Fondouk des bataillons

FONDOUK

Fondouk, la ville et son quotidien

Le caporal-chef Transmetteur Y.F communique : "Je n'ai pas de souvenirs bien précis, mais je me souviens très bien que FONDOUK avait une longue rue montante, bordée d'arbres...Sur la carte postale on voit, la place du marché en bas et nous ...nous étions tout en haut à gauche de celle-ci. Je possède une photo de la MAIRIE, en surélévation sur une place avec un monument aux morts de 14/18 où se déroulait la cérémonie du 11 novembre. J'ai assisté à une "prise d'armes" à la mémoire de 7 victimes du bataillon tombés lors des opérations, à l' élection de 58 pour De Gaulle et à un bal public"

D'A.F : FONDOUK et sa POPULATION : " Je me souviens de la quincaillerie Méric et d'un troquet, non loin de la compagnie, tenu par un jeune couple de bretons qui avaient misé sur le maintient de l'Algérie française, mais l'histoire lui donnant tort, le mari choisira de rejoindre l'O.A.S."

D'AF : LE DEPART DES LIBERABLES : " La compagnie était rassemblée dans la cour d'honneur ( vers le mess, réfectoire ,cuisine ect...) pour les adieux des libérables . Ceux qui partaient montent dans les bahuts (simca ou G.M.C), quant un libérable prenant sa valise, cerclée d'un grand nombre de tours de ficelle, d'une main pour la charger, elle resta au sol et avec l'aide de ses deux mains c'était presque pareil. Ce fait na pas échappé à la vigilance des chefs, intrigués, ils firent un contrôle de la valoche. Elle était bourrée de pistolets mitrailleurs et de pistolets automatiques avec un lot de munitions. Le pauvre Corse évidemment est resté . Il a fait du rab avec en plus tous les inconvénients causés par son délit. (voir également : BELLE FONTAINE 1962).

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De MT, radio à la CCAS : LA MORT du Chef de Bataillon Christian DUTERTRE : " Le dimanche 23 mars 1959, j'étais de permanence radio à FONDOUK. Vers les 15 ou 16 heures, j' appris que le commandant DUTERTRE avait été touché. Au retour d'une opération, il avait stoppé la colonne de véhicules qu'il commandait et donna l'ordre à ses hommes de ratisser un piton suspect. A cet instant les Fells ouvrirent le feu blessant le commandant au ventre. L'ordre d'évacuation sanitaire fut transmis. Après un délai considérable, un hélicoptère le transporta enfin vers l'hôpital "Maillot" à ALGER. C'est au cours du trajet qu'il expira."[ voir 1959 : Opération Luciole ].

Le voisinage inter-armes du BCRS de Maison-Blanche

Ces rapports furent constants, d’une part, avec les unités voisines de l’armée de Terre, les SAS et les GMS, d’autre part, avec les organismes spécialisés dans le Renseignement (DOP, OR, gendarmeries, douanes, polices, CRA, etc.). À Maison-Blanche, l’accord le plus complet était établi avec le 117e RI, patron du djebel entre Fondouk et Chebali. En 1961, la BCRS effectue au minimum une sortie avec ces éléments au moins une fois par semaine. Un breefing se tient régulièrement par semaine entre le lieutenant Merviel de la BCRS, l’OR du 117e et ceux des Secteurs de Rouiba et Maison-Carrée. Le milieu urbain ou péri-urbain dans lequel cette BCRS était amenée à travailler différenciait quelque peu le type de relation que l’unité entretenait avec son voisinage interarmes. Sur le sud de son sous-quartier, elle évoluait, certes, en milieu rural dans la Mitidja et sur le contrefort de l’Atlas blidéen. Mais elle englobait aussi dans sa zone d’action l’important aéroport civil de Maison-Blanche et une assez grosse concentration urbaine. Le contexte géographique et le milieu induisaient des contacts avec les services de Douanes, les commissariats de police, la Police des frontières et plusieurs brigades de Gendarmerie. Il en était de même pour la BCRS d’Oran - La Sénia. ( Source)

1e Cl Gérald R... I/117e RI – CCAS Fondouk est né le 9 mai 1938 à Alger. Incorporé le 1er juillet 1959, rayé des contrôles le 17 août 1960. Mon arrivée au 117e RI le 23 juillet 1959 a été la conséquence d’un accident de moto lors d’une permission. Poignet cassé, on m’a plâtré. Mais j’ai été convoqué à l’Hôpital Maillot où l’on a déplâtré mon bras pour contrôle … Et j’ai été replâtré pour 45 jours. Je suis resté ensuite en transit dans un bureau sur le port d’Alger au Service Sanitaire avant d’être muté au 117e RI. La première fois que je suis arrivé à FONDOUK c'est le commandant SAGOLS qui m'a reçu. Je portais la barbe en collier et il m’a dit : « Faudra se raser ! » J’étais étonné car, lorsqu’on entrait barbu à l’Armée, on pouvait alors garder la barbe.

Notre Capitaine, le lieutenant COLOMBANI, commandait la CCAS du 1er bataillon du 117e RI.

