(Par le R.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D. - Volume 1)
BIEN COMPRENDRE LA MÉTHODE THÉRÉSIENNE DE MÉDITATION
La notion même de l’oraison mentale telle que nous l’a laissée Sainte Thérèse D'Avila est bien connue. Dans son autobiographie, elle la définit comme «un commerce d’amitié dans lequel l’âme s’entretient souvent intimement avec Celui dont elle se sait aimée.» La Sainte met donc en lumière le caractère spécial, la totalité affective de l’oraison mentale. C’est un «commerce d’amitié», un échange de «mutuelle bienveillance» entre l’âme et Dieu, durant lequel on «s’entretient intimement» avec Dieu … l’intimité, on le sait, est le fruit de l’amour… et l’on parle avec Celui dont on connaît l’amour.
Chaque élément de la définition contient l’idée de l’amour, mais dans les derniers termes, la Sainte rappelle que l’âme doit aussi «connaître», être consciente, de l’existence de l’amour de Dieu pour elle. C’est là, précisément, selon Sainte Thérèse, le rôle de l’intelligence dans l’oraison. C’est pourquoi, toujours d’après Ste Thérèse, l’intelligence et la volonté doivent intervenir dans l’oraison mentale : l’une cherche à se rendre compte que Dieu aime sa créature et veut être aimé d’elle, l’autre, répondant à cette invitation divine, aime. C’est tout. Il ne peut y avoir de conception plus limpide.
COMMENT LA METTRE EN PRATIQUE? Il s’agit, en somme, de parler affectueusement avec le Seigneur, après avoir compris qu’Il nous aime.
Pour parler intimement avec Dieu, il faut être en contact avec Lui. C’est à cela que servira la «préparation», qui consiste à se mettre en présence de Dieu, en s’orientant vers Lui par une pensée élevée.
Pour se convaincre de l’amour que Dieu lui porte, l’âme choisit comme thème de réflexion une vérité de foi capable de rendre cet amour évident; c’est pourquoi elle s’applique à la lecture d’un passage approprié.
Mais il ne suffit pas de lire, il faut approfondir. Et comment approfondir, sinon par la réflexion, la MÉDITATION.
Toutes les vérités révélées peuvent manifester l’amour de Dieu à mon égard, mais, aujourd’hui, je cherche à le comprendre en réfléchissant sur le thème que j’ai choisi dans la lecture. Je m’aide des belles pensées contenues dans le «sujet» de la méditation, pour m’en persuader effectivement, si bien que naissent spontanément dans mon coeur, et peut-être aussi sur mes lèvres, des paroles d’amour.
Et c’est ainsi que commence mon COLLOQUE AVEC DIEU; je Lui dis de toutes les manières possibles (en usant de celles qui me viennent le plus spontanément) que je L’aime, que je veux L’aimer, progresser dans son saint amour, et le Lui prouver par mes actes, en faisant sa sainte Volonté.
Et nous voici au centre, au coeur de l’oraison.
Pour beaucoup d’âmes, il ne faut pas davantage.
D’autres, cependant, préfèrent plus de variété, c’est pour faciliter la prolongation du COLLOQUE avec Dieu que la méthode leur offre trois parties facultatives :
L’ACTION DE GRÂCES
Après avoir répété notre amour au Seigneur, exprimons-Lui notre gratitude pour tous les bienfaits dont Il nous a comblés.
L’OFFRANDE
Conscients d’avoir tant reçu, cherchons autant que possible à payer notre dette en prenant quelque bonne résolution. Il est, du reste, toujours utile d’agir ainsi en terminant l’oraison.
LA DEMANDE
Persuadés de notre petitesse et de notre fragilité, implorons l’aide de Dieu.
Voici donc toute la méthode thérésienne, répartie en sept points :
Deux d’introduction : la préparation et le colloque.
Trois facultatifs, pour aide à prolonger le colloque, l’action de grâces, l’offrande et la demande.
* * *
Les méditations publiées sont basées sur cette méthode.
On commence par la PRÉSENCE DE DIEU, c.à.d. par une belle pensée qui met l’âme en contact avec le Créateur et l’oriente vers Lui.
La LECTURE consiste dans le thème de la méditation. Et comme beaucoup de personnes ayant une vie intérieure s’adonnent à la méditation deux fois par jour, chaque méditation présentera deux points.
L’âme se met ensuite à réfléchir, en s’aidant librement du texte déjà lu. C’est ainsi qu’elle passera spontanément au COLLOQUE qui, selon le concept thérésien, représente le «coeur», le centre de l’oraison mentale.
Et voilà pourquoi nos méditations veulent, tout spécialement sur ce point-ci, venir en aide aux âmes. Nous avons voulu donner au colloque une forme suffisamment amplifiée; néanmoins, l’âme s’en servira d,une manière très libre, en choisissant ce qui correspond à ses besoins actuels
Pour rendre les colloques plus efficaces, nous les avons composés en choisissant, de préférence, des pensées très belles et des élévations enflammées d’âmes saintes et ardentes. Toutefois, il nous a fallu, très souvent, modifier légèrement ces textes précisément pour mieux les adapter à la forme très intime du colloque. Nous en indiquons d’ailleurs toujours la source entre parenthèse (1).
Dans ces colloques il n’y a pas que des expressions amoureuses; celles-ci alternent avec les demandes, les actions de grâces, et aussi les élans de l’âme vers Dieu, concrétisés dans les résolutions.
Souhaitons qu’ainsi composées, ces méditations aident efficacement les âmes à s'appliquer à l’oraison mentale selon le concept thérésien et la méthode qui en découle.
Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LA PRIÈRE VOCALE
PRÉSENCE DE DIEU
«Seigneur, enseignez-moi à prier»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Lorsque les Apôtres demandèrent à Jésus: «Seigneur, apprenez-nous à prier» (Luc XI.I) Il leur enseigna tout simplement, une prière vocale: le Pater noster. Il s'agit, certes de la formule la plus sublime qui puisse exister et qui renferme toute l'essence de l'oraison mentale la plus élevée. Toutefois, Jésus l'a proposée justement comme formule de prière vocale: «Lorsque vous priez, dites .... » Cela suffit pour comprendre la valeur et l'importance de l'oraison vocale, prière accessible à tout le monde, même aux enfants, aux ignorants, aux malades, aux fatigués... Il faut pourtant bien comprendre que la prière vocale ne consiste pas seulement dans la répétition matérielle d'une formule. S'il en était ainsi, on aurait un récit, mais non une prière, car la prière exige toujours un mouvement, une élévation de l'âme vers Dieu.
Ainsi donc, pour que la prière vocale soit une vraie prière, il faut, avant tout, se recueillir en présence de Dieu, s'approcher de Lui, prendre contact avec Lui. C'est seulement dans des dispositions semblables que les paroles prononcées par les lèvres seront l'expression de la dévotion intérieure et pourront la soutenir et la nourrir. Malheureusement, portés, comme nous le sommes, à saisir plutôt le côté matériel des choses que le spirituel, nous nous contentons trop facilement, dans la prière vocale, d'une récitation mécanique, sans prendre soin d'orienter notre coeur vers Dieu. C'est pourquoi il faut veiller et toujours réagir. Une prière vocale faite uniquement du bout des lèvres, fatigue et dissipe au lieu de recueillir l'âme en Dieu, et l'on ne peut prétendre que ce soit vraiment un moyen pour nous unir davantage à Lui.
2. ... Voici comment Sainte Thérèse de Jésus explique sa pensée:
«Si, quand je prie vocalement, je suis entièrement occupée de Dieu, à qui je m'adresse, et songe à Lui avec plus de soin qu'aux paroles mêmes que je prononce, j'unis l'oraison mentale à l'oraison vocale»
La Sainte veut dire que le point le plus important est d'être attentif à Dieu. Surtout lorsqu'il s'agit de prières vocales d'une certaine longueur, il est presque impossible de prêter attention au sens de toutes les paroles qu'on prononce, mais il n'est pas impossible, par contre, de les réciter en se maintenant en la présence de Dieu. Selon les dispositions du moment, on pourra alimenter le désir de Le louer ou de s'unir à Lui, d'implorer son secours, en général, ou de lui demander une grâce particulière. Une pensée générale sur la signification des formules récitées pourra même suffire, ou encore d'un simple regard sur Dieu auquel nous adressons notre prière. En somme, il ne s'agit pas seulement de «réciter» mais de rester avec Dieu, c'est pourquoi la Sainte insiste:
«s'il est Juste que (avant de réciter), vous considériez quel est Celui à qui vous vous adressez, et qui vous êtes, ne serait-ce que pour parler avec convenance»
et cela conclut-elle, c'est déjà faire oraison mentale en ce sens que l'esprit et le coeur sont orientés vers Dieu et qu'on cherche le contact intime avec Lui, même a travers le récit.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«O puissance infinie, bonté suprême, sagesse éternelle, sans commencement et sans fin ! Vous dont les oeuvres n'ont point de terme, dont les perfections sont incompréhensibles et infinies, abîme sans fond de merveilles, Beauté qui renfermez toutes les beautés, Vous qui êtes la force même, que n'ai-je en ce moment, grand Dieu, toute la sagesse et l'éloquence des hommes ! Comment pourrais-je faire comprendre, pour autant que cela nous soit possible, une seule de ces nombreuses perfections qui peuvent nous révéler quelque peut ce que Vous êtes, mon Seigneur et mon unique Bien.
Pour le comprendre, il faut que nous nous approchions de Vous et, dès que nous serons en votre présence, nous comprendrons quel est Celui à qui nous voulons parler ou à qui nous parlons déjà.
Je ne puis comprendre comment l'oraison vocale puisse être bien faite, lorsqu'elle est privée de votre souvenir, ô Seigneur. Oh ! comme il est nécessaire, lorsqu'on prie, de le faire avec attention !»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LA LECTURE MÉDITÉE
PRÉSENCE DE DIEU
«Apprenez-moi, Seigneur, à Vous chercher, même lorsque mon coeur est aride et mon esprit distrait.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
L’oraison vocale bien faite est certes la manière la plus simple pour s’entretenir avec Dieu; mais, en progressant dans la vie spirituelle, il est logique que l’âme sente le besoin d’une prière plus intérieure, plus intime, et c’est ainsi que, spontanément, elle s’oriente vers L’ORAISON MENTALE. Si l’attrait divin la saisit en répandant en elle une certaine dévotion sensible, l’âme n’éprouve aucune difficulté à se recueillir en Dieu, au contraire, cet exercice lui devient extrêmement facile et agréable. Mais il en va tout autrement lorsqu’elle est laissée à elle-même, surtout si la mobilité excessive de son imagination la met quasi dans l’impossibilité de fixer sa pensée sur un sujet déterminé.
Sainte Thérèse de Jésus remarque qu’ils sont nombreux ceux qui souffrent de ces divagations continuelles par lesquelles «ils vont ici ou là, et sont toujours dans l’agitation, soit que cela provienne de leur nature, soit que Dieu le permette ainsi.»
Ceux qui se trouvent dans des états semblables sont facilement tentés d’abandonner l’oraison mentale, devenue pour eux si pénible qu’ils la trouvent presque impossible. La Sainte est d’un avis bien différent et enseigne avec insistance que même ces âmes-là peuvent s’y appliquer avec fruit, à condition qu’elles le fassent d’une manière un peu particulière, en s’aidant de la lecture qui, dit-elle
«leur sera d’un très grand secours pour se recueillir, et même indispensable. Qu’elles lisent donc, aussi peu que ce soit mais quelles lisent.»
Il ne s’agit certainement pas de passer le temps de l’oraison mentale dans une lecture ininterrompue, mais de se servir d’un livre pieux (Livre du Ciel) où ces âmes puiseront, de temps en temps, quelque bonne pensée qui leur servira à se recueillir en Dieu, afin de se mettre en contact avec Lui.
Avant d’être élevée aux états contemplatifs les plus sublimes, Sainte Thérèse de Jésus a connu longtemps, pendant l’oraison l’aridité et le tourment des pensées importunes.
«Pour moi, confesse-t-elle, je suis restée plus de quatorze ans sans pouvoir méditer, si ce n’est à l’aide d’un livre. Grâce à celui-ci, je ramenais les pensées dispersées, et me plongeais dans l’oraison avec plaisir. Souvent même, je n’avais qu’à l’esprit; quelquefois, je lisais un peu, d’autres fois beaucoup, selon la grâce que le Seigneur daignait m’accorder.»
... Or, l’oraison consiste beaucoup plus dans l’exercice de l’amour que dans le travail de l’esprit. On lira donc, de temps à autre, seulement ce qui est nécessaire pour mettre l’âme en mesure de s’entretenir avec Dieu. C’est pourquoi, dès que nous aurons lu – et il suffira parfois d’une seule phrase – suscitera en nous de bonnes pensées et de saintes affections, capables d’occuper pieusement notre esprit, il faudra suspendre la lecture et nous tourner directement vers le Seigneur pour méditer, en sa présence, les pensées lues, ou pour savourer en silence la dévotion qui s’est éveillée en notre coeur, ou encore pour Lui adresser ces paroles d’amour inspirées par la lecture.
C’est un peu comme les oiseaux lorsqu’ils boivent : ils inclinent la tête vers l’eau, en puisent quelques gouttes et élevant le bec vers le ciel, l’avalent peu à peu, puis recommencent. Inclinons, nous aussi, la tête vers le livre pieux (livre du ciel) pour recueillir quelques gouttes de dévotion, puis relevons-la vers Dieu, afin que notre esprit en soit tout imprégné. De cette manière, il ne sera pas difficile de finir une oraison commencée par la lecture, dans un colloque intime avec Dieu.
COLLOQUE (Inrimité Divine avec Dieu)
«O Seigneur, apprenez-moi à Vous chercher ! Ne Vous cachez pas à mes regards, car j’ai besoin de Vous trouver, de m’entretenir avec Vous, de m’approcher de Vous Amour infini, pour être enflammé et attiré par Vous»
«O Dieu bon, ayez pitié de l’oeuvre de vos mains. Et puisque je suis incapable, ô Seigneur, de formuler, seul, n’importe quelle bonne pensée, mais que tout ce que j’ai me vient de Vous; puisque je ne puis même pas invoquer dignement votre nom sans le secours de l’Esprit Saint, qu’il Vous plaise de m’envoyer votre Esprit, afin qu’Il fasse luire sur moi du haut des cieux, les rayons de sa lumière.…
«O Seigneur, illuminez mon coeur, car sans votre lumière, sans votre esprit, les livres les plus pieux eux-mêmes me laisseront froide et aride et seront incapables de me parler de Vous. Lorsque, au contraire, Vous venez à mon secours et m’accordez votre grâce intérieure, alors tout s’illumine d’une lumière nouvelle et les paroles, même les plus simples, nourrissent mon âme. Accordez-moi, ô Seigneur, cette grâce sans laquelle aucune lecture, aussi sublime soit-elle, ne pourra m’inspirer de dévotion, aucun raisonnement, quelque élevé qu’il soit, porter mon coeur à Vous aimer et ma volonté à accomplir le bien.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
ORAISON DE RECUEILLEMENT
PRÉSENCE DE DIEU
« Puissé-je Vous trouver en moi, ô mon Dieu, dans ce petit ciel de mon âme! »
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Sainte Thérèse de Jésus conseille vivement aux âmes intérieures une autre espèce d’oraison, beaucoup plus simple et fructueuse : L’ORAISON DE RECUEILLEMENT. La base de cette oraison est la PRÉSENCE DIVINE dans nos âmes; présence d’immensité, par laquelle Dieu est en nous comme Créateur et Conservateur, d’une manière tellement réelle et essentielle qu’en Lui «nous avons la vie, le mouvement et l’être» au point que s’Il cessait d’être présent en nous, nous finirions d’exister; présence d’amitié par laquelle, dans l’âme en état de grâce, Dieu est présent aussi en qualité de Père, d’Ami, de doux Hôte qui l’invite à vivre avec les Personnes divines : le Père, le Fils, L’Esprit Saint. Telle est la consolante promesse de Jésus à l’âme qui L’aime : «Si quelqu’un M’aime… mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui note demeure»
L’oraison de recueillement consiste à prendre conscience de cette grande réalité : Dieu est en moi, mon âme est son temple, je me recueille dans l’intimité de ce temple pour L’adorer, L’aimer, m’unir à Lui.
«O âme, la plus belle de toutes les créatures, s’exclame Saint Jean de la Croix – toi qui désires si ardemment savoir où habite ton Bien-Aimé pour Le rencontrer et t’unir à Lui … réjouis-toi en sachant qu’Il t’est si proche qu’Il habite même en toi …. Réjouis-toi donc avec Lui dans ton recueillement intime, puisqu’Il est si près de toi! Aime-Le, désire-Le et adore-Le au-dedans de toi et ne va pas Le chercher au dehors»
L’âme qui a le sentiment de la présence de Dieu en elle, possède un des moyens les plus efficaces pour faire oraison.
«Croyez-vous, dit Sainte Thérèse de de Jésus, qu’Il soit de peu d’importance pour une âme qui se distrait facilement, de comprendre cette vérité (que Dieu est en elle) et de savoir que, pour parler avec son Père céleste et jouir de sa compagnie, elle n’a pas besoin de monter au ciel ni d‘élever la voix? Si bas qu’elle Lui parle, Il l’entend toujours parce qu’il est tellement près. Il ne lui faut pas d’ailes pour Le chercher, il suffit qu’elle se retire dans la solitude et Le contemple en elle-même.»
Il est donc important de savoir ce que l’âme doit faire pour arriver à cette oraison. Son action se réduit à deux choses : «Recueillir toutes ses facultés -et- se retirer en elle-même avec son Dieu».
Les sens, l’imagination, l’intelligence, tendent spontanément vers les réalités extérieures, où souvent, ils se dispersent; l’âme devra, par un acte résolu et prolongé de la volonté, les soustraire au monde extérieur pour les concentrer intérieurement, dans ce coin du ciel où habite la Très Sainte Trinité….
De cette manière, l’âme pourra se concentrer tout entière en Dieu présent en elle; et là, à ses pieds, elle pourra s’entretenir au gré de son coeur. Il ne lui sera pas difficile de passer même tout le temps de l’oraison en actes de foi, d’amour, d’adoration, n’en finissant jamais d’admirer, de contempler le grand mystère de l’inhabitation de la Trinité dans son pauvre coeur et de présenter aux trois Personnes divines ses humbles hommages. Mais si cela ne lui suffit pas, elle pourra s’appliquer encore à d’autres exercices : «Recueillie au-dedans d’elle-même, dit la Sainte, elle peut méditer la Passion (Les 24 hrs. de la Passion de Luisa Piccarretta), se représenter Jésus-Christ et L’offrir au Père, sans se fatiguer l’esprit à aller Le chercher au Calvaire, à Gethsémani ou à la colonne»; ou bien, plus simplement, s’entretenir avec l’Hôte divin comme avec un Père, un Frère, un Maître, un Époux : tantôt sous un aspect tantôt sous un autre… Qu’elle Lui raconte les peines dont elle souffre, Le conjure d’y apporter remède, mais qu’elle comprenne bien qu’elle n’est pas digne d'être sa fille» Et la Sainte de conclure :
«Celui qui pourra se renfermer ainsi dans ce petit ciel de son âme, où habite Celui qui l’a créé, suivra une voie excellente, il peut m’en croire et il arrivera sûrement à boire à la source d’eau vivre.»
COLLOQUE
«O Seigneur, accordez-moi la grâce de pouvoir me recueillir dans le petit ciel de mon âme où Vous avez établi votre demeure. C’est là, ô divin Maitre, que Vous Vous laissez trouver, là que je Vous sentirai plus près de moi qu’ailleurs, et là enfin que Vous préparerez plus rapidement mon âme à entrer dans votre intimité ….
Mon Dieu, si je pouvais obtenir de me rappeler souvent que Vous habitez dans mon âme, je crois qu’il me serait impossible de m’abandonner avec passion aux choses du monde car, comparées à celles que je porte en moi, elles m’apparaîtraient totalement dépourvues de valeur.
Aidez-moi, ô Seigneur, à retirer mes sens des choses extérieures, rendez-les dociles au rappel de ma volonté, afin que lorsque je voudrai m’entretenir avec Vous, ils se recueillent spontanément, comme des abeilles qui se renferment dans la ruche pour composer le miel.»
Voici, ô Seigneur, que Vous dites à mon âme : «Mon royaume est au-dedans de toi».
Ce m’est une grande satisfaction de savoir que Vous ne me quittez jamais et que je ne puis exister sans Vous. Que veux-tu de plus, ô mon âme et que cherches-tu encore au dehors lorsque tu possèdes en toi tes richesses, tes amours ton apaisement, ta plénitude et ton royaume, c.-à-d. L’Aimé que tu désires et vers lequel tu soupires?
«O mon Dieu Vous êtes en moi et moi en Vous. J’ai trouvé mon ciel sur la terre, puisque le ciel c’est Vous, ô Seigneur, et que Vous êtes dans mon âme. Je Vous y trouve toujours, même quand je n’éprouve plus le sentiment de votre présence. Mais Vous êtes toujours là quand même, et j’aime tant à Vous y chercher. Oh! Puissé-je ne Vous y laisser jamais seul!
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LE COMMERCE INTIME AVEC DIEU
PRÉSENCE DE DIEU
«O Seigneur, daignez m’admettre en votre intimité, bien que j’en suis si indigne !»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
La méditation, comme aussi la lecture méditée, est un moyen pour arriver au centre de l’oraison qui, d’après Sainte Thérèse de Jésus, consiste
«en un commerce intime d’amitié dans lequel l’âme s’arrête souvent
pour s’entretenir seule à seul avec Celui dont elle se sait aimée»
Il n’importe guère d’y parvenir par la méditation, ou la lecture, ou encore la récitation lente et pieuse d’une prière vocale. Toutes les voies sont bonnes et la meilleure sera, pour chacun, celle qui conduit le plus rapidement au but, c.-a-d. à l’entretien intime avec Dieu. Arrivée ainsi au centre de l’oraison l’âme doit apprendre à y persévérer, autrement dit, à s’entretenir «dans un intime rapport d’amitié avec le Seigneur»...
Il s’agit, bien entendu, d’un colloque intime, tout personnel et spontané, sans aucune préoccupation de forme ni d’ordre, et qui jaillit uniquement de la dilatation du coeur. Voilà une des manière dont l’âme, après avoir suspendu la lecture ou la méditation ayant éveillé en elle tant de bons sentiments, «s’arrête pour s’entretenir seule à seul avec Dieu», quitte à revenir au livre ou à la réflexion lorsqu’elle sentira le besoin d’y chercher à nouveau des thèmes et sentiments qui alimenteront son entretien avec le Seigneur. Et l’on peut affirmer qu’il s’agit d’un véritable colloque, parce que l’âme n’est pas seule à parler, mais que souvent Dieu lui répond, non, certes, par des paroles, mais en lui donnant des grâces d’amour et de lumière par lesquelles elle comprend mieux les voies divines et se sent plus ardente à y avancer avec générosité. Il est bon, pour ce motif, que l’âme ne tombe pas dans le verbiage, mais qu’elle s’interrompe souvent et se mette à l’écoute intérieurement pour percevoir les mouvements de la grâce, qui sont réellement la réponse de Dieu.
Il ne faut pas croire que, pour traiter intimement avec Dieu et Lui manifester son amour, il soit toujours nécessaire de le faire au moyen de paroles. L’âme préfère souvent se taire - le goût lui en vient spontanément en progressant dans la vie spirituelle – pour fixer tranquillement son regard sur le Seigneur, pour L’écouter, Lui, le Maître intérieur, pour L’aimer en silence.
Une fois qu’elle a délaissé les raisonnements et les paroles, elle se concentre toute en un regard d’intuition amoureuse en Dieu, et ce regard – beaucoup mieux que les raisonnements et les colloques animés – la fait pénétrer dans la profondeur des mystères divins. Avant d’en arriver là, elle avait lu, médité, analysé ; maintenant, au contraire, savourant pour ainsi dire le fruit de ses investigations, elle s’arrête pour contempler Dieu en silence et avec amour. Son colloque devient ainsi un entretien silencieux, contemplatif, selon la notion traditionnelle de la «contemplation» comprise comme «simplex inituitus veritatis», c.-à-d. Comme un simple regard qui pénètre la vérité. Mais, répétons-le, il ne s’agit pas d’un regard spéculatif, mais bien d’un regard amoureux qui maintient l’âme en contact intime avec Dieu, dans un véritable commerce d’amitié. Avec Lui : plus l’âme Le contemple, et plus elle s’éprend de Lui, plus aussi elle sent le besoin de concentrer son amour en une générosité totale. À son tour, le Seigneur répond à la recherche et à l’amour de l’âme ; Il se découvre et se laisse sentir en l’illuminant de sa lumière et en l’attirant plus intensément vers Lui par sa grâce.
L’âme ne pourra pas toujours persévérer longuement dans ce regard contemplatif, dans ce colloque silencieux ; de temps à autre, elle aura besoin de revenir à la réflexion, à l’expression verbale de ses sentimens et même, - surtout si elle n’est pas encore habituée à cette manière d’oraison – il sera bon qu’elle le fasse assez fréquemment pour éviter de tomber dans le vague ou les distractions. Toutefois, elle ne doit pas perdre de vue qu’elle gagne plus, durant ces pauses silencieuses au pieds du Seigneur, qu’en mille raisonnements et discours.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«Puisse mon oraison avoir pour but, ô Seigneur, d’occuper mon coeur à Vous aimer ; ... O Seigneur, il n’y a aucun profit pour Vous à rester avec nous; et cependant Vous nous aimez jusqu’à dire que vos délices sont d’habiter en notre compagnie. Pourquoi nous aimez-Vous au point de Vous donner Vous-même plus volontiers que ce que nous Vous demandons ? Et certes, je ne veux plus rien posséder d’autre, dorénavant, puisque en Vous demandant comme il convient, je puis Vous obtenir, mon Dieu, et m’entretenir si intimement avec Vous. Je m’ornerai du joyau des vertus et Vous inviterai dans le lit nuptial de mon coeur où je reposerai avec Vous. Je sais bien que Vous ne demandez ni ne voulez rien d’autre que de visiter mon âme ; que Vous désirez y entrer et qu’il y a longtemps que Vous frappez à la porte, aussi je souffre d’avoir été privé si longtemps d’un si grand bien. Je m’approcherai donc de Vous dans le secret de mon coeur et Vous dirai:
«Je sais que Vous m’aimez plus que je ne m’aime, je ne m’occuperai donc plus de moi-même, mais n’aurai de pensée que pour Vous seul, et Vous prendrez soin de moi. Je ne puis faire à la fois attention à moi et à Vous ; c’est pourquoi Vous penserez à moi et à mon infirmité pour la soulager, et moi, de mon côté, je penserai à votre bonté pour m’y complaire. Et bien que j’aie beaucoup à gagner avec Vous, et Vous rien avec moi, je sais cependant que Vous êtes en ma présence et m’aidez plus volontiers que je ne reste avec Vous pour jouir de votre bonté. D’où cela vient-il ? Certainement de ce que je m’aime mal, tandis que Vous m’aimez bien … Mais si Vous vouliez, o Seigneur, me remette sous les yeux toutes les marques de votre amour, je défaillirais, car même si j’avais toutes les langues des hommes et des Anges je narriverais jamais à exprimer tous les dons de nature de grâce et de gloire que Vous m’avez faits… Comment donc, ô Seigneur, puis-je penser ou méditer quelque chose en dehors de votre amour ? Qu’y a-t-il de plus doux que lui ? Pourrais-je désirer autre chose ? Et comment se fait-il que je ne sois jamais étreint ou saisi par votre amour ? Il m’environne de toutes parts, et je ne comprends pas encore ce qu’il est ! (St-Bonaventure)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LA MÉDITATION
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
CONDUITE PRATIQUE
DE LA MÉDITATION À LA CONTEMPLATION
PRÉSENCE DE DIEU
Puisse, Seigneur, votre lumière me guider toujours, afin que je ne me trompe pas de route.
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Pendant cette période de transition entre la méditation et la contemplation, il est très important que l'âme comprenne bien en quoi consiste cette «attention générale et amoureuse à Dieu» dont parle Saint Jean de la Croix, pour savoir comment il faut s'y comporter et en retirer ainsi les meilleurs fruits.
Pour le Saint, cette nouvelle manière de faire oraison résulte de l'exercice des vertus théologales, soutenues de l'influence cachée et délicate des dons du Saint-Esprit. En d'autres termes, il s'agit, du côté de l'âme, d'un exercice de foi et d'amour, si intense et simplifié que, sans recourir à une répétition continuelle d'actes distincts, il la place dans une attitude d'attention amoureuse à Dieu. Bien loin, donc de rester dans l'oisiveté, l'âme fixe le regard en Dieu, précisément au moyen d'un acte prolongé de foi et d'amour. Mais elle n'est pas seule en cause: L'Esprit Saint vient à sa rencontre et, par une actuation secrète de ses dons, l'oriente et l'attire en Dieu dont Il infuse en elle une connaissance amoureuse. De cette manière, l'âme pourra persévérer longuement dans cette attitude vraiment contemplative et, justement parce qu'elle est aidée par l'Esprit Saint, elle «prendra plaisir d'être seule avec attention amoureuse à Dieu sans considération particulière, en paix intérieure, quiétude et repos»
Mais l'influence des dons ne sera pas toujours en elle aussi forte et savoureuse qu'elle soit à même de la tenir ainsi pacifiquement occupée de Dieu; souvent - surtout aux débuts - elle sera plus faible et, par conséquent, plus aride. Généralement, elle procédera par à-coups; c'est pourquoi, il ne sera pas rare que, pour se maintenir recueillie en Dieu, l'âme doivent user de quelques moyens; il lui sera très utile de s'appliquer principalement à renouveler de temps en temps des actes de foi et d'amour, précisément parce que son rôle, en cette oraison, consiste en un exercice intense de foi et d'amour.
En parlant du passage de la méditation à la contemplation, Saint Jean de la Croix remarque qu'il ne se fait pas de la même manière en toutes les âmes, non seulement en ce sens qu'il ne s'effectue point en toutes avec une égale progression mais aussi parce que Dieu n'appelle pas tout le monde à l'état contemplatif. Dans la «Montée du Carmel» il enseigne que l'âme ne doit pas abandonner définitivement la méditation tant que l'habitude de la contemplation ne s'est pas formée en elle et il rappelle à ce propos que l'âme se trouve parfois d'emblée dans la contemplation dès le premier moment de l'oraison, alors que, d'autres fois, elle doit s'aider au début par la méditation. Et même, il dit expressément: «tant qu'il (le spirituel) pourra discourir en la méditation, il ne la doit laisser si ce n'est quand son âme se mettre en la paix et quiétude... de l'attention amoureuse à Dieu» Il peut donc y avoir une période de fluctuation plus ou moins longue entre méditation et contemplation. Ou plutôt, il y a des âmes que Dieu n'éloigne jamais définitivement de l'oraison plus ou moins méditative.
Cela nous fait comprendre une fois de plus que le fait d'être arrivée à la contemplation initiale ne dispense pas l'âme de son activité personnelle. Avant tout, il faut toujours se préparer soigneusement à l'oraison, en recourant même à un livre; si, ensuite, on ne parvient pas à fixer son attention sur ce qu'on a lu, la lecture aura servi au moins à recueillir l'esprit en DIeu. Pareillement, elle devra toujours commencer son oraison en se mettant bien en la présence du Seigneur, et procédera ensuite selon la grâce du moment, reconnaissante envers Dieu, s'Il la recueille tout simplement en Lui, et diligente à s'aider par des réflexions ou un livre lorsqu'elle sent que sa pensée risque de flotter dans le vide.
COLLOQUE (INTIMITÉ DIVINE AVEC DIEU)
«Seigneur, mon Dieu, c'est Vous, Vous que je cherche. Elle a soif de Vous, mon âme, elle se consume pour Vous, ma chair, comme une terre altérée où tout languit faute d'eau»
« Qui me donnera de me reposer en Vous ? Qui fera en sorte que Vous veniez dans mon coeur pour l'enivrer et que j'en oublie mes maux et Vous embrasse, ô mon unique Bien ? Qu'êtes Vous pour moi ? Permettez-moi, dans votre bonté, de parler. Que suis-je pour Vous, que Vous m'imposiez de Vous aimer, que Vous Vous inquiétiez si je ne Vous aime pas, me menaçant de beaucoup de misères ? Celle de ne pas Vous aimer, est-elle donc à dédaigner? Pauvre que je suis ! Dites-moi, dans votre miséricorde, dites-moi, ô Seigneur mon Dieu ce que Vous êtes pour moi. Dites à mon âme: Je suis ton salut ! Dites-le, de manière que je l'entende. Voici que l'oreille de mon coeur se tend vers Vous. O Seigneur, ouvrez-la, et dites à mon âme: Je suis ton salut ! Je suivrai cette voix et m'attacherai à Vous. Mais Vous, ne me cachez pas votre Face.
«O Père, j'ignore le chemin qui conduise jusqu'à Vous. Enseignez-le moi, montrez-le moi. Donnez-moi ce qui m'est nécessaire pour la route. Si c'est par la foi qu'ils Vous retrouvent, ceux qui se réfugient en Vous, donnez-moi la foi; si cest par la vertu, donnez-moi la vertu, augmentez en moi la foi et la charité.» (St. Augustin).
O Esprit Saint, qui priez en moi «avec des gémissement inénarrables», aidez ma misère, illuminez ma foi et réveillez en moi la charité. Vous qui pénétrez «les profondeurs des mystères divins» instruisez-moi, soyez mon Maître, faites-moi connaître mon Dieu. Vous, qui êtes l'Esprit d'Amour, donnez-moi une connaissance amoureuse de Lui, afin que je demeure totalement orienté vers Lui et pris tout entier par son amour.
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
EXERCICE DE LA PRÉSENCE DE DIEU
PRÉSENCE DE DIEU
« Donnez-moi, Seigneur. de vivre toujours en votre présence, le regard intérieur fixé sur Vous.
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
La vie d'oraison continuelle devient plus facile à mesure que l'âme réussit à maintenir en elle-même la journée, le sentiment de la présence de Dieu.
L'exercice de la présence de Dieu consiste précisément à nous efforcer de tenir le Seigneur toujours présent à notre pensée et à notre coeur, même au milieu de nos travaux. Cet exercice peut se faire de diverses manières, soit en nous servant d'objets extérieurs, tels qu'une image, un crucifix que nous portons sur nous ou posons sur notre table de travail et dont la vue nous rappellera souvent la pensée de Dieu; soit en utilisant l'imagination pour nous représenter «intérieurement» le Seigneur près de nous, - ce qui correspond d'ailleurs à la réalité car, si l'Humanité de Jésus ne nous est pas physiquement présente, elle exerce cependant toujours sur nous une influence, même physique, dans la communication de la grâce. Nous pouvons donc parfaitement «nous représenter» cette action de Jésus en nous comme s'Il nous accompagnait continuellement.
Nous pouvons aussi maintenir très vivant le souvenir de Dieu au moyen d'une pensée de foi. Je puis cultiver, par exemple, la pensée de la présence continuelle de la Trinité en moi et chercher à accomplir toutes mes actions en hommage aux Hôtes divins; ou encore, je puis envisager mes devoirs comme autant de manifestations de la VOLONTÉ DE DIEU et m'unir ainsi, en les accomplissant, à cette Divine Volonté: je suis content de tout ce que Vous faites pour moi.
