Traités reniés - racines du 93

Les Britanniques et leur triste habitude de ne pas respecter les traités qu'il viennent de signer

18 juin 1935, le Royaume-Uni rompt le pacte de Stresa, signé à peine 1 mois 1/2 plus tôt

photo: Pierre Laval, Benito Mussolini, Ramsay MacDonald et Pierre-Étienne Flandin à l'issue de la conférence de Stresa


4 janvier-11 avril 1935 Laval et Mussolini constituent le « front de Stresa » Le 4 janvier 1935, le ministre français des Affaires étrangères Pierre Laval se rend à Rome, capitale de l'Italie fasciste, auprès de Mussolini. Elle mène à la conférence de Stresa, le 11 avril 1935. Cette offensive diplomatique de grande ampleur est destinée à enserrer l'Allemagne hitlérienne dans un réseau d'alliances. Elle est suivie, le 2 mai 1935 à Moscou, par un traité d'assistance mutuelle signé par Laval avec Staline... Tout cet échafaudage va s'effondrer quelques semaines plus tard, suite au lâchage des Britanniques et à l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie.

Laval, un pacifiste de gauche Pierre Laval a succédé à Louis Barthou aux Affaires étrangères après son assassinat à Marseille aux côtés du roi de Yougoslavie le 9 octobre 1934. Il emprunte aussitôt à son prédécesseur l'idée d'un système de sécurité collective destiné à contenir la menace hitlérienne en Europe, même si celle-ci paraît encore virtuelle. Le 4 janvier 1935, à Rome, il propose au Duce Benito Mussolini de signer avec la France un traité qui réglerait le contentieux colonial franco-italien. Ce contentieux concerne notamment la Tunisie que revendique l'Italie fasciste. Dans son désir de consolider l'alliance entre la France et l'Italie, Pierre Laval va jusqu'à rassurer Mussolini sur l'attitude de la France dans le cas où l'Italie déciderait de conquérir le dernier pays africain indépendant, l'Éthiopie.

Le « front de Stresa » La menace allemande se précise lorsque, le 16 mars 1935, Hitler rétablit le service militaire obigatoire et annonce son intention de porter les effectifs de la Wehrmacht de 100 000 à 500 000 hommes. En réaction, les principaux dirigeants européens s'empressent de réunir une conférence. Elle se tient le 11 avril 1935 dans le magnifique palais Borromée de l'isola Bella, en face de Stresa, sur le lac Majeur. Dans ce bijou baroque, Pierre Laval et le président du Conseil Pierre-Étienne Flandin rencontrent le Duce ainsi que le Premier ministre britannique Ramsay Mac-Donald. Les Européens s'entretiennent de la nouvelle violation par Hitler du traité de Versailles et prennent l'engagement de ne plus tolérer aucune nouvelle violation. Pour donner du crédit à son rêve pacifiste de créer une ceinture sanitaire autour de l'Allemagne nazie, Pierre Laval ne craint pas de signer aussi à Moscou, le 2 mai 1935, un traité d'assistance mutuelle avec le gouvernement de Staline, encore très largement ostracisé par les nations occidentales.

Les Britanniques rompent le pacte Mais dès le mois suivant, le 18 juin 1935, le Royaume-Uni rompt le pacte de Stresa en signant avec l'Allemagne un traité naval qui autorise celle-ci à porter le tonnage de sa flotte à 35% du tonnage britannique. Il s'agit d'une nouvelle violation caractérisée du traité de Versailles et les Britanniques en sont autant responsables que les Allemands ! Le coup de grâce au « front de Stresa » survient quand l'Italie attaque l'Éthiopie en octobre 1935 et qu'elle se voit sanctionnée par la Société des Nations. Contre son gré, Mussolini est poussé dans une alliance avec Hitler qu'il abhorre. Le Führer prend prétexte du traité franco-soviétique pour dénoncer le pacte de Locarno et remilitariser la Rhénanie le 7 mars 1936. Quelques mois plus tard, Hitler et Mussolini mettent leurs forces militaires au service des nationalistes espagnols, en guerre contre leur gouvernement. En un an, du printemps 1935 au printemps 1936, l'équilibre géopolitique de l'Europe a brutalement basculé dans la guerre, rendant le pire quasi-inéluctable.

