Inventaire d'une auberge de Penanguer en 1805

Le 7 mai 1805 décédait dans son auberge de Penanguer, alors seulement âgée de 32 ans, Marie-Josèphe Rousic, épouse de Guillaume Toullard. Sa tombe peut encore se voir dans notre vieux cimetière de Daoulas, posée au chevet même de l’église Notre-Dame. Comme il était de coutume, un inventaire après-décès fut établi. Le notaire Autret vint à cet effet sur les lieux :

« Inventaire et état estimatif des biens meubles et autres choses ... délaissés au chef lieu de la commune de Daoulas par defuncte Marie Joseph Rousic, à la requette de Guillaume Touller, veuf de la ditte defuncte Rousic et tuteur légal des enfans mineurs de son dit mariage, demeurant sur le ditte commune de Daoulas, nous Christophe Autret, notaire public, duement cautionné du département du Finistère, à la résidance de la ditte commune de Daoulas, certifions et rapportons nous etre exprès transportés de notre demeure que nous faisons au chef lieu de la même commune jusques et en celle dudit Guillaume Toullar ou étant environ les 9 heures du matin de ce jour 9 prairial an XIII (29 mai 1805) et premier du règne de l'Empereur Napoléon, nous y avons trouvé le dit Guillaume Toullar en sa ditte qualité, le sieur François Le Ner, demeurant au même Daoulas, subrogé tuteur des dits mineurs, et Louis Kervella, demeurant au lieu de Traouidan, commune de Plougastel Daoulas, expert duement patenté, nommé a l'effet de faire l'estimation des dits biens meubles ...

Savoir

Dans la cuisine

Un vesseillier avec son buffet, plats et assiettes 18 fr

Un coffre et deux petites tables 17 fr

Toute la batterie de cuisine 60 fr

Trois barreaux deux barrattes et un mauvais fût 4 fr

Trois quart de clous 200 fr

200 bouteilles 50 fr

100 gobelets de verre 8 fr

Quatre fusils 12 fr

Six grandes tables d'oberge avec leurs bancs 80 fr

12 fûts de barriques 18 fr

Une huche avec 12 boisseaux de froment 250 fr

Un tonneau de vin en vuidange et une piece d'eau de vie 500 fr

Un restant de sel 40 fr

Le bois de chauffage 60 fr

Au premier étage

Quatre lits complets 400 fr

Deux armoires et une comode 200 fr

Une douzaine de chaises 18 fr

Huit paires de drap 50 fr

Six napes et douze serviettes 20 fr

Les hardes de la defuncte 394 fr

Les hardes dudit Toullard 303 fr

Le Revenant bon dans le jardin 40 fr

Une gabare de seize tonneaux toute grayée 2000 fr

La moitié d'une autre gabare 600 fr

Une tabattière en argent 15 fr

Cinq cent livres de fer 150 fr

Quatre tambours d'acier 160 fr »

À remarquer la présence d’une gabarre complète, Guillaume Toullard faisant certainement commerce ou pêche dans la rivière de Daoulas.

Guillaume et son épouse possédaient quelques biens sur Daoulas, à Penanguer ou au Veillennec. L’année qui précéda le décès de sa femme, Guillaume vendait à son ami Jean-François Le Ner (un ancien garde du port de Brest) et à Marie Jacquette Le Goff, son épouse, la maison appelée Moguer an Holen (maison du sel), près de la Grève de Daoulas. Marie-Jacquette devait être une connaissance de Marie-Josèphe Rousic car toutes deux sont nées à Gourin.

Le nom « Toullard » a été déformé, car à l’origne il s’agit du patronyme « Le Touller », catactéristique du Cap Sizun (j’en ai dans ma généalogie familiale). Guillaume était originaire de Beuzec-Cap-Sizun. Marie-Josèphe Rousic, son épouse, venait donc de Gourin (56), fille de Louis, et de Françoise Le Bec. Ils s’étaient mariés à Brest le 5 juillet 1794, lui était alors cordier au port. Après avoir eu plusieurs enfants nés à Brest, le couple s’installa à Daoulas, quartier de Penanguer, vers 1803. En effet, leur fils, Guillaume, y naquit le 22 mars de cette même année.

Après le décès de sa femme survenue le 6 mai 1805, il est encore mention de Guillaume Toullard le 1er juin de cette année, lorsque meurt dans son auberge de Penanguer un certain Yves Jourdouin, journalier originaire d’Irvillac. Après cela, il faut attendre 1816 : le 16 septembre, sa fille Marie-Jeanne-Adèle, épouse à Daoulas, François-Marie Gonidec. Par la suite, notre homme semble s'être volatilisé. A-t-il quitté la France? S'est-il engagé? En effet, Guillaume Le Toullard décède le 2 octobre 1820 à l'hôpital militaire Saint-Louis du Sénégal comme le relève le registre matricule du premier bataillon d'Afrique (devenu bataillon de Gorée), folio 62 n° 550, dudit registre a été extrait ce qui suit:

Les membres du conseil d'administration dudit bataillon certifient que le nommé TOULARD Guillaume, fusilier à la première compagnie du premier bataillon d'Afrique, né en 1777 à Brest (erreur), département du Finistère, fils de Guillaume et de Marie Jeanne Rogel, est décédé à l'hôpital militaire de Saint-Louis du Sénégal, le 2 octobre 1820 ».


Tombe de Marie-Josèphe Rousic dans le cimetière de Daoulas