L'exercice de la présence de Dieu, particulièrement recommandé par Sainte Thérèse de Jésus à ceux qui aspirent à l'intimité divine, vise à maintenir l'âme en contact intime avec Dieu présent en elle. «Au milieu de nos occupations, nous devons nous retirer en nous-mêmes, dit la Sainte, ne serait-ce qu'un instant; le souvenir de Celui qui habite en moi m'est toujours très profitable».
On pourrait objecter que cette méthode convient mieux à ceux qui vivent en solitude qu'à ceux qui sont en contact continuel avec le prochain, et cependant, la Sainte l'applique, d'une manière pratique et simple, justement à ceux qui sont dans ce second cas: «Si (quelqu'un) doit parler, il se souviendra qu'il a en lui-même quelqu'un (c.-à.-d. Dieu) à qui parler. S'il lui faut écouter, il se rappellera qu'il doit prêter l'oreille à une voix (celle de Dieu) qui lui parle de plus près. Enfin, il constatera qu'il peut, s'il le veut, rester toujours avec son Dieu ... S'il le peut, qu'il se le rappelle souvent chaque jour ou, tout au moins, de temps en temps».
Il s'agit, somme toute, de chercher, de servir, d'aimer Dieu présent dans nos frères. Cet exercice, joint à celui que suggère Sainte Thérèse, nous aidera efficacement à nous maintenir en contact continuel avec Dieu, soit que nous le considérions présent dans notre âme, soit que nous le voyions en celle de notre prochain. «si vous vous habituez à rester auprès d'un si bon Ami, dit la sainte, s'il voit que vous le faites avec amour et cherchez tous les moyens pour le contenter, non seulement il ne vous manquera jamais, mais encore, selon l'expression populaire, vous ne pourrez plus vous en débarrasser».
COLLOQUE
«O Seigneur, Vous en moi et moi en Vous, que telle soit ma devise ! Quelle est belle, votre présence en moi, dans l'intime sanctuaire de mon âme ! Faites que mon occupation continuelle soit de m'intérioriser pour me perdre en Vous, pour vivre avec Vous. Je Vous sens si VIVANT dans mon âme, qu'il me suffit de me recueillir pour Vous trouver là, au dedans de moi, et j'y trouve toute ma félicité.
«O Seigneur, donnez-moi de vivre avec Vous comme avec un Ami. Aidez-moi à maintenir ma foi bien en éveil, afin de pouvoir m'unir à Vous à travers tout. Je porte le ciel dans mon âme, puisque Vous, qui rassasiez les bienheureux dans la vision éternelle Vous Vous donnez à moi dans la foi et le mystère.
«Faites, ô mon Dieu, que mon âme soit un petit paradis où Vous puissiez Vous reposer avec délices; à cette fin, aidez-moi à en enlever tout ce qui pourrait blesser votre divin regard, et qu'il me soit donné, ensuite, de vivre en ce coin de ciel, toujours avec Vous. En quelque lieu que je sois, quoi que je fasse, Vous ne me laissez jamais seul; puissé-je donc, moi aussi, rester toujours avec Vous. Qu'à chaque heure du jour ou de la nuit, dans la joie ou dans la peine, en chaque travail et en chaque action, je sache Vous trouver en moi !
«O mon Dieu, Trinité Sainte, soyez ma demeure, mon repos, la maison paternelle dont il ne me faudra jamais sortir. Puissé-je demeurer en Vous, non pour quelques instants ou quelques heures fugitives, mais d'une manière permanente, habituelle. Puissé-je prier, adorer, aimer, souffrir, travailler et agir en Vous seul. Que ce soit en Vous que je me présente aux êtres et aux choses; que je m'applique à tous mes devoirs, que je pénètre toujours plus avant dans vos divines profondeurs et avance chaque jour davantage dans ce chemin qui me conduit à Vous, en me laissant glisser sur cette pente avec une confiance toute pleine d'amour.
Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituell
ATTENTION AMOUREUSE À DIEU
PRÉSENCE DE DIEU
«O Seigneur que votre présence soit la lumière et la force de mon âme, le soutien et l'appui de mon oraison.
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Si Dieu invite l'âme, à travers l'aridité, à une oraison plus simple et plus profonde, il serait absurde de vouloir la contraindre à la méditation que, du reste, elle ne parviendrait plus à faire. L'âme doit être encouragée, au contraire, à l'abandonner sans scrupule, pour s'appliquer à demeurer tranquillement en la présence de Dieu, attentive à Lui par un simple regard de foi et d'amour. Quelle reste là pour Lui tenir compagnie, heureuse d'être avec Lui, même si elle n'a aucun sentiment de sa présence. Elle s'habituera peu à peu à cette nouvelle manière de faire oraison et se rendra compte d'un contact avec Dieu beaucoup plus substantiel que celui de jadis.
La pensée de son incapacité à aimer ne doit pas la troubler. Certes, elle ne sait plus aimer sensiblement, comme au temps où le souvenir de l'amour de Dieu pour elle l'émouvait; mais qu'elle se rappelle que l'amour surnaturel de charité n'est pas amour sensible, mais amour de volonté, qu'il n'est pas nécessaire de sentir. Il consiste uniquement dans une décision de la volonté par laquelle l'âme donne à Dieu la préférence sur toutes les créatures et veut se consacrer entièrement à son service.
Tel est l'amour vrai qui conduit au «sens de Dieu», St-Jean de la Croix enseigne même que c'est précisément en cette période de contemplation obscure et initiale, qui se réalise à travers les souffrances de l'aridité purificatrice, que commence à croître dans l'âme ce qu'il nomme «l'amour injus passif,» c.-à-d. cet amour par lequel l'âme va à Dieu, non plus seulement par la décision de sa volonté, mais aussi secrètement attirée par Lui. Ainsi s'explique comment son amour, bien que nullement sensible, est en réalité plus fort qu'auparavant, et qu'il la pousse à se donner à DIeu avec une décision toujours plus forte; c'est Dieu même qui, en l'attirant mystérieusement à Soi, éveille en elle l'amour.
Si l'âme, pendant l'oraison, souffre de son impuissance et craint, dans son aridité, de ne pas aimer, qu'elle s'examine paisiblement sur ce point, c.-à-d. qu'elle cherche a savoir si, en dépit de toutes les difficultés qu'elle éprouve, elle reste bien décidée à se donner totalement au Seigneur. Et pour rendre cette décision plus concrète, qu'elle l'applique aux diverses circonstances de sa vie, particulièrement à celles qui lui coûtent davantage; c'est justement parce qu'elle n'a plus le sentiment de l'amour, qu'elle s'efforcera de donner à Dieu des preuves d'amour concrètes, qui sont les oeuvres, les vertus, pratiquées pour Lui faire plaisir.
Comme il est question ici de contemplation initiale, l'âme ne doit pas être totalement passive mais il lui faut toujours une certaine application pour se maintenir dans les dispositions propres à accueillir l'action divine. Voici que qu'enseigne Saint Jean de la Croix à cette fin:
«Que le spirituel apprenne à se tenir avec un amoureux regard en Dieu, en tranquilité d'esprit ... encore qu'il pense ne rien faire».
En effet, si l'âme se contente de se maintenir en la présence de Dieu par un regard de foi et d'amour, son attention amoureuse ira à la rencontre de la connaissance amoureuse que Dieu même lui communique, «afin que par ce moyen une connaissance s'assemble avec une autre, et un amour avec l'autre,» et l'âme retirera de l'oraison le plus grand fruit.
Toutefois, cette connaissance amoureuse que Dieu répand en elle est faible, délicate, et ne procède jamais par voie de concepts clairs et distincts, mais consiste en un «sens» général et obscur du sentiment. C'est pourquoi l'âme, surtout au début, ne peut s'en rendre compte et habituée comme elle l'était, à procéder par voie de raisonnements et d'affection sensible, elle a l'impression de ne plus rien faire, si bien que souvent elle voudrait retourner à la méditation dans laquelle elle expérimentait son activité Mais Saint Jean de la Croix la met en garde contre ce désir:
«malgré tous ses efforts, elle n'en retirerait rien et ne réussirait qu'à troubler l'action de Dieu en elle. Cela ne doit pas nous faire croire, cependant, que l'âme ne doivent plus du tout se servir de quelque bonne pensée ou d'un peu de méditation. Une âme attentive et délicate se rend bien compte si elle se trouve en présence de Dieu, fût-ce dans l'aridité, et cela lui suffit pour faire oraison. Par contre, elle s'aperçoit aussi lorsqu'elle divague et a besoin dans ce cas de quelque bonne pensée pour se recueillir en Dieu.»
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«Mon Dieu, alors que je voudrais chanter vos louanges, ma voix s'arrête dans mon gosier. O Seigneur, je n'ai presque pas le courage d'élever les yeux vers Vous et cependant, il est bien grand mon désir de Vous aimer. Je voudrais vous dire que je Vous aime, mais je ne l'ose parce que mon coeur est de pierre, froid et dur comme le marbre. Que ferais-je donc, ô Seigneur, en une telle aridité ? Je vous montrerai ma misère, je Vous présenterai mon néant, mon impuissance, mes incapacités et Vous dirai: souvenez-Vous, ô Seigneur, que je suis la misère, et Vous la Miséricorde, moi le malade et Vous le Médecin ! O Seigneur, que la vue de mon néant ne m'abatte pas, mais me lance en Vous avec humilité et confiance, révérence et abandon.
«O Seigneur, puisque je me trouve dans une aridité si profonde, incapable de prier, de pratiquer la vertu, je veux du moins chercher quelques petites occasions de Vous faire plaisir: un sourire, une parole aimable lorsque je voudrais me taire et témoigner ma lassitude. Si je ne trouve pas ces occasions, je veux au moins Vous redire souvent que je Vous aime. Même si le feu de l'amour semble éteint dans mon coeur, je veux encore jeter les brins de paille sur la cendre des petits actes de vertu et de charité, et je suis sûre qu'avec votre aide, le feu se rallumera»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
VIE D'ORAISON
LA VIE DE PRIÈRE CONTINUELLE
PRÉSENCE DE DIEU
«O Seigneur, donnez-moi de Vous chercher, non seulement à telle heure ou tel moment de la journée, mais en tous les instants de ma vie.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
L'âme, qui soupire vers une vie d'intimité avec Dieu, ne se contente pas de limiter ses rapports avec Lui au temps de la prière, mais elle cherche à les prolonger tout au long du jour. C'est là un désir plus que légitime, car celui qui aime cherche à avoir des rapports toujours plus durables et continus avec la personne aimée. C'est aussi ce qui arrive à l'âme qui aime Dieu: son désir est d'autant plus réalisable que Dieu même est toujours avec nous, qu'Il est toujours présent et opérant en nous. Il est vrai qu'il s'agit d'une présence spirituelle, invisible; elle est cependant réelle et pas seulement affective et morale, comme peut l'être celle d'une personne aimée, dans l'esprit et le coeur de celui qui aime.
Si Dieu est toujours avec nous, pourquoi ne pourrions-nous pas nous maintenir dans un contact continuel avec Lui ? Ce contact se réalise par la pensée et l'amour, mais beaucoup plus par l'amour que par la pensée. En effet, il est impossible de penser toujours à Dieu, tant parce que l'esprit se fatigue, que parce que de nombreuses occupations requièrent toute l'application de l'intelligence et que celle-ci ne peut être attentive, en même temps, à deux objets différents. Le coeur, au contraire, peut toujours aimer, même lorsque la pensée est occupée ailleurs, et il ne se fatigue jamais de tendre vers l'objet de son amour. Et comme l'amour surnaturel ne consiste pas dans le sentiment, mais dans une orientation intime de la volonté vers Dieu, nous voyons que cette orientation est possible, même lorsque nous acquittons de devoirs qui absorbent toute l'intelligence. Ou plutôt, la volonté pourra renforcer cette orientation vers Dieu précisément par le désir d'accomplir chaque devoir par amour pour Lui, pour Lui faire plaisir, pour Lui rendre gloire. Saint Thomas enseigne, à ce propos, que le coeur peut toujours tendre vers Dieu par «le désir de la charité», c.-à.-d. par le désir de L'aimer, Le servir et s'unir à Lui en chaque action. «La prière n'est autre chose qu'un désir du coeur; si votre désir ne cesse pas, votre prière est continuelle. Désirez-vous donc ne jamais cesser de prier? Ne cessez jamais de désirer» (St. Augustin).
Puisque l'oraison ne consiste pas à beaucoup penser, mais à beaucoup aimer, la vie de prière continuelle consistera beaucoup plus dans l'amour que dans la pensée. Toutefois une certaine activité de la pensée est nécessaire, soit pour orienter le coeur vers Dieu, soit pour le maintenir dans cette direction.
L'âme qui s'applique bien à son oraison mentale, rassemblera facilement en elle-même de bonnes pensées qui pourront lui servir au cours de la journée pour maintenir l’orientation de son coeur vers Dieu; il sera donc utile qu'elle tâche souvent, au milieu de ses occupations, de se rappeler ces pensées et de les appliquer à sa vie pratique.
Ainsi, par exemple, si nous avons considéré, pendant l'oraison la miséricorde infinie de Dieu à notre égard, nous veillerons à conserver cette pensée pendant nos occupations, en reconnaissant dans les diverses circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, autant de signes de cette miséricorde. Tant d'événements, en effet, qui d'un point de vue purement humain seraient fâcheux et pénibles, voilent, en réalité, de grandes miséricordes du Seigneur qui, au moyen de la douleur, des fatigues et des ennuis de la vie, veut nous détacher des créatures, nous faire pratiquer la vertu et avancer ainsi vers le bien. D'autre part, dans nos rapports avec le prochain, nous chercherons à imiter la miséricorde du Seigneur: «Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux». Si, ensuite, notre oraison s'est passée dans l’aridité, sans nous laisser aucune pensée déterminée, mais seulement un sentiment plus profond de notre néant et de la grandeur infinie de Dieu, nous en ferons notre profit en tâchant, au cours de la journée, d'accomplir nos devoirs en esprit d'humilité et d'hommage à Dieu. De cette manière, l'oraison ne restera pas un fait isolé dans notre journée, mais elle la pénétrera tout entière, en conférant à chaque action et circonstance une valeur de prière ininterrompue.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«O Seigneur, faites que ma vie soit cette oraison continuelle à laquelle est tenue toute créature raisonnable. Cette oraison naît de l'amour, c'est un feu et un vrai désir basé sur la charité, qui pousse l'âme à faire toutes ses actions pour votre seul bonheur. Éveillez en moi, ô Seigneur, la charité afin que je Vous désire toujours, et que mon désir soit une prière continuelle. Puisse mon âme prier toujours en votre présence, en tout lieu, en tout temps, en tout ce que je fais, par un amour de charité» (Ste Cath. de Sienne)
«Mon Dieu, si j'étais enivré d'amour pour Vous, je ne chercherais, en toutes les créatures, que le moyen de Vous servir avec plus de diligence et de perfection et, renonçant à ma volonté en tout et pour tout, je m'efforcerais, dans un élan du coeur, de faire uniquement ce qui Vous plaît davantage...
Faites que je voie toutes les créatures en Vous, que je ne voie que Vous en elles, toujours soupirant et avide de Vous servir en chaque circonstance et, tout embrasé, tout brûlant d'amour, que je ne prenne pas garde à ce qui m'est le plus facile, mais seulement à ce qui Vous est le plus agréable... Et lorsqu'il m'arrivera de m'éloigner de cette noble attitude, aidez-moi à y retourner immédiatement en faisant tout mon possible pour y réussir, afin que, moyennant votre divin secours, je puisse vivre toujours le coeur fixé en Vous (S. Bonaventure)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
VIVRE AVEC LA TRINITÉ
O Père, ô Fils, ô Esprit Saint, recevez-moi dans votre embrasement,
daignez m'admettre dans votre intimité
MÉDITATION
1. «Si tu veux que le grand don de L'INHABITATION DE LA TRINITÉ porte en toi tout son fruit d'intime amitié avec les trois Personnes divines, il faut t'habituer à vivre avec la Trinité, puisqu'il est impossible de nouer une véritable amitié avec quelqu'un si, tout en lui offrant l'hospitalité dans ta demeure, tu l’oublies par la suite. Pour vivre avec la Trinité, il n'est pas nécessaire que tu éprouve sa présence en toi .... c'est là une grâce qu'il dépend uniquement de Dieu d'accorder ou non. Il te suffit de te baser sur la foi par laquelle tu sais avec certitude que les Personnes divines demeurent en toi. En t'appuyant sur cette réalité que tu ne vois, ni ne sens, ni ne comprends, mais que tu connais avec certitude parce que Dieu te l'a révélée, tu peux t'orienter vers une vraie vie d'union avec la Sainte Trinité..
Avant tout, tu peux la considérer présente en toi dans son indivisible unité; or, tu sais que tout ce que la TRINITÉ accomplit en dehors d'Elle-même, et donc dans ton âme, est indistinctement l'oeuvre de trois Personnes divines. Toutes Trois demeurent également en toi, elles y habitent simultanément et y produisent les mêmes effets. Toutes Trois répandent en toi la grâce et l'amour, t'illuminent, t'offrant leur amitié et t'aiment d'un unique amour. Ce qui n'empêche, toutefois, que chacune d'Elles soit présente dans ton âme avec les caractéristiques propres à Sa Personne, à savoir: le Père, comme source et origine de la divinité ainsi que de tout être; le Verbe, comme Splendeur du Père, comme lumière, L'Esprit Saint, comme fruit de l'amour du Père et du FIls. Chaque personne divine t'aime donc avec une nuance personnelle en t'offrant son don particulier. Le Père t'accorde sa très douce Paternité, le Verbe te revêt de sa lumière resplendissante, l'Esprit Saint te pénètre de son ardent amour. Et toi, petite créature, tâche de prendre conscience des si grands dons qui te sont faits, pour en profiter pleinement.
2. Pour correspondre aux caractéristiques particulières des trois Personnes divines, tu peux avoir avec chacune d'Elles des rapports particuliers. En considérant en toi LE PÈRE, tu éprouveras le besoin de vivre près de Lui en bon fils d'être pour Lui un enfant aimant et dévoué, cherchant à Lui faire plaisir en toutes occasions et accomplissant totalement sa VOLONTÉ. En même temps, surtout dans les moments de difficultés et de découragement, tu seras porté à te réfugier en Lui pour trouver dans sa toute-puissance, dans sa grandeur et sa bonté infinie, un soutien et un remède à ton insuffisance, à ta petitesse, à ta misère.
En contemplant LE VERBE présent dans ton âme tu sentiras le désir de te laisser pénétrer de sa lumière, de te faire instruire par Celui qui est la parole du Père, afin qu'Il t'introduise dans la véritable connaissance des mystères divins et t'apprenne à juger de toutes choses selon DIeu. Tu désireras Le chercher dans son Incarnation où tu Le trouveras plus accessible à ton humanité, tu voudras lte réfugier dans sa Rédemption par laquelle Il te donne la vie, devient ton Frère, te présente au Père comme son enfant.
En considérant L'ESPRIT SAINT, fruit délicieux de L’AMOUR du Père et du Fils, un désir plus vif surgira en toi de seconder son oeuvre d'amour dans ton âme; c'est pourquoi, tu suivras plus docilement ses inspirations, tu te feras guider par Lui en toutes choses et, finalement, tu te laisseras emporter par son élan divin, afin qu'il t'entraîne avec Lui dans le sein du Père et du Fils.
De cette manière, comme dit Saint Jean, se réalisera en toi cette fin très élevée pour laquelle Dieu nous a créés et rachetés, à savoir, que «nous soyons en communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ» Et cela, non par tes mérites, mais uniquement par les mérites infinis du Christ qui t'a communiqué sa gloire de fils de Dieu, qui t'a fait participer à l'amour dont le Père L'aime, qui t'a donné son Esprit et s'est fait ta nourriture pour alimenter de la manière la plus directe, ta vie d'union avec la Trinité sacro-sainte.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en Vous, immobile et paisible, comme si déjà mon âme était dans l'éternité; que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère.
Pacifiez mon âme; faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos; que je ne Vous y laisse jamais seul; mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice.
O mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre Coeur; je voudrais Vous couvrir de gloire, je voudrais Vous aimer ... Mais je sens mon impuissance, et je Vous demande de me revêtir de Vous-même, d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m'envahir, de Vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur.
O Verbe éternel, parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à Vous écouter, je veux me faire tout enseignable, afin d'apprendre tout de Vous; puis à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux Vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière; ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.
O Feu consumant, Esprit d'amour, survenez en moi afin qu'il se fasse en mon âme comme une Incarnation du Verbe; que je Lui sois une humanité de surcroit, en laquelle Il renouvelle tout son mystère: et Vous, ô Père, penchez Vous vers votre pauvre petite créature, ne voyez en elle que le Bien-Aimé en lequel Vous avez mis toutes vos complaisances.
O «mes Trois» mon tout, ma béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en Vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année. - P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
ARIDITÉ ET CONTEMPLATION
PRÉSENCE DE DIEU
«O Seigneur, attirez-moi à Vous par la voie qui Vous plait et de la manière que Vous le voulez; je Vous demande uniquement la grâce de Vous suivre toujours.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
L’aridité qui vient de Dieu a l’avantage de nous introduire dans une oraison plus élevée. C’est proprement au moyen de cette espèce d’aridité, enseigne Saint Jean de la Croix, que le Seigneur invite les âmes à une forme d’oraison plus simple et plus profonde qu’il appelle «contemplation initiale» et, afin que cette aridité puisse être distinguée de celle qui a d’autres causes, il en indique trois signes distinctifs,
LE PREMIER SIGNE
Voici le premier signe: Comme l’âme ne trouve goût ni consolation en les choses de Dieu, elle n’en trouve non plus en aucune des choses créées» L’âme perd également l’attrait des choses de Dieu lorsque l’aridité provient de ses fautes, mais alors elle recherche les satisfactions humaines tandis que dans le cas précédent, bien qu’elle n’éprouve plus la joie de rester avec le Seigneur, elle ne retourne plus aux créatures, mais demeure, au contraire, ferme dans sa décision d’en rester détachée de coeur.
LE DEUXIÈME SIGNE
Le deuxième signe est que, malgré son aridité, l’âme «se souvient ordinairement de Dieu avec sollicitude et souci affligeant, pensant qu’elle ne Le sert point»; en d’autres mots, l’âme souffre de son insensibilité spirituelle, elle craint de ne pas aimer le Seigneur, de ne pas Le servir et continue, entretemps, à Le chercher avec l’angoisse de celui qui ne parvient plus à trouver son trésor. Elle demeure donc toujours occupée de Dieu, bien que d’une façon négative et pénible, comme si elle souffrait de l’absence d’une personne aimée. Lorsque, par contre, l’aridité est coupable, particulièrement si elle provient d’un état de tiédeur habituelle, l’âme ne se préoccupe nullement de ne pas aimer Dieu; elle est devenue indifférente.
LE DERNIER SIGNE
Le dernier signe est réalisé quand l’âme ne peut plus méditer ni discourir avec l’imagination, comme elle en avait coutume, quelque effort qu’elle fasse». L’âme voudrait méditer, elle s’y applique, s’efforce autant qu’elle le peut, et cependant n’y réussit pas. Lorsque cet état est continu - car s’il ne durait que peu de temps, il pourrait provenir de certaines circonstances déterminées, soit physiques, soit morales – et bien qu’il puisse y avoir des jours de plus grande ou de moindre intensité, il tend à envahir toute l’âme, de manière à lui rendre la méditation habituellement impossible. Cette aridité prouve alors l’appel du Seigneur à une oraison plus profonde.
En plongeant l’âme dans l’aridité, le Seigneur veut l’élever, en la faisant passer d’un mode imparfait et encore trop humain de traiter avec Lui, a une manière plus surnaturelle. Dans la méditation, l’âme allait à Dieu par le travail de son intelligence, moyen excellent, mais toujours fort limité et inadéquat pour nous faire connaître Dieu qui, étant infini, dépasse immensément la capacité de notre esprit. Or, en mettant l’âme dans l’aridité, Dieu lui rend la méditation impossible en l’obligeant pour ainsi dire, à aller à Lui par un autre chemin.
Selon Saint Jean de la Croix, ce chemin est la voie de la CONTEMPLATION INITIALE : c’est commencer à connaître Dieu, non plus seulement par lintelligence, mais moyennant l’expérience d’amour. Cette expérience ne communiquera pas à l’âme de nouvelles idées concernant Dieu, mais elle lui donnera le «sens» de ses grandeurs. Nous avons déjà vu, en effet, que c’est précisément au sein de l’aridité que naît dans l’âme ce pénible tourment de ne plus aimer le Seigneur, de ne plus Le sentir; or, cette peine n’existerait pas si l'âme n’avait acquis un sens profond des grandeurs de Dieu, si elle ne sentait combien Il est digne d’être aimé. Ce sens n’est pas le fruit de raisonnements – que l’âme n’est plus en mesure de faire, à présent – mais de son expérience d’amour. Et, de fait, bien qu’elle ne s’en rende pas compte, l’âme aime Dieu beaucoup plus qu’auparavant, et la pllus belle preuve en est justement cette grande peine qui la tourmente : la crainte de ne pas L’aimer.
Voici donc que la connaissance contemplative ou le «sens» de Dieu prend naissance dans l’âme, précisément à travers cette douloureuse expérience d’amour, qui l’a fait se préoccuper sans cesse de ne pas aimer ni servir son Dieu. Il s’agit, il est vrai, d’une connaissance qui, pour le moment, n’a encore rien de réconfortant pour l’âme mais qui, toutefois, est très précieuse car, beaucoup mieux que n’importe quelle méditation, elle répand en elle le «sens» de la Divinité et, dès lors, l’éprend toujours davantage d’amour pour ce Dieu dont elle comprend beaucoup mieux, maintenant,, l’amabilité infinie. Ces avantages sont si précieux qu’en vue de les obtenir l’âme doit non seulement embrasser avec courage l’aridité que le Seigneur lui envoie, mais y reconnaître encore une des plus grandes miséricordes qu’Il puisse lui faire.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«O Jésus, comme la vie est amère et pesante lorsque Vous Vous cachez à notre amour! Que faites-Vous donc, ô mon doux Ami? Ne voyez-Vous pas mes angoisses et le poids qui m’oppresse? Où êtes-Vous? Pourquoi ne venez-Vous pas me consoler, puisque Vous êtes mon seul Ami? Mais, s’il Vous plaît de me laisser dans cet état, aidez-moi à l’accepter pour votre amour.
Beaucoup Vous servent, Seigneur, lorsque Vous les consolez, mais peu nombreux sont ceux qui consentent à Vous tenir compagnie lorsque Vous dormez sur la mer en furie …. Qui donc voudra Vous servir uniquement pour Vous, sans chercher des consolations? Oh! Faites que ce soit moi!
Votre gloire et votre plaisir ô Jésus, voilà toute mon ambition; ma gloire et mon plaisir, je Vous les abandonne! Et s’il me semble que Vous m’oubliez, eh bien! Vous en êtes libre puisque je ne m’appartiens plus, mais suis toute vôtre.
Le saint Évangile me dit, ô divin Pasteur, que Vous laissez toutes les brebis fidèles au désert pour courir à la recherche de celle qui s’est égarée. Comme je suis touchée de cette confiance! Vous êtes bien sûr de vos brebis! Et comment pourraient-elles fuir? Elles sont esclaves de l’amour. Ainsi, ô bien aimé Pasteur de mon âme, Vous me privez de votre présence sensible pour porter vos consolations aux pécheurs … Oh! Seigneur, faites comme il Vous plaît, Vous Vous fatiguerez plus vite de me faire patienter, que moi de Vous attendre!
Je ne vous demande qu’une seule chose, ô mon Dieu : qu’en cette aridité mon amour croisse et que je Vous demeure fidèle à tout prix; que je puisse Vous aimer d’autant plus par la réalité des faits, que mon amour se fait moins sensible; que cet amour enfin Vous procure d’autant plus de gloire qu’il me donne moins de joie. Et si, pour croître dans l’amour, il m’est nécessaire de souffrir, bénie, soit cette épreuve, puisque Vous me frappez pour m’instruire, et me mortifiez pour me guérir et donner plus de vie.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
ARIDITÉ ET PROGRÈS
PRÉSENCE DE DIEU
«Seigneur, aidez-moi à Vous chercher et à m’unir à Vous, même à travers les aridités et les impuissances de l’esprit.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Même sans l’intervention des causes physiques ou morales, il est possible de passer d’un état de ferveur sensible à l’aridité la plus absolue. C’est l’œuvre directe de Dieu qui met l’âme dans l’impossibilité de faire oraison en s’aidant de l’imagination, et de s’exercer, comme auparavant, en des actes d’amour sensible. Alors que jadis elle méditait ou s’entretenait avec Dieu affectueusement avec facilité et attrait, elle n’arrive plus à rien maintenant; il lui est impossible d’unir deux idées. Les pensées ou les lectures qui, autrefois, l’avaient tant émue, la laissent à présent indifférente, et le coeur demeure dur et froid comme une pierre. Elle a beau supplier avec ferveur le Seigneur de l’aider, elle ne parvient plus à tirer de son coeur une goutte de dévotion. Alors la pauvre s’afflige et s’effraie, croyant que le Seigneur l’a abandonnée à cause de l’une ou l’autre faute. Et elle ignore que cette sorte d’aridité voile une grande grâce de Dieu, une grâce de purification et de progrès dans les voies de l’oraison.
En effet, par l’aridité, le Seigneur veut la libérer des enfantillages de la sensibilit, pour la transporter sur le plan plus pur et plus solide de la volonté. Lorsqu’elle éprouvait tant de réconfort dans la prière, l’âme, à son insu, sattachait un peu à ces consolations sensibles. Elle aimait ainsi et cherchait l’oraison, non pas purement pour Dieu, mais aussi un peu pour elle-même. Au contraire, étant désormais privée de tout attrait, elle apprendra à s’y appliquer uniquement pour faire plaisir au Seigneur.
À travers l’aridité, l’âme progresse aussi dans l’humilité. Son incapacité à méditer, à fixer l’attention, à éveiller dans son coeur de bons sentiments, la convainc toujours davantage de son néant, le lui fait toucher du doigt, si bien qu’elle peut se passer d’efforts et de raisonnements pour comprendre que, sans le secours de Dieu, elle ne peut vraiment rien faire.
Certes, Dieu tient à ce que nous traitions avec Lui en grande confiance et Il nous invite de mille manières à son INTIMITÉ cependant, Il demeure toujours linaccessible, et nous, le néant, la misère. Ce sentiment de plus grande révérence, qui germe dans l’âme à travers l’expérience de son propre néant, est dès lors très précieux : il nous permettra – même aux moments de plus grande intimité amoureuse, - de nous approcher de Dieu dans une véritable humilité de coeur. …
En cet état d’aridité, surtout lorsqu’elle souffre de distractions l’âme a toujours l’impression de ne rien faire pendant l’oraison; mais qu’elle ne se déconcerte pas car, comme dit Saint Pierre d’Alcantara :
«Celui-là fait beaucoup devant Dieu qui fait tout le peu dont il est capable».
Il n’est pas difficile de persévérer dans l’oraison lorsqu’on y éprouve des consolations, mais il y a grand mérite à le faire quand la dévotion sensible est réduite au minimun. Ou plutôt, c’est justement alors que l’oraison devient plus méritoire et l’humilité plus grande, de même que la patience et la persévérance.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«Ô Seigneur, je suis profondément affligé, mon coeur ne trouve pas de repos et il souffre beaucoup à cause de cette dure épreuve. Que vous dirai-je donc, ô Père bien-aimé? Je suis dans l’angoisse : sauvez-moi Seigneur! Cela m’arrive pour que Vous soyez glorifié par monn humiliation même, mais ensuite Vous me délivrerez. Qu’il Vous plaise de me délivrer, ô Seigneur, car seul et misérable, que pourrais-je faire et ou irais-je sans Vous?
«Donnez-moi donc, cette fois encore, la grâce de la patience; aidez-moi, Seigneur, et je ne craindrai rien, même si l’épreuve est lourde. Et maintenant, que dirais-je au milieu de ces maux? Seigneur, que votre volonté soit faite.
«O Jésus, je veux Vous aimer uniquement pour Vous-même… Je ne désire pas l’amour sensible, il me suffit qu’il Vous console, ô Seigneur!
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LE DON DE L'AMOUR
PRÉSENCE DE DIEU
«Accorde-moi, ô Jésus, de sonder l’immensité de cet amour qui Vous a porté à nous donner l’Eucharistie.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Ne suffisait-il pas qu’Il ait été livré une fois? La flagellation, les mauvais traitement et les douloureuses souffrances endurées durant toute sa vie terrestre ne suffisaient-ils pas? Que faire encore pour Vous contenter ? N’a-t-il pas suffisamment payé la rançon du péché d’Adam ? …
COLLOQUE
«O Père Éternel, votre divin Fils n’a rien omis pour nous donner à nous, pauvres pécheurs, un bienfait aussi grand que l’Eucharistie. Ah ! Ne permettez pas dans votre miséricorde, qu’Il soit si indignement outragé.; Il est resté parmi nous d’une manière si admirable, afin que nous puissions Vous l’offrir en sacrifice, aussi souvent que nous le voulons. Puisse une offrande d’un tel prix arrêter enfin la marée des péchés et des irrévérences commises dans les lieux où réside ce Très Saint Sacrement !»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LE MYSTÈRE DE LA CROIX
PRÉSENCE DE DIEU
«O Jésus, permettez-moi de pénétrer avec Vous dans l’épaisseur du mystère de la Croix.
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
O Maître, ce n’est pas pour rire que Vous m’avez aimée; moi, au contraire, pécheresse, je ne Vous ai jamais aimé, si ce n’est d’un amour imparfait. Jamais je n’ai rien voulu entendre des douleurs que Vous avez souffertes sur la Croix, et ainsi, je Vous ai servi avec négligence et infidélité.
Votre amour, mon Dieu, excite en moi un désir ardent d’éviter tout ce qui pourrait vous offenser, d’embrasser la douleur et le mépris que Vous avez supportés, de garder continuellement présentes à l’esprit votre Passion et votre mort, dans laquelle se trouve notre salut véritable et notre vie.
COLLOQUE
«O Seigneur, ô Maître et Médecin éternel, votre Sang est le remède que Vous nous offrez gratuitement pour la guérison de nos âmes et, tandis qu’elle Vous a coûté votre Passion très amère et votre mort sur la Croix, elle ne me coûte rien, à moi , sinon de me disposer à la recevoir; alors Vous me la donnez immédiatement et guérissez mes infirmités. Mon Dieu, puisque Vous avez décidé de me délivrer et de me guérir, à la seule condition que je vous montre, dans les larmes et la douleur, mes maux et mes misères; puisque, Seigneur, mon âme est infirme, voici que je mets devant vos yeux mes péchés et mon infortune. Il n’est pas de péché, aucune maladie de l’âme et de l’esprit, auxquels Vous n’avez apporté de remède suffisant, ni n’ayez satisfait par votre mort. Tous mon salut et mon allégresse sont donc en Vous, ô Christ Crucifié et, en quelque état que je puisse me trouver, je ne veux jamais détacher les yeux de votre Croix.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LA VICTOIRE DE LA CROIX
PRÉSENCE DE DIEU
«O Jésus, crucifié par amour pour moi, révélez-moi la victoire remportée par votre mort.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
En même temps que Marie, qui devait être certainement présente à la scène et recevoir dans ses bras le Corps lacéré de son divin Fils, approchons-nous aussi de cette dépouille sacrée; fixons encore une fois les yeux sur ces plaies, sur ces blessures, sur ce Sang qui nous parlent si éloquemment de l'amour de Jésus pour nous. Il est vrai, à présent, ces plaies ne sont plus douloureuses mais glorieuses, et demain, dès l'aube pascale, nous célébrerons précisément la grande victoire quelles ont remportée. Pourtant, bien qu'elles soient glorifiées, ces plaies restent et resteront éternellement le signe indélébile de l'excessive charité dont le Christ nous a aimés.
