Brève description : Le Québec présente des particularités sur le plan sociolinguistique, car la population immigrante au Québec, les Autochtones, les communautés anglophones et la majorité de la population francophone témoignent de la diversité linguistique et culturelle de cette province. À cet égard, ces caractéristiques sociolinguistiques structurent l’intégration et l’accueil des immigrants. Cette diversité culturelle et linguistique du Québec se répercute également en milieu scolaire. À cet égard, l'élaboration d'une politique linguistique est l'une des stratégies de base pour contrôler et maintenir une langue sur un territoire donné.

D'une part, l’éducation est une question politique clé qui est considérée comme un facteur crucial pour assurer la productivité et la compétitivité économiques. En effet, les écoles, en tant qu’outils politiques puissants pour enseigner des langues, jouent un rôle incontournable pour gérer la situation linguistique d'une société. Cela signifie que les gouvernements peuvent jouer un rôle clé pour gérer la diversification linguistique, en adoptant des politiques linguistiques en éducation.

D'autre part, on suppose que les politiques éducatives ont des impacts sur l’ensemble du système éducatif, notamment sur l'expérience des élèves, sur la pratique des intervenants, sur les services qui sont offerts aux élèves et sur la collaboration entre l’école et les familles. Autrement dit, les politiques jouent un rôle central sur ce qui se passe à l'école et ont une influence directe et indirecte sur la réussite éducative des élèves issus de l’immigration.

De plus, il faut noter que la spécificité sociolinguistique et socioculturelle au Québec se varie aussi dans chaque région de cette province. En ce sens que la répartition des immigrants dans les régions différentes influence la diversité culturelle et linguistique dans chaque région de cette province. Par exemple, le nombre des immigrants qui s'installent dans une ville comme Montréal est beaucoup plus élevé qu'une ville comme Trois-Rivières. À cet égard, on suppose que les centres de service scolaire dans les régions différentes pour l'adaptation des politiques linguistiques prennent en compte cette variation. Par conséquent, selon le contexte, l’incidence des politiques linguistiques sur les élèves issus de l’immigration est différente.

À la lumière de ces considérations, mon projet vise principalement à analyser les politiques linguistiques de centres de services scolaires. En effet, sachant que les politiques éducatives peuvent affecter la réussite éducative et l’intégration des élèves issus de l'immigration, nous essayons de trouver une réponse scientifique pour la question suivante : « quelle est l'incidence des politiques linguistiques de divers centres de services scolaires sur la réussite éducative des élèves issus de l’immigration ? ».

Dans cette perspective, le but de cette recherche est de comprendre de quelle manière les administrations scolaires conçoivent les politiques linguistiques et les appliquent au niveau institutionnel et leur influence sur la réussite éducative et l’intégration des élèves issus de l’immigration. Selon nous, une telle étude permettrait de dégager des pistes de travail novatrices pour aider les administrations scolaires à améliorer la mise en œuvre des politiques linguistiques du Québec.

Justification de l'axe :

Je souhaiterais de m'inscrire dans l'axe un, questionnements géopolitiques: territoire, centre-périphérie et diversité située, car mon projet de thèse est étroitement lié avec cet axe.

En effet, la thématique de cet axe repose particulièrement sur l’analyse des rapports de pouvoir en éducation à partir d’une entrée territoriale, ce que mon projet de thèse se propose de faire. Par conséquent, m’inscrire dans cet axe peut m'aider à approfondir mes réflexions sur ce sujet afin de les prendre en compte pour structurer mon projet de thèse.

En effet, pour l'adaptation d'une politique éducative et linguistique, le contexte peut jouer un rôle crucial. Vu la variation du nombre des élèves issus de l'immigration dans les régions différentes au Québec, la façon d'implantation des politiques est différente. Par exemple, si on compare la politique linguistique du CSS de Laval avec celle de Chemin-du-Roy, on comprendra que le plurilinguisme est moins légitime dans la politique linguistique du CSS du Chemin-du-Roy que celle de CSS Laval. Donc le rapport territorial et régional prend l'importance pour analyser des politiques éducative et linguistique. Pour cela, les questions qui se posent dans cet axe ciblent particulièrement l'intérêt de mon projet telles que «Comment penser les relations entre éducation et territoire?», «Comment la recherche peut-elle contribuer à reconnaître le caractère situé de la diversité et des inégalités sur lesquelles elle se penche?» ou bien «Comment les modèles de gestion en éducation considèrent-ils les spécificités territoriales et le rapport école-communauté?»

