Refaire l'intérieur réunit un ensemble de tâches assez diverses mais toutes liées. Ainsi, il faut tour à tour s'occuper des vernis, d'arracher les vaigrages, de penser à tirer des câbles électriques, de polisher des surfaces, etc.
Je vais aborder les tâches dans l'ordre où elles me reviennent, mais évidemment, en vrai, c'est un peu de-ci pendant une semaine, un peu de ça sur quelques semaines étalées, puis on revient à la première occupation, puis en fait non il faut d'abord finir ça ou ça pour enfin passer à autre chose, etc. Bref c'est entremêlé.
J'ai déja commencé par démonter toutes les parties en bois que je pouvais (table, table à carte, étagères, etc.), pour pouvoir tout ramener chez moi pour mieux travailler (électricité, plus d'outils, etc.). Je n'ai laissé que les cloisons et également quelques meubles qui, bien pris dans la résine, auraient nécessité de les couper pour ensuite les re-résiner et franchement : la flemme, je l'avoue.
Le chantier est déjà énorme, pourquoi le rendre titanesque dès le début en s'imposant de refaire de la stratification à gogo ?!
Puis, une fois tout démonté et ramené chez moi ce que je pouvais, j'ai commencé par reboucher au mastic tous les trous dans les meubles (passages de gaines inutiles, instruments fixés depuis les années 70', etc.). J'ai par ailleurs décapé tous les vernis (décapant et spatule). Ils avaient la couleur et l'odeur "mal de mer" ! Lorsque je les ponçais, ça sentait le vieux bateau qui pue !
Puis, au bateau, J'ai arraché les vaigrages restants (qui ne se sont pas fait prier).
Photos avant démontage
Photos après démontage
On voit bien la mousse du vaigrage (en noir) qui reste collée contre la coque et le pont.
Les cadènes ont été sur-stratées en Carbone
Une fois les vaigrages arrachés, j'ai dégagé les restes de colle et de mousse avec une brosse dure montée sur perceuse (visible sur une photo). Ça part assez facilement, par contre attention les poussières dégueulasses : j'ai mis un masque à cartouche pour ces travaux.
Les planchers ont été passés au polish et rénovateur polytrol
Au fur et à mesure des passes, on récupère les couleurs et le contraste du plaquage bois.
Exemple Avant / Après sur ces photos
J'ai énormément appris sur les vernis pendant ces travaux. Les bois du bateau, au fil des années, avaient parfois noirci un peu sous les vernis (points noirs qui apparaissent, comme "piqués" d'humidité).
Les bois qui n'étaient plus protégés (car les vernis avaient été grattés par usure) avaient grisé complètement et franchement.
Sur cette photo, on voit les deux phénomènes : points noirs et bois grisé là où le vernis a été retiré
Afin de maximiser mes chances de refaire un support correct pour re-vernir, j'ai carrément décapé au décapant chimique l'ensemble des vernis avec une spatule ! Mes doigts s'en souviennent encore ! Des heures et des heures !
Puis j'ai rincé à l'eau pour retirer les traces restantes du décapant. j'ai ensuite poncé, puis nettoyer de nouveau à l'eau pour retirer les poussières.
Enfin, j'avais une base propre sur tous les bois du bateau (cloisons, meubles, etc.).
J'ai donc commencé à re-vernir les bois (enfin les plaquages, car pour la plupart des boiseries, c'est du CP recouvert de plaquage) : Une CATASTROPHE ! => Les points noirs et surfaces grisées ressortent immédiatement après l'application du vernis.
1) J'ai d'abord pensé à changer mon vernis (vernis marin à base acrylique). J'ai donc essayé avec un autre vernis marin base Alkyde-Uréthane bien costaud : idem !
2) J'ai donc tenté de détruire les points noirs en profondeur en :
appliquant du dégriseur (sans effet) ;
appliquant des tampons de javel pendant 1 nuit (ça marche pour les joints de sdb) : sans effet ;
poncé en profondeur (j'atteins le bois sous le plaquage rapidement donc inutile de persister).
3) J'ai envisagé de prendre des vernis teintés pour recouvrir, mais je ne voulais pas assombrir les couleurs, car je voulais rester sur une teinte vernie chaude incolore. Et à voir comment cela se passait, le vernis ne me semblait pas être la solution.
