Pour comprendre l'attitude des militaires, il faut étudier le contexte des événements de 1962.
Le port d'Alger en septembre 1962 (Photo : AF)
à lire absolument !
Ce qui suit sont extraits du site de Jean J. Viala , richement détaillé.
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5 Janvier 1962 : Par note de service, Salan, de son maquis, ordonne la mobilisation générale de tous les hommes valides d’Algérie, de 18 à 45 ans.
15 Janvier 1962 : Les deux communautés se séparent de plus en plus, la frontière entre les quartiers est patrouillée en permanence.
24 Janvier 1962 : Emission pirate de l'O.A.S., écoutée avec ravissement par toute la population.
Pour commémorer l'anniversaire des barricades, l'O.A.S. Oran demande aux Oranais de pavoiser, de faire grève, de respecter un silence absolu (et incroyablement émouvant) pendant un quart d'heure, faisant ainsi la preuve que toute la population lui obéit sans hésitations ni murmures.
25 janvier 1962 : Lors du comité des affaires algériennes de ce jour, De Gaulle donne personnellement l'ordre de retirer les troupes des hauts plateaux "où il n'y a que des musulmans"
28 janvier 1962 : L'armée trouve un charnier près de Maison Blanche il contient 50 corps. Les rares qu'on peut identifier sont des amis de la France, dont d'anciens militaires. Il s'agit du début de la liquidation des " harkis ".
10 Février 1962 : Premier bouclage ratissage de Bab el Oued, quartier européen, par l'armée française, 5000 hommes s'en occupent, 4 morts, 13 blessés dont une enfant de 6 ans.
La rencontre secrète prit place aux Rousses, dans le Jura, du 11 au 19 février. Elle réunit dans un chalet isolé par les neiges trois ministres français: Joxe, Buron et le prince de Broglie, et quatre membres du G.P.R.A.: Krim, Dahlab, Yazid et Bentobal, assistés par Rhéda Malek, Ben Yahia et MostefaÏ. Les uns comme les autres étaient déguisés en amateurs de sports d'hiver afin de passer inaperçus. Toutes les questions déjà examinées pourtant au cours des derniers mois par la voie suisse revinrent en discussion, chacune des délégations menant le dialogue suivant l'échelle de priorités définie pour l'une à Paris, pour l'autre à Tunis.
16 février 1962 : Une musulmane est blessée par un explosif qu'elle posait devant une école, les parents d'élèves l'achèvent, les grandes consciences s'indignent.
Les statistiques indiquent que ces 15 premiers jours de février, l'activité terroriste F.L.N. a fait 256 morts (dont 160 musulmans, surtout anciens harkis ou auxiliaires de la France) et 490 blessés (environ 350 musulmans). Chaque jour est un nouveau déchaînement de violences, les musulmans attentistes se ruent pour participer à la curée.
Des unités représentant ensemble 20.000 hommes rentrent en métropole.
18 Février 1962 : Grève générale sur l'ensemble du territoire algérien décidée par l 'O.A.S. et parfaitement suivie.
... C'est donc dans la perspective d'y parachever sa victoire que le G.P.R.A., réuni de nouveau à Tunis, décidait, le 3 mars, de reprendre la négociation, officiellement cette fois, avec la France; ce que Ben Khedda commenta en ces termes: "l'Algérie engage actuellement une importante bataille pour réaliser son indépendance".
"Autopsie de la guerre d'Algérie" de Philippe Tripier, éditions France-empire, 1972.
Le délégué général Morin diffuse une note expliquant que les musulmans conserveront la nationalité française, sauf s'ils font la demande inverse. Dès le 13 mars, Debré explique que c'est tout le contraire, tout musulman sera réputé algérien, sauf s'il en fait la demande contraire.
25 février 1962 : Les agriculteurs d'Oran décident d'arrêter de cultiver leur terre, suite "au désarmement des groupes d'autodéfense, et au retrait des armes qui leur avaient été confiés pour protéger leurs fermes".
Citation: A partir du 26 février 1962, les commandos d'Alger entreprirent des attentats non sélectifs contre les Musulmans algérois. En quelques jours, les quartiers européens se vidèrent des autochtones qui y travaillaient. On ne peut rattacher l'évolution née ce jour-là, à une métamorphose stratégique de l'Armée Secrète [...] Ces attentats systématiques n'avaient plus rien à voir avec les exactions aveugles nées de la colère ou de la peur qui suivaient parfois les assassinats perpétrés par le FLN. Il s'agissait d'une tactique nouvelle apparemment destinée à chasser les Musulmans des quartiers centraux et des hauteurs d'Alger. A partir de ce moment-là, franchir la limite de la zone européenne devint extrêmement périlleux pour un Musulman. (Il en allait de même depuis longtemps pour un Européen entrant en zone musulmane) [ ...] C'est un son de cloche différent que l'on recueille toutefois chez d'autres dirigeants tels le docteur Perez ou Jean-Jacques Susini. Tous deux admettent qu'à partir d'un moment les attentats ont cessé d'être sélectifs. Tous deux mettent en cause l'énorme pression du service d'ordre. La sévère multiplication des perquisitions, des bouclages, des arrestations opérées par la Gendarmerie et les gardes mobiles commençait à être payante. Le bled étant progressivement dégarni, des bataillons nombreux se trouvaient libérés pour effectuer en ville des gardes statiques ou des contrôles aux barrages. Les unités spécialisées dans la répression avaient une marge de manœuvre accrue et elles agissaient sur renseignements avec efficacité. Les dirigeants clandestins sentaient peser sur eux des menaces très sérieuses au point que le général Salan envisageait de passer au Portugal.
27 février 1962 : Les européens évacuent le bled, dans les fourgons de l'armée. Les harkis commencent à être bouillis [littéralement dans de grandes cuves] dès que l'armée a le dos tourné.
28 février 1962 : L'armée française est toujours aussi efficace. Sur les 2000 villages qui étaient en autodéfense il n'en reste plus que 910, les autres ont été désarmés.
9200 pieds noirs ont quitté définitivement l'Algérie en février, s'ajoutant aux 200.000 qui ont fait de même depuis le début de l'insurrection.
05 mars 1962 : Nuit blanche à Alger, 125 plastics en moins de deux heures, d'autres disent 132, la police estime que plus de 50 équipes de plastiqueurs ont été mobilisées.
... "Entre le 6 et le 13 mars, l'ALN de Tunisie a procédé à de nombreux et puissants harcèlements du barrage, par armes lourdes bien abritées. 122 sabotages des réseaux ont été relevés, mais aucun franchissement n'a été tenté. Nos ripostes d'artillerie et d'aviation, bien que très efficaces, n'ont pu prendre avantage sur les positions de batterie adverses, bien protégées du fait des restrictions imposées pour l'emploi des armements lourds en territoire étranger et ami."[...] On peut penser que le GPRA souhaitait une attaque massive, avec éventuellement une victoire qui pourrait être présentée comme un Dien-Bien-Phu, et qui aide à la conclusion des accords vis à vis de l'opinion française. Et que Boumediene, qui voyait loin, a préféré remplacer cette attaque par un baroud d'honneur, moins coûteux en hommes et lui assurant son commandement qui lui aurait été supprimé en cas d'échec.
06 mars 1962 : Un commando FLN attaque une patrouille militaire française, (à Mecheria) : un soldat blessé, 5 FLN tués, deux autres blessés. Attaque analogue à Mascara. Le F.L.N. ne veut plus voir les militaires français dans ses zones de non droit.
