Sergent PLUCHON François, blessé au combat dans la région de Bouinan le 29 juillet 1958, Décédé des suites de ses blessures le 31 juillet 1958.
Affecté le 6/11/56 au centre d'instruction des contrôleurs d'opérations aériennes de Dijon. Puis "versé" à l'armée de terre le 01/03/58 et affecté au 117°RI 11°Cie. Embarqué à Marseille le 16/03/58. Nommé Sergent le 01/09/58. Campagne d’Algérie du 18/03/58 au 01/02/59.
Le sergent Rousselet avait conservé un article du magazine « BLED » qui relate la vie du 3e bataillon dont voici l’extrait :
SUR LES PISTES DE L’ATLAS BLIDEEN CHEZ LE 3/117e RI
Lundi 5 heures du matin :
Le silence de la nuit finissante est troublé par le ronronnement des moteurs de jeep, de GMC et d’half-tracks. Sur la route, aux portes de ROVIGO, s’aligne en effet le convoi qui va ravitailler les postes lointains de l’Atlas Blidéen, tenus par le 3e Bataillon du 117e Régiment d’Infanterie.
Les hommes se rangent impeccablement le long des véhicules pour être inspectés par le chef de bataillon FAURE qui donne le signal du départ en démarrant avec sa jeep. La chenille s’étire pour respecter les distances réglementaires. Il traverse HAMMAM MELOUANE la Passerelle que rejoint le T6 qui jouera le rôle de l’ange gardien pendant deux heures. A YEMMA HALIMA quelques camions s’arrêtent pour ravitailler le poste en reconstruction à 900 mètres d’altitude. Quarante cinq hommes du 3/117e et trente harkis protègent là un regroupement de 3.000 âmes, et une école où le caporal POUCHET et le soldat DURAND du 117 apprennent les beautés de la langue française à 70 enfants rieurs.
Puis la colonne repart avec ses nuages de poussière jaune qui devait fournir un fond de teint gratuit aux équipages. Elle atteint sans heurt le poste 1450, où fraternisent biffins du 3/117e RI, chasseurs du 3e RCA, artilleurs du 1/65e RA, et sapeurs du 2/157e BTLG. Le camp commence à s’organiser et le foyer possède la télévision, tandis qu’un boulanger sort trois fournées par jour. Les canons de 105 et la rapidité d’intervention des combattants les rendent redoutables loin à la ronde.
Mardi 5 heures 30 du matin :
Le temps est couvert, les sommets des montagnes environnantes ont comme été rasés pendant la nuit par un mystérieux bulldozer géant. Le convoi prend la piste de TAOUDJERT ( côte 1002) pour ravitailler la 11e Compagnie du lieutenant DAVID. A partir de 500 mètres d’altitude, un brouillard de plus en plus dense cache la plaine de la MITIDJA, puis les abords immédiats de la piste. Des exclamations de dépit saluent un foisonnement de perdrix qui, alourdies par l’humidité, préfèrent courir le long du chemin plutôt que de s’envoler : chacun regrette de ne pas avoir entre les mains un fusil de chasse si mauvais soit-il ( personne n’en avait jamais vu autant).Brusquement une sentinelle et des barbelés surgissent des brumes : nous sommes donc arrivés à TAOUDJERT. Mais il faut encore s’avancer pour reconnaître les lieux camouflés par le brouillard, dans lequel, peu après le convoi va retourner à SIDI SIDI AHMED (côte 1050).
La mauvaise visibilité n’empêche d’ailleurs pas le commandant FAURE de s’apercevoir de la coupe non réglementaire d’un soldat du piquet d’honneur au moment d’entrer dans le camp.
Comme à 1450, c’est un gros village que l’on trouve car la 12 e Compagnie est renforcée par la 2e batterie du 65e RA et 2 E.B.R. du 3e RCA. Deux des sections du 3/117e RI en sortant chaque jour pour courir la région et prouver que la France est présente partout. Des coups de klaxon annoncent que tous les véhicules sont déchargés et que nous allons redescendre vers la plaine. Les chauffeurs et escortes font leurs Adieux aux camarades qu’ils retrouvent deux fois par semaine, puis les machines bruyantes s’ébranlent vers la MITIDJA.
Mercredi 5 heures 30 du matin :
La route de TAOURTATSINE est beaucoup plus longue (120 km aller-retour), mais une partie est goudronnée jusqu’aux DEUX BASSINS après le col de SAKAMODY ; le brouillard est encore présent, mais il se dissipera peu à peu dans la matinée et en arrivant au col du BEKKAR, le convoi trouvera un soleil reconfortant pour aller juqu’à l’ancien poste de TAOURTATSINE à 890 mètres d’altitude où les déchargements et rencontres amicales habituelles se déroulent. Il file ensuite vers le nouveau poste, en construction à la côte 993 mètres,[10e Compagnie] qui a un champ de vision beaucoup plus vaste. Le soldats se sont mués en bâtisseurs et manient truelles et parpaings avec une adresse stupéfiante tandis que d’autres déchargent avec rapidité les matériaux nécessaires amenés par le convoi à qui il reste 60 km à parcourir pour rentrer à la C.C.A.S.
Tout au long du trajet de ces trois convois, les saluts et les sourires des populations musulmanes ont montré aux hommes du 3/117e RI que leur présence était non seulement une nécessité mais aussi un plaisir pour tous.
