En Août 2021, nous décidons de tenter l'aventure vers l'Est cette fois, avec objectif de rejoindre le bassin du Breuil en Bessin et les plages du débarquement.
Départ de Plévenon-Cap Fréhel direction le pays de Rollon. Nous bénéficions d'un délai plus court que pour le tour de Bretagne et nous devons être revenus 15 jours plus tard. Alors ne traînons pas !
J'ai déjà présenté l'archipel des îles Chausey dans cette page.
Il est où le bateau ?!
Il est là !
Et sinon, t'as pas vu la mer ?
Mauvais calcul pour l'arrivée. Entrée refusée par la marée qui nous a déposé avant de pouvoir rentrer dans le Havre.
C'est rigolo, nous nous sommes échoués et avons pu regarder l'eau partir loin... très loin de nous ! Encore cette sensation de se retrouver dans un désert comme aux îles Chausey. C'est très agréable ce dépaysement à mi-chemin entre mer et désert selon les marées.
Promenade sur la grève en attendant le retour de la mer promise ;)
J'ai fait mes calculs de marée et j'ai déterminé une heure de retour de l'eau. Eh bien 15 min avant l'heure, toujours pas de mer en vue ! Elle était pourtant à l'heure au bateau : impressionnant ce flot (comme au Mont St Michel) !
Lors du retour de l'eau, il est préférable d'attendre un peu d'avoir de la hauteur d'eau, car ça remue pas mal de sable (qui passe dans le refroidissement du moteur), et il y'a un courant qui porte au fond assez vite.
On devine un mât dans le fond, loin, très loin...
Ca y'est, on s'est accroché sur une bouée
Profitons du vent tant qu'il y en a.
Cherche l'apéro !
Il suffit de remuer un peu le sable et on en trouve par centaine
Coucher de soleil au plein...
...et à peine 30 min plus tard, déjà plus d'eau !
Départ de bonne heure pour profiter des courants qui nous porteront sur le port de Diélette.
Prise de vue sur les équipements nucléaires qui incarnent le Cotentin industriel et notamment la Hague.
Pas de photos du port de Diélette. Bof, qu'en dire ? C'est un port => sécurisant, envahit, payant... tout est dit. Mais il est le bon point de départ pour passer le Raz Blanchard dès demain si la météo est favorable, ce qu'elle sera ! ;)
Là encore pas de photos, car le passage du Raz Blanchard s'est fait à grands renforts d'émotions et d'appréhension qui m'ont empêché de prendre des photos. Pour ceux qui connaissent, je ne leur apprends rien : ce passage est redoutable lorsqu les vents sont contraires aux courants. Dans de telles conditions, des vagues assez hautes déferlent et arrivent de tous bords pour malmener l'embarcation et ses occupants.
Au début, on devine au loin des remous blancs, puis, la vitesse accélérant (puisqu'on le passe dans le sens du courant de marée évidemment), on se rapproche rapidement (TRES rapidement) de cette barre blanche qui n'est autre qu'un mur d'eau tourbillonnante. La vitesse fond accélère de plus en plus et quand bien même, vous voudriez faire 1/2 tour, c'est impossible, car le courant est trop fort et la mer trop agitée.
Alors on s'accroche, on appréhende (car c'est la première fois) et on reste sur le qui vive à barrer pour favoriser les passages entre les crêtes et les creux. Mais la vitesse du bateau est telle et la période des vagues si courte, que l'on ne peut pas toujours éviter que des vagues s'invitent à bord. Ce qui surprend et inquiète un peu.
8, 12, 15, nœuds de vitesse fond : rien ne va plus ! C'est affolant de voir cela s'afficher ! et les vagues, bien que raisonnables, sont puissantes et anarchiques. C'est un chaos impressionnant qui ne rassure pas. Ça bringuebale dans tous les sens, ça tape, ça roule, ça tangue ! Pour une première fois, c'est quelque chose qui se vit et qui reste ancré dans les tripes.
Je vous joins un lien d'une vidéo qui relate bien ce qui se passe dans ce lieu capricieux. Nous avons veillé à avoir des conditions plutôt correctes, mais la météo et notre destination nous obligaient d'être vent contre courant, donc on n'a pas pu avoir les meilleures conditions.
Nous n'avons pas subi un tel choc qui fît coucher le bateau. Mais nous avons été surpris 2 fois par une vague qui s'est invitée à bord et a généreusement envahit le cockpit et un peu l'intérieur.
Riche en émotion, cette traversée reste ponctuée d'une anecdote croustillante :
Alors que nous nous engagions dans le raz et que la vitesse fond accélérait autant que l'appréhension montait à bord, une voix grésilla dans la VHF :
"Appel à tous, appel à tous, appel à tous, l'équipe de déminage du bateau XXX informe tous les usagers qu'ils ont interdiction de se trouver dans le périmètre de la zone XXX pour raison d'explosion imminente !"
