03- L'Eglise Saint Saturnin et Notre-Dame des Aydes

-Un important lieu de culte durant des siècles

De Saint Antoine des Bois à Saint Saturnin


Ancienne chapelle nommée Saint Antoine des Bois, elle fut la paroisse du faux-bourg et des environs.

L'église daterait du IXéme siècle, elle fut reconstruite aux XVéme et XVIéme siècles et restaurée au XVIIéme siècle.

Un dépôt aux archives de la préfecture au XIX ème siècle indiquait en 1538 l'existence d'une confrérie de la Sainte-Vierge appelée confrérie de Notre Dame des Aydes. Cette dernière permis de faire connaitre l'église de Vienne-Lez-Blois grâce à sa chapelle dédiée à la Sainte Vierge située à l'intérieur.

Le nom de Notre Dame des Aydes proviendrait de la Sainte Vierge de Vienne qui était considérée comme l'aide ou le refuge aux calamités et aux besoins publics.

"Selon le légendaire de Saint Eusice , cette église remonte au IX.e siècle.

Ce n'était alors qu'une chapelle , sous le vocable de Saint-Antoine-des-Bois ; elle avait été déjà reconstruite, lorsqu'en 1400 on y attacha le titre de paroisse.

Au commencement du XVI.e siècle , l'édifice fut reconstruit de nouveau par l'ordre et aux frais d'Anne de Bretagne ; mais il ne fut connu qu'en 1552 sous le nom de Saint-Saturnin."

Histoire de Blois et de son patrimoine depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours - G. TOUCHARD-LAFOSSE - http://books.google.com
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri

Comme nous l'avons vu plus haut, l'église remplace l'ancienne chapelle de Saint Antoine des Bois dont les origines sont inconnues, elle fut dédiée à Saint Saturnin en 1552.

Les Gloires de Notre-Dame des Aydes de Vienne-Lez-Blois (Gallica)

Anne de Bretagne, reine de France fit reconstruire le grand portail, les deux premières travées de la nef et une partie de la tour en 1512.

Anne de Bretagne, née le 25 ou 26 janvier 1477 à Nantes et morte le 9 janvier 1514 (à 36 ans) à Blois - wikipedia


La légende

Avant la Révolution, la population du faubourg de Vienne est principalement composée de Maraichers, de Mariniers et de Pêcheurs.

Une tradition rapporte que des Mariniers découvrirent un jour, dans le lit de la Loire, une statue de la Vierge.

Ils la portèrent respectueusement dans l'église de leur paroisse où les nombreux bienfaits obtenus par l'intercession de la Vierge Marie engagèrent les fidèles à donner à cette puissance protectrice le nom de Notre-Dame des Aydes.

http://sanctuaires.coldev.org/index.php?r=cons&sr=cons&id=350

Vitrail du Choeur commémorant la crue du 29 septembre 1866 et dédié à Notre Dame des Aydes par les habitants de Vienne (Patrimoine.Régioncentre.fr)

Ses bienfaits sont résumés dans cet ancien refrain populaire:

"les miracles qui, jour et nuit,

se font ici sans peur ni bruit,

Par les requêtes et neuvaines

de la Vierge de l'Ayde de Vienne."


Gallica "Les gloires de Notre Dame des Aydes de Vienne-lez-Blois de P. Lethielleux"


Les puissants du monde

Les puissants du monde et au moins deux Papes sont venus en pèlerinage honorer Notre Dame des Aydes.

Lors des états généraux, (1576 -1577) et (1588-1589), afin de bénir les réunions, une procession en l'honneur de Notre Dame des Aydes et composée des grands du royaume, partit du château jusqu'en Vienne.

(Culture 41)

Le passage de Jeanne d'Arc


A l'époque de la domination de l'illustre Maison d'Orléans, le pays blaisois, menacé par l'invasion Anglaise, attendait le résultat du siège décisif de la ville d'Orléans.

Jeanne d'Arc avait eu ordre de se rendre à Orléans par la rive gauche, pour ravitailler la ville.

C'est de Blois que Jeanne envoya ses missives célèbres aux commandants anglais qui dirigeaient le siège.

Dans ces textes, elle se désigne elle-même comme « La Pucelle ».