Le 3/117e RI, ce n’est pas uniquement pour les villageois la sécurité : c’est également de gentils garçons qui leur construisent des maisons solides, instruisent leurs enfants, les soignent et les aident chaque fois qu’ils sont dans l’embarras. C’est le visage de la France généreuse en plein Atlas Blidéen".
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Témoignage de Georges Ch.... affecté à la 12e compagnie du III/117e RI :
Appelé en activité le 4 sept 1958, affecté au CI du 92° RI. Embarque pour l'Algérie le ?
Est décoré de la croix de la valeur militaire. Nommé à la 1 ère classe le 16 sept 1960. Libéré de ses obligations militaires, embarque sur le S/S Ville de Marseille le 22 déc 1960 pour rejoindre son foyer.
"Le PC du 3e bataillon se trouvait à Rovigo, non loin de Rivet il était sous le commandement du lt colonel Cali... La 12e Compagnie occupait le piton 1230 et nous étions très sollicités pour les opérations dans la région. J'ai passé pratiquement deux ans sur ce piton où il a fallu continuer à l'aménager en baraques et autres bâtiments de service. J'étais chargé de l'entretien du casernement, en tant que tel, quand les besoins en hommes se faisaient sentir, j'allais avec les autres en opération. Pour ne pas être l'objet de critiques je me portais volontaire pour les embuscades de nuit autour du piton. De mon temps, trois officiers ont commandé la 12 ème : un lieutenant, puis un capitaine et enfin, sans doute par intérim, un sous-lieutenant. A part le capitaine, les autres n'étaient très motivés et attendaient la fin de leur séjour. Un peloton du 3e RCA et un élément appui feu de l'artillerie meublaient le poste, puis les artilleurs ont rejoints le barrage tunisien. Nous avions mis alors nos propres appuis feux, canon de 75 sans recul et mortiers lourds de 4 pouces 2, cela sécurisait le cantonnement surtout lors des opérations qui se vidaient de ses hommes.
Je me souviens de ma dernière opération avec la section commandement, la compagnie réduite à 40 hommes était commandée par un sous-lieutenant qui menait l'affaire. C'était en novembre 1960, une légère couche de neige embellissait le relief. Le sous-lieutenant donne l'ordre aux volontaires, dont je suis, de descendre à la côte 930 car une légère fumée sortait d'une mechta. Au pas de course nous visitons l'habitation en prenant les précautions d'usage. L'intérieur est vide, sur le sol un ceinturon et un bidon sont abandonnés. L'officier donne l'ordre de tendre une embuscade, alors qu'il est 15 ou 16 heures de l'après-midi et nous sommes à plus de six kilomètres du poste. Sur mon argument qu'à cette heure-là nous étions épiés et risquions de ce fait de tomber nous-même dans une embuscade tendue par les rebelles. Les autres se sont rangés à mon avis et l'officier n'a pas insisté.
Le jour suivant je suis muté à la 1ère section pour protéger un élément du génie qui ouvrait une piste depuis la RN 1, du côté des gorges de la Chiffa. Solitude pesante en milieu hostile.
Capture d'un prisonnier
Vues sur le campement, le groupe au repos lors d'une opé.
Noël 1959 : Une partie de la section en liesse
Opération héliportée pour un bouclage suite au massacre d'un peloton de Dragons.
8 mai 2022 : Georges CH... est décoré de la Médaille Militaire, les cadres du 28 e régiment de transmissions d'issoire l'encadre.
Blida , PC, CCS du 117e RI, 1958/1959 témoignage de Gérard AVO...
"Affecté à la CCS du 117° RI de Mai 1958 à Février 1960 sous les ordres de l'Adjudant-chef M... j'ai servi le capitaine M…. au 2 ème Bureau et le capitaine Henri S… au 4 ème Bureau du secteur de BLIDA.
Le secteur était sous le commandement du général D. et j'ai eu l'honneur de le servir comme " garde du corps ". Nous partagions la caserne Blandan avec le 1er Régiment de Tirailleurs Algériens. (SP 87 468)
En ce qui concerne l'adjudant-chef M…, son comportement avec les hommes, surtout quand il était presque ivre mort, c'est à dire plusieurs heures par jour, était exécrable, voire intolérable. C'est pour cette raison certainement que je ne l'ai jamais vu en opération avec nous. Il était, je pense l'adjoint du Capitaine B….
Je pense que cette CCS était là pour fournir en hommes de troupe, et sous-officiers, les divers bureaux de commandement (1° bureau, 2° bureau, 3° bureau, 4° bureau, etc) du commandant le secteur de Blida.
Mais cela ne nous empêchait pas de participer aux opérations, aux gardes journalières, et aux patrouilles dans la ville.
Dans l'ordre où je les ai connus, il y a eu le général D..., le colonel L..., puis le lieutenant-colonel P...
Si le Général D... se déplaçait en jeep sur les différents PC opérationnels en particulier sur CHREA, accompagné de son chauffeur, Botella, et de son "garde du corps", moi-même, ses successeurs ne se déplaçaient qu'en hélico, une fois le PC installé et sécurisé.
Le général veillait lui-même à l'installation de son PC, c'est pour cette raison que nous arrivions toujours avec plusieurs minutes d'avance sur le reste des convois, non sans avoir la peur au ventre bien entendu, Botella et moi. Heureusement que le général n'est resté que quelques mois...
Je me souviens d'une opération qui avait commencé par le pilonnage de notre PC, heureusement par un obus de 105 m/m fumigène, les coordonnées du PC avaient été données par le général lui-même au lieu de celles de la mechta à neutraliser.
