Poème - Ares

ARES

Fer contre fer et tous les cris dans un seul râle,

C’est l’agonie qui se relève en aube pale ;

Son sang ruisselle des plaies, coules en rivières,

Réunifiant tous ses amants dans l’étreinte mortuaire.

Main dans la main, y marchent à pas chancelants, deux sœurs,

Ivres de sang, baignées dans l’agonie, la Terreur et la Peur ;

Leurs yeux voilés boivent ce charnier et ses ravages.

Les suivent des près, riant de satiété, les corneilles du Carnage.

Ceux qui se sont entretués, un jour ont eu le choix :

Vivre une vieillesse au coin du feu ou mourir en grands rois,

Couverts de gloire et de médailles, chantés des épopées…

Tous ont choisi l’éternité d’une guerre, aucun ne prit la paix.

Sommes-nous ainsi, comme ce feu de paille,

Flambant d’une étincelle, brûlant nos rêves sur l’autel des batailles…

Pour les yeux des aèdes, l’éternité serait-elle à ce prix ?

La plus belle des légendes naîtrait-elle dans un dernier cri …