Source : herodote.net/4_janvier_11_avril_1935-evenement-19350104.php

Les Français aussi

François 1er 1494 - 1547

14 janvier 1526 François Ier promet... et ne tient pas

Le roi de France, en captivité à Madrid depuis sa défaite à Pavie 10 mois plus tôt, conclut une paix forcée avec son vainqueur, et geôlier, Charles Quintr, empereur du Saint Empire romain germanique. Il reprend les rênes du pouvoir et oublie illico les promesses faites à Madrid.

Charles Quint 1500 -1558

La France menacée de démembrement Après la victoire écrasante de ses troupes à Pavie, Charles Quint, roi d'Espagne et empereur germanique, et son lieutenant général, le connétable Charles de Bourbon, avaient un moment cultivé le projet de démembrer la France. Mais ils en avaient été retenus par la méfiance grandissante à leur égard du roi d'Angleterre Henri VIII et des autres souverains européens. Louise de Savoie (11 septembre 1476, château de Pont-d'Ain - 22 septembre 1531, Grez-sur-Loing), château de Beauregard. D'abord interné dans une citadelle lombarde, le roi de France se voit proposer un traité léonin qu'il refuse net. Comme les négociations deviennent plus âpres, l'illustre prisonnier est transféré à Madrid. Il dépérit puis retrouve la santé grâce à la visite de sa sœur, l'énergique et aimante Marguerite d'Angoulême (dont un petit-fils sera le roi Henri IV). Pendant ce temps, sa mère, l'énergique Louise de Savoie, gouverne le royaume en qualité de régente. Non sans mal, elle doit faire face aux ressentiments de la population. Elle négocie par ailleurs à prix d'or la neutralité du roi Henri VIII et un assouplissement des conditions de paix. François Ier renonce à toute prétention sur l'Italie en échange de sa libération et d'une rançon que s'occupe de réunir un homme d'affaires de Toulouse, Pierre de Berny, marchand de pastel. Il s'engage aussi à ne plus revendiquer l'Artois, la Flandre et la Bourgogne. En gage de sa bonne foi, il remet en otage à l'empereur ses deux garçons aînés, tout juste âgés de 9 et 7 ans : le Dauphin François, qui mourra dans l'adolescence, et Henri, futur Henri II. Les deux enfants se morfondront plusieurs années dans une forteresse, au fin fond de l'Espagne...

Ce que valent les promesses... En attendant, le roi François Ier savoure la liberté retrouvée. Le 17 mars 1526, après treize mois de captivité, il est accueilli à Bordeaux par sa mère Louise de Savoie, qui a assuré la régence du royaume. Dans le cortège de la reine mère figure une demoiselle d'honneur de 18 ans, belle et candide, Anne de Pisseleu. Elle console immédiatement le roi de ses malheurs et devient la nouvelle favorite en titre. Elle le demeurera jusqu'à la mort du roi. Le roi reprend les rênes du pouvoir et oublie illico les promesses faites à Madrid. Il relance même la guerre contre Charles Quint. La tante de l'empereur, Marguerite d'Autriche, et la mère du roi, Louise de Savoie, négocient enfin une paix de compromis à Cambrai trois ans plus tard, la «paix des Dames». La violation de ses engagements par le roi de France montre que, pour les monarques de la Renaissance, la raison d'État prime désormais sur la morale chrétienne. L'honneur des chevaliers n'est plus ce qu'il était... Dans la foulée, François Ier ne craint pas de conclure contre Charles Quint une alliance impie avec les protestants allemands. Il s'allie même avec le sultan Soliman le Magnifique et utilise les services du corsaire Barberousse, suite à de premiers contacts avec les Ottomans au lendemain de la bataille de Pavie.

Source : herodote.net/14_janvier_1526-evenement-15260114.php voir aussi : france-pittoresque.com et fr.wikipedia.org