Poème - Le combat du Prince Ainé Elda Armaurë

Lorsque les Elfes ont entamé leur longue errance sur Tingilya Celusindi, ils furent pourchassés par les Dracocéphales, avec à leur tête Dumuzi l’Empereur des Treize Mondes. Lors d’un affrontement particulièrement sanglant eut lieu le duel entre Dumuzi et Elda Tamoël Colhathel Armaurë, Prince Aîné Forgeur des Etoiles à l’Epée de Lumière d’Or du Soleil. Lorsque Dumuzi fut gravement blessé et comprit que Elda Tamoël avait l’avantage et allait l’emporter, il ordonna à un de ses généraux de revêtir l’armure impériale et de prendre sa place. Au troisième jour du combat le Général Tamuz perça de l’épée impériale, « la griffe de Bahamut », le coeur du Prince Aîné des Elfes. Il emporta son corps agonisant, qui fut enchâssé dans une icône de Lumière stable et conservé comme l’un des trophées les plus précieux par l’Empereur Dumuzi.

J’ai cru pouvoir tuer mes sentiments :

J’avais tué tant d’autres souvenirs…

Nourrir la mort, sans pour autant mourir…

O mon Soleil ! Sœur, frère, ami aimant…

Tu m’avais dit « N’aies crainte, Elemmirë,

Vois, je nous mènerai à la victoire,

Pour le grand Dharma et pour notre gloire ! »

O mon Soleil aux reflets chamarrés…

Tu t’avançais, confiant, vers le Dragon,

Armaurë, sans colère et sans haine,

Ton épée se mirait dans la Fontaine,

Ton ombre pale éclaboussait Dagon ;

La lumière stabilisée pleuvait

Sous les assauts de Dumuzi en rage,

Mêlant tant de bravoure et de courage

En vos deux cœurs pour les en abreuver.

Tous les soleils demeuraient au zénith,

Voyant l’Empereur chanceler, blessé.

Je te voyais, ivre de sang, danser…

Et nos bardes écrivaient déjà ce mythe…

Clameurs devenaient un grondement sourd

Des navires enlacés dans la lumière,

Bord contre bord, chacun son adversaire…

Et le combat durait ainsi deux jours.

La troisième aube a bu dans tes blessures,

Mais son éclat ignorait la traîtrise.

Et la lame assoiffée trouva l’âme promise :

La griffe du Dragon perça ton cœur si pur !

« Victoire ! » acclamaient leurs guerriers en chœur ;

Le gagnant du duel, heaume baissé,

Mena ton corps, que la vie délaissait,

Et s’inclina devant son Empereur.

J’ai attendu ta Nef glorieuse et fière

En vain… Le crépuscule était de sang.

Ton Soleil s’écroula, en m’embrassant

De son éclat, embrasant la Rivière…

Et maintenant je te retrouve, enfin,

Après des âges d’errances et d’oubli.

Et dans mes bras, ton corps en agonie,

En suspension infinie des défunts.

Dans tes traits, ni colère ni effroi,

Et tu souris, l’âme sereine, puisque

Qui vit par l’épée, en connaît les risques.

Que tu ressembles à Père notre Roi !

Mon doux Soleil ! Tes yeux demeurent clos

Et insensibles à mes mille prières.

En mon cœur je crois rêver leur lumière,

Etincelles d’étoiles sur les flots...