Les plantes génétiquement modifiées

Compte-rendu proposé par Thierry B., secrétaire de l'Amap.

Les plantes génétiquement modifiées, parlons-en calmement

L’association étudiante Les Débats de l’AGRO a relancé ses activités pour la nouvelle année en proposant une conférence-débat sur :

"Les plantes génétiquement modifiées, parlons-en calmement"

Le Mercredi 09 janvier 2013 à 19h

AgroParistech, Rue Claude Bernard, Amphithéâtre Tisserand

Intervenants :

Marc Dufumier (Professeur émerite Agriculture comparée-AgroParisTech),

André Gallais (Ancien professeur émerite Génétique végétale-INRA, AgroParisTech),

Joël Guille-Main (Pharmaco-toxicologue, expert à l’ANSES)

Modérateur : Thierry Doré (Enseignant chercheur Dpt SIAFFE et directeur de la direction scientifique - AgroParisTech )

 

Introduction

Un OGM , organisme génétiquement modifié, est un organisme vivant (plante, animal, bactérie) dont le patrimoine génétique a été modifié par l’Homme (son génome a été enrichi d’un ou plusieurs gênes pouvant lui conférer de nouvelles propriétés).

Concrètement, à quoi ca sert ? Les OGM servent surtout à lutter contre les ennemis de l’Agriculture : insectes, mauvaises herbes….

Comment crée-t-on un OGM ? Schématiquement, la technique, appelée transgénèse, consiste en un transfert de morceaux d’ADN (une sorte de correction !). En se multipliant, les cellules produisent non seulement des copies de leurs propres gènes mais également de ceux qui ont été insérés.

 

André GALLAIS

Il a fait paraitre en 2007 l’ouvrage « Plantes transgéniques : faits et enjeux », avec Agnès Ricroch aux Editions QUAE.

Pour lui, la transgénèse apparait comme un nouvel outil à la disposition des « sélectionneurs ». Il s’agit toujours de créer des génotypes répondant de mieux en mieux aux besoins de l’homme. Les bénéficiaires sont non les agriculteurs et une agriculture durable mais aussi le consommateur et sa santé, l’alimentation animale, l’industrie et enfin les pays en voie de développement.

Sur la question de l’évaluation, « il apparait qu’il est impossible de juger globalement les plantes transgéniques. Pour chaque type de plantes transgéniques, le bilan bénéfices/risques doit être considéré.

A-t-on aujourd’hui une bonne évaluation de la sécurité ? Quels sont les outils à notre disposition ? Sont-ils suffisants ? Pour lui, il s’agit surtout d’être dans des conditions maximalistes pour identifier et caractériser les dangers : quel est l’organisme donneur ? Quelle protéine de la plante est concernée ? Quelle partie de la plante est à consommer ?

L’exemple présenté est celui du soja modifié (une insuffisance d’acides aminés soufrés avait été identifiée, Albumine 2 S, qui a contribué à produire un soja enrichi). L’administration se fait en dose unique pendant 28 jours, appelées doses canons selon les normes européennes.

Le contre exemple semble être la Noix du Brésil qui possédait des proteines allergisantes (le produit n’a pas été commercialisé).

Il y a donc bien des risques selon les techniques.

 

Joël GUILLE MAIN

Le Professeur Guille Main a repris la question de l’approche transgénique qui pour lui apparait comme une solution intéressante. Il est possible de produire des céréales (riz, mais) et des légumes et des fruits (tomates, pommes de terre, patates douces, choux-fleurs) enrichis en Vitamine A.