Un officier S.A.S, appliquant les consignes, enlève leurs munitions à ses moghaznis, il ne leur laisse que cinq cartouches. Voyant cela six harkis dont un sergent rallié, un autre sergent Ouazzani ancien policier, un autre rallié décident de déserter à leur tour. Ils laissent le message suivant :
"Nous en avons eu assez de vous suivre et de continuer à vous obéir - Nous avons vu et compris que l'ennemi c'est vous - Vous avez trompé vos amis - Nous avons vu que vous déménagez en laissant vos amis à vos places, c'est à dire dans quelques postes - Votre politique nous a trompés et vous nous avez laissé la peur - Et aussi la harka et le commando se sont mis d'accord pour vous tuer tous deux, Meyer et Bernard, mais tout cela a échoué - Nous ne vous avons pas trompés en mangeant ensemble, on regrette en venant ici, mais maintenant celui qui restera sera tué par eux - Nous, on ne trahit pas - Nous n'irons ni au djebel ni au F.L.N. - Celui que nous rencontrerons, nous sommes d'accord pour l'affronter tant que nous aurons des armes entre les mains - Sauf pour l'O.A.S., nous sommes ses amis - Salutations respectueuses au lieutenant Meyer et au sous-lieutenant Bernard."
Il Dine (infirmier à la S.A.S.)
07 mars 1962 : A Evian, reprise des négociations FLN/gaullistes, interrompues officiellement depuis trois mois. (Les négociations des Rousses étaient clandestines).
08 mars 1962 : M. Pierre Messmer, Ministre de la Défense. Communiqué du 8 mars 1962 aux Chefs de Corps de l'Armée française
" Après un contrat de réflexion de six mois non renouvelable comme personnel civil et sans armes, une période probatoire de trois ans offrira, aux Français d'Algérie comme aux musulmans attachés à la France, un délai suffisant pour choisir le pays de leur installation définitive ainsi que leur nationalité. Il est hautement souhaitable que la minorité des Algériens décide de continuer à vivre dans son pays natal. "
Le mot important, là c'est "arme". Messmer livre sans état d'âme 150.000 personnes à la mort.
11 mars 1962 : A Oran Jouhaud fixe la date de l'insurrection, qui devra se faire autour de Tlemcen. Jouhaud dispose de l'infanterie de marine, de 3000 harkis, de tous les GMS, du cinquième étranger, d'un régiment de hussard. Il est prévu qu'un territoire soit ainsi libéré, et que l'O.A.S. demande à participer aux négociations d'Evian. La date est le 15 Mars. Alger, informé, demande de retarder pour se coordonner avec le maquis de l’Ouarsenis, qui doit se mettre en place plus tard.
Il est prévu qu'un territoire soit ainsi libéré, et que l'O.A.S. demande à participer aux négociations d'Evian.
La date est le 15 Mars. Alger, informé, demande de retarder pour se coordonner avec le maquis de l'Ouarsenis, qui doit se mettre en place plus tard.
13 mars 1962 : Une bande de tueurs du F.L.N. parcourt les rues d'Alger et tue tous les européens, 12 morts dans le centre d'Alger, dont un jeune militaire en civil. La presse et les médias expliquent que c'est une réaction bien naturelle aux sanglants attentats de l'OAS.
15 mars 1962 : Un homme rendu fou par la mort de sa femme et de sa fille s'arrête à un arrêt du bus à Hussein Dey et mitraille les musulmans qui attendaient l'autobus, tuant dix personnes et en blessant six. Il se rend à la police sans résistance. Les grandes consciences s'indignent.
Les "centres sociaux éducatifs" avaient été créés par Soustelle à l'initiative de Germaine Tillon, pour encadrer et former la jeunesse musulmane. Vite devenus des centres de formation FLN, ils avaient été mis en veilleuse et remplacés par les Centre de Formation de la Jeunesse Algérienne mis en place et encadrés par l'armée.
Lors du comité des Affaires algériennes de ce jour, une note du général commandant en chef en Algérie demande que les harkis soient autorisés à rester groupés et armés un an après le cessez le feu. Note qui figure dans les archives de l'armée mais n'est pas lue (?) en tout cas elle n'est pas citée dans le compte rendu qui figure aux archives dudit comité. Par contre y figure une note du ministre des armées pour ouvrir des centres de regroupement et de protection en Algérie, pour les mêmes harkis.
18 mars 1962 : L'armée française rentre aux casernes, l'article 5 prévoit qu'elle stationne de façon à éviter tout contact avec les forces du F.L.N. Un décret secret du gouvernement leur indique : "l'armée française ne pénétrera pas dans les zones fixées pour le stationnement des forces F.L.N. Tout contact avec les forces F.L.N. sera évité". Dans ses mémoires, le général Fourquet, successeur d'Ailleret en tire les conclusions : " la sécurité diminue instantanément."
19 Mars 1962 : " Voilà une Algérie nouvelle, libre, prospère, heureuse, qui trouvera dans son indépendance les ressources de sa fierté, dans sa coopération avec la France l'exaltation de ses souvenirs et les raisons de ses espérances."
C'est dans cette superbe langue de bois que jean Morin, ministre résident à Alger, annonce aux français d'Algérie leur mort future dans d'horribles tortures ou leur exil. (La valise ou le cercueil).
.... Le gouvernement français a offert à l'autre partie l'occasion de l'enfermer dans un piège. Puisque les négociateurs d'Evian n'étaient là qu'en tant qu'envoyés du FLN et non en tant que membres du gouvernement provisoire algérien ou plénipotentiaires délégués par lui, les textes vers lesquels la négociation s'orientait devaient, pour prendre valeur d'engagement, être préalablement soumis aux instances décisionnelles de la révolution algérienne ... En somme, ces "accords" de dupes, en réalité des déclarations d'intention unilatérales, ne se sont jamais imposées qu'à l'une des deux parties, l'autre ayant dès l'origine et secrètement décidé qu'ils seraient nuls et non avenus ...
Le couvre-feu est établi à 21 heures, il y avait plus de deux ans qu'il n'existait plus dans les grandes villes ... Le F.L.N. poursuit son travail d'assassinat.
L'armée arrête ses comptes au 19 mars, il y a eu depuis le premier Novembre 1954, 2788 tués, 7451 blessés et 375 disparus parmi la population européenne. Rien qu'à Oran en un jour, le 5 juillet 62, il y aura 3000 morts. On admire les effets fabuleux du cessez le feu.
Extrait d'un tract FLN : « Rappelez-vous que, quand nous serons indépendants et dans un minimum de temps, nous combattrons les trois cents kilomètres que nos ancêtres ont envahi en France. Voici les limites, Poitiers, Saint-Étienne, Lyon, les environs des Alpes et les Pyrénées. Toutes ces terres et ces villes sont celles de nos ancêtres. Après la guerre d'Afrique du Nord, nous allons envahir les trois cents kilomètres qui nous appartiennent et les ports de Toulon, Marseille, Bordeaux. Nous sommes les fils de Mohamed, fils de l'Islam.»
20 mars 1962 : De Gaulle demande et obtient les pleins pouvoirs pour lutter contre l'O.A.S. Le référendum approuvant Evian est fixé au 8 avril. Une circulaire indique aux forces de l'ordre en métropole que les Accords d'Evian sont valides aussi pour eux, et qu'il est interdit de ne mener aucune action offensive.
