Les postpositions marquent plus que des positions

Le cube magique

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Une langue indo-européenne utilise en moyen une douzaine de prépositions et d’adverbes en tant que compléments circonstanciels de lieu. Mais tout élève de hongrois ne va pas tarder à se rendre compte que c’est bien peu de choses par rapport à la langue qui nous intéresse ici.

Il y a à peu près les mêmes catégories grammaticales, et on a vite fait de s’adapter à la logique inverse de la langue qui exige qu’on utilise des postpositions au lieu des prépositions auxquelles nous sommes plus accoutumés. Mais puisque le principe agglutinant permet, ou mieux dire nécessite la combinaison des suffixes, on en arrive ainsi à pas moins de 330 mots (dont la liste ci-après n’est même pas complète) qu’on a d’ailleurs peu de chance de trouver tous dans un dictionnaire quelconque.

Comme d’habitude, nous avons encore une fois le choix d’apprendre tous ces mots par coeur, ou bien nous pourrions essayer de comprendre la logique plutôt simple de leur structure. En faisant ainsi, il faut avant tout prêter attention à la signification des suffixes utilisés et aux radicaux respectifs.

En ce qui concerne les irrégularités éventuelles dans la formation des mots, elles sont colorées en jaune dans l’animation suivante, dont il existe aussi une version PDF qui permet de revoir une page déjà lue, et de rechercher un mot donné. (Dans le navigateur Firefox, l’animation ne sera cependant visible que si vous en désactivez le blocage au moyen du petit bouton à gauche de la barre d’adresse.)

Description des différentes catégories

La classification des compléments de lieu se fait selon les critères suivants :

    • une information qui adhère au cube comme objet de référence est appelée absolue;
    • une indication relative se fait par contre en adoptant le point de vue du smiley qui se trouve à l’intérieur du cube;
    • en contraste, une détermination générale est faite à partir de la position du smiley plus cool (celui aux lunettes de soleil) se trouvant à l’extérieur du cube.
    1. Cas positionnel
    2. Csak a legkisebbiket nem lelte meg azt, amelyik a faliórában rejtőzött.
    3. Le seul qu’il ne trouva pas était celui caché dans la pendule.
    4. (Le loup et les sept chevreaux)
  1. Le complément de lieu qui sert de réponse à la question « où? » (hol?) possède dans le hongrois ses propres cas dont le choix dépend de ce que l’on inspecte : la surface, l’intérieur ou la proximité d’un objet ou d’une place. Un tel cas est toujours marqué par l’une des désinences suivantes dont la variante appropriée est sélectionnée d’après les règles de l’harmonie vocalique. Pour les traduire, on peut se servir des prépositions françaises correspondantes :
      • Le lieu qui cadre avec la surface d’un objet quelconque ou d’une place ouverte est défini par le suffixe -On = -on,-en,-ön qui a la signification de « sur » dans le sens d’une position;
      • Si quelque chose se trouve à l’intérieur d’un objet ou d’un espace clos, c’est à l’aide du suffixe -bAn = -ban,-ben que l’on doit l’exprimer, en quel cas on aurait « dans » au sens d’une position en français;
      • La proximité qui se marque en français par la proposition « chez » (toujours dans le sens d’une position) est indiquée en hongrois par la désinence -nÁl = -nál,-nél; celle-ci est un peu différente des autres puisqu’elle contient la lettre n au début et non pas à la fin comme les autres suffixes. (Notons aussi que c’est cette désinence qu’il faut utiliser dans les cas où en français on dirait qu’une personne a quelque chose sur soi : valakinél van valami.)
    1. Une remarque importante
  2. Les lieux qui sont exprimés par un complément circonstanciel marqué par une désinence collent pratiquement à l’objet, de la même façon que leurs suffixes le font avec le nom de l’objet. C’est-à-dire ils laissent supposer un certain contact avec l’objet, pendant que les lieux décrits à l’aide d’une postposition se trouvent plus éloignés de celui-ci.
  3. Cela veut dire que les cas du complément de lieu représentent l’attachement à l’objet en question, ce qui met en quelque sorte ce dernier en relief par rapport au lieu lui-même. Une telle façon de pondérer l’importance de l’énoncé est typique de la langue hongroise. On la retrouve par exemple dans l’ordre des mots ou bien dans le rôle des différentes formes du verbe.
