prend naissance dans l’âme, précisément à travers cette douloureuse expérience d’amour, qui l’a fait se préoccuper sans cesse de ne pas aimer ni servir son Dieu. Il s’agit, il est vrai, d’une connaissance qui, pour le moment, n’a encore rien de réconfortant pour l’âme mais qui, toutefois, est très précieuse car, beaucoup mieux que n’importe quelle méditation, elle répand en elle le «sens» de la Divinité et, dès lors, l’éprend toujours davantage d’amour pour ce Dieu dont elle comprend beaucoup mieux, maintenant,, l’amabilité infinie. Ces avantages sont si précieux qu’en vue de les obtenir l’âme doit non seulement embrasser avec courage l’aridité que le Seigneur lui envoie, mais y reconnaître encore une des plus grandes miséricordes qu’Il puisse lui faire.



INTIMITÉ DIVINE

«O Jésus, comme la vie est amère et pesante lorsque Vous Vous cachez à notre amour! Que faites-Vous donc, ô mon doux Ami? Ne voyez-Vous pas mes angoisses et le poids qui m’oppresse? Où êtes-Vous? Pourquoi ne venez-Vous pas me consoler, puisque Vous êtes mon seul Ami? Mais, s’il Vous plaît de me laisser dans cet état, aidez-moi à l’accepter pour votre amour.


Beaucoup Vous servent, Seigneur, lorsque Vous les consolez, mais peu nombreux sont ceux qui consentent à Vous tenir compagnie lorsque Vous dormez sur la mer en furie …. Qui donc voudra Vous servir uniquement pour Vous, sans chercher des consolations? Oh! Faites que ce soit moi!


Votre gloire et votre plaisir ô Jésus, voilà toute mon ambition; ma gloire et mon plaisir, je Vous les abandonne! Et s’il me semble que Vous m’oubliez, eh bien! Vous en êtes libre puisque je ne m’appartiens plus, mais suis toute vôtre.


Le saint Évangile me dit, ô divin Pasteur, que Vous laissez toutes les brebis fidèles au désert pour courir à la recherche de celle qui s’est égarée. Comme je suis touchée de cette confiance! Vous êtes bien sûr de vos brebis! Et comment pourraient-elles fuir? Elles sont esclaves de l’amour. Ainsi, ô bien aimé Pasteur de mon âme, Vous me privez de votre présence sensible pour porter vos consolations aux pécheurs … Oh! Seigneur, faites comme il Vous plaît, Vous Vous fatiguerez plus vite de me faire patienter, que moi de Vous attendre!


Je ne vous demande qu’une seule chose, ô mon Dieu : qu’en cette aridité mon amour croisse et que je Vous demeure fidèle à tout prix; que je puisse Vous aimer d’autant plus par la réalité des faits, que mon amour se fait moins sensible; que cet amour enfin Vous procure d’autant plus de gloire qu’il me donne moins de joie. Et si, pour croître dans l’amour, il m’est nécessaire de souffrir, bénie, soit cette épreuve, puisque Vous me frappez pour m’instruire, et me mortifiez pour me guérir et donner plus de vie.»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


ATTENTION AMOUREUSE À DIEU

ATTENTION AMOUREUSE À DIEU



PRÉSENCE DE DIEU


«O Seigneur que votre présence soit la lumière et la force de mon âme, le soutien et l'appui de mon oraison.


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)


Si Dieu invite l'âme, à travers l'aridité, à une oraison plus simple et plus profonde, il serait absurde de vouloir la contraindre à la méditation que, du reste, elle ne parviendrait plus à faire. L'âme doit être encouragée, au contraire, à l'abandonner sans scrupule, pour s'appliquer à demeurer tranquillement en la présence de Dieu, attentive à Lui par un simple regard de foi et d'amour. Quelle reste là pour Lui tenir compagnie, heureuse d'être avec Lui, même si elle n'a aucun sentiment de sa présence. Elle s'habituera peu à peu à cette nouvelle manière de faire oraison et se rendra compte d'un contact avec Dieu  beaucoup plus substantiel que celui de jadis.

La pensée de son incapacité à aimer ne doit pas la troubler. Certes, elle ne sait plus aimer sensiblement, comme au temps où le souvenir de l'amour de Dieu pour elle l'émouvait; mais qu'elle se rappelle que l'amour surnaturel de charité n'est pas amour sensible, mais amour de volonté, qu'il n'est pas nécessaire de sentir. Il consiste uniquement dans une décision de la volonté par laquelle l'âme donne à Dieu la préférence sur toutes les créatures et veut se consacrer entièrement à son service.

Tel est l'amour vrai qui conduit au «sens de Dieu», St-Jean de la Croix enseigne même que c'est précisément en cette période de contemplation obscure et initiale, qui se réalise à travers les souffrances de l'aridité purificatrice, que commence à croître dans l'âme ce qu'il nomme «l'amour injus passif,» c.-à-d. cet amour par lequel l'âme va à Dieu, non plus seulement par la décision de sa volonté, mais aussi secrètement attirée par Lui. Ainsi s'explique comment son amour, bien que nullement sensible, est en réalité plus fort qu'auparavant, et qu'il la pousse à se donner à DIeu avec une décision toujours plus forte; c'est Dieu même qui, en l'attirant mystérieusement à Soi, éveille en elle l'amour. 

Si l'âme, pendant l'oraison, souffre de son impuissance et craint, dans son aridité, de ne pas aimer, qu'elle s'examine paisiblement sur ce point, c.-à-d. qu'elle cherche a savoir si, en dépit de toutes les difficultés qu'elle éprouve, elle reste bien décidée à se donner totalement au Seigneur. Et pour rendre cette décision plus concrète, qu'elle l'applique aux diverses circonstances de sa vie, particulièrement à celles qui lui coûtent davantage; c'est justement parce qu'elle n'a plus le sentiment de l'amour, qu'elle s'efforcera de donner à Dieu des preuves d'amour concrètes, qui sont les oeuvres, les vertus, pratiquées pour Lui faire plaisir.

Comme il est question ici de contemplation initiale, l'âme ne doit pas être totalement passive mais il lui faut toujours une certaine application pour se maintenir dans les dispositions propres à accueillir l'action divine. Voici que qu'enseigne Saint Jean de la Croix à cette fin:

«Que le spirituel apprenne à se tenir avec un amoureux regard en Dieu, en tranquilité d'esprit ... encore qu'il pense ne rien faire».

En effet, si l'âme se contente de se maintenir en la présence de Dieu par un regard de foi et d'amour, son attention amoureuse ira à la rencontre de la connaissance amoureuse que Dieu même lui communique, «afin que par ce moyen une connaissance s'assemble avec une autre, et un amour avec l'autre,» et l'âme retirera de l'oraison le plus grand fruit.

Toutefois, cette connaissance amoureuse que Dieu répand en elle est faible, délicate, et ne procède jamais par voie de concepts clairs et distincts, mais consiste en un «sens» général et obscur du sentiment. C'est pourquoi l'âme, surtout au début, ne peut s'en rendre compte et habituée comme elle l'était, à procéder par voie de raisonnements et d'affection sensible, elle a l'impression de ne plus rien faire, si bien que souvent elle voudrait retourner à la méditation dans laquelle elle expérimentait son activité Mais Saint Jean de la Croix la met en garde contre ce désir: 

«malgré tous ses efforts, elle n'en retirerait rien et ne réussirait qu'à troubler l'action de Dieu en elle. Cela ne doit pas nous faire croire, cependant, que l'âme ne doivent plus du tout se servir de quelque bonne pensée ou d'un peu de méditation. Une âme attentive et délicate se rend bien compte si elle se trouve en présence de Dieu, fût-ce dans l'aridité, et cela lui suffit pour faire oraison. Par contre, elle s'aperçoit aussi lorsqu'elle divague et a besoin dans ce cas de quelque bonne pensée pour se recueillir en Dieu.»


