Les romans d'Elizabeth George
Son premier livre, A great delivrance (Enquête dans le brouillard) a gagné le Grand Prix de littérature Policière en France, ainsi que The Anthony and Agatha Awards.
Well school in murder (Cérémonies Barbares) a gagné en Allemagne le MIMI (prix de littérature policière).
Elizabeth George est très souvent comparée à P.D. James et Ruth Rendell ainsi qu'à Dorothy Sayers.
Elle s'est spécialisée dans l'écriture de romans policiers "à l'anglaise". Ses histoires sont centrées sur deux policiers, l'inspecteur Thomas Lynley, également huitième comte du titre des Asherton, beau, élégant, riche, bon, plein de compassion, et le sergent Barbara Havers, issue d'une banlieue crasseuse de Londres, et convaincue que tous les maux dont souffre la société sont dus de près ou de loin à la Noblesse.
Outre ces deux personnages, ce qui rend les romans d'E.G. si intéressants est son style particulier, le langage qu'elle emploie, et surtout, une attention particulière portée à la psychologie des personnages que l'on rencontre tout au long de la lecture. Les personnages sont profondément humains, ayant tous leurs faiblesses, et les assassins, bien souvent, ne ressemblent en rien aux méchants typiques, si bien qu'on leur cherche des circonstances atténuantes, leurs crimes apparaissants comme la suite logique d'une succession d'actions et non comme un acte monstrueux.
Présentation d'Elizabeth George
Par Jacques Baudou, dans Fenêtres sur Crimes, 1997
Ce livre a fait partie de la sélection de 1989 pour l'Edgar Allan Poe Award du meilleur premier roman décerné par les Mystery Writers of America, et a obtenu l'Anthony Award du meilleur premier roman à la Bouchercon de Philadelphie ainsi que l'Agatha Award du meilleur premier roman à la Malice Domestic Conference. En 1990, il a obtenu en France le Grand Prix de littérature policière.
(Tiré des propos de Jacques Baudou et d'interviews d'Elizabeth George)
La première carte maîtresse de EG dans Enquête dans le Brouillard est l'originalité de son duo de détectives. Un duo parfaitement antagoniste puisque composé d'un homme séduisant et d'une femme sans grâce. Mais de surcroît, à la différence des sexes et à la dissemblance physique viennent s'ajouter des origines sociales très éloignées : Thomas Lynley appartient à la vieille noblesse anglaise : il est comte d'Asherton - et EG avoue dans un entretien pour The Armchair Detective qu'elle l'avait fait comte pour le plaisir un peu incongru d'avoir un personnage portant deux noms différents ! - tandis que Barbara Havers est issue d'un milieu populaire et vit dans une banlieue misérable.
EG a prémédité cet écart social. Elle s'en explique dans une interview (Mystery scene n°37, 1992) : "Je pense que la société anglaise est une société de classes très marquée. J'ai écrit Enquête dans le brouillard en donnant à Lynley un partenaire d'un milieu très différent du sien, parce que je voulais un personnage qui puisse lui servir de repoussoir. Il me semblait que Lynley était trop excentrique pour être vraiment sympathique. C'est pourquoi j'ai crée un autre personnage qui inviterait le lecteur à détester Lynley avec lui. Si j'arrivais à faire évoluer l'opinion de Barbara Havers sur Lynley au fil du roman, le lecteur changerait d'avis lui aussi et finirait par oublier qu'il est un aristocrate pour voir en lui un homme plein de compassion. Je n'ai jamais essayé vraiment d'explorer le système de classes anglais. J'ai juste trouvé intéressant le fait qu'il y en ait un et j'ai voulu que mon roman s'en fasse le reflet...".
En fait, avec Thomas Lynley et Barbara Havers, EG a dessiné deux portraits de policiers bien plus fouillés qu'il n'est de coutume, même dans les romans où les auteurs prennent soin de développer la psychologie et la vie privée de leurs enquêteurs et leurs effets sur leur comportement professionnel. Elle est allée très loin dans la dissection des âmes, dans l'analyse des personnalités.