Elle donnait cet ordre aux anglais :

« Au nom de Dieu », « Retirez-vous, ou je vous ferai partir»


La bénédiction de sa bannière

Voici une description de la bannière de Jeanne:

"Elle avait fait faire, à Tours, sa bannière d'étoffe blanche, sur laquelle était brodée, en soie de couleur, l'image du Sauveur assis sur l'arc-en-ciel, au milieu des nuages : devant lui des anges se tenaient agenouillés, surmontés des saints noms de Jésus et de Marie.

Si chère que lui fût son épée, disait-elle plus tard en son procès, elle aimait sa bannière quarante fois plus encore, car sa bannière était, à ses yeux, le symbole de la protection divine, et son épée lui était moins utile, puisque jamais elle ne versa le sang d'un ennemi."

Mémoires de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais - Tome 15 - 1876


Selon certains textes, le 25 avril 1429, Jeanne traversa le pont de Blois pour faire bénir sa bannière à la chapelle de Notre Dame des Aydes et elle y inscrit Jesus Maria, avant de partir pour sauver Orléans, d'autres textes indiquent que Jeanne ne fit que ses dévotions au sanctuaire de Notre Dame Des Aydes et que la bénédiction de sa bannière fut réalisée à l'église Saint Sauveur, église qui était située le long du château de Blois.

L'Abbé Motte, curé de Saint-Saturnin, fit placer sur un des piliers de son église, une plaque de marbre en souvenir de cette visite.

Mais, un tableau peint en 1904 par Henri Michel et situé dans la chapelle du château de Blois représente Jeanne tenant sa bannière pour la bénédiction dans l'église Saint Sauveur, église qui se situait devant le château et qui fut détruite à la révolution.

Seule une plaque en atteste la visite.

http://www.lanouvellerepublique.fr/Loir-et-Cher/Loisirs/Patrimoine-tourisme/n/Contenus/Articles/2012/04/16/Jeanne-d-Arc-devint-chef-de-guerre-a-Blois
http://quaquie.canalblog.com/archives/2013/05/08/27106173.html

Le départ de Jeanne pour Orléans.

La rue d'Angleterre située sur les hauteurs de la ville, devait se nommer la rue de la Pucelle en souvenir du départ de Jeanne pour sauver Orléans.

Les textes relatant son départ de Blois sont clairs, Jeanne à rejoint Orléans depuis la rive gauche de la Loire après avoir fait charger le ravitaillement en armes et denrées des bateaux sur des chars.

Une petite guerre entre historiens blésois eu lieu pour définir les actions de Jeanne et le lieu de son départ.

Il est possible que le fait que Jeanne soit parti sauver Orléans depuis Vienne-Lez-Blois ne plaisait pas aux notables de la ville.

Toutefois, la rive gauche était l'assurance de ne pas rencontrer de soldats anglais jusqu'à Olivet.

Jeanne et son convoi partirent le mercredi 27 avril de Blois, ils arrivèrent le jeudi 28 à Chécy et Jeanne rentra dans Orléans le vendredi 29 avril à 20H00, selon le journal du siège.


L'arrivée à Orléans

"M. Jollois, et d'après lui encore de graves historiens modernes, veulent que le convoi de ravitaillement amené de Blois par la Pucelle ait pénétré dans la ville par la voie de terre, à travers les forteresses d'investissement.

Une étude attentive des témoignages contemporains et des lieux, appuyée de quelques textes jusqu'à présent inédits, me semblent démontrer, au contraire, que le convoi du 27 avril, arrivé de Blois aux îles de Chécy, descendit, par bateaux, des îles de Chécy aux fossés de la porte de Bourgogne."


Mémoires de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais - Tome 15 - 1876

Remonter le courant de la Loire depuis Blois sans être tracté par des chevaux, par voile ou par des hommes semble peut probable surtout s'il faut se battre à l'arrivée.

L'intérêt de se rendre en face de Chécy avec des chars permettait d'utiliser ensuite des chalands, venus d'Orléans, pour redescendre la fleuve jusqu'aux remparts de la ville assiégée.