Puisse ce samedi, jour de transition entre les angoisses du Vendredi Saint et la gloire de la Résurrection, être un jour de recueillement et de prière aux pieds du Corps inanimé de Jésus: ouvrons largement notre coeur, purifions-le dans son Sang, afin que, tout renouvelé dans l'amour et la pureté, il puisse rivaliser avec le «sépulcre neuf» pour offrir au Maître très aimé un séjour de pais et de repos.
COLLOQUE
«O bon Jésus, avec quelle libéralité nous avez-Vous donné, sur la Croix, tout ce que Vous aviez ! À vos bourreaux, votre prière affectueuse; au larron, le paradis; à votre Mère, un fils et au fils, une Mère; aux morts, Vous avez rendu la vie et remis votre âme entre les mains de votre Père; Vous avez montré votre puissance au monde entier et avez versé, par vos blessures larges et nombreuses, non quelques gouttes, mais tout votre Sang, pour racheter l'esclave ! ... O très suave Seigneur et Sauveur de l'univers, comment Vous remercier dignement ?
«O bon Jésus, Vous inclinez votre tête couronnée, blessée par les dards nombreux en m’invitant au baiser de paix
«Vois, me dites-Vous, comme Je suis défiguré, déchiré, anéanti ! Sais-tu pourquoi? Pour te prendre ô brebis égarée, te rapporter sur mes épaules et te reconduire au céleste pacage du paradis. Paie-Moi de retour ... Regarde-Moi dans dans ma Passion., Aime-Moi. Je Me suis donné à toi, donne-toi à moi...»
«O Seigneur, attendri par vos plaies, je veux que Vous régniez sur moi, tel que je Vous vois, dans votre Passion; je veux Vous placer tel un sceau sur mon coeur, tel un signe sur mon bras, pour me conformer à Vous, et à votre martyre, dans toutes les pensées de mon coeur, toutes les entreprises de mon bras.
«O bon et très doux Jésus ! Vous qui Vous êtes donné à nous comme rançon du rachat, accordez-nous ... tout indignes que nous en soyons ... de répondre à votre grâce, entièrement, parfaitement et totalement.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
DIMANCHE DE LA RÉSURRECTION
PRÉSENCE DE DIEU
«O Jésus ressuscité, rendez-moi digne de participer à la joie de votre Résurrection.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
L’Évangile nous met sous les yeux les saintes femmes, les très fidèles, qui dès les premières lueurs de l’aube du dimanche courent au sépulcre et, chemin faisant, s’inquiètent de savoir «qui leur enlèvera la pierre de l’entrée du tombeau» Mais cette préoccupation, bien que fort justifiée par la masse et le poids de la pierre, ne les distrait pas de leur dessein : elles brûlent du désir de trouver Jésus ! Or, voici que dès leur arrivée, elles voient «la pierre roulée de côté». Elles entrent donc dans la tombe et trouvent un Ange qui leur annonce la grande nouvelle : «Il est ressuscité, Il n’est point ici». En ce moment, Jésus ne se laisse ni voir, ni trouver; mais peu après, lorsque, selon l’ordre reçu des Anges, les femmes iront porter la nouvelle aux disciples, Il se présentera devant elles, en disant : «Salut !», et leur joie sera à son comble.
Nous avons, nous aussi, le grand désir de trouver le Seigneur; peut-être y a-t-il déjà de longues années que nous nous sommes mis à sa recherche; peut-être, pour nous aussi, ce désir s’accompagne-t-il de graves préoccupations : comment enlèverai-je les obstacles et ferai-je disparaître de mon âme cette pierre qui m’empêche de trouver le Seigneur, de me donner entièrement à Lui, de Le faire triompher en moi? Mais, c’est précisément parce que nous voulons trouver le Seigneur que nous avons déjà surmonté bien des obstacles soutenus par sa grâce et que la Divine Providence nous a aidés à rouler beaucoup de pierres, a vaincre bon nombre de difficultés. Toutefois, la recherche de Dieu est progressive et doit être poursuivie pendant toute la vie; c’est pourquoi à l’instar des saintes femmes, nous devons toujours garder la fervente préoccupation de trouver le Seigneur. C’est elle qui doit nous rendre diligents dans la recherche et, en même temps, confiants dans le secours divin, puisqu’il est certain que le Seigneur veillera à nous faire parvenir là où nos forces ne peuvent atteindre, en faisant pour nous ce que nous ne pouvons faire nous-mêmes.
PÂQUES marque chaque année un renouveau dans notre vie spirituelle, dans notre recherche de Dieu; chaque année nous reprenons notre chemin vers Lui.
COLLOQUE
«Seigneur Jésus, doux et bon Jésus, qui avez daigné mourir pour nos péchés et ressusciter pour notre justification, je Vous supplie, par votre Résurrection glorieuse, de me faire sortir du sépulcre de mes vices et péchés, afin que je mérite de participer vraiment à votre Résurrection. Très doux Seigneur, qui montez au ciel dans le triomphe de votre gloire et êtes assis à la droite du Père, Vous qui êtes tout-puissant, élevez-moi jusqu’à Vous, afin que je coure à l’odeur de vos parfums, que je coure sans défaillance, alors que Vous m’attirez et me guidez. Mon âme est assoiffée : attirez-la près de la source divine de l’éternelle satiété; tirez-moi de l’abîme vers cette source vive, afin que j’y boive, autant que je le pourrai de ce dont je vivrai toujours, ô mon Dieu, ô ma vie.
«Donnez, je vous en prie, ô Seigneur, donnez à mon âme des ailes semblables à celles de l’aigle, afin que je vole et ne défaille point; que je vole et parvienne à la splendeur de votre gloire. Là, Vous me nourrirez de vos secrets à la table des hôtes célestes, à l’endroit où Vous célébrez votre Pâque, près de la source inépuisable. Puisse, ô Seigneur, mon coeur se reposer en Vous, ce coeur pareil a une grande mer agitée de flots tumultueux.
Ô Seigneur, tant que je porterai avec moi ces membres fragiles faites-moi la grâce, ô Seigneur, d’adhérer à Vous, car celui qui adhère au Seigneur est un seul esprit avec Lui.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Lundi de Pâques
RESTEZ AVEC NOUS
PRÉSENCE DE DIEU
«Ne me quittez pas, ô Jésus, doux Pèlerin, car j'ai besoin de Vous.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Dieu nous a faits pour Lui, aussi ne pouvons-nous vivre sans Lui nous en avons besoin, nous en avons faim et soif, car Il est le seul qui puisse satisfaire notre coeur.
Plus l'âme se renouvelle dans la Résurrection du Christ, plus elle sent aussi le besoin de Dieu et des vérités célestes et ainsi elle se détache toujours davantage de ce qui est terrestre pour se tourner vers le ciel.
De même que la faim physique est l'indice d'un organisme sain et plein de vie, ainsi la FAIM SPIRITUELLE est-elle la marque d'une vie spirituelle efficiente, au développement ininterrompu. L'âme qui ne ressent pas la faim de Dieu, le besoin de Le chercher et de le Trouver, et que cette recherche ne fait pas vibrer et souffrir anxieusement, ne porte pas en elle le signe de la Résurrection. Ce sera une âme morte ou, tout au moins, évanouie et rendue insensible par la tiédeur. L'alléluia pascal, cri de triomphe à cause de la Résurrection du Christ, est, en même temps une invitation pressante à ressusciter nous-mêmes.
RESTEZ AVEC NOUS, SEIGNEUR ! C'est le cri de l'âme qui, ayant trouvé son Dieu, ne veut plus se séparer de Lui. Allons, nous aussi, comme les disciples d'Emmaüs, à la recherche du Seigneur; toute notre vie est une pérégrination incessante vers Lui et souvent nous sommes tristes, nous aussi, parce que, ne comprenant pas ses voies mystérieuses, il nous semble presque qu'Il nous ait abandonnés. Mais juste au moment où ils allaient perdre toute espérance, Jésus se trouvait là, près d'eux, devenu leur compagnon de voyage. Il en va de même pour nous: bien que caché dans l'obscurité de la foi, Dieu s'approche de nos âmes, devient notre compagnon de route et, bien plus encore, vit en nous par la grâce. Ici-bas, il est vrai, Il ne se montre pas dans la clarté du «face à face» réservé à l'éternité, nous Le voyons seulement «comme dans un miroir et en énigme» mais toutefois, Dieu sait se faire reconnaître. Comme aux disciples d'Emmaüs, sa présence se révèle d'une manière obscure mais sur laquelle on ne peut se méprendre, à cause de cette ardeur toute particulière qu'Il sait, Lui seul allumer dans nos coeurs.
L'âme qui a trouvé ainsi le Seigneur, ne fût-ce qu'une seule fois, non extérieurement, mais au-dedans d'elle-même, vivant et opérant dans son coeur, ne peut s'empêcher de s'écrier: «RESTEZ AVEC MOI» !
Et pourtant, ce cri est déjà exaucé, il est déjà une réalité permanente, parce que, en fait, Dieu est toujours avec l'âme en état de grâce. Dieu est toujours avec nous même quand nous ne Le sentons pas ou ne remarquons pas sa présence. Dieu est là, Il reste avec nous; à nous de rester avec Lui. Et s'il y a des moments où Dieu se laisse reconnaître par l'âme, Il le fait précisément pour l'inviter à vivre avec Lui, dans son intimité. Demandons-Lui avec ardeur: enseignez-nous, Seigneur, à rester avec Vous, à vivre avec Vous.
COLLOQUE
«Ô mon Dieu, l'unique chose que je redoute - et non sans raison ! est que Vous ne m'abandonniez encore. Je sais bien jusqu'où peut me conduire mon peu de vertu et de mérite et ce que je puis si Vous ne me fortifiez continuellement et ne m'aidez à ne point Vous abandonner.... Il me semble, ô Seigneur, qu'il me serait impossible de Vous abandonner.... Mais, après Vous avoir été si souvent infidèle, je ne puis m'empêcher de trembler, sachant qu'il suffirait que Vous Vous éloigniez un peu de moi, pour qu'aussitôt je retombe à terre. Mais soyez béni, ô Seigneur ! Alors que je Vous délaissais, Vous ne m'abandonniez jamais complètement, Vous me tendiez plutôt la main, afin que je puisse me relever aussitôt... O Seigneur, Vous qui savez tout, n'oubliez pas ma faiblesse et ne me laissez pas seule»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Mardi de Pâques
QUI CHERCHEZ-VOUS ?
Mardi de Pâques
PRÉSENCE DE DIEU:
«O Seigneur, puissé-je Vous chercher toujours. Vous seul, et, de ce fait, qu'il me soit donné de Vous trouver.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
L'Évangile raconte les diverses apparitions de Jésus ressuscité; la première, et l'une des plus émouvantes, est celle à Marie-Madeleine. En cet épisode. Marie Madeleine apparaît avec cette note caractéristique - qui lui est propre, - d'âme totalement prise par l'amour de Dieu. La préoccupation de retrouver Jésus la domine tellement qu'elle ne sent pas le besoin de Le nommer, il lui semble que tous doivent penser à Lui, que tous doivent saisir au vol sa pensée comme si tout le monde était dans un état d'âme pareil au sien.
Lorsque l'amour et le désir de Dieu ont pris pleinement possession d'une âme, il ne reste plus place en elle pour d'autres amours, d'autres désirs ou préoccupation. Tous ses mouvements sont orientés vers Dieu et, à travers toutes choses, l'âme ne fait que chercher Dieu seul. Si l'âme cherche Dieu, son Bien Aimé la cherche davantage.
C'est toujours le même amour ardent qui la rend oublieuse et insouciante de tout le reste. Marie Madeleine cherche uniquement le Seigneur, elle Le veut, Lui seul; le reste ne l'intéresse pas, ni ne la regarde. Elle voudrait encore étreindre ces pieds bénis et demeurer là, dans une contemplation amoureuse, mais Jésus lui dit doucement: «Ne Me touche pas !»
Qui cherchez-vous?» Comme jadis à Madeleine, c'est à toi, âme pieuse, que Jésus adresse aujourd'hui cette demande; - peux-tu Lui répondre que tu ne cherches que Lui ? Jésus s'est montré à Marie Madeleine avant de se montrer aux autres saintes femmes, car Marie Madeleine «L'aimait beaucoup» Si tu veux trouver rapidement le Seigneur, aime-Le beaucoup et cherche-Le avec un ardent amour.
COLLOQUE
«O Seigneur Jésus-Christ, qu'il est bon, heureux et désirable de sentir la force de votre amour ! Ah ! chaque jour Vous exposez mon coeur aux rayons de cet amour, Vous dissipez les ténèbres de l'esprit, illuminez les secrets du coeur, réconfortez et enflammez l'intelligence, réjouissez et fortifiez l'âme ! Oh ! que votre miséricorde est douce, qu'elle est grande la suavité de votre amour, ô Seigneur Jésus-Christ, Vous qui prodiguez l'amour, dont jouissent ceux qui n'aiment que Vous et ne veulent songer à rien en dehors de Vous ! Nous devançant, Vous nous invitez à Vous aimer, Vous nous ravissez et nous attirez, tant est grande la force de votre amour. Rien ne nous invite, ne nous ravit et attire davantage que cette prévenance dans l'amour; le coeur, auparavant engourdie, se sent ranimé, et, s'il est déjà fervent, il devient plus ardent encore, lorsqu'il se sait aimé.
«O très aimant Seigneur Jésus-Christ, bien que Vous m'ayez aimé indiciblement, moi, pécheur impie, portant en moi un coeur de pierre et de fer, je n'ai pas reconnu votre brûlant amour; et bien que j'aie désiré votre dilection, je n'ai cependant pas voulu Vous aimer. Daignez donc me venir en aide, ô très bon Seigneur Jésus-Christ, et par la force de votre très doux amour, obligez mon âme rebelle à Vous aimer, afin que je Vous serve paisiblement et obtienne l'éternelle vie d'amour. »
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Mercredi de Pâques
L'EAU VIVE
Mercredi de Pâques
PRÉSENCE DE DIEU
«O Jésus, mon âme a soif de Vous, source d'eau vive; puissé-je m'approcher de vous et boire !»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Cette manière nouvelle de connaître Dieu, cette expérience nouvelle de Dieu et des choses divines, est vraiment une eau vive qui désaltère l'âme. C'est l'eau vive de l'oraison qui, par suite de l'action divine, est devenue plus profonde, plus intime, plus contemplative; c'est l'eau vive de la contemplation. Et la contemplation est un DON de Dieu. « Il la donne ».
COLLOQUE
O source de vie, veine d'eau des vivants, quand parviendrai-je aux eaux de votre mansuétude, en cette terre déserte, escarpée et aride, afin que je voie votre puissance et votre gloire, et que ma soif s'apaise aux eaux de votre miséricorde ? J'ai soif, ô Seigneur, j'ai soif de Vous, source vive...
Grâce Vous soient rendues, à Vous qui m'illuminez et me libérez, car Vous m'avez éclairé et je Vous ai connu. Tard je Vous ai connue, ô Vérité ancienne, tard je Vous ai connue, ô Vérité éternelle; Vous étiez dans la lumière, et moi dans les ténèbres, et je ne Vous connaissais pas, car je ne pouvais être illuminé sans Vous; et sans Vous, il n'existe pas de lumière ! » (St-Augustin)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Jeudi de Pâques
DIEU INVITE TOUTES LES ÂMES
JEUDI DE PÂQUES
PRÉSENCE DE DIEU
«Seigneur, je me rends à votre invitation, j'accours vers votre source; désaltérez-moi !»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Sainte Thérèse d'Avila déclare: «Songez que le Seigneur appelle tout le monde. Or, Il est la Vérité même ; on ne saurait douter de sa parole. Si son invitation ne s'adressait pas à tous, Il ne nous appellerait pas tous... Mais, comme Il n'y met aucune restriction ... je tiens pour certain que tous ceux qui ne resteront pas en chemin, boiront de cette eau vive» (Chem. XXI).
Cependant, la Sainte nous enseigne à la désirer sans prétention en toute humilité et plein ABANDON À LA VOLONTÉ DIVINE. En effet, Dieu seul est Maître de ses dons surnaturels et c'est à Lui qu'il revient de les distribuer à nos âmes sous la forme, dans la mesure et au temps voulus par Lui: « Dieu, dit la Sainte, les donne comme Il veut, quand Il veut et à qui Il veut, sans porter préjudice à personne.»
Cela nous fait comprendre que les formes et les degrés de contemplation sont nombreux. Pour mieux nous le faire entendre, la Sainte compare la contemplation à «une fontaine abondante d'où dérivent divers ruisseaux, les uns petits, les autres grands, et parfois de simples filets d'eau». Le Seigneur invite tout le monde et donnera à boire à tous; mais Il ne nous révèle pas à quelle espèce de ruisseau chacun de nous sera appelé à boire. Il ne nous dit pas à quel moment de notre vie nous boirons et Il s'oblige moins encore à nous faire boire au grand ruisseau plutôt qu'au petit.
Il y eut des saints, comme Thérèse de Jésus, qui burent en grande abondance; d'autres, ainsi que Thérèse de Lisieux, n'ont disposé que d'un petit filet d'eau; et cependant, les uns comme les autres ont atteint la sainteté. De même que de nombreux ruisseaux proviennent de la même source et contiennent tous la même eau, bien qu'ils soient d'importance inégale, ainsi les formes de contemplation sont très variées: quelques-unes sont suaves, d'autres arides ; certaines donnent une grande clarté et une ineffable douceur, tandis que d'autres sont obscures, voire même pénibles, quoi qu'elles n'en soient pas moins utiles à l'âme. Bien qu'il y ait divers degrés, il s'agit essentiellement de la même eau vivifiante qui plonge l'âme en Dieu, fait pénétrer le mystère divin, comprendre le tout de Dieu et le rien de la créature, ouvre la voie à l'intimité divine et conduit à la sainteté.
Sainte Thérèse nous assure toutefois que Dieu ne refuse jamais cette eau vivifiante à qui «la cherche comme il faut» ; cela dépend donc aussi de nous et notre contribution consiste à nous disposer de telle sorte que Dieu ne nous trouve pas indignes de ses dons.
COLLOQUE
«O miséricordieux et tendre Seigneur de mon âme, Vous avez dit encore: Venez à Moi, vous tous qui avez soif, et Je vous donnerai à boire !
L'âme qui boit de cette eau n'a plus soif des choses de cette vie, mais elle est altérée toujours davantage du désir de Vous posséder, du désir des choses célestes. Qu'elle a soif d'être altérée ainsi ! Cette soif apporte avec elle une suavité qui en tempère les ardeurs, car tandis qu'elle éteint le désir des choses de la terre, elle rassasie l'âme des biens célestes. Quand Vous daignez, mon Dieu, étancher la soif avec cette eau, une des plus grandes grâces que Vous puissiez accorder à l'âme, c'est de la laisser encore tout altérée. Chaque fois qu'elle boit de cette eau, elle désire toujours plus ardemment en boire encore ...
Et cette eau est si puissante qu'elle allume toujours davantage le feu de votre amour. O grand Dieu ! quelle merveille qu'un feu qui s'enflamme davantage par l'eau, une eau qui active, dans les âmes, le feu de l'amour.
O Seigneur, donnez-moi à boire de cette eau, et je n'aurai plus jamais soif ! Que ne m'est-il donné d'être engloutie dans cette eau vive, pour y perdre la vie ? O Vous qui nous la promettez, faites-nous la grâce de la chercher comme il faut»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Vendredi de Pâques
«Puissé-je, Seigneur, être généreux et fidèle à votre service, afin de ne mettre jamais d’obstacles à votre action en moi.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
1. La source d’eau vive d’où jaillit l’expérience amoureuse de Dieu et la lumière contemplative, n’est autre que l’opération de l’Esprit Saint qui agit dans les âmes par l’actuation de ses dons. Et puisque nous avons tous reçu, au saint baptême, les dons du Saint-Esprit, qui sont des dispositions surnaturelles nous rendant capables d’accueillir les motions divines, il est clair que si Dieu nous les a donnés, ce n’est pas pour les laisser inopérants, mais pour les mettre en pratique. C’est pourquoi leur actuation ne peut être considérée comme un fait extraordinaire, mais connaturel, au point que l’expérience amoureuse de Dieu et la lumière contemplative qui en dérive ne peuvent être tenues pour étrangères au plein développement de la grâce.
En d’autres termes, si une âme s’ouvre généreusement à l’action de la grâce, si elle la seconde de toute sa bonne volonté, il y a lieu d’espérer que le Seigneur ne lui refusera pas au moins quelques gouttes d’eau vive, c’est-à-dire quelque forme de connaissance contemplative. Sainte Thérèse l’affirme avec force et dit à ce propos :
«Il ne faut donc pas craindre de mourir de soif. Dans cette voie, l’eau des consolations ne manque jamais.»
S’il est juste que l’âme appelée à l’intimité divine apprécie et désire la contemplation, il n’est pas du tout hors de propos qu’elle cherche à s’y préparer. Beaucoup d’âmes se voient refuser cette grâce par Dieu précisément parce qu’Il ne les trouve pas convenablement disposées; il est donc nécessaire de travailler, afin que nous n’en soyons pas privés par notre faute. Et, d’autre part, quand nous aurons fait tout ce qui dépend de nous pour nous y disposer le mieux possible, nous n’aurons pas à craindre que notre peine soit perdue; d’une manière ou de l’autre, tôt ou tard, le Seigneur nous donnera à boire.
2. ... La contemplation étant un don généreux de Dieu, il exige donc de la générosité de notre part. Les âmes peu magnanimes sont précisément celles qui ne la connaîtront jamais. La Sainte en revient toujours au grand principe qu’elle inculque :
«Dieu ne force pas notre volonté; Il prend ce que nous Lui donnons. Mais Il ne se donne pas complètement, tant que nous ne nous sommes pas donnés à Lui d’une manière absolue.»
En plus de cette générosité, il faut encore une application diligente et constante au recueillement et à la prière. Plus l’âme saura se recueillir en Dieu et rendre sa prière et son contact vital avec Lui plus intimes et profonds, plus elle deviendra capable de recevoir les motions divines…
Certes, en nous préparant à la contemplation, nous n’entendons pas en faire la fin de notre vie spirituelle. Le but est toujours L’AMOUR, car la sainteté consiste essentiellement dans la perfection de la charité. Toutefois, la contemplation est un moyen très puissant pour nous faire arriver rapidement à la plénitude de L’AMOUR, et c’est justement pour cette raison que nous la désirons.
Pour nous, vivre, c’est cheminer vers Dieu, tendre et diriger sans cesse nos énergies vers Lui. Heureuse l’âme fortement attirée vers le Seigneur ! Son pas se fait beaucoup plus agile et rapide. Tel est, à proprement parler, le grand secours qui nous vient de la contemplation. Et nous saisissons ainsi que nous devons nous y préparer non pour en savourer les douceurs, mais pour entrer de plain-pied (non plein-pied) dans la voie de L’INTIMITÉ DIVINE, de L’AMOUR PARFAIT, puisque rien n’est aussi capable de nous orienter totalement vers Dieu et sa gloire que cette expérience amoureuse et cette lumière contemplative qui constituent l’essence de la contemplation.
COLLOQUE
«Mon Dieu, si Vous voulez entrer dans une âme pour y prendre vos délices et la combler de biens, Vous n’avez qu’un moyen : il faut que l’âme soit seule, pure et désireuse de Vous recevoir. Mais si, au lieu d’aplanir la route, nous y mettons une foule d’obstacles, comment pourrez-Vous venir? Comment voulons-nous alors que Vous nous donniez vos grâces ?
«Chose vraiment étonnante ! Nous qui sommes encore au milieu de mille embarras et remplis d’imperfections, dont les vertus naissent à peine – et plaise à Dieu qu’elles aient commencé ! – nous qui ne savons même pas marcher, nous n’avons pas honte de nous plaindre des aridité set de chercher des douceurs dans L’ORAISON ! ...
«Mais, ô Seigneur, Vous savez mieux que moi ce qui me convient; je n’ai nullement à vous conseiller ce que Vous devez me donner, car Vous pourriez me répondre, à juste titre, que je ne sais ce que je demande. Voulant m’adonner à l’oraison et me disposer à recevoir vos dons, mon unique ambition doit être de travailler, avec toute la diligence possible, à m’affermir dans cette résolution et à me préparer à CONFORMER MA VOLONTÉ À LA VÔTRE, ô mon Dieu. Vous me faites comprendre que c’est en cela que consiste la plus haute perfection à laquelle on puisse arriver dans le chemin spirituel. Plus cette CONFORMITÉ sera parfaite, plus aussi Vous me comblerez et plus je progresserai.»
«Je suis vôtre, mon Dieu! Faites de moi ce que Vous voudrez et dirigez-moi par la voie qui Vous plaira. Si, avec votre secours, je suis vraiment humble et détachée de tout, Vous ne manquerez pas de m’accorder la faveur de l’oraison et beaucoup d’autres encore, qui dépassent de loin mes désirs.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Samedi de Pâques
Samedi de Pâques
LA PRIÈRE
PRÉSENCE DE DIEU
Je viens à Vous, Seigneur, pour Vous demander le véritable esprit d’oraison.
MÉDITATION dans la Divine Volonté
1. La prière consiste essentiellement en un commerce intime avec Dieu, dans lequel l’âme cherche sa présence pour s’entretenir amicalement et affectueusement avec Lui. C’est l’enfant qui veut parler à son Père, l’ami qui veut converser avec son Ami. De par sa nature, donc, la prière est chose tout intime, tout intérieure : «Pour moi … disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus … la prière, c’est un élan du coeur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au milieu de l’épreuve comme au sein de la joie.» C’est en ce sens qu’il faut entendre la définition traditionnelle de la prière : «elevatio mentis ad Deum», élévation de l’esprit vers Dieu, et non seulement de l’esprit, mais encore et surtout du coeur. Cette élévation peut consister en un mouvement silencieux de l’esprit, ou s’exprimer dans un cri, une demande, un colloque; alors se vérifient les autres aspects de la prière : «pia locutio ad Deum», «petitio decentium a Deo», c’est-à-dire, conversation pieuse avec Dieu et demande confiante de ses grâces.
Quelle que soit la forme qu’elle assume, la véritable prière n’a rien de compliqué de contraint : c’est la respiration de l’âme qui aime son Dieu, c’est l’attitude habituelle du coeur qui tend vers Dieu qui Le cherche, veut vivre par Lui et sait que tout bien tout secours lui viennent de Lui. Et ainsi, spontanément, sans même y réfléchir, l’âme passe de la simple élévation vers Dieu à la prière de demande ou au colloque intime, pour revenir ensuite à l’élan du coeur, au regard vers le ciel. Entendue de cette manière, la prière est toujours possible, en n’importe quelle circonstance et au milieu de n’importe quelle occupation; de plus, pour une âme qui aime vraiment le Seigneur, il serait aussi impossible de l’interrompre, que de suspendre le souffle. On comprend ainsi comment chacun, même celui vivant dans le monde, peut accomplir la parole de l’Évangile : «Il faut toujours prier.» (Luc XVIII,I). L’unique condition nécessaire est d’avoir un coeur capable d’aimer; plus cet amour sera fort et vigoureux plus la prière sera profonde et continuelle.
… Toutefois, une âme qui aspire à l’intimité divine s’orientera spontanément vers une forme de prière tout intérieure, qui facilitera le contact intime avec Dieu, l’union silencieuse et profonde. Toutes ses formes de prière assumeront d’ailleurs cette caractéristique particulière d’intériorité. C’est ainsi qu’à travers la prière vocale et liturgique, comme à travers l’oraison mentale, l’âme s’acheminera vers Dieu et se disposera à un commerce toujours plus intime avec Lui, jusqu’à ce que Dieu Lui-même, par l’expérience amoureuse et la lumière contemplative, l’introduise dans une oraison plus profonde et capable de la plonger en Lui.
COLLOQUE
«Faites , ô bon Jésus, qu’à toute heure mon âme prenne son vol vers Vous, que ma vie entière soit un acte continuel d’amour. Faites-moi comprendre que l’oeuvre qui ne Vous honore pas est œuvre morte. Faites que ma piété ne soit pas une simple habitude, mais un continuel élan du coeur!
«Bonté suprême, ô mon Jésus, je Vous demande un coeur si épris de Vous que rien ne puisse le distraire. Qu’indifférent à tout ce qui arrive dans le monde, et désireux de Vous seul, j’aime tout ce qui se rapporte à Vous, mais Vous par-dessus tout, ô mon Dieu. Et mon esprit, Seigneur, oh! Mon esprit! Faites que, zélé à Vous chercher il puisse Vous trouver Sagesse Souveraine! (St. Thomas)
O Seigneur, donnez-moi un coeur qui Vous aime, qui Vous cherche sans trêve, qui soupire toujours après Vous et n’a d’autre désir que de s’unir intimement à Vous.
Si ma langue doit se taire ou est employée à d’autres discours, si mon corps et mon esprit sont occupés par le travail, mon coeur est cependant toujours libre de Vous aimer et de tendre vers Vous à chaque instant, en chaque action. De vous donc, Seigneur, j’implore cette grande grâce : puissé-je Vous chercher toujours, dans l’intime de mon âme et m’unir à Vous dans l’affection de mon coeur.
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Dimanche de la Miséricorde
Dimanche de la Miséricorde
RÉCOLTES PASCALES
PRÉSENCE DE DIEU
O Jésus, je viens à Vous comme Thomas; faites que je ne sois pas incrédule mais fidèle.
MÉDITATION dans la Divine Volonté
«Comme des enfants nouvellement nés, désirez ardemment le lait spirituel très pur». Ces paroles nous révèlent la sollicitude maternelle de l’Église pour ses enfants qu’elle a régénérés dans le Christ et surtout pour les nouveau-nés. Mais nous sommes aussi l’objet de cette sollicitude; bien que baptisés dès notre venue au monde, on peut dire qu’a chaque fête de Pâques, en ressuscitant dans le Christ, nous renaissons en Lui à une vie nouvelle. Il nous faut donc être , nous aussi, semblables à des «enfants nouveau-nés», dans lesquels il n’y a ni a ni malice, ni fausseté, ni orgueil, ni présomption, mais qui sont pleins de candeur et de simplicité, de confiance et d’amour. C’est un magnifique rappel à cette enfance spirituelle que Jésus nous a proposée comme condition indispensable pour arriver au salut : «Si vous ne vous convertissez et ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux» (Matth. XVIII,3). Chaque flot de grâce, purifiant et guérissant notre âme du péché et de ses racines, nous fait renaître à une vie nouvelle dans le Christ, vie innocente et pure qui aspire uniquement «au lait spirituel très pur» de la doctrine du Christ, de son amour et de sa grâce. Mais aujourd’hui, l’Église veut orienter, d’une façon toute particulière, nos désirs vers la foi : une foi qui nous fasse adhérer à Jésus pour être instruits par Lui, nourris et guidés vers la vie éternelle. La parole du Maître, «Celui qui croit en Moi, de son sein couleront des fleuves d’eau vive … jaillissant en vie éternelle» (Jean VII,38; IV,14). Approchons de Jésus avec cette foi simple et sincère des enfants et Il nous donnera l’abondance de sa grâce, en gage de vie éternelle.
Dieu est Père, Il ne refuse à aucune âme qui Le cherche d’un coeur sincère ce qu’il lui faut pour soutenir sa foi; mais Il refuse souvent au plus forts ce qu’Il accorde aux plus faibles. Jésus ne nous dit-il pas : «Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru»? Bienheureux ceux qui, pour croire en Dieu, n’ont pas besoin de voir, de toucher, n’ont nul besoin de signes sensibles, mais sont capables d’affirmer, sans réticence : «Scio cui credidi» (11 Thim. 1,12), je ne sais en qui j’ai mis ma confiance et je suis sûr de Lui. Une foi semblable est plus méritoire pour nous puisque se basant uniquement sur la parole de Dieu, elle est entièrement surnaturelle. Elle est plus honorable pour Dieu puisqu’elle Lui fait plein crédit, sans exiger aucune preuve, et qu’elle persévère même au sein de l’obscurité et des événements les plus déconcertants, alors qu’il lui semble que le Ciel est fermé et le Seigneur sourd à ses gémissements.
Une foi aussi forte est certainement le fruit de la grâce divine, mais nous devons nous préparer à la recevoir soit en la demandant dans la prière soit en nous exerçant dans la foi elle-même.
COLLOQUE
Mon Dieu, donnez-moi un coeur pur et simple, sans malice, sans hypocrisie. «O Seigneur, accordez-moi la véritable pureté et la vraie simplicité, dans les regards, les paroles, le coeur, l’intention, les œuvres et dans toutes les manifestations tant intérieures qu’extérieures. Mais je voudrais savoir, Seigneur, ce qui empêche en moi le développement de ces vertus. Je te le dirai ô mon âme, puisque je ne puis le faire comprendre à autrui. Sais-tu ce qui fait obstacle? Le moindre regard qui ne soit pas dirigé vers Dieu, toutes les paroles qui ne sont pas prononcées pour Sa louange ou le réconfort du prochain. Et sais-tu comment tu expulses ces vertus de ton coeur? Tu les bannis chaque fois que tu manques de cette pure intention d’honorer Dieu et d’aider ton prochain; tu les chasses encore lorsque tu veux couvrir et excuser tes fautes, ne songeant pas que Dieu voit tout et qu’Il voit ton coeur. O Seigneur, donnez-moi cette véritable pureté et cette vraie simplicité, car Vous ne pouvez trouver votre repos dans l’âme qui en est privée. (Ste M. Madeleine de Pazzi).
O Seigneur purifiez mon coeur et mes lèvres par le feu de votre charité, afin que je Vous aime et Vous cherche avec la pureté et la simplicité d’un enfant. Mais donnez-moi aussi la foi simple des petits, cette foi sans ombre, sans incertitude, sans raisonnement inutile; une foi droite et pure qui trouve, dans votre parole et votre témoignage, sa satisfaction et son apaisement, sans rien vouloir d’autre.
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
Le «OUI » de Marie est l’exemple parfait à imiter pour recevoir et accueillir Jésus qui désire habiter en nous. « Voici, que ce que tu as dit soit fait en moi », c’est-à-dire « Que ta volonté soit faite en moi ». Le Verbe de Dieu, en réponse à cette réponse, s'est incarné dans le sein de Marie et a partagé avec elle sa nature humaine et divine.
À partir de ce moment, un échange de vie entre la Mère et le Fils, entre le Créateur et la créature, a commencé. La même chose se produit lorsque nous recevons Jésus dans l’Eucharistie ; Il désire se communiquer à nous mais attend la réponse de notre « Amen », c'est-à-dire « je veux, je crois ». Notre « Amen » est lié au « Oui » de Marie et comme en Marie, avec notre « Oui », Jésus descend en nous et se communique avec son Humanité et sa Divinité, vrai Dieu et vrai Homme.
