Lundi 23 août

Thématique de la journée : Identités plurielles des personnes qui font de la recherche: (re)connaissance et appropriation dans le monde académique ?



8h10 QC

Mot de bienvenue

  • Hannatou Hassane Ousmane et Sylvain Pinet (Bureau des relations internationales, UQTR)

  • Audrey Groleau (Département des sciences de l'éducation, UQTR)

  • Comité scientifique (Kelly Russo (UERJ), Monica Rahme (UFMG), Marcelo Silva de Souza Ribeiro (UNIVASF), Corina Borri-Anadon (UQTR) et Gustavo Bruno Bicalho Gonçalves (UFSB)


10h30 QC


Table-ronde « Posture du.de la chercheur.e : entre reconnaissance et appropriation »

Tya Collins (UdeM) et Sara Wagner York (UERJ)

D’un côté, en définissant son travail autour de marqueurs spécifiques de la diversité, le.la chercheur.e court le risque de rendre visibles certaines catégories de la diversité et, par le fait même, de les réifier. Cette réification peut mener à l’essentialisation de certains groupes, et, par extension, à occulter la complexité inhérente de la diversité. D’un autre côté, le.la chercheur.e, peut, consciemment ou non, invisibiliser ces marqueurs, risquant ainsi de taire les voix des groupes minorisés. Gommer les différences, les besoins, les réalités, les expériences et les ressources particulières des acteurs.trices est d’autant plus susceptible de les homogénéiser et, par là, de camoufler des rapports de force. Au vu de cette tension réification/invisibilisation, comment la reconnaitre, voire la dépasser ? Comment sont mobilisées les identités (toujours) plurielles des chercheur.e.s ? Quels sont les enjeux liés à l’usage des catégories de la diversité en recherche ? Quels sont les dispositifs ou les approches en recherche qui permettent d’éviter l'appropriation ou l’instrumentalisation de ces voix ? Comment reconnaitre et agir face à ces rapports de force?


12h30 QC


Pause-repas


Séminaire de recherche : présentation des projets des participants


13h40 QC

Les mobilisations construites par une Collective de femmes noires de Belo Horizonte pour une éducation antiraciste


Tatiana Neves da Silva (UFMG)