Le général en voulut aux artilleurs de ne pas avoir vérifié avant d'envoyer leur obus...Près de 10 kms et une montagne nous séparaient d'eux..."
Fondouk, PC et Transmissions du II/117e RI en opérations.
DESCRIPTION SUCCINCTE D'UNE OPE par Fargier :
"Départ en opération avec la section des transmissions... Souvent, très tôt le matin nous partions sur la piste sinueuse et boueuse... La préparation se réalisait de nuit dans la cour du quartier, discrète, rapide, méticuleuse de tout le matériel et de l'équipement des jeeps du PC et des transmissions dont nous avions la charge et la responsabilité des essais et de l'aménagement des radios, des antennes, des micros et des écouteurs, ainsi que du matériel de dépannage... L'opérateur-radio réglait ses fréquences. Nous aménagions ensuite nos provisions personnelles, couvertures vêtements chauds., linges de rechanges et nécessaire de toilette...
Notre chef de bataillon était très exigeant sur cette préparation car la vie de nos camarades pouvait dépendre de la défaillance du matériel. Un bivouac était dressé autour du PC. Sur le terrain nous assurions la transmission des messages. Il nous fallait maintenir la qualité des liaisons avec les sections sur le terrain et sur la base arrière. Il était parfois nécessaire de hisser le matériel sur un promontoire suffisamment dégagé de tout obstacle naturel, c'est-à-dire le plus souvent à découvert, donc dangereux, cela va de soi. Sur la photo n°6 : la jeep est installée en équilibre précaire sur un monticule. En fin de journée, le chauffeur voulant la redescendre de son piédestal, tout l'ensemble : jeep, chauffeur, bascula en contrebas et fit plusieurs tonneaux, digne d'un Dakar. Le conducteur s'en sortit indemne avec quelques contusions. Le matériel des transmissions hors d'usage. Après la remise sur ses roues, la robuste tout terrain, incassable, rentra cahin-caha jusqu’ à FONDOUK. Cette scène n'a pas été immortalisée, nous étions trop occupés à redresser la situation, sous l’œil noir du commandant Devilmarais. Au retour d'une opération semblable, l'EBR d'accompagnement, tomba en panne de circuit hydraulique, au fond d'un oued, bloquant ainsi toute la piste et contraignant la colonne arrière, à attendre le jour au clair de lune avec tous les risques que cette situation comportait."
~
MARECHAL FOCH (actuellement: Arbaartache) Poste à 3 km au sud-est de FONDOUK ( Khémis el Kechna) tenu par la CCAS du II/du 117e RI de 195? à 196?.
De droite à gauche de la photo prise en 195? :Hocine D....(il est à moitié défiguré. On l'avait trouvé agonisant à la suite d'un égorgement), en suivant, Jean Benoit, Michel Bordat, X (Benoit ne se souvient plus de son nom mais bien du jour où en sa compagnie, une bombe explosa à trois mètres d'eux dans une devanture d'un magasin à FONDOUK). Le dernier à gauche est le fils d'Hocine, une bien jeune recrue.
195 ? : Retour d'opération avec prise de guerre pour améliorer l'ordinaire (un veau que l'on distingue mal sur la photo).
Debout de droite à gauche : le Sergent-chef Bordes (ancien béret rouge) il avait perdu un oeil à Dien Bien Phu, ce qui ne l’empêchait pas de crapahuter, à son côté Colas, maître-chien, sa chienne Menga, berger allemand redoutable, le cinquième 1 ére classe X, conducteur de l'Half-track de la section d'intervention, caporal-chef Dronval, forte tête et courageux, à son côté, Berthomier, un berrichon, maître-chien "Lux" berger allemand féroce, à demi caché Redon maître-chien "Pollux" berger allemand inapprochable sauf par son maître, ensuite J. BENOIT et le sous-lieutenant Phan van Tran. Accroupis de droite à gauche: Moreira, qui a été décoré de la croix de la valeur militaire dans les circonstances suivantes: "à la tombée de la nuit un EBR (engin blindé de reconnaissance) descendait vers le village emportant sur son passage les chevaux de frises que l'on dressait chaque soir. L'engin s'est arrêté sur la place du poste. Les flammes sortaient du moteur, l'équipage s'est mis en sécurité car la tourelle était garnie d'obus de 75 (feu d'artifice garanti). Le sous-lieutenant Bussy ayant crié "sauve qui peut !", il n'y avait plus personne autour de l'engin...C'est à ce moment-là que Moreira (cuisinier) est arrivé avec un extincteur, avec beaucoup d'assurance, il a mis fin à ce qui aurait pu être un évènement dramatique". Le dernier à gauche sur la photo, surnommé "le bouif". En langage berrichon, cela doit avoir une signification ?
"le Bouif en berrichon est un cordonnier. Le bouif de mon pays natal est devenu cordonnier, après avoir perdu une jambe pendant la guerre 14/18, il était également sonneur de cloches (emploi réservé)" précision donnée par Belleville.