    1. Pronom positionnel absolu
            1. Mi csörög, mi zörög?
            2. A hasamban mi görög?
            3. Azt hittem, hat gidát nyeltem,
            4. mégis csak kő kocog bennem
            5. (A farkas és a hét kecskegida [.hun])
            1. Cela grogne, cela gronde,
            2. mon ventre tonne!
            3. J’ai avalé sept chevreaux,
            4. n’était-ce rien qu’une illusion?
            5. Et de lourdes grosses pierres
            6. les remplacèrent.
            7. (Le loup et les sept chevreaux)
  1. Une position comme dans la section précédente peut aussi être celle d’une personne. Si le cas échéant on voulait désigner cette personne-là par un pronom qui lui correspondait, il suffirait d’attacher la désinence du complément de lieu au pronom donné. En toute logique, on se trouve alors confronté à la même particularité que l’on connaît déjà de la conjugaison des verbes : il faut aussi ajouter un suffixe pronominal au pronom ainsi décliné.
  2. Si dans l’exemple ci-dessus on se référait à la personne entière au lieu de son ventre seulement, nous aurions une expression comme « [les pierres] craquettent en moi » qu’il faudrait traduire comme suit :
    • pronom : 1. sing = (én) + ben(n) + em;
    • verbe : 3. plur = (ők) + kocog + nak.
  3. Tout comme avec un verbe, on n’utilise les pronoms personnels non conjugés que si l’on a l’intention d’accentuer spécialement la personne qu’ils désignent. Puisque cela ne se produit qu’à de rares occasions, la forme habituelle du pronom est bennem – exactement comme c’est le cas dans la citation ci-dessus.
  4. Par ailleurs, le trait distinctif des pronoms déclinés par rapport au possessif objectif est justement le fait que la désinence personnelle est toujours ajoutée à la désinence casuelle, et non pas vice-versa, comme il est obligatoire pour le possessif. Cette inversion est bien démontrée par l’expression a hasamban (dans mon ventre).
  5. Il faut aussi se rappeler qu’il y a 6 différents suffixes pronominaux qui peuvent s’ajouter à chaque désinence de complément et que nous regrouperons tout simplement par un -* dans →le tableau récapitulatif,
  6. Il ne reste à mentionner que les pronoms rajt* qui représentent la position superficielle sur une personne ne se forment pas à partir de la désinence statique de la section précédente, mais plutôt en utilisant l’indication directionnelle qui sera présentée par la suite.
    1. La direction « vers »
    2. Aztán továbbment; ment, mendegélt, míg egy almafához nem ért.
    3. Puis elle poursuivi sa marche et arriva près d’un pommier.
    4. (Dame Hiver)
  7. Si la question ne fait pas allusion à une →position mais plutôt à la direction « vers où? » (hova?), alors il faut faire appel aux désinences suivantes :
      • Le déplacement qui va vers une surface (même s’il s’agit d’une place ouverte) est indiqué par le suffixe -rA = -ra,-re qui correspond donc à la préposition française « vers » dans le sens d’une direction;
      • Si la destination est l’intérieur d’un objet ou d’un espace clos, alors il faut employer la désinence -bA = -ba,-be qui se traduirait par « dans » au sens d’une direction;
      • La proximité s’indique par le suffixe -hOz = -hoz,-hez,-höz qui est à peu près équivalent à « chez » dans le sens d’une direction.
  8. On pourrait encore noter en passant que la dernière désinence dont le cas grammatical s’appelle allatif représente un point de vue intérieur donc celui du smiley qui se trouve à l’intérieur du cube. Il existe en effet un verbe dénommé hoz qui correspond morphologiquement à ce suffixe et qui signifie « apporter ici ». Par contre, la désignation latine (.html.hu) de ce cas est dérivée de la direction contraire : apporter là-bas…
    1. Pronom absolu « vers »
    2. Ti, kis emberek, okosabbak vagytok nálunk, azért rád bízzuk, te tégy köztünk igazságot.
    3. Vous, les petits hommes, vous êtes plus sages que nous, c’est pourquoi nous nous remettons à toi pour faire justice entre nous.
    4. (La boule de cristal [.hun])
  9. Les pronoms directionnels d’approche obéissent au même →principe général pour leur construction bien qu’ils utilisent les suffixes de la section précédente. Les pronoms bel* de l’espace intérieur forment cependant une exception puiqu’ils se réfèrent à cet emplacement comme à →une position absolue.
