Le 1 er classe F R…. Fait parti du Plan renfort Nemours, embarqué à Port Vendre le 30/10/59 sur le "Président de Cazalet ". Arrivé à Alger le 31/10/59, affecté à la C.C.S du II/117e R.I par AM n° 3.884/EM/IB alors sous le commandement du Capitaine Dubois.
FR. est libéré de ses obligations légales d'activité le 1er Mars 1960. Maintenu sous les drapeaux au titre de l'article 40 de la loi du 31/03/59 en application du décret n° 59.1145 du 22./11/59, il rejoint le 28/09/60. Atteint d’une hépatite virale, il est muté à la CAR n° 9 par OM et rejoint l’ Hôpital Militaire Michel Lévy à Marseille " n°432/RT/CAA/CH/P du 7/01/61,RDC du 2/117e RI le 16/01/61; évacué sur l’ hôpital Militaire de Bordeaux le 19/01/1961. Il est renvoyé dans ses foyers le 30/01/61 et libéré le 16/02/1961. FR. obtient une pension militaire d’ invalidité. (photo du Net)
H-M Van… de la 1ère Compagnie du 1/117e RI, 4e section.
1959 Mercadal
A notre arrivée à Mercadal on nous apportait les repas par camionnette depuis Fondouk dans des marmites norvégiennes, ce n'était pas terrible car les cahots de la route nous réservaient parfois des surprises!!! Puis, on nous a installé un petit coin cuisine et en juin 59, je suis devenu cuistot ! Sans me vanter, c’était nettement mieux ! De plus il nous arrivait de nous mettre à plusieurs pour acheter un poulet, un lapin, des œufs etc. aux villageois et de nous faire un petit extra. Nous ne nous occupions pas de la Harka.
Opération Luciole. Dimanche des Rameaux 22 mars 1959.
Témoignage de : H-M Van…depuis la ferme Mercadal
Photo prise lors d'une opération.
A Poitiers, l’autorité avait décidé que tout le monde sortait, même ceux des Services. Pour certains, c’était la première fois. La section de la ferme Mercadal ne devait pas y participer, mais sans doute que Chef Mar… était au courant car tout la Harka est partie en direction de la montagne. (Pour une simple promenade dominicale, m’a dit Chef Mar… pour me rassurer sans doute … !).
Comme le radio de la Harka était en permission, on m’a ordonné de le remplacer. Nous nous sommes installés en bouclage au cas où les fells seraient rabattus vers nous, plusieurs sections de Poitiers ratissant le terrain. J’étais donc radio aux côtés de chef Mar… et je me souviens très bien avoir entendu dans le poste : « Nous venons d’entrer dans une grotte. Une boite de sardines a dû être ouverte il y a peu de temps ». C’est à ce moment-là que la fusillade a commencé. Pour nous rapprocher du lieu de l’embuscade avec la Harka, nous avons dû traverser une zone découverte en terrain plat. Nous avons essuyé une fusillade, une balle m’a sifflé aux oreilles avant que je puisse plonger derrière un rocher. Malheureusement un Harki touché à l’artère fémorale ne pourra être secouru sous ce feu nourri et il mourra sur place.
Le Commandant Dutertre était blessé mais il continuait à commander l’opération. Chef Mar… a demandé l’autorisation de lancer la Harka à l’assaut. Demande refusée, nous sommes restés sur place.
Quelques temps plus tard, un EBR s’est pointé sur une route à notre droite et a lancé un obus et ce n’est qu’à partir de ce moment-là que le feu a cessé. Nous avons alors progressé sur la montagne afin de baliser une zone pour l’hélico qui devait amener le Commandant Dutertre car il était toujours là, blessé, et il allait bientôt faire nuit.
On nous a apporté des provisions et des couvertures. Nous sommes restés en position mais plus aucun coup de feu n’a été tiré. Au lever du jour, le lundi, le ratissage a repris mais les fells avaient réussi à passer au travers du dispositif.
Nous sommes rentrés en début d’après-midi à Mercadal. Nous avons alors appris que le Commandant était mort dans l’hélico. Un gars du poste de Poitiers, dont c’était la 1ère sortie sur le terrain est également décédé.
