Autoritarisme

L'autorité ne s'use que si on s'en sert.

Il est consternant d'entendre certains enseignants "piquer leur crise". Malgré leurs excès de langage, personne n'ose leur faire remarquer qu'il est inadmissible de s'adresser à des élèves d'une manière aussi agressive.

Le scénario est souvent le même. Les élèves ayant été quelques instants sans surveillance, après la récréation, confinés dans un couloir, survient ce tyran qui explose à propos d'attitudes non conformes, hurlant que s'il a cette classe l'an prochain, il n'y aura ni sortie ni voyage. Cela ne le gêne pas de discréditer l'enseignant en se substituant à lui...

Il s'en prend ensuite à un élève qui a le malheur d'avoir fait un geste et oblige la classe à redescendre deux fois l'escalier. Ce despote, qui espère devenir directeur, se sent investi du devoir de rétablir l'ordre et l'autorité à la façon des entraineurs de commandos militaires.

Dans sa classe, il se lance dans de grandes diatribes sans intérêt. Les enfants travaillent peu, n'osant pas s'exprimer.

D'autres inondent leur classe de photocopies qu'ils ne corrigeront pas (se basant sur une vérification "collective"). Les élèves qui ne peuvent réaliser ce travail ou ne le comprennent pas, s'agitent et reçoivent des punitions démesurées (qu'ils copient dans la cour de récréation, même s'il gèle).

Extrait du Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson _ INRP : Les prescriptions des règlements scolaires, l'uniformité d'exercices et de mouvements, la loi du silence et de l'immobilité et toutes les autres obligations que nous imposons dans nos écoles, ne viennent pas de la nature des choses ou des principes de la pédagogie, ce ne sont pas des devoirs moraux à proprement parler, mais seulement des nécessités résultant du fait matériel de la réunion d'un grand nombre d'enfants dans un même local, sous un même maître qui doit suffire à tout et à tous.

Ce sont autant de gênes et de limites à la liberté, à la spontanéité, à la gaieté de l'enfance, qu'il nous est impossible d'éviter, mais qu'il serait absurde d'ériger en axiomes ou de prendre sérieusement comme points essentiels de discipline. Ils ne constituent pas la discipline, ils en font plutôt l'embarras et la complication. Sans doute, il faut s'en préoccuper, mais le maître qui ne ferait consister la discipline que dans l'exact accomplissement de ces règles et de ces formalités n'aurait pas même entrevu la véritable portée et la valeur éducative de la discipline scolaire.