Editorial

Ignominies

5 novembre 2013 à 21h

L'auteur

EDITORIAL

Il est des paroles et des actes que l’on ne peut se permettre d’ignorer. Des dérapages que l’on se doit de condamner pour préserver une certaine idée du monde dans lequel on vit. Voir il y a quelques jours une petite fille accueillir la garde des Sceaux aux cris de «la guenon, mange ta banane» n’est pas quelque chose d’anodin. Plutôt une alerte sur l’état de la société et sur ses dérives. Comment des adultes peuvent-ils se permettre de manipuler ainsi une enfant ? On aurait aimé que cet incident soit une exception. Mais c’est tout le contraire qui se révèle. Le constat est celui d’une parole publique qui semble ne plus se fixer d’interdits et se permet toutes les ignominies. On l’a vu au moment des polémiques sur les Roms, mais aussi quand Marine Le Pen a commencé à évoquer le «malaise» devant la barbe des ex-otages ou encore dans les slogans ouvertement homophobes entendus durant les manifestations contre le mariage gay. Dans l’entretien qu’elle nous accorde, Christiane Taubira évoque les propos discriminatoires multiples et dénonce «une attaque au cœur de la République». Elle a raison. C’est en premier lieu aux politiques de se poser la question de leur responsabilité dans ces excès nauséabonds. La droitisation assumée de l’UMP a évidemment une incidence sur l’opinion. Les médias aussi doivent se poser la question de leur rôle face à cette radicalisation de la parole. Pour surtout ne pas la banaliser.

Fabrice ROUSSELOT