1959 Poitiers
Il y avait 2 sections à Poitiers et j’utilisais une cuisine roulante installée dans la cour pour rassasier une soixantaine de gars. J’avais à disposition 4 grandes marmites :
- une était réservé pour le café. Le café moulu était mis dans un grand sac de jute et trempé dans l'eau chauffée à température ;
- une autre avec de l'huile réservée pour les frites. Nous en faisions toutes les semaines et elles étaient appréciées de tous, peu importait la région d'origine de chacun - les deux dernières servaient aux autres préparations et le tout était chauffé au bois. L’approvisionnement se faisait tous les 2 jours depuis Fondouk. Nous recevions les menus à préparer selon les marchandises allouées. Certaines denrées étaient fournies pour la semaine comme le lait, le beurre que nous entreposions dans un frigo qui fonctionnait grâce à un groupe électrogène qui procurait aussi le courant pour le Poste. La viande nous arrivait congelée dans des caisses en bois.
Les officiers et sous-officiers avaient leur mess et faisaient cuisine à part.
Le plus dur, c’était les jours d'opération car si le départ était prévu à 2 heures du matin, le cuistot devait servir le petit déjeuner avant le départ mais il pouvait se recoucher une fois les gars partis. J’estimais que j’avais beaucoup de chance et j’appréciais grandement de rester au Poste.
Plus tard, j’ai pu installer ma roulante à l’abri.
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fondouk , voir le récit du 1er cl Gérald R... de la CCAS du 1er bataillon du 117e RI.
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1958 Soldat Michel Rom… appelé en mai 1958, (voir 9e Zouaves) de la CCAS du 1/117e RI.
1958. Bouinan, Service-Auto de la CCAS
En septembre, notre nouvelle incorporation à Bouinan (près de Boufarik) nous fit connaître un Commando d’appelés volontaires, séduits par les compétences de sécurité et de courage de leur Chef le Lieutenant Antoine Lor... Les Anciens venaient vers nous pour tenter de nous enrôler sous la bannière de ce Chef intelligent, convivial et sportif dans plusieurs disciplines. Je refusai (et je le regrette aujourd’hui) de rejoindre cette section car le contexte du moment n’avait pour moi aucun rapport avec la France, dès lors que j’avais été marqué par les récits de mes oncles partis au maquis en 1940.
Au bout d’un an au Service-Auto, j’eus 1 mois de perme ce qui était un rêve ...
De retour avec 3 jours de retard, je fus considéré comme déserteur avec les ennuis encourus : emprisonné à Marseille dans l’attente d’un bateau en partance pour Alger puis, menotté et escorté par deux flics pour monter à bord.
A Alger, nouvel emprisonnement avec mes semblables. Parmi nous, un jeune Lillois, marié, deux enfants, avait courageusement déserté la Kabylie pour rejoindre sa petite famille qui était sa seule raison de vivre. Il se promettait de déserter une seconde fois. Je l’écoutais, admiratif, car un tel parcours jusqu’à Lille sans aide ne devait pas être chose facile. En y réfléchissant, je me sentais soumis. Je pensais que cette guerre était un conflit absurde qui ne nous concernait pas, que ce n’était pas pour défendre la France mais bien des intérêts coloniaux d’une minorité de gens.
Un gradé prétentieux me fit part de mon sort : « Vous allez être muté dans un régiment opérationnel en Kabylie ». Je répondis à cet imbécile que j’y étais déjà !
Quelques jours après, mon Corps vint me sortir de cette prison. En guise de gratitude, cela me valut 60 jours supplémentaires dont les 15 passés en prison.
1959/ 1960. Fondouk
Je fis d’abord halte à la ferme de la Ronceraie entre Fondouk et Maréchal Foch. On m’attribua … le POULAILLER ! A peine arrivé, il me fallut nettoyer le sol couvert d’une épaisse couche de guano séché, laver les 3 murs pour ensuite les passer à la chaux. Ce fut ma piaule durant 2 semaines, ouverte à tous les vents et aux bourrasques de pluie. Et en face de moi, le grillage !
Finalement, je rejoignis le Service-Auto de la CCAS à Fondouk.
Aucune faveur car en plus du boulot, nous assumions les gardes, les embuscades et les opérations.
L’ordinaire était médiocre. Le matin, jerrican de café noir, pain sec et pour salaire 30cts d’anciens francs par jour !
Le régiment était équipé d’un matériel déjà fatigué par la guerre d’Indochine. Lorsqu’une panne survenait, le véhicule devait être réparé à l’ERM d’Alger, sans être remplacé. Comment concevoir alors l’approvisionnement de l’ordinaire, de l’eau et des munitions sans véhicule ?
