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Journal d’un jeune incompris

Mercredi 23 août

Si je prends ma plume, cette fois-ci, ce n’est guère pour m’appesantir sur mes malheurs et mes sujets d’aigreur. Vous avez certainement commencé àprendre en grippe mes jérémiades et mes pleurs. Non, c’est juste pour vous prendre à témoin de la métamorphose dont je viens d’être l’objet. En effet, je ne suis plus cet Ulysse pris en tenaille entre l’appel des Sirènes de l’enfance et l’errance perpétuelle dans la mer de l’adolescence avec l’impossibilité de retrouver un jour le repos du guerrier! Oui, j’ai changé: j’ai pris conscience de l’obligation de mûrir. J'ai pris définitivement mes distances avec mes vieux démons et mes puériles appréhensions.

A présent, je m’exerce patiemment à prendre du recul vis-à-vis de tout désagrément, du plaisir à m’en moquer allègrement et du champ pour apprécier le cours de ma vie autrement. Mes envies, naguère diffuses, prennent formes, mes projets, autrefois confus, prennent tournure et mon cœur jadis pétrifié, prend vie.

Désormais, je prendrai à tâche de décrocher mon bac, le réussir avec brio pour prendre d’assaut la fac de droit et devenir avocat. Bientôt mon père, l’un des ténors du barreau, partira à la retraite et il est impératif que je prenne la relève. Je lui emboîterai le pas en toute chose: je prendrai femme une demoiselle du grand monde et une part active à la vie politique en tant que député du parti au pouvoir,cela s’entend !

N’est-il pas vrai que je vous ai pris de court?!

Mohamed Néjib TAYEB