La recherche proposée cherche à identifier et à analyser les stratégies construites par une collective de femmes noires de Belo Horizonte, en vue d’une éducation antiraciste. Dans cette étude, l’éducation est comprise de façon large : éducation pour les (ré)existences, contre toutes les formes d’oppression et de musellement. Il s’agit pour nous de souligner l’impact de l’activité de femmes noires dans des moments singuliers de la lutte antiraciste, celle-ci nécessitant encore un approfondissement de la part des divers domaines de recherche. Le choix d’une collective de femmes noires en tant que protagonistes de l’étude est ici justifié par la pertinence de leur rôle dans les luttes pour les droits au long des décennies. En ce sens, selon Sueli Carneiro (2003), la puissance du protagonisme des femmes noires a été dans un premier moment motivée par le désir de liberté, par la récupération de l’humanité niée par l’esclavage. Par la suite, ce protagonisme a été ponctué par l’émergence d’organisations de femmes noires et par leurs articulations à l’échelle nationale. Ces mobilisations dévoilent de nouveaux scénarios et de nouvelles perspectives pour les femmes noires, dans l’effort de corriger des pertes historiques. Les objectifs spécifiques de la recherche sont alors : de connaître la trajectoire des femmes faisant partie de cette collective ; d’analyser l’organisation de cette collective de femmes noires et ses ordres de mobilisation; de comprendre la manière dont les actions de cette collective se répercutent à l’intérieur et à l’extérieur de l’espace dans lequel elles s’inscrivent. Pour ce faire, l’approche méthodologique sera centrée sur les sujettes de la recherche à partir de procédés ethnographiques, à savoir, l’observation participante. En ce sens, on prendra pour sources de données, les enregistrements vidéo, les photographies, les annotations du carnet d’observations et des entretiens non-directifs avec les sujettes. Selon Grada Kilomba (2019), les entretiens non-directifs sont fondés sur les biographies des sujettes d’une étude donnée. Dans l’entretien non-directif, la chercheuse dresse une liste de thèmes qui l’aident dans la recherche de réponses aux objectifs de l’étude. Les sujettes s’expriment à partir de ces thèmes avec un minimum d’intervention de la part de la chercheuse. Les procédés de l’ethnographie seront utilisés, car selon les théoriciens dont les recherches sont au fondement de cette étude, l’ethnographie ramène les sujets de la recherche au texte, dans leurs processus d’interaction et de socialisation, à travers lesquels ils produisent leur propre réalité. Cela rend visible des aspects qui pourraient passer inaperçus dans d’autres approches méthodologiques. L’observation participante sera utilisée car elle permet de se rapprocher des actions sociales engendrées par la collective et du quotidien vécu dans ce mouvement social. Le but est de favoriser un engagement prolongé avec les femmes de cette étude, ce qui inclut la réflexion, l’écoute, l’observation et la relation entretenue avec elles. Il faut également « une attitude de vigilance constante de la part du chercheur afin de ne pas imposer ses points de vue, ses croyances et ses préjugés » (André, 2005, p. 26) Les observations seront consignées dans un carnet d’observations, ce qui permettra la mise en contexte des actions sociales observées. La photographie et l’enregistrement vidéo seront utilisés comme outils de recherche car ils permettent d’obtenir, de manière systématique, des données relatives aux actions d’interaction et à l’organisation de la collectifve Dans cette recherche, les femmes noires sont considérées comme les protagonistes. L’intention est de capter les différentes façons de s’organiser qu’ont ces femmes noires : les rencontres, les actions, les manières de penser, afin de connaître leurs parcours et leurs stratégies de mobilisation et de production de savoirs, en vue d’une éducation antiraciste. Un dialogue sera alors établi avec les études décoloniales qui impliquent de prendre comme point de départ la déshumanisation pour considérer les luttes des peuples historiquement subalternisés par l’existence, afin de construire d’autres façons de vivre, de pouvoir et de savoir. Dans le discours colonial, le corps colonisé a été perçu comme un corps dépourvu de volonté, de subjectivité, prêt à servir et sans voix (hooks, 1995). Des corps dépourvus d’âme, par lesquels l’homme colonisé a été réduit à de la main d’oeuvre et la femme colonisée, à un objet d’une économie du plaisir et du désir. Par la raison coloniale, le corps du sujet colonisé s’est vu figé dans un certain nombre d’identités. La décolonialité consiste alors à rendre visibles les luttes contre la colonialité à partir des personnes, de leurs pratiques sociales, épistémiques et politiques. La décolonialité représente ainsi une stratégie allant au-delà de la transformation de la décolonisation, c’est-à-dire qu’elle suppose également la construction et la création. Son but est la reconstruction radicale de l’être, du pouvoir et du savoir. De ce fait, l’étayage théorique sera dirigé vers la compréhension des sujettes de la collective en question et des concepts qui entourent sa constitution, tels que : identité noire, race, ethnie, racisme, antiracisme et mouvement de femmes noires au Brésil.


Références

CARNEIRO, Aparecida Sueli. Mulheres em movimento. Revista Estudos Avançados, v. 17, n. 49, p. 117-132, 2003. Disponível em: <https://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0103-40142003000300008>. Acesso em: 24 de jul. de 2020.

COLLINS, Patrícia Hill. Pensamento Feminista Negro: conhecimento, consciência e a política do empoderamento. São Paulo: Boitempo,2019.

GOMES, Nilma Lino. O Movimento Negro educador: saberes construídos nas lutas por emancipação. – Petrópolis, RJ: Vozes, 2019.

HOOKS, bell. Intelectuais negras. Estudos Feministas, v. 3, n. 2, p. 464-469, 1995.