INTIMITÉ DIVINE


«Mon Dieu, alors que je voudrais chanter vos louanges, ma voix s'arrête dans mon gosier. O Seigneur, je n'ai presque pas le courage d'élever les yeux vers Vous et cependant, il est bien grand mon désir de Vous aimer. Je voudrais vous dire que je Vous aime, mais je ne l'ose parce que mon coeur est de pierre, froid et dur comme le marbre. Que ferais-je donc, ô Seigneur, en une telle aridité ? Je vous montrerai ma misère, je Vous présenterai mon néant, mon impuissance, mes incapacités et Vous dirai: souvenez-Vous, ô Seigneur, que je suis la misère, et Vous la Miséricorde, moi le malade et Vous le Médecin ! O Seigneur, que la vue de mon néant ne m'abatte pas, mais me lance en Vous avec humilité et confiance, révérence et abandon.


«O Seigneur, puisque je me trouve dans une aridité si profonde, incapable de prier, de pratiquer la vertu, je veux du moins chercher quelques petites occasions de Vous faire plaisir: un sourire, une parole aimable lorsque je voudrais me taire et témoigner ma lassitude. Si je ne trouve pas ces occasions, je veux au moins Vous redire souvent que je Vous aime. Même si le feu de l'amour semble éteint dans mon coeur, je veux encore jeter les brins de paille sur la cendre des petits actes de vertu et de charité, et je suis sûre qu'avec votre aide, le feu se rallumera»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)



CONDUITE PRATIQUE

- DE LA MÉDITATION À LA CONTEMPLATION -

CONDUITE PRATIQUE

DE LA MÉDITATION À LA CONTEMPLATION


PRÉSENCE DE DIEU

Puisse, Seigneur, votre lumière me guider toujours, afin que je ne me trompe pas de route.


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Pendant cette période de transition entre la méditation et la contemplation, il est très important que l'âme comprenne bien en quoi consiste cette «attention générale et amoureuse à Dieu» dont parle Saint Jean de la Croix, pour savoir comment il faut s'y comporter et en retirer ainsi les meilleurs fruits.

Pour le Saint, cette nouvelle manière de faire oraison résulte de l'exercice des vertus théologales, soutenues de l'influence cachée et délicate des dons du Saint-Esprit. En d'autres termes, il s'agit, du côté de l'âme, d'un exercice de foi et d'amour, si intense et simplifié que, sans recourir à une répétition continuelle d'actes distincts, il la place dans une attitude d'attention amoureuse à Dieu. Bien loin, donc de rester dans l'oisiveté, l'âme fixe le regard en Dieu, précisément au moyen d'un acte prolongé de foi et d'amour. Mais elle n'est pas seule en cause: L'Esprit Saint vient à sa rencontre et, par une actuation secrète de ses dons, l'oriente et l'attire en Dieu dont Il infuse en elle une connaissance amoureuse. De cette manière, l'âme pourra persévérer longuement dans cette attitude vraiment contemplative et, justement parce qu'elle est aidée par l'Esprit Saint, elle «prendra plaisir d'être seule avec attention amoureuse à Dieu sans considération particulière, en paix intérieure, quiétude et repos»


Mais l'influence des dons ne sera pas toujours en elle aussi forte et savoureuse qu'elle soit à même de la tenir ainsi pacifiquement occupée de Dieu; souvent - surtout aux débuts - elle sera plus faible et, par conséquent, plus aride. Généralement, elle procédera par à-coups; c'est pourquoi, il ne sera pas rare que, pour se maintenir recueillie en Dieu, l'âme doivent user de quelques moyens; il lui sera très utile de s'appliquer principalement à renouveler de temps en temps des actes de foi et d'amour, précisément parce que son rôle, en cette oraison, consiste en un exercice intense de foi et d'amour.


En parlant du passage de la méditation à la contemplation, Saint Jean de la Croix remarque qu'il ne se fait pas de la même manière en toutes les âmes, non seulement en ce sens qu'il ne s'effectue point en toutes avec une égale progression mais aussi parce que Dieu n'appelle pas tout le monde à l'état contemplatif. Dans la «Montée du Carmel» il enseigne que l'âme ne doit pas abandonner définitivement la méditation tant que l'habitude de la contemplation ne s'est pas formée en elle et il rappelle à ce propos que l'âme se trouve parfois d'emblée dans la contemplation dès le premier moment de l'oraison, alors que, d'autres fois, elle doit s'aider au début par la méditation. Et même, il dit expressément: «tant qu'il (le spirituel) pourra discourir en la méditation, il ne la doit laisser si ce n'est quand son âme se mettre en la paix et quiétude... de l'attention amoureuse à Dieu» Il peut donc y avoir une période de fluctuation plus ou moins longue entre méditation et contemplation. Ou plutôt, il y a des âmes que Dieu n'éloigne jamais définitivement de l'oraison plus ou moins méditative.


Cela nous fait comprendre une fois de plus que le fait d'être arrivée à la contemplation initiale ne dispense pas l'âme de son activité personnelle. Avant tout, il faut toujours se préparer soigneusement à l'oraison, en recourant même à un livre; si, ensuite, on ne parvient pas à fixer son attention sur ce qu'on a lu, la lecture aura servi au moins à recueillir l'esprit en DIeu. Pareillement, elle devra toujours commencer son oraison en se mettant bien en la présence du Seigneur, et procédera ensuite selon la grâce du moment, reconnaissante envers Dieu, s'Il la recueille tout simplement en Lui, et diligente à s'aider par des réflexions ou un livre lorsqu'elle sent que sa pensée risque de flotter dans le vide.


INTIMITÉ DIVINE

«Seigneur, mon Dieu, c'est Vous, Vous que je cherche. Elle a soif de Vous, mon âme, elle se consume pour Vous, ma chair, comme une terre altérée où tout languit faute d'eau»

« Qui me donnera de me reposer en Vous ? Qui fera en sorte que Vous veniez dans mon coeur pour l'enivrer et que j'en oublie mes maux et Vous embrasse, ô mon unique Bien ? Qu'êtes Vous pour moi ? Permettez-moi, dans votre bonté, de parler. Que suis-je pour Vous, que Vous m'imposiez de Vous aimer, que Vous Vous inquiétiez si je ne Vous aime pas, me menaçant de beaucoup de misères ? Celle de ne pas Vous aimer, est-elle donc à dédaigner? Pauvre que je suis ! Dites-moi, dans votre miséricorde, dites-moi, ô Seigneur mon Dieu ce que Vous êtes pour moi. Dites à mon âme: Je suis ton salut ! Dites-le, de manière que je l'entende. Voici que l'oreille de mon coeur se tend vers Vous. O Seigneur, ouvrez-la, et dites à mon âme: Je suis ton salut ! Je suivrai cette voix et m'attacherai à Vous. Mais Vous, ne me cachez pas votre Face.


«O Père, j'ignore le chemin qui conduise jusqu'à Vous. Enseignez-le moi, montrez-le moi. Donnez-moi ce qui m'est nécessaire pour la route. Si c'est par la foi qu'ils Vous retrouvent, ceux qui se réfugient en Vous, donnez-moi la foi; si cest par la vertu, donnez-moi la vertu, augmentez en moi la foi et la charité.» (St. Augustin).


O Esprit Saint, qui priez en moi «avec des gémissement inénarrables», aidez ma misère, illuminez ma foi et réveillez en moi la charité. Vous qui pénétrez «les profondeurs des mystères divins» instruisez-moi, soyez mon Maître, faites-moi connaître mon Dieu. Vous, qui êtes l'Esprit d'Amour, donnez-moi une connaissance amoureuse de Lui, afin que je demeure totalement orienté vers Lui et pris tout entier par son amour.