Brève description : Les migrations sur le plan international restent encore de nos jours un phénomène majeur de société et ont fait l´objet de plusieurs recherches en sciences sociales dans différents domaines d´études. Selon le (HCR, 2019), on estime que 272 millions de personnes dans le monde sont considérées comme des migrants internationaux. Parmi eux, on compte environ 26,4 millions de réfugiés, dont près de la moitié ont moins de 18 ans. En 2022, ce nombre de réfugies est beaucoup plus élevé suite au conflit dans l'espace européen entre la Russie et l´Ukraine. Cependant, le continent africain, en particulier le Mali, situé dans la zone sahelo-saharienne, est l’un des pays les plus touchés par le phénomène migratoire en raison de l'instabilité politique, des conflits intercommunautaires et du terrorisme dans ses territoires (HCR, 2021). En outre, la diversification des trajectoires migratoires, où les mouvements sud-sud s'ajoutent aux mouvements sud-nord, génère des défis particuliers concernant l'intégration des réfugiés dans les sociétés d'accueil (UNICEF, 2018). Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OEA, OIM, 2016, p. 11), les trajectoires migratoires se diversifient de plus en plus, la migration des émigrants en provenance de l´Afrique vers l'Amérique du Sud a augmenté de 35 % entre 2000 et 2013.

De plus, plusieurs études réalisées dans les sociétés d’établissement des réfugiés soulignent les obstacles vécus par ces derniers (Bertot et Jacob, 1991; TRCI, 2007). Selon Papazian-Zohrabian (2016), les enjeux liés aux trajectoires et aux défis de l'intégration des migrants au Québec ont également des répercussions sur les expériences socio-académiques des élèves réfugiés. D'où notre question de recherche: Comment l’expérience socioscolaire d’élèves réfugiés du Mali pendant leur trajectoire périmigratoire au Brésil influence leur expérience scolaire au Québec? Pour répondre à cette question, nous nous sommes fixé deux objectifs spécifiques: d´une part, décrire les effets éducatifs de la trajectoire périmigratoire au Brésil d'élèves réfugiés maliens. D'autre part d'identifier les liens que les élèves réfugiés maliens construisent entre leurs trajectoires migratoires et leurs expériences scolaires au Québec. Puis l'analyse sera basée sur la pensée décoloniale à partir du cadre théorique et méthodologique de la pensée phénoménologique de Frantz Fanon (1925-1961). Dans une approche qualitative, nous utiliserons des auteurs issus des peuples subalternes d'Afrique, d'Amérique et des Caraïbes comme; Dussel, E ; Mignolo, W ; Grosfoguel, R ; Maldonado-T, N ; Santos, M ; Lewis R., G ; Krenak, A ; Nilma Lino, G ; Santos, B ; Mbemba, A ; Diop, C.A; et bien d'autres.

En ce sens, pour la mise en œuvre de la méthodologie, nous tiendrons des conversations en langue maternelle bambara ( du Mali) avec des élèves réfugiés maliens noirs en suivant les prémisses de la méthode freirienne des "Rodas de Cultura", "Cercles de Culture" (Freire, 1967).Cette approche est utilisée par Paulo Freire dans les processus d'éducation populaire parmi les peuples opprimés au Bresil, où il cherche à valoriser l'oralité des sujets qui participent à des rondes qui, avec leur participation, partagent des expériences uniques et les réalités sur leur vie quotidienne.

Justification de l'axe : Notre étude, qui traite des récits d'élèves noirs réfugiés du Mali quant à leur expérience socio scolaire durant leur trajectoire péri-migratoire au Brésil, nous permettra d’interroger les notions de dé- et reterritorialisation au sein de frontières coloniales et géopolitiques dans un contexte de diversification des trajectoires migratoires Sud-Sud et Sud-Nord sur le plan international. En effet, au Québec la majorité des études sur les migrations ont porté sur la période post migratoire, c’est-à-dire la période où les immigrants sont à l'intérieur du territoire d’établissement final. En éducation, ces études portent principalement sur les politiques éducatives d'intégration des élèves nouveaux arrivant au système scolaire québécois et se penchent sur la dimension linguistique de l’intégration, soit l’apprentissage du français, langue de scolarisation. Toutefois, certaines d’entre elles, comme celle menée au Québec par Papazian-Zohrabian (2016), avancent que les enjeux liés aux trajectoires migratoires et les défis de l'intégration des migrants au Québec au-delà de la question linguistique ont également des répercussions sur les expériences socio-scolaires des élèves réfugiés.

Ainsi, selon notre recension d’écrits, peu d'études se sont intéressées à la trajectoire migratoire en amont de l'arrivée dans le territoire de destination afin de mieux comprendre les effets de celle-ci sur les expériences dans cette société d’établissement.

