La fabrique de porcelaine
CAGNOTTE EN LIGNE POUR SOUTENIR LE PROJET D'UN OUVRAGE SUR L'HISTOIRE DE LA FABRIQUE DE PORCELAINE DE DAOULAS ET LA MISE EN PLACE D'UNE EXPOSITION EN 2022
LIEN VERS LA CAGNOTTE
LIEN VERS LA CAGNOTTE
Une fabrique éphémère (1855-1891)
Au cours de prospections géologiques, des ingénieurs découvrirent un important gisement de kaolin à l'Hôpital (Camfrout) (1). Ils fondèrent une petite société pour l'exploiter et appelèrent pour diriger les travaux un technicien de Saint-Yriex, Victor Marchais. Celui-ci fut présenté par ses amis ingénieurs de la mine de Poullaouen à la famille Davy ...
Les origines de la fabrique de porcelaine de Daoulas nous sont ainsi révélées par le Livre de famille des Davy d'après les extraits que m'avait fournis le docteur Michel Gruet d'Angers (1912-1998), un de ses descendants, archéologue, paléontologue et préhistorien réputé.
Quelques documents permettent de penser qu'en 1859 l'usine était déjà construite : un arrêté municipal du 19 juin de cette année autorisait le sieur Villiers à édifier, rue du Vally, un bâtiment pour son usine. François-Emile Villiers était, en effet, un des sociétaires fondateurs de cette nouvelle entreprise.
Prosper Levot, dans sa monographie sur Daoulas, 1876, p. 12, nous donne quelques détails sur la fabrique, qui fonctionnait alors à plein régime:
Il ne se fait alors à Daoulas d'autre commerce que celui de consommation, et à part les trois moulins qui ne fonctionnent que pour cette consommation, la seule industrie qu'on y exerce est celle de la fabrication d'une porcelaine de kaolin dont des gisements, découverts il y a quelques années, sur divers points de la commune, ont suggéré l'idée d'une exploitation qu'ont fondée MM. Goubin, Villiers, de Goësbriand et du Rusquec. Dirigée maintenant, sous la raison sociale V. Marchais et Cie, par M. Marchais, principal associé, elle fabrique des produits analogues à ceux de Limoges, moins le décor, et occupe une soixantaine de malheureux du pays. La moitié de la fabrication fait concurrence à celle de Limoges, à Paris et dans d'autres villes ; la seconde moitié consiste en une spécialité de porcelaine, allant au feu, qui ne se fait pas à Limoges, et dont Bayeux seul possède une fabrique semblable. Tous ces articles étant d'un service courant, l'écoulement en est facile, et a lieu en partie les jours de foire qui se tiennent à Daoulas, de deux mois en deux mois, le premier mercredi de janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre, jours où il sort de sa torpeur habituelle, pour y retomber le lendemain.
Un ouvrage en préparation et une exposition ?
Depuis 1985, date de notre dernier ouvrage Chroniques du vieux Daoulas, j'ai rassemblé une importante documentation sur la fabrique de porcelaine de Daoulas, laquelle fera l'objet d'une prochaine publication et sans doute d'une exposition.
L'histoire de cette "institution" reste intimement liée à celle de la ville elle-même, d'autant que son directeur, le "républicain" Victor Marchais, fut pour quelques mois maire de Daoulas ... entre deux mandats Danguy des Déserts. Dans un contexte économique, elle participa, avec l'arrivée de la route impériale (devenue nationale) et du chemin de fer (1867), au développement et au renom de la cité.
Les grandes étapes de l'histoire de la fabrique de Daoulas
1855 : société fondée par Du Rusquec (maire de Tréflévénez); Goubin (maire de Plougastel); Villiers (adjoint au maire de Brest, conseiller et député); de Goësbriand (fils du maire de Saint-Urbain)
1864: Victor Marchais, venant de la région de Limoges, prend la direction de la fabrique
1868: incendie à la fabrique
1878: exposition universelle à Paris
1887: vente de la fabrique
1888: achat de la fabrique par Victor Marchais
1891: décès du directeur Victor Marchais
1891: vente et liquidation de la fabrique
1896: achat par Léopold Maissin, directeur de la poudrerie nationale du Moulin Blanc (Guipavas)
En 1906, quinze ans après sa fermeture, la fabrique fut louée en plusieurs lots : un boucher, un juge de paix, un marchand d'engrais, un meunier et 7 ou 8 ménages d'ouvriers.
