Discipline

On fait des règles pour les autres et des exceptions pour soi. (Charles Lemesle)

"Ils en profitent parce que c'est un remplaçant." Cette affirmation, commode pour les enseignants, est erronée. Les problèmes n'apparaissent pas ex nihilo. Bien sûr, une attitude autoritariste, un manque de préparation, des exigences inadaptées, créeront un ennui, un sentiment d'échec, une opposition. Mais il suffit de citer les élèves qui ont posé problème pour faire admettre que ce n'est pas nouveau.

Une menace de punition ne doit pas être répétée. Les punitions doivent être rares, courtes, écrites et vérifiées immédiatement (par exemple : 5 fois "Je n'empêche pas les autres de travailler.") Des punitions à faire à la maison ne le seront généralement pas et susciteront une hostilité des parents.

Il est interdit de priver un élève de la totalité de la récréation. Cette privation est le meilleur moyen de le rendre opposant et encore moins disponible. Cependant, un élève peut être isolé des autres quand son comportement est dangereux.

Il est possible de dire : "Je ne pourrai vous emmener en sports ou organiser des arts plastiques que s'il n'y a pas de nouveau problème de comportement." Cette menace, si elle n'est pas répétée, est normalement suffisante.

Une punition collective est absurde et inefficace. D'une façon générale, les sanctions doivent correspondre aux droits de l'enfant, ne pas être excessives ou dégradantes (cela semble une évidence et pourtant...).

La discipline était règle d’or ; l’enseignante prenait soin de l’ordre dans sa classe. La première journée, les élèves avaient peur. Les élèves ne pouvaient pas parler, juste aux récréations. Les punitions : enfants debout ou à genoux en avant ou dans un coin et coup de ceinture ou d’une grosse règle en bois de 1 mètre. Toutes les écoles utilisaient la règle. Les écoles d'autrefois (au Québec)

Lorsque les élèves avaient mal travaillé ou été bavards, ils avaient des verbes ou des textes à copier, ou bien allaient au "piquet"dans un coin de la classe. Il arrivait parfois au plus mauvais élève de porter le bonnet d'âne ou bien une pancarte "paresseux" dans le dos, ils avaient aussi un coup de règle sur les doigts ou des coups de martinet. Les plus sages étaient récompensés par des bons points et des images. Le premier de la classe se voyait offrir un beau livre et on lui mettait une couronne de laurier lors de la distribution des prix au mois de juillet. La Neuville Chant d'oisel

Avant tout, il faudrait ruiner dans l'esprit de nos maîtres une certaine idée de la discipline, idée fausse qui les égare : c'est l'assimilation à quelque degré de la discipline scolaire à la discipline militaire. Une classe qui manœuvre avec la régularité ponctuelle d'un régiment, c'est un spectacle qu'il ne faut pas admirer. Il ne doit y avoir pour ainsi dire rien de commun entre le bon ordre du régiment et le bon ordre de la classe : l'un consiste à grouper en vue d'un immense effort commun des forces physiques qui seraient perdues si elles n'étaient en quelque sorte mathématiquement réglées, et pour cela on demande à des hommes faits de se plier à des lois mécaniques, dont on a calculé les effets ; l'autre consiste à éveiller, â stimuler, à diriger des forces intellectuelles et morales à peine naissantes, et qui n'achèveront de se former que si on leur ménage un libre et graduel exercice.

On ne discipline pas des enfants comme on dresse des animaux, parce que le dressage est fait pour déformer le naturel de l'animal et la discipline au contraire pour former le caractère de l'enfant. Il n'y a pas de procédé automatique pour donner à un esprit l'habitude et le pouvoir de se diriger lui-même, pas plus qu'il n'y a de procédés mécaniques pour assurer l'éclosion de la fleur ou la croissance de l'être vivant. Il faut donc mettre au rang des idées les plus superficielles et les plus inexactes cet idéal d'une discipline inflexible et invariable, merveilleuse de régularité, de précision et de puissance, qui fonctionnerait comme une machine perfectionnée.

Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson _ INRP

Voir aussi : le bonnet d'âne, la violence