Notre étude qui se basera sur des récits de vie d'élèves réfugiés noirs maliens pendant la période périmigratoire au Brésil permettra de décrire leurs expériences socio scolaires pour enrichir les politiques publiques éducatives dans les divers territoires de leur trajectoire de migration. De plus, nous tenterons d'analyser comment ces élèves réfugiés du Mali mobilisent leurs identités ethnoculturelles et raciales dans l'environnement socio-scolaire brésilien et quels liens ils établissent entre ces expériences socioscolaires et leur projet d’immigrer au Canada.

Brève description : Cette étude présente les données de départ d'une recherche en cours sur la diaspora d'enfants Warao, peuple autochtone d'origine vénézuélienne, en situation de refuge avec leurs familles dans la municipalité de Nova Iguaçu, Baixada Fluminense, Rio de Janeiro. Quelques questions initiales : quelle est la conception de l'enfant et l'importance de l'école pour le peuple autochtone Warao ? Comment s'est déroulé le voyage de ces familles jusqu'au territoire qui les reçoit ? Existe-t-il des politiques publiques d'accompagnement de ces sujets ?

Dans le but de traverser les fleuves qui tentent de faire taire leurs voix, nous cherchons à reconnaître la place de l'enfant dans ce territoire et à connaître la production de connaissances liée aux études migratoires, au refuge, à l'identité autochtone, à l'intersectionnalité et à la colonialité du savoir, en nous focalisant sur les enfants. Nous entendons ainsi réaliser une étude de cas pour identifier les marqueurs de différence (plus ou moins mobilisés) pour la garantie de leur droit à l'éducation. Il s'agit également de comprendre le regard que les familles et l'école portent sur les enfants/enfances, et celui que ces derniers portent sur eux-mêmes et sur les autres.

Ce projet de recherche vise à enregistrer et proposer une analyse, une compréhension et une réflexion sur le processus d'accueil et de réponse aux besoins des enfants autochtones en situation de refuge et de leurs familles dans une école municipale de Nova Iguaçu, Baixada Fluminense, dans l'État de Rio de Janeiro.

Pour ce faire, nous avons organisé le travail en différentes étapes, à savoir : l'examen de publications, l'analyse documentaire et le travail de terrain. Il convient de mentionner que je chercherai un équilibre entre la fonction de professionnelle de l'éducation dans le réseau d'écoles en question et celle de chercheuse, à travers une recherche interventionnelle.

En ce qui concerne le travail de terrain, nous avons l'intention d'écouter les récits des enfants dans des ateliers pédagogiques et de discuter avec la famille Warao et les professionnels de l'éducation impliqués dans cet accueil.

Nous espérons, dans le déroulement de la recherche, pouvoir proposer une formation enseignante de courte durée aux professionnels de l'éducation de l'école et de son réseau sur le thème des autochtones et des réfugiés afin d'élargir le débat et les connaissances de ces professionnels qui, en reproduisant un modèle d'éducation eurocentrique, rendent parfois ces enfants invisibles par l'universalisation du savoir et l'imposition d'une seule façon de produire des connaissances.

Cette recherche part d'une perspective théorico-méthodologique englobant la diaspora et la production de différences (Hall, 2003 ; 2006), l'interculturalité critique et décoloniale (Walsh, 2019), des conceptions de l'enfance et de l'enfant (Kramer, 2013), les enfants déplacés et le territoire (Lopes ; Motta, 2021) l'importance d'une perspective intersectionnelle lors du travail avec les familles en situation de refuge (Mendes ; Russo ; Dias, 2020 ; Russo, Mendes et Marcelino, 2021) et le concept de colonialité de la connaissance (Mignolo, 2005) qui nous aidera à réfléchir sur la hiérarchisation du savoir présente dans le contexte scolaire.

Dans ce séminaire, nous souhaitons partager des informations sur le profil culturel et linguistique des familles et des enfants Warao, les aspects généraux du territoire où ils sont actuellement insérés et présenter quelques réflexions théoriques qui apparaissent au moment initial de cette étude.

Justification de l'axe : Ce projet de recherche est en dialogue avec l'axe 1 car il traite de la diaspora d'un peuple indigène originaire d'un pays périphérique d'Amérique du Sud porteur de marqueurs de différence qui doivent être considérés de manière intersectionnelle. Pendant le séminaire, nous tâcherons de connaître d'autres recherches portant sur des débats similaires relatifs à l'immigration et à l'éducation, dans le but de remettre en discussion la relation géopolitique hiérarchique entre les pays du Nord Global (producteurs de savoirs dits « universels » et validés par l'académie) et ceux du Sud Global, nous. Repenser le territoire et la diversité présente dans chaque contexte et le débat sur les politiques éducatives dans une perspective inclusive et de défense des droits peut apporter beaucoup à ma recherche qui discute de la reproduction coloniale dans les pratiques éducatives de l'école en question, et dans le processus de construction du savoir.