Types de pièces sorties de la fabrique de porcelaine de Daoulas
= Pot à lait (brun foncé, avec marque)
= Pot à tabac (brun clair)
= Cafetière (blanche, avec marque)
= Assiette : diamètres : 195 mm, 205 mm
= Assiette creuse (avec marque)
= Sucrier
= Tisanière blanche (ensemble de 3 pièces)
= Théière blanche (ensemble 2 pièces, marquée "porcelaines à feu Daoulas") mais peut-être cafetière
= Présentoir à fruits
= Pot à crème
= Plat à égoutter
= Coupe à gâteaux
= Tasse (ensemble, blanc ou peint vert)
= Soupière
= Bougeoir (blanc)
= Saucière
= Plat ovale
= Bol à artichauts
= Coquille
= Coquetier
= Moutardier
= Statue de la Vierge
= Angelot (pour et provenant de l'église), porte les initiales L.R. de Louis Robic (1827-1889), curé de Daoulas
Les deux fours de la fabrique produisaient 4 sortes de pièces :
1) Porcelaine à feu
2) Service renforcé
3) Service ordinaire
4) Articles divers
Quelques employés de la fabrique de porcelaine depuis 1859
[Cette liste est incomplète : dans notre prochain ouvrage nous donnerons l'état complet de tous les ouvriers ayant travaillé à la fabrique de Daoulas]
1859 : Felix Pichot, modeleur - Jean Escaiche, tourneur en porcelaine (sans doute un Basque, sa femme Rose Adoue est née à Valentine, en Haute-Garonne). Dans les premières années de la fabrique des ouvriers qualifiés sont venus de l'extérieur de la Bretagne, notamment Toussaint Boisset ; plusieurs de la Drôme ou des environs de Limoges.
1861 : Antoine Michel, 29 ans, porcelainier - Olivier Brelivet, porcelainier, 34 ans - Marie-Jeanne Le Bot, 18 ans, brosseuse en porcelaine, demeurant au Vally - Claude-Marie-Alain-Nicolas Castel, porcelainier.
1863 : Alain Laurans, porcelainier - Jean Gouriou, porcelainier, 25 ans, demeurant à Saint-Nicolas - Christophe Brelivet, manoeuvre en porcelaine - Urbain-Louis Le Bris, porcelainier.
1864 : Jean Guillou, ouvrier potier - Jean Guitard*, artiste en porcelaine, 38 ans, mari de Marie-Joseph Barbier - François-Marie Donval, porcelainier, 34 ans - Jean Bozec, porcelainier, 21 ans, décédé à l'hôpital Saint-Louis des Français de Madrid.
1865 : Hervé Morvan, ouvrier potier, 31 ans - Jean-René Héréus, ouvrier potier, 24 ans.
1869 : Hervé Nicolas, porcelainier, 38 ans - Hervé Morvan, porcelainier, 32 ans - Joseph Le Meur, porcelainier, 34 ans, demeurant Ru-Vihan - Jean-Antoine Kervern, porcelainier, 24 ans - François Le Goff, porcelainier, 27 ans - Jean-Marie Corr, ouvrier potier, 26 ans - Alain-René Le Bris, porcelainier, 56 ans - Prigent pape, porcelainier - Yves-Isidore Le Goff, porcelainier, 26 ans.
1871 : Christophe Le Béon, porcelainier, 59 ans, du Veillennec.