« ...Une des conséquences du cessez-le-feu sera de laisser dans une position délicate les Européens dont les appartements, les fermes, les voitures sont occupés ou confisqués par centaines, bientôt par milliers. La vague d'occupation des logements de certains quartiers périphériques d'Alger est une conséquence directe de la situation créée par l'application des directives Debré. La conception du cessez-le-feu qui a prévalu est fondamentalement restrictive. Certes, elle limite de façon importante les possibilités de heurts entre les nationalistes et l'Armée mais uniquement, en invitant cette dernière à une attitude de non-intervention de principe. Rien de tout cela n'est à proprement parler nécessaire ou indispensable, surtout si l'on se souvient que les forces françaises ont vaincu le FLN sur le terrain. Ces directives reposent sur la conception, qui va se révéler parfaitement illusoire, que les nationalistes algériens sont un partenaire fiable, responsable, honnêtement désireux d'appliquer les Accords. Conséquence: les textes qui précisent la conception du cessez-le-feu et son orientation de base ouvrent un boulevard aux éléments contrôlés et incontrôlés du FLN.
« ... Nous verrons cette situation se reproduire à plusieurs reprises dans les semaines et les mois qui suivront. Qu'il s'agisse des rapts, des spoliations, des harkis, des abus divers commis du côté algérien, la position française restera immuable: ne rien faire qui puisse ruiner les Accords d'Evian ... » Monneret, " la phase finale de la guerre d'Algérie ", l'Harmattan.
23 mars 1962 : Les vols commerciaux entre l'Algérie et la France sont interrompus.
... l'Armée Secrète peut penser que son plan de créer à Bab El Oued une Algérie française libre est en train de se réaliser ... Le 23 mars est pour les partisans de l'Algérie Française une journée fatale: entre eux et l'Armée désormais il y a du sang. [A la suite d'une tentative de saisie d'armes sur des militaires du contingent qui ont refusés et ont été exécutés] ... A partir de ce moment, le pouvoir allait immédiatement engager une offensive militaire sans précédent dans les rues d'Alger. La riposte à la tentative d'insurrection fut directement conduite par le commandant en chef, le général Ailleret assisté du général Capodanno. Tous deux s'étaient installés à la caserne Pélissier, située en face du Lycée Bugeaud, et à l'entrée même du faubourg de Bab-El-Oued. Gendarmes et CRS intervinrent les premiers. Ils furent reçus, comme il fallait s'y attendre par des tirs. La troupe se joignit au mouvement. Les blindés les précédaient tirant sur les façades. Les commandos Alpha et Delta résistèrent depuis les terrasses. A 17 heures, l'Armée de l'Air intervint avec des T6 et mitrailla les immeubles. Les commandos organisèrent leur repli.
L'OAS avait perdu son prestige. L'impensable devenait réalité: il faudrait partir et en attendant survivre sans espoir de vaincre. (Dixit : Monneret, déjà cité)
Poursuite de la répression à Bab El Oued, en particulier tous les jeunes entre 18 et 21 ans sont raflés et déportés en métropole. (Mesure générale à toute l'Algérie, connue sous le nom de plan Simoun).
26 mars 1962 : " ... Tout autour du réduit, la population algéroise était toujours amassée, tentant l'ultime offensive du coeur: : "Nous voulons rester Français ... Vous n'avez pas le droit de nous combattre et de nous livrer ensuite à l'ennemi ... Notre crime le plus grave, c'est de trop aimer notre pays la France ..."
Alors des tracts circulèrent, conviant la population du Grand Alger à se rendre en masse, drapeaux français en tête et sans armes dès quinze heures devant le ghetto de Bab-El-Oued dans le but d'Infléchir le traitement injuste et inhumain infligé aux cinquante mille habitants de ce quartier martyr. Le drame suivant couvait ..."
José Castano, dans un journal pied noir.
... L'O.A.S. demande à la population d'Alger de manifester son soutien à Bab El Oued et à l'O.A.S. en défilant jusqu'à Bab El Oued, pour "approvisionner le quartier affamé" et sans doute pour permettre à ses commandos de s'échapper... Les militaires (général polytechnicien Ailleret) mettent en place des barrages sur ces artères, en utilisant des troupes habituées au combat dans le bled, et n'ayant jamais pratiqué du maintien de l'ordre en zone urbaine. En particulier, au bas du plateau des Glières, en face de la grande poste, il installe le 4éme régiment de tirailleurs. On note qu'il disposait de 5 compagnies de CRS, et 11 EGM, spécialisés dans le maintien de l'ordre qu'il garde en "réserve".
Pour plus de détails : Voir " Un crime sans assassins " de Dessaigne et Rey, éditions Confrérie Castille, ISBN 2 907 862 12 X. On trouvera ICI la conclusion du livre. Et là de nombreuses photos ainsi qu’un plan d'Alger tout autour de la grande poste.
Ce jour marque la fin des espoirs des Pieds Noirs. Ils ont compris que le pouvoir gaulliste les a condamnés à l'exil, certains se jetteront dans le nihilisme et les attentats aveugles, les autres ne penseront plus qu'à sauver leurs peau et si possible leurs biens.
30 mars 1962 : Mise en place de l'exécutif provisoire, au Rocher Noir, la cité administrative fortifiée à vingt kilomètres d'Alger. Fouchet passe la main à Farés ...
Il reste fin mars 40 500 harkis, 18 000 moghzanis, 9 600 GMS, 9 000 auto défense. Le reste a été licencié. 21 000 ont demandé leur réintégration dans la vie civile, avec prime, 15 000 n'ont pas demandé la prime, 1 000 se sont engagés dans l'armée d'active (les célibataires) 2 000 ont signé un contrat civil de 6 mois (en partie dans la force locale. (Source : Boualem « Les harkis au service de la France» Editions France Empire, 1963)
09 avril 1962 : Les troupes libérées de la garde des fermes et des ponts du bled livrés au F.L.N. gardent maintenant les banques, pour éviter les hold-up.
13 avril 1962 : Messmer, ministre des armées, publie une instruction à l'armée sur les harkis :
Primo : désarmement immédiat.
Secundo : Licenciement avec prime (six mois de solde minable) ou engagement dans l'armée d'active, (plus tard, devant l'afflux, il sera précisé que c'est seulement pour les célibataires). Le choix doit être effectué immédiatement et est irréversible.
Tertio : Ceux qui n'acceptent pas le licenciement sont regroupés dans des camps spéciaux gardés par l'armée. (Pour les empêcher de rejoindre l'O.A.S., nombreux l'avaient déjà fait).
Quarto : le désarmement doit être terminé pour le 15 avril. (deux jours...) Le regroupement pour le premier mai.
14 avril 1962 : A Tunis, Ben Bella insiste : "Nous sommes Arabes, nous sommes Arabes, nous sommes Arabes" répété trois fois.
C'est la guerre non seulement aux chrétiens et aux juifs (c'est pas nouveau) mais aux kabyles. Une déclaration d'un racisme très pur accueilli avec enthousiasme par les autorités morales françaises.
Au Rocher Noir, séance plénière. Après avoir vérifié que le Rocher Noir est protégé par l'armée française, le Président Farés propose d'engager la force locale contre les troupes (musulmanes) qui tiennent l'Ouarsenis, les Bénis Bedouanes du bachaga Boualem, des maquis MNA, des maquis FAF et OAS.
