le Cercle d'histoire locale des Lilas contribue à "Mémoire des Lieux", le nouveau service de Geneanet

Date de publication : Mar 24, 2020 6:52:30 AM

Le texte de l'interview ci-dessous est intégralement repris de l'article sur le blog de Geneanet >> geneanet.org/blog/post/2020/03 publié le 23/03/2020.

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Il y a quelques semaines, nous avons lancé un nouveau service, Mémoire des lieux, afin de vous permettre de découvrir l’histoire des lieux qui vous sont proches : histoire des rues, commerces, noms des résidents, événements marquants… Une véritable balade dans le temps et l’espace, à laquelle chacun peut participer ! Sylvain Oerlemans, du Cercle généalogique des Lilas, a bien voulu répondre à quelques questions à propos de son expérience sur Mémoire des lieux.

Présentez-vous en quelques mots :

Habitant les Lilas depuis 1982, j’y ai repris l’animation du cercle de généalogie et d’histoire locale, au centre culturel Jean-Cocteau, depuis 2010. J’ai également démarré en 2015 un atelier de même nature à la maison des retraités de Romainville, commune avec laquelle nous partageons un passé commun. Aux Lilas en 2017, pour célébrer le cent-cinquantenaire de la cité, nous avons justement été quelques uns à former un groupe voulant rendre plus présente l’histoire de notre ville dans l’esprit de ses habitants d’aujourd’hui. Parmi les projets qui se sont concrétisés, on peut citer : un rallye pour enfants (5 classes de cm2), un rallye des commerçants, l’expo en 20 panneaux -toujours accrochée aujourd’hui- sur les grilles du square du théâtre, un spectacle “Si les Lilas m’étaient contés” dans ce même théâtre du Garde-Chasse ou encore une page histoire dans le mensuel local InfosLilas qui poursuit en 2020 sa quatrième saison.

Pourquoi avez-vous décidé de contribuer à “Mémoire des lieux” ?

Tous les projets des 150 ans n’avaient pourtant pas vu le jour. Parmi eux, nous n’avions pas emporté d’approbation budgétaire pour une carte inter-active des principaux points d’intérêts de notre cité. Le devis demandé par la Mairie à un prestataire internet n’est jamais rentré dans les priorités. Pour emporter l’accord nous avions pourtant développé un pilote sur base de GoogleMap, donc gratuit, avec déjà une centaine de lieux pointés et une première partie déjà renseignée et illustrée. À ce stade, c’est la préférence de la Mairie pour une cartographie de type openstreetmap, ne dépendant pas d’un partenaire marchand, qui a empêché toute avancée. Nous avons joué une dernière carte l’an dernier en espérant les voix des Lilasiens, en répondant à l’appel à projets du 1er budget participatif. Tant mieux pour la ville, mais hélas pour nous, les projets gagnants ont été majoritairement de type vert ou environnemental, remettant à plus tard un projet culturel comme le notre. C’est alors qu’en début de cette année nous découvrons dans la RFG de janvier l’ouverture par Geneanet de son nouveau service “Mémoire des Lieux”. Nous avons lu les consignes, vraiment faciles à suivre, réalisé quelques saisies test et rapidement conclu que la proposition répondait à presque tous nos critères. Nous n’avions plus qu’à relever nos manches, pour commencer la création des premiers points des Lilas et les compléter des infos et photos dont nous disposions déjà.

De combien de lieux avez-vous retracé l’histoire ?

À ce jour, nous avons créé 270 lieux, que ce soient des bâtiments ou des voies. Le visiteur peut constater qu’ils sont, à de rares exceptions près, tous illustrés et renseignés, même avec un minimum. Le texte est volontairement bref, les images n’excédant pas la demi-douzaine. Les adresses internet de référence permettent au lecteur de satisfaire aisément sa curiosité supplémentaire. Celles-ci sont principalement de deux types : soit une page de l’un de nos sites qui traite le sujet (leslilasavant.fr, racinesdu93.fr ou genealilas.fr), soit d’une encyclopédie en ligne bien connue. Nous avons choisi de d’abord créer les points, même avec une info minimale, pour commencer et revenir régulièrement compléter ceux qui le nécessitent. Ce sera parce que nous n’avons juste pas pris le temps de transférer nos connaissances, ou parce que nous devons encore le travailler Dans tous les cas, aucun point ne sera laissé en déshérence.

Quels rapports avez-vous aux lieux dans votre pratique généalogique ? Faites-vous des recherches sur les lieux où ont vécu vos ancêtres ?