Le convoi de Jeanne s'est éloigné de la rive gauche de la Loire en passant à proximité d'Olivet, afin d'éviter la garnison anglaise de Beaugency ce qui permis le transbordement du convoi en face de Chécy au vaste réseau d'îles boisées (Isle aux Bourdons) qui divisaient le lit du fleuve en plusieurs bras facile à franchir et qui se succédaient sans interruption depuis ce point jusqu'aux murs de la cité au petit port du Bouchet ou les bateaux avaient coutume de déposer leurs marchandises.

Modification par moi-même de l'extrait de la carte "Orléans, la Loire et ses îles, lors du siège de 1429 d'après les titres et documents contemporains" (Gallica)

A Orléans, les anglais avaient perdu la rive sud de la Loire, ils avaient entre 10 000 à 11 000 hommes et Jeanne n'avait que 1 000 à 1 500 hommes, mais alors pourquoi les anglais n'ont-ils pas défendus plus sérieusement leurs positions?

C'est simple, lors des préparatifs à Blois, l'argent vint à manquer pour payer les soldes des soldats et plusieurs personnalités furent mises à contribution pour demander aux seigneurs des environs plus d'argent, de vivres et d'armes.

La multiplication de ces interventions fit penser à tous qu'il s'agissait d'équiper 10 000 à 15 000 hommes.

C'est sans doute la raison pour laquelle les anglais n'attaquèrent pas les soldats de Jeanne, pensant sans doute qu'il ne s'agissait que d'un avant poste.

Il n'y avait plus d'intérêt à poursuivre le siège, puisque Orléans pouvait maintenant être facilement ravitaillée.

Les troupes anglaises sur la rive nord, firent démolir les forts extérieurs et s'assemblèrent en ordre de bataille dans les champs près de Saint-Laurent.

L'armée française, sous le commandement de Dunois, s'aligna devant eux.

Le face-à-face dura environ une heure, avant que les Anglais ne se retirent pour rejoindre d'autres unités anglaises à Meung, Beaugency et Jargeau.

Certains des commandants français proposèrent alors une attaque pour détruire l'armée anglaise démoralisée, immédiatement.

Jeanne l'aurait interdit du fait que l'on était un dimanche.

Le succès de son expédition sauva le pays blésois et rendit la sécurité à ses habitants qui, à cette occasion, instituèrent une cérémonie religieuse, chaque année, le 12 août, en mémoire de ce que, par l'intercession de la Sainte Vierge, la ville avait été délivrée des Anglais.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d'Arc

http://sanctuaires.coldev.org/index.php?r=cons&sr=cons&id=350

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Saturnin_de_Blois

Catherine de Médicis


Catherine de Médicis, mère de 3 de nos rois, demanda en mourant que ses entrailles fussent déposées dans la chapelle de Notre Dame des Aydes, pour laquelle elle avait une dévotion particulière et fonda l'entretien d'une lampe qui devait toujours rester allumée.

Portrait de Catherine de Médicis (vers 1555).Wikipédia

Née le 13 avril 1519 à Florence (République florentine) sous le nom de Caterina Maria Romola di Lorenzo de' Medici et morte le 5 janvier 1589 à Blois (France)

Elle s'était plu à la décorer de son vivant et y avait fait sculpter ses armes la lance brisée, avec la devise :

« Lacrymae hinc, hinc dolor » (de là viennent mes larmes et ma douleur).

Catherine de Médicis avait fait reconstruire le grand portail de l'église et les deux travées de la nef.

Elle avait donnée à l'église différents objets précieux dont un ostensoir en vermeil de grand prix en forme de pyramide que soutenaient des statuettes, la première de la Sainte Vierge et la seconde de Saint Pierre, patron des pêcheurs ainsi qu'une lampe en argent, de magnifiques chapes brodées d'or et un beau crucifix en bois de grandeur naturel et peint couleur chair.

Mourante, Catherine de Médicis demanda que ses entrailles fussent déposées dans la chapelle de Notre Dame des Aydes.

En 1793, l'ostensoir, la lampe et les chapes furent emportés à l'Hôtel de ville pour être converti en monnaie.

La révolution

C'est à la révolution que la statue de Notre Dame des Aydes fut détruite.

