J13 : Vendredi 23 septembre 2022
Au programme de cette matinée, un autre incontournable de la côte Est : la célèbre plage de Vaï. Elle se trouve à une vingtaine de kilomètres de notre base, soit une petite demi-heure de trajet en voiture. Vaï est une vaste palmeraie d’un peuplement endémique de Phoenix theophrasti, bordée par une magnifique plage de sable blond, en grande partie aménagée avec transats, parasols et accès payant. Souvent décriée car altérée par le tourisme de masse, elle reste malgré tout l’une des supposées plus belles plages de Crète. En tout cas, nous souhaitons nous faire notre propre avis. Afin d’éviter au maximum les inconvénients liés à sa forte fréquentation, nous décidons deux choses : y aller très tôt, ne pas s’y attarder et randonner vers le sud au départ de la plage.
Pour cette randonnée, nous avons deux sources d’inspiration : d’abord le parcours n°58 du guide Rother qui correspond au sentier côtier reliant Vaï à Palekastro, soit un aller simple de 11 kilomètres prévu en 4 heures. Après deux randonnées de plus de 4 heures ces deux derniers jours, j’avais promis à Hervé un itinéraire plus court. Dans cette optique, la Géoroute 14 a retenu mon attention car elle propose une alternative en 1 h 45 pour un circuit en boucle (Vaï - Megali Kefala – Skopeli – Vaï) d’une distance de 5 kilomètres. Nous retenons par conséquent cette dernière possibilité et nous nous présentons dès 8 h 45 à la guérite d’entrée de la plage (parking payant).
Plan de la Géoroute 14
A cette heure, nous avons le privilège d’être les premiers et les seuls à nous y garer. Depuis le promontoire au sud de la plage où débute notre randonnée, nous pouvons clairement le constater. Au retour, le tableau sera tout autre !
Cherchez notre voiture !
C’est également depuis ce belvédère que nous profitons du meilleur point de vue sur la plage (encore déserte !) et sur la palmeraie. C’est vrai qu’elle en jette avec son air de plage des Caraïbes !
Nous y repérons aussi le panneau confirmant le point de départ de la Géoroute 14 ainsi que le balisage du sentier côtier. Nous partons donc confiants en direction du sud sur un sentier paisible qui louvoie entre rochers, lentisques et genévriers.
Les hampes blanches des scilles ont l’air de petits lampadaires balisant notre route. Sur le terrain, c’est un peu moins évident, il faut parfois chercher les points rouge/blanc/jaune ou les cairns pour s’orienter correctement. Ici les marques indiquent de contourner par les terres cette montagne rocheuse qui se dresse devant nous et qui cache, côté opposé, une ravissante petite crique que nous ne tardons pas à apercevoir.
Bien que la baignade n’y soit pas idéale, la petite anse caillouteuse mérite un petit détour pour la variété et la couleur des pierres qui la jonchent et des parois rocheuses qui l’encadrent.
Rappelons que le but d’une Géoroute est de mettre l’accent sur les spécificités géologiques. A ce propos, voici deux beaux exemplaires observés en cours de route.
A l’issue de notre petit crochet, nous continuons à progresser vers le sud, tout en nous retournant à deux reprises pour contempler la jolie baie laissée derrière nous.
Le sentier grimpe à présent en direction d’un col où le regard porte au loin jusqu’à l’archipel des Grandes avant de redescendre en zigzagant vers le fond pierreux de la vallée.
Nous avons beau être sur un sentier côtier, celui-ci n’arrête pas d’enchaîner montées et descentes. Heureusement une nouvelle crique se profile au bout du chemin. Cela fait maintenant une bonne heure et demie que nous marchons sans avoir croisé âme qui vive ! C'est le moment de nous mettre à l'eau dans cette belle anse de Kokkinos Cavos (= Red Cape)
Le bain est délicieux, l’eau d’une clarté cristalline et le cadre idyllique, avec ces roches feuilletées couleur lie-de-vin qui lui servent d’écrin. C’est le paradis !
Une bonne demi-heure plus tard, nous voilà de retour sur le sentier principal avant un dernier coup d’œil vers la magnifique crique que nous venons de quitter.
Nous n'avons toujours pas trouvé trace d'un quelconque sentier perpendiculaire grimpant vers la crête afin d’amorcer la boucle de retour vers Vaï. Comme il n’est pas question de crapahuter au pif à travers la garrigue (nous n'avons pas de tracé GPS), il faut maintenant réfléchir à une alternative. A ce stade, nous pourrions soit rebrousser chemin (bof !), soit poursuivre par le sentier côtier jusqu’à la vallée de Maridati où une piste rejoint la route Palekastro/Vaï.
Une rapide estimation nous confirme qu’il faudra compter encore une bonne heure de marche jusqu’à la plage de Maridati. Ensuite il faut trouver le moyen de retourner à la plage de Vaï, près de 7 kilomètres plus loin. Pour ça, on verra plus tard ! Allons d’abord à Maridati.
Pour le moment, commençons par rationner l’eau car, en ayant prévu une randonnée de moins de deux heures, nous avons emporté peu de boisson et d’en-cas.
C’est parti pour une demi-heure de grimpette supplémentaire, de rocher en rocher, d’un versant à un autre jusqu’à un promontoire. A nos pieds s’étend la plage de Maridati et la vallée du même nom, couverte d’oliviers. Par-dessus la plage, le regard porte jusqu’à la baie de Kouremenos et le promontoire de Kastri.
Bon, y a plus qu’à descendre maintenant ! La descente, courte mais très raide, est plus difficile qu’il n’y paraît. A petits pas, tout doucement, nous négocions la pente, tout en contemplant le bleu profond de la mer par-dessus cette muraille rocheuse.
A 12 heures, la plage de Maridati est atteinte, yes ! Et maintenant ? Avant d’aller plus avant, je réclame une nouvelle baignade, d’autant qu’il n’y a pas plus de quatre ou cinq personnes sur la plage. Après nos derniers efforts, ça fait un bien fou !
Maintenant réfléchissons à la suite. Une baigneuse française nous indique qu’il y a une taverne en arrière-plage. Certes, le déjeuner est déjà prévu sur notre terrasse mais un jus d’orange pressée est bienvenu à la fois pour étancher notre soif (nous avons dû rationner l’eau) et pour prévenir l’hypoglycémie. Car il reste 7 kilomètres à parcourir jusqu’à Vaï ! A pied ? Heureusement non ! A la sortie de la taverne, les Français, rencontrés sur la plage, nous déposent en voiture à l’intersection avec la route Palekastro/Vaï. Là, nous avons à peine le temps de lever le pouce qu’un couple de Hollandais nous prend en charge jusqu’à la plage de Vaï. Il est alors à 13 h 15, nous avons finalement fait très vite. Les Hollandais, eux, sont venus jusqu’ici depuis Malia (à 120 kilomètres) et quand ils ont vu la plage et le parking de Vaï bondés, ils se sont contentés d’une photo avant de repartir !
La réputation de la plage de Vaï est un peu surfaite de notre point de vue. En revanche, les criques plus au sud, incroyablement confidentielles, sont nettement plus intéressantes. Mais elles se méritent !
Quant à nous, nous méritons bien notre déjeuner puis un peu de repos.
Le gérant de la taverne de Maridati nous avait annoncé de la pluie en soirée. Elle est arrivée au moment où nous nous apprêtions à faire un tour à Sitia. Nous avons alors préféré passer la soirée « chez nous ». Au moment de nous coucher, nous avons même dû rajouter une couverture, signe de la nette chute des températures.