    1. La direction « de »
    2. A királyi palotától nem messze egy rengeteg nagy erdő sötétlett.
    3. Non loin du château du roi, il y avait une grande et sombre forêt.
    4. (Le roi Grenouille ou Henri de Fer)
  10. Cette considération à trois niveaux se fait aussi en répondant à la question « d’où? » (honnan?), mais en y faisant la différentiation sur la toute première lettre du suffixe :
      • Quand on part de la surface d’un objet ou d’une place ouverte, on l’indique par la désinence -rÓl = -ról,-ről (« de sur »);
      • Si le point de départ se trouve à l’intérieur d’un objet ou d’un espace clos, le suffixe à employer est -bÓl = -ból,-ből (« de “dedans” »);
      • Pour faire référence à une origine qui se situe en la proximité d’un objet ou d’un espace, il faut utiliser le suffixe -tÓl = -tól,-től (« de chez »; dans la citation introductoire de cette section, l’expression exemplaire signifie donc littéralement : « non loin [à partir] du château royal »).
  11. Il est intéressant à noter que le pronom interrogatif honnan ne se comporte pas de la même façon que les pronoms et adjectifs semblables. En effet, il ne porte aucun des suffixes présentés ci-dessus, mais plutôt celui des adverbes locaux innen (d’ici) et onnan (de là).
    1. Pronom absolu « de »
    2. Egyszercsak megszúrta a tűvel az ujját, úgyhogy nyomban kiserkedt belőle három vércsepp.
    3. Elle se piqua au doigt et trois gouttes de sang tombèrent [sur la neige].
    4. (Blanche-Neige)
  12. Un pronom directionnel d’éloignement se dérive de la même manière que sa contrepartie, →le pronom directionnel d’approche. Nous pouvons aisément « composer » sa signification d’après ce qui a été dit jusqu’ici : de (sur) moi, toi, etc. (à partir de la surface), de (dans) moi, toi, etc. (à partir de l’intérieur) et de (chez) moi, toi, etc. (à partir de la proximité).
  13. Tout cela devrait faire comprendre que dans l’exemple ci-dessus ce n’est pas la destination des gouttes de sang qui est indiquée, mais son origine :
    1. belőle = b(el)ől + e ≙ « [en sortant] de lui » ≈ « [en sortant] du doigt »
    2. Notion abstraite
    3. Ha a bajban volt, ne vesd meg a baj múltán sem!
    4. Tu n’as pas le droit de mépriser celle qui t’a aidée quand tu étais dans le chagrin.
    5. (Le roi Grenouille ou Henri de Fer)
  14. Si on considère le rapport entre les pronoms interrogatifs hol, hova et honnan, la désinence de complément de lieu -hOz et le verbe hoz (cf. →la direction « vers »), on ne peut s’empêcher de penser que cela ne peut être une coïncidence que tous ces mots commencent par „ho-”. Cela revient à dire que la notion abstraite ho* qui représente les mots ayant ce radical (peut-être pas dans leur totalité, mais certainement en nombre suffisant) correspond au concept du « lieu ».
  15. Il y a donc 12 notions abstraites qui servent à décrire tous les rapports spatiaux que l’on peut représenter à l’aide d’un cube. Même les idées de jó* « bien » et ba* « mal » en font partie, puisque les adjectifs correspondants désignent le bon ou le mauvais côté comme les mots latins dexter resp. sinister le faisaient déjà chez les anciens Romains. C’est ainsi que « le chagrin » du conte français trouve sa traduction dans le baj hongrois…
    1. Complément d’état
            1. Csipkerózsika (.hun) 100 éve fent fekszik a toronyban.
            2. Amióta a királyfi megcsókolta, azóta fenn van és nem alszik.
            1. La Belle dort depuis 100 ans en haut dans la tour.
            2. Depuis que le prince lui a donné un baiser, elle est éveillée et elle ne dort plus.
  1. La caractéristique qu’il faut toujours se rappeler pour ce groupe d’adverbes est qu’ils n’acceptent aucun suffixe supplémentaire, ce qui va à l’encontre du groupe suivant. La catégorie présente doit son nom au mot fenn qui se retrouve aussi dans notre exemple, parce que celui-ci désigne plutôt l’état éveillé ou conscient d’une personne.
