Kritsa, Lato, Katharo : gorge, archéo et plateau

J2 : Lundi 12 septembre 2022


Pour ce premier jour de découverte, nous avons un planning bien rempli : randonner dans une gorge, visiter un site archéologique, emprunter une route panoramique vers un plateau avant de nous baigner. Le tout (hormis la baignade) se déroulera autour de Kritsa, gros village de 2500 habitants perché à flanc de montagne, à une vingtaine de kilomètres seulement de notre lieu d’hébergement et prisé des touristes pour son artisanat local. 

Vue sur le village de Kritsa

Arrivés à Kritsa, nous nous dirigeons directement vers la sortie du village et le point de départ de notre randonnée. Un peu avant 9 heures, nous sommes impatients de nous élancer sur une traversée de gorge à laquelle le guide Rother (n°53) a attribué un « top » et qu’il qualifie de « petite, mais belle et surtout très populaire ». Côté fréquentation, personne en vue (même s’il y a déjà deux autres véhicules garés à proximité) mais pour moi un défi supplémentaire à relever, car j’ai oublié mes chaussettes. ☹

Il ne me reste plus qu’à faire avec, ou plutôt… sans😉et à tester la marche pieds nus dans mes chaussures de randonnée.

Pour l’instant tout va bien alors que nous descendons en direction du canyon dont les hautes falaises orangées se dressent majestueusement au-dessus du couvert arborescent.

Nous nous sommes demandé si utiliser les bâtons de marche était pertinent, car il faudra faire par moments un peu d’escalade facile. Nous avons bien fait de les prendre quand même car ils nous permettent d’être plus à l’aise sur les gros cailloux polis qui constituent le lit de la rivière, à sec à cette saison.

Nous pénétrons à présent véritablement dans la gorge, nous faufilant entre des parois rocheuses de près de 150 mètres de haut, appréciant de plus près la couleur flamboyante de la roche tranchant avec le vert sombre de la végétation.

Plus loin, nous replions nos bâtons afin de franchir quelques goulets d’étranglement, sortes de tubes géants creusés par l’érosion, à travers lesquels nous nous hissons à l’aide de poignées métalliques bien placées et ponctuellement d’une corde. Rien de méchant, en tout cas ! C’est amusant, au contraire !

Suivent quelques barrières rocheuses à contourner et quelques obstacles pierreux à enjamber avant que la gorge ne s’élargisse progressivement.

C’est à ce moment-là que nous rattrapons un groupe de cinq ou six ou randonneurs menés par un guide, en train de terminer leur halte à l’issue de la partie la plus spectaculaire du parcours. Nous les laissons passer devant nous, pensant qu’ils allaient foncer. C’est le contraire, ils lambinent jusqu’à (presque) nous ralentir. Heureusement ce n’est que sur une courte distance car, peu après, nous atteignons un point permettant de sortir du défilé et d’amorcer le retour.

Par ailleurs, le parcours au fond du canyon peut se poursuivre jusqu’au village de Tapes. Comptez alors 12 kilomètres et 4 à 5 heures pour la boucle Kritsa/Tapes/Kritsa.

A ce carrefour, nous profitons d’un nouvel arrêt du groupe pour accélérer et creuser l’écart. Car le retour se fait sur le versant opposé sur de larges chemins de terre traversant la garrigue entre chênes verts, oliviers et arbres fruitiers, nous laissant tout loisir de musarder et nous attarder sur quelques observations botaniques, accompagnés par le chant entêtant des cigales.

Premiers exemplaires de scilles maritimes dont les hampes florales blanches dominent le paysage à la fin de l’été. Nous en verrons partout par la suite.

Scilles maritimes

Euphorbe hérisson (acanthothamnos)

Fruits du pistachier térébinthe

Olives à foison

Dernière ligne droite sur un kalderimi (= ancien sentier muletier grossièrement pavé), alors que le village de Kritsa se profile déjà sur le versant opposé. Le parking n’est alors plus très loin.