De J.Benoit : "J'étais donc à la ccas du 2° bataillon, et à Maréchal-Foch, nous participions à la protection du village, aux opérations, aux gardes et surtout aux embuscades de nuit. Notamment des "sonnettes" la nuit au douar Bérédine, loin du cantonnement, et à quatre hommes seulement! J'ai été libéré en novembre 58. En tant que Caporal-chef, je sortais la nuit comme chef de groupe avec une dizaine d'hommes. Entre 56 et 58, à ma connaissance, le régiment a perdu 34 hommes. En 57, j'étais d'un convoi qui amenait à Ménerville 9 camarades de la 2° compagnie basée à El Karouch, qui avaient été pris dans une embuscade. L'enterrement à Maréchal-Foch, avait été très émouvant, en toute simplicité, sans médias, sans télé (si tant est qu'elle existait déjà ?) en présence de la population...Puis nous sommes partis en convoi, avec nos GMC, direction : Ménerville. Nous avons déposé les cercueils dans un baraquement métallique, sans climatisation, l'odeur était pestilentielle insupportable. Pendant la dernière bénédiction, j'ai compté machinalement les cercueils en attente : ils étaient par piles de trois, et il y avait cinquante rangées, certains n'étaient pas étanches... Quand j'y pense, avec le recul je me demande si je ne l'ai pas rêvé, tellement c'était hallucinant ! Puis nous sommes repartis sur Maréchal foch, avec nos GMC vides, et un profond traumatisme avec comme soutien psychologique une bière chez Antoine, le cafetier, dont le bistrot ressemblait à un poulailler, à cause du grillage pour se protéger des grenades... Par la suite, j'ai appris la mort de mon Commandant Dutertre. J'aurais souhaité savoir dans quelles circonstances il est tombé ?
Nous allions à la chasse aux perdreaux et aux lièvres, avec notamment l'Adjudant Hory, ancien parachutiste, ainsi qu'un chauffeur dans les contreforts du Bou Zegza, repère de la compagnie de Si Boucif ..."
"Maréchal-Foch, village merveilleux, avec une population attachante, certains appelés s'y sont mariés, il n'y avait pas beaucoup de filles, mais elles étaient belles !PS: Que sont devenus le Sergent Despeisse (active), le lieutenant Paul Hébrard (officier du renseignement), le sergent-chef Bordes (béret rouge), ainsi que le 2° classe Pedro Alvarez , décoré de la valeur militaire pour actes de bravoure ".
Autre information grâce à internet, J. Benoit a retrouvé la petite-fille du Capitaine Billoir (de Haguenau), qui malheureusement est décédé en 93.
Jean Benoit à Maréchal Foch
1er rang assis : Eleaume, télégraphiste, il avait l’ensemble des transmissions en liaison avec tous les postes : El Khala, El karouch, Fondouk. Il couchait sur place 24h/24, à sa gauche le Sergent Emieux, comptable.
2ème rang : Redon, maître-chien, faisant équipe avec Pollux berger allemand, bien dressé donc très féroce ! Lhuissier, aide de camp du capitaine Billoir. Berthomier, maître-chien, patron de Lux, berger-allemand aussi très redoutable. X.
3ème rang : 1e classe Denis Massé, Caporal-chef Jean benoit, Caporal-chef Droval, il avait tiré avec la mitrailleuse de 7/62 de sa jeep dans un vol d'étourneaux, ce qui lui a valu 45 jours de prison transformés en 3 mois de rab à la quille, Hocine Djemaâ, retrouvé gisant, le visage atrocement mutilé et le corps portant de multiples blessures à l’arme blanche. On avait réussi à le sauver.
La photo a été prise devant la maison que nous occupions à 6. Elle ne possédait ni eau courante ni wc.
On se lavait dans la rue à une borne fontaine. Les toilettes étaient des feuillets creusés dans le jardin de la famille Mayorrofer : une fosse profonde recouverte de planches où l’on avait aménagé 2 trous dans lesquels on versait du grésil de temps en temps, car les cuisines n’étaient pas loin !
Il y avait un mirador derrière la maison pour la garde de nuit et un autre sur la place du village, fixé et calé au sol avec des sacs de sable.
Sur le toit de la mairie était aménagé un poste de garde avec une mitrailleuse Hotchkis, montée sur un affût trépied, modèle 1914, alimentée par de bandes métalliques rigides de 24 cartouches de calibre 8m/m, sa cadence de tir se limitait à 500 coups/minute.
La nuit un projecteur balayait en permanence les collines à 2 km de distance. On voyait souvent des Chacals ...
En tout, 5 postes de garde quadrillait le village. Il était ceinturé de barbelés avec trois accès menant soit à Fondouk, soit aux postes du Bouzegza, soit aux gorges de Keddara-Palestro. Ils étaient fermés la nuit par des chevaux de frise.
Dès la tombée de la nuit il n'y avait plus personne dans les rues, mis à part le mouvement des soldats qui se relayaient pour les gardes et les chefs de poste ou adjoints qui les accompagnaient.
Quand le projecteur n'éclairait plus, on montait dare-dare le rallumer car il arrivait que les gars s' assoupissaient entre deux relèves. Les embuscades de nuit et les bouclages en opération faisaient aussi parti de nos missions, il y avait peu de répit !
A Cherchell, on m’avait appris que « La discipline faisant la force principale des armées, il importe que tout ordre doit être exécuté SANS HESITATION NI MURMURE » …L’avions-nous fait ?
Cherchell : Les EOR en opération
La 4e Compagnie du II/117e RI
Le camp domine le village( Photo sergent MM)
Souvenir du Sergent MM.
