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Journal d’un jeune incompris

Lundi 4 juillet

La question de la psychologie de l’adolescent a fait couler beaucoup d’encre. Les psychologues, psychanalystes et autres thérapeutes, font chorus pour dire que c’est un âge à haut risque et font assaut de recettes sur l’art et la manière de prendre avec des pincettes un jeune aux prises avec cet âge. Mais, il suffit de mettre en pratique leurs méthodes pour qu’elles fassent chou blanc. La raison en est que la science qui se penche sur l’étude de la psychologie de l’adolescent fait du surplace depuis qu’elle est née. Les chercheurs d’aujourd’hui font du neuf avec du vieux en ressassant, après les avoir réaménagées, les théories de leurs prédécesseurs.

En fait, leur aveuglement me fait enrager. On dirait qu’ils font exprès de ne pas voir une vérité qui pourtant crève les yeux: l’adolescent n’existe pas; c’est un être que la société moderne a inventé de toutes pièces. Par le passé, on ne faisait la différence qu’entre un enfant et un adulte et il suffisait d’un rite initiatique pour qu’un petit fasse le saut et entre de plain-pied dans l’univers des grands. Les jeunes d’aujourd’hui que l’on fait patienter des années durant sur le pas de la porte de l’âge adulte font les frais du progrès social. Par ailleurs, il y a lieu de faire observer que la faute incombe à la phase d’apprentissage qui, parce qu’elle se rallonge toujours davantage, fait obstacle à une entrée précoce des jeunes dans la sphère des adultes.

Le pire est que le cours des choses fait pencher la balance du côté d’une extension et non d’un raccourcissement de la durée de l’adolescence. Bientôt nous aurons des trentenaires que l’acné et les crises passionnelles font tourner en bourrique sans que cela fasse scandale !

Mohamed Néjib TAYEB