KILOMBA, Grada. Memórias da plantação: episódios de racismo cotidiano. Rio de Janeiro: Cobogá, 2019


14h QC

Éducation et participation de la femme dans le mouvement syndical : une approche intersectionnelle de genre, de race et de classe

Gilene Pinheiro da Silva Mendes (UFSB)

Problématique : La recherche contient des réflexions intersectionnelles sur la conquête d’un espace délibératif par les représentations syndicales féminines. Elle analyse des luttes féministes du mouvement syndical brésilien et se concentre sur l’éducation comme facteur central de l’agenda féministe et syndical. Elle évoque des aspects historiques de la lutte syndicale et les oppressions qui s’exercent sur les questions de genre, de race et de classe sociale.


Cadre théorique : Je pars des fondements de la recherche participante défendue par Brandão (1984), dans laquelle la collaboration entre les individus, les groupes et les collectivités, avec leurs expériences personnelles et collectives, soutient des analyses, des contrastes et des vérifications. Dans la recherche, je me situe en tant que femme noire et syndicaliste, membre de la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) et du Syndicat des Travailleurs des Industries de la Cellulose et du Papier (SINDICELPA), de l’état de Bahia. J’y assume, respectivement, les fonctions de Secrétaire dans la lutte contre le racisme et de Secrétaire générale, en articulant expérience et recherche, avec l’intersectionnalité comme outil analytique, afin d’analyser l’intersection de multiples formes d’oppression, comme le racisme, le sexisme et le classisme et leurs prédominances dans les processus de domination, d’oppression et d’exploitation de femmes noires.


Le thème du syndicalisme est intimement lié à d’autres problématiques importantes, telles que la dimension historique et raciale de l’exclusion sociale au Brésil et l’oppression à laquelle fait face la femme occidentale depuis la modernité. En effet, Silvia Federici (2017) permet de structurer la condition de la femme dans le développement du système patriarcal, dans l’émergence du capitalisme et dans la division du travail en fonction du sexe, par sa force de (re)production. Mobilisant ce qui précède dans le contexte du syndicalisme brésilien, Paola Capellin (1994), qui privilégie la perspective du genre en philosophie et dans la pratique syndicale, est un jalon pour comprendre la dimension sexuelle du travail. La perspective intersectionnelle, par une classification rigoureuse de la réalité sociale brésilienne, permet de mesurer la complexité du monde dans les personnes et dans les expériences humaines (Collins et Bilge, 2021), ce qui donne de la visibilité aux actrices sociales présentes dans les lieux sociaux de suffocation. Au Brésil, les femmes noires occupent de tels espaces depuis très longtemps, de telle sorte que des interprétations isolées du racisme et du sexisme, par exemple, rendent invisibles les interfaces de la névrose culturelle brésilienne, comme le montre Lélia Gonzalez (1983).


Méthodologie et résultats préliminaires : Les stratégies méthodologiques adoptées sont les suivantes: recension bibliographique, collecte d’indicateurs sociaux et analyse de documents produits dans le syndicat, comme des procès-verbaux et compte-rendus. Mon objectif est d’analyser le processus de consolidation et de mise en œuvre des quotas et de la parité dans la CUT. Le but est de trouver de possibles contradictions entre la loi et son implantation dans la réalité. Étant donné qu’un des acquis de la trajectoire des luttes féministes dans le milieu syndical a été la mise en place d’un quota de 30% de femmes dans la direction des centrales et des institutions organiques, j’identifie un conflit autour des espaces de délibération, dont le résultat se traduit par l’intensification de l’exclusion des femmes dans le domaine de la politique syndicale.


Un autre élément méthodologique consiste à organiser des ateliers avec des femmes du Sud de l’état de Bahia, afin de développer des pratiques éducatives, participatives et démocratiques favorisant la production de connaissances nouvelles et la prise de conscience du caractère intersectionnel des oppressions qui touchent les femmes dans l’espace syndical. Des questionnaires seront également proposés aux travailleuses de la base syndicale et de la direction, afin d’identifier leurs perceptions sur l’oppression et l’exclusion des femmes dans ces deux espaces liés : l’environnement de travail et le mouvement syndical.


Les activités déjà menées dans le cadre de la recherche permettent de constater qu’appréhendées de manière intersectionnelle, les multiples oppressions constituent des défis aigus à la représentation féminine dans la lutte syndicale, mais que ces défis sont néanmoins susceptibles d’être surmontés par des pratiques éducatives d’émancipation.


