Rue Guermeur ou rue des Merciers

La Rue Guermeur ou des Merciers. Dessin d'Eugène Boudin (vers 1865)

Entre le début de la rue de l'église et Penanguer, se trouvait la rue Guermeur, Kermeur ("Grand Rue") appelée parfois Rue des Merciers (et peut-être Rue de la Cohue), dont plusieurs actes anciens font mention, tirés des archives de l'abbaye Notre-Dame (P.= Peyron, in BSAF 1897) :

15 juillet 1446 : "contrat d’échange entre l’abbé Guyomarch et Hervé (de) Penancoët, prieur de ladite abbaye, de certaines rentes à elle dues sur quelques maisons en la rue Kermeur" (P., f. 46).

15 octobre 1507. "Contrat d’acquet fait par Jean, abbé de Daoulas, de Guillaume Levenez de 7 s. 9 d. de rente sur une maison en la Grande Rüe pour assiepte de laquelle somme a esté baillé à l’abbaye le parc appelé an Bresceur (f. 62)".

1529 : "contrat fait et passé en 1529 entre le Père Charles, abbé de Daoulas, acquéreur de 14 sols, 7 deniers de rente sur une maison, courtil et verger, en la ville de Daoulas, rue de Kermeur, où demeuroient Charles Le Franc et Jeanne Gourmel, sa mère, vendeurs".

1531 : "maison autrefois appartenant à Louis Kervellaf donnant d’un bout sur la dite Grande Rue ô ses courtils, vergers, estables de jouxte a presant, appelée Ty ar Guillou et appartenant à escuyer Guillaume de Kersulguen" [1] .

5 mars 1539 (1540). "Donaison faite à l’abbaye par messire Olivier Le Marhic, de la maison Ty-Coziat, o ses appartenances donnant d’un bout sur la rue du Kermeur, à Daoulas, et d’un côté sur la banel Coziat" (Inv. f. 48, Peyron, 206).

Ainsi, plusieurs "hostel" (souvent des maisons nobles) composaient le rue Guermeur: un contrat du 15 mars 1567 nous fait ainsi connaître l'acquisition par François Autret, chanoine régulier de l'abbaye Notre-Dame, de Jean du Louët, sieur de Lesquivit, de la "maison Ty-Querancoet [2] o son jardin en la rue du Kermeur aboutissant sur l’étang du grand Moulin, la dite maison a présent (1660) ruinée située entre la maison Guénollé Le Bris [3] et celle de maitre Pierre, prêtre, lequel profite le courtil induement" (Peyron, 213, f 33).

L'hôtel "Querancoet" fait certainement référence à une demeure de la famille bien connue de Rosnyvinen, dont plusieurs membres furent inhumés dans l'église abbatiale. Elle possédait, entre autres, l'important manoir de Keranc'hoat, en Loperhet.


[1] Voir généalogie https://www.lemarois.com/jlm/data/r14kersulguen.html : il y a un Guillaume, fils de Jean de K. et de Béatrice de Keramborgne : escartelé du premier et quatriesme d’or au lion de gueulle armé, couronné et lampassé d’azur, cantonné d’un escartelé d’or et de gueulle, et au deuxiesme et troisiesme pallé d’or et d’azur de six pieces qui sont les armes de K/lorec (arrêt);

[2] 1er décembre 1416, "donaison faite à l’abbaye par Jean du Rouazle des mazières et place de maison en le rue de Leurmean entre lhostel de la femme Kerancoet et terres de l’abbaye, qui sont à present enclos dans le grand vergier de l’abbaye" (Inv. f. 38, Peyron, p. 132).

[3] Sans doute Guénolé Le Bris, époux de Catherine Le Can, marié vers 1625, décédé le 22 mars 1661 (RP).

C'est dans la rue Guermeur, devant la Maison du Voyer (peut-être celle avec un grand escalier?), que se déroulait au XVIIe siècle la Quintaine.

Le voyer était ce "fonctionnaire" chargé de régir les biens du seigneur de Rohan :

Item ledit seigneur voyer doit fournir une quintaine le premier jour de l'an, à l'issue de la grand messe, dans la rue du Guermeur, audit Daoulas, vis-à-vis d'une maison appellée la maison du voyer et fournir des chevaux pour y courir, et une pièce de bois en forme de lance pour présenter aux quinteneurs, qui sont les nouveaux mariez de l'année précédente, ladite course, lesquels doivent et sont sujets de bailler le mesme jour à dîner audit seigneur voyer, à un gentilhomme pour l'accompagner, et à ses serviteurs et commis pour conduire lesdits chevaux et payer leur repeue (=repas) en ladite ville, et, faute ausdits nouveaux mariez de se présenter à courir ladite quintaine au jour et heure cy-dessus, ils doivent payer la somme de 60 sols d'amende ; et, outre le dîner dudit seigneur voyer, son gentilhomme, de ses serviteurs, et la repeue desdits chevaux, réglez à six écus par les juges et officiers de ladite cour de Daoulas. (20 juin 1678).