Péninsule de Kolokhita et île de Spinalonga

J3 : Mardi 13 septembre 2022


Aujourd’hui nous partons au nord d’Agios Nikolaos où une petite île fortifiée, l’île de Spinalonga, a tenu lieu de léproserie entre 1903 et 1957. L’endroit a connu une notoriété mondiale soudaine à la suite de la parution du roman de Victoria Hislop, « L’île des Oubliés » paru en 2005, vendu à plus de six millions d’exemplaires à travers le monde. Nous l’avons lu nous aussi, tout comme sa suite récemment parue « Cette nuit-là ». La visite de Spinalonga nous apparaît par conséquent comme incontournable, mais elle est prévue dans un deuxième temps. Dans l’immédiat, nous voulons d’abord randonner en matinée, tant qu’il ne fait pas encore trop chaud.

Dans ce but, nous rejoignons, en face de Elounda, la péninsule de Spinalonga, encore appelée péninsule de Kolokhita (ce qui signifie coloquinte ou courge, en référence à sa forme) pour ne pas la confondre avec l’île du même nom.

La documentation dont nous nous inspirons fait démarrer la randonnée dans le centre de la ville, mais nous décidons d’avancer autant que possible en voiture, dépassant d’anciennes salines jusqu’au pied de vieux moulins, juste avant un pont en pierre. Nous nous apercevrons qu’on aurait pu continuer encore davantage, car il y a une grande aire de stationnement après le pont.

A 8 h 20, nous sommes prêts à traverser le pont et à débuter la randonnée. Cette fois, je n’ai pas oublié mes chaussettes ! 😉

Le parcours en boucle étant indiqué en sens horaire, nous commençons par passer devant les Elounda Islands Villas, puis devant quelques enclos à moutons tout en longeant le bord de mer côté ouest de la péninsule en direction du nord. Un van a trouvé, sous les tamaris, un coin parfait et un poste privilégié pour admirer la vue sur la ville d’Elounda, juste en face.

Nous quittons maintenant le bord de mer et grimpons vers l’intérieur des terres. En nous retournant, nous gardons la baie d’Elounda toujours en vue.

Très peu de temps après, nous commençons déjà à apercevoir la mer côté Est alors que nous poursuivons notre progression au cœur de la péninsule inhabitée sur d’anciens sentiers muletiers bordés de murets de pierres sèches, contournant à l’occasion les ruines d’anciennes habitations.

Nous nous dirigeons vers la fameuse baie aperçue de loin où un voilier italien a trouvé un port naturel idéal.

Quant à nous, nous trouvons la crique parfaite pour nous essayer à un peu de snorkeling (masque et tuba sont dans le sac), les dalles rocheuses en plan incliné facilitant l'accès à l'eau.

Bilan : beaucoup de petits poissons et surtout une baignade dans une eau claire et délicieuse. Faut-il préciser que nous y étions absolument tout seuls !

Dernier coup d’œil sur « notre » crique !

Après cette pause vivifiante d’une bonne demi-heure, nous repartons, bien requinqués, à travers la garrigue jusqu’à la baie suivante, où là aussi deux embarcations ont jeté l’ancre. Cette belle anse est dominée par la petite église d’Agios Fokas pour laquelle nous faisons un petit détour.

Puis nous longeons la côte Est en direction du sud, amorçant progressivement le retour vers notre point de départ.

Il reste néanmoins un dernier point d’intérêt sur notre trajet : la plage de Kolokhita. Elle est réputée très fréquentée, d’autant que nous approchons de la fin de matinée, surtout par les bateaux des tour-opérateurs qui s’y arrêtent (y organisent même des barbecues) pendant leurs excursions vers l’île de Spinalonga depuis Agios Nikolaos.

Bingo, c’est bien le cas, il y a un bateau au débarcadère et un monde fou sur la plage d’autant que la bande de sable est très étroite. Je tiens malgré tout à y prendre un dernier bain pour nous rafraîchir avant la dernière montée et la fin du parcours sur une piste poussiéreuse où se pressent à présent quantité de véhicules dont la plage de Kolokhita est le seul but.

Nouvelle vue sur Elounda depuis la piste

Ah, qu’est-ce qu’on était tranquilles sur notre tour de 8,2 kilomètres et 180 mètres de dénivelé parcourus en 2 h 40 de marche. En comptant les pauses et baignades, il faut y rajouter une heure, ce qui nous vaut d’être de retour à la voiture à midi.

Prenons à présent la direction de Plaka à six kilomètres au nord d’Elounda. C’est depuis cette petite localité que se font les traversées en bateau les plus courtes (une dizaine de minutes) pour l’île des lépreux. Oui, mais pas avant d’avoir déjeuné ! Sur le port de Plaka, nous n’avons que l’embarras du choix avant de jeter notre dévolu sur la taverne « Captain Nicolas », avec vue directe sur la marina. Nous nous régalons de tsatsiki, de crevettes, de calamars et d’une glace en dessert, de quoi être d’attaque pour prendre d’assaut l’île-forteresse de Spinalonga. 😉

L’un des 19 bateaux de la coopérative de Plaka lève l’ancre à 14 h30 pour une petite dizaine de minutes de navigation avec à son bord une dizaine de personnes.

Manque de chance, nous arrivons au pied des murailles de Spinalonga en même temps qu’un gros navire de la compagnie Nostos Cruises avec à son bord près de 300 touristes. Nous laissons alors tout ce petit monde se disperser dans l’île avant de pénétrer à notre tour dans l’enceinte de la citadelle.

Nous tentons d’imaginer quel devait être l’état d’esprit des malades quand ils débarquaient ici, qu’ils traversaient le tunnel d’accès surnommé la porte de Dante (en référence à l’Enfer de ce poète italien), ne sachant pas encore ce qui les attendait et qu’ils allaient être coupés du monde.

Nous démarrons le tour de l’île par la rue principale flanquée de petites maisons repeintes de couleurs pimpantes qui tenaient lieu d’habitations ou de boutiques abritant de nos jours de courtes expositions historiques. Emouvant !

Puis nous nous lançons sur le chemin de ronde pour découvrir les imposantes fortifications témoignant des différents occupants de l’île. Sur les ruines d’une forteresse antique, ce sont d’abord les Vénitiens qui ont bâti au XVIe siècle une puissante place forte destinée à protéger le port d’Elounda. La citadelle a résisté aux Turcs jusqu’en 1715, puis ces derniers ont tout de même fini par s’y installer pour s’en servir comme port afin d’expédier dans l’empire toutes les marchandises de la région. Ils ne l’abandonnèrent qu’au début du XXe siècle. Elle devint alors une léproserie.

C’est en grimpant au sommet de l’île que l’on mesure réellement la puissance de Spinalonga en découvrant ces énormes remparts jalonnés de bastions et d’ouvrages défensifs faisant face à la mer. Impressionnant !

Depuis les hauteurs, on est également frappé par la vue… fabuleuse par-dessus la belle bleue jusqu’au continent !

Bref, c’est une visite où l’émotion se mêle à la fascination !

Dernière image de l’île-forteresse depuis l’un des virages de la route en lacet grimpant de Plaka en direction de Vrouchas.

C’est la vision que nous garderons de Spinalonga alors que nous rentrons directement à Istron. Ce soir, pas de bain en mer, nous en avons déjà pris deux dans la matinée. En revanche, un petit plongeon dans notre piscine est bienvenu à l’issue de cette journée encore bien optimisée.