4- Hussein-Dey

6 ème Compagnie du II/117e RI

Du Sergent André.F. classe 60/2A, du II/117° RI – 6 ème Compagnie, en poste à la ferme « BARNABE » à 4 km de FONDOUCK, de janvier 1961 à juin 1962. Juillet HUSSEIN-DEY, août à ALMA MARINE, puis finalement à MENERVILLE jusqu’à la quille le 22 septembre 1962.

"Puis les déménagements se sont succédé, il était dit que les unités militaires françaises ne devaient pas stationner plus d’un mois dans le même lieu. Nous avons fait un séjour près de BOUFARIK (je ne me souviens plus très bien), je me rappelle que la nuit nous tournions dans le village avec un half-track, nous crevions de chaleur dans ce tas de tôle.

Ensuite direction HUSSEIN DEY, 1 mois. Là, nous avons subi derrière nos murs les premiers défilés de l’ALN, avec ordre de ne rien dire, de ne pas les narguer et surtout de ne pas faire usage de nos armes."

"Voici quelques photos prises depuis notre cantonnement sur le défilé conduit par le FLN pour intimider les foules sur le vote du 3 juillet 1962 concernant l'Indépendance de l'Algérie. Conformément aux accords du Cessez-le feu, il nous a été expressément recommandé de ne pas réagir et encore moins de provoquer, nous étions donc consignés dans notre quartier. Ce quartier était une villa cossue avec un grand parc que nous avons équipés d'infrastructures de bric et de broc pour les besoins d'une compagnie de combat. A son centre, un trou creusé, dressé sur ses flans quelques bastins et planches , le tout recouvert de la terre d' extraction pour en faire le dépôt de munitions. Un lieu devenu semblable à tous les précédents cantonnements, c'est-à-dire précaire et spartiate où l'insalubrité prédominait."

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7 ème Compagnie du II/117e RI

Pour connaître le parcours du Sergent-chef Louis voir le site du 4e Régiment de Tirailleurs : Boghar.

Le Sergent-chef Louis venant du 4e Rgt de Tirailleurs relate : "Qui se souvient du transit à la 7 cie dans une école à Hussein-Dey, c'était en juillet 1962. La mission de cette compagnie à nos yeux était de rien faire pour ne pas provoquer. Les militaires avaient l'obligation de respecter scrupuleusement les accords d'Evian, quoiqu'il arrive. La seule réaction autorisée est la légitime défense face à une agression armée de la part de l' A.L.N. Dans ce cas, il fallait bien mesurer l'atteinte pour ne pas créer une bavure. C'est tout, comme ordre, à chacun de se démerder avec ça et de prendre ses responsabilités.

Sur l'un des bâtiments tout en hauteur que nous occupions, une mitrailleuse 12,7 trônait sur le toit, en permanence pointée sur l'avenue et l'H.L.M. d'en face dont les occupants européens l'avaient abandonnée. Il y régnait une atmosphère très tendue car les arabes se battaient pour prendre d'assaut les logements libérés.

Des patrouilles F.L.N. indifférentes à l'agitation poursuivaient leur chemin en va-et-vient incessants comme pour mieux nous narguer. Mon adjoint, surnommé le "Gros Bill", habituellement de nature bélliqueuse, rageait de les voir ainsi parader. On avait toutes les peines du monde à le dissuader de ne rien tenter. Un jour, il manifesta l'intention de les abattre à coup de 12,7. Il escalada prestement, malgré sa charge pondérale, les degrés des étages pour mettre à exécution son dessein. Après un bref appel de quelques hommes en errance dans le coin, nous avons réussi à le maîtriser avant qu'il passe à l'acte. La patrouille a eu chaud et nous aussi...