16 avril 1962 : Aït Ahmed, menacé dans sa vie par ses anciens collègues, prend le chemin de l'exil. (En Suisse où il dispose des fonds collectés en France par le F.L.N.).
17 avril 1962 : La Croix Rouge internationale publie un communiqué rappelant que les "accords" d'Evian prévoyaient la libération des prisonniers le 7 avril. Et que le GPRA n'a rendu personne, alors que le gouvernement français a libéré 1840 détenus. Après de nombreuses démarches sont rendus 9 soldats, 3 à Tunis, 4 à Rabat, 2 à Tizi Ouzou. Ce seront les seuls, les français en attendaient plus de 500 ...
18 avril 1962 : L'armée découvre sur le cadavre d'un Lieutenant de l'ALN aux environs de Bordj Bou Arreridj le document suivant, dont un autre exemplaire avait été récupéré par le SDEC à Casablanca.
Commandement Provisoire de la Révolution algérienne. Tunis.
Très confidentiel.
Instructions sur la conduite à tenir à l'intérieur du territoire algérien, pendant ta période s'étalant du 19 mars à l'indépendance.
Diffusion: La diffusion de ces instructions ne devra être effectuée que jusqu'à l'échelon Kasma. Les échelons subordonnés ne devront en avoir connaissance que partiellement et verbalement. En aucun cas, ce document ne doit circuler sans une solide protection. Les diverses wilayas apporteront tout le soin nécessaire à l'exécution stricte de ces ordres.
Attitude à l'égard du M.N.A. : Tous les agents du M.N.A., de tous les niveaux, et à tous les échelons, doivent être immédiatement arrêtés, dès réception du présent document. Afin de mettre fin à leurs activités politiques, ces agents seront gardés dans des caches et dans les zones les plus éloignées, (afin que leur arrestation demeure secrète. Leur garde devra être renforcée, la moindre évasion pouvant donner l'alerte à la population.
Attitude à l'égard des harkis : Rester très prudents et ne rien entreprendre actuellement, pour éviter toute réaction de l'armée française. Cette dernière ne pouvant plus agir et ne pouvant plus intervenir, en quoi que ce soit, après la déclaration de l'Indépendance, ce n'est qu'après- cette date que nous nous occuperons, effectivement, des harkis. Afin de préparer cette opération ultérieure, on s'attachera, à tous les échelons à établir la liste complète des harkis, à grouper le maximum de renseignements les concernant, eux et leur famille et à suivre leurs déplacements de façon très précise.
20 Avril 1962 : Arrivée de deux nouveaux escadrons de gendarmerie, portant à 12.000 hommes les troupes directement affectées à la lutte contre l'O.A.S.
Messmer et Joxe décident de mettre les ATO (troupes du F.L.N. habillées et armées par les gaullistes) dans les quartiers européens. Ils s'y régaleront.
21 avril 1962 : Libération de 200 FLN de Fresnes, dont Saadi, condamné trois fois à mort. Ils vont se ruer en Algérie, à la curée.
23 avril 1962 : Ailleret [Général] quoique débarqué (parce que débarqué?) fait preuve de mauvais esprit, il écrit dans une note officielle au gouvernement "nous avons récupéré 58.600 armes des harkis, mais le FLN ne remet pas ses armes, en violation caractérisée des accords ".
24 avril 1962 : Farès à Paris demande des sous.
Ben Bella, à Tunis annonce (pour rassurer ses copains du Monde et autres journaux qui commencent à ouvrir les yeux) : "nous sommes décidé à appliquer loyalement les accords d'Evian". Soulagement à Paris, qui craignait d'avoir à manger son chapeau jusqu'au ruban.
25 avril 1962 : A Saïda, le F.L.N. règle ses comptes avec le commando Georges, créé par Bigeard, il assassine lentement Riguet, Habib, Bendida, trois hommes qui avaient le grade d'officier dans l'armée française. Ils mettront trois jours pour mourir.
26 avril 1962 : Le F.L.N. libère à Tunis deux soldats français, il en rendra neuf en tout, alors que la Croix Rouge et le gouvernement français en comptaient plus de 500, chiffre confirmé par le F.L.N. qui s'en servait comme moyen de chantage pour éviter les exécutions de ses militants condamnés à mort. Les autres 491 ont (bien entendu) été assassinés.
30 avril 1962 : Les troupes récupérées dans le bled sont affectées dans les villes, afin de réduire la résistance désespérée des français d'Algérie. Ce jour c'est sept bataillons supplémentaires qui sont envoyés à Oran.
En avril, 30.000 personnes ont quitté l'Algérie, portant à 66.000 les départs depuis le début de l'année.
1 Mai 1962 : Ce mois de Mai 62 fût le pire de toute la guerre d'Algérie. Le couvre-feu est avancé à 20 heures 30.
A Chantilly où il réside libre, Messali Hadj lance un appel à une réunion avec le FLN, pour demander une place pour son parti dans l'Algérie nouvelle. Il n'obtiendra rien, ses partisans seront assassinés comme des harkis, il sera toujours interdit de séjour en Algérie, et mourra en France sans y avoir remis les pieds.
6 Mai 1962 : L'OAS met en route la stratégie de "la terre brûlée " sur le thème, puisque nous devons partir, nous ne laisserons rien de ce que nous avons bâti. Il s'agit (comme depuis toujours) d'obtenir une place à la table des négociations.
7 Mai 1962 : Depuis le 19 mars, 4000 musulmans servant dans l'armée française ont déserté.
L'agence de presse du FLN annonce la couleur : "L'Algérie peut se faire sans les Européens".
8 Mai 1962 : A Oran l'O.A.S. et les gardes mobiles mènent une véritable guerre des rues.
Le brave général Katz déclare à un membre de l'exécutif provisoire qui ne le trouvait pas assez tueur de Pieds Noirs "donnez-moi un bataillon de L'ALN et je réduirai l'O.A.S. à Oran". Dans la ville nouvelle d'Oran (un quartier maintenant sous contrôle FLN) une patrouille militaire trouve 41 corps saignés à mort. La rumeur prétend que les européens enlevés servent à approvisionner les hôpitaux F.L.N. en sang frais.
11 mai 1962 : A Paris, le FLN relayé par ses collaborateurs habituels du Monde proteste contre les opérations de police anti FLN "qui continuent en région parisienne" s'indigne-t-il, « alors qu'en Algérie, soulignent-ils, l'armée française et le F.L.N. collaborent ».
12 mai 1962 : Au Rocher Noir le haut-commissaire Christian Fouchet montre la détermination de la France dans la lutte anti O.A.S. : "Il faut remonter au 16ème siècle pour trouver l'équivalant dans les mesures répressives". Exact.
Moins connu est le télégramme 1334 MA/CAB/DIR adressé par Messmer au Genesuper (Fourquet) avec copie à Fouchet. Il donne en gros les mêmes instructions que Joxe, "Il me revient que plusieurs groupes d'anciens harkis seraient arrivés récemment en métropole (...) je vous communiquerai dès qu'ils seront en ma possession renseignements sur importance et origine cas prouvés, ainsi que, si possible, sur responsables leur mise en route. stop. Dès maintenant je vous prie (...) d'effectuer sans délai enquête en vue déterminer conditions départ d'Algérie de ces groupes incontrôlés et sanctionner officiers qui pourraient en être à l'origine. "
Arrivée à Marseille de 1520 personnes par le paquebot Ville de Marseille qui demandent assistance, la plupart n'ayant ni point de chute ni ressource. Il s'agit pour l'essentiel de gens chassés de chez eux par le FLN et qui ne savent où aller.
