FONDOUK
Voir aussi Fondouk, la ville et son quotidien.
"En janvier 1962, de retour de perme en France, les ennuis sur ALGER ont commencé. La 6e Cie comme la 7e étaient souvent appelées pour le maintien de l’ordre. Je restais au poste avec un autre sergent appelé du contingent. La nuit nous entendions les explosions, plus de cent en une nuit.
Changement de commandant de compagnie, le lieutenant deux barrettes Scheer est nommé. Un type très humain très proche de la troupe comme son prédécesseur.
Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu nous change la vie. Plus de grosses opérations, moins d’embuscades, moins de contrôles routiers, début des désertions des harkis, vols d’armes de toutes catégories.
Nos civils du hameau des OUADA se font remarquer singulièrement.
Une nuit ils ont trouvé le moyen de se faire prendre toutes les armes par les fells.
Ce soir là, j’étais de permanence comme chef d’intervention. Vers minuit le chef de poste de garde m’appelle pour me dire que la sentinelle a vu une fusée rouge du côté des OUADA. Aussitôt la mission était lancée d’aller voir ce qu’il se passait. Une fois sur place, nous sommes en face d’une demi-douzaine de types, la figure en sang, qui hurlait en se tenant les côtes. Le chef du hameau nous raconte que les fells sont venus les tabasser et qu’ils sont partis avec leurs armes.
Quelques jours après, nous avons appris que toute cette histoire était une pure invention, que tout était faux et qu’ils s’étaient tapés dessus les uns les autres pour simuler des gestes de défense. Bilan, plus d’armes et nous ne nous sommes plus occupés d’eux.
FONDOUK :
"Je ne sais pas si cet accident en est la cause, mais peu de temps après nous devions quitter la ferme Barnabé pour nous installer en lieu et place de la 7e Cie à FONDOUK
Le problème avec les harkis et leur famille devenait un sujet important. Non seulement les désertions avec armes, mais les harkis mariés qui voulaient rapatrier avec eux leur femme et leurs enfants.
Je me souviens de la demande d’un harki qui voulait aller chercher sa femme dans un village occupé par les soldats de l’ALN. Ce village était situé à quelques kilomètres de FONDOUK sur la route de PALESTRO.
Comme il n’osait pas y aller tout seul, le capitaine Scheer accepta la demande.
Avec un half-track équipé d’une 12/7 en tourelle, un GMC et une escorte de dix gars, je me retrouvais chef du détachement.
Arrivé au pied du hameau de quelques mechtas, devant un vague poste de police et une barrière passage à niveau nous avons été contraints de nous arrêter. Là, j’ai dû expliquer ma mission et parlementer avec les sentinelles de l’ALN armées qui m’ont demandé de déposer mon PA et ma MAT.
J’ai accepté de laisser mes armes à l’entrée, dans le véhicule qui m’accompagnait et ils m’ont conduit à la mechta de leur chef. Devant la porte d’entrée deux sentinelles étaient en poste. A l’intérieur un chef assis à son bureau, un planton à droite et à gauche tous les deux armés de mitraillettes et en fond de décor cloué sur le mur deux drapeaux, le drapeau de l’Algérie et le drapeau de l’ALN. C’était très impressionnant. Comme il était au courant de notre visite, les explications furent brèves.
Mais le problème était que la femme du harki n’était pas très coopérative pour partir. Il a fallu que les soldats de l’ALN veuillent bien parlementer avec elle pour qu’enfin elle se décide.
Nous sommes rentrés, mission accomplie et contents de rentrer au bercail."
voir la suite : Hussein Dey
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Sergent Jean Claude Neu…II/117e RI, 7e Cie.
Voir dans le blog ci-après l’affaire précédant le 14 mai 1962. Le prisonnier.
Voir aussi son témoignage sur l'attentat du car de Rivet. (1961 Souakria)
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Opération "Marius" d'A.R. , ces documents ont été supprimés à la demande de sa famille