Le 11 octobre dernier, j’étais chef de Poste. Une section est partie ratisser un petit coin à 3 km à la cote 622. Tout à coup, j’ai entendu des tirs fournis. J’ai tout de suite compris qu’il y avait un gros accrochage. J’ai averti le Capitaine qui se trouvait dans un autre poste et j’ai donné l’ordre à tous les civils qui travaillaient autour du camp de rejoindre Sohanne par les raccourcis pour les mettre à l’abri en cas d’attaque du camp.
Quand les gars sont rentrés, ils m’ont raconté qu’ils se sont trouvés nez à nez avec des fells dans une mechta. Le corps à corps a duré 20 minutes environ. 2 gars se sont fait tirer dans le dos en s’enfuyant à découvert. Les autres, après avoir décroché, se sont planqués pendant 2 heures dans une grotte masquée par des buissons car les fells rôdaient tout autour mais ils ne les ont pas vus. Il y avait là le sergent, une partie de la section et le radio qui a pu contacter le commandant quand les fells sont partis.
Mais pendant ce temps, plus haut, à la cote 856, 20 autres copains venus de Sakamody dont le Lt Bournat étaient pris sous le feu d’une centaine de rebelles. Ils ont tenu 1h30 jusqu’à l’arrivée des renforts. La section de Montmartre a eu 2 blessés et perdu 3 gars.
Bilan ami de l'opération, sur 36 participants, 14 seulement sont revenus vivants : ils étaient tombés sur 140 rebelles.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
De Gaulle en tournée des popotes
Le caporal-chef Y.F. était présent ce jour-là et a immortalisé la venue du Général de Gaulle à Alger le 3 juillet 1958. Dans la deuxième voiture "SOUSTELLE".
Cette photo a été prise au poste d' El Karouch qui était tenu par la 1ère compagnie du 1er bataillon du 117° RI; on reconnait plusieurs capitaines du bataillon. Le général de Gaulle était venu à l'occasion de la "tournée des "popotes" et de l'opération de grande envergure... C'était en 58...Dans le lointain on aperçoit le Bou Zegza.
Bou Zegza : lieu des combats, où le même jour 32 dragons avaient été tués (les rebelles ayant les mêmes foulards de reconnaissance que les nôtres). Depuis le poste de Maréchal-Foch, on était les témoins du ballet des T6 et des Marauders qui pilonnaient les grottes au napalm.
...J.benoit
Le général de Gaulle à l'occasion de sa tournée des "popotes". Le général serre la main du chef de bataillon Dutertre commandant le II/117e RI. (Ce commandant sera mortellement blessé lors de l'opération "Luciole" en mars 1959).
( photo : capitaine Pomeranz commandant le 1ère Compagnie)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Documents de Michel Rep...de la 11e Cie du III/117e RI
Novembre 1958 : opération au douar Tafrant (d'après Coulary de la 1ère Compagnie)
A 4h du matin, sous les ordres du capitaine Pomeranz, nous partons en bouclage au-dessus du village de Tafrant sur la route de Chréa.
Arrivés sur les hauteurs, nous avons une vue plongeante sur le douar où flotte le drapeau français. Les masures et leur jardinet sont étagés le long de la pente. Nous remarquons des tôles par terre dans les jardins et comprenons qu’elles dissimulent des caches.
Le Capitaine demande le renfort de la 4ème Cie qui se positionne en face de nous sur l’autre versant. Nous descendons de concert pour prendre les fells en tenaille.
En chemin, nous faisons un prisonnier. Mains attachées dans le dos, nous l’emmenons avec nous.
Accrochage sévère dans le douar. Pas de blessés ni de morts au 117e mais des dégâts considérables chez les fells. Les mechtas sont évacuées et détruites.
1 - Carte Michelin; 2 - Les gorges de la Chiffa près du Camp des chênes; 3- Le douar de Tafrant actuellement
C’est sans doute après l’interrogation de notre prisonnier ou d’autres capturés lors de l’accrochage du douar que l’opération Torpille a été mise en place au Camp des Chênes sur ordre du Général Desjour.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
avec la participation de la 1ère Compagnie du 1/117e RI
(extraits du magazine " Bled" n°17 et du témoignage de Gérard COU... de la 1ère Cie)
Le poste de Sidi-Serhane, bâti à 600 mètres d'altitude, à environ 8 km de BOUINAN, est le domaine de la 1ère Compagnie. C'est cette unité comme beaucoup d'autres qui poursuivent inlassablement l'accomplissement de ses tâches quotidiennes... Mais dans tous les coeurs le souvenir est encore poignant de ces 8 hommes de la compagnie, tombés glorieusement le 9 novembre près du Camp des chênes , au cours d'une opération de secteur dans les gorges de la Chiffa. Le sergent Mouassa Ali est tué au combat aux côtés de plusieurs de ses hommes. Une compagnie de marche formée avec des éléments du 1/117e RI, aux ordres du capitaine Maréchal, prenait part à l'opération qui se déroulait au sud de Blida dans la région de l'oued El-Djir. La compagnie progressait difficilement dans une région chaotique. Elle escalada une colline et la section du centre allait déborder quand brusquement les éléments de tête sont arrêtés par un tir nourri et ajusté. La riposte est immédiate. Mais les premières rafales ont été meurtrières.