Nous étions cantonnés à FONDOUK même, dans une rue qui se trouvait derrière la rue principale. Au bas de notre rue, il y avait une tour de garde. La Section était sous les ordres du Lieutenant Varo. Nous étions une dizaine parmi lesquels le Sergent Be..., 1 Caporal, 2 Harkis (dont l’un a été abattu après l’indépendance) et de simples soldats. Je m’occupais principalement du bureau et faisais des patrouilles dans le village et on montait aussi la garde aux endroits stratégiques.

Un jour, on nous a appelés pour aller dans une ancienne ferme où il y avait des fells. Comme la section était en opération, nous y sommes allés. La colonne de fells est passée sur le chemin, juste au-dessus de nous. On s’est aplatis puis on a accroché brièvement et ils sont partis. Il n’y a pas eu de blessés.

Quand il y avait des arrestations, nous avions des cellules où nous mettions les prisonniers. Il y avait une cour où ils pouvaient sortir. Le Lieutenant nous demandait d’interroger les suspects.

Nous allions dans un café dans la rue principale tenu par un ancien du 117e RI. A côté se trouvait la quincaillerie Méric. En face du poste, il y avait le café Maure. Chaque matin, le patron m’apportait un verre de thé. J’avais deux amis au Poste, Jean Fontaine et Maurice Deman qui était chauffeur. Comme mes parents habitaient Alger, je les ai reçus quelquefois pendant leurs jours de perme. Ils sont aujourd’hui malheureusement décédés.

Une nuit, alors que je dormais, je me suis réveillé brusquement en sentant quelque chose de froid contre ma tempe. C‘était le canon d’un pistolet automatique. Je n’osais pas bouger. Et puis, un gars a crié :

- Tu es fou !

- Ya pas de balle dedans !

J’ai reconnu alors la voix de ?.... L’autre continuait à l’engueuler « Ça se fait pas des choses comme ça ! » Moi, j’avais eu la peur de ma vie !

Un soir que je rentrais de permission chez moi à Alger je trouve les murs intérieurs du poste criblés de balles. J’ai demandé ce qui s’était passé. C'était ?.. qui avait arrosé les murs avec un F.M.

Un jour, j'ai été invité à la villa d’un ami de mes parents qui habitait FONDOUK. Lorsque je suis arrivé, il y avait les gradés, le maire et d'autres personnalités. J’étais étonné d’être le seul trouffion parmi ce beau monde. Le Capitaine Colombani m’a demandé avec son accent corse : « Qu’est-ce que tu fais là ? ». Le propriétaire est alors arrivé vers moi et lui a dit : « C’est un ami, je l’ai invité. » Mais je n’étais vraiment pas très à l’aise !

Une autre fois prenant le car pour me rendre à ALGER en perme, ce même capitaine est monté dans le car et m’a bien recommandé de porter la tenue militaire chaque fois que je prendrai le car. Le lundi il me voit et me dit : «Je pense que tu m'as pas écouté ! » et il s’est mis à rire.

Pas loin de Fondouk, à MARECHAL FOCH, se trouvait un centre de soins.

Paul Bo … II/117 RI, 3ème Cie

1957 – 1960

Après mes classes au 9ème Zouaves à Fort de l’Eau ( 57/2B), j’ai été muté à Blida, à la caserne Blandan, comme chauffeur du Général Dufour. (à compléter)

1959 - Fondouk

Le 15 septembre 1959, nous sommes sortis avec une partie du 2ème bureau et les camarades pour une petite opération à TECHT près de l'Arba pour contrôler un groupe de mechtas au Douar Ouled Schrab près de l'Oued Sar.

Nous sommes entrés avec le Maître-chien BARRUOL à l'intérieur de la mechta et là, une rafale de mitraillette est partie au moment où le maître-chien s'engageait à l'intérieur de la pièce où se trouvaient les fells. BARRUOL a été atteint de même que le sous-Lieutenant Guy DANDRELLE et d’autres hommes. A ce moment-là, le sous-lieutenant ZEGGANE m'a poussé pour contourner la pièce par l'extérieur où se trouvait une fenêtre qui nous a permis de nous mettre à l'abri et de pouvoir nous défendre. Un fellagha est sorti de la pièce en courant, il a lâché une rafale de PM qui a aussi atteint mortellement le sous-Lieutenant ZEGGANE. Je me suis retrouvé tout seul pour me défendre. Je suis passé sous cette fenêtre afin de pouvoir enjamber une clôture en tôle qui se trouvait en face de moi. J'ai réussi à me sortir de cette tôle et à ma grande surprise, un Half-track se trouvait là. On m'a pris et désarmé car j'étais en pleine crise de nerfs.

Suite à cela, on m'a expédié vers l'hôpital MAILLOT où des soins m'ont été prodigués. Voilà la pire triste histoire qui m’est arrivée puisque, sur les 8 qui étions près de cette mechta, je suis le seul survivant de cette embuscade.

Voir aussi : Fondouk 1962