HISTORIQUE

Il est toujours important de rappeler ce que fut l’histoire d’un régiment. C’est d’ailleurs l’une des premières choses que l’on apprend quand on intègre une unité : histoire et traditions.

Vieux régiment, son histoire remonte au 17e siècle quand il est de ces compagnies appelées « Vieux corps ». En 1656, cette unité forme un régiment du roi et l’un de ses bataillons passe au régiment de Bourgogne créé en 1668. Participant aux guerres de la Révolution française et au Premier empire, le 117e est dissous en 1814.

Récréé en 1872, le régiment a son casernement au Mans dans la Sarthe. Affecté au 4e corps d’armée, à la 8e division d’infanterie et à la 16e brigade.

La Grande guerre : le 117 participe à la bataille de la Marne en 1914, est en Champagne l’année suivante, à Verdun puis à nouveau en Champagne en 1916. En 1918, il s’illustre à l’occasion de la seconde bataille de la Marne. Le 12 novembre 1918 à Charleville, le général Guillaumat, commandant la Ve armée, remet la Croix de guerre 1914-1918 au drapeau du 117e RI. Par décision du 30 novembre 1918 du maréchal Pétain, commandant en chef des armées de l’Est, le régiment est cité à l’ordre de l’armée. Le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918 lui est en outre accordé. Voir la Notice historique.

Jean Bernier (Marissel dans l’Oise, 1894 – Paris, 1975) Écrivain et journaliste français. S’est impliqué dans le mouvement anarchiste. Mobilisé le 4 septembre 1914, il est affecté au 117e régiment d’infanterie. Après deux mois d’instruction, il part pour le front le 13 novembre. Promu successivement caporal, sergent puis sous-lieutenant, il combat dans la Somme puis en Champagne. Blessé le 8 décembre 1915, il fait trois mois d’hôpital et quatre de convalescence puis est affecté aux chemins de fer de campagne avant d’être détaché, à partir d’octobre 1916, au ministère des Affaires étrangères. A son retour du front, il revient pacifiste et internationaliste. En 1924, il écrit Tête de mêlée qui met en scène de jeunes gens passionnés par le rugby qui vont se retrouver plongés dans les horreurs de la guerre. La percée, 1920

Au 1er septembre 1939 intervient la mobilisation générale. Après l’envahissement de la Pologne par l’Allemagne nazie, la France se déclare en état de guerre. Le 4 septembre, le 117e RI se trouve dans les Ardennes. Il est l’un des régiments qui pénètrent dans la Sarre. Mais cette occupation en Allemagne est de courte durée. En effet, en réaction à cette offensive, des divisions allemandes sont rapidement mobilisées et les Français décident de se replier derrière la Ligne Maginot. A la veille de la ruée massive des divisions de Panzer, fin mai 1940, le régiment occupe des positions au sud-ouest de Péronne.

Dans la nuit du 4 et 5 juin 1940, l’artillerie allemande pilonne les positions françaises. L’attaque des blindés allemands débute à l’aube du 5 juin. Le 117e, qui ne bénéficie de la protection d’aucun obstacle antichar naturel, supporte presque tout le poids de l’attaque blindée. Dès 3h30, après un redoublement des tirs de l’artillerie, le régiment voit arriver sur lui les vagues d’assaut de trois divisions blindées. Les chars bombardent, mitraillent puis dépassent les fantassins français qui voient apparaître les motocyclistes, puis les éléments portés débarquant au plus près. Entre deux vagues de chars, les stukas lancent leurs bombes en piqué. Les points d’appui et les centres de résistance sont neutralisés un à un après la destruction des lisières des villages par des obus incendiaires. Obligés d’abandonner leurs positions, les hommes du 117e se replient, bien souvent aux prix de sacrifices de dizaines d’hommes. D’ailleurs, l’âpreté de la résistance opposée par l’unité aux Allemands lui vaut des éloges : « Vos hommes ont combattu magnifiquement » dira plus tard un général de la Wehrmacht.Le 1er août 1940, ce qui reste de la 13e compagnie de pionniers et le 21e bataillon sont dissous à Saint-Yriex dans la Creuse.

Le 6 juin 1940, tôt le matin, le 117e RI est complètement encerclé dans Pressoir (Nord de Chaulne) et succombe devant l'assaut irrésistible allemand. (voir : 6 juin).

Le 16 janvier 1945 : un bataillon renaît à Poitiers par le biais des FFI. Le 31 octobre 1945 il est dissous.

Quelques témoignages et trouvailles sur le net :

En 1939-1940, le 117e RI appartient à la 19e Division d'Infanterie dont voici en résumé le parcours :

De septembre à octobre 1939 : déplacement vers région Hirson (Aisne), puis Rethel et Poix-Terron (Ardennes).