13 mai 1962, l'épouse de Jean-Claude Escriva, enlevé le 8 mai, fait une déposition à la gendarmerie à la suite de recherches qu'elle a menées avec des amis. Elle apporte la preuve que son mari est détenu par des membres du FLN à Roumili précisément entre l'Arba et Rovigo, avec d'autres Européens. Elle ajoute que "le PC de l'Etat-Major ALN-FLN se trouve dans l'ancienne ferme Beste à 200 mètres de la route nationale". Ces informations ne sont cependant pas nouvelles et ne font que confirmer ce que la gendarmerie sait déjà. En effet, la veille, le 12 mai, quatre gendarmes se sont présentés au camp d'internement de Rovigo demandant au responsable FLN chargé de ce camp si Jean-Claude Escriva, ainsi que d'autres Français, était bien retenu prisonnier. Le responsable FLN a clairement répondu aux gendarmes que "cette personne était bien présente mais qu'il n'était nullement question de le libérer" ! Les gendarmes informent bien évidemment leur hiérarchie mais, malgré ces informations, qui arrivent jusqu'au Commandement supérieur des Forces en Algérie, rien n'est fait pour libérer ces personnes. La marche à suivre reste invariablement la même: il faut transmettre ces informations à la commission mixte de cessez-le-feu.
Jordi "Un silence d'état" ISBN 978-2-9163-8556-3
15 Mai 1962 : La ville d'Alger est maintenant divisée en deux zones, l'une européenne, interdite aux musulmans qui s'y font assassiner s'ils s'y aventurent, malgré le lourd quadrillage des forces de l'ordre, l'autre musulmane où non seulement tout européen s'y fait également assassiner, mais les règlements de compte les plus divers et les plus incompréhensibles s'y multiplient. Cette partie est "contrôlée" par la force locale, en fait par des éléments incontrôlés se réclamant du FLN. Les morts et blessés de cette partie de l'Algérie ne sont bien entendu pas comptés dans les bilans officiels.
Le couvre-feu est fixé à 18 heures à Alger.
Au Maroc, le FLN libère quatre soldats français prisonniers. Le gouvernement en attendait 500.
17 Mai 1962: Le ministre des armées (Mesmer) décide l'incorporation immédiate de tous les européens d'Algérie de 19 ans et plus, sursitaires ou non. Il s'agit du plan "Simoun". Les gendarmes et les C.R.S. ratissent les villes et arrêtent tous les jeunes qui sont immédiatement envoyés dans des camps de concentration puis déportés en France où ils sont dispersés dans des unités, sans conseil de révision ni visite médicale. Certains s'évadent et sont condamnés comme déserteurs.
Dans une ferme abandonnée de l'Alma, un petit village à l'est d'Alger, non loin du Rocher Noir, Susini, devenu par la force des choses le numéro un de l'O.A.S. (et le seul qui ait gardé une tête assez froide pour comprendre que l'affaire est sans issue) rencontre Farés, le président de l'exécutif provisoire. Ils rédigent en une seule séance un protocole d'accord (Farès prétendant être couvert par le FLN) qui complète les déclarations d'intention d'Evian par des garanties particulières pour les Pieds Noirs. En particulier la mise en place d'une force armée pied noire. C'est début mai que Farés a demandé à Charles Baujard, le maire de Blida, de lui organiser un rendez-vous avec Susini. Il a fallu une quinzaine de jours pour joindre ce dernier qui a pris l'avis de Gardes et de Perez.
Les fermes de l'Oranie sont abandonnées, brûlées et pillées
20 mai 1962 : Les compagnies aériennes et maritimes annoncent la mise en place de rotations supplémentaires.
Le II/117e Ri remplace le II/23e RIMA à la fin mai 1962.
Des charniers sont découverts dans le quartier d' Hussein Dey, l'un avec huit cadavres, l'autre avec cinq. Un des corps est identifié, il s'agit d'un algérois enlevé quelques jours avant. Les militaires délivrent deux prisonniers horriblement torturés.
Le commandant Rolet indique qu'une semaine plus tard, le 28 mai, huit nouveaux cadavres seront déterrés à la décharge publique pas très loin de la ferme Finé. Le total des morts retrouvés s'élève donc à 22 pour cet endroit. La presse publie ces informations et la capitale est figée d'effroi. Les pieds-noirs savent maintenant le sort qui guette les personnes enlevées. Mais le scandale a d'autres implications: il apparaît clairement à tout un chacun que les Accords d'Evian sont très sérieusement malmenés du côté algérien. Le cessez-le-feu lui-même est rompu puisque la 6ème compagnie du 2/23 RIMA a été accueillie par des tirs. Du côté du commandement militaire, l'embarras est perceptible car la découverte de ces charniers montre que des citoyens français sont assassinés. A une OAS en perte de vitesse, ceci peut donner un nouvel élan; un surcroît d'attentats est prévisible.
La réaction des autorités françaises sera troublante: le commandant Rolet écrit qu'une fois son rapport transmis, il reçut l'ordre, qui le déconcerta, de quitter le secteur dans les vingt-quatre heures. C'est le 2/117e R.I. qui relèvera son bataillon. Les officiers furent consignés jusqu'au 6 août, la formation fut dissoute à Sissonne, le 31 du même mois. Voulait-on empêcher que ne soient connus certains aspects de cette affaire? Le rapport du Chef de bataillon qui en reprenait tous les éléments avait un côté très inopportun politiquement. Le commandant Rolet ne le comprendra qu'après coup: "La mesure", écrit-il dans une lettre qui nous a été communiquée, "n'était pas disciplinaire, j'en ai eu la preuve, mais le rapport que j'ai envoyé était explosif je l'ignorais" Indiquons d'ailleurs que les archives du Service Historique de l'Armée de terre confirment le contenu de son texte, devenu évidemment moins fracassant aujourd'hui. Dans un procès-verbal de gendarmerie rédigé à la Brigade de Maison Carrée, et transmis à la R. T. et au Corps d'Armée d'Alger le 30 mai, on peut lire qu'il ressort de l'interrogatoire des musulmans faits prisonniers à l'Haouch Adda, qu'ils recevaient leurs ordres de commissaires politiques du FLN. L'un d'eux aurait été identifié sur photographie tant par les trois Algériens arrêtés que par les deux Européens libérés.
parmi eux des personnes enlevées ces derniers jours. Nouveaux enlèvements, plastics. ( lire aussi :Etudes coloniales)
25 Mai 1962: Encore 19 cadavres dans les charniers d'Hussein Dey.....
LE CONTEXTE après le cessez le feu du 19 mars 1962 :
2 Juin 1962: Il n'y a plus de statistiques des attentats, enlèvements et massacres. Cela est nécessaire pour masquer la faillite de la politique gaulliste. Les informations ci-après sont extrêmement parcellaires ... L'exode se poursuit, les arrivants arrivent sans rien, ils sont parfois injuriés par les communistes. Deferre, maire de Marseille déclare " Je souhaite que les pieds noirs aillent se reconvertir ailleurs ".
