Ménerville
La 6ème Compagnie du II/117e RI
Fin du récit du sergent André F.
Pour finir, à un mois de la quille, MENERVILLE en plein village. Ce ne fût que du repos, rien à faire. Dans les rues, devant le poste nous avons eu droit à des défilés de protestation des habitants, la boule de pain avec le drapeau français et des os ou la faucille (je ne me souviens plus très bien) avec le drapeau algérien.~
A la visite médicale de libération, le sergent-infirmier me trouve 8 de tension. Il ne voulait pas me libérer et il voulait que j’aille faire des examens à l’hôpital Maillot. Après une longue discussion, il a enfin signé mon papier. Je ne brillais pas, et je ne comprenais pas cette baisse de tension subite. Je me sentais bien, même pas fatigué. "
Le 21 septembre 1962, je reprenais le bateau, et en temps que sous-officier j’ai enfin apprécié Le voyage en classe touriste, avec encore plus de plaisir qu’au moment de ma perm, car cette fois c’était la dernière traversée.
De ces 25 mois passés dans l’armée française, je peux maintenant le dire, je ne pense pas avoir perdu totalement mon temps. Peut-être est-ce le fait d’avoir retrouvé la place de dessinateur que j’avais libérée à mon départ ?
J’ai appris beaucoup de choses, la vie en communauté, gérer le matériel, commander, ce qui n’ai pas toujours très simple de se faire respecter par certains et surtout les harkis, la peur le soir en embuscade, et servir les braves appelés 2e classe qui arrivaient en Algérie à 20 ans sans savoir lire ni écrire. Un jour un soldat est venu me demander de lui faire une lettre pour sa famille. Il m’a dit qu’il était mineur de fond depuis l’âge de 14 ans. Par la suite je n’ai pas eu le temps de m’occuper de lui, il est retourné en France peu de temps après mon arrivée.
C’était dur pour certains gars qui étaient déjà mariés et père de famille. Le cuisinier de la troupe était dans le civil boucher à Grenoble et père de deux enfants.
Sur le plan santé, je suis revenu un peu dur de la feuille, mon audition a été touchée par les tirs de la mitrailleuse 12/7.
Puis en 2001, après deux années de mise à la retraite, mon médecin a découvert fortuitement que j’étais porteur de l’hépathite C. Après avoir subi un traitement par une bithérapie très lourde à supporter (Ribavirine, et interféron), je ne suis pas guéri, je vis toujours avec.
J’ai lu beaucoup de revues qui parlent de cette maladie sournoise, souvent contractée lors des piqûres de rappel en Algérie, soi-disant avec un lot de vaccins défectueux (l’Ancien d’Algérie n° 441 et 442). Je reste donc sur le doute et je consulte mon hépatologue tous les 6 mois.
Personnellement, le plus lourd handicap était de partir de France et de me séparer de ma fiancée encore étudiante.
J’ai eu beaucoup de chance de recevoir du courrier régulièrement et de pouvoir enfin la retrouver à mon retour, ce qui ne fut pas le cas de tous les copains.
Nous nous étions fiancés pendant ma perme, début janvier 1962, nous nous sommes mariés en juillet 1963 et nous avons eu deux filles."
FIN
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1ère Compagnie du 1/117e RI
Témoignage de Méj... Pierre, appelé en activité le 03 mai 1961 au Centre d'Instruction du 92e RI. Embarque à ISTRES le 02 décembre 1961, débarque le même jour à Alger, muté à la 1ère du 1er bataillon du 117e RI. Libéré de ses obligations légales d'activité le 1er novembre 1962. regagne la métropole pour y être libéré en janvier 1963 à la C.A.R. 9.