Graphisme

Le contenu de cette page est issu de mes notes personnelles

(Intervention de Mme Carré, Formation CAPA-SH, octobre 2004)


Le graphisme : activité graphique

Objectifs :

- Préciser et analyser l’acte graphique particulièrement l’écriture.

- Déterminer les pré requis et établir une préparation.

Il existe trois types d’activités graphiques :

  • Celles qui répondent au code → L’écriture

  • Celles qui répondent à des exigences données par l’enseignant → Le graphisme

  • Celles qui ne répondent ni au code ni aux exigences de mise en forme ou mise en page → Le dessin libre

Quand on dessine (forme iconique), les formes sont pertinentes, proches de la forme de l’objet. Dessiner, c’est coder l’objet.

Ecrire, c’est coder graphiquement des sons. Quand on écrit, on est dans quelque chose d’arbitraire.

Quand l’enfant fait semblant d’écrire, il ne retient que les conventions (en ligne, de gauche à droite, signes ¹ dessins). Il entre dans la symbolique de l’écriture. Tout apprentissage de l’écriture qui fait référence à un dessin peut accentuer la confusion écriture / dessin.

L’écriture est un outil codé pour communiquer. L’aspect sémantique est facilité par le geste graphique : si l’écriture est fluide, lisible, on peut entrer dans la communication.

ÉCRITURE = action et représentation

langage praxie

Pour ÉCRIRE, il faut :

  • Reproduire les signes de l’écrit

  • Utiliser les outils scripteurs

  • Utiliser le langage

LIRE → phase de réception

ÉCRIRE → phase de production

"Apprendre à écrire c’est apprendre à communiquer au moyen d’un geste qui gère l’espace pour laisser une trace codifiée sur un support dans le but qu’elle soit porteuse d’un sens non symbolique qui pourra être directement compris par le lecteur." D. DUMONT

Aspect symbolique

Conversation durable d’une pensée, d’une parole, mode d’expression pour quelqu’un qui est absent, ou mode d’expression différée.

Cela suppose :

  • des compétences de communication

  • communication orale

  • mécanismes de la lecture

Aspect perceptif

L’enfant est capable de :

  • distinguer et reconnaître les lettres

  • mettre en correspondance sons et formes

  • organiser des tracés dans un espace graphique

  • comprendre l’ordre de succession des graphèmes conformément à celui des phonèmes (simultanément avec la lecture)

Aspect moteur

Dextérité / Motricité fine aboutie

Objectif → être lisible

Effort calligraphique (forme, enchaînement…) basé sur le désir de rendre la lecture facile à celui qui va lire.

→ ECRIRE POUR ÊTRE LU.

I – Les fonctions dynamiques

1) Les mouvements scripturaux

Ecrire → Quelles écritures ?

Faire des traits, des arrondis dans un sens constant, précis, quelle que soit l’écriture utilisée.

Traits de gauche à droite

Traits de bas en haut, et de gauche à droite.


On va devoir exercer plus ou moins de force sur l’outil scripteur (plus de force pour les traits).

L’arrondi est la forme la plus fréquente : boucle, coupe, rond (n’avance pas, tourne), pont (avance et rebondis)… soit on avance, soit on tourne, soit on arrondit…

Sens dextrogyre / sens sénestrogyre.


Script

  • Signes détachés / lettres séparées

  • On lève et on repose le crayon.

  • Réajustement sur le papier, à chaque fois, de la force sur l’outil.

  • Pas de repères sur l’espace feuille / Lettres en miroir

Cursif

  • Fluidité

  • Le scripteur adapte la force au fur et à mesure.

  • L’écriture cursive induit le sens du tracé et l’unité du mot.

  • Faire attention aux enfants qui sont dans l’hyper liaison (ils préfèrent repasser… au lieu de lever le crayon)


Les enfants entrent trop tôt dans l’écriture : ils doivent avoir acquis assez de notions d’espace.

On peut écrire en script, mais il faut s’en détacher : l’enfant tourne, fait des tracés continus, des spirales… il n’est pas du tout dans le détaché ni le trait.

Mais il ne faut pas ignorer le script car c’est l’écriture des livres.

2) Les mouvements de progression

Liés aux déplacements. Bras / avant-bras / main

Il faut toujours penser aux gauchers : le mouvement de progression est le même, mais il est en abduction (la main va vers le corps). Veiller à ce que le gaucher respecte le sens de rotation des lettres.

II – Les fonctions statiques

1) Positionnement du corps


Pieds au sol, angle droit jambe / cuisse, corps droit un peu arrondi, tête inclinée.

Attention : le matériel doit être adapté à la taille de l’enfant (table au coude). Si la table est trop grande, mettre des briques sous les pieds : les pieds ne doivent jamais être dans le vide.

2) Stabilisation de la feuille

Vers la gauche pour les droitiers, vers la droite pour les gauchers. Penser à la deuxième main qui doit tenir la feuille → bras d’appui.

3) Tenue du crayon

Le crayon est maintenu par trois doigts : pouce, index et majeur. Le pouce et l’index sont les doigts les plus adaptés à la motricité fine. Possibilité d’utiliser des adaptateurs, guide-doigts.

4) Importance du tonus

Contraction légère et permanente des muscles striés assurant l’équilibre et le maintien d’équilibre du corps. Le tonus gère et maintient l’énergie.

Émotivité, anxiété… L’écriture est un révélateur de ce que l’on est. Le tonus fait partie du geste d’écriture.

III – L’évolution de l’écriture

On ne peut pas différencier l’évolution de l’écriture du développement moteur de l’enfant.