De novembre à décembre 1939 : front de Lorraine, Saint Avold, puis en réserve à Dieuze et ensuite en Sarre.De janvier au 15 mai 1940 : front d'Alsace, secteur Fortifié de Mulhouse.À partir du 15 mai : déplacement vers la Somme en réserve, puis montée vers Péronne (23 mai) et combats dans la région jusqu'au 8 juin. Repli sur ordre au sud de l'Oise. Le 5 juin la 19e DI est attaquée par une panzerdivision appuyée par l'artillerie et l'aviation, elle subit d'importantes pertes notamment au 117e RI. Du 10 au 12 Juin 1940 : combats sur l'Oise, repli sur la Seine puis la Loire, le Cher, la Dordogne.La 19e DI est dissoute le 11 juillet à Pierre Buffière (Haute Vienne) pour plus de détails voir cet excellent site sur le 41e RI régiment appartenant à la même division et ayant combattu avec le 117e RI: La 19e Division d'Infanterie

Extrait du livre " La bataille de France le jour le jour" de Dominique Lormier.

La 2e DCR, partiellement constituée avec seulement 60 chars, doit attaquer la tête de pont au sud-ouest de Péronne les 24, 25 et 26 mai 1940. Elle peut compter sur le soutien du 117e RI de la 19e DI. Mission difficile, il s'agit de s'emparer par surprise, en pleine nuit, de quatre ponts (St Christ, Epenancourt, Pargny et Béthancourt), défendus par la 62e Division allemande d'infanterie (62e ID), bien équipée en mitrailleuses, armes antichars et artillerie. Divisées en plusieurs groupements d'assaut, la 2e DCR et le 117e RI se préparent pour l'opération dans la nuit du 24-25 mai.

"La nuit est claire, calme, très belle, raconte le lieutenant-colonel Chasteigner. La lune se lève, révélant dans tous ses détails un paysage bien connu : c'est un vaste plateau nu, faiblement ondulé; une légère brume traîne au ras du sol où les villages semblent flottés comme des îles. Vers l'est, au bas d'un glacis découvert, la Somme et son canal coulent paresseusement à travers un labyrinthe de marais, de rigoles indécises, terrain sans obstacle pour les chars, mais rigoureusement clos du côté de l'ennemi; champ de tir parfait pour les antichars; terrain sévère pour l'infanterie, qui, en dehors des villages, s'offre "un plat" au feu adverse."

À 0h05, les canons de 105 mm du 309e RA déchirent la nuit. Durant dix minutes, ils arrosent d'obus les villages de Morchain, Pargny, Béthencourt, afin de désorienter l'ennemi. Puis les deux groupements d'assaut démarrent à 01h00. Progressant assez vite, le groupement Girier atteint Licourt vers 02h00, Epenancourt vers 02h30. Tandis que les chars légers Hotchkiss se déploient à droite et à gauche en protection, les chars lourds B1 bis foncent vers le pont; le trouvant détruit, ils neutralisent ses abords au canon et à la mitrailleuse. Les chasseurs portés du 17e BCP rallient vers 03h30, sous le feu violent de mortiers et de mitrailleuses adverses. Au petit jour, l'artillerie allemande de la 62e ID se déchaîne : sa précision sa précision interdit le débouché de Licourt à la compagnie du 117e RI qui doit relever les chasseurs portés. La violence de feu est telle que les chasseurs portés eux-mêmes se replient sur Licourt. Lorsque les fantassins sont solidement accrochés à ce village, chars et chasseurs portés décrochent par échelon en direction d'Omiécourt.

Appliquant à la même heure le même scénario, les chars lourds du groupement Mahuet neutralise le pont de Pargny, intact, le pont de Béthencourt, détruit. Ils sont couverts au nord et au sud par les sections de chars légers. Après le vif engagement à la grenade, les chasseurs portés occupent la rive gauche de la Somme vers 04h00, puis sous un sévère arrosage de canons de 105, les deux compagnies du 117e RI assurent la relève. Un quart d'heure plus tard, chars et chasseurs se rejoignent à l'est de Morchain. Il fait jour, mais une nappe de brouillard vient opportunément couvrir le décrochage. Ainsi l'essentiel de la mission est rempli: l'unique pont intact est occupé, les débouchés des deux ponts détruits sont solidement tenus, Les pertes sont insignifiantes.

Le colonel Perré, commandant de la 2e DCR, peut se montrer satisfait : "À 07h00, le pont de Béthencourt est tenu pas la 1ère compagnie du 117e RI, une autre compagnie de ce même régiment a barricadé le pont de Pargny encore intact. Il n'est pas possible de tenir sous les feux directs de l'ennemi le pont d'Epenancourt détruit."