D’un point de vue intersectionnel, les connexions entre les analyses des théoriciennes utilisées, Collins et Bilge (2021), pour la société brésilienne, Cappelin (1994) pour l’espace syndical, Gonzalez (1983), pour la structure raciale, constituent un cadre d’interprétation et de compréhension des multiples oppressions subies par les femmes dans l’espace syndical.


Références

BRANDÃO, Carlos Rodrigues (Org.). Repensando a pesquisa participante. São Paulo: Brasiliense, 1984.

CAPPELLIN, Paola. Viver o sindicalismo no feminino. Estudos Feministas, p. 271-290, 1994.

COLLINS, Patricia Hill; BILGE, Sirma. Interseccionalidade. Boitempo Editorial, 2021.

FEDERICI, Silvia. Calibã e a bruxa. São Paulo: Editora Elefante, 2017.

GONZALEZ, Lélia. Racismo e sexismo na cultura Brasileña. Silva, Luiz Antonio. Movimentos sociais urbanos, minorias étnicas e outros estudos. ANPOCS. Brasília, 1983.



14h20 QC

La violence dans le quotidien scolaire : élaboration de politiques de lutte dans le réseau éducatif municipal de duque de caxias - RJ

Thayse Sena Gonçalves Negreiros (UERJ)

Contexte de l’étude : Le Brésil a signé divers traités internationaux et s’est ainsi engagé dans des thèmes transversaux susceptibles de garantir une plus grande équité sociale et un affermissement de la lutte contre différentes formes de violence et de racisme sur son territoire. Cependant, malgré les engagements pris ces dernières années, la perspective des droits de l’homme a connu beaucoup de reculs et de revers. La pandémie tend à aggraver cette situation.

La violence sexuelle n’est pas seulement une question de santé publique : il s’agit d’une atteinte au droit humain à un développement sexuel sain et elle doit être combattue quotidiennement. Antônio Carlos de Oliveira (2004) souligne, à propos de la violence contre les enfants et les adolescents, l’importance d’une approche préventive et propose la mise en place de réseaux intersectoriels qui puissent offrir accueil et soutien aux enfants victimes de cette situation.

Nous sommes d’avis qu’il est extrêmement important de développer, à la charnière entre les domaines de la santé et de l’éducation, un plus grand nombre de recherches sur la réalité de la violence sexuelle dans le quotidien des enfants brésiliens, ainsi que des études relatives à la formation de professionnels de l’éducation plus informés et sensibles à ce problème.

Objectif général : Examiner la manière dont la violence sexuelle a des effets sur le contexte scolaire et sur l’apprentissage des enfants et des adolescents de l’éducation de base de la ville de Duque de Caxias, dans la région de la Baixada Fluminense, Rio de Janeiro / Brésil.

Objectifs spécifiques :

- cartographier, de manière quantitative, les cas de violence sexuelle ayant un impact direct sur le quotidien scolaire des enfants et des adolescents de l’éducation de base ;

- analyser et qualifier la manière dont la violence sexuelle contre les enfants et les adolescents est perpétrée au sein des familles ;

- documenter les histoires que les enfants et les adolescents partagent avec les professionnels de l’éducation et leurs camarades de classe ;

- observer leurs comportements et leurs attitudes ;

- contribuer à la mise en place de politiques publiques intersectorielles dans le combat contre la violence sexuelle dans la commune de Duque de Caxias.


MÉTHODOLOGIE

Notre étude s’inspire de l’ethnographie en raison de l’affinité fondamentale qu’elle a, selon nous, avec le terrain de recherche. Il s’agit pour nous de mettre en place des cercles de parole entre enfants et adolescents de l’école publique et des responsables et employés de ces écoles, dans le but d’identifier l’impact de la violence dans le quotidien scolaire. Il s’agira d’identifier, de manière plus consistante, comment la violence produit des effets sur les relations de ces sujets à l’intérieur de l’école. Nous incluons également, comme outil pour la collecte des données, la réalisation d’entrevues semi-structurées avec des directrices, des orienteuses pédagogiques, des éducatrices et des enseignantes. Les informations seront systématisées et, une fois le corpus analytique défini, nous établirons les catégories pertinentes pour une analyse thématique du matériel empirique.