Pour finir, j'ai tenté une solution lasure en conservant des boiseries visibles, mais moins nombreuses.
Le choix de la lasure est important (comme pour les vernis) et sa qualité dépend bien sur de son prix (comme les vernis). J'ai donc débuté mes essais avec une lasure à base polyuréthane appliquée au rouleau. Ouais, sans conviction... Parfois le résultat est pas mal mais parfois, c'est carrément comme si un élève de maternelle avait tamponné à l'éponge ! => la lasure s'étale sans vraiment s'imprégner, elle glisse sur le plaquage et ça donne des "paquets" de blanc assez inesthétiques.
Bon, allez, je change de lasure pour une lasure V33 haute protection (ni plus ni moins chère).
Eh bien ... c'est mieux ! L'effet recherché est présent et elle s'applique mieux même si bon, ce n'est pas non plus parfait.
Alors, je me décide pour acheter une station de peinture basse pression pour une parfaite application : l'aeromax 4000. Cette fois le résultat est celui que je recherchais.
Bons résultats d'application grâce à l'aeromax 4000
Soulagé d'avoir enfin trouvé la combinaison gagnante pour atteindre mon objectif, je me suis dit naïvement : une fois la lasure appliquée, je passerai du vernis haute qualité pour protéger la lasure des chocs et ainsi conserver un visuel parfait de ma lasure parfaite.
Donc, après des dizaines d'heures à :
démonter les meubles et boiseries du bateau ;
à les décaper ;
à les poncer ;
à les nettoyer, les sécher ;
à les vernir puis retirer le vernis une deuxième fois ;
essayer une première lasure ;
essayer une deuxième lasure ;
parfaire la pose en deux couches avec une station de peinture ;
revernir par-dessus la lasure pour la conserver nickel ;
avoir tout enrobé dans du film plastique pour passer un hiver dans un garage ;
=> Eh bien, au printemps : tout avait jauni XXL ! Le vernis (bonne qualité V33 extérieur extrême à base polyuréthane qui m'avait couté un bras) avait jauni et faisait déjà vieux. Pire : il avait une couleur "mal de mer" avant même de bouger au rythme des vagues !
Qu'ai-je fait selon vous ? ... Eh bien oui ; j'ai tout décapé à la soude (pour essayer de casser le vernis, mais sans attaquer la lasure). Puis j'ai de nouveau re-lasuré à la station peinture par-dessus pour essayer de sauver le maximum. J'ai évidemment évité de re-vernir par-dessus. J'ai sauvé les meubles (c'est le cas de le dire) mais à quel prix ?! Au propre comme au figuré, ces mésaventures m'auront coûté en argent et en temps. Des centaines d'euros pour rien et un mois entier de boulot aux ordures !
Mes conseils :
Si votre vernis est usé, n'attendez pas pour en remettre une couche, car une fois disparu, le bois en dessous grise de manière irrémédiable.
Les points noirs sous le vernis seront là pour toujours une fois apparus. Donc soit vous refaites un vernis coloré, une peinture, ou une lasure (après décapage du vernis) mais inutile de croire que vous les ferez disparaître avec un vernis incolore même après les avoir traités.
La lasure est une très bonne option pour un intérieur de bateau, mais elle ne doit pas être recouverte.
Les plaquages sur CP sont fragiles au ponçage, méfiez-vous de ne pas les endommager à trop insister.
Si tout est dans son jus ; vendez le bateau ou acceptez son état ! 😉
Les cloisons sont passées à la lasure grâce à la station peinture
Les meubles restés à poste également
J'ai tout lasuré en blanc à la station de peinture en conservant les pourtours en bois vernis (oula la le temps de masquage !)
Station de peinture dans le bateau : attention à protéger tout ce qui craint !
Les pourtours des vaigrages bois du plafond ont été également conservés en bois vernis. Il m'a fallu tout protéger au scotch de précision (les arrondis ont été faits au cutter dans le scotch), puis tout re-protéger pour faire la lasure blanche au centre).
J'en profite pour reboucher les trous du plafond (anciennes fixations des luminaires et passages de fils) et je mets des spots intégrés en 1W.