Mardi 26 mars 2019 à 17h45

Conférence-débat libre et gratuite du

Club Audiovisuel Numérique de Toulouse Métropole

A la cantine du Quai des savoirs

39, allée Jules Guesde 31000 toulouse

Métro palais de justice ou Carmes

En mars 2013, le Club réunissait un aréopage de médecins et pharmaciens pour traiter de l’évolution, avec internet et les nouvelles technologies, de la médecine et de la relation médecin/patient/pharmacien. Nous avions évoqué la télémédecine, le diagnostic à distance, la télé-chirurgie, le dossier médical informatisé, la formation des médecins, l'achat des médicaments sur internet, les réseaux sociaux et communautés de malades.

De plus, aujourd’hui, l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé, médecine et recherche, passe par la collecte des données, leur organisation, la régulation de leurs modalités d’accès et d’utilisation.

Cela autorise des progrès inespérés dans la recherche, en particulier dans le domaine de la biologie, mais aussi dans la rapidité et la précision d’un diagnostic, dans la détermination des traitements les mieux appropriés,. Mais des questions éthiques se posent inévitablement, le malade pourrait-il être réduit à des fichiers informatiques au bon « vouloir » des algorithmes, les médecins pourraient-ils être remplacés par des robots ?

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Nos invités :

- Docteur Elisabeth Pouchelon, Médecin Cardiologue, Conseillère Régionale Occitanie

- Docteur Michel Laspougeas, ex-Président du Conseil Régional de l'Ordre des Pharmaciens de Midi-Pyrénées

- Pr. Louis Casteilla, Directeur Unité de recherche STROMALab, Toulouse, porteur scientifique projet INSPIRE « Vieillir en bonne santé »

- Pr. Hervé Pingaud, Chercheur au CNRS LGC - UMR 5503, Professeur à l'Ecole en Informatique et Systèmes d'Information pour la Santé (ISIS) Institut National Universitaire Champollion – Castres

- Marc Menou, Maitre de conferences en Sciences Economiques Université de Toulouse 1 Capitole en direct de Nouméa

- Présents dans la salle

Le Professeur Louis Lareng nous a fait l'honneur de se présence ainsi que le Docteur Roland Desprats, Anesthésiste-Réanimateur qui avait fait le discours d'introduction de la conférence de mars 2013.

Dans un premier temps, André Bourricaud, président du Club, présente présente ses invités .

Bien entendu, nous n'avions pas la prétention de balayer toutes les questions liées au thème proposé mais les présentations ont permis de nous faire une idée du gap franchi en 6 ans, depuis notre conférence de mars 2013 tant en matière de télémédecine, du traitement des données des patients, de la relation médecin-pharmacien/patient, d'une nouvelle approche de la médecine vers la prévention et aussi de l'émergence d'une médecine par la construction d'équipes pluridisciplinaires en capacité d'échanger en cohérence pour un traitement ciblé adapté au profil du patient. De plus, le discours d'introduction sur la télémédecine par le Pr Louis Lareng a permis d'ouvrir la soirée d'une manière forte et émouvante,

Nous regrettons, mais nous comprenons bien qu'un empêchement est toujours possible, que Louis Casteilla ait eu un problème de dernière minute.

Cependant, la médecine 4P a été citée par Hervé Pingaud durant son exposé brillant et enthousiaste.

La soirée a été tellement dense que nous avons clôturé la conférence vers 20h45 et visiblement quand, après le discours de Marc en direct de Nouméa, religieusement écouté, le signal a été donné pour prendre un rafraîchissement dans la salle de réception attenante, le succès a été total !

Note : à notre plus grand regret, nous avons eu un ennui technique sur la saisie vidéo et son de la conférence. Cependant, nous disposons des documents vidéos de nos intervenants que vous trouverez ci-après.

CR Conférence Médecine Big data Internet 26 mars 2019

Cette conférence faisait suite à une 1ère réunion du 26 mars 2013 avec les mêmes intervenants, pour mesurer les évolutions concernant l’introduction et l’usage du numérique dans le milieu médical.

Cette année, présence exceptionnelle du fondateur du Samu en France et promoteur de la télémédecine Louis Lareng (95 ans) bon pied , bon œil. Il a lu déclaration en préambule en rappelant les nombreux freins et obstacles qu’il a dû franchir pour faire avancer la télémédecine encore à ses balbutiements et en retard par rapport à d’autres pays européens (anglo-saxons). Il évoque aussi la relation indispensable et qui doit subsister entre médecin et patient compatible avec un développement de la télémédecine.

Intervention d'Elisabeth Pouchelon Cardiologue et Conseillère régionale Occitanie

La télémédecine est enfin reconnue par l’Assurance Maladie et fait l’objet de cotations d’actes(téléconsultation idem qu’une consultation chez le médecin et téléexpertise ) depuis septembre 2018 ,

Téléconsultation

A l’initiative du médecin, avec accord du patient en général connu du médecin, peut se faire dans une cabine dédiée équipée de capteurs et de liaison Internet pour émission données images, la traçabilité et confidentialité sont assurées,

Télé expertise

Pour l’avis d’un expert éloigné, par exemple pour des interventions ponctuelles sur des ALD, maladies rares, EHPAD, prisons, ..