Principaux appuis théoriques

Lúcio Izidro et Jane Felipe (2008) apportent leur contribution à cette réflexion en reliant le débat sur le genre à la perspective des études sur l’enfance : « Dans bien des cas, ces individus (les agresseurs) le font parce qu’ils en ont l’opportunité. Partant du principe que le corps de l’enfant peut être utilisé à leur service, ils profitent de sa fragilité pour l’obtention de faveurs sexuelles » (Izidro et Felipe, 2008, p. 23).

Une autre référence importante sera Judith Butler et son questionnement : « Quelles vies comptent ? » (Butler, 2015). Quelles enfances et adolescences comptent vraiment ? Le principe de protection intégrale s’applique-t-il vraiment à tous/toutes au Brésil ? Quel est le rôle des écoles et des professionnels de l’éducation dans la mise en place de réseaux de soutien pour la défense des droits de l’enfant et de l’adolescent ?

Au Brésil, les inégalités sociales, économiques et culturelles semblent favoriser une certaine naturalisation des violences commises contre les corps des enfants noirs et issus de la périphérie. Comme l’affirme Amaro (2007) : « La violence est quelque chose d’abominable pour toute personne, dans toute société. Pourtant, l’idée selon laquelle la violence subie par certains groupes sociaux est acceptable paraît être naturalisée. » (p. 5)

En ce sens, le concept d’intersectionnalité sera important dans la mesure où les entrecroisements entre classe, genre et race indiquent une plus grande fragilité de certains groupes sociaux. De plus, celui d’interculturalité, qui implique la nécessité d’une compréhension des spécificités de chaque territoire, de la région où se situe l’établissement scolaire, permettra de constituer des réseaux de soutien qui puissent impliquer des professionnels de la santé, de l’éducation et de l’assistance sociale dans la défense des droits de l’enfant.


Références

AMARO, Ivan. Para discutir (ainda mais) gênero e sexualidade na escola: Políticas e práticas de resistências. (UERJ. Revista Periferia: Educação, Cultura e Comunicação. V.9, nº2, 2017.)

BUTLER, Judith. Quadro de Guerra. Quando a vida é passível de luto? Rio de Janeiro, Editora Civilização Brasileira, 2015.

FOULCAULT, Michel. História da Sexualidade-Vontade de Saber. Relógio D’Agua. Editores Lisboa, 1994.

FELIPE, Jane, IZIDRO Lúcio, O que precisamos saber sobre pedofilia e pedofilização: aspectos médicos, jurídicos e culturais - A discussão da pedofilia no campo da Educação, Orgs: Jackson Ronie Sá-Silva, Marcos Eduardo Miranda Santos e Yuri Jorge Almeida da Silva, Editoração: Oikos / UEMA, São Leopoldo: Oikos, 2018.

FURNISS, T. Abuso Sexual da Criança: uma abordagem multidisciplinar, Porto Alegre, Artes Médicas, 1993.

OLIVEIRA, Antônio Carlos de. Abuso Sexual de Crianças e Adolescentes. Rio de Janeiro: Nova Pesquisa, 2004. 2ª edição.



14h40 QC

Genre et sexualité dans les formations en pédagogie : tendances, défis et leurs implications dans les pratiques pédagogiques

Roseclair dos Santos Leite Site (UERJ)

Contexte de l’étude : La formation des enseignantes est un objet d’étude et de discussion dans le domaine de l’éducation et du savoir enseignant, avec ses polémiques et ses contradictions qui reflètent des projets et des conceptions diversifiés. Ce domaine est un lieu de luttes, de discussions et de relations de pouvoir en constant mouvement. Au début des années 1970, au Brésil, les recherches se concentraient sur la formation technique des enseignants, ses processus et ses instruments (CANDAU, 1982, 1987). Dans la deuxième partie de la décennie, la perception de l’éducation comme pratique sociale, avec ses dimensions politiques et économiques devient plus apparente. Dans ce deuxième moment, la pratique enseignante cesse d’être perçue de manière purement technique et neutre, pour être envisagée dans une perspective transformatrice.

