En regardant de près la coque, je me rappelle bien l'évidence qui saute aux yeux : ça fait un sacré paquet de temps qu'elle n'a pas été débarrassée de ses peintures Antifouling ! Combien de couches s'accumulent sur ce gelcoat ?
Rien qu'en grattant un peu à la spatule il y a bien entre 1 et 2 mm de peinture. Allez, je sais que c'est un chantier innommable mais... quitte à refaire lest et dérive + safran + intérieur + etc... , je vais bien trouver la motivation de m'y mettre !
En plus, le bateau est déjà levé pour les autres chantiers en cours...
Je commence par préparer les bâches afin de récupérer l'ensemble des déchets
Puis, on passe au grattage, puis ponçage, puis déplacer les tréteaux, puis re-grattage, puis re-ponçage
1ère chance au grattage !
Lors du passage du grattoir, il arrive que les extrémités de la lame s'enfoncent dans le gelcoat en le gravant en profondeur jusqu'à la fibre. Afin de limiter ce risque, il est conseillé de meuleur les angles saillants des extrémités des lames.
Mais même si des gravures profondes se font, pas de panique : il suffit de reboucher avec de l'enduit époxy et un petit ponçage après séchage.
On distingue bien les gravures profondes dans le Gelcoat
Un peu d'enduit époxy appliqué à la spatule
Et hop, on attend que ça sèche et on ponce
Je préconise les grattoirs Bahco. Ils ne sont pas les seuls grattoirs sur le marché, mais j'ai apprécié la boule de tirage à deux mains pour plus de précision et plus d'efficience dans le mouvement.
Astuces :
Penser à meuleur les extrémités des lames pour éviter les gravures profondes ;
Ne pas oublier que les lames ont deux arrêtes. Donc une fois l'une usée, on inverse la lame et on repart à neuf.
Ne pas hésiter à investir dans des lames neuves pour un travail efficace et facilité. J'ai tenté d'aiguiser les lames à la meuleuse, mais je ne dois pas être doué pour ça. Donc je préférai changer les lames avec des neuves dès qu'elles montraient des signes d'usure. La différence est flagrante ! Pour mon Kelt 29, 4 lames seront nécessaires pour travailler efficacement.
1er ponçage au grain 80 / 120 à la ponceuse à bande
2ème ponçage au grain 120 / 240 à la ponceuse orbitale
Vu l'épaisseur des couches présentes, j'ai attaqué avec une ponceuse à bande au grain 80 puis 120 afin de retirer les couches grasses qui ont survécu au grattage. Puis, une fois dégrossi, le support a été poncé au grain 120 / 240 avec une orbitale pour plus de finesse et une meilleure finition. Inutile de préciser que ce travail est pénible et très inconfortable pour chaque partie du corps (dos, cou, tête, bras, jambes, etc., jamais une seule bonne position !
Les peintures antifoulings sont des puissants biocides. Même vieillies, ces matières sont dangereuses et très toxiques ! En plus de sécuriser les déchets par un bâchage efficace (afin de pouvoir récupérer l'entièreté des poussières et morceaux), il est capital de bien protéger le travailleur !
T-shirt manche longue sous cote intégrale ;
Cote bien fermée et foulard à l'encolure ;
Masque à cartouche respiratoire ;
Bandana ou cagoule pour les cheveux et arrière de la tête ;
gants Vinyle ou latex sous gants de travail et sous la cote ;
gants de travail remontés sur la cote ;
serre-pantalon aux pieds (comme pour les cyclistes).
Anecdote :
Au début, alors que je n'avais pas mes EPI (mais que ça me démangeait de commencer à gratter), j'ai pris le grattoir et j'ai "épluché" un peu de peinture, petite zone par petite zone avec un seul masque sanitaire.
Eh bien le soir, j'avais des maux de tête, ça me brulait aux encoignures des articulations (coudes, genoux, et aux avant-bras et partout d'où 'j'avais transpiré (ouvrant les pores de la peau).
Que ce soit pour le poncage (poussières fines) ou pour le grattage (morceaux et plaques), il faut vraiment être bien protégé.
30 heures de grattage et de ponçage sur 5 jours environ ;
5 heures de préparation : bâchage / débâchage + déplacer les tréteaux, sur 5 jours environ ;
25 kg de peintures récupérés et amenés en déchetterie ;
4 lames de grattoir ;
4 disques à papier de verre pour ponceuse à bande (grain 80 et 120) ;
environ 20 disques à papier de verre pour ponceuse orbitale (grain 120 et 240).
2.5 seaux soit environ 25 kg de peinture
Déchetterie aux emplacements des déchets chimiques
Une fois le support de Gelcoat récupéré, il est temps de penser au traitement anti-osmose. Ma coque est saine et pas de trace d'infiltrations, ce sera donc un traitement préventif et non pas curatif. Quitte à gratter toute la coque, profitons-en !
Je ponce légèrement la coque pour apprêter le support puis un coup de Kärcher pour éliminer les poussières du ponçage. J'attends 24 heures puis je commence l'application au rouleau après avori posé mes scotchs de protection.
Attention à bien respecter les temps de recouvrement préconisés (5h par couche à 15 °C). La notice technique est très complète.
Avant 1ere couche
Après 2eme couche
Avant 1ere couche
Après 2eme couche
Après 4 couches babord
Après 4 couches tribord (je manquai de blanc, donc j'ai terminé avec un peu de gris)
1) Pensez à bien changer de couleur toutes les 2 couches au maximum afin de vous assurer de bien tout recouvrir. Car au bout de 2 couches d'une même couleur, on ne voit plus trop où l'on est déja passé.
2) Pensez à bien retirer le scotch de masquage le jour même ! Sinon gare aux galères ;)
La ligne jaunâtre (entre les vestiges de peinture noire et le traitement époxy blanc immaculé) a jauni à cause de la colle du scotch de protection. White Spirit, Acétone, SP95, tout a été inefficace !
J'ai ensuite utilisé le "décolle étiquettes Starwax" et là la colle a commencé à boulocher et j'ai pu la gratter à la spatule peu à peu. Mais la bande est restée jaunâtre => le gelcoat a dû absorber de la colle...À voir avec le temps si, au fur et à mesure des navigations, cela va partir.
Au final, après quelques mois, j'ai repassé un produit décapant de carrosserie et, peu à peu, j'ai récupéré ma coque en retirant la colle.