Sans doute la seule représentation de la statue originale détruite en 1793 -

Les pélerinages illustrés: histoire des sanctuaires de la Mère de Dieu de JM DE GAULLE - books.google.fr

Statue de la Vierge à l'Enfant provenant de l'abbaye Notre-Dame de La Guiche (Chouzy-sur-Cisse) et qui remplaça la statue détruite.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Saturnin_de_Blois

Au mois de novembre 1793

En face du portail de l'église, se trouve un vaste cloître, dépendant autrefois de la fabrique.

On y enterrait, moyennant certains tributs, les personnes notables de Vienne ; cette sépulture privilégiée distinguait les familles qui ne voulaient pas être confondues dans l'égalité du cimetière commun.

L'édifice paraît être de la même époque que l'église ; le style de sa grande porte ogivale n'indique pas une moindre ancienneté.

La charpente, très bien conservée, est d'un travail remarquable.

Les sculptures des piliers n'ont pas entièrement disparu ; les murailles même conservent quelques restes des peintures qui les décoraient jadis.

Ce funèbre enclos de l'aristocratie viennoise appartenait à l'Hôpital Général qui en avait fait une buanderie.

Les révolutionnaires de Blois avaient interdit les messes par décret du 24 novembre 1793, l'église servait alors de stockage de denrées et non plus de lieu de culte.

Le curé de Vienne, Charles-Olivier-Léonar VALLON, donna une messe en cachette dans l'Aitre situé en face de l'église Saint Saturnin.


Gravure (Culture 41)

Les révolutionnaires l'apprirent et décidèrent de détruire la statue dans l'église le 24 novembre 1793.

Des forcenés partis du club des Jacobins de la ville de Blois, se jetèrent dans l'église de vienne, ou ils brisèrent tout sur leur passage, notamment les statues de la Sainte Vierge, des Saints et le beau Christ de Catherine de Médicis.

Ils apportèrent au milieu de la nef les tableaux, dont le grand Ex-voto que fit réalisé Louis XIII héritier de Marie de Médicis et qui fut lacéré ainsi que des livres en un tas auquel ils mirent le feu, dansant la carmagnole autour du brasier

Heureusement l'infecte et épaisse fumée provenant des bois peints les forcèrent à quitter l'église plus tôt qu'ils n'auraient voulu.

Il restait encore quelques tableaux qui disparurent ensuite par l'effet d'une pieuse adresse et furent rapportés dans des temps meilleurs.

Il existe encore une trace de cet acte sur les pierres au milieu de l'église.

Photo VT 2016

Les révolutionnaires emportèrent les morceaux de la statue et les jetèrent dans la Loire au niveau de la rue de la Belle Jardinière.

Certains morceaux furent récupérés par les habitants.

Elle est remplacée en 1803 par la statue de la Vierge à l'Enfant provenant de l'abbaye Notre-Dame de La Guiche (Chouzy-sur-Cisse).

L'église ouvri ses portes un an plus tard en janvier 1795.


http://sanctuaires.coldev.org/index.php?r=cons&sr=cons&id=350


Travaux du XXème siècle

Un mur en petit appareil reconnu dans l'église Saint- Saturnin par le docteur Lesueur, qui le ferait volontiers remonter au Xe siècle, pouvait laisser supposer la présence d'un habitat très ancien dans cette zone.

Si nos observations ne nous ont pas encore - permis d'en découvrir les traces, par contre nous avons eu la chance, grâce à des travaux d'adduction d'eau rue Clérancerie en 1969 et des travaux d'urbanisation rue Croix-Boissée en 1970, de localiser un important cimetière gallo-romain.


Voici le résumé historique des événements liés à Notre Dame des Aydes:

1588, les Etats Généraux de Blois sont placés sous sa protection; 1631, la ville est délivrée de la peste; 1696, la ville est libérée des pluies; 1716, la ville est préservée des inondations; 1793, profanation de la statue; 1803, la ville est préservée des inondations;1849, la ville est préservée du choléra; 1856, la ville est préservée des inondations; 1860, le 20 mai, couronnement de la nouvelle statue; 1866, en septembre la ville est préservée d'une terrible inondation; 1869, fondation du collège sous son patronage.