Dans les années 1980, apparaît une vague d’insatisfaction relative à la situation éducative du pays, tout particulièrement dans le domaine de la formation des enseignants (FELDENS, 1984). Dans le courant des années 1990, l’attention des chercheurs se déplace de la formation de l’enseignant vers la constitution de l’enseignant, alors que dans les années 2000, c’est sur l’identité enseignante, la vie, la parole de l’enseignant, que l’accent sera mis. Durant cette période, on ne voit pas encore émerger les débats sur le genre et les sexualités comme thèmes de recherche dans le domaine de l’éducation ou de la formation de l’enseignant.

C’est seulement dans la deuxième décennie des années 2000 que l’on verra apparaître un nombre croissant de recherches se penchant sur ces questions. Cependant, dans cette même période, on remarque une multiplication de mouvements conservateurs antigenre qui tentent de réduire au silence les réflexions et les pratiques pédagogiques liées au débat sur le genre et les sexualités dans le domaine de l’éducation scolaire. Nous espérons, avec notre recherche, pouvoir contribuer, d’une part, à mettre un point final au musellement/effacement/invisibilisation des thématiques liées au genre et aux sexualités dans la formation des enseignants, et, d’autre part, à développer des politiques éducatives.

Notre projet de recherche a pour objectifs :

  • d’étudier quels sens sont produits par les discours sur le genre dans la production académique dans le domaine de l’éducation et dans les avis du CNE (Conseil National de l’Éducation) au sujet des formations en pédagogie, de 2000 à 2020.

  • d’identifier la perception d’enseignantes sur la thématique du genre et des sexualités dans leurs pratiques, à partir de données recueillies via Google Forms et d’échanges via WhatsApp, dans le contexte des premières années de l’école primaire.

Notre recherche se place dans une perspective post-structuraliste / post-critique qui vise à rompre avec les déterminismes binaristes. Nous avons comme principe la nécessité de reconnaître que nous éduquons dans une époque différente (PARAÍSO, 2014). Nous utilisons comme fondements théoriques les travaux de :

  • Foucault (2006), sur la sexualité, la discursivité et sur le contrôle des corps, dans les interactions, dans les tissus sociaux les plus divers ;

  • Louro (2014), sur les relations de genre à l’école et dans l’éducation et sur la manière dont elles sont établies, de la disposition du mobilier à l’espace physique délimitant les corps qui s’y déplacent.

  • Butler (2003), sur la sexualité, ses possibilités, ses limites et la question: : quelles vies et quels corps comptent ?

  • Candau (2008, 2012), sur le thème de l’interculturalité ;

  • Akotirene (2020), Collins et Bilge (2021), porteurs de réflexions importantes sur l’intersectionnalité ;

  • André (2006), Brzezinski (2014),sur la formation des enseignants, la professionnalisation/prolétarisation du métier d’enseignant ;

  • Vianna & Unbehaum (2006), Vianna (2012), sur laprésentation des thématiques du genre et des sexualités dans des documents comme le PNE (Plan National de l’Éducation) et les DCNs (Directives Curriculaires Nationales)

Notre parcours méthodologique comportera plusieurs étapes, à savoir :

1. État des connaissances : il s’agit pour nous, à partir de l’analyse des productions académiques qui se trouvent dans le Répertoire de Thèses et de Dissertations (BDTD) de l’Institut Brésilien d’Information en Science et Technologie (IBICT), de concevoir un « état des connaissances » pour la période de 2000 à 2020, afin de percevoir la manière dont les recherches de niveau Master et Doctorat en éducation problématisent les questions de genre, quels cadres théoriques et méthodologiques sont utilisés, les principales conclusions et défis concernant la formation enseignante (AMARO & SITE, 2019).

2. Contact avec des enseignat(e)s via WhatsApp et Google Forms afin de connaître leurs expériences et perceptions de l'éducation de base, en cas d'impossibilité d'activités présentielles, comme les entretiens et l'observation de classes.


