1er juin 2025 : L'école en France

1er juin 2025 : L'école en France

1er juin 2025, les parents comparent les écoles avant de choisir, les enseignants cherchent une embauche. Comment est-on arrivé à cette situation ?

Depuis plusieurs années, des idées qui paraissaient saugrenues voire farfelues étaient émises par des politiques. On jugeait alors ceux-ci vieillissants ou vivant en dehors de la réalité. Certaines de ces idées provocatrices avaient déclenché des milliers de commentaires et des prises de position catégoriques, mais commençaient ainsi à être envisagées et même tolérées.

Si une autre coalition ou un parti (c'était devenu improbable) était devenu majoritaire, cela aurait-il empêché cette mutation de l'enseignement ? Il est vraisemblable que seule la forme aurait changé : une consultation nationale aussi inutile que les précédentes ou l'impératif d'une harmonisation européenne auraient été assénés d'une manière péremptoire.

En 2011, les communautés de communes qui jusque-là s'étaient constituées relativement librement ont été gentiment priées de se regrouper. Sitôt l'élection présidentielle, elles ont été fusionnées d'autorité et sont devenues les Méga Communautés de Communes.

Dans le même temps, la déscolarisation des enfants les plus jeunes s'est accélérée et l'âge d'admission à l'école est 5 ans. Avant cet âge, les parents doivent trouver un jardin d'enfants ou une structure privée. Certains empruntent, comme au Japon, pour obtenir les meilleures conditions de préscolarisation.

L'école, comme dans les autres pays d'Europe vous a-t-on expliqué, est regroupée avec le collège. Les directeurs d'école (qui n'ont jamais officiellement existé) ne sont plus qu'un souvenir. C'est généralement le proviseur qui devient le chef de cet "établissement public d'enseignement" financé par la MCC et qui décide avec le président de la MCC du nombre d'enseignants et de personnels.

Les programmes de cet établissement, ainsi que toute autre structure privée, doivent être conformes à un cadre national. 20 % de l'horaire peuvent être consacrés aux langues et cultures régionales ainsi qu'aux religions. La création d'établissements d'enseignement n'est soumise qu'aux impératifs de santé et sécurité.

L'État organise les examens de fin d'année pour établir un classement des établissements, publié comme au Québec.

Les enseignants étudient les offres des MCC et des autres établissements dont les plus riches proposent des primes et des avantages matériels, en sus de conditions de scolarisation plus agréables.

Ces enseignants sont maintenant embauchés, payés et licenciés par les MCC, y compris les remplaçants. Ceux qui ont choisi de rester fonctionnaires ne bénéficient plus de l'avancement à l'ancienneté. Les plus performants peuvent négocier leurs conditions d'embauche, ce qui ne choque plus dans cette société où seules la compétitivité et la performance dominent. Ils doivent appliquer les méthodes et contenus définis par la MCC.

Les inspecteurs de l'éducation (qui n'est plus nationale) proposent leurs prestations aux établissements d'enseignement pour évaluer et conseiller les embauches et licenciements.

Les syndicats, dont les instances nationales ont distillé les informations, prennent prétexte du trop grand nombre de changements pour limiter les revendications. De toute façon, les enseignants sont submergés par leurs préoccupations matérielles.

Depuis 2023, les parents inscrivent leurs enfants par internet, ce qui permet à l'État ainsi qu'aux services de sécurité (on ne parle plus d'administration) d'accéder à toutes les données et de les vérifier en comparant à la consommation d'électricité grâce aux compteurs "intelligents" qui équipent tous les foyers. Cette année, des données biométriques y sont ajoutées. Au départ, il s'agissait de faciliter les recherches en cas d'enlèvement, maintenant, la surveillance est permanente. Les familles en situation irrégulière sont immédiatement repérées.

Le choix de l'école est totalement libre. Les résultats des évaluations des dix dernières années sont disponibles sur internet, ce qui explique l'acharnement de l'ancienne administration pour les obtenir. Si des parents veulent inscrire leur enfant dans une école qui n'est pas celle de leur secteur, ils devront, s'ils sont acceptés, verser un complément de frais d'inscription. Pour ces frais d'inscription déterminés par les MCC afin de couvrir l'ensemble des dépenses et des salaires, ils disposent d'une allocation parentale remplaçant les allocations familiales et de rentrée. Ils peuvent en utiliser 10 % pour leurs frais et sous réserve qu'il n'y ait pas d'absentéisme. Le reste est versé à l'établissement qui scolarise leur enfant.

Des agences proposent de conseiller les parents et de faciliter l'inscription souhaitée, moyennant une participation financière.

Si leur enfant est reconnu en situation de handicap, l'allocation parentale est augmentée mais ce sont les parents qui doivent, selon les critères définis par la Maison Départementale des Personnes Handicapés, embaucher l'accompagnateur pour la scolarisation. Des associations leur proposeront leurs services, mais aussi des organismes à but lucratif bien informés. L'État n'ayant jamais voulu créer d'emplois d'auxiliaire de vie scolaire, a retardé au maximum l'application de cette obligation et sitôt l'élection présidentielle, décrété que cette question devait être réglée de manière globale pour assurer une continuité entre le domicile et l'école. Le complément d'allocation étant insuffisant, les familles sollicitent leur mutuelle ou assurance.

L'enseignement professionnel dans les lycées a été laminé par les suppressions de la majorité des options. Ce sont maintenant les entreprises qui forment une main d'œuvre captive et bon marché.

Il fallait trouver des solutions, la situation précédente n'était pas satisfaisante, ressassent les campagnes de communication gouvernementale et les médias à l'approche des vacances d'été (du 14 juillet au 20 aout 2025).

Gaétan Solo