Le 25 mai, aux premières heures du jour, tandis que s'achève l'affaire des trois ponts, un seul reste aux mains de l'ennemi : Saint-Christ. Poussant au-delà de St Christ sur la rive gauche, les Allemands ont occupé pont-les-Brie, Villers-Carbonnel et bouscule le 41e RI, un des autres régiments de la 19e DI, qui s'accroche difficilement à la position de Fresne-Mazencourt-Misery. La ligne française de défense est prête à se rompre entre le 41e et le 117e RI, entre Misery et Epenancourt, sous la poussée de la 62e ID. Fort de l'expérience précédente, le colonel Perré décide d'attaquer St Christ de nuit. Mais le pont est-il intact ? L'ennemi alerté n'a-t-il pas coupé ou miné les itinéraires d'accès ? Le Commandant Saget, à bord d'un avion de reconnaissance, survol la position. Descendu par la DCA allemande, il parvient à sauter en parachute, rejoindre les lignes françaises et peut ramener des renseignements précieux; si bien que l'opération est fixée à la nuit suivante.

Le 25 mai, à 21h00, au PC du 17e BCP, le chef de bataillon Mahuet chargé de d'attaquer St-Christ s'affaire à sa mission. Il comptait démarrer comme la veille au lever de la lune et porter son effort sur 2 axes : Marchelepot-Misery-St Christ, Marchelepot St Christ direct. Or ce soi-là, la lune ne vient pas au rendez-vous. Le ciel demeure orageux et couvert, sous une nuit opaque. On agira donc sur l'itinéraire le plus connu, à savoir Marchelepot-Misery-St Christ.

La colonne Mahuet s'échelonne dans l'obscurité, avec 2 sections de chars lourds, deux sections de chars légers encadrant une section des chasseurs portés. Une compagnie de fantassins, une section de mitrailleuses et un groupe antichar du 41e RI suivent à bonne distance.

Le 26 mai, à 00h58, le groupement d'attaque démarre dans un silence absolu, sans préparation d'artillerie. Cependant une batterie du 309e RA reste prête à intervenir sur demande. Le commandant Mahuet progresse lentement jusqu'au carrefour de Misery. Puis les chars foncent à toute allure sur St Christ, les chasseurs suivent en courant. Une nouvelle fois, l'ennemi est surpris et sa réaction reste désordonnée. Les chars écrasent les défenses, tandis que les chasseurs portés bondissent sur le pont et repoussent une contre attaque. Peu après, à 03h00, la compagnie du 41e RI relève les chasseurs et organise un solide point d'appui. À 03h30, le commandant Mahuet rend compte du succès de sa mission à ses supérieurs : "L'installation du poste avancé s'est effectuée dans de bonnes conditions. L'unité qui le compose est susceptible de le tenir avec succès." Une heure plus tard, chars et chasseurs se replient sue Marchelepot, mission accomplie. Ils sont suivis de près par des rafales de l'artillerie ennemie auxquelles le 309e RA donne efficacement la réplique. "Les français se battent avec efficacité et tirent bien.", signale le journal de marche de la 62e ID.

Cette première action nocturne des chars français fut, en son temps, jugée déraisonnable, pour beaucoup sans avenir. La doctrine de l'époque s'accordait à n'utiliser les blindés que de jour. Or ces attaques ont été un succès total : quatre ponts conquis, neutralisés en un temps minimum, là où venait d'échouer une puissante attaque de jour. Les pertes françaises sont minimes avec trois tués, douze blessés et par un seul char détruit.

Colonel Etienne Cordonnier : Au printemps 1940 il dirige le Centre d'instruction des chefs de bataillon de Mourmelon avant de prendre le commandement du 117e R.I. le 29 mai. L'armée allemande déclenche une attaque à partir de Péronne le 5 juin à l'aube, concentrant son effort, avec 2 divisions blindées en premier échelon, sur l'axe Péronne-Roye, et plus spécialement dans la zone où le 117e R.I. était placé en flèche. Le régiment se battit jusqu'au 6 juin au matin et ne succomba qu'après une défense acharnée, ce qui valut à son commandant une citation à l'ordre de l'armée. Dans son livre : "Ainsi combattaient les chars", Berlin-1940, le capitaine Von Jurgenfeld précise : « Le français se bat opiniâtrement, avec acharnement, méprisant la mort, » et cite notamment le village de Pressoir où Etienne est capturé ce jour-là. Il est gardé prisonnier près d'Hoyerswerda (l'Oflag IV D) jusqu'en février 1945 date de son transfert à la forteresse de Koenigstein (l'oflag IV B d'où s'était évadé Giraud), d'où il est libéré le 10 mai par les Russes suivis des Américains. Durant ces cinq ans de captivité il ne cessa de soutenir le moral de ses compagnons d'infortune au témoignage unanime de ceux-ci.