  2. Ce que l’on peut aussi déduire de l’exemple donné est que les verbes être couché (fekszik) et dormir (alszik, cf. Le changement d’état complet) ont été dérivés de désignations de lieu.
    1. Position générale
    2. A szolga továbbkocogott, de egyszerre mintha vékonyka hangot hallana odalent a homokban.
    3. Le valet continua à galoper et eut soudain l’impression d’entendre une voix venant du sable foulé par son cheval.
    4. (Le serpent blanc)
  3. Une position générale n’est rien d’autre que la description simple de dedans (bent), de dehors (kint), d’en haut (fent) ou d’en bas (lent). Pour la plupart des dictionnaires, la signification de ces adverbes est la même que pour ceux du groupe précédent. Mais comme nous allons le voir par la suite, ce ne sont que ceux qui se terminent en -nt qui peuvent être modifiés par différents suffixes additionnels.
    1. Qualité générale
    2. És amiért olyan becsülettel szolgáltál, én magam viszlek fel a fenti világba.
    3. Puisque tu m’as servi si fidèlement, je vais te ramener moi-même là-haut [dans le monde].
    4. (Dame Hiver)
  4. Dans le contexte des compléments de lieu, la qualité générale est l’appartenance à une position spatiale donnée qui est marquée par le suffixe -i. Avec cette explication, il est bien clair pourquoi le monde dans l’exemple ci-dessus est appelé littéralement « le monde d’en haut ».
    1. Direction générale « vers »
    2. Hamupipőke (.hun) aranycipője csak bentre való.
    3. Les souliers d’or de Cendrillon ne sont que pour dedans.
  5. Si l’on attache le suffixe -rA qui est en fait la désinence du sublatif (lui-même une des →3 directions « vers ») à un adverbe désignant une position générale, on obtient le même effet que l’utilisation de la préposition « pour » du français produirait devant un tel adverbe : il se forme un complément de but ou de destination.
    1. Direction générale « de »
    2. Kintről csak egyetlen rostélyos ablakszemen szűrődött be némi világosság.
    3. « À travers une fenêtre rouillée, il ne parvint qu’un tout petit peu de lumière de dehors. »
    4. (La Belle au bois dormant [.hun])
  6. La direction qui utilise le suffixe -rÓl (c’est-à-dire la désinence du délatif qui est une des →3 directions « de ») est une information générale sur l’origine d’une action qui viendrait de l’intérieur, du dehors, d’en haut ou d’en bas.
    1. Direction absolue
    2. Gyere csak ide, nézd meg közelebbről, ha olyan kíváncsi vagy rá.
    3. « Viens ici, et regarde-le de près, si tu en es si curieuse. »
    4. (La Belle au bois dormant [.hun])
  7. Les adverbes dans ce groupe devraient déjà nous être familiers. En effet, à l’exception des →positions latérales jobb pour la droite et bal pour la gauche, ils ont souvent croisé notre chemin puisqu’ils sont les adjonctifs verbaux les plus fréquents.
  8. Par exemple, l’adverbe meg de la phrase citée appartient à la famille de mots mög* (le nº viii du →tableau ci-dessus). La raison pour ceci se trouve dans le fait que les sons e /ɛ/ et ö /ø/ étaient dans certains cas équivalents dans le hongrois. Il y a encore aujourd’hui des dialectes qui emploient en toute conséquence le second son pour le premier. (C’est aussi une des raisons pourquoi les suffixes catalogués avec un « O » peuvent avoir une forme supplémentaire avec e à côté des variantes standards à o et à ö.)
  9. Au sein de cette famille de mots l’effet perfectif de meg en tant qu’adjonctif verbal s’explique d’une manière simple et imagée (cf. au cube) : une action doit être terminée si on la laisse derrière soi.
    1. Qualité directionnelle
    2. Futott a nyúl, porzott a föld a nyomában; egykettőre fölért a szántás felső végére.
    3. Et il courut encore, partant ainsi qu’un tourbillon, si bien que ses oreilles volaient au vent [jusqu’à ce qu’il arrive] à l’autre bout du champ.
    4. (Le lièvre et le hérisson)
  10. La qualité directionnelle est l’adjectif, la plupart du temps apposé à un nom, qui est formé à l’aide du suffixe dérivatif -sÓ = -só,-ső et qui ne s’accorde avec le nom que s’il en constitue l’attribut. Ces adjectifs ont un sens très proche de celui de leurs →équivalents absolus.
