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Journal d’un jeune incompris

Jeudi 7 août

Je mets au défi quiconque de tolérer à ses côtés, rien que vingt-quatre heures, la présence d’une personne telle que mon frère.

Si ce n’était la peur de croupir en prison toute la vie puis, plus tard, d’aller en enfer, je l’aurais depuis longtemps mis en pièces. Je ne vois que cette méthode radicale pour mettre fin à ses forfaits à répétition et par là même à mon calvaire.

Je ne sais pas ce qui l’attire dans ma chambre puisque, dès que je mets le nez dehors, sans vergogne, il se l’approprie. D’abord, il met le souk dans mon armoire à la recherche d’un jeans qui lui irait bien. Et quand il a fini de fouiller dans mes affaires, il met le cap vers mon ordinateur. Là, il met son nez dans mon courrier, lit mes e-mail et met sens dessus dessous tous mes fichiers. Quand il s’agit de faire du bric-à-brac, mon frérot y met du sien : à mon retour il me faut au moins une heure pour mettre en ordre le joli bazar.

Si j’appelle à mon secours mes parents pour qu’ils mettent le holà à ses razzias, ils arguent qu’il leur est impossible de mettre en quarantaine dans sa chambre un jeune homme de treize ans!

S’il m’arrive d’inviter des amis chez moi, il met son point d’honneur à être de la partie. Impossible de le mettre dehors puisqu’il met en œuvre tous ses talents d’acteur pour trouver parmi l’assistance un fervent défenseur. En effet, il n’a pas son égal pour mettre les gens dans sa poche. Très vite, il met le grappin sur la soirée et en devient la vedette incontestée. Il met son grain de sel dans toute discussion et, pour amuser la galerie, il ne manque de la mettre dans le secretde mes insuccès et de mes déboires.

Il est temps que je mette un frein à ses provocations, mais comment faire?

Mohamed Néjib TAYEB