PUROS

On continue donc vers Puros via Sesfontein, où nous reprenons du diesel : c’est la dernière station officielle avant presque 900 km de pistes parfois difficiles, où la consommation peut doubler. Notre voiture est équipée d’un double réservoir (140 l en tout) mais j’ai préféré louer en plus 2 jerrycans de 20 l, afin d’avoir de la marge en cas d’imprévu.

Dans cette partie NO de la Namibie, il est possible une bonne partie de l’année d’emprunter les lits de rivière, ce qui permet de voir de la verdure, de moins solliciter les pneus en évitant les pistes caillouteuses et aussi avec un peu de chance de voir les fameux éléphants du désert. Ces pachydermes sont en effet capables de creuser le sable en saison sèche pour s’abreuver : ils sont donc « concentrés » dans les lits de rivière.

J’avais donc nourri un petit espoir de pouvoir aller vers Puros en passant par le lit de la rivière Hoanib.

On se renseigne donc à Sesfontein sur cette possibilité : les avis étant partagés, le mieux est d’aller voir par nous-mêmes… 

après quelques centaines de mètres de sable profond où nous avons failli nous planter, c’est tout vu !


Retour à la piste D3707, d’abord montagneuse


Puis qui passe dans les belles Giribes Plains, où nous découvrons nos premiers cercles de fée. 

On devine notre voiture toute petite sur la piste!

Il commence à faire faim et nous profitons du premier arbre de taille suffisante pour pique-niquer. 

Finalement nous trouverons toujours assez d’ombre pour la pause de mi-journée. Les animaux font comme nous (ou inversement !)


L’arrivée au petit village de Puros est assez émouvante : une oasis perdue au milieu du désert, des arbres énormes qui poussent dans le lit de la rivière Hoarusib, et quelques bicoques faites de bric et de broc éparpillées dans la poussière.

Nous repérons grâce à tracks4africa une cahute qui vend du carburant (mais seulement en bidon de 20l, trop pour nous qui avons fait le plein à Sesfontein il y a moins de 100 km. )Nous reviendrons demain car je prévois d’aller à la chasse (photo hein !) à l’éléphant…

Puis traversons le lit de la rivière Hoarusib, avant d’arriver au community campsite situé à l’ouest en rive droite : on se perd un peu avant de trouver la réception (elle est au lodge) car les éléphants ont fait le bazar dans la végétation et le sable profond et soufflé par le vent a effacé toutes les traces du dernier passage de voiture, qui doit dater d’au moins qq jours. 

Nous sommes accueillis par Dax qui nous conseille à juste titre l’emplacement N°3, agréablement rafraichi par la brise. Nous avons 2 ( !) sdb et 2 WC ( !) privés et lovés dans la végétation, un point d’eau+évier. C’est royal. Nous sommes ici aussi les seuls clients. De mémoire à peu près 15 € pour 2. Dax nous propose de nous guider pour chercher les éléphants (40 €). En principe nous ne prenons jamais de guide mais cette fois compte tenu du terrain (sable profond), de la saison (risque de flash flood) et du fait que je ne sais pas du tout où chercher (amont ou aval ?), nous l’embarquons dans notre voiture pour remonter en amont vers le nord.


Nous tombons très vite sur un troupeau de girafes (j’adore ces animaux si élégants et…si faciles à trouver !) Le décor est magnifique, le ciel est bleu, le soleil brille. 

Nous grimpons sur un petit point de vue d’où nous apercevons le village Himba situé proche du camp (où sont proposées des visites, qui ne nous tentent pas) De petites silhouettes s’affairent à creuser le lit de la rivière au pied de cette colline pour y puiser de l’eau.


Dax nous propose ensuite de descendre dans le lit de la rivière. Je suis au volant, fouillant du regard chaque bosquet à la recherche d’un animal quand Dax s’écrie « the river is coming ! »

Gloups, en effet je vois une vague brune qui se profile au détour du prochain méandre !

J’ai déjà vu plein de vidéos de flash flood (principalement dans l’ouest américain, qui peuvent être dévastateurs) et je comprends aussitôt le danger de la situation.

« Turn back, quick, quick ! »

Bon sang, le fond de la rivière est sableux, on n’a pas dégonflé les pneus en se disant qu’il serait toujours temps de le faire si besoin : restons concentrée pour ne pas nous planter ! Je fais demi-tour en prenant soin de ne pas tourner trop sec et mets les gaz à fond ! Moi qui n’aime pas brusquer la mécanique…

Je n’ose pas regarder dans le rétro où en est la rivière, d’autant plus que Dax ne cesse de m’encourager à foncer !

Heureusement il sait parfaitement où aller et en quelques minutes nous guide vers un passage pour quitter le lit de la rivière. Un dernier cahot et nous sommes sauvés !

Quelle poussée d’adrénaline ! Encore mieux que si nous avions vu des éléphants !


Premier filet d'eau

Nous abandonnons la voiture pour grimper un peu plus haut afin d’assister au déroulement du flash flood : maintenant que nous sommes en sécurité et à distance, ça semble avancer assez lentement finalement mais le débit s’accroit inexorablement.


Je me rends compte a posteriori que Dax avait parfaitement conscience de la possibilité d’un flash flood (en dépit du beau temps local. Le bassin versant de cette rivière Hoarusib est énorme et se situe dans l’est dans la région d’Opuwo, précisément là où nous avons vu des gros nuages tous les soirs)

Il nous avait interrogés sur notre programme et notre prochaine étape, ce que j’avais interprété comme de la curiosité polie.

En fait il nous a fait sortir du bon côté de la rivière, désormais infranchissable jusqu’à ce que le niveau baisse. Le dernier flash flood a eu lieu il y a qq semaines et la rivière est restée infranchissable pendant 10 jours ! Voilà une donnée que je n’avais pas assimilée et intégrée dans mes plans.


Nous reprenons la voiture pour aller vers le NO : il y aurait un point d’eau dans les montagnes où iraient aussi les éléphants mais ça ne donne rien.

Chou blanc pour les éléphants donc mais de sacrés souvenirs !


Au retour les girafes sont toujours là, encore plus belles dans la lumière du soir.


Nous réalisons que la cahute aux carburants, située sur l’autre rive, est désormais inaccessible mais Dax nous dit qu’il a aussi qq bidons au lodge, au même prix (environ 3 €/litre. Oui ! il faut l’acheminer jusqu’ici !)

Nuit paisible au camping, pas de visite d’éléphants !


Du vent dans les voiles! Le vent rafraichit agréablement l'atmosphère et la nuit sera douce.