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Journal d’un jeune incompris

Jeudi 3 Janvier

Un ami, d’une naïveté affligeante, m’a un jour annoncé, de but en blanc, que les jeunes et les adultes peuvent s'entendre, enterrer la hache de guerre, agir de conserve pour dissiper les malentendus et œuvrer de concert pour rétablir un climat de confiance mutuelle.

De coutume, je me prêtais de bonne grâce à ses inepties et j’écoutais de bon cœur ses niaiseries. De fait, ma propension à la tolérance m'empêche de me montrer sarcastique face à la bêtise humaine. De même, une certaine paresse intellectuelle ne me permet pas de m'engager dans des débats stériles. Aussi ai-je écouté le discours de mon ami de bout en bout, tout en me disant que son état mental allait de mal en pis. De surcroît, je suis parvenu, de haute lutte, à réprimer une folle envie de m'esclaffer.

Mais quand il m’a dit qu’il comptait jouer au médiateur en me conciliant avec mon paternel et que la chose se ferait de gré ou de force, j'ai failli le démolir. C'était de justesse que j'ai retenu un poing qui allait, de plain-pied, lui percuter le joli minois. Finalement, je lui ai tendu, de mauvais gré, la main pour prendre congé de lui.

De quel droit décide-t-il de son chef de ce qui pourrait me convenir?

Mohamed Néjib TAYEB