Après une petite pesée sur la bascule pour s'assurer de notre charge, nous prenons la route sous la pluie et avec des fortes rafales. La vitesse est en diminuée, mais l'objectif reste droit devant nous : l'Espagne.
Préparation, matage et mise à l'eau des bateaux grâce à un Français qui a son voilier dans le port et qui, en plus de nous servir d'interprète, ne gâche rien en étant d'une franche amabilité. Encore Merci Philippe !
Après environ 16 heures de traversée avec une animation "Dauphins" en journée, nous voila enfin arrivés. La température n'est pas digne de nos fantasmes : bonnet et veste de quart une bonne partie de la traversée.
Une fois arrivés (de nuit), encore nous faut-il trouver une place dans ce port assez grand avec des bouées partout dont la plupart sont évidemment interdites, car appartenant à des clubs privés. Elles sont faciles à reconnaître : dès que vous vous en approchez, un semi-rigide fonce vers vous pour vous inviter à gentiment aller trouver une place ailleurs.
Avec nos petits bateaux, c'est quand même assez aisé de trouver des places. Mais on sent dès le début que ce sera un enjeu tout au long du parcours cette histoire de place.
Première vision au matin de San Antonin de Portmany : pas de quoi révolutionner les cartes postales.
A bâbord du béton...
A tribord du béton...
Et au milieu un Breton !
A gauche, anecdote : j'ai amarré le voilier sur une bouée le temps d'aller visiter. La bouée n'était pas attachée... sa chaîne était juste coincée entre deux cailloux. Un miracle que le bateau soit resté à nous attendre grâce à une météo clémente.
A droite et en dessous : arrivée des degrés en surnombre ! Oula qu'on a eu chaud à monter à la "Torres Des Molard" au port de Saint miguel.
D'ailleurs, Guéna en T-shirt c'est généralement signe de réchauffement climatique apocalyptique ;)
Ce bleu méditerranéen ! Vraiment significatif.
Grottes magnifiques au demeurant. Géologie impressionnante et atmosphère que l'on aimerait authentique. Le tout gâché par une artificialisation éhontée du lieux :
apports d'eau extérieure réguliers pour maintenir le niveau des bassins ;
Adduction d'un produit qui permet de rendre l'eau fluo sous les éclairages UV artificiels ;
cascade 100% "made in Human" (qui se déclenche avec interrupteur sur demande) et musique cacophonique avec effets de lumière projetés sur le mur d'eau. Magnifique dans une boite de nuit, mais au fond des grottes...
Y'en a même qui prennent ça en photos ! Sérieux ?! => "Viens chez moi, j'ai des spots et un tuyau d'eau !"
guide en mode "répétage par cœur forcé" tout du long, mais bon, ce n'est pas directement lié aux grottes.
Mais de tout cela que faut-il retenir ? Une sortie entre amis ! Et un de plus dans la besace à souvenirs ! C'est ça le plus important non ?
Ca vend du rêve hein ?!
Bon, y'a du mieux ! Mais ne vous y trompez pas. Dans le fond des criques magnifiques, soit vous ne pourrez pas accéder, car il y'a souvent des plages aménagées et (c'est bien normal), les baigneurs ne permettent pas la cohabitation avec les bateaux à très faible tirant d'eau.
Les fonds sont à protéger, donc il est interdit de jeter l'ancre sur les fonds recouverts d'algues, ce que l'on peut aisément comprendre. Mais cela réduit les possibilités.
Par ailleurs, la météo est assez menaçante, les bras de mer sont assez courts et les vagues peuvent vite rendre un mouillage périlleux si le vent s'oriente mal. La météo menace, nous filons sur le port de San Jordy pour nous y abriter.
Encore une fois, honte à moi, mais je n'ai pris ni photos ni film de notre mésaventure, car je n'ai pas le réflexe.
Pour faire court, nous sommes rentrés nous mettre à l'abri du coup de vent annoncé. En regardant la carte, nous pensions être à l'abri dans le Port de San Jordy. Malheureusement, c'était sans compter que le quai visiteur est situé sur la jetée qui est tournée vers l'entrée du port et donc vers l'extérieur.
Nous ne nous en sommes rendu compte que trop tard lorsque les vagues ont commencé par chahuter gentiment les bateaux présents qui tanguaient en perpendiculaire au quai (puisque amarrés sur pendille). Les taquets souffraient lors de la tension phénoménale que créait chaque vague qui passait sous le bateau. Puis, quelques heures plus tard, il nous fallut aller sur le quai pour retenir le bout dehors qui frappait parfois violemment le quai.
Voyant que rien ne se calmait et que l'ensemble des bateaux présents étaient en difficultés sur ce quai, je décidais d'aller à l'intérieur du port (normalement interdit aux visiteurs et conçu uniquement pour des petits bateaux). Bien m'en a pris, car même à cette place (trouvée in-extremis), ça cognait dur quand même. Les amortisseurs d'amarre étaient en butée et claquaient malgré tout.
La nuit se passa ainsi, entre appréhension de la casse matérielle, surveillance des bateaux autour, sommeil de quelques minutes par-ci par-là...
Au matin, ca soufflait encore et je vis les marins restés sur le quai visiteur qui repoussaient inlassablement leurs bateaux à chaque vague. Avaient-ils fait cela toute la nuit durant ?
En tout cas, une vedette avait explosé sa plage arrière et un voilier avait déformé son balcon avant. Je pense que nous aurions eu du dégât à rester ici cette nuit. Aujourd'hui ça souffle encore, je vais négocier avec la capitainerie pour rester à ma place encore une nuit de plus.