Dieu veut trouver en nous sa Vie Divine, il nous en a fait don par le Saint Baptême, par lequel nous sommes devenus temple du Saint-Esprit (1Corinthiens 6,19). La croissance de la vie eucharistique va de pair avec le cheminement baptismal. Si l’Amen se transforme en vie, Dieu habite en nous nourrissant notre existence de Sa Grâce. Le plan de Dieu est unique, tout comme Il l'a commencé en Marie dès le moment de sa conception, ainsi Il continue à le réaliser dans l'humanité selon Sa Volonté, en respectant toujours notre liberté parce que Dieu nous aime et veut librement nous sauver et nous sanctifier.
(Extrait des méditations de Sœur Assunta Marigliano)
Prodiges de Marie No.1 - Est-ce possible qu'un Dieu puisse aimer autant les créatures ?
MARIE, GUIDE ET MODÈLE
PRÉSENCE DE DIEU
«Je me réfugie sous votre protection ô Marie; soyez le guide et le modèle de ma vie intérieure.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Mois de mai, mois de Marie. Spontanément, tout coeur chrétien se tourne vers sa Mère céleste, avec le désir de vivre dans une plus grande intimité avec elle et de renforcer les doux liens qui le lient à elle. C'est un grand réconfort que de rencontrer, le long de notre chemin spirituel la douce figure d'une maman. Avec elle, tout devient plus facile; le coeur découragé et las, agité par les tempêtes, trouve une force et une espérance nouvelles, et reprend la route avec un nouvel élan.
«Si le vent des tentations se lève - chante Saint Bernard - si vous heurtez les écueils des tribulations, regardez l'étoile, invoquez Marie. Dans les périls, dans les angoisses dans les perplexités, pensez à Marie, invoquez Marie»
Il est des heures où l'âpre voie du «rien» déconcerte notre misère et alors, plus que jamais, nous avons besoin de son soutien, le soutien de notre mère. Avant nous, la Très Sainte Vierge Marie a battu la route étroite qui conduit à la sainteté; avant nous, elle a porté la croix, elle a connu les ascensions de l'esprit à travers la souffrance, Quelquefois nous n'osons peut-être pas fixer le regard sur Jésus, l'Homme-Dieu, qui nous dépasse trop par sa Divinité; mais à côté de Lui, il y a Marie, Sa Mère et la nôtre, créature privilégiée, certes mais créature comme nous et, par conséquent, modèle plus accessible à notre faiblesse.
Marie vient à notre rencontre, en ce mois, pour nous prendre par la main, nous introduire dans le secret de sa vie intérieure, et devenir ainsi le modèle et la norme de la nôtre.
Contempler les grandeurs de Marie, nous stimuler à l'imitation de ses vertus, sera le programme de notre mois de mai. Nous voulons considérer surtout la Vierge comme modèle et idéal des âmes de vie intérieure. Personne n'a compris, comme elle, toute la profondeur de la parole de Jésus: «Une seule chose est nécessaire» et personne n'en a vécu plus qu'elle... La succession des événements et son activité extérieure elle-même, ne l'empèchent pas de persévérer dans cette attitude de prière continuelle, en laquelle nous la représente Saint Luc: «Marie conservait toutes ces choses (les mystères divins) dans son coeur et les méditait.»
Si, à l'imitation de Marie, notre coeur est fortement ancré en Dieu, rien ne pourra le distraire de son occupation intérieure: chercher, aimer le Seigneur et vivre dans son intimité.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«Attirez-moi à votre suite, ô Vierge Marie, afin que je coure à l'odeur de vos parfums. Attirez-moi, car je suis retenu par le poids de mes péchés. Puisque personne ne vient à votre Fils s'il n'est attiré par le Père, j'oserai dire, d'une certaine manière, que personne ne vient à Lui si vous ne l'attirez par vos saintes prières.
Vous enseignez la véritable sagesse, vous implorez la grâce pour les pécheurs, vous êtes leur avocate, vous promettez la gloire à celui qui vous honore, parce que vous êtes la trésorière des grâces. Vous avez trouvé grâce auprès de Dieu, ô très douce Vierge, vous qui avez été préservée de la tache originelle, remplie de l'Esprit Saint et avez conçu le Fils de Dieu. Vous avez reçu toutes ces grâces, ô très humble Marie, non seulement pour vous, mais aussi pour nous, afin que vous nous aidiez en toutes nos nécessités.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LES PRODIGES DE MARIE -
No. 3 - La Puissance du Fiat de Marie
MÈRE DE DIEU
PRÉSENCE DE DIEU
«Sainte Mère de Dieu, faites-moi sentir les palpitations de votre coeur qui a battu l'unisson du coeur de Dieu.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
La maternité divine est la source de tous les privilèges de Marie. Marie est la Fille bien-aimée du Père, préservée de la faute originelle; l'Épouse de l'Esprit Saint, dont la vertu l'a couverte de son ombre, précisément parce qu'elle a été élue pour être la Mère du Verbe incarné. Toutes les grandeurs et les gloires de Marie s'expliquent en vue de sa maternité divine; bien plus, son existence elle-même s'éclaire par la prédestination à cet office si élevé. Si Dieu n'avait arrêté que l'Incarnation de son Fils se ferait dans le sein d'une Vierge, nous n'aurions pas eu ce chef-d'oeuvre de grâce et d'amabilité qu'est la Très Sainte Vierge, nous n'aurions pas eu son sourire, ses caresses maternelles. Nous aimons et honorons donc Marie parce qu'elle est Mère de Dieu, Mère de Jésus et, en l'aimant ainsi par rapport à Dieu, notre dévotion envers elle rend notre amour pour Dieu, pour Jésus, plus profond et plus délicat.
A qui s'étonnerait qu'il soit si peu parlé de Marie dans l'Évangile, Saint Thomas de Villeneuve répond: «Que cherches-tu de plus? N'est-il pas assez sublime de savoir qu'elle et la Mère de Dieu? Il aurait été suffisant qu'on dise: 'de qua natus est Jesus', Jésus naquit d'elle». En effet, ô Marie, pour vous aimer, il me suffit de savoir que vous êtes la Mère de mon Dieu.
Dès le commencement de son existence, elle a vécu dans l'état de parfaite union avec Dieu, et sa note caractéristique se trouve précisément dans la pleine uniformité à la volonté humaine et de la Volonté Divine. C'est pourquoi Marie donne son consentement avec tout l'amour de son âme, elle dit son FIAT ! Elle accepte volontairement et s'abandonne de plein gré à l'action de Dieu. Le mystère s'accomplit immédiatement et la Vierge porte Dieu présent en elle, non seulement spirituellement comme toutes les âmes en état de grâce - mais aussi physiquement.
Mystère immense, merveilleux ! Et au fond de ce mystère, nous trouvons l'adhésion, le «OUI» d'une petite créature humaine. Dieu a créé l'homme libre et c'est pourquoi, tout en désirant opérer en lui de grandes choses, Il ne veut pas le faire sans son consentement. Dieu veut nous transformer par sa grâce, nous sanctifier, mais pour le faire, Il attend notre adhésion. Lorsque ce «OUI» sera plein et total, comme celui de Marie, Dieu accomplira en nous son oeuvre.
COLLOQUE
«Je vous rends grâces, Seigneur Dieu, du plus intime de mon coeur, de ce que Vous avez daigné prendre, par amour pour nous indignes, notre nature humaine et, en naissant de la Vierge, avez voulu être nourri de lait, être recueilli dans son sein et lui être soumis, Vous qui conservez et dirigez tout ce qui existe. Vous avez daigné m'éclairer, moi, misérable, de manière que je sache que Vous avez une Mère et Vous m'accordez, à moi, très indigne, de pouvoir et d'oser la saluer...
Oh ! bienheureux celui qui a la joie de vous avoir comme enfants. Oh! heureux celui qui fait tout ce qu'il peut pour se conformer à vous, Mère de Dieu ! Tel est certainement celui qui, ayant méprisé toute créature, s'attache à Dieu seul, son unique amour et, crucifié avec le Christ, soupire après le salut des âmes.» (St-Bonaventure)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
LES PRODIGES DE MARIE
NOTRE MÈRE
PRÉSENCE DE DIEU
«O Marie, puisque vous êtes vraiment ma Mère, faites que je sois votre véritable enfant, digne de vous.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
1. En consentant à devenir Mère du Fils de Dieu, Marie s'unissait par des liens, non seulement avec la personne, mais aussi avec l'oeuvre de Jésus. Elle savait que le Sauveur viendrait au monde pour racheter le genre humain; c'est pourquoi, en accceptant de devenir sa Mère, elle acceptait également de devenir la plus intime collaboratrice de sa mission. Et effectivement, en se donnant à Jésus, source de la grâce, Marie a collaboré de la manière la plus directe à la diffusion de la grâce dans nos âmes. «Si Jésus fut le Père de nos âmes, - dit Saint Alphonse, - Marie en fut la Mère car, en se donnant à Jésus, elle nous donna la vraie vie, et en offrant ensuite, sur le Calvaire, la vie de son Fils pour notre salut, elle nous engendra à la vie de la Divine grâce».
Si Jésus en est la source, Marie, comme dit Saint Bernard, en est le canal, l'aqueduc qui la conduit vers nous. Puisque Jésus a voulu venir à nous par Marie, c'est par elle aussi que toute la grâce, toute la vie surnaturelle nous parvient. «Telle est la Volonté de Celui qui a établi que nous ayons tout par Marie» (St. Bernard). Tout ce que Jésus nous a mérité au sens propre, en droit, Marie nous l'a mérité secondairement, par mérite de convenance. La Sainte Vierge est donc vraiment notre Mère: en même temps que Jésus, elle nous a engendrés à la vie de la grâce, et nous pouvons la saluer en toute vérité: «Salut, Reine, Mère de miséricorde; notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !»
2. À partir du moment où elle devint la Mère du Sauveur, la Très Sainte Vierge Marie nous aima tant, dit Saint Bernardin de Sienne et elle se consacra tellement à nous procurer le salut que, «dès lors, elle nous porta dans son sein comme une Mère très aimante» Mais, tout comme l'oeuvre rédemptrice de Jésus, commencée au moment de l'Incarnation trouve son point culminant au Calvaire où sa mort nous mérita la grâce, ainsi la maternité de Marie à notre égard devait avoir son achèvement au pied de la Croix. Tandis que Jésus mourait dans les tourments les plus atroces, son Coeur très aimant nous préparait un don exquis entre tous. Ici-bas, Il n'avait rien de plus cher que sa Mère, et cette Mère, Il voulut nous la laisser comme un précieux héritage: «Voilà ta Mère» dit-il à Jean. En la donnant à l'Apôtre qui, en ce moment, représentait toute l'humanité, les paroles de Jésus étaient l'expression de la grande réalité qui s'était effectuée dès le premier instant de son Incarnation dans le sein de la Vierge et trouvait son accomplissement là, au pied de la Croix: la maternité spirituelle de Marie à notre égard. C'est précisément alors, en effet, que Marie, en même temps que Jésus, sauvait nos âmes en offrant pour elles la divine Victime qui était sienne. Par cette offrande, Marie nous a obtenu la vie de la grâce, elle est donc vraiment la femme qui dans l'ordre surnaturel, nous donne la vie; elle est notre Mère.
«Dieu a tellement aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique pour son salut» dit l'Évangéliste, et pareillement, déclare Saint Bonaventure, on peut dire que Marie a tellement aimé le monde qu'elle lui a donné son Fils unique, afin que, par Lui, tous aient la vie éternelle. Voilà à quel prix la Sainte Vierge est devenue notre Mère et nous ses enfants. Nous ayant engendrés à un tel prix, il est bien juste qu'elle désire que nous vivions en vrais enfants, dignes de la vie de la grâce, jaillie de la poitrine déchirée de son Jésus et de son coeur maternel transpercé par le glaive de la douleur.
COLLOQUE
«O bienheureuse confiance, ô refuge assuré, Vous, Mère de Dieu, Vous êtes ma Mère ! Comment pourrais-je ne pas espérer, lorsque mon salut et ma sainteté sont entre les mains de Jésus, mon Frère, et de Marie, ma Mère? (St. Anselme).
«O Marie, Marie, porteuse du feu d'amour, Marie, qui déversez la miséricorde ! Marie, rédemptrice du genre humain car, en revêtant de votre chair le Verbe, le monde fut racheté. Le Christ le racheta par sa Passion et vous par la douleur de votre corps et de votre âme» (Ste. Cath. de Sienne).
«O Marie, vous êtes ce jardins clos, qui renferme Celui qui donne l'être; Dieu Lui-même est renfermé en vous, tout le ciel et toutes les créatures. Le monde entier est sauvé par le sang reçu de vous. Sans vous, ô Marie, il n'y aurait pas de paradis pour moi; sans vous, iln'y aurait pas de Dieu pour moi ...
«O Marie, qu'ils sont nombreux les dons et les grâces dont vous voulez gratifier les créatures ! Et qui ne voudrait les recevoir ? Mais c'est la persévérance à les vouloir qui fait défaut; vous, Mère très aimante, Vous ne concédez pas de dons à vos enfants, lorsque vous voyez qu'ils en tiendraient insuffisamment compte et les gaspilleraient.
«O Marie, vous voulez m'accorder vos dons, mais moi, je m'en prive, parce que je veux mêler mes dons aux vôtres.
«Je voudrais vos grâces, mais en même temps ma volonté propre, et de cette manière, je ne peux les recevoir.
«Je voudrais votre bienveillance, mais aussi l'amour et la bonté particulière des créatures, ce qui ne se peut.
« Je voudrais votre amour et mon amour-propre, mais cette conciliation est impossible.
«Je voudrais habiter sous votre manteau et aussi sous le manteau de mes aises, mais, comme le disait votre Fils, il n'est pas juste qu'il y ait des membres délicats sous un chef couronné d'épines. Et il n'est pas juste non plus que vos enfants recherchent leurs aises sous votre manteau, très douce Mère, qui vous êtes tellement méprisée vous-même.
«O Marie, que pourrais-je vous offrir et vous donner qui vous soit agréable? Si je vous offre ma volonté je crains quelle ne vous plaise pas, parce qu'elle n'est pas conforme a la Volonté de Dieu. Si je vous offre mon intelligence, elle n'est pas éclairée; si c'est mon coeur, il n'est pas pur. Je vous offre le Coeur de votre Fils unique et je ne puis vous offrir de plus grand don» (Ste Marie-Mad. de Pazzi).
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
VIE MARIALE
PRÉSENCE DE DIEU
«O Marie, très douce Mère, je veux vivre avec vous comme l'enfant avec sa maman.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
1. La grande place qu'occupe Marie, en sa qualité de Mère de Dieu, dans l'oeuvre de notre sanctification, justifie pleinement le désir d'une vie d'intimité avec elle. Comme l'enfant reste volontiers auprès de sa mère, ainsi le chrétien tient à vivre avec Marie, et à cette fin se sert de nombreux petits moyens pour garder son souvenir en éveil. Il cherche par exemple, à avoir son image sous les yeux, s'accoutumant à la saluer avec amour toutes les fois qu'il la rencontre. Mais ensuite, par le regard de la foi, il va beaucoup plus loin que l'image, et atteint Marie VIVANTE dans la gloire, elle qui, par la vision béatifique, nous voit, nous suit, connaît tous nos besoins nous aide par son secours maternel; et ainsi au moyen de la foi, l'âme se tient en contact continuel avec Marie. Spontanément, alors, elle multiplie, durant le jour, les petites pratiques de piété en son honneur, les prières, les invocations jaculatoires, et tout cela concourt à intensifier ses rapports avec elle.
Il est impossible, en effet, de contempler la douce figure de Marie, sans se sentir porté à l'aimer, sans ressentir le besoin de lui prouver la réalité de cet amour, en cherchant à lui faire plaisir, c.-à.-d. à vivre comme ses véritables enfants. De cette manière la vie «mariale» ou d'intimité avec Marie, peut pénétrer tout l'ensemble de notre vie «chrétienne» et nous conduire à une plus grande fidélité dans l'accomplissement de tous nos devoirs, car rien ne peut faire davantage plaisir à notre Mère que de nous voir accomplir avec amour la VOLONTÉ de son FIls. D'autre part, la vie chrétienne, vécue de la sorte sous le regard maternel de Marie, acquiert cette douceur qui naît spontanément de la compagnie continuelle d'une Mère très douce nous entourant d'attentions.
2. Un autre aspect de la vie mariale est l'imitation de Marie. Jésus seul est la «voie» qui conduit au Père, Il est l'unique modèle; mais qui ressemble mieux à Jésus que Marie? Qui, plus que Marie, porte en soi les sentiments mêmes du Christ ? «O Notre-Dame, s'exclame Saint Bernard, Dieu demeure en vous et vous en Lui. Vous Le revêtez de la substance de votre chair et Lui vous couvre de la gloire de sa Majesté» En demeurant dans le sein très pur de la Vierge, Jésus l'a revêtu de Lui-même, lui a communiqué ses perfections infinies, a répandu en elle ses sentiments, ses désirs, ses affections, ses divins vouloirs; et Marie, qui s'est abandonnée totalement à son action, a été pleinement transformée en Lui, au point de devenir Sa copie la plus fidèle.
L'Esprit Saint, qui est l'Esprit de Jésus, prend une pleine possession de l'âme très pure et très douce de Marie, Il y a sculpté, de la façon la plus parfaite et délicate, tous les traits, toutes les caractéristiques de l'âme du Christ. Dès lors, on peut bien dire qu'imiter Marie, c'est imiter Jésus. Telle est la raison pour laquelle nous la choisissons comme modèle. En incarnant en Lui-même les perfections du Père, Jésus nous en a rendu l'imitation possible, et Marie, en retraçant en elle les perfections de Jésus, nous les a rendues plus accessibles, les a mises davantage à notre portée. D'autre part, personne ne peut nous dire mieux qu'elle: «Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ» Et puisque Jésus est venu à nous par Marie, il est juste que nous allions par elle à Jésus.
COLLOQUE
«O Mère très douce, vous m'appelez et me dites: Si quelqu'un est petit, qu'il vienne à moi. Les enfants ont toujours sur les lèvres le nom de leur mère, et ils l’appellent à chaque danger, frayeur ou difficulté. O très douce Mère, ô Mère très aimante, vous désirez que pareil au petit enfant, je vous appelle toujours, que j'aie sans cesse recours à vous .... Permettez donc que je vous invoque continuellement et vous dise: O ma Mère, Mère très aimable ! Ce nom me porte à me confier à vous. Ma Mère c'est ainsi que je vous appelle et veux vous appeler toujours.
Après Dieu, vous êtes mon espérance, mon refuge, mon amour en cette vallée de larmes. O ma douce Reine et Mère ravissez les coeurs de vos enfants par l'amour que vous leur témoignez. Ravissez également, je vous en prie, mon pauvre coeur qui désire tellement vous aimer. Vous, ô ma Mère, avez charmé un Dieu par votre beauté, et L'avez fait descendre du ciel dans votre sein. Et moi, je vivrais sans vous aimer ? NON, je n'aurai de repos que si j'ai la certitude d'avoir envers vous, ma Mère, un véritable amour, un amour constant et tendre. Je veux vous aimer ô très douce Mère, mais je crains en même temps, de ne pas bien vous aimer. mais puisque vous m'aimez, rendez-moi semblable à vous; c'est là ce que vous devez faire, ô Marie. Vous avez la puissance de changer les coeurs, prenez donc le mien et transformez-le. Montrez au monde combien est grand votre pouvoir en faveur de ceux que vous aimez ! Sanctifiez-moi et faites que je sois votre digne fils (fille). (St Alphonse).
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
L'HUMILITÉ DE MARIE
PRÉSENCE DE DIEU
«O Marie, la plus humble de toutes les créatures, rendez mon coeur humble.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
1. «Il n'est pas difficile, dit Saint Bernard, d'être humble dans une vie obscure, mais se garder tel au milieu des honneurs est une vertu vraiment rare et belle». La Très Sainte Vierge Marie fut certainement la femme la plus honorée par Dieu, la plus élevée au-dessus de toutes les créatures, et cependant, aucune créature ne s'abaissa et ne s'humilia autant qu'elle. Il semble presque qu'entre Marie et Dieu se soit établi une rivalité: plus Dieu l'élève, plus elle s'abaisse dans son humilité. L'Ange la salue «pleine de grâce», et Marie «se trouble». Elle se troubla - explique Saint Alphonse - car étant pleine d'humilité, elle avait horreur de toute louange à son adresse et désirait que Dieu seul fut loué»
Et Saint Bernardin s'exclame avec raison: «De même qu'aucune créature, après le Fils de Dieu, n'a été élevée en dignité et grâce à l'égal de Marie, ainsi n'en est-il aucune qui soit descendue aussi bas dans l'abîme de son humilité». Tel est l'effet que doivent produire les grâces et les faveurs divines: nous rendre toujours plus humbles, plus conscients de notre néant.
2. «Si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux» La virginité, par conséquent, sera récompensée: l'humilité, exigée. On peut se sauver sans la virginité, mais non sans l'humilité. Et la virginité même de Marie n'aurait pas été agréable à Dieu sans l'humilité. Marie plut à Dieu, certes, par sa virginité mais elle devint mère par son humilité.
Plus est élevée la place que nous occupons dans la vigne du Seigneur, plus est haute la vie de perfection que nous menons, plus est importante la mission que Dieu nous a confiée, et plus aussi nous avons besoin d'enfoncer bien bas les racines de l'humilité. La Maternité de Marie a été le fruit de son humilité de même, la fécondité de notre vie intérieure, de notre apostolat, dépendra de l'humilité et lui sera toujours proportionnée. Il n'y a que Dieu, en effet, qui puisse accomplir en nous et par nous de grandes choses mais Il ne le fera que s'Il nous trouve absolument humbles. Seule l'humilité est le terrain fertile et propre à faire fructifier les dons du Seigneur et, d'autre part, c'est toujours l'humilité qui nous attire les grâces et les faveurs divines. «Il n'y a pas de reine, dit Sainte Thérèse de Jésus, qui oblige le Roi du ciel à se rendre, comme l'humilité. C'est elle qui L'a fait descendre du ciel dans le sein de la Vierge.»
INTIMITÉ DIVINE
«O Mère très humble, accordez-moi l'humilité, afin que le Seigneur daigne tourner ses yeux vers moi. Il n'est rien en mon âme qui puisse L'attirer, rien de sublime, rien qui soit digne de sa complaisance, rien de vraiment bon et vertueux, et s'il s'y trouve quelque bien, il est tellement mélangé de misères, il est si faible et déficient qu'il ne mérite même pas ce nom. Qu'est-ce qui pourra donc attirer votre grâce sur ma pauvre âme, ô Seigneur? «Où dirigerez-Vous votre regard, sinon vers celui qui est humble et dont le coeur est contrit». O Seigneur, faites donc que je sois celui-là (celle-là); rendez-moi humble, par les mérites de votre très humble Mère.
«O Marie, si vous n'aviez pas été humble, l'Esprit Saint ne serait pas descendu sur vous et vous ne seriez pas devenue mère...» (St-Bernard). De même, si je ne suis humble, le Seigneur ne m'accordera pas sa grâce, L'Esprit Saint ne descendra pas sur moi et ma vie demeurera stérile. Faites donc, ô Vierge sainte, que votre humilité, si agréable à Dieu, m'obtienne le pardon de mon orgueil et un coeur vraiment humble.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
L'ESPÉRANCE DE MARIE
PRÉSENCE DE DIEU
«O Marie, Mère de la bonne espérance, enseignez-moi la voie de la pleine confiance en Dieu»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
1. Dans le Magnificat - ce cantique jailli du coeur de Marie, lors de sa rencontre avec sa cousine Élisabeth - nous trouvons une expression particulièrement révélatrice de l'attitude intérieure de la Vierge: «Mon âme glorifie le Seigneur.... car Il a regardé la bassesse de sa servante». Au moment où Marie les prononçait, ces mots révélaient les «grandes choses» que Dieu avait opérées en elle; mais, considérés dans le cadre de sa vie, ils expriment le mouvement constant de son coeur qui, pleinement conscient de son néant, savait se lancer en Dieu avec l'espérance la plus entière en son secours. Personne n'eut, plus que Marie, la science concrète et la pratique de son propre néant; elle savait que tout son être, tant naturel que surnaturel, retomberait irrévocablement dans le néant si Dieu ne la soutenait instant par instant. Elle savait que tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle avait, ne lui appartenait nullement mais venait de Dieu, était un pur fruit de sa libéralité. La grande mission, les privilèges merveilleux reçus du Très-Haut, ne l'empêchaient pas du tout de voir et de sentir sa «bassesse». Mais, loin de la déconcerter et de la décourager - comme il nous arrive souvent lorsque nous constatons notre nullité et notre misère - cela qui servait de point d'appui pour se lancer en Dieu dans un élan d'espérance. Et même, plus elle avait conscience de son néant et de son impuissance, plus son âme s'élevait dans l'Espérance. Voilà pourquoi, telle une vrai pauvre en esprit, elle ne se fiait pas en ses propres ressources, capacités, mérites, mais mettait en Dieu seul toute sa confiance. Et Dieu, qui «renvoie les riches les mains vides, et comble de biens les affamés» a rassasié sa «faim» et exaucé ses espérances, non seulement en remplissant de ses dons, mais en se donnant à elle dans toute sa plénitude.
2. Nous espérons en Dieu, nous aussi, mais notre espérance n'est pas absolue comme celle de Marie. C'est la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à être totalement sûrs du secours divin, et sentons toujours le besoin de recourir à de petits expédients personnels pour nous procurer quelque sécurité, quelque appui humain. Mais, comme tout ce qui est humain est instable et incertain, il est normal qu'en y basant nos espérances, nous demeurions toujours agités et inquiets. La Vierge, dans son espérance silencieuse, nous montre l'unique voie de la véritable sécurité, de la sérénité et de la paix intérieure, même au milieu des situations les plus difficiles: celle de la confiance totale en Dieu. Non, Dieu ne trompera jamais notre espérance, ainsi trouvera-t-il toujours moyen d'aider et de soutenir une âme qui s'est totalement confiée en Lui.
INTIMITÉ DIVINE
«O ma mère et mon espérance, ne m'abandonnez pas ! La piété que vous avez pour les misérables, et votre pouvoir auprès de Dieu, dépassent le nombre et la malice de toutes mes fautes. Que tous m'oublient mais vous, Mère du Dieu tout-puissant, ne m'oubliez pas. Dites à Dieu que je suis votre enfant et que vous me protégez, et je serai sauvé.
«Pour m'aider, ô Mère. ne cherchez en moi ni vertu, ni mérite; je vous en prie, ne voyez que la confiance que j'ai mise en vous et ma volonté d'être meilleur. Voyez ce que Jésus a fait et souffert pour moi. Je vous offre (dans la Divine Volonté) toutes les souffrances de sa vie: le froid qu'Il endura dans l'étable, son voyage en Égypte, son Sang répandu, sa pauvreté, ses sueurs, ses tristesses, la mort qu'Il supporta par amour pour moi et votre présence; et vous, par amour pour Jésus, venez à mon secours. O ma Mère, je me confie en vous; c'est en cette espérance que je veux vivre et mourir, en répétant toujours: mon unique espérance est Jésus, et après Jésus, Marie (St. Alphonse)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
MÉDITATION
Dimanche de la Pentecôte
LA DESCENTE DU SAINT-ESPRIT
PRÉSENCE DE DIEU
Venez, Esprit Saint, remplissez mon coeur, allumez-y le feu de votre amour.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ AVEC MAMAN MARIE
1. La Pentecôte est la plénitude du don de Dieu aux hommes. Le Jour de Noël, Dieu nous donne son Fils Unique, le Christ Jésus, le Médiateur, le Pont qui unit l’humanité à la divinité. Pendant la Semaine Sainte, Jésus, par sa Passion se donne tout entier pour nous jusqu’à la mort de la Croix. Il nous lave, nous purifie, nous sanctifie avec son Sang. À Pâques, le Christ ressuscite et sa Résurrection, comme aussi son Ascension au ciel, est le gage de la nôtre; Il nous précède dans la maison du Père pour nous y préparer une place, car nous sommes entrés, en Lui et par Lui, pour faire partie de la FAMILLE DIVINE, nous sommes devenus enfants de Dieu, destinés à la béatitude éternelle.
Mais le don de Dieu aux hommes ne s’arrête pas là et, monté au ciel, Jésus, en même temps que le Père, nous envoie son Esprit, l’Esprit Saint. Le Père et le Saint-Esprit, nous ont aimés au point de nous donner le Verbe par l’Incarnation; le Père et le Verbe nous ont aimés jusqu’à nous donner le Saint-Esprit. C’est toute la Trinité qui se donne à l’homme, qui se penche sur ce pauvre néant pour le racheter du péché, le sanctifier, l’introduire dans son intimité.
Telle est l’excessive charité avec laquelle Dieu nous a aimés, et le don divin à nos âmes trouve justement son point culminant dans le don de l’Esprit. L’Esprit Saint, lien et gage de l’amour mutuel du Père et du Fils, qui reçoit, scelle et couronne leur donation réciproque, est donné à nos âmes, par les mérites infinis de Jésus. Par sa descente sur les Apôtres sous forme de langues de feu, nous est donné précisément pour nous transformer par sa charité, et, ainsi sanctifiés, nous conduire à Dieu.
2. Le don de l’Esprit Saint n’est pas un don passager mais permanent; en effet, pour l’âme qui vit dans la charité, Il est le doux hôte qui habite en elle «Si quelqu’un M’aime, dit Jésus, nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure.» Toutefois, cette inhabitation de la Trinité, et dès lors de l’Esprit Saint, dans l’âme en état de grâce, est un don qui peut et veut croître, une donation continuelle. La première donation a été réalisée en nous au jour de notre baptême; elle a été renouvelée ensuite, confirmée d’une façon toute spéciale par la Confirmation … le sacrement qui est un peu la Pentecôte de chaque âme chrétienne … et puis, progressivement, à chaque augmentation de charité, ce don se renouvelle et l’Esprit Saint, en même temps que le Père et le Fils, se donne à l’âme d’une manière plus totale, plus profonde, plus envahissante.
L’Évangile de la fête nous parle fort à propos de la charité qui est, tout à la fois, condition et conséquence de l’inhabitation de l’Esprit Saint dans nos âmes. Condition, car selon les paroles de Jésus Lui-même, les Personnes divines font uniquement leur demeure dans l’âme qui aime; conséquence, puisque «l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.» (Rom. V, 5).
L’amour divin nous a entièrement devancées au saint Baptême, c’est-à-dire que sans aucun mérite de notre part, mais uniquement par les mérites de Jésus, l’Esprit Saint nous a été donné et qu’Il a répandu en nous la charité. Par la suite, chaque fois qu’en correspondant aux invitations divines, nous faisons de généreux actes de charité, Il renouvelle sa visite invisible à notre âme, en y répandant toujours une grâce nouvelle et une nouvelle charité. Notre vie surnaturelle se développe ainsi sous l’action du Saint Esprit, elle es toute prise dans le courant vivifiant et transformant de son amour.
Nous comprenons de cette manière comme la fête de la Pentecôte peut et doit représenter une nouvelle effusion du Saint-Esprit dans notre âme, une visite nouvelle par laquelle Il nous remplit de ses dons :
«Veni, Creator Spiritus … mentes tuorum visita, imple superna gratia … quae tu creasti pectore»
COLLOQUE
« O Esprit Saint, Amour substantiel du Père et du Fils, Amour incréé qui habitez dans les âmes justes, survenez en moi comme une nouvelle Pentecôte en m’apportant l’abondance de vos dons, de vos fruits, de votre grâce, et unissez à moi ce très doux Époux de mon âme.
«Je me consacre entièrement à Vous; envahissez-moi, prenez-moi, possédez-moi tout entière. Soyez la lumière pénétrante qui illumine mon intelligence, la motion suave qui attire et dirige MA VOLONTÉ, l’énergie surnaturelle qui fait agir mon corps. Achevez en moi votre œuvre de sanctification d’amour. Rendez-moi pure, transparente, simple, vraie, libre, paisible, douce, calme, sereine, même dans la souffrance, brûlante de charité envers Dieu et le prochain.
«Allumez en moi le feu de votre amour et la flamme de l’éternelle charité. Multipliez en moi ces saints transports d’amour qui me porteront rapidement à l’union transformante.
«Soumettez complètement à la VOLONTÉ DIVINE non seulement ma volonté, mais toutes mes facultés et mes sens, afin que je ne sois plus dominée en rien par mon amour-propre, mais uniquement par vote divine motion, et que tout soit accompli par amour, dans l’amour, de manière qu’en travaillant je fasse tout par amour et qu’en souffrant, je supporte tout par amour. Faites que le surnaturel devienne l’atmosphère «naturelle» où se meuve mon âme.
Rendez-moi docile, et toujours prête à suivre vos inspirations. Que je n’en néglige pas une seule et vous sois une petite épouse fidèle. Rendez-moi toujours plus recueillie, plus silencieuse, plus soumise à votre action divine, plus apte à recevoir vos touches délicates. Attirez-moi dans l’intime de mon coeur où Vous résidez, ô doux Hôte divin, et enseignez-moi à «veiller continuellement dans la prière.»
«Venez, ô Esprit vivifiant, sur cette pauvre humanité, et renouvelez la face de la terre, présidez aux nouvelles organisations, donnez-nous votre paix, cette paix que le monde ne peut donner. Aidez votre Église, donnez-lui de saints prêtres, de fervents apôtres. Ménagez de suaves sollicitations aux âmes qui sont bonnes, un doux tourment aux âmes pécheresses, un rafraîchissement consolant aux âmes souffrantes, la force et le secours à celles qui sont tentées, la lumière à celles qui sont dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.» (Sr. Carmela du Saint-Esprit, carmélite déchaussée)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.p. 738)
(Méditation: Esprit Saint)
MÉDITATION
ESPRIT SAINT
LE DOUX HÔTE DE L’ÂME
L’Esprit Saint exerce son influence non seulement dans le Corps de l’Église, mais aussi dans chaque âme où Il habite comme «DOUX HÔTE» . Il est en nous pour envahir nos âmes, les sanctifier, les former à l’image du Christ, et nous pousser à prolonger sa mission rédemptrice; Il est cet ÉLAN D’AMOUR qui nous sollicite à accomplir la SAINTE VOLONTÉ DE DIEU qui nous oriente vers la glorification de la Très Sainte Trinité, qui nous porte en Dieu.
Mais si L’Esprit Saint est un ÉLAN D’AMOUR qui vient en nous pour nous sanctifier, nous porter en Dieu, comment se fait-il que nous ne devenions pas tous saints? Voilà un mystère qui met en évidence notre redoutable responsabilité.
L’Esprit Saint, en même temps que le Père et le Fils, nous a créés libres et Il nous veut tels; c’est pourquoi, en venant en nous, Il respecte notre liberté et ne la violente pas. Tout en désirant entrer dans notre âme et l’envahir, Il ne le fait que si nous Lui donnons libre accès. C’est le cas de rappeler le grand principe sur lequel SAINTE THÉRÈSE DE JÉSUS aimait tant insister : «Dieu ne force personne; Il prend ce que nous Lui donnons. Mais il ne se donne pas complètement tant que nous ne nous sommes pas donnés à Lui d’une manière absolue.» Si nous ne nous sanctifions pas, ce n’est pas parce que le Saint Esprit ne le veut pas … Lui qui nous est envoyé et vient en nous précisément à cette fin … mais parce que nous ne donnons pas pleine liberté à son action.