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


PÈLERINS DE DIEU

PÈLERINS DE DIEU


PRÉSENCE DE DIEU

«Faites, ô Seigneur, que les vanités terrestres ne retiennent as mon coeur et ne l'empêche d'aspirer vers le ciel.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

L'Église tient à nous présenter aujourd'hui ce discours d'adieu de Jésus, avant son Ascension. Puisque sa mission est accomplie, Il doit retourner au Père qui L'a envoyé; il en sera de même, un jour, pour nous: la terre n'est pas notre demeure stable, mais le lieu de notre pèlerinage. Jésus l'a dit: «Encore un peu de temps et vous ne Me verrez plus ... puis encore un peu de temps, et vous Me reverrez». Ces paroles, énigmatiques pour les Apôtres qui ne les comprenaient pas, sont maintenant beaucoup plus claires pour nous: «Encore un peu de temps», c.-à.-d. celui de notre vie - qui est peu de chose, en comparaison de l'éternité - et puis, le moment viendra, pour nous aussi, de quitter la terre pour suivre Jésus au ciel, où nous Le verrons dans la gloire. Et alors, comme a dit le Seigneur: «votre coeur exultera et personnes ne pourra vous ravir votre joie». Mais, avant d'arriver à cet heureux terme, il faut passer par les contrariétés, les luttes, les souffrances de la vie terrestre.


Pèlerin de Dieu, le chrétien ne peut être pleinement satisfait tant qu'il n'est pas arrivé au ciel et ne possède pas Dieu. Il court en soupirant vers Lui; il presse le pas, soutenu par l'espérance de Le rencontrer un jour «face à face». Mais cette espérance comporte réellement un sentiment de tristesse, parce qu'il espère ce qu'il ne possède pas encore. C'est la sainte tristesse de ceux qui cherchent Dieu. Remercions le Seigneur s'il nous la fait expérimenter; c'est bon signe, c'est l'indice que notre coeur est pris par son amour et que, dès lors, les biens terrestres ne peuvent plus le satisfaire. Et, ici, encore, la parole de Jésus vient nous encourager: «votre tristesse sera changée en joie».


INTIMITÉ DIVINE
«O mon âme, laisse s'accomplir la Volonté de ton Dieu, c'est là ce qui te convient. Sers-Le et espère en sa bonté; lorsque par la pénitence, tu auras mérité quelque peu le pardon de tes péchés, Il saura remédier à ta peine.


«Mais de cela même, je me sens incapable, ô mon vrai Roi et Seigneur, si Vous ne me soutenez Vous-même de votre main puissante et de votre grandeur. Avec votre aide, tout me deviendra facile.


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


 VIE D'ORAISON

 VIE D'ORAISON

LA VIE DE PRIÈRE CONTINUELLE


PRÉSENCE DE DIEU

«O Seigneur, donnez-moi de Vous chercher, non seulement à telle heure ou tel moment de la journée, mais en tous les instants de ma vie.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

L'âme, qui soupire vers une vie d'intimité avec Dieu, ne se contente pas de limiter ses rapports avec Lui au temps de la prière, mais elle cherche à les prolonger tout au long du jour. C'est là un désir plus que légitime, car celui qui aime cherche à avoir des rapports toujours plus durables et continus avec la personne aimée. C'est aussi ce qui arrive à l'âme qui aime Dieu: son désir est d'autant plus réalisable que Dieu même est toujours avec nous, qu'Il est toujours présent et opérant en nous. Il est vrai qu'il s'agit d'une présence spirituelle, invisible; elle est cependant réelle et pas seulement affective et morale, comme peut l'être celle d'une personne aimée, dans l'esprit et le coeur de celui qui aime.

Si Dieu est toujours avec nous, pourquoi ne pourrions-nous pas nous maintenir dans un contact continuel avec Lui ? Ce contact se réalise par la pensée et l'amour, mais beaucoup plus par l'amour que par la pensée. En effet, il est impossible de penser toujours à Dieu, tant parce que l'esprit se fatigue, que parce que de nombreuses occupations requièrent toute l'application de l'intelligence et que celle-ci ne peut être attentive, en même temps, à deux objets différents. Le coeur, au contraire, peut toujours aimer, même lorsque la pensée est occupée ailleurs, et il ne se fatigue jamais de tendre vers l'objet de son amour. Et comme l'amour surnaturel ne consiste pas dans le sentiment, mais dans une orientation intime de la volonté vers Dieu, nous voyons que cette orientation est possible, même lorsque nous acquittons de devoirs qui absorbent toute l'intelligence. Ou plutôt, la volonté pourra renforcer cette orientation vers Dieu précisément par le désir d'accomplir chaque devoir par amour pour Lui, pour Lui faire plaisir, pour Lui rendre gloire. Saint Thomas enseigne, à ce propos, que le coeur peut toujours tendre vers Dieu par «le désir de la charité», c.-à.-d. par le désir de L'aimer, Le servir et s'unir à Lui en chaque action. «La prière n'est autre chose qu'un désir du coeur; si votre désir ne cesse pas, votre prière est continuelle. Désirez-vous donc ne jamais cesser de prier? Ne cessez jamais de désirer» (St. Augustin).

Puisque l'oraison ne consiste pas à beaucoup penser, mais à beaucoup aimer, la vie de prière continuelle consistera beaucoup plus dans l'amour que dans la pensée. Toutefois une certaine activité de la pensée est nécessaire, soit pour orienter le coeur vers Dieu, soit pour le maintenir dans cette direction.

L'âme qui s'applique bien à son oraison mentale, rassemblera facilement en elle-même de bonnes pensées qui pourront lui servir au cours de la journée pour maintenir l’orientation de son coeur vers Dieu; il sera donc utile qu'elle tâche souvent, au milieu de ses occupations, de se rappeler ces pensées et de les appliquer à sa vie pratique.

Ainsi, par exemple, si nous avons considéré, pendant l'oraison la miséricorde infinie de Dieu à notre égard, nous veillerons à conserver cette pensée pendant nos occupations, en reconnaissant dans les diverses circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, autant de signes de cette miséricorde. Tant d'événements, en effet, qui d'un point de vue purement humain seraient fâcheux et pénibles, voilent, en réalité, de grandes miséricordes du Seigneur qui, au moyen de la douleur, des fatigues et des ennuis de la vie, veut nous détacher des créatures, nous faire pratiquer la vertu et avancer ainsi vers le bien. D'autre part, dans nos rapports avec le prochain, nous chercherons à imiter la miséricorde du Seigneur: «Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux». Si, ensuite, notre oraison s'est passée dans l’aridité, sans nous laisser aucune pensée déterminée, mais seulement un sentiment plus profond de notre néant et de la grandeur infinie de Dieu, nous en ferons notre profit en tâchant, au cours de la journée, d'accomplir nos devoirs en esprit d'humilité et d'hommage à Dieu. De cette manière, l'oraison ne restera pas un fait isolé dans notre journée, mais elle la pénétrera tout entière, en conférant à chaque action et circonstance une valeur de prière ininterrompue.

INTIMITÉ DIVINE

«O Seigneur, faites que ma vie soit cette oraison continuelle à laquelle est tenue toute créature raisonnable. Cette oraison naît de l'amour, c'est un feu et un vrai désir basé sur la charité, qui pousse l'âme à faire toutes ses actions pour votre seul bonheur. Éveillez en moi, ô Seigneur, la charité afin que je Vous désire toujours, et que mon désir soit une prière continuelle. Puisse mon âme prier toujours en votre présence, en tout lieu, en tout temps, en tout ce que je fais, par un amour de charité» (Ste Cath. de Sienne)


«Mon Dieu, si j'étais enivré d'amour pour Vous, je ne chercherais, en toutes les créatures, que le moyen de Vous servir avec plus de diligence et de perfection et, renonçant à ma volonté en tout et pour tout, je m'efforcerais, dans un élan du coeur, de faire uniquement ce qui Vous plaît davantage...


Faites que je voie toutes les créatures en Vous, que je ne voie que Vous en elles, toujours soupirant et avide de Vous servir en chaque circonstance et, tout embrasé, tout brûlant d'amour, que je ne prenne pas garde à ce qui m'est le plus facile, mais seulement à ce qui Vous est le plus agréable... Et lorsqu'il m'arrivera de m'éloigner de cette noble attitude, aidez-moi à y retourner immédiatement en faisant tout mon possible pour y réussir, afin que, moyennant votre divin secours, je puisse vivre toujours le coeur fixé en Vous (S. Bonaventure)

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année

.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)

EXERCICE DE LA PRÉSENCE DE DIEU

EXERCICE DE LA PRÉSENCE DE DIEU


PRÉSENCE DE DIEU

« Donnez-moi, Seigneur. de vivre toujours en votre présence, le regard intérieur fixé sur Vous.