Brève description : Ce projet de recherche est né de l'écoute et de l'observation du quotidien d'une éducatrice en contact avec des jeunes du peuple Pankará, dans le Nord-Est du Brésil. Ceux-ci doivent quitter leur territoire pour poursuivre leur scolarité. La fréquentation de ce nouvel espace provoque des sentiments contradictoires : la satisfaction et le malaise.

La satisfaction révèle le désir qui commençait à se concrétiser - la possibilité de poursuivre des études ; et le malaise qui provoque aussi une souffrance due à la perception d'une rupture, d'une mise à distance de ce qui était l'expérience d'apprentissage et d'enseignement dans leurs territoires.

Cette recherche est guidée par l'objectif initial de (re)connaître les savoirs expérientiels des enseignants de Pankará et leur relation avec le processus de construction du curriculum dans un parcours d'(auto)formation. Ce processus met en évidence la reconnaissance du droit des peuples indigènes à mettre en oeuvre leur culture, leurs rites, leurs rituels et leurs langues maternelles à l'école, ainsi qu'à choisir/construire et mettre en pratique leurs propres processus d'apprentissage. Ainsi, les pratiques culturelles, les langues, les croyances et les traditions sont préservées.

Tout un processus de luttes et conquêtes nous révèle également une éducation riche en contextes, en histoires de vie, en constructions identitaires et en appartenance qui entrent en conflit - personnel et collectif - lorsque ces personnes quittent leur lieu de production d'existence humaine et sont confrontées - bien souvent - à des pratiques qui nient et excluent leur culture, leur mode de vie et leur existence.

Ainsi, lorsqu'on parle d'éducation scolaire indigène, il est nécessaire de mettre en évidence le débat pédagogique - essentiellement lié aux modes particuliers de construction du savoir. La réflexion sur les épistémologies est tout aussi nécessaire pour comprendre les questions conceptuelles qui se posent. Notre société est diverse et c'est pour cette raison même qu'il est nécessaire de prendre en compte ses spécificités, sous peine de voir l'école traiter les différents comme des égaux - les emprisonnant et les rendant invisibles.

Dans cette recherche nous avons fait le choix méthodologique de l'ethno-recherche-formation, de nature qualitative, une démarche qui favorisera une (auto)réflexion critique et accueillante, à partir de l'écoute et de la valorisation du lieu de parole de toutes les personnes impliquées dans et par le processus d'(auto)formation.

Justification de l'axe : Nous espérons avec cette étude dégager des pistes qui seront mises à disposition et discutées collectivement avec les écoles non indigènes qui accueillent néanmoins des élèves indigènes dans la région du Sertão d’Itaparica.

J'enseigne depuis plus de 15 ans, et la présence d'apprenants indigènes est source d’inquiétude et de réflexion quant aux programmes d'études :

1) Comment rompre avec l'idée du curriculum comme une liste de contenus placés dans des sommaires de manuels scolaires ?

2) Comment concevoir un curriculum capable de dialoguer avec les exigences sociales/locales - dans lesquelles l'école est insérée, en respectant, par conséquent, le mode de vie et l'existence humaine des gens, leurs coutumes et leur culture ?

3) Comment envisager/assurer dans le curriculum un savoir vivant humanisé et significatif, capable de donner du pouvoir aux sujets qu'il touche - surtout quand ils quittent leur territoire identitaire ?

Le contact avec un public aussi spécifique - les indigènes - traditionnellement, culturellement et historiquement exclus et/ou marginalisés dans le processus éducatif, a fini par éveiller et motiver l'étude de leurs spécificités qui parfois les font se sentir "étrangers" dans ces nouveaux environnements d'étude, précisément à cause des erreurs dans l'organisation de leurs curriculums respectifs, qui laissent de côté les caractéristiques de leur public, sans considération ni dialogue avec la réalité dans laquelle ils s’inscrivent.

Pour cela, le concept de curriculum sera abordé au-delà des contenus disciplinaires et scolaires. Il s'agira d'amener une discussion sur cet important élément d'articulation du processus d'enseignement et d'apprentissage, en tant qu'instrument politique et pédagogique d’émancipation des sujets.