Voici le point où nous sommes en défaut : Nous n’usons pas de notre liberté pour ouvrir entièrement notre âme à sa puissante et amoureuse invasion. Mais si notre VOLONTÉ Lui ouvrait complètement les portes, L’Esprit Saint nous prendrait sous sa direction et, par lui, nous deviendrions saints.
«O ESPRIT SAINT, qui daignez habiter en moi,
aidez-moi à m’ouvrir totalement à votre action.
«O DIVIN ESPRIT, je me donne tout entier à Vous. Prenez possession de mon âme, guidez-moi en tout, et faites que je vive comme un véritable enfant de Dieu, comme un membre non dégénéré de Jésus-Christ et comme une chose qui, née de Vous, vous appartient totalement et doit être entièrement possédée, animée et conduite par Vous.» (St-Jean Eudes).
«O ESPRIT SAINT, âme de mon âme, je Vous adore. Éclairez-moi, guidez-moi, consolez-moi, dites-moi ce que je dois faire, donnez-moi vos ordres. Je vous promets de me soumettre a tout ce que Vous désirez de moi et d’accepter tout ce que Vous permettrez qui m’arrive.» (Card. Mercier).
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.p. 735)
M É D I T A T I O N
L’ACTION DE L’ESPRIT SAINT
PRÉSENCE DE DIEU
O Esprit Saint, révélez-moi votre action dans mon âme, enseignez-moi à la reconnaître et à la seconder.
MÉDITATION
1. De même que l’Esprit Saint demeurant dans la très sainte Âme de Jésus pour la porter en Dieu, ainsi demeure-t’il également dans nos âmes. Mais, tandis qu’en Jésus Il trouvait une VOLONTÉ pleinement docile qu’Il pouvait maîtriser sans restriction, Il trouve souvent en nous une VOLONTÉ REVÊCHE qui Lui oppose de la résistance; Il s’arrête donc, parce qu’il ne veut pas violenter notre liberté. Esprit d’Amour, Il attend que nous correspondions par amour à son œuvre, que nous ouvrions notre âme, librement, amoureusement, à son action sanctificatrice. Pour nous sanctifier, nous devons donc collaborer à l’oeuvre de l’Esprit Saint mais, puisqu’il est impossible de collaborer efficacement si nous ne savons pas comment agit le promoteur de l’oeuvre à accomplir, il est donc URGENT d’apprendre comment travaille en nous le divin Paraclet, promoteur de notre sanctification.
Il est important de savoir que l’Esprit Saint travaille TOUJOURS dans nos âmes, même aux premières étapes de la vie spirituelle, ou plutôt, dès son début, bien qu’Il le fasse alors d’une façon plus cachée et, par conséquent, moins connue. Mais son action, très précieuse, n’en existe pas moins; elle consiste surtout à préparer et seconder nos initiatives pour l’acquisition de la perfection. Sa première œuvre en nous, est de nous élever à l’état surnaturel en nous communiquant la grâce, sans laquelle nous ne pourrions rien faire pour arriver à la sainteté. La grâce nous vient de Dieu, toute la Sainte Trinité nous la donne. La création en est particulièrement attribuée eu Père; le Fils, par son Incarnation, sa passion et sa mort, nous l’a méritée, et l’Esprit Saint la répand dans nos âmes. C’est à Lui, en effet, l’Esprit d’Amour, que l’oeuvre de notre sanctification est attribuée d’une manière toute spéciale.
Lorsque nous avons reçu le Baptême, nous avons été justifiés «au nom du Père et du Fils et du Sainte-Esprit»; toutefois, la Sainte Écriture attribue particulièrement cette œuvre de régénération et de filiation divine au Saint-Esprit»; Jésus lui-même nous a fait voir, dans le Baptême, une renaissance «par l’Esprit Saint» (Jean III,5), et Saint Paul affirme : «tous, nous avons été baptisés dans un seul Esprit» et sommes enfants de Dieu (cfr. I Cor. XII, 13; Rom. VIII 16). C’est donc l’Esprit Saint qui a préparé et disposé nos âmes à la vie surnaturelle en répandant en nous la grâce.
2. En outre, pour nous rendre capables d’accomplir des actions surnaturelles, l’Esprit Saint, en venant dans notre âme, en a renforcé les puissances … INTELLIGENCE et VOLONTÉ … par les vertus infuses. Avant tout, il répand en nous la charité et, en même temps, les autres vertus théologales : foi et espérance; Il nous confère également les vertus morales. De cette sorte, nous devenons capables, par son intervention, de poser des actes surnaturels. Mais là ne se limite pas l’action du Saint Esprit : comme un bon maître, Il continue à nous assister dans notre travail, nous sollicitant au bien et soutenant nos efforts. Avant tout, Il nous invite au bien par ses inspirations intérieures, et aussi par des moyens extérieurs, particulièrement la Sainte Écriture et le magistère de l’Église. La Sainte Écriture est la parole de Dieu, écrite par les hommes, sous la motion de l’Esprit Saint. C’est donc le divin Paraclet qui nous parle dans la Sainte Écriture, en éclairant notre esprit de sa lumière, en poussant notre VOLONTÉ par son Impulsion; c’est pourquoi, méditer les textes sacrés, c’est un peu comme «aller à l’école» de l’Esprit Saint.
En outre, l’Esprit Saint continue à nous instruire et à nous stimuler au bien par la parole vivante de l’Église, puisque tous ceux qui exposent aux fidèles la doctrine sacrée, étant mandatés, se trouvent sous son influence. Si nous écoutons les inspirations du Saint-Esprit, si nous nous décidons à répondre à ses invitations, Il se joint à nous et nous aide par la grâce actuelle, afin que nous puissions mener à bon terme l’action vertueuse.
COLLOQUE (INTIMITÉ DIVINE AVEC DIEU)
«O Esprit Saint, Hôte divin de nos âmes, Vous êtes le plus noble et le plus digne de tous les hôtes! Avec l’agilité de votre bonté et de votre amour pour nous, Vous Vous rendez rapidement auprès de toutes les âmes disposées à Vous recevoir. Et qui pourrait dire les effets merveilleux que Vous produisez là où Vous êtes reçu? Vous parlez sans rien dire et votre sublime silence est compris partout. Vous êtes toujours immobile et toujours en mouvement, et dans votre mobile immobilité, Vous Vous communiquez à tous. Vous êtes toujours en repos et cependant Vous travaillez toujours, et dans votre repos, Vous opérez les oeuvres les plus grandes, les plus dignes, les plus admirables. Vous êtes toujours en route sans jamais changer de place et partout Vous pénétrez, affermissez, conservez et, en même temps , détruisez tout. Votre immense science si pénétrante connaît tout, comprend tout, pénètre tout. Sans rien écouter, Vous entendez la parole la plus minime dites dans le plus secret des coeurs. (Ste. M. Mad. De Pazzi)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.p. 742)
RÉSOLUTION ÉNERGIQUE
PRÉSENCE DE DIEU
«Rendez-moi persévérant à Vous chercher et à Vous servir, Seigneur, malgré toutes les difficultés que je pourrai rencontrer.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Sainte Thérèse de Jésus enseigne que celui qui veut s’adonner avec fruit à l’oraison, «doit prendre la résolution ferme et énergique de ne jamais s’arrêter» dans le chemin entrepris. Il s’agit donc de s’adresser à l’oraison, non seulement pendant un certain laps de temps, mais toujours, tous les jours, toute la vie, sans se laisser dissuader par n’importe quelle raison…. Qu’on tende toujours vers le but. Et ce but, rappelons-le, c’est L’EAU VIVE promise par Jésus à ceux qui ont sincèrement soif de Lui et de son Amouor.
Sans une résolution forte et énergique, l’âme trouvera trop souvent des motifs plus ou moins plausibles pour négliger l’oraison. D’un côté, l’aridité qu’elle éprouve pourra lui faire penser qu’il y a perte de temps à se livrer à un exercice dont il lui semble ne retirer aucun fruit, et qu’il vaut donc mieux consacrer son temps aux œuvres. Facilement aussi, les occupations nombreuses dont elle est souvent surchargée, sembleront légitimer davantage encore cette opinion. D’autres fois, le sentiment de sa misère – surtout en considération de son manque de fidélité à la grâce – lui fera penser qu’elle est indigne de l’intimité divine et qu’il est donc inutile, pour elle, de persister dans l’oraison. Mais il est évident que tous ces prétextes sont des suggestions de l’ennemi qui, tantôt sous l’aspect de zèle pour les œuvres extérieures, tantôt sous celui d’une fausse humilité ou de la perte de temps, fait tout ce qu’il peut pour arracher une âme à l’oraison. Aucune tentation, déclare la Sainte, «n’est pas funeste» que celle-là, parce que «le préjudice que le démon nous cause de cette manière, est très grand». C’est pourquoi elle insiste :
«Celui qui a commencé à faire l’oraison mentale, ne doit jamais l’abandonner, malgré les fautes dans lesquelles il tombe. L’oraison est le moyen qui lui servira à se relever. Sans elle, ce serait beaucoup plus difficile. Et qu’il ne se laisse pas séduire par le démon sous prétexte d’humilité».
Même si l’âme était tombée dans l’aridité par sa propre faute, qu’elle ne néglige pas l’oraison, mais persévère nonobstant la violence qu’elle devra se faire et les vives répugnances qu’il lui faudra vaincre.
«Si elle tient bon, malgré les tentations, les fautes et les chutes de toutes sortes où le démon voudrait la faire tomber, je suis persuadée, dit Sainte Thérèse, que le Seigneur la conduira enfin au port du salut».
Accepte le tourment de devoir passer le temps de l’oraison dans une aridité complète et, de plus, avec la peine de le sentir si dissemblable et tellement indigne de Dieu en la présence de qui tu te trouves; accepte les reproches de ta conscience à cause de tes infidélités, et offre tout au Seigneur en expiation des manquements commis, ainsi que pour obtenir la grâce de t’amender. Ne te fatigue pas de répéter, d’un coeur sincère, la prière du publicain : «Seigneur ayez pitié de moi pécheur!» Et Dieu, qui aime tant celui qui reconnaît humblement sa misère, ne manquera pas de venir à ton secours. Mais il faut savoir attendre patiemment l’heure qu’Il a fixée.
Sainte Thérèse de Jésus a passé environ dix-huit ans dans une aridité pareille.
«Bien des jours, dit la Sainte elle-même, j’aurais volontiers subi la plus dure pénitence plutôt que de me recueillir et de faire oraison. J’avais besoin de toute mon énergie pour me vaincre, tant était forte la tentation du démon de m’éloigner de l’oraison». Mais, conclut-elle, «le Seigneur intervint enfin et m’aida Lui-même»; c'était la récompense de sa fidélité.»
La Sainte a, dès lors, toute l’autorité issue de l’expérience, pour recommander avec insistance de n’abandonner jamais l’oraison, pour aucun motif…
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«O Seigneur, je le sais, pour que l’amour soit vrai et l’amitié durable, il faut que règne, ente les deux amis, la parité des conditions. Je sais aussi que Vous ne pouvez avoir aucun défaut; notre nature au contraire, est sensuelle et ingrate … Et cependant, bien que Vous soyez si différent de moi j’ai tout de même l’audace de m’entretenir avec Vous dans l’oraison qui est, à mon avis, un commerce intime d’amitié.
«O Bonté infinie de mon Dieu! Comme je sens cette diversité si marquée : je vois qui Vous êtes et je vois en même temps, qui je suis. Lorsque je Vous sens si différent de moi, ô délices des Anges, je voudrais me consumer tout entière à Vous aimer! Oh! Qu’il est bien vrai que Vous supportez la présence de ceux qui se fatiguent à rester en votre compagnie! Vraiment, ô mon Seigneur, Vous Vous comportez avec eux en ami généreux; Vous leur prodiguez vos faveurs, les supportez et, fermant les yeux sur leur condition, Vous attendez avec patience qu’ils se conforment à Vous. Vous tenez compte des quelques instants qu’ils consacrent à Vous aimer et, à la première lueur de repentir, Vous oubliez toutes leurs offenses.
«Je le sais par expérience personnelle, et je ne comprends pas, ô mon Créateur, pourquoi tout le monde ne se jette pas à vos pieds pour nouer avec Vous cette particulière amitié. Même les méchants deviendraient bons, ô Seigneur, s’ils s’approchaient de Vous. …
«O Seigneur, je Vous en supplie, accordez-moi donc aussi cette sainte audace de persévérer dans l’oraison, malgré les difficultés intérieures et externes, les aridités, les impuissances, mon manque de correspondance à votre grâce …. Vous apporterez le remède à tous mes maux.»
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
L’ARIDITÉ
PRÉSENCE DE DIEU
«O Seigneur, aidez-moi à Vous être fidèle, afin que l’esprit d’oraison ne s’éteigne pas en moi par ma faute.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Au début d’une vie spirituelle plus intense, l’âme jouit habituellement d’une ferveur sensible qui lui rend les exercices spirituels faciles et savoureux. Les bonnes pensées, les sentiments d’amour, les élans du coeur jaillissent spontanément. Se recueillir, seule à seul avec Dieu dans l’oraison, est une joie pour elle; le temps qu’elle y emploie, passe rapidement et il n’est pas rare que la présence de Dieu lui devienne presque sensible… Mais, d’ordinaire, cet état ne dure pas longtemps et, à un certain moment, l’âme se voit privée de tout réconfort sensible. Cette suppression de la dévotion sensible constitue précisément l’état d’aridité qui peut dépendre de diverses causes.
Quelquefois, il est une conséquence de l’infidélité de l’âme qui, peu à peu, s’est relâchée, s’accordant beaucoup de petites satisfactions – passe-temps, ou curiosités, égoïsme ou amour-propre – auxquelles elle avait déjà renoncé. Si les âmes savaient de quels biens elle se privent par une conduite pareille, elles seraient prêtes à n’importe quel sacrifice plutôt que de se laisser aller à ces faiblesses!
... Une âme fidèle, retombée dans la médiocrité, ne peut protester au Seigneur, dans l’oraison, qu’elle L’aime et veut avancer dans son amour, moins encore peut-elle goûter la joie d’être consciente d’aimer vraiment son Dieu. Voici donc, inévitablement, qu’elle tombe dans l’aridité En cet état, l’unique remède est de revenir à la ferveur primitive. Il lui en coûtera beaucoup, certes, mais loin de se décourager, qu’elle s’y mette incessamment. D’ailleurs, le Seigneur n’aime-t-il pas à pardonner?
D’autres fois, au contraire, l’aridité provient de causes physiques ou morales absolument indépendantes de nous-mêmes. Indispositions, malaises, fatigue, oppression causée par des préoccupations douloureuses ou un travail excessif; autant de causes qui peuvent faire disparaître tout sentiment de réconfort spirituel et cela, souvent, sans qu’il soit possible d’y remédier. Il sagit alors d’une épreuve qui peut même se prolonger, mais dans laquelle nous pouvons voir à bon droit la main de Dieu qui dispose tout pour notre bien, et ne peut manquer de nous accorder la grâce nécessaire pour tirer profit de notre souffrance. Bien que n’éprouvant plus aucune consolation, ni aucun attrait pour l’oraison, l’âme s’y applique par devoir, tout en cherchant à remédier à son incapacité.
Si quelqu’un ne peut faire l’oraison mentale (Oraison de recueillement), enseigne Sainte Thérèse de Jésus, qu’il se livre à la prière vocale, (La prière vocale) à la lecture (La lecture méditée), aux colloques avec Dieu (La méditation), mais qu’il ne laisse jamais de consacrer à l’oraison le temps fixé…
Il faut se rappeler que la substance de l’amour ne consiste pas à sentir, mais à vouloir à tout prix faire plaisir à la personne aimée. Et celui qui, pour faire plaisir à Dieu, persévère dans l’oraison tout en n’y trouvant aucune consolation, mais plutôt de la répugnance, Lui donne une belle preuve de véritable amour. Le progrès dans la vie spirituelle ne se mesure pas d’après la consolation que l’âme éprouve, car celle-ci n’est nullement requise, vu que la vraie dévotion consiste uniquement dans la promptitude de la volonté au service de Dieu….
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«O Seigneur Jésus, ne détournez pas de moi votre face … Je confesse que j’ai péché; mais il est certain que votre miséricorde surpasse toutes mes offenses!
«Pleure, mon âme, plains-toi, misérable, et gémis parce que tu as renvoyé ton époux, Jésus-Christ. Seigneur tout-puissant, ayez pitié de moi, afin que je ne tombe pas dans le désespoir. J’attends beaucoup de votre bonté, ô Seigneur, puisque c’est Vous-même qui nous enseignez à demander, à chercher, à frapper et que, instruit par vos paroles, je demande, cherche et frappe. O Seigneur, Vous qui ordonnez de demander, faites que je reçoive; Vous qui conseillez de chercher, donnez-moi de trouver; Vous qui apprenez à frapper à la porte, ouvez à celui qui frappe! Raffermissez l’infirme que je suis; rétablissez-moi parce que je suis égaré, et ressuscitez-moi puisque je suis mort. Daignez diriger et gouverner selon votre bon plaisir mes sens, mes pensées et mes actes, afin que je vive par Vous et me donne à Vous tout entier.» (St. Augustin)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle. p. 601)
LE BON PASTEUR
PRÉSENCE DE DIEU
«Je viens à Vous, ô Jésus, mon bon Pasteur, conduisez-moi aux pâturage de la vie éternelle»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Jésus est le bon Pasteur par excellence : non seulement Il aime, nourrit, garde ses brebis, mais Il leur donne la vie au prix de la sienne. Par le mystère de l’Incarnation, le Fils de Dieu vient sur terre pour chercher les hommes qui, semblables à des brebis errantes, se sont éloignés de la bergerie et égarés dans les vallées ténébreuses du péché. Il vient en pasteur très aimant qui, pour mieux secourir son troupeau, ne craint pas de partager son sort.
«Il est ressuscité, le bon Pasteur, qui donna sa vie pour ses brebis et daigna mourir pour son troupeau»
Comment pourrait-on mieux synthétiser toute l’oeuvre de la Rédemption? Celle-ci apparaît encore plus grandiose lorsque nous entendons dire de la bouche même de Jésus :
«Je suis venu pour que les brebis aient la vie et qu’elles soient dans l’abondance» (Jean X,10)
En vérité, Il pourrait répéter à chacun de nous :
«Qu’aurais-je pu faire de plus pour toi que Je n’aie fait?»
Oh! Si nous pouvions nous donner à Lui avec une générosité égale à la Sienne, lorsqu’Il s’est donné à nous!
Une étroite relation de connaissance amoureuse s’établit donc entre le bon Pasteur et ses brebis; elle est si intime que le Pasteur connaît ses brebis une à une et les appelle par leur nom, et elles reconnaissent sa voix et Le suivent docilement. Chaque âme peut se dire :
«Jésus me connaît et m’aime, non d’une façon générale et abstraite, mais dans l’aspect concret de mes nécessités, de mes désirs, de ma vie; et pour Lui, me connaître et m’aimer, cela signifie me faire du bien, m’entourer toujours davantage de sa grâce, me sanctifier. C’est parce que Jésus m’aime qu’Il m’appelle par mon nom. Il le fait pendant l’oraison, en m’ouvrant de nouveaux horizons de vie spirituelle, ou en me montrant plus clairement mes défauts, ma misère; Il m’appelle quand Il me réprimande ou me purifie par l’aridité, et aussi quand Il me console et m’encourage en répandant en moi une ferveur nouvelle; Il m’appelle lorsqu’il me demande des sacrifices ou m’accorde des joies et, plus encore quand Il éveille en mon âme un plus profond amour. Je dois répondre à ces appels, comme la brebis aimante qui reconnaît la voix de son Pasteur et Le suit toujours.»
COLLOQUE (Intimité divine avec Dieu)
«O Seigneur, mon doux Pasteur, qu’auriez-Vous pu faire de plus pour moi que Vous n’ayez fait? Qu’auriez-Vous pu me donner que je n’aie reçu? Vous avez voulu devenir Vous-même ma nourriture et mon breuvage. Et quel pâturage plus délicieux et salutaire, plus nourrissant et fortifiant, auriez-Vous jamais pu trouver que celui de votre Corps et de votre Sang?
«O très bon Seigneur Jésus-Christ, mon doux Pasteur que Vous rendrai-je pour tout ce que j’ai reçu de Vous? Que vous donnerai-je pour le don que Vous m’avez fait de Vous-même? Si je pouvais me donner à Vous mille fois, ce ne serait rien encore, puisque je suis néant par rapport à Vous. Je sais, ô Seigneur, que votre amour tend à l’immensité, à l’infini, puisque Vous êtes immense, infini. De grâce, ô Seigneur, dites-moi donc de quelle manière je puis Vous aimer.
`
«Mon amour, ô Seigneur, n’est pas gratuit, il Vous est dû… Bien que je ne puisse Vous aimer autant que je le devrais, Vous agréez ce faible amour. Je pourrai Vous aimer davantage, lorsque Vous daignerez accroître ma vertu; mais jamais je ne pourrai Vous donner autant que Vous méritez. Donnez-moi donc votre très ardent amour par lequel, avec votre grâce, je Vous aimerai, Vous plairai, Vous servirai, accomplirai vos préceptes et ne serai séparé de Vous ni dans le temps présent, ni pour l’éternité, Vous demeurant uni dans l’amour pendant les siècles éternels.» (Vén. R. Jourdain)
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle. p. 605)
PÈLERINS DE DIEU
PRÉSENCE DE DIEU
«Faites, ô Seigneur, que les vanités terrestres ne retiennent as mon coeur et ne l'empêche d'aspirer vers le ciel.»
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
L'Église tient à nous présenter aujourd'hui ce discours d'adieu de Jésus, avant son Ascension. Puisque sa mission est accomplie, Il doit retourner au Père qui L'a envoyé; il en sera de même, un jour, pour nous: la terre n'est pas notre demeure stable, mais le lieu de notre pèlerinage. Jésus l'a dit: «Encore un peu de temps et vous ne Me verrez plus ... puis encore un peu de temps, et vous Me reverrez». Ces paroles, énigmatiques pour les Apôtres qui ne les comprenaient pas, sont maintenant beaucoup plus claires pour nous: «Encore un peu de temps», c.-à.-d. celui de notre vie - qui est peu de chose, en comparaison de l'éternité - et puis, le moment viendra, pour nous aussi, de quitter la terre pour suivre Jésus au ciel, où nous Le verrons dans la gloire. Et alors, comme a dit le Seigneur: «votre coeur exultera et personnes ne pourra vous ravir votre joie». Mais, avant d'arriver à cet heureux terme, il faut passer par les contrariétés, les luttes, les souffrances de la vie terrestre.
Pèlerin de Dieu, le chrétien ne peut être pleinement satisfait tant qu'il n'est pas arrivé au ciel et ne possède pas Dieu. Il court en soupirant vers Lui; il presse le pas, soutenu par l'espérance de Le rencontrer un jour «face à face». Mais cette espérance comporte réellement un sentiment de tristesse, parce qu'il espère ce qu'il ne possède pas encore. C'est la sainte tristesse de ceux qui cherchent Dieu. Remercions le Seigneur s'il nous la fait expérimenter; c'est bon signe, c'est l'indice que notre coeur est pris par son amour et que, dès lors, les biens terrestres ne peuvent plus le satisfaire. Et, ici, encore, la parole de Jésus vient nous encourager: «votre tristesse sera changée en joie».
COLLOQUE
«O mon âme, laisse s'accomplir la Volonté de ton Dieu, c'est là ce qui te convient. Sers-Le et espère en sa bonté; lorsque par la pénitence, tu auras mérité quelque peu le pardon de tes péchés, Il saura remédier à ta peine.
«Mais de cela même, je me sens incapable, ô mon vrai Roi et Seigneur, si Vous ne me soutenez Vous-même de votre main puissante et de votre grandeur. Avec votre aide, tout me deviendra facile.
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 -Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle. p. 628)
ESPRIT DE FOI
PRÉSENCE DE DIEU
Donnez-moi, ô Seigneur, cet esprit de foi qui me permettra de me maintenir en contact avec Vous au milieu de n’importe quelle occupation et circonstance de ma journée.
MÉDITATION (dans la Divine Volonté)
Deux obstacles principaux nous empêchent de nous maintenir en contact avec Dieu au milieu de nos occupations quotidiennes. C’est d’abord l’angle quasi uniquement terrestre, matériel, sous lequel notre regard trop humain nous fait considérer les personnes et les événements; en second lieu, l’opacité des créatures, l’aspect pénible, déconcertant, et quelquefois même mauvais, de beaucoup de situations. Tant que nous sommes en oraison au pieds du Seigneur il nous est facile de croire que nous pouvons Le trouver en chaque créature, en chaque rencontre, mais lorsque nous prenons contact avec certaines personnes, certaines difficultés, cette pensée de foi s’évanouit et nous sombrons dans les raisonnements humains qui nous font perdre de vue Dieu et son action dans le monde. Le grand remède est de cultiver un profond esprit de foi.
La FOI ne se borne pas à nous faire connaître Dieu en Lui-même en tant que Trinité, mais elle nous Le fait voir également en toutes les créatures, en toutes les circonstances de la vie, puisqu’Il est toujours présent partout par son action providentielle. Comme Dieu, Il connaît les créatures en rapport avec Lui-même; c’est ainsi que la foi nous les montre, dépendantes de Lui, et de cette manière elle nous les fait voir et juger un peu comme Dieu même les voit et les juge. La foi nous dit qu’ici bas rien n’arrive, ABSOLUMENT RIEN, qui ne soit soumis au gouvernement divin.
Dieu, il est vrai, ne peut vouloir le mal, Il ne veut donc pas le péché, ni ses conséquences … telles qu’injustices, litiges, guerres, etc.…. mais Il les tolère simplement pour sauvegarder la liberté de ses créatures. Toutefois, Il intervient en n’importe quelle situation … même celles qu’occasionne le péché … afin que toutes rentrent dans son plan divin élaboré en vue de sa gloire, du salut et de la sanctification des âmes. Mon esprit de foi doit être d’une réalité si concrète qu’il puisse absolument ME CONVAINCRE QU’AUCUN ÉVÉNEMENT, ni dans ma vie privée, ni dans la vie sociale des peuples, s’échappe au gouvernement de Dieu … gouvernement si sage qu’il peut tout transformer et tirer le bien même du mal. Rien ne peut donc être soustrait au pouvoir divin et il m’est possible de retrouver Dieu en n’importe quelle personne ou situation.
L’âme de foi ne rencontre pas seulement Dieu dans l’oraison, mais Le voyant en toutes les créatures, elle Le trouve en toutes choses et peut ainsi maintenir son contact avec Lui, même au milieu des affaires. L’esprit de foi lui fait pénétrer l’opacité des créatures et des événements, au-delà desquels elle voit toujours Dieu. Les causes secondes deviennent transparentes à ses yeux, elles lui permettent de découvrir immédiatement la Cause première, Dieu, présent et opérant partout. Savoir reconnaître et rencontrer le Seigneur en chaque créature … même en celles qui nous heurtent, nous offensent, nous font souffrir, … en chaque événement … jusqu’aux plus désagréables, pénibles, déconcertants … est un grand secret de vie intérieure. Alors le monde devient un livre ouvert qui porte à chaque page, écrit en grands caractères, un nom unique : DIEU. EN face de Dieu, de sa VOLONTÉ, de sa permission, de ses plans, tout devient secondaire et l’on comprend combien il est sot de fixer le regard sur les créatures, alors que celles-ci ne sont, pour ainsi dire, que le voile qui nous cache le Créateur. Mais pour arriver à une telle profondeur de foi, il faut, de notre part un exercice assidu.
Dans mes rencontres avec le prochain … et qu’elles sont nombreuses les personnes que je rencontre au bout d’un jour! …. je puis m’habituer à saluer le Seigneur présent en chaque créature; dans mes devoir d’état, je puis voir l’expression de la VOLONTÉ DE DIEU; dans toutes les circonstances, grandes, petites ou même minuscules, qui me causent de l’ennui, de la gêne, de la souffrance, un redoublement de travail ou le changement de mes plans, il faut que j’apprenne à voir autant de moyens dont Dieu se sert pour me faire exercer la vertu : patience, générosité, charité. Les heures d’oraison doivent servir à me faire voir, en cotte lumière surnaturelle, tous les détails de ma vie, afin que je puisse toujours y trouver le Seigneur.
COLLOQUE (Intimité divine avec Dieu)
Mon Dieu, votre Divine Présence est partout; elle contient, dépasse, conduit , pénètre tout; elle suffit à tout et dispose tout pour gouverner toutes les créatures avec une toute-puissance et un amour infinis. En votre Divine Présence, tout le reste s’anéantit; elle est tellement grande et puissante que, en réalité, elle absorbe tout et le fait disparaître, c’est-à-dire que tout devient néant en votre Présence.
O Seigneur, faites que je parvienne enfin à remonter du créé vers Vous, sans me perdre en vaines réflexions et subtilités concernant les créatures, faites que je le fasse avec simplicité et esprit de foi, avec une foi inébranlable vous pénétrez partout avec votre bonté, votre amour individuel, infini, et votre toute-puissance. Cette VÉRITÉ simplifie tout; en elle, tout devient essentiellement et substantiellement un; cette vérité surpasse, pénètre et absorbe tout le reste, tout le créé : mon Dieu, Vous êtes en tout, quel trésor! Puissé-je, ô Seigneur, me mouvoir en cette vérité comme dans mon élément, lieu de repos, où rien ne puisse m’impressionner, me distraire de Vous, si j’y reste bien cachée.
Donnez-moi, ô Seigneur, un regard de foi si limpide et pénétrant, qu’au-delà des créatures et des circonstances humaines j’aperçoive toujours votre main qui guide et dirige tout, qui m’invite continuellement à Vous suivre, à adhérer à Vous. Faites que, bien plus que les créatures, je Vous voie , Vous, le Créateur présent et opérant en toutes choses; que je sache Vous reconnaître en mon prochain, Vous retrouver en n’importe quel événement de ma vie. Faites que les créatures n’arrêtent ni mon regard, ni mon coeur, mais que, tout en m’occupant d’elles selon mes devoirs, je tende davantage vers Vous que vers elle, que je vive plus avec Vous qu’avec elles. O Seigneur, Vous êtes la première et grande réalité, la réalité unique et absolue en laquelle tout vit et se meut! Faites que les contingences terrestres qui tirent leur existence de Vous, ne se dressent pas devant mon regard de manière à l’empêcher de Vous voir, de Vous retrouver, de m’unir à Vous à travers le créé.
(Source : INTIMITÉ DIVINE par le Père Gabriel de Ste Marie Madeleine, O.C.D. -
1e volume, p. 643)
(24 décembre)
M É D I T A T I O N
LE GRAND MYSTÈRE S’ACCOMPLIT
(24 décembre)
PRÉSENCE DE DIEU
O Verbe incarné, mon Sauveur, enseignez-moi les sages leçons renfermées dans le mystère de votre Incarnation.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. Parmi toutes les œuvres que Dieu a accomplies, dans le temps et en dehors de Lui-même, l’Incarnation rédemptrice du Verbe est la plus grande. La plus grande, parce qu’elle a pour fin, non une simple créature, aussi sublime soit-elle, mais Dieu même, le Verbe éternel, qui se charge dans le temps d’une nature humaine. La plus grande, parce qu’étant la suprême manifestation de l’amour miséricordieux de Dieu elle est l’oeuvre qui Le glorifie plus que toute autre, et Le glorifie précisément par rapport à la charité, essence même de Dieu. La plus grande, enfin, à cause du bien immense qu’elle procure aux hommes. En effet, le salut, la sanctification, la félicité éternelle de tout le genre humain dépendent complètement de l’Incarnation de Jésus, le Verbe Incarné.
(…) Dieu nous a rendus vivants avec le Christ. Il nous a ressuscités avec Lui et nous a fait asseoir dans les cieux en Jésus Christ. Jésus, le Verbe Incarné, est l’unique source de notre salut et de note sainteté. Sans Lui, l’homme ne pourrait appeler Dieu du doux nom de Père, il ne pourrait L’aimer comme un fils, il ne pourrais jamais espérer être admis en son intimité. Il n’y aurait ni grâce, ni vision béatifique de Dieu. Sans Jésus, l’homme serait emprisonné dans les limites d’une vie purement humaine et privé de tout horizon surnaturel, tant dans le temps que pour l’éternité.
2. L’incarnation du Verbe, la plus grande œuvre de Dieu … destinée à illuminer et à sauver le monde entier … s’accomplit dans l’obscurité, dans le silence, dans les circonstances les plus humbles et les plus humaines. L’édit de César oblige Marie et Joseph à quitter la petite maison de Nazareth et les voilà en chemin ils vont à pied comme les plus pauvres, malgré l’inconvénient de la délivrance imminente de Marie. Ils ne se sont pas cru autorisés à remettre le voyage, ils n’ont fait aucune objection, et ont obéi avec promptitude et simplicité. Celui qui commande est un homme, mais leur profond esprit de foi découvre dans le commandement de l’empereur païen, la Volonté de Dieu. Et ils cheminent se confiant en la Providence : Dieu sait Dieu pourvoira : «tout coopère au bien de ceux qui cherchent Dieu » À Bethléem, il n’y a pas de place pour eux et il ne leur reste qu’à s’abriter dans une grotte rustique. La misère de ce refuge d’animaux, ne les déconcerte pas, ne les scandalise nullement : ils savent que l’Enfant qui doit naître, est le Fils de Dieu, mais ils savent aussi que les œuvres de Dieu diffèrent totalement de celles des hommes! Or, si Dieu veut que sa plus grande œuvre s’accomplisse là, dans cette misérable étable, dans le dénuement le plus extrême, Marie et Joseph n’ont rien à répliquer! Un brin d’esprit humain aurait suffi à les désorienter, les déconcerter, faire jaillir un doute… Marie et Joseph sont profondément humbles, c’est pourquoi ils sont dociles et pleins de foi en Dieu. Selon sa coutume, Dieu se sert de tout ce qui est humble et méprisable aux yeux du monde, pour accomplir la plus magnifique de ses œuvres : L’INCARNATION DU VERBE.
COLLOQUE (Intimité Divine)
O mon Dieu, quel contraste lumineux! Vous, Verbe éternel, Verbe incarné, source de vie, de salut, de grâces et de sainteté; Vous, lumière et rédemption de l’humanité entière, êtes sur le point de Vous montrer au monde! Tout le créé devrait exister, toute la nature devrait frémir de joie, tous les hommes devraient accourir a la rencontre de leur Dieu, de leur Roi, de leur Sauveur! Vous choisissez, au contraire, de naître dans le secret, la solitude, le silence et tout est prédisposé à cette fin.
Ô mon Dieu, Vous venez du ciel pour sauver le monde et ce monde qui est vôtre, qui est l’oeuvre de vos mains, n’a pas même de logement à Vous offrir! Où trouver l’enfant, si pauvre et misérable soit-il, qui n’a pas de logis pour naître et l'humble petite maison de Nazareth était prête à Vous accueillir : Marie l’avait préparée avec tant d’amour, mais Vous n’avez même pas voulu cette humble demeure et Vous avez tout disposé de manière à n’avoir rien où reposer la tête. Bethléem es plein de visiteurs, il y a un coin pour tous; mais pour Vous, le Visiteur royal, le Créateur, le Roi de l’univers, il n’y a pas de place. Voici que Vous venez à nous comme un misérable pèlerin qui bat le pavé sans savoir où passer la nuit. Personne ne connaît votre passage, personne n’est au courant de votre apparition imminente, personne ne peut supposer que cette humble femme de Nazareth est sur le point de donner au monde son Sauveur, son Roi, son Dieu. Seuls Marie et Joseph savent et adorent en silence! Rien ne les trouble; leur coeur est inébranlable dans leur foi, il est ancré en pleine confiance : ils sont sûrs de Vous et de vos promesses.
