2.2.1 - La guerre de 1870

Extrait des exploits du colonel Georges de Villebois-Mareuil à Vienne-lez-Blois en 1871.

Vue de Vienne-lez-Blois et de son église. (Culture 41)

" C'était à la fin de la guerre franco-allemande, quelques heures avant la signature de l'armistice.

La fortune, si souvent cruelle à la France, semblait sourire à nos armes : radieuse éclaircie dans un ciel d'orage.

Le 28 janvier 1871, nos troupes reprenaient aux Allemands le faubourg de Vienne-lès-Blois.

Il nous est d'autant plus agréable d'évoquerle souvenir de cette action d'éclat un des rares succès de cette campagne marquée partant de revers! qu'en dehors de Villebois-Mareuil on y pouvait compter, parmi les combattants, le général Zurlinden et notre éminent collaborateur M. Gustave Larroumef.

Donc, après que le général Chanzv se fut replié sur la Mayenne, le général Pourcet avait reçu l'ordre de se porter de Vierzon sur Blois, occupé par les Allemands depuis le 13 décembre 1870, et de nettoyer la région entre Amboise, Blois et Romorantin.

Le 28 janvier, à quatre heures du soir, la colonne Pourcet, bientôtrejointe par celle du général de Chabron, atteignait Saint-Gervais, deux kilomètres de Blois, traversait le Cosson et se trouvait en face des Allemands fortement établis en Vienne, sur la grande route nationale, derrière une puissante barricade appuyée sur la digue de la Loire.

Le général Pourcet fit canonner le pont et l'issue du faubourg de Vienne, en attendant l'arrivée de la colonne Delhomme, qui avait dû faire Sept lieues sur le verglas.

Le temps passait, la situation menaçait de devenir critique.

Les généraux Pourcet et de Chabron donnèrent l'ordre à la 6e compagnie du 7° chasseurs de marche, commandée par le lieutenant de Villebois-Mareuil, et aux mobilisés volontaires, d'attaquer la barricade de front.

Avec un superbe et fougueux élan, le lieutenant de Villebois-Mareuil enleva ses hommes et, à leur tête, se précipita à l'assaut de la, barricade.

Les Allemands se défendaient vigoureusement.

Bientôt, ce fut un duel acharné à la baïonnette.

Le lieutenant de villebois, monté le premier sur la barricade, reçut presque à bout portant, dans les jambes, un paquet de mitraille.

Malgré les terribles souffrances que lui faisaient endurer ses chairs broyées, il se raidit par un effort de volonté et continua de commander jusqu'à ce que l'ouvrage fût pris.

Et c'est alors seulement que, vaincu par la douleur, il dut se faire évacuer dans une des maisons bordant l'avenue de Saint-Gervais.

Il pouvait dire, comme ce vaillant capitaine de la Grande Année :

— Mitraillé, mon cher, mais la redoute est enlevée!...

La furieuse attaque des chasseurs et la perte de la barricade avaient jeté la panique parmi les Allemands, qui s'enfuirent en désordre , poursuivis, la baïonnette aux reins, jusqu'aux retranchements établis près du pont de la Loire.

Vienne restait à nos troupes, et la ville de Blois aurait été infailliblement reprise le lendemain ; mais la signature de l'armistice vint suspendre les hostilités, et le général Pourcet ne put recueillir les fruits de son énergique initiative;

Le lieutenant de Villebois avait été nommé capitaine et chevalier de la Légion d'honneur sur le champ de bataille; il fut évacué, le lendemain,sur Cour-Cheverny,où les soins d'une parente et d'une soeur de Saint-Paul de Chartres lui sauvèrent la vie."

Article de Les Annales du 31 août 1902 (Gallica)