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

La vie d'oraison continuelle devient plus facile à mesure que l'âme réussit à maintenir en elle-même la journée, le sentiment de la présence de Dieu.

L'exercice de la présence de Dieu consiste précisément à nous efforcer de tenir le Seigneur toujours présent à notre pensée et à notre coeur, même au milieu de nos travaux. Cet exercice peut se faire de diverses manières, soit en nous servant d'objets extérieurs, tels qu'une image, un crucifix que nous portons sur nous ou posons sur notre table de travail et dont la vue nous rappellera souvent la pensée de Dieu; soit en utilisant l'imagination pour nous représenter «intérieurement» le Seigneur près de nous, - ce qui correspond d'ailleurs à la réalité car, si l'Humanité de Jésus ne nous est pas physiquement présente, elle exerce cependant toujours sur nous une influence, même physique, dans la communication de la grâce. Nous pouvons donc parfaitement «nous représenter» cette action de Jésus en nous comme s'Il nous accompagnait continuellement.


Nous pouvons aussi maintenir très vivant le souvenir de Dieu au moyen d'une pensée de foi. Je puis cultiver, par exemple, la pensée de la présence continuelle de la Trinité en moi et chercher à accomplir toutes mes actions en hommage aux Hôtes divins; ou encore, je puis envisager mes devoirs comme autant de manifestations de la VOLONTÉ DE DIEU et m'unir ainsi, en les accomplissant, à cette Divine Volonté: je suis content de tout ce que Vous faites pour moi.

L'exercice de la présence de Dieu, particulièrement recommandé par Sainte Thérèse de Jésus à ceux qui aspirent à l'intimité divine, vise à maintenir l'âme en contact intime avec Dieu présent en elle. «Au milieu de nos occupations, nous devons nous retirer en nous-mêmes, dit la Sainte, ne serait-ce qu'un instant; le souvenir de Celui qui habite en moi m'est toujours très profitable».


On pourrait objecter que cette méthode convient mieux à ceux qui vivent en solitude qu'à ceux qui sont en contact continuel avec le prochain, et cependant, la Sainte l'applique, d'une manière pratique et simple, justement à ceux qui sont dans ce second cas: «Si (quelqu'un) doit parler, il se souviendra qu'il a en lui-même quelqu'un (c.-à.-d. Dieu) à qui parler. S'il lui faut écouter, il se rappellera qu'il doit prêter l'oreille à une voix (celle de Dieu) qui lui parle de plus près. Enfin, il constatera qu'il peut, s'il le veut, rester toujours avec son Dieu ... S'il le peut, qu'il se le rappelle souvent chaque jour ou, tout au moins, de temps en temps».


Il s'agit, somme toute, de chercher, de servir, d'aimer Dieu présent dans nos frères. Cet exercice, joint à celui que suggère Sainte Thérèse, nous aidera efficacement à nous maintenir en contact continuel avec Dieu, soit que nous le considérions présent dans notre âme, soit que nous le voyions en celle de notre prochain. «si vous vous habituez à rester auprès d'un si bon Ami, dit la sainte, s'il voit que vous le faites avec amour et cherchez tous les moyens pour le contenter, non seulement il ne vous manquera jamais, mais encore, selon l'expression populaire, vous ne pourrez plus vous en débarrasser».


INTIMITÉ DIVINE
«O Seigneur, Vous en moi et moi en Vous, que telle soit ma devise ! Quelle est belle, votre présence en moi, dans l'intime sanctuaire de mon âme ! Faites que mon occupation continuelle soit de m'intérioriser pour me perdre en Vous, pour vivre avec Vous. Je Vous sens si VIVANT dans mon âme, qu'il me suffit de me recueillir pour Vous trouver là, au dedans de moi, et j'y trouve toute ma félicité.

«O Seigneur, donnez-moi de vivre avec Vous comme avec un Ami. Aidez-moi à maintenir ma foi bien en éveil, afin de pouvoir m'unir à Vous à travers tout. Je porte le ciel dans mon âme, puisque Vous, qui rassasiez les bienheureux dans la vision éternelle Vous Vous donnez à moi dans la foi et le mystère.


«Faites, ô mon Dieu, que mon âme soit un petit paradis où Vous puissiez Vous reposer avec délices; à cette fin, aidez-moi à en enlever tout ce qui pourrait blesser votre divin regard, et qu'il me soit donné, ensuite, de vivre en ce coin de ciel, toujours avec Vous. En quelque lieu que je sois, quoi que je fasse, Vous ne me laissez jamais seul; puissé-je donc, moi aussi, rester toujours avec Vous. Qu'à chaque heure du jour ou de la nuit, dans la joie ou dans la peine, en chaque travail et en chaque action, je sache Vous trouver en moi !


«O mon Dieu, Trinité Sainte, soyez ma demeure, mon repos, la maison paternelle dont il ne me faudra jamais sortir. Puissé-je demeurer en Vous, non pour quelques instants ou quelques heures fugitives, mais d'une manière permanente, habituelle. Puissé-je prier, adorer, aimer, souffrir, travailler et agir en Vous seul. Que ce soit en Vous que je me présente aux êtres et aux choses; que je m'applique à tous mes devoirs, que je pénètre toujours plus avant dans vos divines profondeurs et avance chaque jour davantage dans ce chemin qui me conduit à Vous, en me laissant glisser sur cette pente avec une confiance toute pleine d'amour.


ESPRIT DE FOI

ESPRIT DE FOI

PRÉSENCE DE DIEU

Donnez-moi, ô Seigneur, cet esprit de foi qui me permettra de me maintenir en contact avec Vous au milieu de n’importe quelle occupation et circonstance de ma journée.


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Deux obstacles principaux nous empêchent de nous maintenir en contact avec Dieu au milieu de nos occupations quotidiennes. C’est d’abord l’angle quasi uniquement terrestre, matériel, sous lequel notre regard trop humain nous fait considérer les personnes et les événements; en second lieu, l’opacité des créatures, l’aspect pénible, déconcertant, et quelquefois même mauvais, de beaucoup de situations. Tant que nous sommes en oraison au pieds du Seigneur il nous est facile de croire que nous pouvons Le trouver en chaque créature, en chaque rencontre, mais lorsque nous prenons contact avec certaines personnes, certaines difficultés, cette pensée de foi s’évanouit et nous sombrons dans les raisonnements humains qui nous font perdre de vue Dieu et son action dans le monde. Le grand remède est de cultiver un profond esprit de foi.

La FOI ne se borne pas à nous faire connaître Dieu en Lui-même en tant que Trinité, mais elle nous Le fait voir également en toutes les créatures, en toutes les circonstances de la vie, puisqu’Il est toujours présent partout par son action providentielle. Comme Dieu, Il connaît les créatures en rapport avec Lui-même; c’est ainsi que la foi nous les montre, dépendantes de Lui, et de cette manière elle nous les fait voir et juger un peu comme Dieu même les voit et les juge. La foi nous dit qu’ici bas rien n’arrive, ABSOLUMENT RIEN, qui ne soit soumis au gouvernement divin.


Dieu, il est vrai, ne peut vouloir le mal, Il ne veut donc pas le péché, ni ses conséquences … telles qu’injustices, litiges, guerres, etc.…. mais Il les tolère simplement pour sauvegarder la liberté de ses créatures. Toutefois, Il intervient en n’importe quelle situation … même celles qu’occasionne le péché … afin que toutes rentrent dans son plan divin élaboré en vue de sa gloire, du salut et de la sanctification des âmes. Mon esprit de foi doit être d’une réalité si concrète qu’il puisse absolument ME CONVAINCRE QU’AUCUN ÉVÉNEMENT, ni dans ma vie privée, ni dans la vie sociale des peuples, s’échappe au gouvernement de Dieu … gouvernement si sage qu’il peut tout transformer et tirer le bien même du mal. Rien ne peut donc être soustrait au pouvoir divin et il m’est possible de retrouver Dieu en n’importe quelle personne ou situation.


