Sentier botanique de Kavousi et balade à Agios Nikolaos

J6 : vendredi 16 septembre 2022


Jusqu’à présent, nous avons rayonné en direction du sud, de l’ouest et du nord d’Istron mais pas encore vers l’est. Ce sera chose faite aujourd’hui en choisissant de découvrir quelques points d’intérêt situés aux alentours du village de Kavousi, à 22 kilomètres, soit à une demi-heure de route à l’est de notre hébergement.

Durant la phase de préparation du séjour, un parcours décrit dans le guide Rother sous le chapitre 54 et classé « top » avait tout particulièrement retenu mon attention. Il s’agit de « La boucle de Kavousi » présentée comme étant un « circuit panoramique à travers les monts Orno et Thripti », faisant un total de 14 kilomètres avec 650 mètres de dénivelé, nécessitant 5 heures de marche. La première partie de la boucle, sur de larges chemins carrossables, ne pose pas de problème, mais dans la seconde moitié, on descend dans la gorge de Mesonas, le long d’un canal d’irrigation, à flanc de montagne, ce qui exige d’être insensible au vertige et d’avoir le pied sûr.

Boucle de Kavousi

Hervé m’oppose un refus catégorique. Non seulement l’itinéraire lui paraît trop exigeant pour nous, mais surtout il redoute un vertige massif sur ces pentes improbables. Ok, soit ! Mais quand j’ai une idée en tête je ne lâche pas facilement, alors je me mets à creuser le sujet. Je m’aperçois d’abord que les points 6 et 7 du parcours correspondent, dans l’ordre, à un site archéologique (site minoen d’Azoria) et à un olivier remarquable. Je me dis que nous pourrions nous rendre à Kavousi pour ces deux points d’intérêt au moins. En continuant à creuser, je suis tombée sur… cette page .

J’y découvre que l’association Alsace-Crète, issue d’un jumelage entre le village de Kavousi et une petite commune alsacienne, a créé un sentier botanique dans la gorge de Mesonas, le long d’une partie de ce canal d’irrigation qui, lui, a été construit par les habitants du village entre 1953 et 1955, un travail titanesque afin de transporter l’eau des sources du massif du Thripti jusqu’au village et pouvoir irriguer les oliveraies de la bande côtière. Des panneaux descriptifs d’une cinquantaine de fleurs et plantes ont été installés le long du parcours, correspondant sur le plan ci-dessus à la portion reliant le point 6 au point 5.

J’ai conscience qu’en septembre très peu de plantes seront en fleur, mais ce sentier botanique me donne un prétexte pour embarquer Hervé dans une petite partie de la gorge de Mesonas. Je lui promets que nous ferons demi-tour si le sentier devient trop exposé.

C’est par conséquent le projet de ce début de matinée : olivier remarquable + site minoen + sentier botanique. J’ai hâte et, de ce fait, nous arrivons à Kavousi dès 7 h 30, bien entendu les premiers au pied de l’olivier trois fois millénaire. En effet, avec ses 3250 ans, il serait le plus vieil olivier d’Europe, voire du monde selon certains. Avec ses 22 mètres de circonférence à la base du tronc, il est effectivement très impressionnant !

A partir de l’olivier à côté duquel nous avons garé la voiture, nous poursuivons à pied jusqu’au site archéologique d’Azoria où nous aurions également pu stationner, la piste en terre étant parfaitement carrossable jusqu’à ce point.

Nous grimpons jusqu’au sommet de la colline, davantage intéressés par le superbe point de vue qu’elle offre sur le village de Kavousi que par le site minoen lui-même dont nous apprécierons mieux la situation privilégiée depuis le début du sentier botanique qui démarre juste en face.

Vue sur le village de Kavousi depuis Azoria

Vue sur le golfe de Mirabello

Vue sur le site d’Azoria depuis le sentier botanique

Ça y est, vers 8 h 30, nous entamons la montée sur le fameux sentier, lequel suit une voie historique appelée « frangiko monopati », autrement dit « sentier des Francs », une voie datant de l’époque vénitienne entre les XIIIe et le XVIIe siècles et sur laquelle a été bâti le canal d’irrigation déjà évoqué plus haut.

L’étroit chenal de Kavousi fait immédiatement penser au système de levadas de l’île de Madère.

Où l’on se rend compte de l’étroitesse du passage à flanc de colline, en surplomb de la gorge !

En face de nous, les montagnes du Thripti offrent un décor hors norme à cet itinéraire singulier. Leurs parois semblent torturées, griffées, laissant apparaître des taches orangées comme autant de plaies taillées dans le vif !

