Sainte-Anne

Tableau représentant les chapelles Sainte-Anne et de la Trinité, vers 1845 (Musée de Brest)

Le tableau de 1845 (Brest, Musée des Beaux-Arts) est un témoignage intéressant de ce qu'était à l'époque la chapelle de la Sainte-Trinité, à l'angle du cimetière, chapelle "transportée" et "rebâtie" à la fin du XVe siècle par l'abbé Guillaume Le Lay (+ 1502), puis démolie à la fin du XIXe siècle pour édifier l'ossuaire actuel. A remarquer, au premier plan, dans un rocher, une fontaine/puits.

Le Musée départemental breton de Quimper (http://musee-breton.finistere.fr/fr/) possède dans ses collections un superbe dessin de Félix Benoist datant de 1845 environ. Il représente le "quartier" de Sainte-Anne, avec une vue de l'ancienne chapelle de la Trinité dans le coin du vieux cimetière, et de l'église abbatiale, du temps où le grand porche gothique était encore à sa place initiale. Ainsi, cette vue complète magnifiquement le tableau conservé au Musée de Brest.

Dessin d'Eugène Boudin représentant un coin de la chapelle de la Trinité, le calvaire du cimetière et le porche gothique de l'abbatiale avant sa restauration de 1870 (Musée du Louvre, Paris)

L'hôpital Sainte-Anne et sa chapelle

A l'origine, à la chapelle Sainte-Anne était associé un petit hôpital, fréquenté essentiellement par les pèlerins qui rejoignaient ou venaient du Léon via "Le Passage" de Plougastel, sur le chemin du Tro Breiz, où se dirigeaient vers Rocamadour en Quercy ou même Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice.

En 1429, Even Buzic, seigneur de Kergoat, en faisant une importante fondation à l'abbaye de Daoulas, attribua "2 raiz froment faisant 8 boisseaux à l’hôpital du dit Daoulas pour être distribués par l’abbé et le seigneur de Kergoat à chacun jour de Toussaints, à l’issue de la grande messe des abbés et religieux, aux pauvres de la chastellenye, soubz même peine de payer en cas de défault. Et en cas de défault de l’un ou de l’autre de se présenter à la dite distribution, celuy qui s’y trouvera le pourra faire en appelant deux bourgeois de la ville".

Au XVIIe siècle, l'hôpital Sainte-Anne appartenait à l'ordre de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel, et dépendait de la commanderie de Lochrist.

Saint Jacques, en pèlerin. Amiens, BM, Lescalopier 17. Photo IRHT

En 1845, M. Menu du Mesnil, chargé de la construction d'un nouveau presbytère, fut amené à démolir une partie fort ancienne de la chapelle Sainte-Anne:

« Cette chapelle a la forme d'une croix latine avec un seul transept, cette forme se présente rarement. La chapelle, en très grande dévotion, présente deux styles différents. Toute la nef et la façade qui regardent l'église, sont évidemment du XVIe siècle (sic, plutôt XVIIe siècle. JLD); quant à l'aile latérale ou transept elle est séparée de la nef par une colonne en pierre de 0m 30 de diamètre à chapiteau sculpté, dont les décorations rappellent l'architecture lombarde. C'est ce transept qui vient d’être démoli pour servir à la construction du presbytère, en examinant la forme des matériaux de petite dimension posés sous mortier de chaux, la grande épaisseur des murs, qui ont près d'un mètre, la forme de l'arcade qui n’est pas semblable à celle de la grande façade, tout porte à croire que cette partie est bien antérieure à la nef et des premiers temps de l'ère chrétienne dans ce pays. »

Nous ignorons à quelle époque fut choisie la dédicace à saint Anne. peut-être à l’époque d’Anne de Bretagne, après son séjour en Basse-Bretagne au début du XVIe siècle.

Le 9 décembre 1532, l’abbé du Jean du Largez, qui fut évêque in partibus, fonda « une messe basse à estre dicte en la chapelle Sainte-Anne à Daoulas à chacun vendredy de chacune semaine avec prières en vulgaire, o le psalme De profundis et oraisons Inclina et Fidelium, après l’offerte, et avant la préface de la dite messe, et à la fin d’icelle la Passion de Notre Seigneur selon les quatre évangélistes, chacun par ordre, pour dotation de laquelle il a baillé Liortz-en-Leou, certaines terres à Runmarch, rentes en la rue Kermeur et le lieu de Kerbehouarn en Loperhet ».

Un cas de lévitation dans la chapelle Sainte-Anne

Le dominicain Albert Le Grand, dans un passage de la vie du père Pierre Quintin, mort en 1629, précise :

Ce saint homme estant un jour à Daoulas, qui est un prieuré de chanoines réguliers de l'ordre de saint Augustin dans le diocèse de Quimper, il prescha dans une chapelle dédiée à sainte Anne, des grandeurs de cette auguste ayeule de Jésus-Christ et au milieu de son sermon, son corps attiré par la ferveur de son esprit, parut visiblement ravy et élevé en l'air quelque espace de temps.

(Vies des saints de Bretagne, p. 801)
L'intérieur de Sainte-Anne. au début du XXe siècleA remarquer, en haut : un ex-voto en forme de bateau