Les OGM produisent des protéines qui, comme les quelques dizaines de milliers de protéines dont se nourrissent les hommes et les animaux, sont non seulement diététiquement acceptables mais aussi d’après lui des aliments parmi les plus contrôlés qui permettent de diminuer les pesticides les plus nocifs pour la santé ou l’environnement. Pour exemple, des plantes oléagineuses génétiquement modifiées, comme le soja, sont développées pour produire des huiles à teneur élevée en acides gras insaturés (les fameux Oméga 3 et 6) qui ne peuvent pas être synthétisés par l’homme (il semblerait d’après une étude américaine que pour les pommes de terre ayant subi un simple transfert de gène, leurs frites ne contiennent plus de substances cancérigènes).

Il précise aussi que les Français mangent eux aussi tous les jours de la viande, du lait et des œufs d’animaux nourris aux OGM depuis plus de 10 ans et aucun problème de santé n’a à ce jour été signalé.

 

Marc DUFUMIER

Auteur du Livre « Famine au Sud, Malbouffe au Nord , comment le bio peut nous sauver » Editions NIL .

Son topo m’a semblé le plus accessible et le plus clair.

Pour lui, il y a en effet de sérieux doutes sur le fait que les OGM représentent la solution magique aux problèmes de sous-nutrition dans notre monde. Il y a des plus des risques avérés et de nombreuses incertitudes liés à la culture de ces OGM. Concernant les problèmes relatifs à la faim et à la malnutrition dans le monde, ce ne sont pas les disponibilités alimentaires qui font globalement défaut mais plutôt que la question est directement liée à l’inégale répartition des ressources. Les deux tiers des personnes qui souffrent de la faim dans le monde sont des paysans qui n’ont guère les moyens de produire par eux-mêmes de quoi s’alimenter correctement.

D’autre part, la question n’est pas tant celle de l’ « amélioration variétale » que celle d’une utilisation plus intelligente des cycles biologiques du carbone, de l’azote et de multiples éléments minéraux au sein des écosystèmes cultivés.

 

Si, dans l’avenir, on produisait des génotypes capables de résister à la sécheresse ou à la salinité des sols, il est exact que ces gènes pourraient être utiles, mais à la condition qu’ils soient fournis aux paysans et intégrés dans leurs variétés  en conservant leur diversité. Pour l’heure, ils sont brevetés, ce qui prive les paysans de la propriété de leurs semences.

Ce qui semblent être de vraies questions pour lui sont les suivantes : Ne faudrait il pas mettre des haies, créer des microclimats, mettre des arbres et associer plusieurs cultures ensemble ? Ce regard conjugué sur les questions de photo synthèse (avec un vrai intérêt sur les associations végétales) et un soutien sans détour sur la biodiversité met l’accent sur la nécessité d’un vrai retour aux productions locales.

Les techniques agro-écologiques se réfèrent directement à l’écosystème. Il faut bien  se dire que l’énergie alimentaire (sucres, amidons, féculents) est fabriquée grâce à l’énergie solaire qu’absorbent les plantes. Il faut donc qu’il y ait des échanges gazeux, que les plantes transpirent pour fixer le carbone de l’air, qu’il n’y ait pas d’extrêmes climatiques comme trop de soleil ou trop de vent car à ce moment là, les plantes se ferment à tout échange et cessent leur photosynthèse.

Il faut donc créer des microclimats. Une autre alternative serait de mieux associer agriculture et élevage.

En conclusion, Marc Dufumier plaide pour que les paysans se mobilisent pour accroitre la fertilité pas seulement des sols mais de l’écosystème en général : plus il y a diversité de plantes, plus les insectes prédateurs se limiteront à une plante. En France, il va falloir revenir à une agriculture emboccagée avec des haies, des arbres aux profondes racines et un microclimat. L’Agriculture doit rester paysanne, familiale et encrée dans son pays. Il faut donc dans les pays du Sud des réformes agraires (répartition plus égalitaire des ressources), une gestion concertée des biens communs (eau, pâturage, etc) et une recherche agronomique à l’opposé des recommandations de l’OMC.

 

Pour plus de recherches et d’information, un site intéressant et complet sur le génie génétique :

Le site du CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le génie génétique) : www.criigen.org