C’est justement du côté montagne que sont installés, sur environ trois kilomètres, des panneaux identifiant une cinquantaine de plantes crétoises avec leurs noms traduits dans plusieurs langues. Nous observons entre autres la grande éphédra, le faux riz-millet, le mouron d’eau, la sauge à feuilles trilobées ou encore des arbres comme des platanes d’Orient, amandiers, oliviers ou chênes kermès.

Cirse acarna (Cirsium acarna)

Sauge laineuse de Jérusalem (Phlomis lanata)

Mais c’est surtout moi qui m’intéresse aux plantes. Hervé pas très à l’aise sur ce type de parcours se contente de suivre tant bien que mal. S’il n’avait tenu qu’à lui, il aurait abandonné depuis belle lurette, mais je tente de l’entraîner au moins jusqu’au point 5, une plateforme panoramique pavée à 494 mètres d’altitude. Courage, on y est presque !

Où l’on se rend également compte du travail titanesque réalisé pour empierrer et soutenir le passage !

Ça y est, au bout d’une heure, nous atteignons le belvédère, une sorte de balcon empierré, permettant de profiter d’une vue inégalable sur le golfe de Mirabello et jusqu’au parc éolien dominant Plaka au loin, pendant que quelques rapaces tournoient au-dessus de nos têtes.

Cherchez le sentier que nous venons de parcourir !

Je laisse à Hervé le temps de reprendre ses esprits et continue toute seule sur quelques centaines de mètres de plus jusqu’à trouver une rangée de lauriers roses en fleur. « Nerium oleander » confirme le (dernier ?) panneau. L’endroit est bucolique à souhait mais la voie devient ensuite nettement plus scabreuse, je préfère ne pas m’aventurer plus loin. Je reviens alors vers mon homme car il faut à présent revenir sur nos pas, ce qui n’est pas forcément plus aisé.

Hervé me demande de lui ouvrir la voie. La descente est délicate mais nous la négocions finalement en 35 minutes.

De retour près de l’olivier millénaire à 10 h 30, nous y trouvons maintenant une dizaine de personnes amenées sur les lieux par plusieurs 4 x 4 de tour-opérateurs. Jusqu’à présent, nous n’avons croisé personne, encore moins dans la gorge de Mesonas.

Bilan : l’aller-retour représente 4,4 kilomètres, avec un dénivelé de 232 mètres, que nous avons réalisé en un peu plus d’une heure et demie (sans les pauses). Une randonnée spectaculaire et un parcours impressionnant autant qu’original dans une gorge de toute beauté !

Pour une idée de l’ensemble du circuit, voir… le blog de Viinz .

Après cette performance, place à la détente ! Aujourd’hui, pas de restaurant ni de pique-nique. Comme nous sommes à une demi-heure seulement de « chez nous », autant retourner déjeuner sur notre terrasse et profiter de la piscine. Oui, mais auparavant nous avons le temps de nous baigner (voire de faire un peu de snorkeling) dans l’une des criques sur notre trajet entre Kavousi et Istron.

J’avais justement repéré quelques anses situées en face des ruines minoennes de Gournia sur la E75 et desservies par des pistes carrossables. Ma documentation laisse néanmoins entendre que certaines d’entre elles peuvent être souillées de déchets ramenés par les courants.

L’endroit que nous avons identifié depuis la route est effectivement idyllique (eau claire et calme, rochers et cavités à explorer) … à condition de ne pas faire cas de l’envers du décor. ☹

Bon, à ce compte-là, autant ne pas trop s’attarder et rentrer profiter de la piscine, déjeuner puis buller un peu ! Un peu de farniente ne fait pas de mal !

Vers 16 heures, à présent bien reposés, nous décidons de consacrer enfin un peu de temps à la ville d’Agios Nikolaos que l’on décrit comme la Saint-Trop’ crétoise. Autant vérifier par nous-mêmes ! Cette appellation peut se justifier par ses boutiques chics, ses rues proprettes et par la foule qui y déambule, mais l’ambiance est bien plus cool que dans la station balnéaire azuréenne. Par certains aspects, notamment par l’alignement de nombreux cafés et restaurants le long du port, elle nous rappelle un peu La Canée ou Rethymnon. Mais par rapport à ces dernières, elle possède un atout naturel supplémentaire avec un ravissant lac (lac de Voulismeni) formant un bassin intérieur dont on apprécie la vue depuis la colline qui le surplombe.

C’est en trinquant au bon déroulement de nos vacances que nous finissons cette nouvelle belle journée à la terrasse du café Arc, sur les hauteurs du lac ! Tchin, tchin !