1872 :
Rue de l'Eglise
Yves André, porcelainier (né à Irvillac)
Penanguer
Hervé Prigent, p. (Irvillac) - Alain Le Bris, p., (Dirinon) - Joseph Quénécadec, p., 24 ans (Daoulas) - Olivier Brélivet, p. (Hanvec)
Quartier du Valy
François Le Goff, p., 32 ans (Daoulas) - Jean Gouriou, p. 35 ans (Hanvec)
Quartier de la Grève
Joseph Menn, p., 33 ans (Sizun) - Jean-Marie Le Denn, p. 14 ans (Irvillac) - Guillaume Quénécadec, p., 58 ans (Daoulas)
Veillenec Creis
Auguste Michel, p. 25 ans (Daoulas)
Rue Vian
Emile Kervern, p. 16 ans, (Daoulas)
Route Nationale
Noël Drouet, p., 63 ans (Poullaouen) - Jean-Marie Morvan, p. 35 ans (Saint-Urbain) - Hervé Nicolas, p. 42 ans (Irvillac) - Jean-René Corre, p., 29 ans (Tréflevenez) - Joseph Le Meur, p. 36 ans (Tréflevenez) - Hervé Morvan, p. 38 ans (Saint-Urbain) - François Gall, p., 22 ans (Sizun) - Alain Laurent, p., 40 (Tréflevenez) - Pierre Lanchec, p., 29 ans (Irvillac) - Jean Kerbol, p. 33 ans (La Martyre) - Antoine Michel, p., 40 ans (Daoulas)
1891
Rte Nationale
Coté ouest
Joseph Alexandre Drouet, 41 ans, p. - Jean-Joseph Drouet, 14 ans, p. son fils - Louis Drouet, 10 ans, p. - Jean-Baptiste Marchais, 64 ans, Fabricant de porcelaine
Côté est
Jean Gouriou, 53 ans, p. - Hervé Mallégol, 32 ans, p. - Alain Laurent, 61 ans, p. - Auguste Laurent, 23 ans, p., son fils - Joseph Le Meur, 57 ans, p. - François Yvinec, 40 ans, p. - Jean-Marie Morvan, 56 ans, p. - Olivier Keroula, 36 ans, p.
Rue du Valy
François Le Goff, 50 ans, p. - Antoine Michel, 58 ans, p. - Jean-Marie Le Goff, 44 ans, p.
Saint-Roch
Jean-François André, 16 ans, p.
Penanguer
Côté nord
Marie-Anne Caret, 17 ans, p.
Appel pour un catalogue de la porcelaine de Daoulas
Poursuivant mes recherches historiques sur Daoulas, je lance un appel pour dresser un catalogue et faire un recensement aussi complet que possible de la production de l’ancienne fabrique de porcelaine, située rue du Valy, laquelle a fonctionné une trentaine d’années seulement, jusqu’en 1891, date de décès de son directeur, Victor-Jean-Baptiste Marchais, un ingénieur venu de Saint-Yriex, près de Limoges, berceau de la porcelaine française. Je souhaite retrouver les objets en porcelaine (ou autres articles, photos, factures, etc) encore présents dans plusieurs familles de la région de Daoulas ou ailleurs, et en faire un descriptif détaillé. En effet, de nombreux ouvriers de cette fabrique étaient issus des bourgs voisins (Irvillac, L’Hôpital-Camfrout, Dirinon, Brest, Tréflévénez, Saint-Urbain, etc ), d’autres venaient de beaucoup plus loin (Haute-Garonne, Haute-Vienne, etc.). Généralement, les pièces issues de cette fabrique portent la marque « Daoulas / chiffres/ Finistère », mais certaines en sont exemptes.
Si vous possédez, ou avez connaissance de l'existence d'objets provenant de la fabrique de porcelaine de Daoulas, merci de me contacter: jldeuffic@gmail.com
Exposition universelle de 1878
Victor Marchais fit exposer en 1878, à Paris, plusieurs mètres carrés de sa production de porcelaine de Daoulas, comme nous le confirme une lettre de Louis Davy, de mars 1878 :
"Marchais déjà a envoyé à l'un de ses amis et procurateur de quoi couvrir 2 m2 de sa porcelaine dont il a ici un approvisionnement épouvantable, faute d'écoulement, dans l'incertitude où chacun s'est tenu dans le dérangement gouvernemental qui dure depuis presque un an ..."
La fin de la fabrique de porcelaine
Suite au décès de Victor Marchais, directeur de la fabrique, le 19 avril 1891, la manufacture fut définitivement mise en vente :
(Source : La Dépêche de Brest)
Une grande partie de la fabrication comprenait de la porcelaine blanche, une autre des pièces colorées de brun foncé ou clair.