30 Juin 1962: Fouchet annonce que "… personne ne doute du résultat du référendum, ce sera la collaboration avec la France…".
L'armée commence à évacuer les militaires et les familles d'officiers avec ses moyens, dans d'excellentes conditions de confort et de sécurité. En particulier un paquebot chargé à mort de Pieds noirs est vidé manu militari pour laisser la place à une unité qui quitte le bled. ...Plus personne n'est à même de compter les meurtres et les enlèvements, souvent pour voler la voiture des assassinés ou des enlevés. Aucune administration ne fonctionne, c'est la panique la plus totale, dans l'indifférence de l'armée....
1 er juillet 1962: Conformément aux déclarations d'intention d'Evian, la fameuse autodétermination pose la question suivante: "Souhaitez vous l'indépendance de l'Algérie en coopération avec la France", oui ou non. "
Ce référendum est un succès inattendu : six millions de oui sur quatre millions cinq cent mille inscrits aux dernières listes électorales de 1961, dont des militaires qui n'avaient plus le droit de voter et des pieds noirs qui s'étaient réfugiés en métropole !!! Sans doute le vote du million cinq de martyrs, ressuscités pour l'occasion ! En tout cas le chiffre des inscrits sera rectifié à 6,1 millions, tout baigne, mais 99% de oui alors que les pieds noirs se sont enfuis, ça fait quand même totalitaire ...
La bonne presse (le Monde, l'Humanité, Libération, la Croix) saluent avec émotion ce nouveau triomphe de la démocratie. Les pieds noirs qui sont restés, désireux de cacher tout ce qui pourrait énerver les fells, jettent leurs drapeaux français dans les poubelles. Il reste environ 370.000 Européens en Algérie à cette date, dont beaucoup d'hommes qui ont mis leur famille à l'abri le temps de voir venir.
2 juillet 1962 : En Algérie, le bled débarque dans les villes, les appartements des européens sont pillés, leurs voitures volées, ceux qui protestent assassinés ou enlevés. Les statues et autre monuments aux morts sont détruits (très particulièrement la statue de Jeanne d'arc sur le forum d'Alger, qui est coupée en morceau, souillée et ridiculisée) (aussi le monument aux morts- toutes religions confondues- d'Alger coulé dans le béton, il y est toujours, les morts pour la france camouflés) , les églises sont profanées, un vice-consul de france à Alger est sodomisé en public par plusieurs personnes, ainsi que quelques soldats français qui étaient sortis. Le F.L.N. avait tué par attentat (en dehors des actions de guerre) 10.000 européens et 50.000 musulmans et il est en train de liquider 3000 autres européens et 150.000 autres harkis, on voit bien qui était le plus fort et méritait de gagner.
LE CONTEXTE après l'Indépendance de l'Algérie le 3 juillet 1962 :
3 juillet 1962 : Innombrables manifestations de joie dans toute l'Algérie, les foules en délire hissent le drapeau vert et blanc sur tous les bâtiments publics, les femmes françaises sont violées, les hommes enlevés, les militaires chargés de protéger la population européenne restent dans leurs casernes, les musulmans partisans de la France sont assassinés dans des délires d'imagination (à la tenaille, au gros sel, on leur fait manger leurs décoration, on les enterre vivants et on passe une moissonneuse batteuse sur les têtes qui dépassent, on les attache et on les laisse mourir de faim et de soif, ceux qui viennent les soulager sont tués à leur tour, on les fait bouillir dans des fûts de 500 litres,) bref une fête pas croyable et particulièrement pittoresque ...
Les troupes de Boumediene qui soutiennent Ben Bella entrent en Algérie depuis le Maroc et la Tunisie, et, selon les régions, se heurtent aux fidèles du GPRA. Des accrochages ont lieu ...
Il reste à dire que la défaite des foules algériennes n'a été qu'un corollaire de la capitulation militaire. Dans ce domaine celui qui détenait la réalité du pouvoir était, en dernier, le seul responsable de tous. Aux humiliations d'une honteuse retraite s'ajoutent ici, pour l'armée, les remords que ne peut pas ne pas lui infliger le sort de millions d'hommes dont elle avait la charge parce que, à un moment du combat, elle avait sollicité leur aide en échange d'une promesse formelle de protection. J'entends le cri d'un Français d'Algérie rencontré à Séville: "Notre malheur serait allégé si nous savions que l'énormité du sacrifice qui nous a été imposé a assuré le bonheur des Algériens. Nous savons, hélas, qu'il n'en est rien et que nos épreuves ne sont qu'une réplique des leurs ... "
6 juillet 1962 : Tout le monde admire l'exceptionnel lieutenant chargé de la gare d'Oran. Trente Européens débarquaient jeudi d'un train. L'A.L.N. amenait deux camions et embarquait tout le monde. Le lieutenant désobéissant formellement aux ordres, s'y oppose alors manu militari et fait évacuer en vitesse tous ces gens. L'A.L.N. revient en renfort et ouvre immédiatement le feu sur l'armée qui riposte et en tue 7. Mais ce lieutenant a sûrement été emprisonné.
Témoignage Moghzani A ... Ahmed, S.A.S. Haman Meloucetre (Rovigo). "Sept harkis et moghzanis de Rovigo (commando de chasse 117e R.I. et S.A.S. Amamlouane) ont été enlevés et tués vers le 1er juillet à R'mili (Rovigo), en particulier les moghzanis: MOUSSA Mahfoud et MOUSSA Amar."...Témoignage A ... Tahar, harki à la S.A.S. de Rivet, puis détaché auprès de la gendarmerie de Rivet: "Le sergent Djemal BOROUIS (27 ans), mokadem de la S.A.S. de Rivet, pris par le F.L.N. le 15 juillet, emmené à R'mili (Rovigo), supplicié et égorgé le 27 juillet. Le harki TAHAR (Bou Saadâ) harki au 2e Bureau du 117e RI., pris par le F.L.N. début mars 1962, supplicié et tué quelques temps après (chair arrachée et ingurgitée de force, salée et exposée au soleil durant plusieurs jours). "
17 juillet 1962 : Les réalités algérienne parviennent à se frayer un passage jusqu'au au niveau de De Gaulle. Au comité des affaires algériennes de ce jour, il déclare : "Il n'y a plus de gouvernement ni d'autorité locale, il y a même plusieurs ALN. Nos militaires peuvent accorder leur concours, mais avec prudence. Si la situation s'aggrave, protéger les français et les mener au port." Mesmer explique qu'il ne reste plus que 400 points de l'armée au lieu des 4000 précédents."Le regroupement est nécessaire dit, De Gaulle, partout où il n'y a plus d'européens, il faut partir. Si aggravation, protéger le regroupement des français, et, au besoin, leur embarquement."
Fourquet signale qu'on a repéré un camp de concentration avec des français. Que faut-il faire? De Gaulle tempête. "Que font les commissions de concertation, que font les chefs de secteurs? Si la situation s'aggrave il faudra prendre des mesures".En d'autres termes, pour le moment, rien. Les instructions données ce jour à l'ambassadeur de France sont les suivantes: "(...) s'attachera surtout, à permettre, dans la période actuelle, grâce au concours de fonctionnaires français, le maintien ou le rétablissement des structures administratives essentielles ..." Mesmer, qui est informé par les militaires qui restent signale que "l'anarchie s'installe partout, des chefs locaux apparaissent qui n'obéissent à personne."