J’ai un arbre personnel (sylvaino) commencé en 2007 qui réunit 12.000 personnes. Un second traite des personnalités de la commune des Lilas, qu’elles soient artistes, entrepreneurs, enseignants, politiques et syndicalistes, morts pour la France ou autres encore ; il fait 7.000 personnes. Une soixantaine de généalogies est ainsi développée et accessible sur geneanet (racinesdu93). Dans “Mémoire des Lieux”, ce travail conjoint entre généalogies et lieux permet de facilement relier une adresse à une personnalité qui y a habité ou exercé.

Avez-vous fait des découvertes étonnantes en recherchant l’histoire d’un lieu ?

Jusqu’aux années ’60, était établie rue du Garde-Chasse l’usine Patrelle. Elle fabriquait un arôme au gout d’oignon, réputé depuis plus d’un siècle auprès d’une foule de cuisinières et restaurateurs. Ayant élu son fondateur digne d’être étudié, nous avons commencé à reconstituer l’arbre de Salvé Patrelle, initialement charcutier place Clichy, ayant développé son arôme en 1853. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que sa fille Joséphine Louise avait épousé en 1880 un certain Georges Fereol Vuitton. C’était le fils de Louis Vuitton, le malletier bien connu, établi à Asnières.

La seconde surprise fut de constater que son monogramme LV, célèbre aujourd’hui, figure sur un fond marron parsemé de boutons de fleurs de lilas. Cette référence aux origines de la jeune mariée ne fait pas de doute et non l’inverse, puisque Vuitton a créé son monogramme en 1896, 13 ans après le blason des Lilas dont il s’inspire. Mais c’était un temps où la propriété industrielle n’était pas encore celle que nous connaissons depuis. Sur la carte “Mémoire des Lieux”, au 26 rue du Garde-Chasse, notre article relatant les détails de l’affaire figure dans “Historique du Lieu”, sous la rubrique “Source(s) de l’information”.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans ce nouvel outil qu’est “Mémoire des lieux” ?

L’outil est simple d’utilisation et ce, dès la première utilisation. Chacun est libre de travailler à son rythme, puisqu’on peut reprendre plus tard un travail interrompu. Le cercle des Lilas (geneaslilas) était prêt pour dupliquer, sur ce nouveau media, un projet déjà commencé sur un autre support. On peut pourtant parfaitement démarrer de zéro, en commençant au gré de ses envies par les points qui méritent les premiers d’être mis en valeur. Il y a même une interaction bénéfique entre le choix de points qui nous attirent les premiers et les recherches que l’on initie ou que l’on relance, après avoir constaté par soi-même l’absence ou la minceur des données réunies. De plus, il y une vraie richesse à combiner les généalogies publiées sur geneanet avec les habitants des lieux mis en avant dans “Mémoire des lieux”. Les cimetières et monuments aux morts pourraient d’ailleurs rejoindre avec profit l’écosystème ainsi créé par Geneanet. J’attend également la possibilité d’insérer la carte “Mémoire des lieux” dans une autre page web (iframe). Je pourrai alors revenir vers la com de ma mairie, pour leur proposer de l’intégrer dans leur site, sans aucun budget supplémentaire. Les syndicats d’initiative et offices de tourisme devraient également en être friands.

Que diriez-vous à une personne ou une association qui hésiterait à contribuer à “Mémoire des lieux” ?

Pourquoi ne pas commencer maintenant. Il n’y a aucune contrainte technique. Il est bien sûr possible de s’organiser en répartissant les travaux parmi les membres. Il est tout aussi possible d’y aller selon son gré, son envie et son humeur du moment. Mais n’oublions pas que remplir la carte nécessite au préalable un travail de recherches ou de réunion des infos déjà collectées. Notre chance aux Lilas aura été que nous travaillons dans cet esprit depuis plusieurs années déjà. Nous nous sommes structurés progressivement avec une base de points d’intérêts, de documentation associée et d’un répertoire d’images. La pratique de l’écriture pour le journal local nous a également appris l’art de la synthèse. Au final, quel bonheur d’avoir trouvé un moyen de rendre accessible nos découvertes à tous les curieux de l’histoire de notre commune. Cela va de la personne découvrant l’histoire de sa rue, aux professeurs des écoles s’en servant de base pour les travaux avec leurs élèves, jusqu’à celui qui, passant d’une découverte à l’autre, finit par comprendre qu’il habite vraiment quelque part !