Les Gorges de la Chiffa
Gérard COU... se souvient : " Des éléments des sections 1 et 2 étaient en tête, sous les ordres d'un sous-lieutenant. Le capitaine près de nous, poussa plus avant un élément d'éclairage avec le sergent Moussaoui. La pente était très raide et la vue gênée par l'épais foisonnement d'arbrisseaux. Sur ordre j'ai mis mon FM en batterie pour les appuyer en cas ou ! On était confiant car depuis le matin on avait rien trouvé de suspect, il était environ 11 heures...Quand soudain un feu nourri se déclencha sur nous venant d'une trentaine de mètres.. Nous étions piégés dans une sorte de nasse en fer à cheval. De suite je reçu l'ordre de canarder sur le flanc droit de l'ennemi que l'on n'apercevait pas afin de protéger au mieux l'élément de tête fixé sur place. ".
Tout le groupe est immobilisé. Le sergent Moussaoui, qui commande la demi-section de tête, prend soin de poster son tireur FM dans un emplacement plus sûr et plus efficace. Puis il veut savoir ce qu'est devenue son équipe de pointe exposée aux premiers coups de feu. Il appelle ses hommes un par un : "Salafranque ? Henry ? Heilleur ? Guerraïchi ? Renaud ? " Aucun ne répond. Messaoui part à la recherche seul, en avant. " Viens vers nous, n'aie pas peur ". lui dit le rebelle. Le sergent se lève et tire. Blessé à l'épaule, il tombe une première fois, cherche un chargeur, réapprovisionne son arme. Il se relève. Il tire. L'ennemi l'incite à nouveau à venir à lui sans crainte de représailles. il répond par une rafale de son PM. Il tombe, touché pour la deuxième fois. Il glisse un chargeur dans son blouson, sur la poitrine après avoir avoir approvisionné son arme. Il se relèvera encore pour répondre à trois fellagha qui lui donnent l'assaut. Une dernière rafale. Il tombe mortellement blessé. Des rebelles qui se sont approchés de lui, s'acharnent sur son corps.
Pendant ce temps, le soldat Chennaa, tireur FM, n'a pas perdu son sang-froid, aidé de son chargeur le soldat Meynlé, un jeune appelé de Sarreguemines. Voyant les rebelles donner l'assaut, se lève à son tour et couvre du tir de son FM, les éléments de droite et de gauche. Son courage lui vaudra les galons de caporal à titre exceptionnel.
Toute manœuvre d'encerclement est rendue difficile par la nature du terrain. Enfin, la section commando, aux ordres de l'adjudant Lorenzi, réussit à progresser. Elle aborde l'ennemi et parvient à le déloger. Malheureusement, six voltigeurs ont été mortellement touchés et un autre a été blessé assez grièvement. Un homme est indemne : le soldat Pague. Il a essuyé une rafale de PM. On retrouvera trois balles qui ont été arrêté par des objets à l'intérieur de sa musette. Il a sauvé la vie de son chef de section, le sous-lieutenant Daudé.
Le sacrifice de ces hommes n'avait pas été vain, quatre rebelles avaient été abattus et que l'on avait récupéré le PM du sergent sur l'un d'eux. Ils avaient contribué, pour leur part, au succès de l'opération "Torpille" qui coûta à l'ennemi 14 tués.
A Gérard COU... de conclure : " Après avoir récupéré les corps de nos camarade, nous les avons regroupé pour faciliter leur transport par hélicoptère. Puis nous avons reçu l'ordre de poursuivre l'opération dans le nid de l'oued terriblement accidenté. Au cours de la nuit, on a perdu un homme dans l'une des crevasses formées par les bloc rocheux imposants. Malgré les recherches elles ont demeuré vaines".
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
H-M Van… de la 1ère Compagnie du 1/117e RI, 4e section.
Je suis arrivé à Alger le dimanche 07 juillet 1957, direction caserne Orléans pour toucher l’habillement. Je me souviens du menu dominical : lapin-frites !!! Le lendemain, muni du paquetage, départ pour Fort de l’Eau au 9ème Zouaves. Mes classes terminées, j’arrive à Fondouk le 5 novembre. De là, affecté au II/117e RI 1ère Cie, je me retrouve à Ornano.
Le poste d'Ornano, peu après Noël 1957, le ravitaillement est assuré par un hélicoptère depuis Fondouk.
Une permission de 25 jours m’a été accordée pour le mariage d’un membre de ma famille le 15 février 1958. Je suis remonté ensuite à Ornano.
Fin mars 1958, ma section a été mutée à la ferme Roche, tout près de Fondouk sur la route de Rivet. (voir photothéque).
En août 1958 jusqu'en juillet 1959, notre section a quitté la ferme Roche pour nous installer 500 mètres plus loin à la ferme Mercadal où se trouvait aussi une Harka. Les derniers mois, j'étais cuistot. Ensuite, j’ai été muté à Poitiers, et j’ai eu la chance d’être encore affecté à la cuisine (roulante) stationnée dans la cour du Poste. J’étais très content de ne plus sortir en Opé car, plus la quille approchait, plus on avait peur qu’il nous arrive un malheur.
Le 3 octobre 1959 c’était la quille tant désirée. Le 5 octobre le regroupement pour le départ s’est effectué à Boukandoura.
1958 - Ferme Mercadal
Le 3 octobre 1958 nous sommes partis en Opé du côté de Médéa. Un camion étant tombé en panne, les copains se sont répartis dans les autres camions de la noria.
Dans notre DMR, toutes les places étant occupées, ils se sont assis sur les jerricans d’essence. A moment donné, notre chauffeur, désirant doubler une file de véhicules civils, s’approcha trop près du bord gauche de la route et le camion s’est renversé 5 mètre plus bas pour s’immobiliser les roues en l’air. Ma cartouchière étant restée coincée dans les ridelles je n’ai pas été éjecté. J’ai réussi à me libérer tout seul.
