Retrouvailles

En español

Par Jacques COURATTE-ARNAUDE

Quand on parle d'émigration, il y a toujours un moment où on arrive à évoquer cette notion de "retrouvailles". Le terme "encuentro" quand il s'agit de l'Amérique du sud est d'ailleurs plus joli. Par delà les océans et le temps, la nécessité de se retrouver entre personnes issues d'un même lieu, d'une même maison, s'impose.

La revue Partir a très souvent illustré ce thème dans les histoires familiales qui sont relatées. Voici un exemple tiré de la revue Partir n° 5 (passages en italiques) et qui concerne la famille Arnaude, de Lasseube. Afin que le lecteur puisse s'approprier la démarche, et, pourquoi pas, l'appliquer à son cas personnel, nous allons détailler les diverses phases qui aboutissent à cette rencontre avec de lointains parents descendants d'émigrés.

Découverte et premières recherches :

C'est souvent par hasard qu'on se rend compte que son propre patronyme est utilisé dans d'autres pays, et même parfois déformé :

Un jour, une de mes amies m’a parlé d’une certaine Susana Lamaison, résidant en Uruguay et qui serait apparentée à ma famille. Après quelques recherches, j’ai découvert que son arrière-grand-mère s’appelait Marie-Louise Couratte-Arnaude et avait émigré dans ce pays. Grâce à Susana et à un de nos cousins communs résidant à Lasseube, j’ai réussi à reconstituer l’arbre généalogique de la famille qui remonte à Jean, né en 1777, le premier de la famille à porter ce nom. Deux de ses enfants, Pierre et André, sont à l’origine des deux branches Couratte-Arnaude actuelles.

Par la suite, cet arbre généalogique s’est révélé incomplet. Au début de l’an dernier, j’ai remarqué par hasard notre nom sur un acte de vente. Quelle surprise !... Il s’agissait des frères Jean Prosper et Marcelin Couratte-Arnaude, de Laprida, province de Buenos Aires, qui avaient vendu une maison à mon grand-père en 1920. Qui étaient-ils ?

Mais finalement tout cela ne fait qu'aiguiser notre curiosité et de multiples questions ne trouvent pas de réponse.

Généalogie - histoire de l'émigration :

Pourquoi l'ancêtre dont on a découvert les traces a-t-il quitté sa famille ? Quels liens de parenté possède-t-il avec moi ?

Comment s'est il retrouvé dans un autre pays dont il ne connaissait pas la langue ?

La difficulté réside ensuite à replacer les éléments rencontrés dans sa propre lignée, et il vous faudra un minimum de notions de généalogie. De plus en plus de personnes s’y intéressent, vous aurez peut-être la chance de vous faire aider. Attention aux homonymes, aux fils qui ont le même prénom que leur père ! La période d’émigration la plus importante se situe à la fin du 19ème siécle, et il faut remonter au moins jusqu’à la quatrième génération !...

Vous tenez le bon bout, vous savez qu’un arrière-grand-oncle a embarqué à Bordeaux en 1870, mais où est-il allé ? Comment s’est-il adapté ? A-t-il eu de la descendance ? L’enquête commence, pour reconstituer son histoire familiale . Ce serait une bonne chose si on pouvait trouver des preuves épistolaires ou autres ?... Ce travail est passionnant et vous permettra de connaître, éventuellement de rencontrer vos lointains cousins.

Même si toutes les questions n'ont pas trouvé de réponse, il vient un moment où on brûle de se rencontrer. Internet ne suffit plus.

Rencontre :

Elle est difficile à organiser à cause des distances, des disponibilités, des moyens à mettre en oeuvre. Mais quelle joie quand on se retrouve !

De retour à Buenos Aires, c’était le regroupement qu’avait préparé entre temps Juan P., à Tigre, chez lui. Tigre, c’est la banlieue résidentielle par excellence, une place forte dans laquelle on ne rentre pas facilement, au milieu des marais. Habitat somptueux ...

Une quarantaine d’Arnaude de toutes générations nous attendaient dans sa demeure.

Cela a été un moment fort !... J’ai expliqué la famille, Lasseube, la maison de leurs ancêtres (qui était revenue à mon grand-père), le béarnais, la vie en France et à la montagne.

J’ai eu une surprise : une descendante de Juan Prospero me montre des photos, et je découvre qu’elles avaient été prises à Lasseube, avec deux de mes frères... Je n’avais pas su qu’une Graciela Arnaude y était venue en 1998 ! Comme je n’étais pas dans la région à ce moment-là, personne ne m’en avait parlé ensuite.

De ce rassemblement, j’ai perçu la vitalité de la branche Arnaude, les familles plus nombreuses qu’en France, et le courant est passé, grâce à ma présence, entre eux, comme avec moi.

On a même trouvé que je ressemblais un peu à Guillermo ( ? )

Bien sûr, nous avons terminé en chansons, et avec l’“Adichat“.