A l'Origine:

Vienne est resté une île jusqu'au XIVème siècle, le fleuve était séparé en deux bras, l'emprise du fleuve actuel moins la largeur des quais construits au XVIIIème siècle et un bras du fleuve qui était plus ou moins important selon la montée des eaux entre Vienne et les coteaux de Saint Gervais la Foret et de Vineuil.

La volonté de rendre la Loire navigable permis d'engager des travaux de ré-haussement des levées afin de canaliser le fleuve en un seul bras entre la ville et Vienne.

Le second bras fut transformé en déchargeoire et servit uniquement lors des crues.

Les ponts Saint Michel et Ponts Chartrains ne servirent plus que lors d'événement pluviaux, de crues du fleuve et du Cosson.

Ainsi les terres gagnées sur le fleuve entre Vienne, Saint Gervais et Vineuil, de grande qualité furent utilisées pour le maraîchage durant plusieurs siècles afin de nourrir la ville et Vienne.

On retrouve cette configuration en observant l'emprise des Ponts Chartrains et des Ponts Saint Michel.

En effet, ces ponts reliaient le bas du coteau de Saint Gervais la Foret par les Ponts Saint Michel qui reliaient des îlots jusqu'à la terre ferme de la rue des Métairies en Vienne et pour les Ponts Chartrains, du coteau de Vineuil à la rue des Ponts Chartrains en passant par des îlots également.

La menace

Vienne était et est encore menacée par des crues de la Loire dites de type "Cévenole", ces crues sont générées par de fortes pluies Méditerranéennes sur le Haut Bassin de la Loire et de l'Allier.

Les crues de type "Océanique" sont générées par des pluies sur l'ensemble du bassin et sur une longue période.

Enfin, les crues de type "Mixte", qui regroupent une accumulation des pluies "Cévenoles " et "Océanique" affectant le fleuve dans sa totalité.

Ces dernières étant les plus redoutées comme elles l'ont démontrées en 1707, 1709, 1710, 1711 et en 1846, 1856,1866.

"Ce neufiesme octobre 1707, il est arrivé une crue si prodigieuse qu'il y a plus de cent ans qu'il ne s'en est vu une pareille.

Les rivières de Loire et d'Allier, ayant débordé ensemble, ont causé jusqu'à Nantes un déluge épouvantable.

On voyoit passer icy, sous le pont de Blois, des quantités surprenantes de boeufs, vaches, moutons et chevaux, des bois ouvragés et non ouvragés, des vins, des eaux-de-vie et généralement toutes sortes de. marchandises.

C'estoit quelque chose de bien triste de voir des gens tant à pied qu'à cheval, surpris entre deux levés crevées, estre obligez d'y passer plusieurs nuicts, des ponts crevez de tous costez, comme le pont Saint-Michel près Blois"

Avec le temps un ensablement du lit du fleuve remonte au fur et à mesure la hauteur de l'étiage et rend donc la navigation plus difficile, le ré-haussement des levées et le rétrécissement de l'emprise du fleuve resteront pendant longtemps les solutions pour conserver des voies navigables, mais entrainera aussi une montée des eaux plus importante et une accélération de l'écoulement vers l'aval.

Les protections

Vienne est protégé par de très anciennes digues ou "levées", en 821, Louis le Pieux prévoyait la construction d'aggeres le long de la Loire, les constructions de ces ouvrages furent souvent interrompues par des crises économiques durant le IXème siècle.

"Louis Iᵉʳ dit « le Pieux », né en 778 à Cassinogilum et mort le 20 juin 840 à Ingelheim près de Mayence, est roi d'Aquitaine jusqu'en 814, puis empereur d'Occident de 814 à sa mort. Il décède à 62 ans, un âge respectable pour l'époque."

C'est au XIIème siècle que l'on commence à les voir apparaître, afin de créer des zones cultivables remplies alluvions du lit du fleuve.