Le stationnement de notre unité présentait l’avantage de la proximité d’Alger et de l’aéroport de Maison Blanche. Le sergent-major Sch..., comptable, et moi avions l’insigne honneur de régler ponctuellement les départs des familles soit par bateau soit par avion mais aussi d’assurer l’organisation des envois de leurs mobiliers sur le port d’Alger déjà très saturé par d’énormes caisses en partance pour la métropole. Sch... n’avait pas son pareil pour régler les différents occasionnés par une gigantesque pagaille créée par la fuite des Européens d’A.F.N. Une lamentation permanente de ces familles, complètement déboussolées, régnait sur les quais. La rareté des bateaux ajoutait à leur angoisse. Les chefs de famille comptaient sur nous pour une évacuation rapide. Ils nous mettaient la pression en permanence dès notre retour au cantonnement. Ce fut fait au mieux de nos possibilités.Des bruits couraient sur les exactions commises par l'ALN qui s'en prenaient sauvagement aux Pieds noirs. D'où venaient-ils, puisque nous avions remporté une victoire sur le terrain, que les politiques n'ont pas tenus compte dans les négociations. On dit qu'ils venaient de derrières les barrages de Tunisie et du Maroc. Bien planqués là et qu'après le cessez-le-feu, ils se sont appropriés les zones abandonnées par le départ des militaires qui peu à peu regagnaient la Métropole. Nous savions aussi que ces bandes armées se battaient entre eux pour obtenir un territoire ou une ascendance politico-militaire. Qui croire entre les informations des ondes ou des journaux. Les seuls faits en qui nous avions confiances, ce sont ceux rapportés par les témoins militaires, lors de leurs déplacements imposés par les missions. Le reste du temps nous nous tenions prêts à intervenir en cas d’atteinte à notre intégrité. C’est tout ! Tout le foutoir qui se passait en dehors de notre périmètre n’était plus de notre ressort.

Le F.L.N par son Armée, l'ALN, maintenait l’ordre conformément aux conventions de mars 1962 selon sa volonté en respectant plus ou moins les accords. Nos déplacements étaient étroitement surveillés. Notre lieutenant commandant l’unité nous rappelait fréquemment les règles de modération. Drôle de situation pour des anciens coureurs de Djebels qui rongeaient leurs freins dans une cour d'école devenue une sorte de prison. La situation se modifia plus favorablement grâce à l’affectation de la 7° Cie à Alma Marine, au bord de mer. Nous perdions notre lieutenant (muté) pour un autre."

Ne pas trop jouer avec le feu quand on a en face de soi des hommes sans foi ni loi.

" Notre souci, lors des déplacements, souvent livrés à nous-mêmes sans autre moyen que de se tirer d'un mauvais pas par une pirouette plus ou moins à notre avantage, quand le sort vous est favorable.

Lors d'une mission à Alger, j'avais projeté de ne pas prendre mon arme de service et de la remplacer dans son étui par un Astra personnel. Je m'explique, dans le cas d'une perte ou d'une saisie frauduleuse de son arme de service, nous étions non seulement submergés de paperasses, mais aussi suspectés en ces temps d'appartenir à l'OAS. Donc ma décision était préventive.

Au retour de mission et à proximité du quartier, je demande au chauffeur de s'y rendre et de venir me rejoindre pour prendre un pot dans le dernier bistrot tenu par un pied noir. A peine accoudé au comptoir, un indigène se détachant du groupe, s'approche de moi et me demande brusquement mon autorisation de port d'arme. Situation ubuesque, mais pas anodine en soi pour le quémandeur qui lorgnait sur le pistolet automatique avec convoitise. Une autorisation pour un militaire sous convention n'était pas la règle, nous n'avions pas à nous justifier. Voyant l'insistance et l'oeil inquiet du patron, je compris que la partie mal engagée n'était pas gagnée. J'obtempérais néanmoins en faisant mine de fouiller dans mon portefeuille une autorisation salvatrice que je ne possédais évidemment pas. Soudain à ma grande surprise, je découvris un document muni d'un tampon rouge avec la Marianne ( c'était une ancienne autorisation d'absence de 72 heures délivrée par un ancien commandant de compagnie). Je couchais le document sur le zinc en prenant soin de le mettre à l'envers pour qu'il ne puisse pas le déchiffrer. Il le prit instantanément, sans le retourner, visiblement il ne savait pas lire. Le tampon fit un effet immédiat, puis en parlant arabe avec ses voisins, il me laissa tranquille. ouf ! je venais de jouer avec le feu et je me promis de ne plus m'attarder après chaque mission."

Suite à Alma Marine