18 juillet 1962: En vérité ils ne firent qu'appliquer à la lettre les strictes consignes de non-intervention, données par le gouvernement français aux autorités civiles et militaires. Et les cadres de l'armée, les consuls et l'ambassadeur de France à Alger respectèrent ces ordres de ne pas intervenir, abandonnant ceux qui n'étaient plus que des morts en sursis, oubliant que, pour des raisons similaires, on condamna à la fin de la Seconde Guerre mondiale les officiers allemands qui ne s'étaient pas opposés aux ordres d'Hitler.
Il n'y a pas d'exemple qu'un Etat ait ainsi livré ses enfants au bourreau.
Par conséquent, on peut affirmer que depuis 1962, la plupart des hommes politiques (à l'exception de quelques sénateurs dont il sera fait état plus loin) ont, à quelque degré que ce soit, une responsabilité sur ce drame épouvantable. Tous sont complices, ne serait-ce que par leur silence. Car tous connaissaient l'issue de ces "honorables" accords d'Evian chers au général-Président et le génocide tant de la population européenne que des musulmans fidèles à la France qui s'ensuivit. Et pourtant, on ne supprima pas 150000 personnes du jour au lendemain. .. Pendant que les hommes politiques français continuaient sans vergogne à démentir l'existence de camps de la mort lente, en Algérie cependant - notamment dans le bled - chaque habitant était au courant des pratiques qui s'y exerçaient.Le Parisien Libéré titrait "Trente européens disparaissent chaque jour rien que dans la zone d'Alger".
10 Août 1962: La femme du consul de suède à Alger est violée devant son mari.
Voici le récit recueilli le 10 août 1962 d'un sergent-chef d'un régiment d'infanterie en garnison à l'Arba, près d'Alger. "Le régiment rentre en France dans un mois; comme nous ne faisons rien, pas même protéger les gens menacés, cela vaut mieux pour tous. Quand je dis qu'on ne fait rien, c'est si vrai qu'on n'intervient même plus auprès des commissions mixtes de cessez-le-feu pour obtenir la libération des Français, Européens ou musulmans que nous connaissons, qui sont prisonniers. Si nous demandons à agir, nous sommes sanctionnés ou mutés.
Le plus affreux, c'est qu'il y a eu en juillet à Blida et à Zéralda, et sûrement dans d'autres coins, des musulmans qui ont manifesté en criant "Sept ans c'est assez" et "Algérie française". L ' A.L.N a tiré dessus et nous n'avons pas bougé. Je commandais en second un commando de chasse.
Mes quarante harkis, que l'on avait progressivement désarmés, ont été pris par les rebelles dans les premiers jours de juillet. Certains ont été tués au hasard, les rescapés sont au camp de Taourtatsine, dans l'Atlas blidéen.
Plusieurs centaines de prisonniers, parmi eux des Européens, femmes et enfants avec lesquels on "s'amuse" : on coupe un bras, le nez, puis on les torture, on sale les plaies. On s'en sert aussi comme "filles de joie", notamment les européennes. Quand leur état est trop lamentable, et qu'ils ne peuvent plus servir à rien, on les tue. Il n'est pas question d'émettre l'idée de les délivrer, ce qui serait pourtant bien simple. Les cadres sont dégoûtés d'eux-mêmes et de ce qu'on les oblige à accepter. Pour vous montrer où l'on en est, la willaya IV ou au moins certains de ses secteurs, dont celui de mon régiment, interdisent aux militaires de porter les décorations acquises en Algérie, quand par hasard ils sortent. De très nombreux camarades et officiers obéissent à cet ordre."
23 Août 1962: Fidèle à son engagement en faveur du F.L.N., le Monde publie un article dans lequel il dénonce la "lamentable campagne de soi-disant menaces envers les harkis". Il prétend qu'ils ne sont que quelques centaines à réclamer le retour en France (et non quelques dizaines de milliers). Il souligne le danger de ces hommes qui pourraient mettre leur expérience à la disposition de l'O.A.S.
24 Août 1962: Une note de service du 24 Août 1962, signé du colonel Buis, (qui avant, pendant et après déclare que les harkis "avaient tous un pied dans la rébellion") intime à ce qui reste de troupes en Algérie que " Enfin, il n'y a lieu de ne procéder, en aucun cas, à des opérations de recherche dans les douars de harkis ou de leur famille".
La presse française commente la note du 25 juillet de Joxe qui avait affirmé que" ... en juillet la croix rouge d'Oran a reçu des demandes de recherche pour 280 personnes."
Au total sur l'ensemble de l'Algérie, le chiffre ne dépasserait pas 500", cherchant ainsi à minimiser le massacre d'Oran. Quarante ans après quand les archives s'ouvrent, on sait que les chiffres du deuxième bureau de l'époque (qu'une indiscrétion communique à la presse) se montent à 2.068, chiffre que Joxe ne peut ignorer. Ensuite les enlèvements ont continué, la meilleure estimation est de trois mille personnes de souche européenne, (en tout trente mille morts ou enlevés) et de 150.000 de souche nord-africaine.
29 Août 1962: Un bulletin de renseignement de l'armée française (que l'on peut trouver dans les archives depuis qu'elles sont ouvertes) indique que TOUS les harkis du Constantinois ainsi que leurs enfants mâles de plus de douze ans ont été raflés et emmenés sur le barrage tunisien pour le déminer à la main. Pratiquement aucun n'en reviendra. Ces renseignements sont depuis vérifiés, et reconnus pour avoir été parfaitement exacts.
Boumediene donne l'ordre tant attendu d'envahir la willaya 4 (c'est à dire Alger), mettant la dernière main à la prise de pouvoir du clan de Tlemcen. La willaya 4 hâtivement renforcée par tous ceux qui se sont précipités au secours de la victoire, et armée de frais par les armes données par l'armée française au titre de la force locale et des ATO de l'exécutif provisoire, résiste de son mieux. En particulier, les combats de Boghari ont fait au moins mille morts. Dans de nombreuses villes, la foule crie "Sept ans ça suffit". SOURCE
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CONTEXTE de septembre à octobre 1962 :
2 Septembre 1962: A Romainville, la section CGT d'une usine de mécanique générale organise une grève pour exiger (et obtenir) le licenciement d'un harki qui avait été embauché pendant les vacances. Le F.L.N. avait porté plainte.
Yacef Saadi a transformé la casbah d'Alger en camp retranché, les hommes de la willaya 4 donnent l'assaut, on tire au fusil mitrailleur. L'ambassade dément que ces affrontements aient concerné l'armée française.
Ben Bella, furieux, décide d'investir Alger par la force. ("Ordre est donné de passer à tout prix")
Les combats font rage le lendemain le 4, entre les toutes nouvelles recrues de la willaya 4 (engagés après le 19 mars, les fameux "marsiens") et l'armée des frontières. Des soldats de la willaya 3 viennent renforcer la 4. Ni les uns ni les autres n'avaient pratiquement encore combattu.
10 Septembre 1962: Boumediene entre à Alger, Ben Bella s'installe villa Joly, mettant un terme (provisoire) à la lutte pour le pouvoir après l'indépendance. Les "laïques" c'est à dire les communisants type Ben Khedda ou les intégrés type Ferhat Abbas sont éliminés, ainsi que leurs alliés kabyles. Le pouvoir est aux islamistes socialistes, une voie à l'algérienne qui conduira à la catastrophe économique et à la dictature des militaires.