O Verbe incarné, imprimez profondément dans mon sœur cette leçon et faites que je comprenne les voies mystérieuses de votre amour. Vous venez pour me sauver, me sanctifier, mais Vous voulez aussi accomplir en moi votre œuvre par l’intermédiaire des circonstances, des événements les plus humbles,, les plus communs, les plus insignifiants. Donnez-moi l’humilité, la foi, la confiance aveugle de Marie et de Joseph, afin que je sache reconnaître et adorer votre œuvre en y adhérant avec docilité et amour…. Faites-moi comprendre que Vous aimez à envelopper vos oeuvres d’humilité de silence, de secret.
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 - p. 106 - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
M É D I T A T I O N
LE SAUVEUR EST APPARU
(25 décembre)
PRÉSENCE DE DIEU
Me voici aux pieds de mon Dieu fait chair, devenu enfant par amour pour moi ! J’adore, je remercie j’aime!
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
Dieu est charité, Dieu nous a aimés d’un amour éternel!
«Il me semble que le Seigneur s’est dit : l’homme ne M’aime pas, parce qu’il ne Me voit pas; Je Me montrerai à lui et ainsi Je me ferai aimer. L’amour divin envers l’homme était trop grand et il avait été tel de toute éternité, mais cet amour ne s’était pas encore manifesté… Il n’apparut vraiment que lorsque le Fils de Dieu se fit voir comme petit enfant dans une étable, sur de la paille» (St-Alphonse-Marie de Liguori). Voilà le mystère de la Nativité; voici le cri d’exultation de St-Paul : «La bonté de notre Sauveur Dieu s’est manifestée à tous les hommes … La bonté et l’amour de notre Sauveur Dieu se sont manifestés.» Voici la bienheureuse annonce «de la grande allégresse» que l’Ange apporte aux pasteurs : «Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ».
L’émouvante description de la venue au monde de Jésus, en tant qu’homme, alterne avec la naissance éternelle et sublime du Verbe dans le sein du Père, et les allusions à la naissance du Christ dans les âmes par la grâce sont nombreuses. Cependant, cette triple naissance n’est qu’une manifestation unique du DIEU-AMOUR. Personne, sur cette terre, ne pouvait connaître l’amour de Dieu, mais le Verbe vivant dans le sein du Père, le connaît, et peut nous le révéler. Le Verbe s’étant fait chair, nous a fait connaître l’amour de Dieu; son incompréhensible et invisible charité s’est rendue évidente et palpable en ce doux Petit qui, de son berceau, nous tend les bras.
Oui, cet Enfant emmailloté et couché dans une mangeoire est notre Dieu qui, pour nous, s’est rendu visible, notre Dieu, qui nous prouve, de la manière la plus concrète, sa charité infinie. Quel est le mortel qui pourrait contempler le petit Jésus sans se sentir pris, ravi par cet amour infini qui nous l’a donné? Jésus Enfant nous révèle l’amour de Dieu. Il nous le manifeste sous sa forme la plus claire et la plus émouvante.
St-Paul nous dit : «Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par son Fils … splendeur de sa gloire et empreinte de sa substance». Jésus, Verbe incarné, dans son silence d’enfant impuissant, nous parle et nous révèle la substance de Dieu : la charité de Dieu.
COLLOQUE (intimité divine)
«O puissante et éternelle Trinité! O très douce et ineffable charité! Qui ne s’enflammerait au contact de tant d’amour? Quel coeur pourrait se défendre de se consumer pour vous?»
«O abîme de charité! Vous vous êtes attaché si éperdument aux créatures qu’il semble que Vous ne puissiez vivre sans elle! Et cependant, Vous êtes notre Dieu! Vous n’avez nullement besoin de nous. Notre bonheur n’ajoute rien à votre grandeur puisque Vous êtes immuable. Nos maux ne pourraient Vous occasionner aucun dommage, ô Dieu qui êtes la souveraine et éternelle bonté! Qui donc Vous pousse à tant de miséricorde? L’AMOUR; en effet, Vous n’avez aucune obligation envers nous et nul besoin de notre pauvre humanité. Qui Vous porte, ô Dieu infini, vers moi, petite créature? PERSONNE, si ce n’est Vous-même, ô Feu d’amour! C’est toujours et uniquement L’AMOUR qui Vous a poussé et Vous pousse encore.
«O Vous, souveraine douceur, Vous avez daigné Vous unir à notre amertume; Vous, splendeur, à nos ténèbres; Vous, sagesse, a notre stupidité; Vous, vie, à la mort; Vous, infini, à nous, si limités! » (Ste-Catherine de Sienne).
O doux Verbe incarné, ô très aimable Enfant Jésus, me voici enfin à vos pieds, laissez-moi Vous contempler, permettez-moi de m’abreuver à votre beauté, votre bonté, votre immense charité! En ce tendre Enfant qui me sourit et me tend ses petits bras, je découvre votre amour infini, vivant et palpitant … car cet Enfant, c’est Vous, ô mon Dieu! Comment pourrais-je assez Vous remercier de votre amour excessif? Comment pourrais-je Vous payer de retour?
«Vous Vous êtes fait petit et pauvre pour nous, Vous, si grand, si riche! Vous avez choisi de naître hors de chez Vous dans une étable, d’être enveloppé de langes, de sucer le lait virginal, d’être déposé dans la crèche entre l’âne et le bœuf … Aujourd’hui brille pour moi le jour de la rédemption nouvelle, de la restauration ancienne de la félicité éternelle : aujourd’hui, les cieux ont distillé le miel pour le monde entier! … Baise donc, ô mon âme, cette divine crèche, colle tes lèvres sur les petits pieds de l’Enfant, embrasse-les tous deux. Médite en outre, la veillée des pasteurs, contemple les phalanges angéliques, prépare-toi à prendre part à la céleste mélodie, chantant de bouche et de coeur : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux home de bonne volonté» (St-Bonaventure).
(Réf: Intimité Divine, Tome 1 - p. 109 - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle.)
M É D I T A T I O N
DANS LE SEIN DU PÈRE
PRÉSENCE DE DIEU
Accordez-moi, ô Jésus, de pénétrer dans les intimes dispositions de votre Âme, dans une union personnelle ininterrompue avec le Père.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. Ce qui nous intéresse surtout en Jésus, ce sont ses dispositions intimes envers Dieu, ses rapports avec Lui. Jésus est le Fils de Dieu : c’est ce qui constitue toute sa grandeur, sa sainteté. Par nature, Il est l’unique Fils de Dieu; mais, à son image et par sa médiation, nous sommes devenus enfants de Dieu. C’est par la grâce qu’Il nous a communiqué cette filiation divine Lui appartenant en propre par nature; c’est pourquoi, à son exemple, toute notre grandeur et toute sainteté consistent à vivre pleinement en enfants de Dieu. Par conséquent, nous devons chercher à reproduire en nous, autant qu’il est possible à notre condition de créature, l’attitude intérieure de Jésus envers son Père céleste.
Avant tout, nous constatons une attitude, mieux encore, un état d’intime union. Jésus l’affirme : «Le Père est en Moi et Moi dans le Père» (Jean X, 38). Cette parole est proférée en sa qualité de Verbe : nous avons ici l’union substantielle, incommunicable du verbe avec le Père, que nul ne pourra jamais imiter. Mais Il l’a dite aussi en tant qu’homme : comme tel, en effet, toute son affection est concentrée dans le Père et dominée par Lui, toute son Âme est tendue vers Lui, cherchant à Lui plaire. Cette union de Jésus-Homme avec son Père divin doit servir de modèle à la nôtre, précisément parce qu’en Lui aussi, elle est union de grâce. En Jésus, la grâce est «infinie» selon le langage qu’affectionnent les théologiens, et par là elle se distingue de la nôtre; cependant, la grâce que nous possédons, nous rend capables, nous aussi, de vivre l’âme tendue vers le Père et l’affection concentrée en Lui. Jésus-Homme nous en donne l’exemple et demande pour nous cette intime union : «Comme Vous, Père, Vous êtes en Moi et Moi en Vous, qu’ainsi, eux aussi, ils soient un en Nous» (Jean XVII, 21).
2. L’Âme de Jésus est plongée entièrement dans la très sainte Trinité. Son intelligence humaine jouit de la vision béatifique dans laquelle Il voit Dieu dont Il possède la nature : Il connaît la Personne du Verbe, sujet de toute son activité humaine, Il voit le Père dont Il se sent le Fils, Il voit l’Esprit Saint qui habite en Lui. Dans son Coeur, il y a une charité créée aussi immense que la grâce qui orne son Âme, et c’est cet amour qui monte incessamment, d’un mouvement très rapide vers le Père céleste, pour se déverser ensuite sur nos âmes. Que Jésus travaille dans l’atelier de Nazareth, qu’Il passe sur les routes de Palestine, qu’Il prêche, instruise, discute avec les Pharisiens ou bien guérisse les malades, s’entretienne avec les foules, toujours plein de sollicitude pour tous, Il n’en continue pas moins, dans l’intime de son Âme, à vivre cette merveilleuse union avec les Personnes divines.
Par la grâce, notre âme est devenue le temple de la Trinité. Les trois Personnes divines sont réellement présentes en nous; bien plus, Elles s’offrent et se donnent pour que, dès cette vie terrestre, nous commencions à les connaître, les aimer, les posséder. C’est par la foi que nous pouvons les connaître, par la charité que nous les aimons et vivons en union avec Elles. Et c’est précisément pour nous rendre capables de cette vie d’intime union avec Dieu que Jésus nous a mérité la grâce et la charité et qu’Il nous les dispense continuellement, dans une mesure et avec une perfection infiniment inférieures, mais de nature identique à la grâce et à la charité qui inondent son Âme. Tandis que Jésus voit Dieu face à face, par la vision béatifique, nous Le connaissons par la foi, mais tel qu’Il est.
De cette manière, nous pouvons participer, nous aussi, à la vie intérieure du Christ, toute immergée dans la Trinité. St-Paul ne dit-il pas : «votre vie est cachée avec le Christ en Dieu» (Col. III, 3)? De même que Ste Thérèse-Marguerite, nous pouvons donc aspirer, à «égaler par la foi – pour autant qu’il est possible à une créature, - la vie et les actions intérieures et cachées de l’intelligence et de la volonté, c’est-à-dire les sublimes connaissances et affections de l’Humanité très sainte de Jésus-Christ, unie hypostatiquement au Verbe.»
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
O Jésus, qu’il est immense le trésor caché dans vos paroles : «Comme Vous, Père, Vous êtes en Moi et Moi en Vous, qu’ainsi, eux aussi, ils soient un en nous!» Vous ne Vous contentez pas de nous proposer comme modèle votre vie extérieure, Vous voulez davantage; Vous voulez – pour autant qu’il est possible à de simples créatures, - que nous cherchions aussi à imiter votre vie intérieure, vos rapports intimes avec le Père, votre incessante union avec Lui! Si Vous ne l’aviez commandé, rien que d’y songer serait folie et témérité orgueilleuse. Mais Vous l’avez dit, et ces paroles revêtent un caractère particulièrement sacré, cette prière qui est comme votre testament spirituel.
Vous êtes, Homme-Dieu, indissolublement uni au Père, par nature, - moi, faible créature, je me sens toujours unie à Dieu par la grâce; votre Sainte Âme baigne sans interruption dans la vision béatifique de la très sainte Trinité, - c’est la foi qui me dit que la sainte Trinité habite en moi; sous la motion du Saint-Esprit, un amour infini de charité monte continuellement de votre Coeur vers le Père, - en moi, la flamme de la charité, allumée et diffusée par le divin Paraclet, ne désire que croître, se répandre, être absorbée dans le brasier d’amour de l’Esprit Saint pour remonter vers le Père, vers la Sainte Trinité.
Avec votre grâce, ô Jésus, je puis vivre en Vous et Vous vivez en moi. Mais je ne vis pas seulement en Vous, car là où Vous êtes, ô Verbe, se trouvent aussi le Père et l’Esprit Saint. Ainsi, ô Christ, Vous m’incitez à vivre dans la Trinité, et ma pauvre vie humaine demeure cachée avec Vous en Dieu. O Seigneur, ne permettez pas que je me laisse absorber par les activités extérieures, - même si elles sont bonnes, - au point d’oublier, de négliger cette merveilleuse vie d’union avec Dieu, à laquelle Vous m’appelez et m’invitez. Dans le secret de mon coeur, cachée à tous regards humains, vit la Trinité; puissé-je me taire, me recueillir, me cacher avec le Dieu caché en moi! Qu’en véritable enfant de Dieu je vive toujours en union avec mon Père, toujours à ses pieds pour aimer, adorer, écouter sa divine Parole.
Réf: Intimité Divine, Tome 1 - P.218. Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituell
M É D I T A T I O N
JÉSUS ET LA VOLONTÉ DU PÈRE
PRÉSENCE DE DIEU
O Jésus, enseignez-moi à Vous suivre dans votre vie de totale, de parfaite adhésion à la Volonté du Père.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
. «Entrant dans ce monde, le Christ dit : Vous n’avez voulu ni sacrifice, ni offrande, mais Vous m’avez formé un corps…. Voici que je viens…. Ô Dieu, pour faire votre volonté (Hebr. X, 5). Telle est la disposition intime constante de Jésus vis-à-vis de la Volonté du Père. Le Maître divin répondit aux Apôtres qui Le sollicitaient de prendre un peu de nourriture : «J’ai à prendre une nourriture que vous ne connaissez pas …. Ma nourriture, c’est de faire la Volonté de Celui qui M’a envoyé et d’accomplir son oeuvre» (Jean IV, 32-34). Ce que Jésus désire, ce qui Le restaure, c’est uniquement d’accomplir la Volonté de son Père. La volonté humaine de Jésus est si parfaitement transformée, si totalement perdue dans la Volonté de Dieu, qu’il agit uniquement sous son influence. «Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la Volonté de Celui qui M’a envoyé. – Je ne cherche pas ma volonté, mais la Volonté du Père qui M’a envoyé» (Jean VI,38; V, 30). C’est ainsi que Jésus nous révèle Lui-même les dispositions de son Âme, la raison profonde de ses actions, la règle qui Le guide au cours de toute sa vie et jusqu’à sa très douloureuse Passion où Il répéta, en dépit des répugnances de sa nature humaine : «Père… que votre Volonté soit faite et non la mienne» (Lc. XXII, 42).
2. Enfants de Dieu, pour nous aussi la voie de la sainteté, la règle de notre conduite doit être la Volonté du Père céleste. Comme Jésus, nous devons nous «nourrir» de cette sainte et sanctifiante volonté, nous en nourrir à chaque moment, cherchant et désirant uniquement d’en vivre et d’en faire le seul grand mobile d’action de notre vie. Il faut arriver à la pleine conformité de notre volonté avec celle de Dieu de manière que, ainsi que l’enseigne St Jean de la Croix, il n’y ait rien, en nos pensées ou nos actions, qui soit contraire à la Volonté Divine.
La conformité à la Volonté de Dieu et le développement en nous de la grâce, sont les deux éléments constitutifs de la sainteté, de la vie d'union avec Dieu. Ces éléments vont de pair, car l’un conditionne l’autre : à plus grande conformité de volonté correspond plus de grâce. Jésus a dit : «Si quelqu’un M’aime, il gardera ma parole … et Nous viendrons à lui et Nous ferons chez lui notre demeure» (Jean XIV 23). «Garder la parole», ou observer la Volonté de Dieu manifestée dans les commandements, est la condition pour vivre en état de grâce et donc pour jouir de la présence de la Trinité dans notre âme. À mesure que la conformité au vouloir divin se fait plus totale, au point d’observer, non plus seulement les préceptes essentiels, mais jusqu’aux plus menues particularités de la loi divine et d’exclure, non seulement les péchés mortels, mais même les véniels et jusqu’à la plus petite imperfection volontaire; à mesure qu’on arrive à chercher le bon plaisir divin en toutes choses et à embrasser tout ce que Dieu veut ou permet pour nous en quelque circonstance que ce soit, la vie de la grâce croît et se développe proportionnellement en nous puisque, en échange, la très sainte trinité se donne toujours davantage à l’âme et y établit sa demeure plus profondément, lui rendant ainsi possible une plus grande union avec Elle.
Jésus disait encore : «le Père est avec Moi et Il ne M’a pas laissé seul, parce que Je fais toujours ce qui Lui plaît» (Jean VIII, 29).
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
O Jésus, comme je voudrais comprendre, ne fût-ce qu’un peu, votre très intime union avec la Volonté du Père!
Union non seulement profonde mais inaltérable, parce que, je le sais, étant Dieu, Vous ne pouvez avoir d’autre volonté que celle du Père. Comme Homme, votre volonté ne dépend pas d’un «moi» humain, mais appartient directement à votre Personne divine. Une union semblable peut se vérifier uniquement en Vous, Verbe Incarné; cependant, plus je la contemple, plus je me sens poussé à en reproduire en moi au moins quelques traits. C’est Vous, ô Jésus, qui m’inspirez ce désir, Vous qui Vous êtes fait notre Frère, notre Modèle, pour que nous soyons semblables à Vous. Ne nous avez-Vous pas enseigné à dire au Père céleste : « Que votre Volonté soit faite sur la terre comme au ciel»? Tout comme cette volonté divine s’est parfaitement réalisée dans le ciel de votre très sainte Âme, puisse-t-elle aussi s’accomplir dans le petit ciel de la mienne!
«O bon Maître, Vous savez que rien ne m’est plus avantageux que de consacrer ma volonté à Dieu. Sachant que par ce moyen je puis gagner le coeur de votre Père. Vous me l’enseignez, et m’apprenez la manière de Le servir. Vous Vous êtes fait mon interprète et avez dit également en mon nom : Que votre volonté soit faite
«O divin Père, après que votre Fils, au nom de tous, Vous a remis ma volonté en même temps que celles des autres humains, il ne serait pas raisonnable que je ne tienne pas sa parole…
«O Seigneur, quelle force renferme, à vos yeux, ce don de la volonté! S’il était fait avec la générosité adéquate, il ne pourrait manquer de Vous attirer, ô Tout-Puissant, à ne faire qu’un avec notre faiblesse, nous transformant en Vous, absorbant la créature dans le Créateur … O mon Dieu, plus Vous voyez que le don de notre volonté se manifeste, non par des paroles flatteuses, mais par des actes, plus aussi Vous nous attirez à Vous, élevant notre âme au-dessus d’elle-même et de tout ce qu’il y a de terrestre. Et non content d’unir notre âme intimement à Vous, Vous commencez à lui faire goûter vos délices, à lui découvrir vos secrets…
«Sur le champ, ô Seigneur, je Vous consacre ma volonté, librement et sans aucune réserve!»
Réf: Intimité Divine, Tome 1 - P. 225. Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année
.P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituell
M É D I T A T I O N
BIENHEUREUX CEUX QUI ONT LE COEUR PUR
PRÉSENCE DE DIEU
O Seigneur, montrez-moi combien mon coeur doit être pur pour être admis dans votre intimité.
MÉDITATION
1. Le coeur de la personne consacrée à Dieu doit être «un jardin clos, une fontaine scellée», car il ne peut admettre d’autre affection que celle qui a Dieu pour objet ou se rapporte à Lui. Cela n’exclut évidemment pas l’amour du prochain en général, ou celui que nous devons à nos proches, mais bien tout ce qui est amour purement naturel. En d’autres termes, toutes les affections d’une âme consacrée à Dieu, doivent être «surnaturelles», c’est-à-dire qu’elle doit aimer les créatures en vue de Dieu parce qu’elles Lui appartiennent. Au contraire, lorsqu’elle se laisse guider dans son affection, par des motifs humains : sympathie, intérêt, désir de satisfaire le coeur par un peu d’amour sensible, ce n’est plus pour Dieu qu’elle aime les créatures, mais pour elle-même, pour la satisfaction qu’elle y trouve. Son amour n’est donc pas surnaturel, mais humain. Or, les affections humaines dévastent le coeur consacré à Dieu, de même que les petits renards, dont parle le Cantique, ravagent les vignes.
Après avoir rompu, par amour pour Dieu, les liens sacrés de la famille, après avoir renoncé à se créer un propre foyer, c’est folie que de se laisser enchaîner le coeur par des créatures qui n’y ont aucun droit, par des affections qui n’ont rien de sacré. À leurs sollicitations, il faut répondre avec la force d’Agnès : «Dieu a posé un signe sur ma face, afin que je n’admette pas d’autre amant que Lui. C’est à Lui seul que je garde ma foi»).
C’est une chose déplorable, s’exclame St Jean de la Croix, de voir des âmes chargées de trésors spirituels et qui, pour n’avoir pas le courage de vaincre un petit attachement ou une affection, ne vont jamais de l’avant, ni n’arrivent au port de la perfection … Le Seigneur leur a fait rompre d’autres plus grosses cordes d’affection… mais elles, faute de quitter une puérilité…, sont empêchées d’arriver à un si grand bien».
2. Dieu est jaloux du coeur qui Lui est consacré et Il ne l’admet pas dans son intimité tant qu’Il le trouve occupé de quelque affection qui lui enlève la possibilité de concentrer en Lui tout l’amour dont Il l’a rendu capable. «Dieu, dit Ste-Thérèse de Jésus, ne force personne, Il accepte ce qu’on Lui donne, mais Il ne se livre entièrement qu’à ceux qui s’offrent totalement à Lui ». «Dieu ne veut pas d’un coeur partagé; Il veut tout au rien».
Si l’on n’arrive pas au don total du coeur, il sera impossible de jouir de l’intimité divine.
«Bienheureux les coeurs purs, parce qu’ils verront Dieu» a dit Jésus. Cette vision, cette jouissance de Dieu est, d’une certaine manière, réservée dès ici-bas à ceux qui gardent pour Lui l’intégrité, la pureté de leur coeur. Saint Thomas dit : «Un coeur libre de pensées et d’affections étrangères à Dieu est comme un temple consacré au Seigneur, où nous pouvons Le contempler dès ce monde» (Commentaire sur St Mathieu).
Le coeur pur, semblable à l’oeil limpide et clair, sait comprendre Dieu, et pénétrer dans les profondeurs de son mystère infini. C’est la raison pour laquelle les théologiens enseignent qu’à la béatitude «des coeurs purs» correspond le don d’intelligence, par lequel l’Esprit Saint rend l’âme capable de «intus legere», de lire au dedans, c’est-à-dire de pénétrer la Divinité. Qui aime ardemment, désire davantage connaître la personne aimée, et non seulement extérieurement, mais intérieurement, par la communication de ses pensées, de ses secrets, et il renonce volontiers à toute autre satisfaction pour atteindre son but.
Si tu veux connaître ton Dieu, si tu veux entrer dans son amitié intime et profonde, il faut que tu Lui offres un coeur pur, vide de toute affection humaine. «Ne vous rendez point présentes les créatures, si vous voulez conserver le Visage de Dieu clair et simple en votre âme, mais plutôt éloignez d’elles votre esprit et ainsi vous marcherez au milieu de lumières divines ...»
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
O Seigneur, éclairez mon coeur dans ses replis les plus cachés, dans ses recoins les plus intimes, et si Vous y trouvez la moindre affection qui ne soit pas pour Vous, montrez-la moi et donnez-moi la grâce d’y renoncer pour toujours.
Vous voulez tout, et je veux tout Vous donner. Du reste, en Vous donnant tout, mon coeur ne fait que Vous rendre ce qui déjà est vôtre, parce que c’est Vous qui me l’avez donné et que je serais incapable d’aimer, si Vous n’aviez mis en moi une étincelle de votre charité infinie. O Seigneur, il est trop juste que cette étincelle vous revienne, qu’elle soit employée à Vous aimer en retour Vous, l’Amour infini, qui m’avez tiré du néant et m’avez rendu capable de Vous rendre amour pour amour. En m’élevant à vous, en venant en contact avec Vous, Foyer immense de charité, mon petit amour croîtra démesurément et pourra se déverser sur la terre, embrassant toutes les créatures dans la bienveillance d’un pur amour surnaturel, pour les conduire à Vous, leur principe et leur fin.
O Jésus gardez mon coeur et rendez-le si pur, si transparent, qu’il devienne digne de voir la splendeur de Votre Face.
Je ne Vous connais pas encore, mon Seigneur car, voulant encore aimer et goûter les créatures, mon œil intérieur n’a pas la limpidité nécessaire pour Vous contempler. Et parce que je ne Vous connais pas, je ne Vous aime pas autant qu’il le faudrait et je jouis fort peu de Vous. Voyez donc comme ma misère est grande! Venez purifier Vous-même mon coeur, afin que je puisse Vous connaître entièrement et, en Vous connaissant, Vous aimer vraiment de toutes mes forces.
Réf: Intimité Divine, Tome 1 - P. 339.
Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., professeur de Théologie spirituelle
MÉDITATION
IMMUTABILITÉ ET ÉTERNITÉ DE DIEU
PRÉSENCE DE DIEU
Faites, Seigneur que ma vie présente soit une préparation continuelle à l’éternité qui m’attend.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
Tout le créé est sujet à changer, à progresser, à régresser, enfin à mourir. L’enfant ignare et impuissant, qui a tant besoin de secours et serait condamné à périr si personne ne s’occupait de lui, croît peu à peu, se développe devient un jeune homme bien découplé, puis un adulte fort et mûr, capable de grandes entreprises. Ensuite, sous le poids des ans, sa vigueur décline, elle fait place à la lassitude des ans, sa vigueur décline, elle fait place à la lassitude de la sénilité, et finalement s’éteint par la mort. Telle est la courbe parcourus par toute créature vivante. Toute vie a son aube, son midi, son déclin.
Dieu seul est l’Être incréé et éternel «chez qui n’existe aucun changement, ni ombre d’une variation». Dieu ne change, ni ne peut changer, parce qu’infini et éternel. INFINI, Il possède l’être et toutes les perfections, sans bornes. En Lui, pas de limites, ni de principe, ni de fin. NOTRE ÂME, bien que créée, ne mourra pas avec notre corps; elle est IMMORTELLE mais NON ÉTERNELLE, car elle a eu un commencement. Il n’en va pas de même de Dieu qui est, a été et sera, possède toutes les perfections au plus haut degré, c’est-à-dire, le DEGRÉ INFINI, à qui rien ne peut être ajouté.
L’homme parce que limité, est éminemment inconstant : ses idées, ses sentiments, ses opinions, ses goûts, ses désirs, sa volonté, tout change. Un objet que nous avons désiré ardemment, nous fatigue bientôt et ne nous satisfait plus une pensée qui nous semblait si belle, si claire, si riche de vérité, ne tarde pas à nous paraître imparfaite, inexacte, et nous nous repentons de l’avoir trop aimée et défendue le bien que nous avons voulu avec élan et enthousiasme, nous laisse, le lendemain, froids, indifférents et nous importune. Rien de tout cela en Dieu : «Moi, Yahvé, Je ne varie pas» (Mal. III,60) Sa pensée ne change pas, parce que sa sagesse infinie est immuable, embrassant à la fois toute la vérité et rien que la vérité; SA VOLONTÉ est immuable parce qu’elle vise infiniment le bien, elle le veut toujours, indéfectiblement, elle le veut suprême, absolu, infini.
Comme notre VOLONTÉ MOBILE a besoin de s’accrocher à la VOLONTÉ IMMUABLE de Dieu! Plus nous nous étudierons à poursuivre uniquement ce que Dieu veut, à aimer uniquement ce qu’Il aime, plus notre volonté s’affranchira de son inconstance et se fixera dans le bien.
2. «Dieu, dit Saint Augustin, fut dans les siècles passés, Il est dans les siècles présents, Il sera dans les siècles à venir. Il «fut» parce qu’il n’a jamais fait défaut; Il «est» parce qu’Il est toujours; Il «sera» parce qu’Il ne manquera jamais.» Voilà un beau commentaire du catéchisme : «Dieu a toujours été et Il sera toujours, Il est l’Éternel».
L’ÉTERNITÉ DE DIEU est la possession d’une vie pleine, parfaite et illimitée, sans aucun «devenir». Vie pleine et parfaite, qui subsiste par elle-même, avec une puissance, une vigueur, une perfection infinies; vie illimitée, sans commencement ni fin, dans un éternel présent; vie qui ne connaît aucun «devenir», c’est-à-dire qu’elle n’est susceptible d’aucune succession d’aucun changement, d’aucun progrès, puisque Dieu possède la plénitude de sa vie infini «tota simul» (La Boëtie), toute à la fois, dans son principe et dans son éternel présent.
L’IMMUTABILITÉ ET L’ÉTERNITÉ DE DIEU ne sont donc pas matériellement statiques et immobiles, semblables à la rigidité de la matière, qui indique plutôt une négation qu’une affirmation de vie; elles sont les caractéristiques de la plus haute vitalité, la plénitude d’une vie infinie et très parfaite, dans laquelle tout changement devient impossible, parce qu’elle possède en soi toute la perfection possible.
QUANT À NOUS, ÊTRES LIMITÉS, muables, mortels, nous vivons dans le temps et en subissons les changements successifs; toutefois nous ne sommes pas créés pour le temps, mais pour l’éternité. Dieu nous a destinés à participer un jour, bien que d’une manière relative et non absolue, à son immutabilité et à son éternité divines. Vivons donc avec le regard tournée vers l’éternité «sub lumine aeternitatis», sans nous laisser prendre ou accaparer par le transitoire, le contingent.
L’instant qui fuit doit être vécu en fonction de l’éternité qui nous attend. Ne perdons pas notre temps en accumulant des trésors que «la mite et le ver consument» (Mt. VI,19), amassons plutôt des richesses qui demeurent éternellement, augmentons la grâce et l’amour qui seront la mesure de notre GLOIRE ÉTERNELLE.
Du reste, c’est uniquement par son adhésion à Dieu, le seul immuable, l’éternel, que l’âme trouve stabilité, paix et sécurité qu’elle demanderait vainement aux autres créatures, changeantes et caduques.
COLLOQUE ET INTIMITÉ DIVINE
«Vous êtes toujours le même, Seigneur, et vos années n’ont pas de fin. Vous ne connaissez, ô Dieu, le va-et-vient des années. Les nôtres, au contraire, s’écoulent, afin que tous nous puissions arriver au terme. Vous êtes immobile parce que Vous êtes stable. Nos années, au contraire, ne seront complètes que lorsque nous ne serons plus. Vous êtes le jour unique, Seigneur, et non un jour qui se renouvelle peu à peu. Vous êtes un jour immuable, un «aujourd’hui», sans hier, sans demain.
«Mes années se passent dans les gémissements, tandis que Vous, ô Seigneur, mon réconfort, mon Père, Vous êtes éternel. Je suis dispersé et éparpillé dans la succession du temps, mes pensées s’émiettent dans un mouvement continuel et tumultueux; il en va de même de L’INTIME DE MON ÂME, jusqu’à ce que, purifié par la flamme de votre amour, j’aille me jetez irrévocablement en Vous.
«Je vous rends grâces, Seigneur, d’avoir voulu que le jour de cette vie soit bref et sa fin incertaine. Ce qui finit ne peu être de longue durée. Je ne me rappelle plus le jour d’hier : le jour d’aujourd’hui est suivi de près par celui de demain. Faites que je vive bien, en ce court espace de temps, afin de pouvoir me rendre là où je n’aurai plus à passer ailleurs. En ce moment même où je parle, je passe, hélas! De même que les paroles s’envolent de la bouche, ainsi en est-il de mes actes, de mon infortune, de ma félicité. TOUT PASSE !
«Rien de semblable ne Vous arrive, Vous, l’immuablement éternel. O Seigneur, celui qui comprend Vous exalte, et celui qui ne comprend pas, Vous loue également. Oh! Comme Vous êtes élevé! Et ce sont les humbles de coeur qui composent votre maison. En effet, Vous relevez ceux qui sont abattus et ceux dont Vous êtes la couronne ne tombent pas.» (St. Augustin).
(Réf: Intimité Divine, Tome 2 - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année. p. 121)
M É D I T A T I O N
LA BONTÉ INFINIE S’ÉTEND PARTOUT
PRÉSENCE DE DIEU
O Bonté infinie, qui Vous communiquez continuellement à vos créatures, apprenez-moi à Vous imiter.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
l. LE BIEN ne se renferme pas en lui-même; sa caractéristique est de se répandre, c’est-à-dire de se communiquer aux autres. Plus le bien est véritable, plus il tend à se répandre. Die est le Bien Souverain, c’est pourquoi Il se répand souverainement. D’abord en Lui-même, au sein de la Sainte Trinité. Le PÈRE communique au Fils toute sa divinité, son essence sa vie sa bonté, sa béatitude divine : ensemble, le PÈRE et le FILS la communique au SAINT-ESPRIT. C’est justement en cette communication essentielle, totale, incessante, absolue que consiste la vie intime de Dieu, le MYSTÈRE DE LA SAINTE TRINITÉ; ici, nous avons la suprême réalisation de l’axiome : «bonum diffusivum sui».
Mais la BONTÉ INFINIE veut se répandre aussi à l’extérieur; c’est pourquoi Dieu appelle à l’existence un nombre immense d’êtres auxquels Il communique, selon des modes et à des degrés différents, un peu de sa PROPRE BONTÉ. Dieu ne crée pas les créatures par nécessité, puisqu’elles ne peuvent rien ajouter à sa béatitude et à sa gloire essentielle, mais uniquement pour étendre au dehors de Lui-même, sa BONTÉ INFINIE. Dieu ne veut pas les créatures pour le bien ou l’amabilité qu’Il trouverait en elles, mais en les créant, Il leur communique son bien et les rend aimables. Dieu se donne aux créatures uniquement parce qu’Il est BON et jouit de faire partager son bien à d’autres êtres. Sa bonté est tellement grande qu’elle peut se communiquer à un nombre infini de créatures sans jamais s’épuiser; elle est tellement communicative qu’elle rend bon tout ce qu’elle touche, toutes ses créatures. Cette bonté est la raison de ton être et de ta vie; en te créant, elle a laissé en toi son empreinte, et toujours elle te pénètre, t’enveloppe sans trêve.
Ton coeur conserve-t-il le sceau de la bonté divine? Examine tes pensées, tes sentiments, tes actions et vois si le reflet de la bonté infinie y resplendit.
2. LA BONTÉ DE DIEU est si gratuite qu’elle se communique aux créatures sans qu’elles le méritent : elle est si libérale qu’elle les devance toujours et ne manque pas de leur octroyer ses lumières, même lorsqu’en abusant de leur liberté, elles s’en montrent indignes. La bonté de Dieu est si patiente que les ingratitudes, les résistances, voire même les offenses de ses créatures ne l’arrêtent pas; sa grâce les poursuit toujours. Dieu aurait tout droit de répondre aux péchés des hommes en les privant de la vie et de tous les biens qu’il leur a accordés, mais sa bonté infinie préfère les combler de dons nouveaux, de nouvelles preuves de bienveillance. Ne dit-Il pas : «Je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais au retour du méchant qui change de voie pour avoir la vie» (Ez. XXXIII,11).