Henri II établi sur les Turcies, des colons étrangers à la région en leur accordant d'importantes franchises, mais en les fixant sur les levées, selon la charte de colonisation des conditions nouvelles au peuplement rural de la vallée et à son développement agricole. (Persée) Roger Dion. — Histoire des levées de la Loire. Paris, 1961

Les levées ont aussi permis le développement de la navigation et donc des transports fluviaux mais elles sont aussi des routes commerciales importantes.

Au XVème siècle, les anciennes levées d'une hauteur de 15 pieds soit 4.5m à partir de l'étiage de l'époque furent relevées à 5m.

Après les crues de 1707, 1709, 1710 et 1711, l'augmentation des hauteurs des levées passent à 21 pieds soit 6.83m et la largeur est augmentée à 4 toises soit 7.76m en partie haute, la base étant de 13.66m soit deux fois la hauteur de l'ouvrage, ces modifications n'ont pas été réalisées sur la totalité des levées de la Loire.

En effet, certains tronçons sont restés à une hauteur de 15 pieds entre Gien et Tours.

L'élévation des levées et les crues du XVIIIème siècle ont détruites la plupart des ponts médiévaux qui étaient prévus pour laisser passer des crues de 5m mais pas pour des crues de 6m, seul le pont de Beaugency à échappé à ces crues sans doute grâce à la faible hauteur des levées.

Lors de la crue de 1733, les levées de 21 pieds sont rompues et les déchargeoirs ne remplissent pas correctement leur office, ils seront abandonnés par les autres villes, seul Blois conservera celui de la Bouillie.

Au XIXème siècle, l'emprise de Vienne fut agrandit et de nouvelles levées ont été construites entre 1856 et 1875 formant ainsi une protection continue par les levées de la Loire, de l’Eperon, des Acacias et de Bas Rivière.

Le déversoir/déchargeoir de la Bouillie

Le déversoir de crue de la Bouillie est très ancien et a remplacé l'ancien "déchargeoir" dont la date de construction est inconnue mais qui est mentionné en 1584.

Il est situé en amont de Vienne entre la levée de l'Eperon et la levée des Parcs.

Cet espace servit aussi de plantation de peupliers, de terrain militaire, d'hippodrome, de terrain d'atterrissage pour les premiers avions.

La crue de 1907

La crue d'octobre 1907 avait franchi le déversoir de la Bouillie.

Le 21 octobre, la crue atteint 5.65m.

Cette crue fut la seule à avoir inondé la ville au XXème siècle.

DES OUVRAGES D'EVACUATION DES EAUX PLUVIALES ET DES EAUX DE CRUES

Lors des crues du fleuve, le quartier de Vienne se remplissait d'eau qu'il fallait évacuer rapidement afin d'éviter tout risque d'épidémies.

Jusqu'au XX ème siècle, les eaux s'évacuaient gravitairement par des ouvrages de crues qui permettaient de laisser passer les eaux de ruissellement de Vienne vers la Loire mais qui équipés de clapet anti-retour, empêchaient les eaux du fleuve de rentrer dans le quartier.

Cependant au niveau des points les plus bas du quartier, une grande partie des eaux s'infiltraient dans un sol sablonneux et cela pouvait mettre plusieurs jours voir semaines selon la saturation d'eau dans le sol.

Il fut donc décidé de réaliser un ouvrage qui reprendrait une grande partie des eaux de ruissellement et qui permettrait aussi de "vider" le quartier en cas de crue.

Les eaux sont collectées par des ouvrages qui dirigent les eaux vers un grand poste de relèvement afin de rejeter ces effluents vers la Loire en décrue.

Aujourd'hui, le quartier est plus dense qu'au début du XX ème siècle et plusieurs ouvrages pluviaux ont été réalisés au fur et à mesure que le quartier s'agrandissait.

Le poste de la rue des Chalands

Le poste pluvial de la rue des Chalands protégeait le quartier en cas de montée des eaux en renvoyant ces eaux vers la Loire et permettait de vider les points bas du quartier.

Le poste des Papillons

Le poste de la rue des Papillons permet de renvoyer vers la Loire les eaux de ruissellement de la partie Sud Ouest du quartier.

Les eaux sont refoulées jusqu'au bout de la rue de la Belle Jardinières.