Petite vidéo qui illustre très bien la situation, le soleil en plus ...
Cette fois, nous avons bien regardé la carte et sommes sûrs que ce bras de mer est assez profond et suffisamment bien orienté pour nous protéger. Et victoire : c'est le cas. Bon, nous n'avons pas encore réussi à conjurer la grisaille ni le froid. Mais l'accueil est bon et nous nous sentons à l'abri, c'est déjà merveilleux.
Une fois au mouillage, on allume le chauffage de bord et on prépare la pâte à crèpes !
Une petite pensée pour la très gentille dame du SPAR qui nous a aimablement et très chaleureusement accueilli.
Une bienveillance qui efface toutes nos petites misères.
La polaire, toujours ! Faut pas déconner non plus !
Ah, les fameuses pendilles ! ni pratiques, ni confortables, ni rassurantes ! Mais si nombreuses ;)
Calla Rajada est le dernier port avant de passer définitivement au Nord de Majorque et de longer les belles falaises de son haut relief pour des km.
Par contre c'est un port, qui plus est, un port méditerranéen. Alors la vie nocturne y est fortement présente pour les amateurs de restos et de convivialité sonore !
On s'est (pas) gentiment fait jeter d'un quai vide de tous bateaux mais "privé".
Majorque offre un littoral Nord très découpé et minéral avec des falaises à pic et des paysages impressionnants. Ce fût le meilleur coté je trouve. Très authentique et enfin sauvage, quasiment dépeuplé (toute proportion gardée pour la méditerranée). Je vous laisse découvrir ces quelques photos.
Transparence de l'eau par près de 35 m de fond !
On y dort très bien tant que la météo n'amène pas un vent qui s'engouffre dans la crique y amenant à son tour les vagues. Ce coin de paradis peut vite devenir un enfer par vent de Nord ou Nord-Est.
On glisse dans le sommeil comme on en ressort au réveil : au son des bêlements des chèvres sauvages (qui sont nombreuses par ici). Les sons font échos dans tout le relief. C'est pour le moins atypique en bateau.
Nous étions le seul voilier à l'intérieur du port et ce fût une très belle surprise que de découvrir ce petit village très sympa et vraiment typique. Notre tirant d'eau est un véritable atout une fois de plus, car il y a à peine 1 m sous le bateau.
De belles promenades nous attendent aux alentours de ce petit port. Profitons-en sur deux jours pour maximiser la découverte.
Paysage charmant et traditionnel du sud
Si t'as pas de bouffe, t'es pas intéressant !
Père et fille
Eh oui, la polaire...
Belle baignade avant retour au bateau pour une nuit calme bien méritée puis départ le lendemain pour se préparer à traverser de nouveau vers Ibiza. Minorque se fera encore désirer puisque notre timing ne nous permet pas d'aller la visiter.
Grâce à nos tirants d'eau, encore une fois, nous avons pu accéder à un endroit esseulé et sécure.
La chaleur est revenue sur les derniers jours et les promenades ont été entrecoupées de baignades rafraîchissantes.
Réserve Ornithologique, l'île de Sa Cornilla est vide d'habitants et de touristes le soir après les navettes qui ramènent les derniers visiteurs sur San Antonin de Portmany.
Nous pouvons alors nous approprier l'île entière et nous montons à son point culminant (phare) d'où l'on peut admirer le soleil qui se couche sur une méditerranée féerique. Les couleurs explosent et les oiseaux sont assez nombreux et familièrement curieux pour en être menaçants.
Cette nuit, nous partirons à 04h pour franchir la mer qui nous sépare du port de Borianna. Demain soir à la même heure (21h), nous arriverons à bon port, mais usés par cette traversée qui nous a semblé interminable.
Heureusement, la pluie, la tempête et le vent nous ont rejoints à Borianna : chauffage à fond et machines à laver à la capitainnerie avec douches chaudes pour attendre une météo favorable à la sortie du bateau.
Outre les problèmes d'injection, tout s'est très bien déroulé pour le retour et le soleil était ravi de nous voir revenir ;)
Ce voyage fut le premier périple d'envergure pour l'équipage comme pour le randonneur transportable.
La météo n'a pas été géniale et les îles Baléraes (bien qu'objectivement belles), ont cette empreinte de surpopulation touristique sur la plupart du littoral. Maisons de luxe, yachts exubérants, jet skis à donf, privatisation du trait de côte, etc.
Il y'a des endroits sales et très bétonnés. Le peu de gens que nous avons croisé étaient proportionnellement aussi accueillants ou non qu'ailleurs. En revanche, dans les ports, c'est la foire d'empoigne sur les bouées et places de pontons. Avec un bateau plus gros et un tirant d'eau ordinaire, ça ne doit pas être drôle tous les jours de se trouver une place. L'été n'en parlons même pas.
Toutefois, des perles s'offrent aux détours des petits ports perdus et improbables.
La vie n'est ni chère ni bon marché par rapport à la France. Et, en bateau, l'intérieur des terres reste un mystère. Nous savons que nous avons loupé pas mal de choses en ne pouvant faire ni l'intérieur ni même Minorque. Mais on ne peut pas tout faire... et ce qui est fait, c'est déjà bien.
Sans être sur mon podium, je garde un excellent souvenir de ce périple, car ni blessé ni casse (sauf une déchirure de spi), alors c'est une bonne sortie ! Et des aventures en plus dans la besace à souvenirs ;)
Curiosité du départ : un "homme-algue" qui se débat à la surface au moment de retirer le bateau de l'eau.