Validation des acquis

Une évolution fondamentale dans l’enseignement français se profile avec la mise en place du livret personnel de compétences.

En France, les compositions n’étaient pas notées mais classées. Des places d’honneur étaient décernées aux premiers dans le but de provoquer une émulation entre les élèves. C’est en 1890 que la notation chiffrée est devenue obligatoire pour les compositions trimestrielles, en vue de faciliter la sélection d’une élite, avec une théâtralisation des résultats. L’arrêté de 1890 classe aussi la mauvaise note parmi les punitions autorisées, comme le devoir à refaire et la retenue…

La circulaire du 6 janvier 1969 a préconisé de remplacer les notes chiffrées par des appréciations globales, du « très satisfaisant » au « très insuffisant » et « si on le juge bon », des lettres (de A à E) ou des chiffres (de 1 à 5). Cependant, en juillet 1971 les notes sur 20 sont à nouveau prônées dans les classes qui comportent un examen (3ème, terminale).

L’usage des lettres se diffuse surtout à l’école primaire. D’autres symboles sont parfois utilisés : couleurs, smileys, voire même des scores de réussite. Au secondaire, petit à petit, les lettres sont devenues de faux chiffres avec des A++, A+, etc. L’échelle de notation s’est recomposée.

La note a du mal à disparaitre même si son utilité est fortement contestée. « Est-ce que tu as de bonnes notes à l’école ? » La fonction sociale de la note résiste, surtout quand elle n’est pas remplacée par un autre repère compréhensible par le non enseignant.

Le carnet de notes disparait avec la Loi d’orientation de juillet 1989 qui organise les cycles à l’école maternelle et élémentaire et officialise le passage du bulletin au livret scolaire pour rendre compte des résultats des élèves.

La définition du socle commun s’accompagne maintenant de l’obligation de mise en œuvre d’un livret personnel de l’élève, destiné à suivre l’acquisition progressive de compétences. Cette exigence se renforce avec les comparaisons internationales des résultats scolaires, les élèves français paraissant de moins en moins performants.

Cette année scolaire, le livret personnel de compétences, devra être complété par les enseignants de l’école et du collège sur ordinateur (certains y passeront encore plus de temps vu la lenteur de l’internet dans de nombreuses zones) et consultable à tout moment par les parents.

Ce livret est ainsi présenté : « Le socle commun de connaissances et de compétences s’inscrit dans la logique des résolutions européennes sur l’orientation et la formation tout au long de la vie.

    • En France, le socle commun de connaissances et de compétences a été instauré par la loi d’orientation pour l’avenir de l’école de 2005.

    • Défini par le décret du 11 juillet 2006, il est constitué de 7 compétences.

    • Le livret personnel de compétences permet de formaliser la maitrise de ces compétences. »

On y trouve cette définition des compétences qui semble correspondre à celle de Meirieu : « Maitriser une compétence, c’est pouvoir mobiliser et réinvestir des connaissances, des capacités et des attitudes afin d’atteindre un objectif précis dans une situation donnée. »

Ce qui entraine cette distinction entre évaluation et validation :

Évaluer… c’est :

    • donner une valeur graduée (8/20, 13/20, en cours d’acquisition / acquis / expert…)

    • un acte le plus souvent individuel d’un enseignant

    • un acte pédagogique

    • un acte renouvelable, évolutif, qui se pratique dans le cadre habituel des enseignements

Valider… c’est :

    • une déclaration binaire (oui/non)

    • la décision collégiale de l’équipe

    • un acte définitif : une compétence validée le reste

    • un acte institutionnel

On observe donc le retour à la distinction entre évaluation formative et normative, avec cette notion d’une compétence « acquise à vie ». L’évaluation normative avait fait l’objet de nombreux travaux locaux dans le dernier quart du 20ème siècle, mais il n’y avait pas eu de généralisation.

Cette année, les enseignants devront être non seulement des concepteurs de situations d’apprentissages mais aussi et surtout des évaluateurs. La validation collective s’opposera à l’esprit « classe gardée », mais amènera-t-elle enfin une mutualisation des pratiques enseignantes, une remise en cause de la suprématie pédagogique du « maitre » ? On peut supposer que cette phase sera suivie d’une « harmonisation » des pratiques.

Voir aussi :