Les changements importants se situent entre 7 et 12 ans. L’enfant va habiter son geste graphique peu à peu pour être de plus en plus à l’aise. La tête et le tronc se redressent, l’appui du bras diminue, la tension au niveau des épaules se soulage. La tenue est souple, les doigts s’allongent de plus en plus.

[ On ne peut pas imposer la bonne position, l’enfant va la découvrir, avec son intérêt. Les tensions sont là, comme dans tout apprentissage. Syncinésie (ex : tirer la langue…) Apparition de mouvements parasites qui accompagnent le mouvement → si cela persiste, prendre rendez-vous chez un psychomotricien. ]

L’enfant va ensuite se fixer sur la liaison des lettres, la ressemblance au modèle et non plus sur la tenue de l’outil. Dernière phase : simplification des formes, vitesse, relevé du crayon… l’écriture devient personnelle (au collège).

Tous les enfants, quand ils commencent à tracer, commencent en bas de la feuille vers le haut, l’axe du corps étant la référence. L’enfant part de lui pour aller vers l’extérieur. Progressivement, il va faire le contraire, de l’extérieur vers lui (vers 5 ans) : il entre dans le dessin spontané, le trait.

C’est en lien avec son développement psychologique et moteur. C’est pourquoi il ne faut pas aller trop vite. Le rond arrive quand l’enfant dit « je » → lignes qui se ferment.

Aller de gauche à droite, cela n’a rien de naturel, l’enfant s’approprie ce sens conventionnel doucement.

De même, pour le sens du tracé, l’enfant commence par le sens horaire, il acquiert le sens sénestrogyre vers 5-6 ans car les choses se mettent naturellement en place à cet âge là. Ce qui est intéressant, c’est le point de départ du tracé, qui va induire le sens de tracé. C’est neurologique, ce n’est pas de l’ordre de l’apprentissage. Ne pas bloquer les enfants.

→ Bâtir une grille d’observation de l’enfant qui écrit.

IV – Compétences requises pour l’apprentissage de l’écriture

Préparation psychologique à l’écriture :

- Écrire pour informer (correspondance, affichage…)

- Écrire pour garder trace

- Écrire pour agir

- Écrire pour faire plaisir

Préparation perceptivo-motrice :

- Discerner

- Reconnaître

- Distinguer

- Reproduire

- Produire de mémoire les formes graphiques.

Préparation motrice :

- Habileté motrice (petites balles, jeux de doigts…)

- Dominance latérale

- Schéma corporel

- Structuration spatiale

- Structuration temporelle

1) L’acquisition d’une image du corps orientée

Dès la Petite Section, on aide l’enfant à construire son schéma corporel en multipliant les activités corporelles et perceptives. Pour que l’enfant ait une image orientée de son corps, il faut qu’il ait conscience des différentes parties de son corps, et les relations entre elles (notions de latéralité, haut, bas…)

La dominance latérale et l’orientation gauche droite est très liée au schéma corporel. C’est l’expérience de son corps qui va lui faire prendre conscience de la dissymétrie, et donc de la différence entre son côté faible et son côté fort → latéralisation. Plus la latéralité est forte, plus le monde peut être orienté gauche droite. L’utilisation des termes gauche et droite (domaine de la structuration spatiale) n’est possible que lorsqu’il y a latéralisation.

2) La structuration spatio temporelle de l’espace graphique

- Percevoir les formes

- Reproduire les formes

- Avoir la notion de succession


La structuration spatiale va aider l’enfant à orienter les formes.

- Discrimination ressemblances / différences

- Reconnaissance : savoir reconnaître les différences et les avoir mémorisées

- Identification

Verbaliser l’orientation de l’espace.

Coordination oculo-manuelle. L’œil doit balayer comme la main. Education intentionnelle.

Non coordination œil / main → Faire attention à l’œil dominant de l’enfant. Cela peut être un atout ou une source de dyspraxie grave. Besoin de plus de temps.

Jeux : lancer le ballon, suivre le tracé du ballon. Avoir un balayage oculaire.

Faire travailler le trajet oculaire → comme chez l’orthoptiste.

Associer les notions avant / après avec les notions droite / gauche. Ce n’est pas assez travaillé à l’école.

Etre très précis quant à l’utilisation des termes, pour ne pas créer de difficulté supplémentaire (ne pas utiliser devant / derrière, c’est différent).

3) L’harmonie du mouvement et le rythme

Danse / expression corporelle.

Mouvements rythmiques et rythmes. Imitation

L’enfant doit observer et reproduire, sans passer par des consignes orales. Il doit observer de plus en plus finement.

Rapport entre : Image kinesthésique de ce qu’il ressent / image de ce qu’il voit.

4) Le sens graphique

  • Schéma corporel

  • Dominance latérale : orientation gauche / droite de son corps

  • Orientation gauche / droite dans l’espace, du monde, du support.

  • Notions de avant / après sur la feuille.

  • Sens graphique.

  • Déplacements : orientation, consigne orale, plan → parcours. Laisser les élèves établir leur parcours (pas chassés, cloche pieds, sur un pied…)

  • Déplacements en laissant une trace : avec ruban à dérouler, peinture aux pieds en se déplaçant, avancer avec une craie…

  • Peinture au doigt de gauche à droite, doigts dans la farine …etc… Tracé d’un point de départ à un point d’arrivée.

  • Avant / après : images séquentielles. On doit représenter le temps / frise historique. Spatialiser le temps. Le temps c’est du langage : hier, aujourd’hui, demain. Chronologie d’une action. Calendrier de gauche à droite, jours de la semaine