Lire aussi le témoignage de monsieur Robert Lévêque dans la revue du 117e RI, typographie Plon, 8, rue de garancière Paris :

"Septembre 1939, déclaration de guerre, notre Division, la 19e dont mon régiment le 117e RI fait partie, débarque à Rethel dans les Ardennes puis cantonne à Hirson dans l'Aisne jusqu'au 9 novembre 1939. Dirigé ensuite en Lorraine : Sarreguemine, et Sarrebruck par un froid de -25° ce qui nous oblige de scier la tambouille, le vin de glace. Mission terminée le 8 janvier 1940. Le 8 mars, nous partons pour l'Alsace par -23°, 75 km à pied en 24 heures. Le 117e RI s'installe à Ensisheim, Roggenhouse, Munchhouse. Un important secteur dont le terme est Mulhouse, on confie à la 19e DI les coups de main de nuit chez l'ennemi par les corps francs. L'ordre est donné d'abandonner la mission défensive sur le Rhin. Le 23 mai au petit jour, notre division d'élite se porte sur la Somme renforcée du 22e régiment de Marche de Volontaires Étrangers sur notre aile droite qui sous le regard admiratif de son colonel s'exclame : " Regardez voir ces Bretons, ces Normands, quelle unité !" L'Allemand recule de plusieurs kilomètres, nos ailes très accrochées n'ont pas suivi. Ayant atteint la route d'Amiens l'ordre est donné de stopper l'offensive sous peine d'encerclement. Le 28 mai, une violente contre-attaque allemande sur le 2e bataillon (Brébant) tue en quelques instants près de 150 de nos camarades dont notre lieutenant, promu depuis peu capitaine.

Le généralissime Gamelin est destitué en faveur du général Veygand considéré comme génial stratège qui a suivi le déroulement des opérations. Il donne l'ordre de ne plus reculer et de mourir sur place afin qu’il lui soit possible de redresser la situation.

Fin mai, les combats se font plus nombreux et violents. Le sol constamment soulevé par les explosions d'obus français et allemands produisent un carnage qui va crescendo jour après jour. Le haut commandement allemand conscient de la valeur de ces unités françaises met en place 190 Divisions sur la Somme. Début juin, le ravitaillement en nourriture et munitions est anéanti bien souvent par l'aviation ennemie qui détruit aussi nos rares chasseurs nous survolant.

Ayant acquis la certitude que nous allons mourir, toute utilité des transmissions est vaine. Quittant notre spécialité, chacun de nous devient un combattant forcené ayant pour objet de faire le plus de mal à ceux d'en face. Nos canons anti-char ne suffisent plus devant l'assaut des chars allemands, mais les 75 de notre artillerie produisent des destructions incroyables chez les assaillants. Chaque tir est un tir au but.

Le 5 juin, un camarade ayant perdu l'usage d'une jambe, va se faire broyer par une vague d'assaut de chars. L'adjudant Sacleux fonce à son secours. Stupeur ! Les chars ennemis stoppent laissant cet acte héroïque s'accomplir. Malheureusement le blessé ainsi sauvé meurt pendant son transfert. En ce jour apocalyptique la densité des bombardements terrestres et aériens obscurcissent le ciel et la terre et nous imprègnent d'une odeur de poudre tenace. Cette nuit claire de juin laisse apparaître sur le sol des petits tertres, ce sont les survivants qui iront jusqu'au bout de l'impossible ayant pour voisin un camarade abattu. L'ennemi forte d'une détermination et d'une victoire assurée, dotée d'un matériel inégalé, guette le lever du jour pour porter l'estocade finale. Vers 04 heures du matin, des rafales dissuasives émanent des chars et des mitrailleuses qui sontbraqués sur nous. Abrutis, sans nourriture et eau depuis des jours, sans nuits de repos, les munitions épuisées, la poignée de survivants et les blessés lèvent les bras à contre cœur. Pierre Daure, un garçon voulant résister jusqu'à la fin reçoit une balle entre les deux yeux.

Désarmés, nous marchons parmi la horde insensible vers l'arrière du front pour être rassemblés dans un champ. Un colonel, dans un français impeccable, en montrant les corps alignés de ceux que nous avons tués, énumère les pertes infligées à son armée et exprime notre héroïsme en nous considérant comme la division de fer. Les honneurs militaires nous sont rendus. Un bien triste bilan, le 117e RI a perdu 1200 hommes, totalise un très grand nombre de blessés et de prisonniers. Quant à la Division elle compte ses pertes qui s'élèvent à près de 8.000 soldats et officiers."

En Algérie. Créé le 16 avril 1956 à l'occasion du rappel de la classe 1953, il fait partie de la première tranche des unités en vue du rétablissement de l'ordre pendant sept ans. ( voir : Présentation )