La décision fut prise par le Colonel du Régiment de mettre au travail les quatre mécanos que nous étions plus deux carrossiers civils et de réparer sans tenir compte des 3 échelons réglementés par l’Armée. Les pièces détachées nous étaient fournies par le photographe de Fondouk.
Un jour, au Bouzegza, un renfort de troupes fut acheminé par un convoi de camions rutilants conduits par des « tringlots » d’Alger. Après avoir déposé les fantassins, les chauffeurs s’en revinrent sur la piste étroite, sinueuse et accidentée de trous boueux. L’un des chauffeurs négocia mal son virage et sombra dans le ravin 50 mètres plus bas en y laissant sa vie. Un gradé convint qu’il fallait sortir ce Simca (moteur Ford V8) toujours sur ses roues parmi les chênes lièges afin qu’il ne tombe surtout pas entre les mains des fells pendant la nuit. Un mécano fut désigné pour constater l’état du camion et s’assurer du fonctionnement du moteur. Un Half-track se positionna en travers de la piste pour assurer la protection du mécano qui descendit l’arme en bandouillère, sa caisse à outil dans une main et se retenant de l’autre au câble du treuil qui se déroulait du lot 7 pour ensuite, hisser le camion.
Après cette descente laborieuse, il s’assura qu’il n’y avait pas d’intrus dans les parages.
Seul, un chêne-liège bloquait l’avant du camion. Il dut l’abattre péniblement avec une hache « guérie de la rage de mordre » … Puis, il mit le moteur en marche, accrocha le câble, prit position au volant, par signes fit tendre le câble et engagea une vitesse pour aider l’ascension infernale en essayant de maintenir le cap malgré 2 pneus avant éclatés …
Le moment crucial fut l’arrivée sur la piste : s’il y avait eu erreur de manœuvre, le camion aurait sombré une seconde fois.
Ce fut seulement après être sorti de la cabine que le chauffeur, extériorisant sa peur, se mit à trembler de tout son corps. Il reconnut ne pas avoir eu peur pendant l’ascension lors de laquelle il avait agi comme un automate …
En d’autres circonstances, sur cette même piste, un chauffeur de notre Cie basée au Bouzegza, sauta deux fois sur des mines locales qui « décapitèrent » à chaque fois l’arrière de son véhicule au lieu de l’avant, grâce à sa vitesse et surtout son adresse. Ainsi, il ne fut jamais blessé et pour lui, la simple évocation qu’il aurait pu en être autrement se passait de commentaire !
Pour ma part, le seul gradé avec lequel j’eus quelques affinités était un Sergent-chef de carrière, assez débonnaire. Passionné de mécanique, il craignait cependant de se salir les mains. Lorsqu’il était chef de Poste, pendant les nuits de garde et qu’il faisait ses rondes, il s’arrêtait à mon poste pour parler mécanique, à ma grande satisfaction !
Le Régiment du Train venait pour faire passer les permis poids-lourds aux trouffions intéressés. J’avais fait part de ma candidature mais ce jour-là, on m’envoya en opération. Je m’empressai d’en faire le reproche à mon Sergent-chef qui, d’un air ravi me dit : « Tu es reçu haut la main ! Par contre, plusieurs fois je t’ai proposé au grade de 1ère classe et ce fut à chaque fois refusé par la hiérarchie. Tu es marqué à l’encre rouge » concluait-il d’un air compatissant ... Il est évident qu’en ayant passé au Conseil de discipline et, à 4 jours près au Tribunal militaire pour avoir refusé de me mettre au garde-à-vous devant un Adjudant imbu de sa personne, je n’avais pas la cote !
Un mois avant notre libération, l’Armée nous offrit des emplois de mécaniciens-hélicoptères. Les quatre refus furent catégoriques car nous aspirions à retrouver nos parents, notre petit coin de France et nos coutumes au plus tôt !
Je rends ici hommage à mon ami et « classar » Skorsak qui périt d’une façon atroce lors d’une embuscade dans une mechta à St-Pierre St-Paul le 1er avril 1959. Le Service-Auto était en bouclage et je me garde bien de décrire son état et même le déroulement des faits tant ils me hantent encore …
Il m’a fallu une semaine pour reprendre appétit, mon estomac s’était même rétréci.
Je tiens aussi à dire que je garderai toujours en mémoire le Lieutenant Antoine Lor..., cet homme sain d’esprit et de corps qui survécut à de graves blessures reçues lors de cet épouvantable événement. En convalescence après son retour de l’hôpital Maillot, il remusclait ses doigts avec de la pâte à modeler et plus tard, s’exerçait au tir. Ce fut un Chef hors du commun, aimé et reconnu de tous. Il est encore à ce jour parmi nous (mai 2013).