BIBLIOGRAPHIE

AMARO, Ivan. SITE, Roseclair. Formação inicial e continuada de professorxs: a (in)visibilização das temáticas de gênero e sexualidades nos currículos. In: 4º Seminário Educacional desfazendo Gênero – Realize Eventos e Editora, 2019. – 11/2019 – Recife, PE. Anais (online). Recife: Realize eventos e Editora, 2019. Disponível em https://editorarealize.com.br/revistas/desfazendo_gnero/anaisanteriores.php

ANDRÉ, Marli (Org.). Formação de Professores no Brasil (1980-1998). Brasília: MEC/INEP/Comped, 2006.

BRZEZINSKI, Iria (Org.). Formação de Profissionais de educação (1997- 2002). Brasília: Ministério da Educação/INEP, 2006.

. Formação de profissionais de educação (2003- 2010). Brasília: Instituto Nacional de Estudos e Pesquisas Educacionais Anísio Teixeira, 2014.

BUTLER, Judith P. Problemas de Gênero: Feminismo e Subversão da Identidade; tradução, Renato Aguiar. – Rio de Janeiro: Civilização Brasileira, 2003.

CANDAU, Vera Maria. Direitos Humanos, educação e interculturalidade: as tensões entre igualdade e diferença*. Revista Brasileira de Educação, v. 13 n. 37. Jan./abr. 2008, Rio de Janeiro.

CANDAU, Vera Maria. RUSSO, Kelly. Interculturalidade e Educação na América Latina: uma construção plural, original e complexa. Revista Diálogo Educacional, Curitiba, v. 10, n. 29. P, 151-169, jan/abr. 2010.

FOUCAULT, Michel. A História da Sexualidade I: A vontade de Saber. 17ª ed., Rio de Janeiro, RJ: Graal, 2006.

LOURO, Guacira Lopes. Gênero, Sexualidade e Educação: uma perspectiva pós-estruturalista. 16ª ed. Petrópolis, RJ: Vozes, 2014.

___________________. Currículo, Gênero e Sexualidade: o “normal”, o “diferente” e o “excêntrico”. In: Corpo, Gênero e Sexualidade: um debate contemporâneo na educação. LOURO, Guacira Lopes; NECKEL, Jane Felipe: GOELLNER, Silvana Vilodre (orgs.) – Petrópolis, RJ: Vozes, 2003.

PARAÍSO, Marlucy Alves. Metodologias de Pesquisas Pós-Críticas em Educação. 2ªed. Belo Horizonte: Mazza Edições, 2014, p. 25-47.

ROMANOWISKI, J. ENS, R. T. As pesquisas denominadas do “Estado da Arte”. Diálogos Educacionais, v. 6, n. 6, p. 37-50, 2006.

UNBEHAUM, Sandra. CAVASIN, Sylvia. GAVA, Thais. Gênero e sexualidades nos currículos de Pedagogia. In: Seminário Internacional Fazendo Gênero 9: Diásporas, Diversidades, Deslocamentos, 23 a 26 de agosto de 2010.

VIANNA, Claudia. Gênero, sexualidade e políticas públicas de educação: um diálogo com a produção acadêmica. In: Pro-Proposições, Campinas, v. 23, n. 2 (680, p. 127-143, maio/ago. 2012.

VIANNA, Claudia. UNBEHAUM, Sandra. Gênero na educação básica: Quem se importa? Uma análise de documentos de políticas públicas no Brasil. Educ. Soc., Campinas, vol. 27, n. 95, p. 407-428, maio/ago. 2006.



15h QC

La prise en compte de la diversité des élèves issus de l’immigration : enjeux présents dans les pratiques de professionnels des services complémentaires