Télé suivi

En général pour pathologies chroniques, quand il s’agit de vérifier les données quotidiennes (tension, pouls, température) , adaptées aussi pour personnes âgées, le lien est fait par des infirmières formées,

Prévisions de l’Assurance Maladie : en 2019, 500 000 actes téléconsultation

Réalité : 8000 actes en 6 mois !!! No comment

Remarques sur les objets connectés qui fleurissent, (difficulté de l’administration à suivre l’évolution, rapide des avancées technologiques), ce peut et doit donc être un des outils possibles mais requérir toujours la confirmation d’un médecin.

Remarques sur les objectifs de la télémédecine et les gains pas forcément à la clé.

Intervention de Michel Laspougeas ex Pdt Conseil régional de l’ordre des pharmaciens Midi Pyrénées

A souligné les efforts énormes fournis par les pharmaciens pour s’équiper d’outils automatisés simplifiant le lien pharmacien – patient (tiers payant) mais rappelle que ce sont les pharmaciens qui financent sans aide de l’état malgré la baisse de leurs revenus suite aux génériques

Il rappelle que la filière en France des médicaments est très fiable et sécurisée et attire l’attention sur les risques liés aux faux médicaments proposés via Internet.

Enfin il indique que la moitié des pharmacies ne peuvent s’équiper de cabines de téléconsultation et que la pharmacie est un lieu unique où le conseil est gratuit ainsi que certains actes comme les vaccinations.

Il cite l’exemple d’une pharmacie se retrouvant isolée dans un petit village par suite de la création d’une maison médicale sans concertation entre personnel soignant et le pharmacien. De même prétendre inciter des médecins à venir s’installer en zone rurale où les réseaux sont de mauvaise qualité alors qu’on souhaite généraliser les téléconsultations qui seraient justifiées en zone rurale mais impossibles à mettre en place techniquement.

En conclusion des deux premières interventions, une meilleure concertation entre toutes les parties prenantes serait souhaitable,

Intervention de Hervé Pingaud Professeur Ecole ISIS (Informatique et systèmes d’information pour la Santé)

Cette école d’ingénieurs est unique en France et a été créée et souhaitée par Labo Pierre Fabre pour aider au lien techniciens - personnel médecine,

Liste des lois ministérielles sur la santé depuis la loi Kouchner jusqu’à la loi Buzyn montrant la complexité et parfois les difficultés à suivre des orientations.

Exposé d’une Cartographie du système de santé en France réalisée par des ingénieurs d’Airbus montrent la complexité du système (Etat/Ministère, Assurance Maladie, syndicats des professions, Hôpitaux/CHU/)

Les éditeurs de logiciels ont des interfaces spécifiques, d’où difficulté à fluidifier les échanges et hésitent à investir dans l’interopérabilité demandée par le Ministère, d’où avec l’inertie de l’administration contribue à la difficulté d’avancer plus rapidement dans la télémédecine.

Messages de l’intervenant

• 1er message : il faut modifier le système de santé

• 2ème message : Le numérique est une voie mais pas la seule

• 3ème message : le système de santé est important

• 4ème message : pas de miracle, pas de révolution, on reste sur un socle de connaissances agrégées

Conclusion iconoclaste de Marc Menou (en direct de Nouméa)

Ce dernier s’appuyant sur la théorie de l’iceberg de Schopenhauer, (partie visible : avancées technologiques qui viennent d’être présentées, qui expliquent le comment et dont on ne peut être qu’admiratif,) il y a lieu de s’interroger sur le Pourquoi (partie cachée de l’iceberg)

Certes, le numérique apporte des solutions et la médecine participe à la révolution numérique (le 1er contributeur, bien devant les industries classiques) MAIS en rappelant que la captation des informations sert le pouvoir, Marc Menou souligne par un raisonnement philosophique, que cet enchaînement de données tracées, stockées, amassées, profite davantage au médecin qu’à l’individu, La maladie n’est pas individuelle mais sociale selon Szasz (ref cancer = bug informatique, sida = perte des défenses immunitaires, .. , or le contrôle social équivaut aux 3 éléments corps, esprit et relations interindividuelles, le 1er étant du ressort de la médecine, le 2ème à la fois médecine et religion, le 3ème de la politique, Constatant la perte d’influence de la religion, sauf exception et de la politique , …. Que conclure ?

Bibliographie

Lucien Sfez La santé parfaite

Gori et del Volgo La santé totalitaire

Sauveur Boukris La fabrique des malades

Marcel Sendrail Histoire culturelle de la maladie

Citations de E. Friedberg , Thomas Szasz, Kant, Foucault , Heidegger, Nietzsche