Considère à présent TA bonté et vois combien elle est faible, étroite, calculatrice, intéressée, en regard de celle de Dieu. Que de fois agis-tu, toi aussi, comme ces païens de Dieu. Que de fois agis-tu, toi aussi, comme ces païens dont parle l’Évangile, qui aiment u uniquement ceux qui les aiment . Tu es bon pour celui qui est bon pour toi, tu rends service à ceux qui te le paient; mais souvent tu es dur et avare de tes dons à l’égard de ceux dont tu ne peux rien espérer en retour. Ne t’arrive-t-il pas d’être doux et bienveillant pour celui qui t’approuve et partage tes idées, alors que tu es dur et manques d’égards envers celui qui t’est opposé? Devant la froideur, l’ingratitude, l’offense et quelquefois même à cause de petits manques de considération, ta bonté s’effarouche, se ferme, se replie sur elle-même, et tu deviens incapable d’aimer ton prochain. Vois donc combien ta bonté diffère de celle de Dieu! Comme tu as besoin de méditer les paroles de Jésus qui t’invitent à imiter la bonté du Père céleste : «Aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs; ainsi serez-vous fils de votre Père qui est aux cieux car Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.»
COLLOQUE ET INTIMITÉ DIVINE
«O PÈRE ÉTERNEL! O feu et abîme de charité! O clémence éternelle!, ô espérance!, ô refuge des pécheurs! O bien éternel et infini! Avez-vous besoin de votre créature? Il me semble que oui, puisque Vous agissez comme si vous ne pouviez vivre sans elle, Vous, la vie de toute créature, sans laquelle aucune ne peut subsister. POURQUOI, donc agissez-Vous de la sorte? Parce que Vous Vous êtes épris de votre œuvre, y trouvez vos délices et êtes comme enivré de son salut. Elle Vous fuit, et Vous la cherchez; elle s’éloigne et Vous Vous rapprochez d’elle. Vous ne pouviez Vous approcher davantage d’elle qu’en Vous revêtant de son humanité… Il me semble pouvoir redire la parole de Paul lorsqu’il s’écriait : «La langue ne peut dire, ni l’oreille entendre, ni l’oeil voir ni le coeur soupçonner ce que je vis». Qu’as-tu vu? J’ai vu les mystères ineffables de Dieu. Et moi, que dis-je? Mes sentiments grossiers ne peuvent rien ajouter; je te dis seulement, ô mon âme, que tu as goûté, vu l’abîme de la souveraine, éternelle providence. Maintenant, je vous rends grâce, Père éternel, souverain, de la BONTÉ SANS MESURE que Vous m'avez témoignée à moi, misérable et indigne de toute grâce.
Pourrai-je jamais rendre grâces à cette charité brûlante que Vous m’avez prouvée, à moi, misérable, et à toutes les créatures? NON! Mais Vous seul, Père très doux et plein d’atour serez reconnaissant pour moi, c’est-à-dire que l’affection de votre charité elle-mème Vous rendra grâces, car moi, je suis celle qui n’est pas. Si je disais être quelque chose par moi¸-même, je mentirais, puisque Vous seul êtes Celui qui est, L’être et tous les autres bienfaits, je les ai reçus de Vous. Qui me les donnez continuellement parce que Vous m’aimez et non parce que Vous avez une dette envers moi.
«O BONTÉ INFINIE, ô amour inestimable, admirables sont les merveilles que Vous avez opérées dans votre créature raisonnable.» (Ste-Catherine de Sienne).
(Réf: Intimité Divine, Tome 2 - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.)
L'ESPÉRANCE
« O Seigneur, fortifiez mon espérance,
car celui qui espère en Vous ne sera jamais confondu.»
MÉDITATION
1. - La foi te fait connaître Dieu, tu crois en Lui de toutes tes forces; cependant tu ne Le vois pas. Ta foi a donc besoin d’être soutenue par la certitude qu’un jour tu verras ton Dieu, que tu Le posséderas et pourras t’unir éternellement à Lui. C’est la vertu d’espérance qui te donne cette certitude en te présentant Dieu comme ton bien infini, ta récompense éternelle. La foi te dit : Dieu est bonté, beauté, sagesse, providence, charité miséricorde infinie et L’ESPÉRANCE ajoute : ce Dieu si grand, si bon, est tien; Il veut être non seulement ta possession et ta béatitude éternelle mais dès ici-bas. Il veut être possédé par toi au moyen de la charité et de la grâce; dès à présent, Il t’invite à vivre dans une union intime avec Lui.
Tu regardes le Dieu infini, très parfait, immensément élevé au-dessus de toi-même, créature faible et misérable, et tu penses : comment pourrai-je jamais arriver à Lui, m’unir à Celui qui surpasse infiniment mes capacités? L’ESPÉRANCE te répond : tu le peux, puisque Dieu même le veut : c’est même à cette fin qu’Il t’a créée et élevée à l’état surnaturel, te fournissant tous les secours nécessaires pour une entreprise si ardue. Le Concile de Trente affirme que nous devons avoir « une espérance très ferme – dans le secours de Dieu », aide qu’Il a formellement promise à ceux qui L’aiment et recourent à Lui avec confiance : «Demandez et l’on vous donnera, a dit Jésus, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira …. Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien pus votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui L’en prient» (Mt. V11,7 et 11). Les «bonnes choses» promises par Jésus, sont avant tout celles qui sont comprises dans l’acte d’espérance : « la vie éternelle et les grâces nécessaires pour la mériter» tel est l’objet de l’espérance, c’est là ce que nous devons demander en premier.
2. - Lorsque tu te places devant Dieu, dans l’intention de t’unir à Lui, tu comprends immédiatement que le grand obstacle qui s’interpose entre Dieu et toi, ce sont tes péchés, ta fragilité et ta misère, par lesquels il t’es si difficile de vivre d’une manière digne de Lui. Mais L’ESPÉRANCE vient au-devant de toi en t’assurant, de la part de la miséricorde infinie, le pardon de tes péchés et la grâce nécessaire non seulement pour bien vivre, mais encore, pour vivre saintement.
Le pardon des péchés lève l’obstacle à ton union avec Dieu, la grâce te rapproche de Lui et finalement consomme l’union. Quel réconfort inonde ton âme, lorsque tu songes que malgré ta faiblesse qui ne réussit pas éviter le péché, Dieu veut que tu sois assurée de son pardon! Toutes les fois que, sincèrement repentante, tu reconnais tes fautes, Lui, de fait, par les mérites de Jésus, te pardonne, et tes fautes sont oubliées pour toujours. Il faut que tu en sois absolument certaine, tu ne peux en douter, parce qu’il ne t’est pas permis de douter de la miséricorde et des promesses de Dieu. «Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, dit le Seigneur, comme la neige ils blanchiront» (cfr. Is. I,18). Et ce n’est pas tout, car Dieu veut que tu sois également sûre qu’Il t’accordera les grâces nécessaires pour bien vivre, vaincre tes tentations et tes défauts, avancer dans les vertus. C’est ainsi que tu obtiendras L’UNION AVEC LUI, non seulement au ciel, mais même sur terre. Ton idéal, cet idéal de sainteté, est, par conséquent, réalisable! Et Dieu veut que tu attendes tout cela de Lui, non à cause de tes mérites, mais parce qu’Il est infiniment bon, parce qu’Il est l’omnipotentia auxilians, la toute-puissance secourable, toujours prête à venir à notre aide. Certes, il serait téméraire d’espérer que Dieu te sauvera et te sanctifiera sans ta coopération; mais si, de ton côté, tu fais tout ton possible pour éviter les fautes même légères et que tu t’exerces généreusement à la pratique des vertus, tu peux espérer avec certitude qu’Il fera pour toi ce que tu ne parviens pas à réaliser, malgré tes efforts. Dieu veut que tu en sois sûre. La certitude est une propriété de l’espérance parfaite, et Dieu veut que tu exerces cette vertu en perfection.
COLLOQUE (Intimité Divine avec Dieu)
«Revêtez-moi, Seigneur, de la tenue verte de l’espérance. La vive espérance en Vous donne à l’âme une telle vigueur, tant de courage et d’élévation pour les choses de la vie éternelle que, comparées à ce qu’elle attend là-haut, toutes les choses du monde lui semblent ce qu’elles sont en réalité, flétries, arides, mortes et de nulle valeur. Donnez-moi donc une forte espérance, ô mon Dieu, afin qu’elle me dépouille de toutes les vanités du monde et que mon coeur ne se repose plus en aucune d’elles, n’attendant rien d’ici-bas, mais vivant revêtu de l’espérance de la vie éternelle. L’ESPÉRANCE sera le bouclier du salut qui protège ma tête des blessures de l’ennemi et oriente mon regard vers le ciel, me permettant de fixer les yeux uniquement sur Vous, mon Dieu. Comme les yeux de la servante sont tournés vers les mains de sa maîtresse, ainsi les miens se fixent sur Vous, jusqu’à ce que Vous ayez pitié de moi en raison de mon espérance. Faites que mes yeux ne voient rien d’autre, que je me contente de Vous seul. Alors, Vous Vous complairez en moi, et je pourrai dire en toute vérité « qu’on obtient de Vous autant qu’on en espère. »
Pour comprendre la grandeur de votre Divinité, ô Seigneur j’ai besoin de la foi, et pour produire des œuvres, il me faut l’espérance, car si je n’avais pas l’espoir de Vous posséder un jour, je n’aurais pas la force de peiner ici-bas. Je ne désire plus les choses terrestres, bien que je n’aie jamais espéré en elles. J’ai une vive espérance d’obtenir non les choses de la terre, dans lesquelles les mondains mettent ordinairement leur espérance, mais Vous, mon Dieu.
« O Seigneur, donnez-moi une espérance forte, car je ne puis me sauver sans que cette vertu soit bien enracinée dans mon âme. Elle m’est nécessaire pour implorer le pardon de mes péchés et atteindre ma fin. Quel plaisir ne procure-t-elle pas à mon âme, en lui faisant espérer ce dont elle devra jouir ensuite dans la patrie, et en lui faisant goûter partiellement, dès ici-bas, ce qu’elle devra éternellement savourer, comprendre, posséder, c’est-à-dire Vous-même, mon Dieu (Ste M. Mad. De Pazzi)
(Source : INTIMITÉ DIVINE par le Père Gabriel de Ste Marie Madeleine, O.C.D.
- 2e volume – juin à novembre)
M É D I T A T I O N
L’ACTE D’AMOUR
PRÉSENCE DE DIEU
O Seigneur, faites que je Vous aime pour Vous-même et non pour ma consolation, et qu'en Vous aimant, je cherche toujours VOTRE VOLONTÉ et non la mienne.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. AIMER, c’est vouloir le bien de quelqu’un. On comprend, donc, que l’essence de l’amour se trouve dans L’ACTE DE VOLONTÉ par lequel on veut le bien. Cela n’empêche pas qu’en nous cet acte soit souvent uni à l’affection sensible; l’amour provient alors à la fois de la VOLONTÉ et de la sensibilité. Il est clair, pourtant, que la substance du véritable amour ne se trouve pas dans l’émotion du sentiment, mais dans l’acte de la VOLONTÉ. La charité ne change pas notre manière d’aimer, mais elle la pénètre, la surnaturalise en rendant la VOLONTÉ et la sensibilité capables d’aimer Dieu. Oui, même notre affection sensible peut prendre place dans l’acte d’amour surnaturel; Dieu ne dédaigne pas cette manifestation plus humble et moins élevée de notre amour pour Lui, tant il est vrai qu’il nous a ordonné de L’aimer non seulement de tout notre esprit et de toute notre âme, mais aussi de tout notre coeur. Toutes nos forces … intellectuelles, volitives, affectives … sont donc mises en œuvre dans l’acte d’amour; toutefois, la substance de cet acte ne se trouve pas dans le sentiment, mais dans LA VOLONTÉ.
Dès lors, si ta sensibilité demeure froide en aimant Dieu et ne «sent» rien, il n’y a pas lieu de te troubler : tu trouveras moins de satisfactions dans ton amour … car il est beaucoup plus doux de sentir qu’on aime! … mais ton acte d’amour sera tout aussi vrai et plénier. Qui plus est, l’appui et l’élan qui proviennent du sentiment te faisant défaut, tu seras contraint de t’appliquer plus résolument à l’acte de la VOLONTÉ ce qui, loin de nuire, rendra ton acte d’amour plus volontaire et, par le fait même, plus méritoire. Précisément parce que la substance de l’amour se trouve dans L’ACTE DE LA VOLONTÉ qui veut du bien à Dieu, voici que le Seigneur, pour rendre ton amour plus pur et plus intense, te privera souvent de toute douceur dans le sentiment; tu ne sentiras plus ton amour pour Dieu … et cela te peinera … mais en réalité, tu l’aimeras dans la mesure où tu sauras vouloir résolument SA VOLONTÉ, son bon plaisir par-dessus tout. Du reste, il n’est pas en ton pouvoir de sentir l’amour, tandis qu’il est toujours en ton pouvoir de poser des actes d’amour volontaires, de VOULOIR le bien de Dieu en cherchant de toutes tes forces à vivre pour Lui, à Lui faire plaisir.
2. Saint Jean de la Croix précise :
«LA VOLONTÉ s’unit à Dieu par son opération propre dont le terme est L’AMOUR, mais non au moyen des sentiments qui trouvent dans l’âme leur propre terme et fin».
L’opération de LA VOLONTÉ est l’acte d’amour par lequel nous voulons du bien à Dieu, et conformons NOTRE VOLONTÉ à la sienne. Cette opération a son terme en Dieu et est le vrai moyen pour nous unir à Lui. Le sentiment de l’amour, au contraire, n’étant qu’une impression subjective produite quelquefois dans la sensibilité par l’acte d’amour, a son terme dans l’âme qui l’éprouve; il lui est un réconfort, mais il est clair que par lui-même il n’a pas le pouvoir d’unir l’âme à Dieu. L’âme, il est vrai, peut s’en servir pour se donner au Seigneur avec plus de générosité et, dans ce cas, le sentiment de l’amour intensifie l’opération de LA VOLONTÉ. Malheureusement, comme nous sommes tellement portés à chercher notre satisfaction, même dans les choses les plus saintes, l’âme s’arrête facilement à la douceur de ce sentiment, et alors, elle cesse de tendre à Dieu de toutes ses forces. Il est donc très opportun que Dieu nous fasse passer par des PÉRIODES D’ARIDITÉ, nous obligeant ainsi à aller à Lui moyennant la pure opération de LA VOLONTÉ. Alors, dit le Docteur mystique, l’âme s’arrête seulement en Dieu et laissant de côté tout le créé, elle L’aime par-dessus tout. Et il ajoute :
«Il serait très insensé celui qui, parce qu’il est privé des suavités et des délices spirituelles, s’imaginerait pour cela que Dieu lui manque, ou si, parce qu’il les possède, se réjouirait à la pensée que pour cela il possède Dieu»
Non, ce n’est pas en cela que consiste le véritable amour et l’union à Dieu, mais dans la pure opération de LA VOLONTÉ qui cherche Dieu et sa VOLONTÉ par dessus tout.
Si tu veux donc vraiment aimer Dieu et t’unir à Lui, «aie faim uniquement de la VOLONTÉ DE DIEU, c’est -à-dire cherche sa seule VOLONTÉ en la préférant toujours à la tienne. Cette manière d’aimer te fait sortir entièrement de toi-même, de ce qu’il y a de plus profond dans ton moi, à savoir, TA VOLONTÉ, pour t’élancer tout entier dans la VOLONTÉ DE DIEU. Et si tu songes que, pour arriver à l’union parfaite avec Dieu, toute ta vie doit être un accomplissement parfait de SA VOLONTÉ, tu sentiras le besoin d’être continuellement généreux pour sortir à chaque instant de TA VOLONTÉ et demeurer dans celle de Dieu.
COLLOQUE (INTIMITÉ DIVINE)
«O mon Seigneur et mon Dieu, qu’ils sont nombreux ceux qui vont chercher en vous la consolation et la joie, et vous demandent des faveurs et des dons! Mais comme ils sont peu nombreux ceux qui cherchent à vous plaire et à vous servir quelque peu au prix d’un sacrifice quelconque ou de leurs intérêts particuliers!
Donnez-moi la grâce, ô Seigneur, de Vous suivre avec un véritable amour et un esprit de sacrifice, afin que je ne cherche d’aucune manière le réconfort et le plaisir, ni en Vous, ni en dehors de Vous. Je ne veux pas Vous demander de récompense, car je vois que j’ai reçu déjà de nombreuses grâces; je désire plutôt que chacune de mes pensées n’ait d’autre fin que de Vous faire plaisir et de Vous servir, au prix de n’importe quelle incommodité et souffrance, et cela à cause de tout ce que Vous méritez «O mon Bien-Aimé, tout pour vous, rien pour moi.
«O Seigneur, comme il est nécessaire d’apprendre à Vous aimer d’un amour désintéressé! Pour avancer comme il faut dans la voie de l’amour, il faut avoir l’unique désir de Vous servir, ô Dieu crucifié; c’est pourquoi non seulement je renonce à Vous demander des consolations, mais je ne les désire même pas et je Vous supplie de ne pas me les accorder en cette vie.
«Non, mon Dieu, l’amour ne consiste pas à avoir des consolations spirituelles, mais a être fermement résolu à Vous contenter en tout, à faire des efforts continus pour ne pas Vous offenser, à prier pour l’augmentation de votre honneur et de votre gloire. Il consiste surtout dans une CONFORMITÉ PARFAITE À VOTRE VOLONTÉ, de manière que je veuille, moi aussi … et fermement! … ce que je sais que Vous voulez, acceptant avec la même allégresse tant le doux que l’amer. O puissant amour de Dieu! Comme il est vrai que celui qui aime n e trouve rien impossible »
(Réf: Intimité Divine, Tome 2 - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.)
M É D I T A T I O N
VIE D’AMOUR
PRÉSENCE DE DIEU
Faites, ô Seigneur, que dès ici-bas je commence à Vous aimer comme je Vous aimerai un jour au Ciel.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. On peut affirmer que, par la foi, «la vie éternelle commence en nous» On peut en dire autant et à plus forte raison de la charité qui subsistera même au ciel. La vie éternelle sera essentiellement une VIE D’AMOUR, d’un amour pleinement épanoui car, en connaissant parfaitement Dieu par la vision béatifique, nous pourrons finalement accomplir, en toute sa perfection, le précepte d’aimer Dieu de toutes nos forces. Sur terre, cette perfection n’est possible que d’une manière relative. Toutefois, dès à présent, nous possédons la même charité par laquelle nous aimerons au ciel. C’est pourquoi nous pouvons commencer, dès ici-bas, cette VIE D’AMOUR qui fleurira pleinement dans l’éternité. Les caractéristiques de notre amour au ciel seront la pleine vigueur et la continuité absolue, avec l’impossibilité de jamais déchoir. Sur terre, nous ne pouvons arriver si loin, mais nous pouvons y tendre par l’exercice d’un amour pur, intense et en acte le pus qu’il est possible. Voici donc les qualités que doit posséder ton amour pour Dieu : être pur, intense, continu.
Ton amour pour Dieu sera PUR quand tu L’aimeras au point de rechercher uniquement sa GLOIRE et l’accomplissement de SA VOLONTÉ : «Que ton nom soit sanctifié, que ta volonté soit faite». Tel est l’unique et véritable bien que tu peux vouloir à ton Dieu. Toute la gloire bien qu’il t’est possible de Lui donner consiste à répondre totalement à sa SAINTE VOLONTÉ, à rivaliser avec les Anges et les bienheureux du ciel, pour accomplir ici-bas SA VOLONTÉ avec autant d’amour, de plénitude; «que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel». Voilà en quoi doit consister la pureté de ton amour; chercher la SEULE GLOIRE de Dieu SA SEULE VOLONTÉ, en t’oubliant complètement.
C’est pourquoi, même dans ta vie spirituelle, ta première pensée doit être non ta perfection, ton progrès, ta consolation, mais toujours le bon plaisir de Dieu, sa gloire. Et ainsi, tu serviras le mieux tes intérêts, car celui qui se donne à Dieu en s’oubliant totalement, attire sur soi la plénitude de L’AMOUR DIVIN. Or, quel plus grand bien peux-tu rêver que celui d’être aimé par L’AMOUR INFINI.
2. Mais ensuite, il faut que ton amour pour Dieu soit intense, vigoureux, afin que l’inclination de ta volonté vers Lui soit toujours plus forte «Amor meus pondus meum» dit Saint Augustin : l’amour est le poids qui m’entraîne, qui entraîne tout mon être, ma volonté, ma vie, en Dieu. Et il faut que ce poids augmente, afin qu’il t’entraîne en Dieu selon un rythme toujours plus accéléré. Saint Jean de la Croix enseigne qu’un degré d’amour suffit pour que l’âme soit dans son centre qui est Dieu; mais plus elle possède de degrés d’amour, plus elle s’abîme en son centre, et dès lors, «plus l’amour est ardent, plus aussi il est capable d’unir l’âme à Dieu».
L’AMOUR DEVIENT PLUS FORT et croît par l’exercice, pourvu que celui-ci soit généreux, intense et qu’il mette à contribution toutes les forces de l’âme. Lorsque tu accomplis tes actions, non avec mesquinerie ou négligence, mais avec toute l’ardeur possible, c’est-à-dire en y mettant toute la bonne volonté dont tu es capable, ton amour croît immédiatement et à chaque acte correspond une nouvelle augmentation de charité. De cette manière, ton amour croîtra toujours davantage, il deviendra fort, il parviendra à maturité et sera capable de t’entraîner tout entier en Dieu. Veille donc à ce qu’au cours de ta journée, ces actes d’amour soient aussi fréquents que possible pour pouvoir vivre dans un amour presque toujours en acte.
Mais il y a un moment du jour destiné tout particulièrement à te rendre plus fervent dans la charité : c’est le moment de L’ORAISON, cette rencontre intime de ton âme avec Dieu par l’amour, ce rapport d’amitié entre toi et Dieu. C’est là qu’il faut recueillir et te concentrer, retremper la décision de TA VOLONTÉ de te DONNER TOUT À DIEU de rechercher toujours SA VOLONTÉ, d’accomplir son bon plaisir par-dessus toutes choses. Va à l’oraison pour chercher Dieu, demeurer auprès de Lui comme l’ami reste auprès de son ami, et demande-Lui avec soumission mais douce instance, qu’Il t’apprenne à L’aimer comme tu L’aimeras au ciel. De même que l’amitié humaine se fortifie par les rencontres des amis, ainsi en est-il de l’amitié divine; la charité devient plus forte dans l’oraison, cette rencontre amicale et amoureuse de l’âme avec Dieu.
COLLOQUE (INTIMITÉ DIVINE)
«O Seigneur, Vous me faites comprendre que tous les dons les plus parfaits ne sont rien sans l’amour et que la charité est la voie la plus excellente pour aller sûrement à Vous. C’est pourquoi je ne désire pas d’autre science que celle de l’amour et, bien qu’ayant donné toutes mes richesses pour l’acquérir, il me semble n’avoir rien donné. Je comprends tellement que l’amour soit seul capable de me rendre agréable à vos yeux, que c’est là le seul trésor que j’envie.
«Mon occupation, c’est de jeter des fleurs, les fleurs de l’amour et du sacrifice et de Vous les offrir, mon Dieu, pour Vous faire plaisir. Je veux travailler pour votre seul amour, dans l’unique but de Vous faire plaisir, de consoler votre COEUR SACRÉ, et de sauver des âmes qui Vous aimeront éternellement.
«O Seigneur, mon amour pour Vous doit être absolu, infini dans le désir, parce que Vous ne Vous donnez pas entièrement à l’âme, si celle-ci ne se donne pas totalement à Vous. Je ne dois réserver aucun attachement, n’admettre pas même une seule imperfection volontaire, ne rien Vous refuser. Faites que je puisse me donner à Vous dans une offrande continuelle, ininterrompue, instant après instant, en recherchant en tout votre plus grande gloire, en tâchant toujours de Vous faire plaisir, en voulant uniquement et toujours VOTRE VOLONTÉ, en faisant chaque chose de tout mon coeur, de tout mon amour.
«Mon amour pour Vous doit être délicat. Aidez-moi à arriver à ces finesses, à ces nuances, à ce soin des détails que Vous appréciez tant et qui Vous ravissent.
«Mon amour pour Vous doit être fort, généreux et se prouver par le sacrifice et sa recherche l’offrande et l’acceptation souriante de la douleur. O Seigneur, pour votre amour, je veux m’exercer dans les petites occasions, afin d’être forte dans les grandes (Sr. Carmela du Saint-Esprit, carmélite déchaussée)
(Réf: Intimité Divine, Tome 2 - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année.)
M É D I T A T I O N
AMOUR D’AMITIÉ
PRÉSENCE DE DIEU
Puissé-je, ô Seigneur, vivre pleinement dans votre amitié divine !
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. - La plus haute expression de l’amour humain est L’AMITIÉ, et Saint Thomas enseigne que la charité est précisément un amour d’amitié entre l’homme et Dieu. L’amitié, cependant, exige une certaine égalité, une communauté de vie, de biens; elle requiert une réciprocité d’affection, une mutuelle bienveillance. Mais quelle égalité et communauté de vie peut-il exister entre la créature, qui est néant, et Dieu, l’Être suprême? Aucune, du point de vue naturel. Toutefois, Dieu a voulu élever la créature à l’état surnaturel en lui communiquant une participation à sa nature et sa vie divine. Il est vrai que l’homme – bien que divinisé par la grâce – reste toujours créature, et Dieu demeure l’Être inaccessible, transcendant; mais dans son amour infini, Il a trouvé le moyen d’élever l’homme sur le plan de Sa vie divine.
Le premier fruit de l’amour de Dieu pour nous est précisément cette forme d’égalité, de communauté de vie qu’au moyen de la grâce Il a voulu établir entre nous et Lui. Dieu nous a donc devancés, non seulement par son amour de Créateur en nous appelant à l’existence, mais aussi par son amour de Père, en nous permettant de participer à sa vie divine.
«L’amour trouve ou rend égaux ceux qui s’aiment.» … et voici que Dieu nous a aimés jusqu’à nous rendre semblables à Lui-même, afin de pouvoir nous admettre dans le cercle de son AMITIÉ DIVINE, de cette amitié qui existe au sein de la Trinité entre les trois Personnes divines. De plus, comme l’amie désire vivre avec son amie et cherche toujours sa proximité, ainsi Dieu a voulu nous être si proche et si intime qu’Il a établi sa demeure dans nos âmes : «Nous viendrons à lui et Nous ferons chez lui notre demeure» (Jean XXIV, 23). Peut-on imaginer plus grande communauté de vie entre nous et Dieu que cette société continuelle avec les Personnes divines qui habitent dans notre âme et avec lesquelles, moyennant la charité, nous pouvons lier de véritables rapports d’amitié?
2. - L’AMITIÉ exige une réciprocité d’amour. Dans son amour d’amitié, Dieu nous a devancés : Il nous a aimés le premier et, en nous aimant, a répandu en nous la grâce et la charité qui nous rendent capables de payer son amour de retour. Nous rendrons amour pour amour à Dieu, non par notre amour naturel, humain – qui serait inadéquat – mais par l’amour de charité que l’Esprit Saint a répandu dans nos coeurs et qui est une participation à cet amour infini que Dieu se porte à Lui-même. Dieu nous a fait ce DON très précieux, et nous devons l’accueillir d’un coeur pur, libre, pour pouvoir y adhérer de toute la force de notre volonté et de notre amour.
En nous offrant son amitié, Dieu nous a rendus semblables à Lui en transformant notre être naturel en être surnaturel. De notre part, pour répondre à son amitié, nous devons tâcher de nous rendre semblables à Lui en transformant notre volonté dans la sienne. La véritable amitié mène à la communauté de pensées, de volonté, d’affections, de désirs, d’intérêts. Le vrai ami épouse les intérêts et les vouloirs de son ami, il pense comme lui, aime ce qu’il aime, veut ce qu’il veut. Nous devons en faire autant avec Dieu si nous voulons vivre réellement comme ses amis.
Jésus a dit : «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que Je vous commande» et «Si quelqu’un M’aime, il gardera ma parole» (Jn XV, 14; XIV, 23). C’est pourquoi l’amitié avec Dieu ou la charité exige de notre part la tendance continuelle à conformer nos pensées, nos vouloirs et désirs à la pensée et à la volonté de L’AMI DIVIN. Notre amitié avec Dieu sera parfaite lorsque plus rien ne s'opposera en nous au vouloir et aux désirs divins, mais que nous leur serons conformes en tout, et alors aussi notre union avec Lui sera parfaite. «L’état de cette divine union consiste en ce que la volonté de l’âme est complètement en la volonté divine; il n’y a plus rien en elle qui soit opposé à la volonté divine; aussi elle ne se meut en tout et pour tout que d’après la volonté divine. Charité parfaite, amitié parfaite, union parfaite avec Dieu : voilà le but vers lequel il te faut tendre, en avançant avec empressement à pas d’amour.
COLLOQUE ET INTIMITÉ DIVINE
Vous le savez, ô mon Dieu, je n’ai jamais désiré que Vous aimer uniquement, je n’ambitionne pas d’autre gloire. Votre amour m’a prévenue dès mon enfance, il a grandi avec moi, et maintenant c’est un abîme dont je ne puis sonder la profondeur. L’amour attire l’amour, le mien s’élance vers Vous, il voudrait combler l’abîme qui l’attire; mais, hélas! … Pour vous aimer comme vous m’aimez, il me faut emprunter votre propre amour, alors seulement je trouve le repos.
L’amour, voilà donc tout ce que Vous réclamez de nous. Vous n’avez pas besoin de nos œuvres, mais uniquement de notre amour … Vous qui n’avez pas craint de mendier un peu d’eau à la Samaritaine … Vous aviez soif ! ! ! Mais en disant : «donne-moi à boire», c’était l’amour de votre pauvre créature que Vous, Créateur de l’univers, réclamiez; Vous aviez soif d’amour! Oui, plus que jamais Vous êtes altéré. Vous ne rencontrez que des ingrats et des indifférents parmi les disciples du monde, et parmi vos disciples, Vous trouvez, hélas! bien peu de coeurs qui se livrent sans aucune réserve à la tendresse de votre Amour infini.
Votre amour miséricordieux est méconnu, rejeté de toutes parts … les coeurs auxquels Vous désirez le prodiguer se tournent vers les créatures, leur demandant le bonheur d’une misérable affection d’un instant, au lieu de se jeter dans vos bras et d’accepter la délicieuse fournaise de votre amour infini. O mon Dieu, votre amour méprisé va-t-il rester en votre Coeur? Il me semble que si Vous trouviez des âmes s’offrant … à votre amour, Vous les consumeriez rapidement, que Vous seriez heureux de ne point comprimer les flammes de tendresse infinie qui sont renfermées en Vous … O mon Jésus que ce soit moi cette âme fortunée. Consumez votre petite hostie par le feu du divin amour … Que votre amour me pénètre, m’enveloppe, me renouvelle, me purifie à chaque instant, et ne laisse en mon coeur aucune trace de péché.
(Source : INTIMITÉ DIVINE par le Père Gabriel de Ste Marie Madeleine, O.C.D.
- 2e volume – juin à novembre)
M É D I T A T I O N
NE JUGEZ PAS
PRÉSENCE DE DIEU
«Seigneur, préservez-moi de juger et de critiquer le prochain; donnez-moi pour tous des pensées de bonté et d’amour»
MÉDITATION
1.« Ne jugez point, pour n’être pas jugés » (Mt. VII, 1).
La charité envers le prochain a son principe dans la pensée; beaucoup de manquements à la charité ont leur origine profonde dans nos jugements. Nous n’estimons pas assez les autres, nous ne tenons pas assez compte de leurs bonnes qualités, nous interprétons leur manière d’agir sans bienveillance. Pourquoi? Parce que pour juger le prochain nous nous basons presque toujours sur ses défauts, surtout sur ceux qui heurtent notre sensibilité, qui choquent notre manière de voir et de faire, - et nous faisons peu ou point de cas de ses bons côtés.
Juger personnes et choses d’un point de vue négatif constitue une grave erreur; c’est même illogique, car si le côté négatif existe, il est le revers d’une qualité positive. De même qu’une déchirure dans un vêtement n’existe qu’en fonction de ce vêtement. Lorsque nous nous complaisons à critiquer les côtés négatifs d’une personne ou d’un groupe, nous faisons œuvre destructrice et en notre âme et à l’égard du prochain. Pour faire œuvre constructive, au contraire, il faut dépasser les défauts et savoir mettre en valeur les qualités et les bons côtés dont nul n’est entièrement dépositaire.
Du reste, n’avons-nous pas nous-mêmes de nombreux défauts, plus grave peut-être que ceux du prochain? «Qu’as-tu à regarder la paille qi est dans l’oeil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas! » (Mt. VII,3). Scrutons sérieusement ces paroles de Jésus car, hélas! Il n’est pas rare que malgré notre désir de sainteté, où se niche encore, dans notre coeur, quelque chose de ce détestable esprit critique, qui nous fait juger différemment nos défauts et ceux d’autrui. Quels progrès ne réaliserions-nous pas dans la charité fraternelle et l’acquisition de la perfection si, au lieu de critiquer les défauts d’autrui, nous nous examinions nous-mêmes pour découvrir s’il ne se trouve rien de semblable en nous, ou peut-être de pire encore, et si nous nous appliquions à nous corriger ! Sainte Thérèse de Jésus disait à ses moniales : Lorsque vous découvrez quelque défaut dans vos sœurs, «tâchez d’accomplir avec une haute perfection la vertu opposée aux fautes que vous avez remarquées en elles » ; voilà un des meilleurs moyens pour aider les autres à se corriger.
2. Le jugement est un acte réservé à Dieu seul, car Lui seul voit l’intime des coeurs, connaît les intentions et les motifs qui nous poussent à l’action : «l’homme regarde à l’apparence, mais Yahvé regarde au coeur. » (I Sam. XVI, 7). C’est pourquoi celui qui juge – à moins d’y être obligé par sa fonction, - un supérieur, par exemple, - usurpe en un certain sens, le droit de Dieu, se met à la place de Dieu. S’ériger en juge, implique toujours une attitude orgueilleuse envers Dieu et le prochain. De plus, celui qui juge facilement les autres, s’expose à commettre de grossières erreurs précisément parce qu’il ignore les intentions d’autrui, et ne possède pas les éléments suffisants pour formuler un jugement équitable.
Vis-à-vis d’une action blâmable en elle même, nous ne sommes évidemment pas tenus à la juger bonne; toutefois, il nous faut savoir excuser l’intention de celui qui l’accomplit en ne l’attribuant pas tout simplement à une volonté perverse. « Si les actions du prochain avaient cent faces, nous devrions les considérer selon la meilleure; et si, alors encore, cette action est blâmable, excusons au moins l’intention.»