L’âme de foi ne rencontre pas seulement Dieu dans l’oraison, mais Le voyant en toutes les créatures, elle Le trouve en toutes choses et peut ainsi maintenir son contact avec Lui, même au milieu des affaires. L’esprit de foi lui fait pénétrer l’opacité des créatures et des événements, au-delà desquels elle voit toujours Dieu. Les causes secondes deviennent transparentes à ses yeux, elles lui permettent de découvrir immédiatement la Cause première, Dieu, présent et opérant partout. Savoir reconnaître et rencontrer le Seigneur en chaque créature … même en celles qui nous heurtent, nous offensent, nous font souffrir, … en chaque événement … jusqu’aux plus désagréables, pénibles, déconcertants … est un grand secret de vie intérieure. Alors le monde devient un livre ouvert qui porte à chaque page, écrit en grands caractères, un nom unique : DIEU. EN face de Dieu, de sa VOLONTÉ, de sa permission, de ses plans, tout devient secondaire et l’on comprend combien il est sot de fixer le regard sur les créatures, alors que celles-ci ne sont, pour ainsi dire, que le voile qui nous cache le Créateur. Mais pour arriver à une telle profondeur de foi, il faut, de notre part un exercice assidu.

Dans mes rencontres avec le prochain … et qu’elles sont nombreuses les personnes que je rencontre au bout d’un jour! …. je puis m’habituer à saluer le Seigneur présent en chaque créature; dans mes devoir d’état, je puis voir l’expression de la VOLONTÉ DE DIEU; dans toutes les circonstances, grandes, petites ou même minuscules, qui me causent de l’ennui, de la gêne, de la souffrance, un redoublement de travail ou le changement de mes plans, il faut que j’apprenne à voir autant de moyens dont Dieu se sert pour me faire exercer la vertu : patience, générosité, charité. Les heures d’oraison doivent servir à me faire voir, en cotte lumière surnaturelle, tous les détails de ma vie, afin que je puisse toujours y trouver le Seigneur.


INTIMITÉ DIVINE


Mon Dieu, votre Divine Présence est partout; elle contient, dépasse, conduit , pénètre tout; elle suffit à tout et dispose tout pour gouverner toutes les créatures avec une toute-puissance et un amour infinis. En votre Divine Présence, tout le reste s’anéantit; elle est tellement grande et puissante que, en réalité, elle absorbe tout et le fait disparaître, c’est-à-dire que tout devient néant en votre Présence.


O Seigneur, faites que je parvienne enfin à remonter du créé vers Vous, sans me perdre en vaines réflexions et subtilités concernant les créatures, faites que je le fasse avec simplicité et esprit de foi, avec une foi inébranlable vous pénétrez partout avec votre bonté, votre amour individuel, infini, et votre toute-puissance. Cette VÉRITÉ simplifie tout; en elle, tout devient essentiellement et substantiellement un; cette vérité surpasse, pénètre et absorbe tout le reste, tout le créé : mon Dieu, Vous êtes en tout, quel trésor! Puissé-je, ô Seigneur, me mouvoir en cette vérité comme dans mon élément, lieu de repos, où rien ne puisse m’impressionner, me distraire de Vous, si j’y reste bien cachée.


Donnez-moi, ô Seigneur, un regard de foi si limpide et pénétrant, qu’au-delà des créatures et des circonstances humaines j’aperçoive toujours votre main qui guide et dirige tout, qui m’invite continuellement à Vous suivre, à adhérer à Vous. Faites que, bien plus que les créatures, je Vous voie , Vous, le Créateur présent et opérant en toutes choses; que je sache Vous reconnaître en mon prochain, Vous retrouver en n’importe quel événement de ma vie. Faites que les créatures n’arrêtent ni mon regard, ni mon coeur, mais que, tout en m’occupant d’elles selon mes devoirs, je tende davantage vers Vous que vers elle, que je vive plus avec Vous qu’avec elles. O Seigneur, Vous êtes la première et grande réalité, la réalité unique et absolue en laquelle tout vit et se meut! Faites que les contingences terrestres qui tirent leur existence de Vous, ne se dressent pas devant mon regard de manière à l’empêcher de Vous voir, de Vous retrouver, de m’unir à Vous à travers le créé.

(Source : INTIMITÉ DIVINE par le Père Gabriel de Ste Marie Madeleine, O.C.D. - 1e volume)


MOIS DE MAI - MOIS DE MARIE

MARIE, GUIDE ET MODÈLE

Prodiges de Marie No.1 - Est-ce possible qu'un Dieu puisse aimer autant les créatures ?


MARIE, GUIDE ET MODÈLE


PRÉSENCE DE DIEU

«Je me réfugie sous votre protection ô Marie; soyez le guide et le modèle de ma vie intérieure.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

Mois de mai, mois de Marie. Spontanément, tout coeur chrétien se tourne vers sa Mère céleste, avec le désir de vivre dans une plus grande intimité avec elle et de renforcer les doux liens qui le lient à elle. C'est un grand réconfort que de rencontrer, le long de notre chemin spirituel la douce figure d'une maman. Avec elle, tout devient plus facile; le coeur découragé et las, agité par les tempêtes, trouve une force et une espérance nouvelles, et reprend la route avec un nouvel élan.

«Si le vent des tentations se lève - chante Saint Bernard - si vous heurtez les écueils des tribulations, regardez l'étoile, invoquez Marie. Dans les périls, dans les angoisses dans les perplexités, pensez à Marie, invoquez Marie»

Il est des heures où l'âpre voie du «rien» déconcerte notre misère et alors, plus que jamais, nous avons besoin de son soutien, le soutien de notre mère. Avant nous, la Très Sainte Vierge Marie a battu la route étroite qui conduit à la sainteté; avant nous, elle a porté la croix, elle a connu les ascensions de l'esprit à travers la souffrance, Quelquefois nous n'osons peut-être pas fixer le regard sur Jésus, l'Homme-Dieu, qui nous dépasse trop par sa Divinité; mais à côté de Lui, il y a Marie, Sa Mère et la nôtre, créature privilégiée, certes mais créature comme nous et, par conséquent, modèle plus accessible à notre faiblesse.

Marie vient à notre rencontre, en ce mois, pour nous prendre par la main, nous introduire dans le secret de sa vie intérieure, et devenir ainsi le modèle et la norme de la nôtre.


Contempler les grandeurs de Marie,  nous stimuler à l'imitation de ses vertus, sera le programme de notre mois de mai. Nous voulons considérer surtout la Vierge comme modèle et idéal des âmes de vie intérieure. Personne n'a compris, comme elle, toute la profondeur de la parole de Jésus: «Une seule chose est nécessaire» et personne n'en a vécu plus qu'elle... La succession des événements et son activité extérieure elle-même, ne l'empèchent pas de persévérer dans cette attitude de prière continuelle, en laquelle nous la représente Saint Luc: «Marie conservait toutes ces choses (les mystères divins) dans son coeur et les méditait.»

Si, à l'imitation de Marie, notre coeur est fortement ancré en Dieu, rien ne pourra le distraire de son occupation intérieure: chercher, aimer le Seigneur et vivre dans son intimité.


INTIMITÉ DIVINE
«Attirez-moi à votre suite, ô Vierge Marie, afin que je coure à l'odeur de vos parfums. Attirez-moi, car je suis retenu par le poids de mes péchés. Puisque personne ne vient à votre Fils s'il n'est attiré par le Père, j'oserai dire, d'une certaine manière, que personne ne vient à Lui si vous ne l'attirez par vos saintes prières.