Eve Lemaire

Les milieux scolaires québécois sont caractérisés par une présence de plus en plus importante des élèves issus de l’immigration (ÉII) qui représente plus du quart du nombre total des élèves (MELS, 2014). Plusieurs recherches documentent des défis vécus par les milieux scolaires quant à la prise en compte de la diversité (Mc Andrew et al., 2015 ; Steinbach, 2015). Malgré la réussite remarquable des ÉII dans les milieux scolaires, la méta analyse de Mc Andrew illustre certaines zones de vulnérabilité. Parallèlement, il est intéressant d’observer le traitement des élèves issus de l’immigration dans les documents officiels. Il est alors possible de constater que, par le passé, ils ont été abordés au sein de documents pour les élèves du secteur de l’adaptation scolaire. Ainsi, ces documents liaient la diversité ethnoculturelle et linguistique de ces élèves à des difficultés scolaires, par le biais de l’adaptation scolaire. Les pratiques de certains acteurs scolaires œuvrant auprès d’ÉII considérés « en difficulté » par ces acteurs se trouvent donc l’intersectionnalité de deux champs distincts, soit l’adaptation scolaire et l’intégration linguistique, scolaire et sociale (Borri-Anadon, 2015).


À partir de ces différents constats, deux enjeux s’ajoutent à ceux précédemment documentés. Tout d’abord, les services offerts aux élèves issus de l’immigration pour les soutenir dans leur cheminement scolaire sont parfois variables entre les milieux, aux limites floues et marqués par un manque d’harmonisation entre les services. Par la suite, les différentes perspectives des acteurs scolaires quant à la vision des ÉII amènent des risques de sous et de surreprésentation des ÉII dans le secteur de l’adaptation scolaire. D’un côté, en considérant a priori les ÉII comme des élèves en difficulté, un risque de surreprésentation de ces élèves dans le secteur de l’adaptation scolaire est présent. En effet, plusieurs enjeux quant à l’évaluation de ces élèves peuvent ne pas être pris en compte. D’un autre côté, en considérant que ces élèves ne doivent pas recevoir des services complémentaires octroyés, entre autres, par l’orthopédagogue en évoquant le fait qu’ils reçoivent déjà des services de soutien ou d’accueil, un important risque de sous-identification se présente. En effet, ces élèves ne bénéficieraient alors pas de services appropriés pour leurs réelles difficultés d’apprentissage qui ne seraient pas liées à l’apprentissage du français ou à d’autres dimensions de leur processus d’intégration. Ces constats permettent de mieux comprendre les enjeux liés aux différents services offerts aux élèves issus de l’immigration notamment à l’extérieur de la zone urbaine métropolitaine où les services développés à leur égard diffèrent de la réalité montréalaise, car la concentration d’ÉII est plus faible (Armand, 2011 ; Mc Andrew et al., 2015).


La présentation tirée d’un plus grand projet permettant de comprendre comment les pratiques d’orthopédagogues œuvrant à l’extérieur de la zone urbaine métropolitaine prennent en compte la diversité ethnoculturelle et linguistique abordera les enjeux liés à la réussite des ÉII, à leur dénomination dans les documents ministériels et aux enjeux actuels dans les pratiques des professionnels de l’éducation auprès de ces élèves. De plus, le concept de l’intersectionnalité, de la prise en compte de la diversité et des différentes représentations de celle-ci sera abordé. Enfin, une traduction de ces différentes représentations dans les pratiques des acteurs permettra d’illustrer certaines pratiques et leurs enjeux associés.


Principales références :

Aucoin, A., Borri-Anadon, C., Huot, A., Ouellet, S., Richard, J., Rivest, A.-C. et Saumure, V. (2019). Le bien-être et la réussite en contexte de diversité : un cadre pour le RÉVERBÈRE. Repéré à : https://reverbereeducation.com/wp-content/uploads/2020/04/Bien-etre-et-reussite-en-contexte-de-d-iversité-cadre-pour-le-RÉVERBÈRE.pdf

Bergeron, L., Vienneau, R. et Rousseau, N. (2014). Essai de synthèse sur les modalités de gestion pédagogique de la diversité chez les élèves. Enfance en difficulté, 3, 47-76.

Borri-Anadon, C. (2015). « Le couple handicap-culture conçu à travers différentes logiques professionnelles : le cas des pratiques évaluatives des orthophonistes scolaires à l’égard des élèves de minorités culturelles montréalais ». Symposium Ce que l’approche culturelle peut apporter à l’étude des sujets en situation de handicap : disability studies, cultural studies des enjeux communs insuffisamment reliés ? XVème congrès international de l'ARIC. Strasbourg : 24-28 août 2015.

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