Je n’oublierai jamais l’ami Lignot, un géomètre lillois qui, lors de sa libération, proposa à certains d’entre nous d’aller visiter nos familles pour faire entendre notre voix et notre message qu’il avait enregistré sur son magnétophone. La promesse fut tenue : à son débarquement à Marseille, il acheta une voiture pour assurer ses visites avant de rejoindre son Lille natal.
Pour ma part, j’ai été démobilisé le 03 août 1960.
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Deux-Bassins 1959 à 1962
Témoignage de
Ali LAID... du II / 117e RI
Ali Laid... est né en 1942 et il habite à T..., petit douar à l’Est de Tablat. A 17 ans, c’est-à-dire en 1959, il s’engage comme Harki volontaire au Poste des Deux-Bassins, tenu par la 4e Cie du II/117e RI. Il participe à de nombreuses opérations.
En mai 1962, le 117e RI laisse la place au 23e Régiment d’Artillerie.
Depuis le cessez-le-feu, le FLN avait établi des camps dans la région. Un commandant du 23e RA avait été reçu dans l’un d’entre eux de façon parfaitement amicale et il en était revenu avec la certitude que les Harkis ne seraient pas inquiétés après le départ définitif de l’armée française puisque les conventions signées à Evian lui avaient été confirmées par ses hôtes.
Cependant, Ali Laid... demande à être incorporé dans l’armée française après l’avoir servie durant presque 4 ans. Refus catégorique : il est marié. Seuls les célibataires avaient la possibilité de s’engager, les ordres en ce sens émanant de la haute autorité militaire, à savoir de Gaulle ...
Contrairement aux ordres reçus, avant de quitter définitivement les lieux, les officiers du 23e RA laissent leurs armes aux Harkis. Ali garde son fusil de guerre.
Il est emmené à Aumale avec ses compagnons pour être licencié et toucher ses 2 mois de préavis, soit 480 francs de l’époque.
De nombreux Harkis décident de se rendre dans un camp de regroupement plus grand, à Tablat, afin d’y emmener leur famille.
Depuis longtemps, Ali avait envoyé sa jeune épouse chez son père à T....
Le 6 juin 1962, au lendemain du référendum pour l’autodétermination, les populations musulmanes excitées par la vindicte du FLN envahissent le camp pour massacrer les Harkis. Fuyant le carnage avec plusieurs de ses compagnons, Ali se cache dans une buse d’évacuation (« exactement comme Kadhafi », dit Ali en riant aujourd’hui …)
Bien évidemment, il est retrouvé, fait prisonnier, amené dans un camp à Ouled Sassi près de Tablat où il subit la torture mais garde la vie sauve parce qu’il n’a pas commis d’exaction envers la population durant les années passées.
Ensuite, c’est le travail de forçat, en compagnie de 150 prisonniers du FLN occupés à empierrer la piste de Tablat-Berrouaghia.
Son seul but : s’évader. C‘est pourquoi il tient le coup à tout prix.
En mai 1963, il y réussit et, après avoir marché durant trois nuits. Il rejoint T... où sa femme et sa belle-famille sont sous la protection de son père.
Dès le lendemain, tout le monde, soit 11 personnes dont 6 enfants, s’entasse sous la bâche du camion d’un ami pour le prix de 65 francs. Ali sait qu’il y a un Poste de la Légion encore en activité à Zéralda.
Il fait stopper le camion à quelques centaines de mètres de là. La famille descend et Ali se dirige seul vers le Poste. Il ne possède aucun papier d’identité.
Malgré son mauvais français, il réussit à convaincre le planton de faire appeler un officier. Il lui raconte alors les opérations auxquelles il a participé au sein de l’armée française, son calvaire dans le camp de prisonniers et son évasion. Les preuves sont irréfutables.
Une autre difficulté surgit alors : faire entrer dans le Poste toute sa famille ! Mais la ténacité d’Ali étant sa qualité cardinale, tout le monde se retrouve enfin à l’abri.
Ce jour est, selon ses propres paroles, le plus beau de toute sa vie : Ali est enfin assuré de rejoindre la Métropole, la France, sa Patrie.
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Montmartre en 1959 4e Compagnie du II/117e RI (recherche témoignage)
La tour en dur en voie d'achévement remplace le mirador en bois.
Allez à : 1960