  11. Ce n’est donc pas « à l’autre bout » du champ que le lièvre arrive en courant, mais très exactement au bout supérieur, ce qui montre en outre que la désinence -rA peut aussi être traduite par « à » puisque l’attribution des prépositions aux cas grammaticaux hongrois n’est pas du tout rigide (cf. le dictionnaire de suffixes).
  12. Par ailleurs, cette page de l’animation nous fournit aussi l’explication pourquoi le nombre ordinal premier est dénommé első (la forme régulière -egyedik ne s’utilise qu’avec les nombres composés qui débutent en hongrois par 11) : c’est de toute évidence le numéro qui vient en avant dans la série des nombres énumérés.
    1. Position absolue
    2. A szabócska meg rátelepedett hátul az egyik ágra.
    3. Le petit tailleur s’assit sur une branche, de sorte que le géant, qui ne pouvait pas regarder derrière lui [ne le voyait pas].
    4. (Le valeureux petit tailleur)
  13. Une des raisons pour lesquelles ces positions sont dites absolues est que les adverbes qui les expriment n’apparaissent pas d’ordinaire comme des postpositions, et donc ne permettent pas de décrire une position qui soit →relative par rapport à un objet.
  14. Les versions abrégées de belül (à l’intérieur) et de kívül (à l’extérieur) qui sont bel- resp. kül- ne s’utilisent qu’en tant qu’adjectifs dans des mots composés, comme par exemple :
    1. belföld l’intérieur (« la terre intérieure »)külföld l’étranger (« la terre extérieure »).
  15. Une position absolue peut aussi recevoir des suffixes, tout comme →une position générale d’ailleurs, qui alors lui donnent un sens nouveau, comme nous allons le voir dans les sections suivantes.
    1. Direction absolue « vers »
    2. Babszem Jankó meg csak kapdosta a fejét jobbra is, balra is, nehogy véletlenül az ő nyakát is elvágják.
    3. Et Pouceau balança la tête de gauche à droite pour qu’elle ne lui soit pas coupée.
    4. (Les voyages du Petit Pouceau [.hun])
  16. Comme pour →la direction générale analogue, la désinence du sublatif (-rA) transforme un adverbe en un complément de destination. C’est pourquoi le héros de la version hongroise du conte balance sa tête en vérité « à gauche et à droite ».
  17. Tout comme les variantes courtes de la section précédente, la forme coupée dénommée elő- (en avant) s’utilise de préférence dans des mots composés. Seulement dans ce cas, une direction ne donne pas un adjectif, mais un adjonctif verbal dont le sens est modifié par rapport à la variante longue du même adverbe, par exemple en combinaison avec le verbe jön (venir) :
    1. előrejön venir en avant – előjön apparaître.
    2. Direction absolue « de »
    3. Ha nem adod elő tüstént a terülj-asztalkát meg az aranyszóró szamarat, kezdődik elölről a tánc!
    4. Si tu ne me rends pas la « petite-table-mets-le-couvert » et l’âne à or, la danse recommencera.
    5. (La petite table, l’âne et le bâton)
  18. Cette section n’est rien d’autre que l’inversion de la précédente en utilisant la désinence du délatif qui est -rÓl (voir la →Direction générale « de »). Le mot imprimé en caractères gras elölről signifie donc en substance « de l’avant ».
    1. Qualité absolue
    2. A szamár feltette a két elülső lábát az ablakpárkányra, a kutya felugrott a szamár hátára, a macska felkúszott a kutya nyakába, végül a kakas felröppent a macska feje búbjára.
    3. L’âne se dressa d’abord en posant ses pieds de devant sur la fenêtre, le chien monta sur le dos de l’âne, le chat grimpa sur le chien, le coq prit son vol et se posa sur la tête du chat.
    4. (Les musiciens de Brême)
  1. Une position relative est définie par un adverbe qui ne fonctionne d’habitude que comme une postposition. De la même manière que pour les →cas positionnels, sa traduction nécessite une préposition ou une locution prépositionnelle. Donc, si la version française du conte ci-dessus était traduite de la version hongroise, on aurait dit « à côté des oies ».
  2. Les postpositions qui se terminent en -lVl (avec V=u,ü,ö,a) se reportent en général à un lieu de référence marqué par le superessif, c’est-à-dire par une désinence du type -On :
      • Cooley a házon kívül van Le smiley cool est au dehors de la maison.