Vous enseignez la véritable sagesse, vous implorez la grâce pour les pécheurs, vous êtes leur avocate, vous promettez la gloire à celui qui vous honore, parce que vous êtes la trésorière des grâces. Vous avez trouvé grâce auprès de Dieu, ô très douce Vierge, vous qui avez été préservée de la tache originelle, remplie de l'Esprit Saint et avez conçu le Fils de Dieu. Vous avez reçu toutes ces grâces, ô très humble Marie, non seulement pour vous, mais aussi pour nous, afin que vous nous aidiez en toutes nos nécessités.»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)




MÈRE DE DIEU

LES PRODIGES DE MARIE - 

No. 3 - La Puissance du Fiat de Marie



MÈRE DE DIEU


PRÉSENCE DE DIEU

«Sainte Mère de Dieu, faites-moi sentir les palpitations de votre coeur qui a battu l'unisson du coeur de Dieu.»

MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

La maternité divine est la source de tous les privilèges de Marie. Marie est la Fille bien-aimée du Père, préservée de la faute originelle; l'Épouse de l'Esprit Saint, dont la vertu l'a couverte de son ombre, précisément parce qu'elle a été élue pour être la Mère du Verbe incarné. Toutes les grandeurs et les gloires de Marie s'expliquent en vue de sa maternité divine; bien plus, son existence elle-même s'éclaire par la prédestination à cet office si élevé. Si Dieu n'avait arrêté que l'Incarnation de son Fils se ferait dans le sein d'une Vierge, nous n'aurions pas eu ce chef-d'oeuvre de grâce et d'amabilité qu'est la Très Sainte Vierge, nous n'aurions pas eu son sourire, ses caresses maternelles. Nous aimons et honorons donc Marie parce qu'elle est Mère de Dieu, Mère de Jésus et, en l'aimant ainsi par rapport à Dieu, notre dévotion envers elle rend notre amour pour Dieu, pour Jésus, plus profond et plus délicat.


A qui s'étonnerait qu'il soit si peu parlé de Marie dans l'Évangile, Saint Thomas de Villeneuve répond: «Que cherches-tu de plus? N'est-il pas assez sublime de savoir qu'elle et la Mère de Dieu? Il aurait été suffisant qu'on dise: 'de qua natus est Jesus', Jésus naquit d'elle». En effet, ô Marie, pour vous aimer, il me suffit de savoir que vous êtes la Mère de mon Dieu.


Dès le commencement de son existence, elle a vécu dans l'état de parfaite union avec Dieu, et sa note caractéristique se trouve précisément dans la pleine uniformité à la volonté humaine et de la Volonté Divine. C'est pourquoi Marie donne son consentement avec tout l'amour de son âme, elle dit son FIAT ! Elle accepte volontairement et s'abandonne de plein gré à l'action de Dieu. Le mystère s'accomplit immédiatement et la Vierge porte Dieu présent en elle, non seulement spirituellement comme toutes les âmes en état de grâce - mais aussi physiquement.

Mystère immense, merveilleux ! Et au fond de ce mystère, nous trouvons l'adhésion, le «OUI» d'une petite créature humaine. Dieu a créé l'homme libre et c'est pourquoi, tout en désirant opérer en lui de grandes choses, Il ne veut pas le faire sans son consentement. Dieu veut nous transformer par sa grâce, nous sanctifier, mais pour le faire, Il attend notre adhésion. Lorsque ce «OUI» sera plein et total, comme celui de Marie, Dieu accomplira en nous son oeuvre.


INTIMITÉ DIVINE

«Je vous rends grâces, Seigneur Dieu, du plus intime de mon coeur, de ce que Vous avez daigné prendre, par amour pour nous indignes, notre nature humaine et, en naissant de la Vierge, avez voulu être nourri de lait, être recueilli dans son sein et lui être soumis, Vous qui conservez et dirigez tout ce qui existe. Vous avez daigné m'éclairer, moi, misérable, de manière que je sache que Vous avez une Mère et Vous m'accordez, à moi, très indigne, de pouvoir et d'oser la saluer...

Oh ! bienheureux celui qui a la joie de vous avoir comme enfants. Oh! heureux celui qui fait tout ce qu'il peut pour se conformer à vous, Mère de Dieu ! Tel est certainement celui qui, ayant méprisé toute créature, s'attache à Dieu seul, son unique amour et, crucifié avec le Christ, soupire après le salut des âmes.» (St-Bonaventure)

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)

NOTRE MÈRE

LES PRODIGES DE MARIE


NOTRE MÈRE


PRÉSENCE DE DIEU

«O Marie, puisque vous êtes vraiment ma Mère, faites que je sois votre véritable enfant, digne de vous.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

1. En consentant à devenir Mère du Fils de Dieu, Marie s'unissait par des liens, non seulement avec la personne, mais aussi avec l'oeuvre de Jésus. Elle savait que le Sauveur viendrait au monde pour racheter le genre humain; c'est pourquoi, en accceptant de devenir sa Mère, elle acceptait également de devenir la plus intime collaboratrice de sa mission. Et effectivement, en se donnant à Jésus, source de la grâce, Marie a collaboré de la manière la plus directe à la diffusion de la grâce dans nos âmes. «Si Jésus fut le Père de nos âmes, - dit Saint Alphonse, - Marie en fut la Mère car, en se donnant à Jésus, elle nous donna la vraie vie, et en offrant ensuite, sur le Calvaire, la vie de son Fils pour notre salut, elle nous engendra à la vie de la Divine grâce».


Si Jésus en est la source, Marie, comme dit Saint Bernard, en est le canal, l'aqueduc qui la conduit vers nous. Puisque Jésus a voulu venir à nous par Marie, c'est par elle aussi que toute la grâce, toute la vie surnaturelle nous parvient. «Telle est la Volonté de Celui qui a établi que nous ayons tout par Marie» (St. Bernard). Tout ce que Jésus nous a mérité au sens propre, en droit, Marie nous l'a mérité secondairement, par mérite de convenance. La Sainte Vierge est donc vraiment notre Mère: en même temps que Jésus, elle nous a engendrés à la vie de la grâce, et nous pouvons la saluer en toute vérité: «Salut, Reine, Mère de miséricorde; notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !»


2. À partir du moment où elle devint la Mère du Sauveur, la Très Sainte Vierge Marie nous aima tant, dit Saint Bernardin de Sienne et elle se consacra tellement à nous procurer le salut que, «dès lors, elle nous porta dans son sein comme une Mère très aimante» Mais, tout comme l'oeuvre rédemptrice de Jésus, commencée au moment de l'Incarnation trouve son point culminant au Calvaire où sa mort nous mérita la grâce, ainsi la maternité de Marie à notre égard devait avoir son achèvement au pied de la Croix. Tandis que Jésus mourait dans les tourments les plus atroces, son Coeur très aimant nous préparait un don exquis entre tous. Ici-bas, Il n'avait rien de plus cher que sa Mère, et cette Mère, Il voulut nous la laisser comme un précieux héritage: «Voilà ta Mère» dit-il à Jean. En la donnant à l'Apôtre qui, en ce moment, représentait toute l'humanité, les paroles de Jésus étaient l'expression de la grande réalité qui s'était effectuée dès le premier instant de son Incarnation dans le sein de la Vierge et trouvait son accomplissement là, au pied de la Croix: la maternité spirituelle de Marie à notre égard. C'est précisément alors, en effet, que Marie, en même temps que Jésus, sauvait nos âmes en offrant pour elles la divine Victime qui était sienne. Par cette offrande, Marie nous a obtenu la vie de la grâce, elle est donc vraiment la femme qui dans l'ordre surnaturel, nous donne la vie; elle est notre Mère.

«Dieu a tellement aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique pour son salut» dit l'Évangéliste, et pareillement, déclare Saint Bonaventure, on peut dire que Marie a tellement aimé le monde qu'elle lui a donné son Fils unique, afin que, par Lui, tous aient la vie éternelle. Voilà à quel prix la Sainte Vierge est devenue notre Mère et nous ses enfants. Nous ayant engendrés à un tel prix, il est bien juste qu'elle désire que nous vivions en vrais enfants, dignes de la vie de la grâce, jaillie de la poitrine déchirée de son Jésus et de son coeur maternel transpercé par le glaive de la douleur.