A droite : Montmayeul au barrage de Hamiz
A droite : Fillon à la ferme Roche
L’accident s’est produit entre la sortie des gorges de la Chiffa et Médéa. Il y a eu plus d’une dizaine de blessés et 4 morts : mes 3 copains, Fernand Montmayeul de la 56/2A , André Fillon de la 56/2B et Lucien Vittoz de la 56/2A qui étaient avec moi depuis 1957 (dont 2 qui allaient être libérés, l’un en décembre et l’autre en février), et le 4ème qui venait du Maroc en renfort au 117e RI depuis quelques semaines seulement. 2 ont été écrasés et asphyxiés sous les jerricans, les sacs à dos et tout le fourbi, un autre par les ridelles du camion et le 4ème, je ne sais plus. Quand j’ai pu m’extraire du camion, je montais et descendais la butte sans arrêt, j’étais comme fou.
Un hélico est arrivé rapidement pour emmener les morts et les blessés.
Après, un camion est arrivé et il a fallu continuer jusqu’ à Médéa car notre capitaine était pressé, il avait, disait-t-il, une mission à remplir ! Je me souviens avoir dormi, le soir, par terre tout seul dans ce camion et le lendemain, j’étais tellement meurtri que je ne pouvais plus bouger.
Tous ceux qui se trouvaient dans le camion accidenté n’ont pas participé à l’opération mais on a dû attendre le retour des copains qui y avaient participé pour rentrer à Mercadal le surlendemain.
A Mercadal, nous fournissions les armes pour l’autodéfense des habitants du village d’à côté (nom oublié). 1 Caporal et 2 appelés, dont l’un était responsable des armes, allaient y dormir. Nous étions inconscients du danger car il nous arrivait de dormir comme des souches, à la merci d'une trahison, ce qui devait d'ailleurs arriver puisque un matin, nous avons trouvé le responsable égorgé et les 10 fusils avaient disparu.
Nous y avons aussi assuré la protection du bureau de vote lors du référendum du 23 septembre 1958.
Suite : 1959 : Mercadal et Opération Luciole
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Témoignage du sergent Pierre Baume successivement affecté à la 12e Compagnie,
puis à la 11e compagnie et enfin au Kimono 46.
Né en 1936, je résilie mon sursis en 1957, je suis appelé au service début janvier 1958 avec la classe 57-2C. Affecté d’abord au 9ème Zouave, j’effectue 4 mois de classe au camp du Lido.
Ennui mortel sauf en fin de classe : deux patrouilles avec la compagnie du capitaine Sirvent. Sympathiques parties de cartes avec Mancini et Franchini, dans la piaule du sergent Marcel Petitjean qui s’illustrera à la fin de la guerre en créant un maquis OAS dans l’Oranais.
Début mai 1958, je suis affecté à la 12 ème compagnie du III/117ème RI au poste de Sidi-Ahmed Ben Salah. Pendant le premier mois je porte une musette de chargeurs de FM.
Au 1er juin, je passe caporal, chef de pièce. Le tireur est le sympathique marinier chtimi, Oscar Planque. Je suis également tireur au fusil à lunettes mais je n’exercerai mon talent que sur des boites de conserve.
Un jour de spleen, je brûle le calot d’un aspirant et je casse le vitrex du foyer. Le lieutenant Latron me sanctionne : trouver un calot de remplacement et réparer le vitrex. Des camarades compatissants m’aident à régler ces problèmes.
Les évènements de mai 1958 nous parviennent par les transistors et par les tracts que nous balance le piper.
Au mois d’août, je prends mon mois de permission en compagnie de mon co-équipier Oscar. La permission finie, toujours avec Oscar, sur mes conseils, nous nous faisons inscrire au DIM et nous nous précipitons rue Thubaneau comme tout bon soldat qui passe à Marseille à l’époque. Rançon de mon imbécilité nous partons pour l’Algérie le lendemain par le premier bateau.
Au mois de septembre, je fais partie d’une section qui va faire la garde d’honneur à la 10ème région militaire. Nous voyons passer tous les grands chefs qui viennent conférer avec le général Salan qui habite sur les lieux avec sa famille.
En novembre-décembre, je suis le peloton d’élèves sous-officier à Rivet. L’instructeur est le sergent Chaussy de Montélimar.
Au premier janvier 1959, je suis affecté comme sergent à la 11 ème compagnie au poste de TaoudJert. Le commandant de compagnie est le capitaine De Lauzières. Il a un grand trou dans le dos, on n’ose pas lui demander où il l’a attrapé ...
1- La 11e compagnie en opé commandée par le capitaine de Lauzières. 2- Le sergent Baume au kimono 46, retour d'opé.
Je suis désigné comme instructeur pour un peloton de caporaux à Notre Dame du Mont. L’officier qui commande ce peloton est le lieutenant De Gallon appartenant au 3 ème RCA. Il a joué au rugby à haut niveau.
A la 11 ème compagnie, je rencontre un caporal, Pierre Billois, qui deviendra un ami et que je croiserai à nouveau dans d’autres circonstances. J’aurai plus tard le plaisir de le voir dans l’émission « 5 colonnes à la une » comme mercenaire au Congo avec le colonel Schramme. J’apprendrai plus tard qu’il est mort dans un accident d’avion.