      • Cooley házon kívül van Le smiley cool est en ville.
      • Smiley pedig azon belül, azaz a házban van Par contre, le smiley normal est à l’intérieur de celle-ci, c’est-à-dire en la maison.
    1. Qualité relative
    2. A kis ember, se szó, se beszéd, kézen fogta, és végigvezette egy föld alatti folyosón.
    3. Le nain alors lui fit apercevoir un couloir [sous-terraine] qui conduisait à une caverne.
    4. (La lumière bleue)
  3. Pour définir une qualité dérivée d’une position relative, nous n’avons qu’à faire de même avec les postpositions de la section précédente comme nous l’avions déjà fait avec les adverbes de la →qualité générale : nous y ajoutons un suffixe -i.
  4. C’est plutôt par hasard s’il existe en français un adjectif correspondant comme sous-terraine à la combinaison hongroise nom + postposition qui signifie « [se trouvant] sous la terre ». Puisqu’ici on n’a fait que d’appliquer un principe de construction universel, on peut dériver une expression pareille fonctionnant comme un adjectif à partir de n’importe quelle postposition et d’un nom quelconque!
    1. Pronom positionnel relatif
    2. Nyitva áll előttünk a szerencse útja!
    3. « C’est le chemin qui nous mène au bonheur! »
    4. (Le petit tailleur judicieux [.hun[)
  5. Le dicton hongrois ci-dessus se traduit littérairement par « Le chemin du bonheur est ouvert devant nous. » Ceci n’est censé que de montrer qu’il est tout aussi possible de former des pronoms à partir de postpositions que →de désinences de cas :
    • désinence : 2. sing = (te) + nál + ad ≙ « chez/ sur toi »;
    • postposition : 2. sing = (te) + mellett + ed ≙ « à côté de toi ».
  6. On sait que kívül dans sa qualité de →position relative nécessite un point de référence qui soit au superessif. Il est donc plus que naturel que les variantes pronominales appuyées de cette postposition-là se construisent avec le cas positionnel correspondant du pronom personnel :
    1. rajtam, rajtad, stb. kívül à part moi, toi, etc.
    2. Direction relative « vers »
    3. Magad miatt ne aggódjál, találsz majd fedelet a fejed fölé meg helyet, ahol ellakhatsz.
    4. Pour toi, sois sans inquiétude; tu trouveras un toit où tu pourras habiter.
    5. (La gardeuse d’oies près de la fontaine)
  7. Le signe distinctif de cette direction est le suffixe -Á = -á,-é qui marque le latif qui n’est pas un cas séparé en hongrois (heureusement ☺), mais plutôt une indication de déplacement ou de direction non spécifique; mais cette tâche-là, elle la remplit aussi dans la formation de mots. En l’occurrence, il y a 3 particularités à considérer :
      1. Le couple de postpositions felé/ fölé (vers resp. au-dessus de) fournit une exception notable à la règle →mentionnée plus haut qui veut que e=ö. C’est pour cela que la postposition dans l’exemple ci-dessus forme un complément de destination qui se lit très exactement « un toit (pour) au-dessus de ta tête;
      2. La paire vers l’intérieur/ vers l’extérieur utilise →comme d’habitude le suffixe -rA du sublatif en combinaison avec un →lieu de référence mis au superessif (c-à-d. portant le suffixe -On), par exemple a kockán belülre vers l’intérieur du cube;
      3. Par contre, la paire de directions qui désignent les deux côtés latéraux →se déplacent plutôt du lieu de référence. Comme cela se produit par définition latéralement, le cas obligatoire de la référence est l’ablatif dont la désinence est formée par -tÓl. Donc, en se référant au cube, on devrait dire : a kockától jobbra vers la droite à partir du cube.
    1. Pronom relatif « vers »
    2. Amint tanakszanak, látják, egy nyúl üget feléjük a mezőn.
    3. Comme ils causaient entre eux de leur embarras, il vint à passer un lièvre courant dans la plaine.
    4. (Les trois frères)
  8. Les pronoms de ce groupe sont dérivés d’après →les règles habituelles, par exemple :
    • 1. sing = (én) + felé + m ≙ « dans ma direction »;
    • 2. sing = (te) + felé + d ≙ « dans ta direction »;
    • 3. sing = (ő ) + felé + (je) ≙ « dans sa direction »;
    • etc.