Les Prodiges de Marie


INTIMITÉ DIVINE

«O bienheureuse confiance, ô refuge assuré, Vous, Mère de Dieu, Vous êtes ma Mère ! Comment pourrais-je ne pas espérer, lorsque mon salut et ma sainteté sont entre les mains de Jésus, mon Frère, et de Marie, ma Mère? (St. Anselme).


«O Marie, Marie, porteuse du feu d'amour, Marie, qui déversez la miséricorde ! Marie, rédemptrice du genre humain car, en revêtant de votre chair le Verbe, le monde fut racheté. Le Christ le racheta par sa Passion et vous par la douleur de votre corps et de votre âme» (Ste. Cath. de Sienne).


«O Marie, vous êtes ce jardins clos, qui renferme Celui qui donne l'être; Dieu Lui-même est renfermé en vous, tout le ciel et toutes les créatures. Le monde entier est sauvé par le sang reçu de vous. Sans vous, ô Marie, il n'y aurait pas de paradis pour moi; sans vous, iln'y aurait pas de Dieu pour moi ...


«O Marie, qu'ils sont nombreux les dons et les grâces dont vous voulez gratifier les créatures ! Et qui ne voudrait les recevoir ? Mais c'est la persévérance à les vouloir qui fait défaut; vous, Mère très aimante, Vous ne concédez pas de dons à vos enfants, lorsque vous voyez qu'ils en tiendraient insuffisamment compte et les gaspilleraient.


«O Marie, vous voulez m'accorder vos dons, mais moi, je m'en prive, parce que je veux mêler mes dons aux vôtres.

«Je voudrais vos grâces, mais en même temps ma volonté propre, et de cette manière, je ne peux les recevoir.

«Je voudrais votre bienveillance, mais aussi l'amour et la bonté particulière des créatures, ce qui ne se peut.

« Je voudrais votre amour et mon amour-propre, mais cette conciliation est impossible.

«Je voudrais habiter sous votre manteau et aussi sous le manteau de mes aises, mais, comme le disait votre Fils, il n'est pas juste qu'il y ait des membres délicats sous un chef couronné d'épines. Et il n'est pas juste non plus que vos enfants recherchent leurs aises sous votre manteau, très douce Mère, qui vous êtes tellement méprisée vous-même.


«O Marie, que pourrais-je vous offrir et vous donner qui vous soit agréable? Si je vous offre ma volonté je crains quelle ne vous plaise pas, parce qu'elle n'est pas conforme a la Volonté de Dieu. Si je vous offre mon intelligence, elle n'est pas éclairée; si c'est mon coeur, il n'est pas pur.  Je vous offre le Coeur de votre Fils unique et je ne puis vous offrir de plus grand don» (Ste Marie-Mad. de Pazzi).


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


VIE MARIALE

VIE MARIALE

PRÉSENCE DE DIEU

«O Marie, très douce Mère, je veux vivre avec vous comme l'enfant avec sa maman.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

1. La grande place qu'occupe Marie, en sa qualité de Mère de Dieu, dans l'oeuvre de notre sanctification, justifie pleinement le désir d'une vie d'intimité avec elle. Comme l'enfant reste volontiers auprès de sa mère, ainsi le chrétien tient à vivre avec Marie, et à cette fin se sert de nombreux petits moyens pour garder son souvenir en éveil. Il cherche par exemple, à avoir son image sous les yeux, s'accoutumant à la saluer avec amour toutes les fois qu'il la rencontre. Mais ensuite, par le regard de la foi, il va beaucoup plus loin que l'image, et atteint Marie VIVANTE dans la gloire, elle qui, par la vision béatifique, nous voit, nous suit, connaît tous nos besoins nous aide par son secours maternel; et ainsi au moyen de la foi, l'âme se tient en contact continuel avec Marie. Spontanément, alors, elle multiplie, durant le jour, les petites pratiques de piété en son honneur, les prières, les invocations jaculatoires, et tout cela concourt à intensifier ses rapports avec elle.


Il est impossible, en effet, de contempler la douce figure de Marie, sans se sentir porté à l'aimer, sans ressentir le besoin de lui prouver la réalité de cet amour, en cherchant à lui faire plaisir, c.-à.-d. à vivre comme ses véritables enfants. De cette manière la vie «mariale» ou d'intimité avec Marie, peut pénétrer tout l'ensemble de notre vie «chrétienne» et nous conduire à une plus grande fidélité dans l'accomplissement de tous nos devoirs, car rien ne peut faire davantage plaisir à notre Mère que de nous voir accomplir avec amour la VOLONTÉ de son FIls. D'autre part, la vie chrétienne, vécue de la sorte sous le regard maternel de Marie, acquiert cette douceur qui naît spontanément de la compagnie continuelle d'une Mère très douce nous entourant d'attentions.

2. Un autre aspect de la vie mariale est l'imitation de Marie. Jésus seul est la «voie» qui conduit au Père, Il est l'unique modèle; mais qui ressemble mieux à Jésus que Marie? Qui, plus que Marie, porte en soi les sentiments mêmes du Christ ? «O Notre-Dame, s'exclame Saint Bernard, Dieu demeure en vous et vous en Lui. Vous Le revêtez de la substance de votre chair et Lui vous couvre de la gloire de sa Majesté» En demeurant dans le sein très pur de la Vierge, Jésus l'a revêtu de Lui-même, lui a communiqué ses perfections infinies, a répandu en elle ses sentiments, ses désirs, ses affections, ses divins vouloirs; et Marie, qui s'est abandonnée totalement à son action, a été pleinement transformée en Lui, au point de devenir Sa copie la plus fidèle.


L'Esprit Saint, qui est l'Esprit de Jésus, prend une pleine possession de l'âme très pure et très douce de Marie, Il y a sculpté, de la façon la plus parfaite et délicate, tous les traits, toutes les caractéristiques de l'âme du Christ. Dès lors, on peut bien dire qu'imiter Marie, c'est imiter Jésus. Telle est la raison pour laquelle nous la choisissons comme modèle. En incarnant en Lui-même les perfections du Père, Jésus nous en a rendu l'imitation possible, et Marie, en retraçant en elle les perfections de Jésus, nous les a rendues plus accessibles, les a mises davantage à notre portée. D'autre part, personne ne peut nous dire mieux qu'elle: «Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ» Et puisque Jésus est venu à nous par Marie, il est juste que nous allions par elle à Jésus.


INTIMITÉ DIVINE

«O Mère très douce, vous m'appelez et me dites: Si quelqu'un est petit, qu'il vienne à moi. Les enfants ont toujours sur les lèvres le nom de leur mère, et ils l’appellent à chaque danger, frayeur ou difficulté. O très douce Mère, ô Mère très aimante, vous désirez que pareil au petit enfant, je vous appelle toujours, que j'aie sans cesse recours à vous .... Permettez donc que je vous invoque continuellement et vous dise: O ma Mère, Mère très aimable ! Ce nom me porte à me confier à vous. Ma Mère c'est ainsi que je vous appelle et veux vous appeler toujours.


Après Dieu, vous êtes mon espérance, mon refuge, mon amour en cette vallée de larmes. O ma douce Reine et Mère ravissez les coeurs de vos enfants par l'amour que vous leur témoignez. Ravissez également, je vous en prie, mon pauvre coeur qui désire tellement vous aimer. Vous, ô ma Mère, avez charmé un Dieu par votre beauté, et L'avez fait descendre du ciel dans votre sein. Et moi, je vivrais sans vous aimer ? NON, je n'aurai de repos que si j'ai la certitude d'avoir envers vous, ma Mère, un véritable amour, un amour constant et tendre. Je veux vous aimer ô très douce Mère, mais je crains en même temps, de ne pas bien vous aimer. mais puisque vous m'aimez, rendez-moi semblable à vous; c'est là ce que vous devez faire, ô Marie. Vous avez la puissance de changer les coeurs, prenez donc le mien et transformez-le. Montrez au monde combien est grand votre pouvoir en faveur de ceux que vous aimez ! Sanctifiez-moi et faites que je sois votre digne fils (fille). (St Alphonse).

