Avoir, ou ne pas avoir

L’expression de la possession

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L’absence d’un verbe possessif comme avoir dans le hongrois rend l’expression correcte des rapports de possession un peu difficile pour un débutant. Comme souvent dans cette langue, les difficultés viennent plutôt des possibilités très diversifiées qu’elle offre et qu’on doit d’abord classifier et comprendre.

C’est que le possessif hongrois englobe ce qu’on nommait en latin genitivum nomen, genitivus casus et dativus possessivus dans le contexte usuel du paradigme double subjectif et objectif de la langue.

En outre, il est comme d’habitude possible d’exprimer des rapports fabuleusement complexes en un seul mot. Mais commençons par quelque chose de plus simple :

    • Az aranycipő nem a mostohatestvéreimé – gondolta Hamupipőke « Le soulier d’or n’est pas à mes belles-soeurs, » pensa Cendrillon.

L’épluchage

Vue d’ensemble

Le prédicat nominal de la phrase ci-dessus est complet dans le sens qu’il contient toutes les catégories participant au possessif. Sa traduction progressive est influencée par la logique inverse hongroise:

Les composantes spécifiques

La 3e composante est marquée par un suffixe pronominal additionnel (qui à l’encontre du possessif objectif peut être de toutes les personnes de chaque nombre). Elle désigne le possesseur d’un objet ce qui la fait correspondre aux adjectifs possessifs français, bien que ces derniers fusionnent les fonctions de la possession et du possesseur (puisque le français possède un caractère synthétique) : a nővéreim = az én nővéreim mes soeurs. Quand il s’agit d’un seul objet, la marque du pluriel est bien sûr supprimée :A mostohaanyám gonosz hozzám – panaszkodott Hamupipőke « Ma belle-mère est méchante avec moi, » déplora Cendrillon.

Le point de vue subjectif

La 4e composante est attachée à un sujet qui possède quelque chose. Cette chose référencée est toujours un objet extérieur, et pour cette raison cette marque invariante est souvent appliquée toute seule :

Az aranycipő Hamupipőkéé – állapította meg a királyfi « Le soulier d’or est à Cendrillon, » constata le fils du roi.

Ce possessif subjectif sert des fois à éviter une répétition :

Hamupipőke ruhája ezüsttel díszített selyemből van, a nővéreié nem La robe de Cendrillon, par contraste à celle de ses soeurs, est faite de soie au décor d’argent.

Comme on peut déjà le deviner, la construction d’une telle référence subjective permet de comprimer des histoires entières dans un seul mot :

A niueiéiért →traduction.

Le datif possessif

Le rapport de possession « appartenir » est subjectif dans le même sens qu’un verbe subjectif, c’est-à-dire un tel rapport est quelque peu passif. En français, la rection d’une telle expression serait le complément d’objet indirect « à quelqu’un ».

Un tel complément serait rendu en hongrois par un nom au datif, avec la différence significative que ce rapport-là serait tout-à-fait actif (cela va sans dire que c’est encore un cas de la logique hongroise inverse). C’est que l’expression de la possession avec le verbe van être et le datif possessif correspond au verbe avoir en français :

    • Hamupipőkének van egy gonosz mostohaanyja Cendrillon a une belle-mère méchante (La mère à Cendrillon est méchante).

Il faut noter que le datif se comporte par rapport au verbe comme un complément circonstanciel, et pour cela les verbes van, vannak à la 3e personne du singulier et du pluriel doivent être toujours utilisés :

Le plus souvent c’est la 1e composante que l’on rencontre toute seule, comme p.ex. dans a hintó kereke la roue de la carrosse, ou dans une proposition complète :Hamupipőke elvesztette az aranycipőjét Cendrillon a perdu son soulier d’or.

Une telle possession est donc un objet quelconque qui appartient à un sujet précis. Ce cas est nommé possessif objectif et il est marqué sur l’objet par un suffixe pronominal de la 3e personne du singulier (-a, -e, -ja, -je). Les biens ne sont rien d’autre que le pluriel de la possession et de ce fait désignent une collection d’objets, comme p.ex. dans a kocsis lovai les chevaux du cocher, ou bien encore :A galambok Hamupipőke barátai Les pigeons sont les amis de Cendrillon.

Si le radical du nom servant d’objet se termine par une voyelle, c’est le suffixe nul -∅ qui est utilisé pour le possessif objectif, c’est-à-dire avant le -i du pluriel : a bál estéin aux soirées du bal. Par ailleurs, la dénomination « les biens » se réfère à l’utilisation plus connue du suffixe du pluriel possessif dans les noms nobiliaires (où il se trouve souvent sous la forme d’un -y) dans lesquels il acquière la signification du « de » français* : Széchenyi de ~, Batthyány de ~.

Cendrillon

La possession enchaînée

Dans des constructions possessives enchaînées le datif remplit ainsi la fonction d’un lien adverbial entre les maillons de la chaîne :

Hamupipőke a nővérei anyjának az új férjének a saját lánya Cendrillon est la fille propre du nouveau mari de la mère de ses soeurs.

En ayant encore le temps…

Le possessif objectif fait aussi lieu d’indications temporelles dans deux cas. L’un d’eux est la date normale : augusztus huszadika le 20 (ième jour d’) août.

Si l’objet « possédé » est temporel, le possessif désigne une durée passée : hét napja depuis 7 jours, egy hete il y a une semaine. Ou bien encore : Van már két éve is Ça fait bien déjà 2 ans.

Cette sorte de descriptions temporelles est contrastée aux indications ponctuelles qui elles, font appel à des postpositions comme p.ex. hétfő óta depuis lundi, március óta depuis le mois de mars :

Hamupipőke meséje 1950. február tizenötödike óta látható rajzfilmen is Le conte de Cendrillon existe depuis le 15 février 1950 aussi en dessin animé.

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* Note :

En principe, c’est le nom d’un lignage, c’est-à-dire un genitivum nomen.

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