20 septembre 1962: Elections législatives (enfin) en Algérie. Elles ont lieu avec deux collèges, (retour à la situation d'avant 58) musulman et autres. Il y a une liste unique par collège dont les membres ont été désignés par les partisans de Ben Bella. Il n'y a pas d'isoloirs. Il y a (paraît-il) 99 % de votants et 80 % en faveur de ses listes.
Le contrôle de Ben Bella et Boumediene s'avère total sur l'ensemble de l'Algérie et du Sahara.
A propos des camps : Bien entendu, de peur de troubler le climat politique, l'armée française n'intervient pas. Jamais l'armée n'est allée dégager ces camps. L'action du gouvernement français s'est bornée à demander des enquêtes de la Croix-Rouge, qui n'a été autorisée à visiter ces emplacements qu'en novembre, une fois les corps soigneusement dissimulés.
Ces corps sont ressortis quarante ans après et généreusement attribués à l'armée française sous les acclamations médiatiques.
25 septembre 1962 : Ferhat Abbas est élu président de l'assemblée, Ben Bella premier ministre, Boumediene ministre des armées. L'intérieur est attribué à un ami de Ben Bella, et le petit jeune Bouteflika est nommé à la jeunesse et au sport.
A part Ben Bella, pas un seul ministre du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) avec qui De Gaulle avait négocié ne figure dans le nouveau gouvernement …
30 septembre 1962: La rentrée est effectuée, les comptes sont faits. Depuis le début de l'année, 800.000 Pieds-noirs ont quitté l'Algérie, soit près d'un million depuis le début des "évènements". Il en reste à peine 200.000, 40.000 coopérants arrivent, surtout des enseignants, attirés par l'importante prime accordée.
9 octobre 1962: De Gaulle met fin à l'état d'urgence qu'il avait décrété le 23 avril 1961. Il continue à payer les fins de mois du F.L.N.
20 Octobre 1962: Ce jour-là, le général de Brébisson transmet la note suivante, concernant les harkis qui, gaillardement, continuent à être éradiqués du paysage algérien: "Difficultés présentées par l'arrivée en France des ex-supplétifs … n'accorder l'asile que dans des cas exceptionnels … plus de 6.000 personnes dans nos camps malgré le départ vers la métropole de 1.300 en septembre et octobre …le ministre (Messmer, de l'académie française) m'a fait savoir que cet hiver la capacité d'absorption serait largement saturée …on craint que le gouvernement algérien ne prenne ombrage de nos centres ouverts à ses opposants …interrompre le courant …la situation politique est suffisamment fluide pour que tout supplétif puisse se sentir menacé …j'ai eu l'accord du gouvernement pour que 800 célibataires soient prochainement envoyés en France ouvrir des camps pour les autres …en conséquence vous voudrez bien premièrement vérifier que tout le personnel présent dans les camps correspond aux critères des notes … deuxièmement interrompre toute nouvelle admission les cas exceptionnels me seront personnellement soumis." …..Note du ministre des armées Mesmer: "ne plus faire de promesse de rapatriement en métropole".
CONTEXTE de novembre à décembre 1962 :
1er Novembre 1962: Dans un grand discours, Ben Bella annonce qu'il transfère 2,7 millions d'hectares au "secteur socialiste" en commençant par les terres abandonnés par les européens. Il annonce ainsi dès ce jour, les futures expropriations. De Gaulle, imperturbable continue à payer les fins de mois de l'Algérie.
9 Novembre 1962 : Un député UNR (gaulliste, immédiatement démissionné) publie dans un rapport que "le camp de saint Maurice l'Ardoise présente toutes les caractéristiques des camps de concentration… fer barbelé, tour de guets, chiens,…
64% des 11.000 internés n'ont jamais été inculpés (mise en examen de l'époque)
22% auraient dû être en liberté provisoire, les juges ayant ainsi jugé,
14% avaient été acquittés." On y trouvait des journalistes, des députés ou d'anciens députés, des professeurs d'université.Le général Vanuxem y passa deux ans sans jugement.
Tout ce que la France comptait de sourcilleux amateurs des droits de l'homme et tous les amis de la liberté qui avaient remplis les journaux de leurs protestations d'indignation quand il s'agissait de leurs amis du FLN trouvaient ça très bien.
13 Novembre 1962: Le journal Le Monde se réveille et publie un article à découvrir sur le site de Jean Viala
16 Novembre 1962 : La réunion du comité des affaires algériennes de ce jour est celui du désenchantement. La réalité apparaît crûment. De Gaulle y déclare: "Les réalités apparaissent face aux illusions de l'Algérie française. Nous n'avons aucun intérêt à maintenir une situation anormale; le désengagement est notre règle d'or. Il n'y a pas d'état, il n'y en a jamais eu. Les Turcs pendaient les gens dans les coins. L'armée algérienne est la seule réalité, elle n'a jamais combattue, restera-t-elle cohérente? Les français ne seront que des souffre douleurs, il faut ramener l'armée au plus vite, il n'y a plus rien à faire; reste le magma algérien."
31 Décembre 1962 : Le trésor français ne paye plus les dépenses courantes de l'Algérie, après l'avoir fait scrupuleusement, sans même jamais obtenir la vie sauve d'une personne en échange de la poursuite de son financement.
Entre le premier juillet et le 31 décembre, encore 170.000 Pieds-noirs ont quitté l'Algérie, ayant constaté que la vie n'y était pas possible.
Il en reste à peine 100.000, et encore il n'est pas clair si les pieds verts, les coopérants sont dans ce chiffre.
319 tués, 856 blessés chez nous, 2037 tués, 902 rebelles prisonniers, bilan des six premiers mois de 62, après l'indépendance, les statistiques ne seront plus tenues de la même façon.
La victoire politique, célébrée par le FLN à l’anniversaire du 19 mars, a été marquée par le massacre de 60 à 80 000 harkis, l’enlèvement de 3 000 Européens et l’assassinat de 130 militaires français. Elle a permis à l’ALN de Tunisie et du Maroc, armée politisée et restée à l’abri de nos opérations, d’imposer à l’Algérie indépendante un régime totalitaire, une économie de type marxiste et une culture islamique. « L’évolution récente de l’Algérie, estime l’historien Guy Pervillé, éclaire a posteriori les événements du passé. » C’est « contre ce régime tyrannique et corrompu, reconnaît l’ex-président Ben Khedda, que le peuple a fini par se soulever », tandis que quelques fanatiques inspiraient le retour de l’obscurantisme. Amère victoire, qui n’a pas donné aux Algériens la liberté, la prospérité et la paix qu’ils espéraient et que la France leur avait promise !
Je dirai donc qu’il y a eu bataille en Algérie, sous des formes diverses, et que cette bataille a été gagnée, mais de façon inachevée. Elle a causé dans nos rangs 24 000 morts, dont 15 000 au combat, 60 000 blessés, et plus de 200 prisonniers, dont la plupart ne sont pas revenus. Quant au FLN, il a perdu 140 000 à 150 000 tués, dont 81 000 civils, et non 1 million comme sa propagande le laisse croire. Nous avons récupéré 1 600 armes collectives et 120 000 armes individuelles, sans compter le chargement des bateaux saisis ou coulés. Au moment du cessez-le-feu, il restait 6 000 armes sur le terrain, la plupart étaient en cache faute de munitions et de liberté d’action. SOURCE
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