(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)

L'HUMILITÉ DE MARIE


L'HUMILITÉ DE MARIE


PRÉSENCE DE DIEU

«O Marie, la plus humble de toutes les créatures, rendez mon coeur humble.»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

1. «Il n'est pas difficile, dit Saint Bernard, d'être humble dans une vie obscure, mais se garder tel au milieu des honneurs est une vertu vraiment rare et belle». La Très Sainte Vierge Marie fut certainement la femme la plus honorée par Dieu, la plus élevée au-dessus de toutes les créatures, et cependant, aucune créature ne s'abaissa et ne s'humilia autant qu'elle. Il semble presque qu'entre Marie et Dieu se soit établi une rivalité: plus Dieu l'élève, plus elle s'abaisse dans son humilité. L'Ange la salue «pleine de grâce», et Marie «se trouble». Elle se troubla - explique Saint Alphonse - car étant pleine d'humilité, elle avait horreur de toute louange à son adresse et désirait que Dieu seul fut loué»

Et Saint Bernardin s'exclame avec raison: «De même qu'aucune créature, après le Fils de Dieu, n'a été élevée en dignité et grâce à l'égal de Marie, ainsi n'en est-il aucune qui soit descendue aussi bas dans l'abîme de son humilité». Tel est l'effet que doivent produire les grâces et les faveurs divines: nous rendre toujours plus humbles, plus conscients de notre néant.


2. «Si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux» La virginité, par conséquent, sera récompensée: l'humilité, exigée. On peut se sauver sans la virginité, mais non sans l'humilité. Et la virginité même de Marie n'aurait pas été agréable à Dieu sans l'humilité. Marie plut à Dieu, certes, par sa virginité mais elle devint mère par son humilité.

Plus est élevée la place que nous occupons dans la vigne du Seigneur, plus est haute la vie de perfection que nous menons, plus est importante la mission que Dieu nous a confiée, et plus aussi nous avons besoin d'enfoncer bien bas les racines de l'humilité. La Maternité de Marie a été le fruit de son humilité de même, la fécondité de notre vie intérieure, de notre apostolat, dépendra de l'humilité et lui sera toujours proportionnée. Il n'y a que Dieu, en effet, qui puisse accomplir en nous et par nous de grandes choses mais Il ne le fera que s'Il nous trouve absolument humbles. Seule l'humilité est le terrain fertile et propre à faire fructifier les dons du Seigneur et, d'autre part, c'est toujours l'humilité qui nous attire les grâces et les faveurs divines. «Il n'y a pas de reine, dit Sainte Thérèse de Jésus, qui oblige le Roi du ciel à se rendre, comme l'humilité. C'est elle qui L'a fait descendre du ciel dans le sein de la Vierge.»

INTIMITÉ DIVINE

«O Mère très humble, accordez-moi l'humilité, afin que le Seigneur daigne tourner ses yeux vers moi. Il n'est rien en mon âme qui puisse L'attirer, rien de sublime, rien qui soit digne de sa complaisance, rien de vraiment bon et vertueux, et s'il s'y trouve quelque bien, il est tellement mélangé de misères, il est si faible et déficient qu'il ne mérite même pas ce nom. Qu'est-ce qui pourra donc attirer votre grâce sur ma pauvre âme, ô Seigneur? «Où dirigerez-Vous votre regard, sinon vers celui qui est humble et dont le coeur est contrit». O Seigneur, faites donc que je sois celui-là (celle-là); rendez-moi humble, par les mérites de votre très humble Mère.

«O Marie, si vous n'aviez pas été humble, l'Esprit Saint ne serait pas descendu sur vous et vous ne seriez pas devenue mère...» (St-Bernard). De même, si je ne suis humble, le Seigneur ne m'accordera pas sa grâce, L'Esprit Saint ne descendra pas sur moi et ma vie demeurera stérile. Faites donc, ô Vierge sainte, que votre humilité, si agréable à Dieu, m'obtienne le pardon de mon orgueil et un coeur vraiment humble.»


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)


L'ESPÉRANCE DE MARIE

L'ESPÉRANCE DE MARIE


PRÉSENCE DE DIEU

«O Marie, Mère de la bonne espérance, enseignez-moi la voie de la pleine confiance en Dieu»


MÉDITATION (dans la Divine Volonté)

1. Dans le Magnificat - ce cantique jailli du coeur de Marie, lors de sa rencontre avec sa cousine Élisabeth - nous trouvons une expression particulièrement révélatrice de l'attitude intérieure de la Vierge: «Mon âme glorifie le Seigneur.... car Il a regardé la bassesse de sa servante». Au moment où Marie les prononçait, ces mots révélaient les «grandes choses» que Dieu avait opérées en elle; mais, considérés dans le cadre de sa vie, ils expriment le mouvement constant de son coeur qui, pleinement conscient de son néant, savait se lancer en Dieu avec l'espérance la plus entière en son secours. Personne n'eut, plus que Marie, la science concrète et la pratique de son propre néant; elle savait que tout son être, tant naturel que surnaturel, retomberait irrévocablement dans le néant si Dieu ne la soutenait instant par instant. Elle savait que tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle avait, ne lui appartenait nullement mais venait de Dieu, était un pur fruit de sa libéralité. La grande mission, les privilèges merveilleux reçus du Très-Haut, ne l'empêchaient pas du tout de voir et de sentir sa «bassesse». Mais, loin de la déconcerter et de la décourager - comme il nous arrive souvent lorsque nous constatons notre nullité et notre misère - cela qui servait de point d'appui pour se lancer en Dieu dans un élan d'espérance. Et même, plus elle avait conscience de son néant et de son impuissance, plus son âme s'élevait dans l'Espérance. Voilà pourquoi, telle une vrai pauvre en esprit, elle ne se fiait pas en ses propres ressources, capacités, mérites, mais mettait en Dieu seul toute sa confiance. Et Dieu, qui «renvoie les riches les mains vides, et comble de biens les affamés» a rassasié sa «faim» et exaucé ses espérances, non seulement en remplissant de ses dons, mais en se donnant à elle dans toute sa plénitude.



2. Nous espérons en Dieu, nous aussi, mais notre espérance n'est pas absolue comme celle de Marie. C'est la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à être totalement sûrs du secours divin, et sentons toujours le besoin de recourir à de petits expédients personnels pour nous procurer quelque sécurité, quelque appui humain. Mais, comme tout ce qui est humain est instable et incertain, il est normal qu'en y basant nos espérances, nous demeurions toujours agités et inquiets. La Vierge, dans son espérance silencieuse, nous montre l'unique voie de la véritable sécurité, de la sérénité et de la paix intérieure, même au milieu des situations les plus difficiles: celle de la confiance totale en Dieu. Non, Dieu ne trompera jamais notre espérance, ainsi trouvera-t-il toujours moyen d'aider et de soutenir une âme qui s'est totalement confiée en Lui.

INTIMITÉ DIVINE

«O ma mère et mon espérance, ne m'abandonnez pas ! La piété que vous avez pour les misérables, et votre pouvoir auprès de Dieu, dépassent le nombre et la malice de toutes mes fautes. Que tous m'oublient mais vous, Mère du Dieu tout-puissant, ne m'oubliez pas. Dites à Dieu que je suis votre enfant et que vous me protégez, et je serai sauvé.


«Pour m'aider, ô Mère. ne cherchez en moi ni vertu, ni mérite; je vous en prie, ne voyez que la confiance que j'ai mise en vous et ma volonté d'être meilleur. Voyez ce que Jésus a fait et souffert pour moi. Je vous offre (dans la Divine Volonté) toutes les souffrances de sa vie: le froid qu'Il endura dans l'étable, son voyage en Égypte, son Sang répandu, sa pauvreté, ses sueurs, ses tristesses, la mort qu'Il supporta par amour pour moi et votre présence; et vous, par amour pour Jésus, venez à mon secours. O ma Mère, je me confie en vous; c'est en cette espérance que je veux vivre et mourir, en répétant toujours: mon unique espérance est Jésus, et après Jésus, Marie (St. Alphonse)


(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.

P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)