Quelques noms de camarades de la 11ème compagnie : sergent Rousselet, sergent Maire de la rue de la convention à Paris, sergent Louahem qui, comme son nom ne l’indique pas, est un carcassonnais, sergents chefs Grivèle, Gontard, Tassy, Kerleux, et tant d’autres …
Volontaire pour la harka "Typhon".
Au mois de juin 1959, on demande un sous-officier pour faire partie de l’encadrement du groupement de harka Typhon. Le capitaine et mon chef de section, le lieutenant Attias, ont la gentillesse de me laisser partir. Je rejoins le poste de la Plâtrière entre Rovigo et Hammam Mélouane. Nous sommes cinq : sous-lieutenant Lacombe, sergent Drucké, soldats Moureau et Gaspard. Nous sommes reçus par des cadres du 3ème RCA qui partent aux frontières pour la herse. Il s’agit du sous-lieutenant De Kermel, du maréchal des logis chef Morencey et du sergent Laurent. Ils sont contents de partir pour de nouvelles aventures mais sont tristes de quitter la harka de Mélouane.
Le sergent Drucké se rend compte que le sous-lieutenant de Kermel était son patron dans le civil, aux verreries de Boussois à Aniche (Pas de Calais).
Le capitaine Georges Maurin, de très petite taille, coléreux mais d’une bonté certaine, dirige trois harkas depuis son PC de Bou Kandoura. Il croit en sa mission et pense à un « après » qui succèdera à la guerre. Il interdira formellement les chapardages de bétails, de volailles auxquels se laissent parfois aller les troupes en campagne.
Au bout de quelques jours, on nous réarme, et on nous équipe de tenues camouflées. Nous devenons le commando de chasse « Kimono 42 », changé rapidement en « Kimono 46 ». Une tache exaltante, et au cours des semaines suivantes plusieurs jeunes gens nous rejoindront.
Pendant une permission du sous-lieutenant Lacombes, c’est l’adjudant André Orsoni, dit Dédé, qui prend la direction de la harka. Homme jovial et sympathique, il fait rapidement la conquête de tous. Son imposant placard de décorations (maquis, campagne de France, Indochine) n’altère pas sa simplicité. Epoux d’une femme professeur, respectant les principes de l’hospitalité Corse, il nous invitera deux par deux pour les réveillons de Noël et du jour de l’an. Homme passionné, il amènera en janvier 1960, la harka des Amranis aux barricades de Lagaillarde. Les Amranis défileront fièrement en tête lors de la réduction du réduit.
J’aurai plus tard des nouvelles d’Orsoni par les journaux quand il sera condamné à cinq de prison. Je le rencontrerai avec plaisir quelques années plus tard par hasard dans un bar d’Ajaccio au cours de vacances avec mon épouse. Il n’avait rien perdu de sa faconde et de son sens de l’hospitalité, nous invitant immédiatement à manger chez lui.
Plus tard, le sergent Drucké libéré, sera remplacé par le sergent Crouzet, rapidement blessé. Celui-ci sera remplacé par le sergent Derlouguian. Le sous-lieutenant Lacombes sera remplacé par le sous-lieutenant Delcourt qui sera blessé après mon départ.
Ma classe est libérée à la mi-avril 1960.
De passage en Algérie en 1962, j’aurai la curiosité d’aller faire un tour à La Plâtrière. J’y apprendrai avec tristesse le décès par noyade du capitaine Georges Maurin, au cours d’une permission.
Mais j’aurai le plaisir de voir que mon ancienne place de sous-officier adjoint est occupée par Pierre Billois.
Hasard encore, le sous-lieutenant chef de la harka, qui s’appelle Changeat, est originaire de mon quartier en Avignon !
Je passe sous silence mon chagrin quand j’apprendrai le sort réservé aux camarades musulmans du kimono 46 ...
Ceci est une autre histoire.
Jean Carpentier 1/117e RI
Débarqué à Oran le 06 mars 1958, il reste en transit et en civil pendant plusieurs jours pour une éventuelle affectation au 1er Zouave stationné à Casablanca, Maroc. Au vue de la conjoncture problématique avec la Maroc, son affectation est cette fois définitivement acquise au 9e Zouave en Algérie. Affecté au centre d'instruction du dit régiment stationné au Lido à l'est d'Alger pendant 2 mois, puis dans ce même régiment fera son stage FRAC à Dellys, également à l'est d'Alger.
Le 1er juillet 1958 il est muté au 1er bataillon du 117e RI. Mise en route pour Blida, puis rejoint son cantonnement à Bouinan à la CCAS comme tireur arme lourde sur half-track. Il effectuera cette tâche toute la durée de son service et du maintien en service jusqu'à la libération de ses obligations légales d'activité.
Embarqué sur le SS "Ville d'Oran" le 03 juin 1960, il débarque à Marseille le 04 juin 1960.
Carpentier a participé à de nombreuses interventions au cours des opérations dans les secteurs de Chréa, Keddara et Douala et bien d'autres dont il a oublié les noms. Son quotidien, outres les servitudes classiques en cantonnement, fut émaillé d'accompagnements de convoi en assurant leur sécurité. Par tous les temps, à découvert sur son véhicule semi-blindé, les doigts figés sur la queue de détente de sa mitrailleuse lourde, il était attentif à tous mouvements suspects au cours de son déplacement. Il avait pris à cœur la protection de ses camarades. Ses activités ont été récompensées par une lettre de témoignage de satisfaction.
à Kedara
Noël 1959