2023 : La Norvège

La Norvège reste un excellent souvenir. Un beau périple qui en met plein les yeux. Avec le recul, je fais également le bilan des idées reçues que l'on peut souvent lire ou entendre concernant les Scandinaves et, plus précisément, les Norvégiens. 

Certes parfois, cela est vrai. Par exemple : "la nature est très présente et magnifique". Ou encore : "la vie est très chère". 

Mais d'autres sont battues en brèche une fois confrontées à ce que j'ai pu expérimenter (ce qui n'engage que moi sur mon seul voyage) :

• "La nature appartient à tout le monde en Norvège." => Comme en France (à quelques honteuses exceptions prêt) ! Mais en Norvège, la nature appartient à tous surtout quand il n'y a personne qui y vit. Et, à 14 habitants / km², ça en fait des endroits ! Mais dès qu'il y'a du monde (littoral proche des grandes villes), la nature est privatisée de par les accès rendus impossibles à cause des quais privés des résidences secondaires, des bouées de particuliers (qui ont pris soin de les disposer devant les minuscules plages aussi rares que belles), etc. Partout ou presque il est écrit "PRIVAT" et il est mal vu de s'amarrer sur un quai ou une bouée, quand bien même si aucun bateau n'y est venu depuis l'arrivée des OVNI ! La privatisation a pris tout son sens chez les Scandinaves qui ne partagent plus aussi facilement leurs installations, leurs plages, leurs bras de mers, etc. Par exemple, une petite "Kabin" se construit dans un fond de bras de mer => vous serez probablement considéré comme une nuisance par le propriétaire qui vient y séjourner le week end alors que vous êtes à l'ancre devant chez lui. Ou plutôt, devant le seul endroit où il y a peu de fond pour pouvoir mouiller. 

• "Les Scandinaves respectent la nature". => C'est vrai, mais quels usages définissent le fait de respecter la nature ? Ainsi, certains seront peut-être étonnés d'apprendre que : 

- les Norvégiens n'hésitent pas à attaquer les fonds marins, autant pour le pétrole (richesse du pays), que pour avoir suffisamment d'eau sous la quille du voilier que le propriétaire préfère conserver au pied de la maison secondaire plutôt que d'aller à une place 2 km plus loin ;

- les bouteilles de verre ne vont pas toutes au conteneur de récupération (inexistant dans de nombreux ports) et partent avec les ordures ordinaires sur conseils des locaux ;

-  les Norvégiens (qui ne sont pas dans l'Europe) ont maintenu leurs droits de pêche à la Baleine. Ainsi, vous pouvez trouver de la baleine sur les étales des marchés ou dans les restaurants ;

- Il n'est pas rare de voir les robinets couler ou fuire H24, car l'eau ne coûte rien chez eux => les réserves d'eau potable sont très nombreuses et bien supérieures à leurs besoins et, sans cesse renouvelées ;).

- l'accessibilité de nombreux chantiers étant très compliquée d'accès, l'acheminement de nombreux matériaux se fait par hélicoptère au regard des reliefs élevés et accidentés ;

- la jeunesse laisse traîner les bouteilles vides par terre autant qu'elle les éclate parfois sur les cailloux. Rien de neuf de ce côté-là ;

- les Norvégiens (tout au moins les services municipaux de Bergen) utilisent le glyphosate pour désherber et traiter les espaces urbains contre les mauvaises herbes.

• "Les Norvégiens sont résolument tournés ver le sport, la santé alimentaire et le bien-être." => Malheureusement, comme tout pays très riche, la malbouffe est passée par là. "Athlétique" n'est pas l'adjectif qui décrirait le mieux la silhouette des Norvégiens contemporains. Les glaces à toute heure les jours d'été semblent être une tradition sur le littoral en tout cas. Quant au sport, aller à la salle de sport ou à la piscine alors que la nuit tombe l'après-midi la plupart de l'année, dur de toujours trouver la motivation.

• "En Norvège, parler fort est mal vu." => Ils peuvent brailler comme les latins sans complexe. Roter à la figure des gens et hurler à 02h du mat tels des loups face au clair de lune n'est pas contre-nature non plus. 

• "Bergen, ville poétique et romantique." => je ne suis pas le champion du romantisme il est vrai. Mais Bergen est une ville. Avec son bitûme, ses pavés, ses immeubles beaux et moins beaux, ses trottoirs et les quelques mendiants qui vont avec. La proche banlieue est dégradée, sale. L'horizon souvent bouché et pluvieux n'est pas là pour améliorer le tableau. En bon chauvin que je suis, Saint-Malo ou Dinan sauront tout autant surprendre et émerveiller ceux qui ne les connaissent pas. Bergen est plus un point gris au milieu de la grisaille. Après, c'est toujours une curiosité de visiter une ville significative (271 000 habitants) dans un autre pays. 

• "Norvège, berceau de la musique métal". À observer les locaux, il faut croire que la musique métal, une fois quitté son berceau, a tracé sa route vers d'autres horizons. 

Outre ces quelques comparaisons amusées (qui n'ont aucun fondement chiffré), ce voyage reste un excellent souvenir. Des paysages radicalement différents, des gens sympathiques et un arrière-plan de vacances qui fait paraître tout plus beau et surprenant alors que les mêmes éléments, noyés dans un quotidien, seraient d'une grande banalité. 

La vie est chère (comptez 40% à 70% de plus qu'en France). Tout ou presque est importé (comme bientôt chez nous également à ce train là). Ne pas avoir à payer de logement est un soulagement lorsque l'on voit que la moindre chambre Airbnb est à 100 € la nuit. Les supermarchés sont assez petits, mais nombreux et bien fournis. 

Question navigation c'est le pied ! Partout, il y a des abris peu importe la direction des vents (attention dans les Fjords néanmoins). Des multitudes de quais et pontons restent accessibles et, monnayant une demande polie, on peut vous y autoriser d'y passer la nuit. On s'approvisionne assez facilement en eau par ailleurs. Tout est beau (ou presque) mais l'esprit plage n'est pas vraiment présent. Il y a peu de plages et donc pas de vie autour de ce concept. Il y a la forêt et la mer, à pic ! 

La météo que nous avons eue ne reflète pas le quotidien : il y a normalement énormément de précipitations et il arrive qu'il puisse pleuvoir tous les jours des semaines durant. Les bateaux des locaux sont équipés en conséquences (timonerie, chauffage, etc.). 

Mais l'aventure prend tout son sens lorsque je considère que le randonneur côtier est quand même allé randonner bien loin... ;)