  9. Comme les parties entre les parenthèses n’apparaissent qu’en cas d’accentuation extraordinaire, le pronom personnel relatif de la 3e personne du singulier est pratiquement identique à la direction relative de la section précédente.
  10. Les directions latérales ne donnent pas des pronoms proprement dits, ce qui devient évident quand on examine leur composition (cf. →Pronom positionnel absolu) :
    1. a jobbotokra = jobb (nomn) + otok (2. plur) + ra (subl) ≙ « à votre droite » (possessif).
    2. Direction relative « de »
    3. A gidák a sövény mögül lesték, mi történik.
    4. « Les chevreaux se trouvèrent derrière la haie et voyaient [ainsi] ce qu’il se passa. »
    5. (Le loup et les sept chevreaux [.hun])
  11. À part les exceptions fölül (d’au-dessus de) et mögül (de derrière), une direction relative de ce type porte un suffixe -lÓl. Donc les chevreaux contemplent l’évènement littérairement « de derrière la haie ».
    1. Qualité positionnelle
    2. – A javát megkaptad – mondta –, de az aranykastélybeli királylányhoz aranyló is tartozik ám!
    3. « Tu as déjà tout ce qu’il y a de mieux, » dit-il, « mais avec la princesse au château d’or il y a aussi le cheval d’or qui va avec. »
    4. (L’oiseau d’or [.deu])
  12. La direction relative « de » permet aussi la formation d’une qualité dite positionnelle. Pour cela, on a juste besoin d’adjoindre un -i à la postposition comme c’est le cas de la →qualité générale. Il y a cependant une particularité qui concerne la position intérieure représentée ici par -beli qu’on retrouve aussi dans l’exemple donné.
  13. C’est que cette variante raccourcie de belüli n’est employée qu’en tant que suffixe. C’est ce qu’on voit aussi dans l’exemple où aranykastélybeli désigne en fait l’origine de la princesse : « (venant) du château d’or ».
    1. Pronom relatif « de »
    2. Felőlem ahányszor csak akarod – dünnyögte a sün kényelmesen.
    3. « Je ne dis pas non, » reprit le hérisson; « je suis prêt à continuer tant qu’il te plaira. »
    4. (Le lièvre et le hérisson)
  14. Cette dernière catégorie regroupe les contreparties des →pronoms relatifs « vers » qui sont dérivées des postpositions de la →direction relative « de ». C’est ainsi que felőlem dans l’exemple ci-dessus acquière son sens de « si tu veux » à partir de sa vraie signification : (vu) de ma position…

Sommaire – le tableau de La Kubo

Les 26 catégories de complément de lieu décrites ci-dessus sont présentées chacune pour soi sur les faces d’un « cube » séparé dans →l’animation du début de cette page (le cube s’appelle la kubo en espéranto, d’où le titre). Ces groupes englobent 330 mots au total qui sont dérivés de 12 notions abstraites par 19 suffixes, qui sont bien sûr combinables entre eux.

Pour gérer cette diversité inouïe, il est indispensable de mémoriser aussi bien les ressemblances que les divergences entre les différents groupes. Les premières sont marquées par un « ✔ » dans le tableau ci-dessous (quand c’est la notion abstraite qui reçoit le suffixe correspondant) ou bien par un « ☑ » (quand c’est la dernière forme irrégulière précédente de la même colonne qui est utilisée comme radical). En ce qui concerne les différences, elles sont écrites en toutes lettres avec cependant un « ~ » remplaçant la notion abstraite.

    1. La qualité absolue est comme →sa soeur directionnelle un adjectif apposé qui attache quelque chose à une →position absolue. Mais cette fois-ci, il y en a pour toutes les 9 positions, bien que s’il existe une adéquation directionnelle, celle-là soit largement préférée. En reprenant l’exemple, si un animal à six pattes, disons une fourmi, faisait aussi part des musiciens, elle aurait aussi tout comme l’âne des pattes de devant : egy hangyának elülső lába is van. Mais ce dernier pourrait aussi appeler ses membres autrement : a szamáré lehet mellső láb is (celles de l’âne pourrait aussi être de devant) – c’est que les mammifères possèdent une poitrine (mell) de leur côté antérieur… Position relative
    2. Így aztán ott éjszakáztak a lúd mellett mind a hárman.
    3. Toutes les trois furent donc obligées de passer la nuit en compagnie de l’oie.
    4. (L’oie d’or)
Les musiciens de Brême
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