Moi aussi je commets chaque jour de nombreux manquements; moi aussi, je trébuche fréquemment; faut-il tout mettre au compte d’une méchanceté délibérée? Ce sont souvent des fautes qui m’échappent par inadvertance, par fragilité, et le Seigneur continue à m’aimer, Il veut que je garde pleine confiance en son amour, pourvu que je déteste mes faiblesses. Il est pour les autres tel qu’Il est pour moi; je n’ai donc aucun droit de douter de la bonne volonté du prochain parce que je lui vois commettre des manquements, ni, pour ce motif, de lui mesurer mon estime et ma bienveillance. Cette personne, qui me semble si blâmable, a peut-être déjà détesté et pleuré intérieurement ses défauts plus que je n’ai fait pour les miens, le Seigneur lui a déjà pardonné et continue à l’aimer. Serais-je plus sévère que le Seigneur? En ce cas, il sera utile de me rappeler que Dieu me traitera avec la même sévérité que celle dont j’use à l’égard du prochain, car Jésus a dit : «Du jugement que vous jugez, on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on usera pour vous.» (Mat. VII,2)
COLLOQUE ET INTIMITÉ DIVINE
« O Jésus, c’est Vous qui me jugez! Et pour me rendre votre jugement favorable, ou plutôt pour ne pas être jugée du tout, puisque Vous avez dit : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés», je veux toujours avoir des pensées charitables. C’est pourquoi, lorsqu’il m’arrive de voir faire une action qui me paraît imparfaite, je tâche bien vite d’excuser la coupable et de lui prêter de bonnes intentions qu’elle a sans doute.
« Apprenez-moi, ô Seigneur, à ne juger le prochain pour aucun défaut que je lui verrais commettre; et si je le voyais pécher, donnez-moi la grâce d’en excuser l’intention qui est cachée et ne se peut voir. Mais si je voyais que l’intention avait été franchement mauvaise, faites-moi la grâce d’excuser le prochain, en raison de la tentation dont aucun mortel n’est affranchi.» (Ste M.-Madeleine de Pazzi)
« O Seigneur, aidez-moi à voir dans le prochain uniquement ses vertus et ses bonnes œuvres, et à «couvrir» ses défauts de la grandeur de mes péchés. De cette manière, Vous me conduirez peu à peu à une vertu solide qui me fait estimer tous les autres plus que moi. Pour en arriver là, votre secours m’est absolument nécessaire; sans lui, en effet, tous mes efforts sont vains. C’est pourquoi je Vous supplie de m’accorder Vous-même cette vertu.»
(Source : INTIMITÉ DIVINE par le Père Gabriel de Ste Marie Madeleine, O.C.D.
- 2e volume – juin à novembre)
M É D I T A T I O N
AMOUR DU PROCHAIN ET AMOUR DE DIEU
PRÉSENCE DE DIEU
Faites-moi comprendre, ô Seigneur, que le signe le plus sûr de mon amour pour Vous est un amour sincère pour le prochain.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. L’âme qui vit pour Dieu a besoin d’être rassurée que son amour pour Lui n’est pas une illusion. Quel est le critère qui lui en donne la plus grande certitude? Sainte Thérèse de Jésus répond : «Nous ne pouvons avoir la certitude que nous aimons Dieu, bien que nous en ayons des indices très sérieux; mais nous pouvons savoir sûrement si nous aimons le prochain. Soyez certaines que plus vous découvrirez en vous de progrès dans l’amour du prochain, plus vous serez avancées dans l’amour de Dieu.» Cet argument est irréfutable parce que la vertu de charité est unique et tandis que notre amour pour Dieu est difficilement contrôlable il est impossible de se méprendre sur l’amour que nous portons au prochain. En effet, il n’est pas nécessaire d’être exceptionnellement perspicace pour nous rendre compte si nous sommes charitables, patients, indulgents, bienveillants envers nos frères. Notre comportement à leur égard nous permettra de mesurer notre amour pour Dieu.
Nous nous imaginons parfois avoir un grand amour pour Dieu parce que nous éprouvons certains goûts spirituels pendant l’oraison. Nous croyons être prêts à affronter, pour Son amour, n’importe quel sacrifice, parce que certains désirs impétueux s’éveillent en nous. En fine psychologue, Sainte Thérèse d’Avila met les âmes en garde contre les pièges dans lesquels elles peuvent tomber :
«Non, mes sœurs! … Ce sont des œuvres que le Seigneur demande de nous. Si, par exemple, vos voyez une malade à qui vous puissiez procurer du soulagement, n’ayez aucune peine de laisser là vos dévotions pour l’assister et lui montrer de la compassion; si elle souffre, partagez sa douleur; s’il vous faut jeûner pour qu’elle ait la nourriture nécessaire, faites-le, non pas tant par amour pour elle que par amour pour Dieu, qui le veut, comme vous le savez».
Voilà donc en quoi consiste le véritable amour. C’est en ce sens que Saint Jean l’Évangéliste a pu dire : «Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères». Il ne dit pas : «parce que nous aimons Dieu», mais «parce que nous aimons nos frères», précisément parce que la charité fraternelle est l’indice le plus sûr d’un véritable amour pour Dieu.
2. Sainte Thérèse de Jésus écrit :
«L’amour que Dieu nous porte est tellement profond qu’en retour de celui que nous avons pour le prochain il perfectionne de mille manières, celui que nous Lui portons à Lui-même; je ne puis avoir aucun doute à ce sujet.»
Affirmation vraiment belle et digne de foi, qui nous portera avec enthousiasme à la pratique de la charité fraternelle et nous montre combien la Sainte avait raison de dire :
«Si vous compreniez bien l’importance de cette vertu, vous n’auriez pas d’autre préoccupation que celle de la pratiquer»
L’âme qui aime véritablement le Seigneur, n’a d’autre désir que de croître dans son amour; en voici le moyen infaillible : pratiquer avec le plus grand soin la charité fraternelle. Cette âme aspire ardemment à l’union avec Dieu : en voici la voie royale : être unie à ses frères. Rappelons-nous toujours que la vertu de charité est une participation, non seulement à la charité infinie par laquelle Dieu s’aime Lui-même, mais aussi à cet amour immense par lequel Il aime ses créatures. Plus nous aimerons nos frères, plus nous entrerons dans ce courant d’amour dont Dieu enveloppe tous les hommes, et plus aussi nous participerons à sa bienveillance, à sa bonté, à sa charité infinie. C’est de cette manière que la charité nous unit à Lui qui est charité par essence :
«Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui». (1 Jean IV,16).
Par contre, lorsque nous manquons à la charité fraternelle, nous nous éloignons de Dieu, de son attitude de charité infinie, ce qui équivaut à nous éloigner et nous séparer de Lui. C’est pourquoi l’Apôtre nous dit :
«Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour est de Dieu, et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu car Dieu est amour. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.»
L’amour surnaturel pour le prochain diffère profondément de l’amour purement humain : loin de nous détacher de l’amour divin, comme ce dernier, il nous lance en Dieu avec une force toujours croissante, et nous unit toujours davantage à Lui.
COLLOQUE ET INTIMITÉ DIVINE
«O Seigneur, la marque la plus sûre pour savoir si je Vous aime vraiment, se trouve dans la perfection avec laquelle j’observe le précepte de la charité envers le prochain. Puisque c’est là chose d’une telle importance, il faut que je m’examine dans les moindres détails, sans tenir compte de certaines pensées élevées qui me viennent en foule à l’heure de l’oraison, par laquelle il me semble être prête à entreprendre, pour l’amour du prochain, ou le salut d’une seule âme, de très grandes choses. Si ensuite mes œuvres n’y répondent pas, il n’y a nul motif pour croître à l’efficacité de mes résolutions.
Je ne dois pas non plus, ô mon Dieu, m’imaginer être arrivée à l’union avec Vous et Vous aimer beaucoup, à cause de la dévotion et des délices spirituelles dont je pourrais jouir pendant l’oraison. Il faut, au contraire, que je Vous prie de m’accorder l’amour du prochain dans toute sa perfection, et puis Vous laisser faire. Si, de ma part, je m’efforce dans toute la mesure du possible d’acquérir cet amour, si j’oblige ma volonté à faire en tout la volonté des autres, dussé-je y perdre mes droits; si, malgré toutes les répugnances de ma nature j’oublie mon propre intérêt pour rechercher le leur, et que je prenne pour moi, lorsque l’occasion s'en présentera, toute la fatigue pour la leur épargner, Vous me donnerez, certes, bien plus que je ne pourrai désirer, mais je ne dois pas m’imaginer qu’il ne m’en coûtera pas. Du reste, ô Seigneur, ne Vous a-t-il pas coûté, l’amour que Vous nous avez témoigné? Pour nous sauver de la mort, Vous avez enduré la mort la plus cruelle, celle de la croix.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D.
(Extrait du livre : Intimité Divine, méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année, deuxième volume, juin à Novembre.)
M É D I T A T I O N
LA DOUCEUR
PRÉSENCE DE DIEU
O Seigneur, Vous qui êtes la douceur même, enseignez-moi la douceur du coeur, la douceur dans mes rapports avec autrui.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. La douceur est la fleur de la charité; c’est une participation à cette suavité infinie avec laquelle Dieu guide et gouverne toutes choses. Personne ne désire notre bien, notre sanctification aussi ardemment que Dieu; cependant Il n’use ni de dureté, ni de rigidité ou de violence, mais d’une force souverainement douce, respectant toujours notre liberté, soutenant nos efforts, attendant notre adhésion à la grâce avec une patience et une douceur infinies.
L’Évangile nous décrit la douceur de Jésus en ces termes; «Il ne fera point de querelles ni de cris et nul n’entendra sa voix sur les grands chemins. Le roseau froissé, il ne le brisera pas, et la mèche fumante, il ne l’éteindra pas» (Mt. XII,19 et 20). Les pharisiens murmuraient parce qu’ils Le voyaient manger avec les publicains et les pécheurs. Il leur répondit : «Allez donc apprendre le sens de cette parole : c’est la miséricorde que je désire et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.» (Mt. IX, 13). Les Apôtres sont prêts à appeler le feu du ciel sur les Samaritains qui repoussent le Maître, mais Il les réprimande : «Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Le Fils de l’homme n’est pas venu perdre les âmes des hommes, mais les sauver» (Lc, lX, 55 et 56). Et aux âmes qui, dans le combat contre leurs misères, sentent le poids et la peine de la lutte quotidienne, il dit : «Venez à Moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai ... Mon joug est aisé et mon fardeau léger.» (Mt. Xl, 28 et 30). La charité infinie du Seigneur rend doux son joug et léger son fardeau, car elle répand partout un sentiment de suavité et de douceur.
La charité fraternelle doit s’épanouir dans cet esprit et adoucir les plaies d’autrui plutôt que de les exaspérer, alléger les fardeaux au lieu de les augmenter, faciliter et adoucir l’accomplissement du devoir au lieu de le rendre plus dur. La Charité pratique cette douceur envers tous, même envers ceux qui sont obstinés, ou lents à correspondre au bien envers les faibles qui retombent toujours dans les mêmes défauts. Même si un coeur ne possédait qu’une parcelle de bien, il faudrait l’entourer de soins amoureux, afin qu’elle se développe, car celui qui a appris la douceur de Jésus «n’éteindra pas la mèche qui fume encore».
2. Notre charité est souvent mise à dure épreuve dans nos contacts avec le prochain, et devant le comportement irritant de certaines personnes, nos résolutions de douceur sont bien vite remplacées par des mouvements d’indignation et de colère. Il ne faut pas nous laisser décourager, car ces réactions sont généralement spontanées et indépendantes de notre volonté; elles ne doivent cependant pas nous autoriser à suivre les mouvements de la passion, sous prétexte qu’il est trop difficile d'y résister et que nous sommes entraînés malgré nous. Nous pouvons toujours réagir, et nous y réussirons d’autant plus facilement que notre réaction sera plus prompte, à la fois énergique et douce. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus enseignait à ses novices : «Lorsque vous vous sentez exaspérée par quelqu’un, fût-ce même jusqu’à la colère, le moyen de retrouver la paix est de prier pour cette personne et de demander à Dieu de la récompenser parce qu’elle vous fournit l’occasion de souffrir». Et elle suggérait de prévenir ces rencontres en tâchant d’«adoucir le coeur par anticipation.»
Du reste, si nous répondons par la colère à la colère de notre prochain, nous soufflons sur le feu, alors qu’il faudrait s’évertuer à l’éteindre. Douceur, cependant, n’est pas complaisance envers le mal et moins encore connivence avec lui. Il est des cas, comme l’enseigne l’Évangile, où la correction fraternelle est un devoir impérieux, et alors elle constitue un véritable acte de charité. Mais pour que c’en soit vraiment un, elle ne peut jamais être faite dans l’intention d’humilier de mortifier, et moins encore d’offenser le coupable; elle ne peut jamais être inspirée, même indirectement, par des motifs personnels, tendant à faire valoir ses propres droits pour raisons, à prendre sa revanche pour quelque préjudice causé antérieurement. En ces cas, la correction, loin d’être un acte de charité, est totalement contraire à cette vertu, et au lieu de faire du bien, elle produira plutôt l’effet contraire. Un désir calme et sincère du bien d’autrui peut seul rendre charitable et efficace la correction fraternelle, que nous devons pratiquer avec tant de bonté, que notre frère y sente beaucoup plus l’amour que nous lui portons que l’humiliation d’être repris. C’est ainsi que Jésus a traité les coupables : tous ont été guéris par son amour, SA DOUCEUR.
COLLOQUE ET INTIMITÉ DIVINE
«O Seigneur Jésus, en mourant sur la croix, votre coeur était si doux à notre égard et Vous nous aimiez si suavement, alors que nous étions nous-mêmes la cause de votre mort. Vous n’aviez qu’une pensée : obtenir le pardon pour vos bourreaux tandis qu’ils Vous martyrisaient et insultaient cruellement. Aidez-moi, je vous en prie à supporter avec douceur les imperfections et les défauts de mon prochain.
«Apprenez-moi à répondre à ceux qui me méprisent en murmurent contre moi, avec humilité, douceur et une invariable bonté de coeur, sans jamais me défendre, de quelque manière que ce soit. Pour votre amour je veux laisser dire à chacun ce qu’il voudra, car les paroles n’ont pas d’importance, mais l’amour, et celui qui aimera davantage sera aussi plus aimé et glorifié. Aidez-moi donc, mon Jésus, à Vous aimer et à aimer toutes les créatures pour votre amour, particulièrement celles qui me méprisent, sans me laisser troubler par leur mépris, mais en m’appliquant à pratiquer l’humilité et la douceur, et alors Vous serez ma couronne.
«Enseignez-moi à me comporter toujours avec douceur et suavité, sans jamais rompre la paix entre le prochain et moi. Tout ce que je pourrai faire et obtenir avec amour, je le ferai; mais ce que je ne pourrai faire ou obtenir sans contestation, je le laisserai. Aidez-moi à profiter des aversions et répugnance que je rencontrerai dans le commerce avec le prochain pour exercer la vertu de douceur, me comportant amoureusement avec n’importe quelle personne me fût-elle opposée ou m’occasionnât-elle du désagrément.
« Enfin, je me propose avec votre aide, ô Dieu très aimable, de m’appliquer à l’acquisition de la suavité du coeur envers le prochain, en le considérant comme votre créature, destinée à jouir éternellement de Vous au Paradis. Il est bien juste que ceux que Vous supportez, ô Seigneur Dieu, je les supporte moi-même tendrement et avec grande compassion pour leurs infirmités spirituelles. (St-François de Sales).
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D.
(Extrait du livre : Intimité Divine, méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année, deuxième volume, juin à Novembre.)
M É D I T A T I O N
LE PARDON
PRÉSENCE DE DIEU
Seigneur, apprenez-moi à pardonner avec générosité, et prodiguez-moi votre pardon.
MÉDITATION
1. «Il est du royaume des cieux comme d’un roi qui voulut faire rendre leurs comptes à ses serviteurs». (Mt. XVIII, 23, 35). L’Évangile fait allusion a la reddition de comptes, à laquelle nous serons tous appelés un jour. C’est une pensée grave qui nous porte à réfléchir sur l’état de notre conscience.
Toutefois, la suite de la parabole réconforte le coeur : sous la figure du roi, Dieu se montre si bon, si miséricordieux et compatissant avec le pauvre serviteur qui ne peut solder sa dette, qu’Il lui fait remise de tout et le laisse partir librement.
La dette de ce serviteur n’était pas quantité négligeable : dix mille talents (1); mais nos dettes envers Dieu sont beaucoup plus importantes. Elles ne peuvent être évaluées en deniers, ni en or, ni en argent, mais d’après le prix de notre rachat, le Sang précieux de Jésus. Nos dettes sont nos péchés; pour les laver, il fallut le Sang d’un Dieu. Ces dettes, nous les augmentons plus ou moins chaque jour, malgré notre bonne volonté, ne fût-ce que par des fautes de fragilité et de faiblesse.
Qui peut se féliciter, au bout de la journée, de n’avoir contracté aucune dette nouvelle envers Dieu? Si Dieu nous montrait, au terme de la vie, le compte exact de notre déficit, nous serions beaucoup plus embarrassés que le serviteur de la parabole. Mais le Seigneur est infiniment bon. Il connaît notre misère et y compatit. Chaque fois que nous nous présentons devant Lui, humiliés et reconnaissant nos torts, Il nous pardonne immédiatement et nous remet nos dettes. Dieu est généreux dans son pardon; Il ne nous reproche pas les fautes déjà pleurées, Il n’en tient plus aucun compte. Son pardon est si grand, si plénier, qu’il n’annule pas seulement les dettes, mais en éteint jusqu’au souvenir comme si elles n’avait jamais existé.
Dès que nous sommes humiliés, repentis, le Sang précieux de Jésus guérit toutes nos plaies, même le plus gangreneuses et les plus rebutantes. Le Sang du Christ est comme une mer infinie qui a le pouvoir de laver et de détruire les péchés de toute l’humanité, pourvu qu’on les déteste sincèrement. Nous pouvons prendre chaque jour, chaque instant le fardeau plus ou moins pesant de nos fautes de nos infidélités, et le faire disparaître dans cet océan de grâces et d’amour, avec la certitude qu’il n’en restera pas de traces.
2. La seconde partie de la parabole parle de notre pardon. En revenant de chez le maître, ce serviteur fortuné, libre de toutes ses dettes, rencontre un compagnon qui lui devait cent deniers (2), somme vraiment infime, en comparaison des dix mille talents qui lui avaient été remis. Mais cet homme, qui avait été l’objet de tant de bonté, n’en prouve pas du tout à l’égard de son semblable. Il ne tient compte ni de ses supplications, ni de ses larmes, «il le fit mettre en prison, jusqu’à ce qu’il eût payé sa dette».
Il y a quelques moments, la bonté du maître nous avait émus; à présent, la cruauté du serviteur nous indigne. Et cependant, si la bonté du maître est l’image de la miséricorde de Dieu, toujours prête au pardon, il nous faut reconnaître en rougissant que la cruauté du serviteur est la figure de notre dureté, de notre peu d’empressement à pardonner au prochain.
Malheureusement il en est ainsi : Nous, qui avons besoin du pardon de Dieu plus encore que du pain quotidien sommes si durs si exigeants envers nos semblables; nous avons tant de mal à être indulgents et à pardonner. Que sont les dettes du prochain à notre égard, comparées à nos dettes vis-à-vis de Dieu? Infiniment moins certes, que quelques deniers comparés à dix mille talents, puisqu’il s’agit d’une offense faite à une créature misérable, comparée à celle qui est faite à la Majesté infinie de Dieu.
Mais, voici la différence : Dieu pardonne, oublie, annule entièrement nos lourdes dettes, Il ne cesse de nous aimer et de nous faire du bien, malgré nos infidélités continuelles. Quant à nous, c’est à grand-peine que nous pardonnons quelque petit tort, et lorsque nous le pardonnons nous ne parvenons pas à l’oublier entièrement et sommes prêts à le reprocher dès la première occasion. Qu’adviendrait-il si le prochain commettait à notre égard autant d’infidélités et d’indélicatesses que nous en commettons à l’égard de Dieu? Oh! Qu’il est misérable et étriqué (mesquin), notre pardon!
La parabole rapporte le châtiment que le maître infligea au serviteur cruel : «en colère, il le livra aux exécuteurs jusqu’à l’extinction de toute sa dette», et la conclusion suit : «C’est ainsi que vous traitera mon Père céleste, si chacun ne pardonne à son frère, de tout son coeur».
Si nous désirons que Dieu nous pardonne largement, il nous faut en faire autant à l’égard de notre prochain; nous serons pardonnés dans la mesure où nous pardonnons, ce qui revient à dire que nous fournissons nous-mêmes à Dieu la mesure exacte de la miséricorde dont Il doit user à notre endroit.
COLLOQUE ET MÉDITATION
«Est-il un homme sans dette envers Vous, ô Seigneur? Et qui n’a pour débiteur tel ou tel frère? Vous avez établi, dans vote justice, que votre règle de conduite envers moi, votre débiteur serait celle que j’adopterai à l’égard du frère qui m’est redevable. Ainsi, donc, puisque j’ai péché …. et combien! … il me faut être indulgent pour celui qui me demande pardon. En effet, lorsque le moment de la prière sera venu, je devrai Vous dire : «Pardonnez-moi, Seigneur, mes offenses». Et comment? La condition est stipulée par moi-même, c’est moi qui dicte la loi : «pardonnez-moi comme je pardonne».
«Dans l’Évangile, Seigneur, Vous avez fait noter deux courtes sentences : «pardonnes, et il vous sera pardonné; donnez et il vous sera donné». Voici ma prière : je Vous demande le pardon de mes péchés, et Vous voulez qu’il se trouve quelqu’un à qui j’ai à pardonner.
«De même que le pauvre vient mendier chez moi, ainsi je suis votre petit pauvre je me trouve à la porte du père de famille, ou plutôt je m’y prosterne, suppliant et gémissant, dans l’ardent désir de recevoir quelque chose, et cette chose, c’est Vous. Le pauvre me demande du pain; et moi, que Vous demanderais-je sinon Vous-même qui avez dit : «Je suis le pain de vie descendu du ciel»?
«Je pardonnerai pour obtenir le pardon; je remettrai aux autres et il me sera remis! Je donnerai dans le désir de recevoir, et il me sera donné.
«Lorsqu’il me sera difficile de pardonner, j’aurai recours à la prière. Au lieu de rendre injure pour injure je prierai pour l’insulteur. Quand l’envie me prendra de lui répondre durement, je plaiderai auprès de Vous, Seigneur, en sa faveur. Et puis, je me souviendrai que Vous promettez la vie éternelle, mais ordonnez de pardonner au frère. C’est comme si Vous me disiez : «Toi, homme, pardonne à un autre homme, afin que Moi, Dieu, Je puisse venir à toi».» (St. Augustin)
1) Environ 50 millions: note de la Bible de Maredsous.
2) Moins de cent francs-or: note de la Bible de Maredsous.
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D.
(Extrait du livre : Intimité Divine, méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année, deuxième volume, juin à Novembre. P. 549)
M É D I T A T I O N
L’UNION DES VOLONTÉS
PRÉSENCE DE DIEU
O Seigneur, prenez toute ma volonté et transformez-la en la vôtre.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. Le premier et très précieux résultat de la force unitive de l’amour est la parfaite union de la volonté de l’homme avec celle de Dieu. L’amour, en se développant, a tellement vidé l’âme de tout ce qui est opposé au vouloir divin, il l’a tellement poussée à aimer et vouloir uniquement ce que Dieu aime et veut que peu à peu, la faible volonté humaine s’est pleinement conformée et unie à celle de Dieu, au point que, dans cet état, «les deux volontés, celle de l’âme et celle de Dieu, n’en font plus qu’une, et que cette volonté de Dieu est bien celle de l’âme».
Dans tous ses actes délibérés, l’âme n’est plus guidée par sa volonté personnelle, faillible et inconstante, mais elle est uniquement dirigée et mue par la Volonté de Dieu, dans laquelle elle a perdu la sienne, et l’a perdue par amour. «Celui qui perd sa vie à cause de moi, la trouvera» a déclaré Jésus; éprise d’amour pour Dieu l’âme a renoncé, pour Lui, à toute volonté propre, elle a voulu perdre en Lui tout désir, tout attrait, et maintenant, la perte éprouvée, devient le plus grand des gains, parce qu’elle retrouve sa volonté totalement transformée en celle de Dieu. Pouvait-elle espérer plus avantageux échange?
«L’état de cette divine union, écrit Saint Jean de la Croix, consiste en ce que la volonté de l’âme est complètement en la Volonté Divine.» Cette transformation est non seulement partielle, en choses petites et menues, mais totale et en ce qui a le plus d’importance, de manière que la Volonté Divine devienne réellement l’unique mobile de l’âme : ce qu’elle fait, dit, pense est «en tout et pour tout…. La seule volonté de Dieu» .
État sublime, qui élève la créature à la hauteur du Créateur, qui la porte du niveau de la vie humaine à celui de la Vie divine! Pour y arriver, il valait la peine pour l’âme de subir l’amère purification par laquelle elle a été «dépouillée insensiblement de son ancien vêtement», c’est-à-dire de sa volonté défaillante, il valait la peine de renoncer à elle-même et à tout le créé!
2. Sainte Thérèse de Jésus écrivait, à propos de la parfaite union avec la volonté de Dieu : «Telle est l’union que j’ai désirée toute ma vie et que je ne cesse de demander à Dieu, car c’est celle qui est la pus facile à reconnaître et la plus sûre». La Sainte, qui avait expérimenté l’efficacité et la douceur des grâces mystiques de l’union, par lesquelles l’âme «ne saurait avoir le moindre doute qu’elle n’ait été en Dieu et que Dieu n’ait été en elle» n’hésite pas a préférer à ces délices, la parfaite union avec la Volonté de Dieu.
En effet, l’essence de la sainteté consiste en cette seule union tandis que les grâces mystiques sont un moyen pour y arriver, … moyen très précieux, parce que le plus rapide, mais moyen toujours et non fini. Cette fin se trouve seulement dans la parfaite conformité de la volonté propre à celle de Dieu. Du reste, il ne dépend pas de nous de choisir le «chemin de traverse» des grâces mystiques, plutôt que de suivre la voie ordinaire de l’effort généreux et persévérant. Ce choix dépend uniquement de Dieu qui est maître de ses dons et «les accorde comme Il veut, quand Il veut et à qui Il veut, sans faire injure à personne.»
Ce qui importe au plus haut point est de savoir que l’état d’union à Dieu n’est pas réservé à un petit nombre de privilégiés; le chemin est ouvert a toute âme de bonne volonté, même s’il lui faut se contenter de la voie ordinaire, «la petite voie», comme l’appelait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, ou «la voie des chariots», selon la Bienheureuse Marie Bertilla. Au lieu de nous préoccuper de la voie, efforçons-nous d’être pleinement généreux, car seules les âmes qui se donnent totalement à Dieu, arrivent à l’union avec Lui.
Considérez, mes filles, écrivait Sainte Thérèse d’Avila, ce que vous avez à faire ici (pour arriver à l’union avec Dieu). Il ne veut pas que vous vous réserviez quoi que ce soit, peu ou beaucoup. Il réclame pour Lui tout ce que vous avez; et selon que votre don sera plus ou moins absolu, ses faveurs seront plus ou moins élevées», mais toujours proportionnées à votre don. Plus notre don sera généreux, plus Dieu viendra au-devant de nous par la grâce et nous soutiendra par son action toute-puissante.
Suivre la voie ordinaire, ne signifie pas du tout être privé de secours divin; cette voie pourra être plus cachée et moins réconfortante que celle des faveurs mystiques mais elle n’en sera pas moins réelle et efficace.
INTIMITÉ DIVINE
«Seigneur, qu’il est efficace, ce don de la volonté ! S’il est présenté avec générosité, il ne peut manquer de Vous attirer, Vous le Tout-Puissant, à ne faire qu’un avec note faiblesse, à nous transformer en Vous, à unir le Créateur à la créature.
Plus Vous voyez que le don de nous-memes se manifeste non seulement par des paroles de compliments, mais par des œuvres ferventes, plus aussi Vous nous attirez à Vous et élevez notre âme au-dessus d’elle-même et de tout le terrestre, afin de la préparer aux plus grandes faveurs. Vous estimez tellement ce don, que Vous ne cessez de la récompenser dès cette vie. Vous comblez l’âme de telles grâces qu’elle ne sait plus que Vous demander, et Vous ne Vous lasserez jamais de donner. Non content de Vous unir à l’âme pour en faire une même chose avec Vous Vous commencerez à mettre en elle vos délices, à lui découvrir vos secrets, à lui faire comprendre les trésors qu’elle a gagnés et à lui faire entrevoir la félicité qui lui est réservée. Vous commencerez a montrer à l’äme tant d’amitié que non seulement vous lui rendez sa volonté, mais qu’en même tempps Vous lui donnez la vôtre. Ces deux volontés seront absolument d’accord. Comme cette âme accomplit tout ce que Vous voulez, Vous vous rendez à tous ses désirs.
«Qu’elle est précieuse, mon Dieu l’union que l’âme contracte avec Vous après s’être établie dans la soumission à votre Volonté! Oh! Que c’est bien là l’union qu’il faut désirer! »
Heureuse l’âme qui y est parvenue! Elle goûtera la paix en cette vie et en l’autre, car à moins qu’elle ne se trouve dans quelque danger de Vous perdre, Seigneur, ou qu’elle ne voie que Vous êtes offensé, aucun des événements de ce monde ne saurait la troubler, ni la pauvreté, ie, ni la mort même parce qu’elle voit avec évidence que Vous pouvez mieux les disposer quelle ne saurait le désirer.!
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D.
(Extrait du livre : Intimité Divine, méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année, deuxième volume, juin à Novembre.)
M É D I T A T I O N
LE DON DE CRAINTE
PRÉSENCE DE DIEU
Seigneur, faites que je n’aie qu’une seule crainte : Vous déplaire et me séparer de Vous.
MÉDITATION DANS LA DIVINE VOLONTÉ
1. L’Esprit Saint nous invite à son école : «Venez, fils, écoutez-moi, la crainte de Yahvé, je vous l’enseigne.» (Ps. 33,12). Telle est la première leçon que le divin Paraclet donne à l’âme désireuse de sainteté, leçon très importante, fondamentale, car, en inspirant à l’âme la haine du péché, qui est le plus grand obstacle à l’union à Dieu, elle assure le développement de la vie spirituelle. En ce sens, la Sainte Écriture dit : «La consommation de la Sagesse, c’est de craindre le Seigneur) (Eccli. I, 16).
Plutôt que de mettre sous nos yeux la vision des châtiments et des peines dues au péché, et de nous présenter Dieu comme un juge sévère, l’Esprit Saint, pour nous élever dans la crainte de Dieu, nous Le montre comme un Père très aimant, infiniment désireux de notre bien. Il nous montre le tableau bouleversant de ses bienfaits, de ses miséricordes. «D’un amour éternel, je t’ai aimé, aussi t’ai-je conservé ma faveur», murmure-t-Il au fond de notre âme. «Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis, mais enfants» (Jer. XXX,3; Jean XV, 15). Prise d’amour pour un Père si bon, l’âme ne désire plus que Lui rendre amour pour amour. Lui faire plaisir et Lui être toujours unie; en conséquence, ce qu’elle craint le plus, est le péché qui afflige Dieu et a le triste pouvoir de la séparer de Lui. Quelle différence entre cette crainte filiale, fruit de l’amour, et la crainte servile, provenant de la peur du châtiment! La crainte du jugement et des châtiments divins est salutaire, c’est indéniable, et en certains cas elle éloigne efficacement du péché; cependant, si elle ne se transforme, petit à petit, en crainte filiale, elle ne suffira jamais à lancer l’âme sur la voie de la sainteté. La crainte purement service glace l’âme et la rend mesquine, tandis que la crainte filiale la dilate, la fait courir dans la voie de la générosité et de la perfection.
2. Le don de crainte perfectionne en même temps les vertus d’espérance et de tempérance. L’objet de l’espérance est la possession de Dieu et la béatitude éternelle. En nous faisant éviter avec le plus grand soin la plus légère offense à Dieu, le don de crainte nous met dans les meilleures dispositions pour espérer l’union béatifiante du ciel et recevoir les grâces nécessaires à son obtention.
La tempérance freine les passions et l’attrait vers les plaisirs sensibles. Le don de crainte porte cette vertu à sa perfection en augmentant notre générosité à mortifier nos sens et nos passions. Stimulés par cette sainte crainte, nous serons plus vigilants que jamais à ne pas nous laisser entraîner par le désir des satisfactions, et prêts à renoncer à tout, plutôt que de donner le moindre déplaisir à notre Père céleste. «Il vaut beaucoup mieux me déplaire que de déplaire à Dieu», répète l’âme sous l’influence de ce don.
Plutôt que de nous faire craindre Dieu, l’Esprit Saint nous fait donc nous craindre nous-mêmes, craindre notre mauvaise volonté et nos passions qui, étant causes du péché, peuvent nous mettre en péril d’offenser Dieu, de nous séparer de Lui ou, tout au moins, de vivre insuffisamment unis à Lui. Cette crainte ne doit cependant pas causer de l’inquiétude ni des scrupules; jointe à l’amour et à la confiance elle portera l’âme à se mettre entre les mains de Dieu, afin qu’Il la préserve de toute ombre de péché. Mais, tout en plaçant l’âme, avec une immense confiance, entre les bras du Père céleste, le don de crainte lui inspire aussi un sentiment de respectueuse révérence envers sa Majesté infinie; l’âme se rend compte que, par sa dignité suprême, Dieu est immensément distant d’elle, mais elle sait aussi que son amour infini l’a rapproché d’elle au point de l’inviter à vivre dans son intimité. Dans ces alternatives de révérence filiale et de totale confiance, le don de crainte parvient à maturité et s’épanouit dans l’amour parfait. «Lorsque l’âme a atteint la perfection de l’esprit de crainte, elle est aussi parfaitement pénétrée de l’esprit d’amour. La crainte, qui est le dernier des sept dons du Saint-Esprit, est une crainte toute filiale, comme la crainte parfaite de l’enfant vient de l’amour parfait qu’il porte à son père.»
INTIMITÉ DIVINE
«Mon Dieu, bien que je désire Vous aimer, et quoique je connaisse les vanités du monde et leur préfère votre service, je ne puis être sûre, néanmoins, tant que je suis ici-bas, de ne pas recommencer à Vous offenser. Puisqu’il en est ainsi, que me reste-t-il à faire, si ce n’est recourir à Vous et Vous supplier de ne pas permettre que mes ennemis me fassent tomber en tentation? Comment pourrais-je découvrir leurs embûches? Oh! Mon Dieu, comme j’ai besoin de votre secours! Dites-moi donc Vous-même, Seigneur, quelque parole qui porte en moi la lumière et me rassure. Daignez me donner un remède pour vivre exempte de tant d’alarmes au milieu de combats si dangereux! Vous me dites que ce remède est l’amour et la crainte. L’AMOUR me fera presser le pas; LA CRAINTE me fera considérer où je pose le pied pour ne pas tomber. Donnez-les moi tous deux, ô Seigneur, car L’AMOUR et la CRAINTE sont deux tours fortifiées du haut desquelles je pourrai vaincre toute tentation. Soutenez-moi, mon Dieu, de manière que pour tout l’or du monde, je ne commette jamais délibérément aucun péché véniel, aussi petit soit-il.
«Mon Seigneur et mon Dieu, tout mon bien est de Vous demeurer uni et de mettre en Vous toute mon espérance. Abandonnée à elle-même, mon âme serait comme le souffle qui se dissipe et ne revient pas. Sans Vous, je ne puis faire le bien ni garder ma force; sans Vous, je ne puis ni Vous aimer, ni Vous plaire, ni éviter ce qui Vous déplaît. Je me réfugie donc en Vous, je m’abandonne à Vous, afin que Vous me souteniez de votre puissance, me reteniez avec vigueur, et ne permettez jamais que je me sépare de Vous.» (cfr. S. Bernard).
P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D.
(Extrait du livre : Intimité Divine, méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année, deuxième volume, juin à Novembre.)