=> Inutile de préciser la teneur des regards échangés à bord à ce moment-là !
Puis 30 secondes plus tard :
"Appel à tous, appel à tous, appel à tous : mise à feu dans 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1...mise à feu !"
=> alors là, pendant le décompte, le regard dans le vide et un peu sidéré de ce que je venais d'entendre... plein de choses m'ont traversé l'esprit : "ils ne vont quand même pas détonner si nous sommes sur zone !" "Ils nous ont vus ! Ce n'est pas possible autrement" !
Bref, ça n'a pas duré longtemps, mais ca a bien rajouté un glaçage de stress sur un bon gros gâteau à l'appréhension !
Nous avons vu une magnifique gerbe d'eau s'élever droit devant nous à une distance plus que raisonnable ! OUF ! Allez, on stresse de nouveau pour le mur d'eau blanche qui se rapproche !
Après un passage du Raz Blanchard assez mouvementé, nous sommes arrivés dans la rade de Cherbourg 2 ou 3 heures plus tard. Toujours pas joyeux à l'idée de payer une place de port une fortune, nous sommes allés dans le bassin des Flamands à côté du port de Cherbourg. Petit bassin gratuit pour petits bateaux qui peuvent s'échouer, nous y avons trouvé un bassin plutôt authentique et très sécurisant quoiqu' un peu austère de prime abord, ce qui ne gâche rien.
Entrée dans l'impressionnante rade de Cherbourg
Le bassin des Flamands nous accueille
Départ de Cherbourg pour l'île de Tatihou en face de Saint Vaast la Hougue. Il faut encore franchir le Raz de Barfleur (pas moins impressionnant que le Raz blanchard). Puis, une fois au clame des courants forts et des fonds chaotiques, nous voila arrivés dans un petit paradis qui cultive des jardins merveilleux et abrite encore quelques primates ;)
Ces espaces verts sont entretenus par des jardiniers paysagistes professionnels qui ont à cœur de faire partager leur passion.
La beauté du résultat de leur labeur ne peut laisser indifférent : charme bucolique et halieutique. Le mélange des espèces végétales est d'une rare richesse et le lieu ne laisse rien présupposer de tel, c'est une vraie surprise que de parcourir ce bel espace.
Tatihou, c'est aussi un fort qui possède son histoire et pourra ravir les amoureux de l'union du temps et des pierres
Découvrez ces quelques photos pour vous en faire une idée.
Eh oui, le temps file à une allure ! Nous avons essayé de rejoindre Carentan, mais la conjugaison de la météo avec le timing des jours restants nous a contraint à faire 1/2 tour pour un retour à Cherbourg dans le bassin des Flamands.
Nous y sommes restés une nuit puis avons attendu une accalmie de la météo pour nous lancer à repasser le Raz Blanchard qui, dans ce sens et avec les vents dans le dos, ne fut qu'une formalité d'une extrême planéité !
Les vents soufflent de l'Est et nous sommes désormais protégés par la côte. Résultat : une mer plate et un vent modéré qui nous pousse à toute allure avec le courant ! Les dauphins nous escortent une bonne demi-heure. Nous parcourons 55 MN pour arriver à 00h à Portbail.
Petite anecdote : en arrivant de nuit, nous avançons doucement au moteur car nous savons que le port n'est pas encore accessible avec la marée et que nous devrons surveiller les bancs de sable. Nous tentons de deviner dans l'obscurité nocturne du mois d'aout où se situe la limite entre l'eau et le sable. Ne la trouvant pas, le bateau s'en charge en se posant sur le sable : ayé, trouvé !
Bon ben y'a plus qu'à attendre que la mer monte en nous permettant l'accès au port. Nous tractons nos bateaux à la main avec de l'eau jusqu'aux hanches pour accompagner la marée qui, peu à peu, nous permet d'approcher du bassin.
Le sage contemple... faute de pouvoir naviguer...
Plage et nuages normands...
Comment rester insensible devant de telles nuances de gris et marron ?! 😉
Portbail, nous y resterons quelques jours tant la météo se gâte. L'occasion de découvrir, faire du kitesurf, visiter les lieux, etc.
Un lieu tout à fait plaisant.
Anecdote : J'ai pu y visiter un kelt 29 que j'ai trouvé très inspirant... et comme par hasard, 1 an plus tard, j'en achète un. Aventures à suivre...ICI
Toujours la tête des retours !
Un autre périple qui se termine sous les rayons du soleil couchant lorsque nous arrivons à Plévenon cap-Fréhel.
La Normandie nous reverra je pense. Aller jusqu'à Carentan et même Caen serait un autre chapitre plaisant à parcourir. A suivre, peut-être avec un autre bateau...