Fin de la randonnée à 10 h 30, soit au bout d’une heure et demie, comme prévu par le guide Rother, pour 3,5 kilomètres et un dénivelé de 150 mètres. Une belle traversée de gorge, ludique, pas très difficile (même sans chaussettes dans les chaussures) et très peu fréquentée, du moins à cette heure. Une belle mise en bouche avant d’attaquer des gorges plus difficiles et encore plus spectaculaires par la suite !

A quelques kilomètres de là, nous trouvons un tout petit peu plus de monde autour des ruines antiques de Lato. En général, nous ne sommes pas spécialement attirés par ce genre de sites, mais dans ce cas précis, nous nous sommes laissé tenter par la promesse d’une superbe vue sur Agios Nikolaos depuis cette ancienne cité dorienne haut perchée (datant du VIIe siècle avant JC).

Dès l’entrée, nous sommes épatés par l’escalier monumental conduisant à la place centrale, l’astucieux assemblage de pierres cyclopéen ou encore l’aménagement en terrasses de cette ville comprenant des habitations et des boutiques, une agora, un prytanée, des temples ainsi qu’un amphithéâtre taillé dans la roche. C’est d’un charme incontestable !

Comme promis, l’arrivée sur les hauteurs nous gratifie d’une vue imprenable sur Agios Nikolaos ainsi que sur tout le golfe de Mirabello.

Le territoire de Lato s’étendait d’ailleurs bien plus loin que la seule colline sur laquelle la cité était bâtie. Il englobait une bande côtière allant de l’actuelle île de Spinalonga à Agios Nikolaos et Istron et, du côté de la montagne, s’étirait jusqu’au plateau de Katharo.

C’est justement notre destination suivante.  Le plateau de Katharo, une plaine d’altitude culminant à 1100 mètres, se trouve à environ 15 kilomètres à l’ouest de Kritsa et est desservie par une route bitumée, étroite et sinueuse mais où les véhicules peuvent néanmoins se croiser sans problème. A mi-chemin, un belvédère permet de profiter du magnifique panorama qui s’étend jusqu’à la côte et Agios Nikolaos.

L’endroit est d’une beauté austère, avec ces rochers à perte de vue entre lesquels résistent quelques arbres et arbustes rabougris qui ont l’air d’avoir été taillés pour l’occasion à la manière de bonsaïs.

La route débouche dans le hameau de Avdeliako qui ne compte que quelques habitants, principalement des bergers amenant leurs troupeaux paître sur le plateau le temps de l’estive (du 15 mai jusqu’à début novembre).

Par ailleurs, le plateau est couvert de champs, de jardins et de vergers et l’on peut goûter les produits locaux dans l’une ou l’autre taverne ouverte en saison.

Justement, à l’approche de midi, la taverne Stéréos tombe à pic. Sa tonnelle ombragée est l’endroit idéal pour déguster une salade grecque et un plat d’agneau local accompagnés d’un verre de vin rouge, étonnamment madérisé. Le dessert et le raki sont offerts, l’addition est incroyablement légère et la température de l’air (25 degrés) beaucoup plus agréable que sur le littoral (33 degrés).

C’est pourquoi, de retour sur la côte, la baignade est impérative. Sans trop réfléchir, notre choix s’arrête sur la plage de Voulisma, à la fois la plus proche de « chez nous » et l’une des plus belles de la région. Belle, elle l’est incontestablement mais elle est également en grande partie aménagée (donc payante) et très fréquentée. Pour cette fois, nous nous offrons un parasol et une chaise longue mais repérons, pour une prochaine fois, l’extrémité ouest de l’anse, non aménagée et plus confidentielle.

Pour plus d’intimité, rien ne vaut d’ailleurs notre piscine privée ! La résidence possède également, à son pied, sa propre plateforme de baignade faisant face à l’îlot de Vryonisi. Ce sera la dernière exploration de cette excellente première journée bien remplie, entre randonnée tôt le matin, visites diverses pour continuer et baignade pour conclure, dont nous comptons reproduire la trame tout au long des jours à venir.